À l’œil (recueil)/Chroniques du bon sens

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À l’œilFlammarion (p. 103-121).
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CHRONIQUES DU BON SENS


I
Chronique estivale.


Si vous me voyiez en ce moment, vous ne pourriez pas vous empêcher de rire. Moi-même, quand je me regarde devant mon armoire à glace, je ne peux pas m’empêcher de rire et c’est à peine si je me reconnais.

Imaginez-vous que je suis entièrement habillé comme un gommeux à la mode. Eh bien ! vous me croirez si vous voulez, ça ne me va pas plus mal qu’à un autre.

J’ai un complet en flanelle blanche qui est un petit bijou. Pas de gilet naturellement.

Une grande ceinture de soie écossaise me drape agréablement la bedaine.

Quant à ma chemise bleu pâle et ma cravate verte, c’est à se mettre à genoux devant.

Des souliers jaunes et un petit canotier de paille anglaise complètent mon accoutrement, les souliers par en bas, le canotier par en haut.

Bien entendu, j’ai modifié l’économie de ma chevelure et de ma barbe de façon à être bien d’ensemble avec ma nouvelle tenue.

Je porte mes cheveux longs maintenant, séparés par une raie sur le côté, et me tombant sur les joues, comme j’ai vu faire à un jeune poète anglais qui demeure à Honfleur et qui a beaucoup de succès auprès des femmes.

Il est vrai que le jeune poète anglais est blond et que, moi, je suis poivre et sel (presque pas de poivre). Mais, qu’importe ? Si vous croyez que les femmes font attention à l’âge des gens, vous vous trompez étrangement.

Ainsi, moi qui vous parle, j’ai bien plus de succès auprès du beau sexe que je n’en ai jamais eu.

J’oubliais de vous dire que j’ai remplacé mes lunettes par un monocle. Ça me donne un petit air polisson qui me va à merveille.

Un petit jonc de chez Verdier, des gants en peau de chien, ma toilette au cosmydor, au délicieux cosmydor, et à nous les femmes du monde !

Mon Dieu, que j’en ai vu de jolies petites femmes, tous ces jours-ci !

À Trouville, pendant la semaine des courses, on ne les comptait plus. Il y en avait ! Il y en avait ! Ah ! mes amis !

De Trouville, je suis allé au Havre, malgré le choléra qui règne en maître dans la ville de François Ier.

On n’a pas l’air, d’ailleurs, de se faire plus de bile que cela. Il me semble même que Havrais et Havraises aient redoublé de gaîté depuis l’invasion du terrible fléau.

On boit ferme surtout, probablement dans l’espoir de noyer les bacilles.

Moi qui ne suis pas très habitué à absorber de nombreux breuvages, je vous avouerai que la tête m’a souvent tourné après quelques absorptions de bitters et de cocktails.

Car tous ces messieurs sont fort amateurs de cocktail qui est une sorte de boisson américaine fort agréable au goût, mais traîtresse en diable.

Lundi dernier, je m’étais levé un peu de bonne heure et j’avais rencontré dans la rue de Paris mon ami Denis Guillot, un jeune homme charmant, conseiller municipal et général du pays.

Ce Denis Guillot, je le connais depuis longtemps ; il est même, je crois, un peu parent de ma femme.

Nous entrons dans un petit café anglais, nous buvons un cocktail, nous buvons deux cocktails, nous buvons trois cocktails, et puis, sans m’en apercevoir, me voilà rond comme la justice.

Ah ! ce que j’en ai fait et dit des bêtises ce jour-là ! Car, bien entendu, ma gaîté a duré jusqu’au soir, soigneusement entretenue par de nouveaux cocktails.

Je m’en allais par les rues, la main dans la poche, faisant tournoyer ma canne à la façon des gandins, et fort occupé à rajuster mon monocle qui tombait à chaque instant.

Le soir, après dîner, j’ai fait tant de scandale que les agents sont arrivés et m’ont conduit au poste.

Quand j’ai décliné mon nom, la chose a failli mal tourner.

— Vous ? Francisque Sarcey ? s’est écrié le brigadier. Pour qui me prenez-vous donc, de croire que nous allons ajouter foi à de telles bourdes ? M. Sarcey est un homme de bon sens qui ne saurait se mettre dans des états pareils.

Il fallut l’intervention de mon aimable confrère M. Fenoux, le brillant élève du Conservatoire, pour me faire relâcher.

Je commençais à ne plus rire.

Extrêmement fatigué, j’ai pris, le lendemain, le bateau de Honfleur et me suis installé à l’hôtel de la Renaissance, sur la côte de Grâce, où je me trouve, ma foi, fort bien.

Le patron, M. Douard, est un homme très gentil, très au courant d’une foule de questions qui ne passionnent pas, d’ordinaire, les aubergistes.

Sa maison, qui est autant une ferme qu’un hôtel, offre aux Parisiens fatigués le recueillement et le repos dont ils ont tant besoin.

De curieuses collections ajoutent un intérêt puissant à cette installation.

Le seul point noir, c’est un album, un terrible album sur lequel les visiteurs sont tenus d’écrire quelques lignes, ou de tracer quelque croquis, selon qu’ils sont littérateurs ou dessinateurs.

Voulez-vous savoir ce que j’ai écrit, moi ?

Eh bien ! j’ai écrit des vers. Et, pour répondre au défi de mon ami Allais, j’ai composé des vers holorimes, c’est-à-dire qui riment d’un bout à l’autre.

Les voici :


Alphonse Allais de l’âme erre et se f… à l’eau.
Ah ! l’ fond salé de la mer ! Hé ! ce fou ! Hallo !


Car il faut vous dire que, la semaine dernière, ce pauvre Allais, apprenant que sa maîtresse le trompait avec un architecte, a tenté de se noyer.

Heureusement j’étais là.

N’écoutant que mon courage, j’ai poussé des cris perçants et un pêcheur a sauvé notre pauvre ami.

Pourvu qu’il ne recommence plus !


Francisque Sarcey.
II
Chronique hygiénique.


L’autre matin, quand j’ai mis le nez à ma fenêtre comme je fais chaque matin, le temps m’a semblé beau. Alors j’ai mis mon pantalon clair et ma jaquette en alpaga. Et puis, en route pour la promenade.

Ma bonne petite promenade dans la campagne dès le matin, il n’y a rien comme cela pour vous remettre le tempérament.

Ça vous éclaircit les idées et ça vous ouvre l’appétit.

Ah ! l’appétit, mes enfants, le voilà le premier des biens !

J’ai toujours eu ce qu’on appelle un joli coup de fourchette.

Quand j’étais jeune, j’aurais mangé des tas de cailloux, et, encore maintenant, je ne m’en tire pas mal.

Je fais en matière de mangeailles des prouesses que bien des jeunes gens de maintenant ne feraient pas.

Tenez, pas plus tard que l’été dernier, il m’est arrivé une aventure que j’ai tenue secrète jusqu’à présent, mais que je me décide à raconter pour ne pas mystifier trop longtemps de braves garçons que j’aime bien.

Je me trouvais à Trouville, installé dans la Villa des Cèdres de mon jeune ami Gandillot, dont les Femmes Collantes marchent allègrement vers leur cinq centième représentation.

Dire que j’ai été le seul ou à peu près, dans la presse, à prédire le gros succès de cette comédie !

Ce n’est pas que je sois plus malin que les autres, mais j’ai du flair, et, tout de suite, je vois si un auteur a le sens du théâtre. On a beau me blaguer mais c’est comme ça.

Donc, cet été, je me trouvais chez Gandillot.

Je n’étais pas le seul invité.

Il y avait Alfred Capus, un charmant chroniqueur doublé d’un homme parfaitement élevé. Montjoyeux, le délicat auteur des Femmes de Paris.

Il y avait Henry Fouquier, que voilà député de Barcelonnette, maintenant ; Coquelin Cadet, lequel, entre parenthèses, se trouve, en ce moment, à la tête d’une bonne amie bien ravissante.

C’était le matin, tous ces messieurs se baignaient dans la mer.

Moi, je prends des bains d’eau chaude dans des baignoires mais je n’aime pas les bains de mer.

J’étais donc resté seul à la villa et j’écrivais quelques lettres.

Il montait une si bonne odeur de la cuisine que je descendis y jeter un coup d’œil.

L’excellente cuisinière de Gandillot préparait des œufs farcis.

Connaissez-vous les œufs farcis ? C’est excellent.

Vous faites durcir vos œufs, vous les coupez en long et vous retirez le jaune. À ce jaune, vous ajoutez de la viande hachée menu, du persil, du cerfeuil, etc. ; vous faites une farce que vous mettez à la place du jaune. Vous faites ensuite mijoter le tout dans un plat couvert sur un feu doux.

Je le répète : c’est exquis.

Pendant que la cuisinière allait mettre mes lettres à la poste, je ne fis qu’une bouchée des deux douzaines d’œufs farcis ; j’essuyai le plat avec mon mouchoir de poche et je remis le plat dans le buffet.

Quand la cuisinière rentra, vous entendez ses cris d’ici : « Mes œufs farcis ! Mes œufs farcis ! »

Justement, les convives arrivaient très affamés.

Moi, en moi-même, je me tordais.

On chercha les œufs farcis partout, excepté, bien entendu, à l’endroit où ils étaient.

Ah ! je me suis bien amusé, ce jour-là !

La cuisinière faillit en faire une maladie.

Je dois ajouter que l’absorption de ces deux douzaines d’œufs ne causa aucun préjudice à mon appétit, et que je déjeunai comme si de rien n’était.

Y a-t-il beaucoup de jeunes gens de vingt ans qui en feraient autant ?

Car, sous ce rapport, les jeunes gens de maintenant sont loin de nous valoir.

J’en vois quelquefois chez moi, qui ont l’air de manger du bout des dents ce qu’on leur sert, comme si on leur donnait de la cochonnerie[1].

Ce n’est pas parce que c’est chez moi, mais je puis affirmer qu’on ne mange pas mal du tout à la maison.

Je ne vais pas dire, bien sûr, qu’on ne sert que des ortolans rôtis. Non, mais on prépare une bonne nourriture bourgeoise, saine et abondante.

Ainsi, ce matin, nous avons mangé le reste du gigot d’hier, arrangé avec des pommes de terre, des tripes à la mode de Caen et une bonne salade de lentilles. Un bon morceau de livarot par là-dessus, et un bon café, et puis voilà !

Je ne sais si vous êtes comme moi, mais j’adore les tripes à la mode de Caen.

Quand j’étais professeur de quatrième au collège de Brive-la-Gaillarde, j’avais un de mes collègues dont la tante tenait une charcuterie à Caen. Tous les dimanches matin, mon ami recevait, par les messageries, un plein pot de tripes toutes préparées. Il n’avait qu’à les faire chauffer.

Sachant le goût très vif que je professais pour les tripes, ce brave garçon ne manquait pas de m’inviter chaque dimanche.

J’apportais trois ou quatre bouteilles de cidre. Un autre apportait autre chose. Ah ! ces déjeuners dominicaux de Brive-la-Gaillarde ! Ils sont restés un des meilleurs souvenirs de ma jeunesse.

J’ignore ce qu’est devenu mon collègue aux tripes.

Les dernières nouvelles que j’ai reçues de lui, c’est quand il fut nommé sous-principal au collège de Montlhéry. Il m’écrivit à cette époque pour m’apprendre sa nomination. Je lui répondis par une lettre de félicitations, et, depuis, je n’en entendis plus parler.

C’est pourtant comme ça dans la vie : on est les meilleurs amis du monde, les circonstances viennent nous séparer, absolument comme la tempête disperse les épaves. Quelquefois les hasards vous remettent en présence, mais souvent on meurt sans s’être revus.

Mais voilà que je me mets à dire des choses tristes et à parler de mort ! Allons, secouons notre mélancolie et tâchons d’être plus joyeux !

Qu’est-ce que je disais donc au commencement de cette chronique ?

Ah ! oui, je me souviens : croyant que le temps était au beau, j’avais mis mon pantalon clair et ma jaquette d’alpaga.

Je n’avais pas plutôt fait un kilomètre dans la campagne que des gouttes d’eau larges comme des pièces de cent sous se mirent à tomber.

Naturellement, je n’avais pas pris de parapluie.

Vous voyez ma tête d’ici. Il n’y a rien que j’abhorre comme d’être mouillé.

Qu’auriez-vous fait à ma place ? Je l’ignore, mais moi je m’abritai sous un arbre.

Malheureusement, les gouttes se transformèrent en pluie torrentielle, un véritable orage, et, malgré mon abri végétal, au bout d’un quart d’heure, j’étais trempé comme une soupe.

Je dus rentrer à la maison en toute hâte et me changer entièrement.

Jusqu’à mes bretelles en tapisserie qui étaient inondées. À croire qu’on les avait immergées dans un seau d’eau pendant vingt-quatre heures.

Alors, vous ne savez pas ce que je fais depuis cette aventure ?

Je vais vous le dire.

Qu’il fasse beau ou qu’il fasse vilain, je ne sors pas sans parapluie.

Si le temps est radieux, je me sers de mon parapluie comme d’une canne. En cas d’averse, je l’utilise comme parapluie.


Francisque Sarcey.
III
En voyage.


Je m’y suis pris un peu tard, cette année, pour faire de la villégiature ; mais, comme dit la sagesse des nations : vaut mieux tard que jamais. Du reste ça m’a pris comme une envie. Je m’ennuyais à Paris, j’avais eu des petits embêtements. Vous savez ce que c’est, moi, j’ai gardé un cœur excessivement jeune, et, parfois, souriez, enfants ! j’éprouve de ces tortures passionnelles qui semblent l’apanage exclusif de l’adolescence.

Musset a dit :


L’absence ni le temps ne sont rien quand on aime.


Musset s’est grossièrement trompé.

L’absence est beaucoup et le temps est tout quand on aime. Je me suis donc dit : laissons faire le temps et essayons de l’absence.

Voilà pourquoi, samedi matin, je prenais le train de Saint-Malo.

Pas d’incidents jusqu’à Versailles.

Là, le chef de la gare des Chantiers, un bien digne homme, m’affligea. Il était aux prises avec quatre individus d’allure sinistre, sordidement vêtus, de ces types qu’on n’aperçoit qu’aux heures d’émeutes ou de guillotine. Ces hommes (un roux, deux blonds et un brun) profitaient de leur nombre pour invectiver l’honnête vieillard. Ce dernier, avec un sang-froid qui détermine encore mon enthousiasme, prit sur son carnet le nom des insulteurs, et j’ai la douce espérance qu’à l’heure où j’écris ces lignes les quatre ruffians prennent le frais sur la paille humide des cachots.

Cependant le train de Saint-Malo (départ de la gare Montparnasse) arriva et mit fin à cette scène pénible. Je m’installai en un confortable compartiment, et, fouette, cocher… ou plutôt siffle, mécanicien.

Ah ! les chemins de fer sont une belle invention ! S’ils n’ont point le pittoresque des diligences de nos pères, quel confortable ne représentent-ils point ! Et quand ils n’auraient que le mérite de raccourcir les distances ? Est-ce vraiment à dédaigner ?

Et dire que ces chemins de fer qui causent notre plus vive admiration seront peut-être un jour l’objet des railleries de nos petits-neveux ! Car, tenez-le pour certain, ce serait une folie téméraire d’assigner des limites au progrès.

La chimère d’hier est la réalité d’aujourd’hui et la vieillerie de demain.

C’est triste à constater cet incessant tourbillon qui entraîne l’humanité dans ses cycles infinis, mais qu’importe ! Comme je dis, la vie est la vie, usons-en par tous les bouts et surtout par le bon.

Et, pendant que je me livrais à cet abîme de réflexions, Saint-Malo approchait. Il approcha même de si près que le train pénétra dans la gare et que je pus descendre.

Je n’avais jamais vu Saint-Malo, et je ne le regrette pas, car, si je l’avais vu déjà, j’aurais été moins frappé de son aspect que je ne le fus samedi soir en l’apercevant pour la première fois.

Les géologues, qui sont parfois d’adorables poètes sans s’en douter, ont dit que Saint-Malo est bâti sur un terrain granitique. Rien de plus vrai et de plus délicieux.

Du granit par-ci, du granit par-là, du granit partout. Ah ! pour un terrain granitique, on peut dire que c’est un terrain granitique ! Je ne suis plus jeune. Mais, en fouillant au plus creux de mes souvenirs, j’aurais bien de la peine à trouver un terrain plus granitique que celui-là, oui, plus granitique !

On comprend, en voyant ce terrain granitique, qu’il ait pu naître et pousser là toute une génération d’intrépides marins, de hardis corsaires, et l’on se dit que ces robustes constitutions


Ont dû sucer un peu du lait de ces granits.


Entre autres particularités de Saint-Malo, je citerai volontiers la beauté des jeunes filles aborigènes. Une surtout, nommée Victorine, sur la gorge de laquelle pourraient s’érailler tous les granits de son pays.

Cette Victorine n’a pas peu contribué à ma consolation.

Quand j’aurai besoin d’être consolé, je reviendrai à Saint-Malo.

Et même sans ça.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Voilà bien longtemps que je voulais voir le mont Saint-Michel. Je n’ai pas voulu passer si près sans m’y arrêter, et, en route pour Pontorson ! De Pontorson, on prend la diligence. Au bout de quelques kilomètres, on aperçoit le mont Saint-Michel.

Je n’ai pas la prétention de vous apprendre ce que c’est que le mont Saint-Michel. Vous le savez aussi bien que moi.

Au loin, vu de l’impériale de la voiture, ça fait un très bel effet, mais, vous l’avouerai-je ? j’ai éprouvé une grande déception. Je croyais que c’était plus pointu que ça.

C’est joli, mais ce n’est pas assez pointu.

Du reste, on travaille à la restauration, et, j’en adjure MM. les architectes ; faites un peu plus pointu. Garnier vous le dira comme moi.

Ce qu’il y a de mieux au mont Saint-Michel, c’est Mme Poulard. Vous ne connaissez pas Mme Poulard ? Quelle charmante femme, et gentille, et aimable !

Je ne suis pas arrivé à mon âge, n’est-ce pas, sans manger de bonnes omelettes : eh bien ! les omelettes que j’ai mangées jusqu’à présent sont des saloperies inavouables auprès des omelettes de Mme Poulard.

Ah ! ma bonne madame Poulard, comment arrivez-vous à cette perfection dans l’omelette ?

Du mont Saint-Michel, je suis revenu à Pontorson, où, emporté par mon tempérament, j’ai manqué le train. En attendant le suivant, j’ai dîné à l’hôtel de Bretagne. À la même table que moi, se trouvaient les quatre individus qui avaient fait au chef de gare de Versailles (Chantiers) la scène scandaleuse réprouvée par les honnêtes gens de tous les partis, scène dont j’ai parlé plus haut.

Bon hôtel, l’hôtel de Bretagne. Bonne nourriture, bon service, sous la surveillance d’une jeune fille charmante (la fille de la maison, je crois).

Maintenant, je suis à Granville d’où je vous écris ces lignes.

J’y ai fait la connaissance d’un garçon bien gentil dont j’avais entendu parler à Paris, un nommé Willette qui fait des dessins dans les journaux. Je lui ai donné quelques conseils dont il profitera, j’espère.

Lui, de son côté, s’est engagé à m’illustrer quelques chroniques que je vais faire paraître en volume à la fin de l’année pour les étrennes.

Le mot de la fin de cet article sera donc, excusez-le pour une fois, une annonce en librairie.

Sous presse :
LES CHRONIQUES DU BON SENS
par Francisque Sarcey
dessins de Willette.

Et ça s’enlèvera comme du pain !

Francisque Sarcey.

  1. J’en ai même entendu un, l’autre jour, qui disait : « Quand on veut suer, le meilleur moyen, c’est encore de lire les chroniques du père Sarcey. » Celui-là, quand je le réinviterai, il fera chaud, assez chaud pour suer sans lire les chroniques du père Sarcey.
    F. S.