Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Rollin (collége)

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Rollin (collége).

Situé rue des Postes, no 34. — 12e arrondissement, quartier de l’Observatoire.

Il occupe l’emplacement de la communauté dite de la Présentation Notre-Dame ou des Bénédictines Mitigées.

La dame Marie Courtin, veuve du sieur Billard de Carrouge, voulant favoriser sa nièce, religieuse du couvent des Bénédictines-Mitigées d’Arcisse, résolut de fonder à Paris une maison du même ordre dont cette parente serait prieure perpétuelle. Elle proposa en conséquence à plusieurs religieuses de se joindre à cette nièce, nommée Catherine Bachelier, à laquelle la dame Courtin fit en raison de cette réunion, une donation entre vifs de 900 livres de rente. Le contrat fut passé en 1649, et Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, permit à ces religieuses de s’établir dans une maison qu’elles avaient louée dans la rue des Postes, sous la condition qu’après la mort de sœur Bachelier, leur prieure serait triennale. La division s’étant mise entr’elles, l’archevêque fut obligé d’intervenir et de permettre à la sœur Bachelier de s’établir dans un autre endroit. Elle se plaça dans la rue d’Orléans-Saint-Marcel, avec une compagne qu’elle avait amenée d’Arcisse. Grâce aux libéralités de madame de Carrouge qui avait bien voulu élever jusqu’à la somme de 2,000 livres la rente qu’elle avait accordée, sa nièce se vit en état de demander la confirmation de son établissement ; ce qui lui fut accordé par lettres-patentes de 1656. Cette communauté s’augmenta rapidement, le local qu’elle occupait se trouvant trop étroit, elle acheta, en 1671, une maison et un jardin dans la rue des Postes. Cette propriété fut cédée par M. Olivier, greffier civil et criminel de la cour des aides, moyennant une rente de 615 fr., et sous la condition qu’on recevrait dans la communauté une jeune fille pour être religieuse de chœur, laquelle ne paierait que 200 livres de rente ; il s’en réserva la nomination sa vie durant, et après lui à ses enfants seulement.

Supprimée en 1790, cette communauté religieuse dont l’emplacement contenait une superficie de 7710 mètres, devint propriété nationale et fut vendue le 11 messidor an V. Une institution de jeunes gens s’y établit bientôt sous la direction de M. Parmentier. Acquise ensuite par une association d’anciens élèves de la communauté de Sainte-Barbe, à la tête de laquelle étaient MM. Nicolle frères, cet établissement devint collége de plein exercice en 1821, sous le nom de collége Sainte-Barbe. En 1826, la ville de Paris, déjà propriétaire des bâtiments, acheta le droit d’exploitation, et à partir de ce moment cet établissement fut administré par un comité composé de six membres choisis par le conseil municipal dans son sein. À la révolution de juillet, pour éviter toute confusion avec une autre institution également célèbre, le nom de collége Rollin fut substitué à celui de collége Sainte-Barbe. Il compte 400 pensionnaires et ne reçoit pas d’externes. On reconstruit en ce moment une grande partie des bâtiments de ce collége.

Charles Rollin, historien et recteur de l’Université de Paris, où il naquit le 30 janvier 1661, était fils d’un coutelier, et fut reçu maître dans la même profession dès son enfance. Un bénédictin des Blancs-Manteaux, dont il servait la messe, ayant reconnu dans ce jeune homme d’heureuses dispositions, lui fit donner une bourse pour faire ses études au collége du Plessis. Successivement professeur d’humanités, de rhétorique et d’éloquence, Rollin mourut en 1741.