Cours d’agriculture (Rozier)/URINES-DIABÈTES

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Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 525).


URINES-DIABÈTES. Médecine vétérinaire. Ce n’est autre chose qu’un flux immodéré d’urine.

Cette maladie est rare dans les animaux : elle arrive plus souvent au bœuf qu’au cheval, ainsi qu’à la brebis, & aux autres animaux domestiques.

On connoît cette maladie, lorsque l’animal rend une plus grande quantité d’urine que dans l’état naturel, par la couleur des urines, qui sont très chargées, & par leur fétidité.

Il faut savoir distinguer les diabètes d’avec l’évacuation immodérée des urines provoquées par la grande quantité de fluide que l’animal a bu, en ce que dans la dernière, l’évacuation ne surpasse jamais en quantité celle des boissons qu’il a pris, & qu’elle n’est accompagnée d’aucun autre symptôme fâcheux.

Causes. Les pâturages échauffans, tels que les pâturages qui abondent en plantes aromatiques, les breuvages d’eau-de-vie & de thériaque donnés à forte dose, l’excès du sel, les travaux & les exercices pénibles long-temps continués, les eaux de mauvaise qualité, la suppression de la transpiration & de la sueur, sont les principes ordinaires des urines diabètes.

Traitemens. Dans les diabètes qui ne sont accompagnées ni de chaleur ni de fièvre, ni de pléthore, la saignée est contre-indiquée ; on donnera seulement à l’animal des boissons copieuses d’une eau blanchie avec la farine d’orge & de riz, des lavemens émolliens ; on soumettra le dessous du ventre aux fumigations de l’eau chaude, & on bouchonnera l’animal pendant tout le temps des fumigations.

Mais l’animal est-il échauffé au point que les urines soient d’une odeur fétide & colorée, la saignée à la veine jugulaire sera pratiquée ; on lui donnera de l’eau blanche, du son mouillé, de la paille, pour toute nourriture ; on le fera baigner, si la saison le permet, dans une eau de rivière, & on ajoutera le traitement ci-dessus indiqué. Si après l’usage de tous ces remèdes, les vaisseaux paroissent toujours distendus, si la bouche & les tégumens sont échauffés, il faudra répéter la saignée, les boissons, les lavemens, les bains, les fumigations & les frictions jusqu’à un entier succès de ces médicamens.

Dans les diabètes qui sont le produit d’une transpiration ou d’une sueur arrêtée, il faut se contenter de couvrir l’animal, & de lui donner des breuvages, composés de suie de cheminée & de racine d’angélique. Ces substances favorisant la transpiration & la sueur, on doit s’attendre au rétablissement du cours naturel des urines. M. T.