Cours d’agriculture (Rozier)/MASTICATOIRE

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Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 445-446).


MASTICATOIRE. Médecine rurale. C’est le nom qu’on donne à des médicamens qui produisent, par leur âcreté, une irritation dans la bouche, & excitent, par les excrétoires de cette même partie, c’est à dire les glandes salivaires, une évacuation plus abondante que dans l’état naturel.

On prescrit ces remèdes sous plusieurs formes. 1°. Sous forme solide : 2°. en fumigation, en faisant recevoir dans la bouche, par un tuyau destiné à cet usage, la fumée que le feu fait élever des parties irritantes qui les composent. Il y en a qu’on fait mâcher avec succès, dans le même dessein quoiqu’ils n’aient point d’âcreté : tels sont la cire & le mastic. Personne n’ignore que le mercure pris intérieurement, ou administré sous forme de friction, excite quelquefois la salivation.

Les masticatoires sont indiques dans les affections soporeuses, & dans la paralysie de la langue, dans les fluxions des dents, dans les maux de tête, & autres douleurs produites par une affluence d’humeurs sur ces parties.

On emploie journellement le poivre, l’alun & autres substances âcres, contre la chute de la luette. La fumée de la sauge, de la bétoine, celle du tabac, dissipent les fluxions & augmentent l’action tonique de la membrane pituitaire. Enfin, on fait mâcher les feuilles de sauge, de lavande, & de romarin pour donner du mouvement aux organes de la voix. On peut encore les employer en gargarisme, lorsqu’on veut remédier à certaines maladies qui ont leur siège dans le fond de la bouche. M. AMI.


MASTICATOIRES. Médecine Vétérinaire. Les masticatoires ou apophlegmatisans, sont des médicamens dont l’effet est de dégorger le tissu des glandes muqueuses de la bouche, & des glandes salivaires des animaux, en les agaçant, en les irritant, & en augmentant l’action organique de ces parties.

On compte parmi ces substances, les racines d’impératrice, d’angélique, de zédoaire, de pimprenelle blanche, de galéga, de myrrhe, le sel commun, les gousses d’ail, l’assa-fœtida, employé plus fréquemment encore que les autres.

Les maréchaux en font usage en nouet ou en billot. En nouet, ces remèdes grossièrement pulvérisés & enfermés dans un linge, étant suspendus à un mastigadour, ou à un filet. En billot, le linge qui les contient, entourant un bois qui rancise, comme le canon d’un mors de bride, la bouche, d’un angle à l’autre, ou le linge étant simplement roulé dans une certaine consistance, & étant placé de même. Ces remèdes sont indiqués dans des cas de dégoût & d’inapétence, parce qu’ils débarrassent les houppes nerveuses des humeurs muqueuses qui les couvrent, & qui se mêlant aux alimens, peuvent encore en rendre la saveur désagréable, & ils réveillent ainsi la sensation, & s’opposent au séjour de ces mêmes humeurs, qui ne pourroient que contracter une sorte de putridité.

Enfin, ils sont très-efficaces & très utiles dans les maladies contagieuses du bétail ; ils éloignent, pour ainsi dire, les corpuscules morbifiques qui s’exhalent, se répandent, nagent & circulent dans l’air que les animaux respirent, ils les empêchent de se mêler avec la salive, & de s’introduire avec elle dans les estomacs ; & en pareille occurrence, les masticatoires les plus convenables, sont un mélange de vinaigre, de sel ammoniac, de camphre, &c. M. T.