Stèles/Char emporté
À son gré il les attelle, les accouple, les quadruple et les mène où il veut avec sécurité.
Belles cavales de toutes les couleurs : celle-ci pourpre et aubère-rose, cette autre noir-pâle avec les sabots cuivrés.
Je sais pourtant les pistes familières, le lieu où la Rouge hennit, où la Maigre bute et se couronne ; la fourche où l’attelage hésite et le mur que tout vient frapper du front.
Sous mes doigts caressant la pierre aimante, fidèle au Midi, je garde le sens de la lumière.
Aux coups de reins se marque le relais : la bête qui m’emporte a le galop doux, la peau écailleuse et nacrée, le front aigu, les yeux pleins de ciel et de larmes :
La Licorne me traîne je ne sais plus où. Bramant de vertige, je m’abandonne. Qu’ils descendent au loin sous l’horizon fini les chevaux courts et gras du sage seigneur Mâ, duc de Lou.