Cours d’agriculture (Rozier)/BLÉ DE VACHE OU MÉLAMPIRE

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 306).


Blé de vache, ou Mélampire. Les botanistes en comptent plusieurs espèces, & on ne s’arrêtera ici qu’à celle qui peut être utile. M. Tournefort place cette plante dans la quatrième section de la troisième classe, qui comprend les herbes à fleur d’une seule pièce, irrégulière, terminée par un mufle à deux mâchoires ; & il l’appelle melampyrum purpurascente coma. M. von Linné la nomme melampyrum arvense, & la classe dans la didynamie gymnospermie.

Fleur. Le calice est d’une seule pièce, en forme de tube, à demi-fendu, divisé en quatre, & accompagné d’une feuille rougeâtre. La corolle est d’une seule pièce, le tube oblong, recourbé ; la lèvre supérieure en forme de casque aplati, & les bords recourbés ; l’inférieure est droite, fendue en trois lobes égaux, marquée au milieu de deux éminences. Les étamines, au nombre de quatre, dont deux plus courtes & deux plus longues, & toutes cachées sous la lèvre supérieure.

Fruit. Capsule oblongue, son bord supérieur convexe, l’inférieur droit, à deux loges, renfermant des semences dont la forme approche de celle d’un grain de blé, mais plus petites & noires.

Feuilles, longues, étroites ; quelques-unes entières, quelques-unes découpées en pointe.

Racine, dure, fibreuse.

Port. Tige haute d’environ un pied, rougeâtre, carrée, rameuse, feuillée ; les fleurs naissent au sommet, disposées en épi, coniques & lâches, rougeâtres, tachetées de jaune. Les feuilles florales sont dentées.

Lieu. Les champs, au milieu des blés. La plante est annuelle.

Propriétés. Les bœufs, les vaches mangent avec plaisir la plante & son grain, d’où on lui a donné le nom de blé de vache. Dans le besoin, on peut faire du pain avec sa graine. Quelques auteurs disent que ce pain cause des pesanteurs à la tête ; d’autres, au contraire, le regardent comme très-sain, & même agréable. Il est peut-être facile de concilier leurs opinions. Si le grain est encore trop frais, trop rempli de l’eau de végétation, il peut très-bien arriver qu’il produise des effets funestes ; en cela, semblable au manioque, à la bryoine, &c. cette première eau est toujours dangereuse, même dans le meilleur froment ; mais si une forte exsiccation a fait disparoître cette eau, alors le pain est sain. Ce qu’il y a de certain, c’est que dans les pays où cette plante fourmille dans les blés, dans la Flandre, par exemple, le paysan ne sépare pas ce grain de celui du blé ordinaire, & le pain qui en résulte ne produit aucun mauvais effet.