Œuvres posthumes (Musset)/Derniers vers d’Alfred de Musset

La bibliothèque libre.
Œuvres posthumesCharpentierŒuvres complètes d’Alfred de Musset. Tome X (p. 115).


DERNIERS VERS D’ALFRED DE MUSSET


L’heure de ma mort, depuis dix-huit mois,
De tous les côtés sonne à mes oreilles.
Depuis dix-huit mois d’ennuis et de veilles
Partout je la sens, partout je la vois.

Plus je me débats contre ma misère,
Plus s’éveille en moi l’instinct du malheur ;
Et, dès que je veux faire un pas sur terre,
Je sens tout à coup s’arrêter mon cœur.

Ma force à lutter s’use et se prodigue.
Jusqu’à mon repos, tout est un combat ;
Et, comme un coursier brisé de fatigue,
Mon courage éteint chancelle et s’abat.


1857.