Cours d’agriculture (Rozier)/BELETTE

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 195-196).

BELETTE. En latin mustela. Cet animal a six dents incisives à chaque mâchoire ; à chaque pied, cinq doigts garnis d’ongles, séparés des uns des autres, le pouce éloigné des autres doigts. La longueur ordinaire du corps de la belette est à peu près de six pouces, depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue. Ce petit quadrupède est fin, rusé, agile, sauvage ; sa forme est allongée, bas de jambes & de couleur rousse, excepté qu’il a la gorge & le ventre blanc. Son museau est pointu, sa queue est courte ; quelquefois tout son poil devient blanc en hiver. Cet animal est très-commun dans nos provinces méridionales, & répand autour de lui une odeur très-forte pendant les chaleurs. Il met bas au printems, & ses portées sont ordinairement de quatre ou cinq.

La belette est fort sauvage, & j’ai essayé vainement de l’apprivoiser, d’après le témoignage de Liger, dans ses Amusemens de la campagne, où il dit qu’on l’apprivoise facilement, si on lui frotte les dents avec de l’ail. M. de Buffon a raison de dire que, si on veut les conserver, il faut leur donner un paquet d’étoupes dans lequel elles puissent se fourer & y traîner ce qu’on leur donne, pour le manger pendant la nuit. Si on pouvoit les apprivoiser, leur odeur forte en dégoûteroit. Cet animal est très-hardi & courageux.

S’il pénètre dans un colombier, dans un poulailler il y cause de grands dégâts, casse les œufs & les suce avec avidité ; d’un coup de dent à la tête, tue les petits pigeonneaux & les petits poussins, & les transporte, les uns après les autres, dans sa retraite. Les moineaux, les rats, les chauve-souris, sont pour lui un mets favori ; les rats, les souris, ne trouvent aucune sureté à se réfugier dans leurs trous ; il y entre avec eux, & ils deviennent sa proie. La morsure de cet animal est venimeuse, surtout lorsqu’il est irrité.

Dès qu’on s’apperçoit des ravages de la belette, il faut aussitôt multiplier les pièges. Tels sont les quatre de chiffre & le traquenard, dont on donnera la description au mot Piège ; un œuf servira d’appât, & c’est le plus sûr. Quelques-uns conseillent de prendre une poire ou une pomme bien mûre, de la partager par le milieu, de la saupoudrer avec de la noix vomique, réduite en poudre très-fine, & de rejoindre les deux moitiés. La belette est plus carnivore que frugivore ; elle préférera l’œuf.