Correspondance de M. le marquis Du Chilleau, gouverneur-général de St.-Domingue, avec M. le comte de La Luzerne, ministre de la marine, et M. de Marbois, intendant de Saint-Domingue/03

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Copie de la Lettre de M. le Marquis du Chilleau à M. de Marbois, en date du 29 Mars 1789. Cotte A.

Les besoins sont urgens, Monsieur, & nul espoir de ressource à attendre de France ; nous n’avons pas un instant à perdre pour pourvoir à la subsistance de la Colonie. Elle me paraît déjà beaucoup trop compromise. La Lettre Ministérielle adressée aux Administrateurs des Colonies avec l’Arrêt du 30 Août 1784, me confirment dans mon opinion d’une permission générale d’introduire des farines étrangères. Jamais circonstance ne l’exigea plus impérieusement, & je vous demande en grace, Monsieur, que toute autre affaire cessante, il parte par le Courier de ce jour une Lettre commune pour nos Représentans au Fort Dauphin, au Cap, au Port de Paix, à Saint-Marc, au Petit Goave, aux Cayes, à Jéremie & à Jacmel, qui leur enjoignent de prévenir tous les Négociants que les farines étrangères seront admises dans ces différens lieux, et de donner les mêmes avertissemens aux Américains, pour les trois Ports d’Entrepôts ; je vous demande aussi, Monsieur, de faire ouvrir les magasins du Roi le plutôt possible. Nous sommes convenus que la farine y serait vendue à raison de 100 liv. le baril, à commencer du 2 Avril. Il est bien nécessaire que cela ne soit pas retardé pour rétablir l’équilibre et les prix chez les Négocians.

P. S. Nous aurons à traiter, Monsieur, la manière dont les farines étrangères seront payées.