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Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique/Abaque

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ABAQUE, ſ. m. C’eſt la partie ſupérieure ou le couronnement du chapiteau de la colonne. Selon les Ordres d’architecture, ce couronnement a une forme différente. A l’Ordre Toſcan, au Dorique, & à l’Ionique il eſt quarré, & échancré ſur les faces au Corinthien & au Compoſite. Dans le premier, le ſecond & le troiſiéme Ordres, l’Abaque eſt le tiers de tout le chapiteau. Il y a plus d’attention à apporter dans les dimenſions de l’Abaque Corinthien, voyez Ordre. A l’égard du Compoſite, il eſt la ſeptiéme partie du chapiteau. Dans ces deux Ordres ſes angles s’appellent Cornes, le milieu Balai & la courbure Ove. Cette courbure a ordinairement une roſe au milieu.

Suivant les Auteurs du Dictionnaire de Trevoux, d’après Harris, les ouvriers donnent le nom d’Abaque à un ornement Gothique avec un filet ou chapelet de la moitié de la largeur de l’ornement, & ils nomment ce filet, le filet ou le chapelet de l’Abaque. Quelques Architectes au contraire, comme Palladio, entendent par Abaque le plinthe qui eſt autour de l’échine. D’autres, ſuivant Scamozzi, appellent Abaque une moulure en creux, qui couronne le piédeſtal de l’Ordre Toſcan. L’Abaque ſe nomme encore Tailloir. Mais pour fixer la ſignification de ce terme, & pour juſtifier la définition que nous en avons donnée d’après les plus célébres Architectes de notre tems, voici l’étimologie de ce mot.

D’abord d’Aviler veut qu’Abaque vienne du mot latin Abacus, tiré du mot grec Abax, qui ſignifie un petit buffet quarré, & auſſi une table pour apprendre les principes de l’Arithmétique, appelée Abachina par les italiens. Etienne Guichard, remontant plus haut, tire le mot Abaque d’un mot hébreux, qui ſignifie être élevé. Ainſi juſques-là par ce terme on déſigne une choſe élevée : ce qui convient parfaitement à ſa ſituation au-deſſus du chapiteau, élevé ſur le fuſt de la colonne. Le même Auteur prétend auſſi que le terme Abaque peut dériver encore d’un autre mot hébreu, qui ſignifie terre, pouſſiere bien menue ; parce que l’Abaque, chez les anciens Mathématiciens, étoit une petite table couverte de pouſſiere ſur laquelle ils traçoient leurs plans, & leurs figures, témoin le paſſage de Perſe.

Nec qui Abaco numeros & facto in pulvere metas
Scit riſiſſe Vafer.
Sat. 1. v. 131.

Et voilà pour la forme de cette partie du chapiteau.