Dictionnaire de Trévoux/1re édition, 1704/Abysme

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Jésuites de Trévoux
Trévoux (1-1p. 12).

ABY.

ABYsME, s. m. Gouffre profond où on se perd, d’où on ne peut sortir. Gurges, vorago. Il y a d’horribles abimes dans ces montagnes, dans ces mers. L’Océan étoit jaloux de voir sonder ses abysmes. Ablanc. Ce mot vient du Grec ἄβυσσος, qui signifie la même chose.

Abîme, se dit figurément en Morale des choses immenses, & infinies, où l’esprit humain se perd quand il raisonne. La Physique est un abyme ; on ne peut pénétrer dans les secrets de la Nature. Les jugemens de Dieu, les mystères de la Religion, sont des abimes dont on ne peut sonder la profondeur. Il a été précipité du faîte de la gloire dans l’abime du néant. Ablanc. Le passé est un abime qui engloutit toutes choses, & l’avenir est un autre abime impénétrable. Nicol.

Il signifie encore, un fond immense, une abondance extraordinaire. Par son imprudence il s’est plongé dans un abime de malheurs. Cet homme est un abime de science. Le cœur d’un avare est un abime que les torrens & les fleuves ne sauroient remplir. S. Evr. Nous avons besoin de profonds efforts, pour nous retirer de l’abime de misère où le péché nous a plongez. Port-R.

Abîme, se dit absolument des enfers. La rébellion des Anges les fit précipiter dans l’abime. Qui pourra mesurer la profondeur de l’&abime ? On dit aussi, C’est un abime de maux, de souffrances, de malheurs.

Abîme, se dit aussi de ces dépenses excessives, dont on ne peut juger avec certitude. On ne peut certainement régler la dépense de la Marine, c’est un abime. La dépense de cette maison est excessive, c’est un abime, On dit en proverbe, qu’un abime attire l’autre, quand d’un mal on tombe en un plus grand.