Correspondance 1812-1876, 6/1872/DCCCXLIX

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Texte établi par Calmann-Lévy,  (Correspondance Tome 6 : 1870-1876p. 202-203).


DCCCXLIX

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


9 avril 1872.


Je suis avec toi, toute la journée et le soir, et à tout instant, mon pauvre cher ami. Je pense à tout ce qui se passe de navrant autour de toi. Je voudrais être près de toi. La contrariété d’être clouée ici me rend plus souffrante. Je voudrais un mot où tu me dirais que tu as le courage qu’il faut avoir. La fin de cette digne et chère existence a été douloureuse et longue ; car, du jour où elle est devenue infirme, elle est tombée, et vous ne pouviez plus la distraire et la consoler. Voilà, hélas ! l’incessante et cruelle préoccupation finie, comme finissent les choses de ce monde, le déchirement après la lutte ! Quelle amère conquête du repos ! et cette inquiétude va te manquer, je le sais. Je connais ce genre de consternation qui suit le combat contre la mort.

Enfin, mon pauvre enfant, je ne puis que t’ouvrir un cœur maternel qui ne te remplacera rien, mais qui souffre avec le tien et bien vivement à chacun de tes désastres.