Poésies (Éphraïm Mikhaël)/De la plate-forme du tramway
Apparence
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e la plate-forme du tramway, je regarde fuir les arbres noirs. Le
ciel est d’un gris profond. On
songe qu’il sera toujours ainsi.
Les arbres sont raides, grêles, s’épandent en
ramures infiniment maigres et tristes. Tout au
fond de l’avenue, les deux derniers arbres, les
plus lointains que je puisse apercevoir, semblent
s’être vaporisés, fondus merveilleusement
dans l’air. On dirait des spectres d’arbres, des
formes d’arbres faites seulement de brouillard. Ces deux-là s’effacent, se brouillent, se perdent dans la grande grisaille de là-bas. D’autres m’apparaissent ainsi. Et j’ai le rêve — un
bref instant — que le ciel engloutit un à un
ces arbres fantômes.
2 février 1890.