Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Minimes (caserne des)

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Minimes (caserne des).

Située dans la rue de la Chaussée-des-Minimes, no 6. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

Cette caserne, affectée à la garde municipale, occupe les bâtiments de l’ancien couvent des Minimes dont nous traçons ici l’origine. L’ordre des Minimes fut fondé en 1436, dans la Calabre, par François de Paule. Le pieux fondateur voulut par humilité que ces religieux s’appelassent Minimes, c’est-à-dire les plus petits, les plus humbles des hommes. Les historiens ne sont pas d’accord sur l’origine de la fondation du couvent des Minimes de Paris. Le plus grand nombre présume qu’Ange de Joyeuse légua, vers 1589, son hôtel de la rue Saint-Honoré à ces religieux, sous la condition de faire bâtir un couvent de leur ordre dans le faubourg, et d’y entretenir un maître d’école pour l’instruction des enfants de ce quartier. Il survint des difficultés qui empêchèrent l’exécution de ce projet. Olivier Chaillou, chanoine de Notre-Dame, et descendant d’une sœur de saint François de Paule, faisait partie de l’ordre des Minimes, il voulut lui léguer tous ses biens. Ces religieux se trouvant en état de fonder un établissement, achetèrent, le 27 octobre 1609, une partie des jardins de l’ancien palais des Tournelles ; Henri IV approuva cette acquisition par lettres de janvier 1610. Les Minimes se contentèrent d’abord de quelques bâtiments élevés à la hâte et d’une petite chapelle où la messe fut célébrée pour la première fois le 25 mars 1610, jour de l’Annonciation, ce qui fit désigner quelquefois cette maison sous le nom de l’Annonciade. Marie de Médicis voulant se déclarer fondatrice de ce couvent, fit rembourser aux Minimes le montant de leur acquisition. Ses libéralités, jointes à celles de plusieurs autres personnes de distinction, leur permirent de faire construire un grand couvent. La première pierre de l’église fut posée au nom de Marie de Médicis par l’évêque de Grenoble. Les événements politiques qui agitèrent la France suspendirent les travaux. La première pierre du grand autel ne fut posée que le 4 mai 1630, et l’église dédiée seulement le 29 août 1670, sous l’invocation de saint François de Paule, par Bouthillier de Chavigny, évêque de Troyes. Cet édifice était remarquable, son portail avait été élevé par François Mansart. Il était composé de deux ordres d’architecture : le premier, dorique, consistait en huit colonnes ; le second était formé de quatre colonnes composites. Dans le tympan du fronton, on voyait un bas-relief représentant Sixte IV au milieu de ses cardinaux, ordonnant à François de Paule de se rendre auprès de Louis XI. Ce couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu les 16 pluviôse, 11 et 13 thermidor an VI. Les bâtiments furent rachetés par l’État qui résolut d’y établir le collége Charlemagne. Ce projet n’eut pas de suite ; plus tard ils furent affectés à une caserne acquise moyennant 241,700 fr. par la ville de Paris. Cette acquisition a été faite le 30 octobre 1823, en vertu d’une ordonnance royale du 11 décembre 1822. — L’église, qui resta propriété particulière, fut démolie. Sur son emplacement on prolongea, en 1805, la rue de la Chaussée-des-Minimes, dont nous nous occuperons à l’article suivant.