Chansons populaires de la Basse-Bretagne/N’épousez pas de matelots

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N’ÉPOUSEZ PAS DE MATELOTS
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   Jeunesses à marier,
Approchez ici, que je vous donne un conseil.

   Si vous vous mariez, comme vous le dites,
Ne prenez pas de matelots ;

   Ne prenez pas de matelots,
Ou de chagrin vous aurez lot !

   Tandis que la femme du laboureur est au lit,
La femme de l’homme de mer reste sur pied,

   Et quand vient le vent à souffler,
Vient son pauvre cœur à se briser,

   Vient son pauvre cœur à se briser,
Son sang, dans ses veines à se glacer.

   Elle court d’instant en instant au seuil de la porte :
— « Oh ! l’horrible tourmente qui éclate ! »

   Si j’étais propriétaire de cinq cents écus,
Je saurais qui prendre.

   « Si j’étais à la tête d’un gros avoir,
Alors, mon ami, je ferais mon choix,

   « Et je choisirais fils de bonne maison,
Qui saurait mener la charrue et bêcher la terre ;

   « Qui saurait mener la charrue et bêcher,
Et, dans son étable, il y aurait de bonnes vaches.


 
   (Je pourrais) le voir et nuit et jour,
Et dormir l’ayant à mon côté,

   Au lieu que le pauvre cher matelot
Est, jour et nuit, en péril de la grève ;

   Est jour et nuit à se trémousser,
Sur deux bouts de planche à se bercer.


Veuve Peutite. — Kerbors, 1888.
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