Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/601-610

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Fascicules du tome 1
pages 591 à 600

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 601 à 610

pages 611 à 620



largeur, que les vitriers soudent sur les panneaux des vitres pour fixer les verges de fer qui les tiennent en place.

Attache, en termes d’Anatomie est le ligament qui attache une partie du corps à une autre. Ligamen. Les attaches des poumons sont le médiastin qui les attache au sternum & au dos, la trachée artère & la veine des poumons qui les attachent au cou, l’artère & la veine des poumons qui les attachent au cœur ; & quelquefois des ligamens fibreux, qui les attachent à la plèvre & au diaphragme.

Attache, dans le sens figuré désigne une disposition habituelle de l’ame, une passion violente pour un objet qui occupe l’esprit ou le cœur, passion qui nous lie à ce que nous aimons. Studium, amor. Vous aurez bien de la peine à rompre cette attache. Ce jeune homme a de l’attache à l’étude. Attachement vaudroit mieux en cet endroit là. Il joue avec attache, pour exprimer qu’il joue avec beaucoup d’ardeur & d’application, qu’il est passionné pour le jeu. Attachement ne seroit pas si bien ici. Avoir de l’attache aux richesses, aux vanités & à la vie. Quand on a une fois goûté les choses spirituelles, tout ce qui se ressent des attaches & de la contagion de la chair & du sang, paroît insipide. Toutes les amitiés humaines seront anéanties par la mort, & nous entrerons dans une solitude éternelle, où toutes nos attaches seront rompues. Port-R.

Attache, attachement, dévouement, considérés comme synonymes. Quoique le mot d’attachement, dit M. l’Abbé Girard, puisse quelque fois s’appliquer en mauvaise part, il est pourtant mieux placé que les deux autres à l’égard d’une passion honnête & modérée. On a de l’attachement à son devoir ; on en a pour un ami, pour sa famille, pour une femme d’honneur qu’on estime.

☞ Celui d’attache convient mieux lorsqu’il est question d’une passion moins approuvée ou poussée à l’excès. On a de l’attache au jeu ; on en a pour une maîtresse, quelquefois même pour un petit animal.

☞ Le mot de dévouement est d’usage pour marquer une parfaite disposition à obéir en tout. On est dévoué à son Prince, à son maître, à son bienfaiteur, à une dame qui a acquis sur nous un empire absolu. Les deux premiers marquent de la sensibilité & de la tendresse. Voyez Dévouement.

☞ L’attachement est sincère ; l’attache est forte ; le dévouement est sans réserve. Aujourd’hui on n’oseroit pas, sans rougir, faire paroître beaucoup d’attache en amour ; mais on craindroit de n’y pas paroître heureux. Une forte attache fait également sentir des plaisirs vifs & des chagrins piquans.

ATTACHEMENT. s. m. Disposition habituelle de l’ame pour un objet qui nous est cher & que nous craignons de perdre. Sentiment qui nous unit à ce que nous estimons. Propensio, fludium. Nous avons déjà dit au mot attache que le mot d’attachement est mieux placé à l’égard d’une passion honnête & modérée. Nous ajoutons ici qu’il régit plus ordinairement le datif, quand il se dit des choses ; & l’accusatif avec une préposition quand il se dit des personnes. Attachement à son devoir ; attachement pour un ami. Si M. de la Roch a dit : l’attachement & l’indifférence que nous avons pour la vie, sont des goûts de l’amour propre ; c’est peut-être qu’indifférence a entraîné attachement dans le régime. Personne n’a plus d’attachement pour lui, que moi. Devinctior me illi alter non est. Que dirai-je de son attachement immuable à la religion de ses ancêtres. Flech. Les mœurs de notre siècle ont banni des lois de l’amitié tout attachement contraire aux intérêts. La vie ne sauroit être gracieuse sans quelque attachement.

Attachement, signifie aussi grande application. avoir de l’attachement à l’étude, au travail. Attache au jeu, & non pas attachement.

On dit au pluriel, les attachemens de la terre. Elle survécut à ses grandeurs, afin qu’elle pût survivre aux attachemens de la terre. Boss.

Honteux attachemens de la chair & du monde,
Que ne me quittez-vous, quand je vous ai quittés ?

Corn.

Attachement, se dit en termes de Guerre. ☞ L’attachement du mineur, est l’action de le mettre en état de travailler à couvert, pour faire une brèche par le moyen de la mine. Voyez Attacher le mineur. L’attachement du mineur se fait au milieu des faces, au tiers du côté des angles flanqués des ouvrages, bastions, demi-lunes, &c.

ATTACHER. v. a. Joindre quelque chose à une autre avec un lien, avec quelque ferrement, ou autre chose propre à l’arrêter ou empêcher qu’elle ne s’éloigne. Alligare, colligare. Il a attaché son cheval à un arbre. Attacher des pièces ensemble avec un filet. Attacher un tableau à la muraille avec un clou. Le nœud qui attachoit le joug du timon étoit fait d’écorce. Ablanc. On le dit aussi en parlant de plusieurs supplices. Attacher au gibet, au carcan. Attacher en croix. Attacher à la chaine. On dit en ce sens que J. C. a été attaché pour nous à l’arbre de la croix.

Ménage dérive ce mot du latin attachiare, qui se trouve dans les Auteurs, & a été fait de attaxare, ou attexere. Il vient plutôt de tach, qui en langage Celtique, ou Bas-Breton, signifie clou, & tacha, clouer, parce qu’on attache avec des clous. Icquez le dérive de teacan, mot saxon, ou de tacan, mot pris des langues du Nord. Ces deux mots veulent dire prendre : on y a ajouté la préposition ad en changeant le d en t, pour rendre la prononciation plus douce.

En termes de l’art militaire. On dit, attacher le mineur au corps d’une place ; pour dire, le mettre en état de travailler à couvert, à faire une mine au corps de la place. On commence par faire un trou dans l’endroit où l’on veut établir la mine, au pied du mur, quand le fossé est sec ; & à un pied au-dessus de la superficie des eaux, quand le fossé est plein d’eau. Ce trou se fait par le moyen de la batterie qu’on aura placée sur la crête du glacis, qui tirera en plongeant. Dès que ce trou sera de la profondeur de quatre à cinq pieds, le mineur s’y rendra à la faveur de sa galerie, s’y logera, s’y couvrira de son mieux, & se mettra à travailler à sa mine avec diligence.

Attacher, se dit dans les manufactures de soie, des semples, du corps, des arcades & des aiguilles. C’est les mettre en état de travailler. Encyc.

Attacher les rames de Rubannerie. C’est l’action de fixer les rames à l’arcade du bâton de retour.

Attacher haut. Terme de Manège. Attacher la longe du licou aux barreaux du râtelier, pour empêcher que le cheval ne mange sa litière.

Attacher, lier, dans une signification synonyme. On lie, dit M. l’Abbé Girard, pour empêcher que les membres n’agissent, ou que les parties d’une chose ne se séparent. On attache pour arrêter une chose, ou pour empêcher qu’elle ne s’éloigne. On lie les pieds & les mains d’un criminel ; & on l’attache à un poteau. On lie un faisceau de verges avec une corde. On attache une planche avec un clou.

☞ Ce mot entre dans des façons de parler figurées qui sont très-belles. Un homme est attaché, quand il n’est pas en état de changer de parti ou de le quitter ; il est lié quand il n’a pas la liberté d’agir. L’autorité & le pouvoir lient. L’amour & l’intérêt attachent. Nous ne croyons pas être liés quand nous ne voyons pas nos liens ; & nous ne sentons pas que nous sommes attachés, lorsque nous ne pensons point à faire usage de notre liberté. Un homme est lié à sa femme, & attaché à sa maîtresse.

Heureux qui satisfait de son humble fortune,
Libre du joug superbe où je suis attaché,
Vit dans l’état obscur où les Dieux l’ont caché. Rac.

Attacher, signifie encore intéresser par quelque chose d’agréable, rendre l’esprit attentif par quelque charme secret. Allicere, devincire. Dans une narration il faut savoir attacher l’esprit par le choix & par l’amas des plus considérables circonstances. Boil. La tragédie doit intéresser & attacher les spectateurs S. Evr. L’histoire attache le lecteur par le récit des événemens merveilleux.

Inventez des ressorts qui me puissent attacher. Boil.

Apprenez que suivi d’un nom si glorieux
Par-tout de l’univers j’attacherois les yeux. Rac.

Attacher, signifie encore dans le sens figuré lier par quelque chose qui engage, qui oblige à quelque devoir, ou à quelque marque de reconnoissance. Un Prince attache quelqu’un à son service par un emploi qu’il lui donne. Deux hommes sont attachés l’un à l’autre par une amitié réciproque. Le devoir nous attache auprès de quelqu’un. Les bienfaits nous attachent à notre bienfaiteur.

Je veux rompre les nœuds qui m’attachent à vous. Rac.

Attacher, synonyme d’appliquer. L’étude des Mathématiques attache beaucoup. Le jeu attache trop les jeunes gens. Attacher son attention à quelque chose.

Attacher, se dit encore, toujours au figuré, pour dire faire dépendre les choses les unes des autres, comme si elles étoient inséparables, comme si l’une étoit la cause ou l’occasion de l’autre. Dieu a attaché notre bonheur dans cette vie & pour la vie future à la pratique des vertus chrétiennes. La plûpart des événemens sont autant de moyens auxquels Dieu a attaché notre sanctification. Les Rois n’ont pas besoin de raffiner beaucoup pour s’appercevoir que les louanges qu’on leur donne, sont attachées à leur rang. Mon sort est attaché au vôtre.

Le ciel n’attache point mon bonheur à ses jours. Rac.

Attacher, avec le pronom personnel, signifie, se joindre, se coller, s’accrocher. Inhærere, adhærescere. La terre grasse s’attache aux souliers, la poix aux habits. Quand on se noie, on s’attache à tout ce qu’on peut attraper. ☞ Un chien s’attache à sa proie. Ces deux ennemis s’attachent si fortement l’un à l’autre, qu’on ne peut les séparer. Et figurément, on dit, qu’un homme s’attache auprès de quelqu’un ; pour dire, qu’il lui fait la cour, qu’il se dévoue à son service, soit par devoir, soit par affection. Je m’attache à tout votre destin. Mol. Ce n’est pas l’éclat de ta fortune qui nous attache à toi. Vaug.

On dit qu’un homme s’attache trop à son sens, à son profit, à ses intérêts ; pour dire, qu’il est opiniâtre, qu’il est avare, qu’il ne relâche rien de ses prétentions.

Attacher, avec le pronom personnel, signifie encore, s’appliquer à quelque chose. Animum adjungere alicui rei, ad aliquid incumbere. S’attacher à l’étude : s’attacher à remplir les devoirs de sa charge ; s’attacher au barreau, s’attacher au solide ; s’attacher à la volupté ; pour dire, s’y appliquer fortement, s’y adonner entièrement. L’agrément de ceux qui s’attachent plus à bien parler, qu’à bien penser, ne plaît pas long-temps. Vall. Les hommes naturellement malins ne s’attachent qu’aux défauts des autres, & ne remarquent pas leurs vertus. Bell.

Je songe à me connoître ;
Et c’est l’unique étude où je veux m’attacher. Boil.

On dit aussi s’attacher, pour dire, avoir de l’attachement & de l’inclination pour quelqu’un, ou pour quelque chose. Studere alicui. Les mélancoliques croient aimer ceux à qui ils ne s’attachent que par un choix capricieux. M. Esp. Celui qui s’attache à la vérité sans raison, est opiniâtre. Ablanc.

☞ On dit, en termes de Peinture, que les objets s’attachent, lorsqu’ils paroissent tenir ensemble, quoique l’Artiste ait supposé de l’espace entr’eux. Acad. Fr.

ATTACHÉ, EE. part. Alligatus, vinctus, fixus, defixus. Il n’osoit avoir les yeux attachés sur elle, parce qu’il craignoit de laisser trop voir le plaisir qu’il avoit à la regarder. P. de Cl. attaché à l’étude, à ses devoirs, au plaisir, &c.

On dit proverbialement qu’il faut que la vache broute où elle est attachée ; pour dire, qu’il faut vivre du mieux qu’on peut dans le lieu où on est contraint de demeurer.

☞ On dit dans le sens figuré un homme attaché, c’est-à-dire un homme qui aime l’épargne & fuit la dépense ; distingué en cela de l’homme avare qui aime la possession & ne fait aucun usage de ce qu’il a ; & de l’homme intéressé, qui aime le gain, & ne fait rien gratuitement. L’attaché s’abstient de ce qui est cher. L’avare se prive de ce qui coûte. L’intéressé ne s’arrête guère à ce qui ne lui produit rien. On manque quelquefois sa fortune, pour être trop attaché, comme on se ruine en faisant trop de dépense. Les avares ne savent ni donner ni dépenser ; ils se laissent seulement extorquer par la nécessité ou par le besoin ce qu’ils tirent de leur bourse. Il y a des personnes qui pour être intéressées, n’en sont pas moins prodigues ; elles donnent libéralement à leurs plaisirs ce que l’avidité du gain leur a fait acquérir.

☞ ATTACHEUSE s. f. Nom que l’on donne dans les Manufactures de soie, aux filles dont la fonction est d’attacher les cordages qui servent dans les métiers.

☞ ATTALIE. Attalia. Ville de la Pamphilie, au bord de la mer qui y forme un golfe. C’est présentement Satalie.

☞ Etienne le Géographe place une autre ville de même nom dans la Lydie. On lui donne la même situation dans les Notices Episcopales. Ce qui fait voir combien est inutile la correction de Berkelius qui croit qu’il faut Lycie au lieu de Lydie. L’erreur qui se trouvoit dans le Dictionnaire de Trévoux dans cet article, étoit-elle de nature à devoir allumer la bile des Vocabulistes, comme s’il eût été question d’une erreur en matière de foi ? Ce n’est point une prétention de ce Dictionnaire. On suivoit la correction d’un Auteur qu’on peut citer.

☞ ATTANCOURT. Village de France, en Champagne, à une demi-lieue de Vassi, sur la rivière de Blaise. Il y a des eaux minérales ferrugineuses, bonnes pour la guérison de plusieurs maladies.

☞ ATTANITES. Sorte de gâteaux que faisoient les Anciens. Il ne nous en reste que le nom. Encyc.

ATTAQUABLE. adj. Qu’on peut attaquer. Ce n’est point cette partie de l’arrêt qui seroit attaquable. Mém. de M. le Duc du Maine. 1761 : inattaquable est reçu : pourquoi attaquable ne l’est-il pas ?

ATTAQUANT. s. m. Qui attaque, assaillant. Oppugnator. Les premiers attaquans ont souvent l’avantage du combat. La seconde Palissade sert à l’attaquant, aussitôt qu’il est logé sur le chemin couvert. Son plus grand usage est au pluriel.

ATTAQUE. s. f. ☞ Aggressio. Action par laquelle on attaque l’ennemi. Effort ou tentative qu’on fait pour repousser l’ennemi ou pour se rendre maître d’un poste. Attaque fort vive & imprévue. L’attaque a été chaude, pour dire que le combat a été rude & sanglant. Les ennemis furent repoussés dès la première attaque.

☞ On le dit particulièrement d’un assaut donné à une ville. Oppugnatio. Aller à l’attaque d’une place. Donner une attaque générale. On fit trois attaques, deux fausses & une véritable. Plusieurs Auteurs ont écrit de l’attaque, & de la défense des places. On dit, commencer, entreprendre, donner, soutenir une attaque.

Attaque, se dit aussi des tranchées & des travaux qu’on fait pour approcher d’une place. Oppugnatio. L’attaque de la droite sur plutôt achevée que celle de la gauche. On dit aussi, emporter une place par de droites attaques, c’est-à-dire, dans les formes, & par des travaux réglés, au lieu de la prendre par insulte. Fausse attaque, est un travail que l’on pousse seulement pour obliger les assiégés à partager leurs forces.

Attaque brusquée, ou d’emblée, est celle que l’on fait sans observer toutes les précautions & les formalités qui s’observent ordinairement dans un siége réglé.

Attaque de front, est celle qui se fait sur le devant ou la tête d’une troupe.

Attaque de flanc, est celle qui se fait sur le flanc ou le côté d’une troupe, d’une armée.

Attaque, dans le sens figuré, signifie certaines paroles dites exprès pour sonder les intentions de quelqu’un, pour le disposer à accorder quelque chose, ou pour le piquer par quelque reproche. Il m’a déjà donné quelque attaque là dessus. Il n’osoit s’expliquer ouvertement, mais il lui faisoit tous les jours quelque attaque. Toutes vos attaques seront inutiles.

Attaque, se dit aussi figurément pour atteinte, insulte. Oppugnatio. Le riche est exposé aux attaques du Démon. Maucroix. Les grands hommes cèdent quelquefois aux plus légères attaques, & il y a toujours dans leur ame quelque endroit mal gardé. Vill.

Attaque, se dit encore figurément en Médecine, du commencement d’une maladie, d’un accès ou paroxysme. Morbi tentatio. Attaque de goutte, de paralysie.

Attaque, en escrime. C’est un mouvement que l’on fait pour ébranler l’ennemi, afin de le frapper pendant son désordre. Encyc.

ATTAQUER. v. a. Commencer une attaque, une querelle, une insulte : être l’aggresseur. Provocare, lacessere, adoriri. Il a attaqué ce pauvre homme qui ne lui disoit mot. Il est du droit naturel de se défendre quand on est attaqué. Cicéron, après avoir hautement blâmé ceux qui attaquent les personnes, au lieu de n’attaquer que les raisons, souilla lui même le Barreau par des injures. Bail. On a établi que c’est aux hommes à attaquer, & aux femmes à se défendre, parce que les hommes se défendroient trop bien. Font. On peut douter de la vertu d’une femme qui n’a point été attaquée. S. Evr. On disoit autrefois attacher : & leur commanda qu’ils allassent attacher l’ennemi. Amiot. Apparemment parce qu’on s’attache, ou qu’on pourroit s’attacher à ceux qu’on attaque.

☞ On dit aussi figurément, attaquer quelqu’un de conversation ; pour dire, adresser la parole à quelqu’un, afin de l’engager à parler. Acad. Fr.

Attaquer, en termes d’Escrime. Voyez Attaque.

Attaquer un cheval. Terme de Manège. C’est le piquer vigoureusement avec les éperons.

Attaquer les ennemis, une place. Oppugnare, invadere, aggredi. Il attaqua l’ennemi jusque dans ses retranchemens. Attaquer en flanc, c’est attaquer les côtés d’un bataillon. On le dit aussi au jeu. Un bon joueur d’échecs doit toujours attaquer. On dit encore attaquer une proposition.

Attaquer, signifie aussi, entreprendre, offenser le premier. On attaque l’innocence par de faux soupçons. Ils attaquent la mémoire de votre père. Vaug. Attaquer un Auteur sur ses ouvrages. Lacessere.

Attaquer, avec le pronom personnel, signifie ☞ offenser ouvertement quelqu’un, ou se déclarer ouvertement contre lui. On ne doit pas s’attaquer à plus fort que soi. Lacessere, adoriri. Le caractère de l’envie est de s’attaquer aux plus louables actions. S. Evr. Tibère n’osa s’attaquer à ma personne, parce qu’il me crut assez aimé des soldats, pour n’être pas attaqué impunément. Vill.

Ce mot marque d’ordinaire le sentiment qui fait entreprendre d’attaquer une personne plus puissante que soi, & qu’on devroit redouter.

Mais t’attaquer à moi ! qui ta rendu si vain ? Corn.


De jouer des bigots, la trompeuse grimace
C’est s’attaquer au ciel. Boil.

ATTAQUÉ, ÉE. part. Oppugatus, lacessitus. Celui qui se sent attaqué dans son foible, conçoit le même dépit qu’une femme laide à qui on présente le miroir. Bell. On dit en proverbe, bien attaqué, bien défendu ; pour dire, que la défense répond à l’attaque.

ATTÉDIER. v. a. Ennuyer, importuner quelqu’un par de mauvais contes, par de sots discours. Fastidium, nauseam parere. Ce méchant prêcheur sait l’art d’attédier, d’endormir ses auditeurs.

Ménage, après Vossius, dérive ce mot de attædiare, qui se trouve dans quelques Auteurs ; pour dire, tædio afficere. Il n’est plus en usage.

ATTEINDRE. v. a. J’atteins. J’atteignis. J’ai atteint. J’atteindrai ; que j’atteigne. Attingere. ☞ Dans le sens propre, frapper de loin avec quelque chose. Il atteignit son ennemi d’un coup de pierre. Atteindre d’un coup de carabine. Ceux qui lançoient des javelots, ne pouvoient atteindre les frondeurs.

☞ C’est aussi attraper quelqu’un en chemin, le joindre en courant après, en allant après. Assequi. Je vous atteindrai avant la dînée. Nous prendrons la poste pour atteindre ceux qui sont devant nous. Tu as beau suivre les Scythes, je te défie de les atteindre. Vaug.

Atteindre, en parlant de l’âge, c’est parvenir à un certain âge. Il a atteint sa douzième année. On ne sauroit disposer de son bien qu’on n’ait atteint l’âge de majorité.

Atteindre un vaisseau, en chassant sur lui. Terme de Marine, synonyme de joindre.

Atteindre, au figuré. Synonyme d’égaler. Plusieurs Poètes ont imité Virgile ; mais pas un ne l’a atteint. Assequi.

Atteindre. v. n. Au propre, c’est toucher a une chose qui est à une assez grande distance pour qu’on n’y puisse pas toucher facilement. Atteindre au but. Atteindre au plancher. Je ne saurois atteindre à la même hauteur que vous.

☞ Au figuré, synonyme de parvenir. Atteindre aux honneurs. Assequi, consequi. Plusieurs Géomètres ont écrit de la quadrature du cercle ; mais pas un n’a atteint au but. Il faut tâcher d’atteindre à la perfection chrétienne. Il vaut mieux exceller dans le médiocre, que de s’égarer en voulant atteindre au grand & au sublime. La Bruy. Tu aspires où tu ne saurois atteindre. Vaug.

☞ Dans cette acception, il se dit aussi activement.

C’est en vain qu’au Parnasse un téméraire Auteur
Pense de l’Art des vers atteindre la hauteur.

Boil
.

On dit proverbialement à ceux qui briguent quelque charge, ou autre chose où ils ne peuvent parvenir, que leur épée est trop courte, qu’ils n’y sauroient atteindre. On dit aussi, il ne faut qu’une queue de vache pour atteindre au ciel, mais il faut qu’elle soit bien longue.

ATTEINT, EINTE. part. Touché, frappé, blessé : dans le propre & dans le figuré. Impetitus, percussus, læsus. Atteint d’une flèche. Atteint d’un coup. Ceux qui étoient atteints de ce mal récitoient des tragédies. Ablanc.

L’ame de désespoir & de fureur atteinte. Cerisy.


Je sais de quels regrets son courage est atteint ;

Ce lâche craint la mort ; & c’est tout ce qu’il craint.
Racin
.

Seigneur, tu vois l’effroi dont mon ame estatteinte.

S. Evr
.

En termes de Palais, on déclare qu’un homme est atteint & convaincu du crime, dans le jugement qui le condamne. Convictus. Il faut remarquer qu’il y a quelque différence entre ces mots atteint & convaincu, en ce que le mot atteint se dit seulement d’un accusé contre lequel il y a simplement des indices, ou des preuves imparfaites, ce qu’on dit autrement, être prévenu du crime : au lieu que le mot de convaincu se dit de celui contre lequel il y a une preuve claire & certaine.

ATTEINTE. s. f. Action par laquelle on atteint ; ☞ ou coup dont on est atteint. Porter une vigoureuse atteinte à quelqu’un. Recevoir une atteinte légère. Petitio.

Je cueille avec plaisir cent & cent fleurs nouvelles,
Qui braveront du temps les atteintes cruelles.

Des Houl.

Atteinte, se dit figurément de ce qui ôte de la force d’un contrat, ou d’une loi, ou qui porte préjudice à quelque chose. Vim infringere. Il n’a pas voulu passer cet acte, de peur de donner atteinte à sa donation. On a donné atteinte à un tel édit par la déclaration qu’on a obtenue ensuite. Tout ce qu’il peut dire ne sauroit donner atteinte à mes droits. Patr. ☞ Donner atteinte à la réputation de quelqu’un. Lædere.

On le dit aussi dans un sens tout semblable, en parlant des résolutions que l’on forme, des desseins que l’on prend. Il faut demeurer ferme dans ses résolutions, & ne rien écouter de qui peut leur donner la moindre atteinte. Ab. de la Tr.

Atteinte, signifie aussi au figuré, attaque de certaines maladies. Tentatio levis. Il a tous les hivers quelques atteintes de goutte. Il a eu quelques atteintes de gravelle. Un amant dit aussi, qu’il a reçu de mortelles atteintes de sa maîtresse. J’ai reçu de vos yeux une atteinte fatale. Gomb. ☞ Ces mots d’atteinte mortelle, désignent une impression vive & douloureuse, que cause un événement dont on est sensiblement touché. Dolor acer, pungens.

Atteinte, en termes de Manège, se dit dans les courses de bague, quand on l’a seulement touchée avec la lance, au lieu d’avoir mis dedans pour l’emporter. Il a gagné le prix de cette course de bague, il a eu deux dedans & une atteinte. On dit aussi en Maréchallerie, qu’un cheval se donne des atteintes, quand d’un de ses pieds il blesse l’autre, soit par-devant, soit à côté. On le dit aussi quand il reçoit un coup aux pieds de derrière, d’un autre cheval qui marche trop près de lui.

Atteinte encornée, est celle qui pénètre jusque dessous la corne.

Atteinte sourde, est celle qui ne forme qu’une contusion, sans blessure apparente. Ce cheval se donne des atteintes en atteignant les pieds de devant avec ceux de derrière. Mon cheval a reçu une atteinte du vôtre.

ATTELABE-ARACHNOÏDE. s. m. Insecte aquatique qui tient de l’araignée & de la sauterelle : la tête ressemble à celle de la sauterelle : ses yeux sont élevés, les autres parties sont semblables à celles de l’araignée, mais il n’a que six pattes; il nage dans l’eau, ou il rampe sur la terre. Sa couleur est cendrée. Il est estimé résolutif, appliqué extérieurement. C’est une espèce de sauterelle. Dict. de James.

ATTELAGE. s. m. Assemblage, ou assortiment d’animaux attachés pour trainer, ou tirer une charrue, ou un carrosse, &c. Jumentorum & currus instrumentum. On ne sauroit trouver un attelage de chevaux bien pareils. On dit qu’un laboureur a deux attelages de bœufs, ou de chevaux ; quand il en a un nombre suffisant pour labourer à deux charrues en même temps.

Quand on dit absolument un attelage, cela s’entend de six ou huit chevaux propres à être attelés ensemble à un carrosse. Attelage bien assorti. Cet Ambassadeur avoit à son entrée six beaux attelages.

Il y a une fort jolie pièce de feu M. l’Abbé Régnier, intitulée l’Attelage, où il prend ce mot figurément pour les vertus & les qualités qu’il faut avoir pour vivre heureux, & qui finit par ces mots :

Je n’aurai rien à désirer
Ni du sort, ni de la nature,
Si l’attelage peut durer
Aussi long-temps que la voiture.

On dit de deux hommes grossiers, & qui sont de même taille, ce seroit là un bel attelage.

ATTELER. v. a. Attacher des chevaux, ou autres bêtes de voiture à quelque machine roulante sur des roues, pour la tirer. Equos ad rhedam, ad currum jungere. L’art d’atteler les chevaux a été introduit dans la Grèce, vers le temps de Bellerophon, qui, suivant le calcul du P. Petau, vivoit 13 ou 14 cens ans avant Jésus-Christ. Selon l’opinion la plus commune, Erichthenius, ou Erechthée, Roi d’Athènes, en fut l’inventeur. On ne les atteloit point à la queue les uns des autres, mais de front. Journ. des Sav. Fév. 1734. Atteler des chevaux à une charrue, à un chariot. Les Poëtes feignent que le chariot de Junon étoit attelé de deux paons ; celui de Vénus de deux pigeons. Les Heures attélent les chevaux du Soleil. Ablanc. ☞ Par la loi de Moyse, il étoit défendu d’atteler le bœuf avec l’âne. On peut dire, atteler les chevaux au carrosse ; mais l’usage le plus ordinaire est pour mettre les chevaux au carrosse.

☞ On dit aussi, atteler un carrosse, un chariot ; les chariots étoient attelés de quatre chevaux de front. Vaug.

Il attèle son char, & montant fièrement,
Lui fait fendre les flots de l’humide élément. Boil.

Ménage dérive ce mot de attelare.

Atteler, se dit aussi figurément des Porteurs de chaise, qui sont comme attachés à la chaise qu’ils portent : au moins un très habile Académicien s’en est-il servi dans ce sens. On n’avoit pas encore imaginé d’atteler des hommes à une litière. La Bruy.

M. l’Abbé Regnier l’a dit aussi en choses morales, dans la pièce qu’il a intitulée l’Attelage.

La route de la vie humaine
De mauvais pas est toute pleine.
Pour m’en tirer facilement,
Voici ce que je fais : j’attèle
A cette voiture mortelle
Que je conduis au monument,
La justice premièrement,
Qui marche toujours rondement,
Et la charité sans laquelle
Elle iroit moins légèrement, &c.

ATTELÉ, ÉE. part. Ad rhedam, currum, junctus. ☞ Chevaux attelés. Carrosse attelé de quatre, de six chevaux, bien, mal attelé.

ATTELLES. s. f. Terme de Chirurgie, qui se dit de ce qui sert avec les bandages à lier les os fracturés. Ferulæ, arum. Les attelles sont des morceaux de bois mince, ou d’écorce d’arbre, de carton, de lames de fer blanc, ou d’autre matière semblable, légère, ferme, mais un peu flexible, qu’on applique avec les bandes & les compresses sur les parties fracturées ou luxées, pour maintenir les os dans leur situation naturelle, après qu’ils ont été réduits. On les attache avec des rubans. Les Anciens les faisoient avec de l’écorce de férule, d’où vient leur nom latin. Il y a aussi des attelles qu’on appelle Fanons. Voyez Fanons.

Attelle. Terme de Potier. C’est un morceau de bois qu’on se met au doigt pour lever la poterie qu’on fait sur la roue.

☞ On donne encore ce nom à une petite plaque de fer mince, percée par le milieu d’un trou, pour pouvoir être tenue ferme, & tranchante par une de ses faces, servant au potier à diminuer d’épaisseur son ouvrage.

Attelles. Terme de Vitrier. Morceaux de bois creux, dont les Plombiers & les Vitriers enveloppent la poignée de fer à souder, pour ne se point brûler. Ils les appellent quelquefois des moufflettes.

Attelles, se dit aussi des planches de bois qu’on met au-devant d’un collier de chevaux de coche, de charrue, ou de charrette. Equini helcii alatæ ferulæ. Du Cange dérive ce mot de astula, à tollendo nuncupata ; quasi abstlula, car c’est une espèce de petit copeau. Il croit aussi que le mot éclat vient de la même origine.

☞ ATTELIER. Voyez Atelier.

ATTELOIRE. s. f. Terme de Charretier. Cheville qu’on met dans les limons pour y engager & arrêter les traits des chevaux de charroi.

ATTENANCE. s. f. Vieux mot. Permission, convenance. Poës. du Roi du Nav.

ATTENANT, ANTE. adj. Ce qui joint, qui touche à un autre qui y tient. Attinens, pertinens. Il a acquis une vigne, attenante à la sienne. Ce pré attenant est encore à lui. La basse-cour est attenante au château. ☞ Il ne se dit guère que dans le style familier, ou dans le style de pratique, en parlant d’une maison, d’un jardin, d’une pièce de terre, pour dire, tout contre.

Attenant, est aussi adverbe. Ils sont logés attenant l’un de l’autre, tout proche. Propè, proximè. Il a bâti attenant ma maison, tout attenant de mon mur. Si vous savez où est une telle Eglise, je suis logé tout attenant : il vaut mieux dire tout proche.

ATTENDANCE. s. f. Vieux mot. Espoir.

ATTENDANT, ANTE. adj. Qui attend. Expectans, præstolans. Dans ce sens il n’est point en usage.

Attendant, ante. s. m. & f. Nom de Secte en Angleterre. Expectans. D’autres qu’on nomme Attendans soutiennent qu’il n’y a dans le monde aucune église. Pélisson.

En Attendant. adv. Jusqu’à un temps. Dùm, donec. Prenez toujours ce présent en attendant mieux. On dit proverbialement, peloter en attendant partie, pour dire, s’occuper à quelque petite chose dans l’espérance d’une meilleure. Quand ces mots en attendant se trouvent à la fin de la phrase, ils signifient, cependant. Je vais écrire, lisez en attendant.

ATTENDORN. Petite ville d’Allemagne, au duché de Westphalie, aux confins du comté de la Marck, à sept lieues d’Arensberg.

☞ ATTENDRE. v. a. Demeurer dans le désir, l’espérance ou la crainte d’une chose qu’on croit devoir arriver. Expectare, præstolari, opperiri. Attendre quelqu’un, l’attendre avec impatience, attendre son retour. Attendre la pluie, le beau temps. Les assiégés attendent du secours. Attendre une maîtresse au rendez-vous. Attendre un carrosse. On a long-temps attendu le messie, & enfin il est venu.

Sa beauté la rassure, & malgré mon courroux,
L’orgueilleuse m’attend encore à ses genoux.

Racin.

Attendre, se dit aussi figurément des personnes mortes, & des choses inanimées, auxquelles on attribue l’action d’attendre. Les morts attendent le jour du jugement dans leurs tombeaux. Il y a une récompense qui attend dans le ciel les enfans de Dieu. C’est en vain que les hommes détournent leurs pensées de cette éternité qui les attend, comme s’ils la pouvoient anéantir en n’y pensant point. Pasc.

Attendre, signifie aussi, marquer la disposition où l’on est, de recevoir ce que l’on croit qui arrivera, soit qu’on le désire, soit qu’on ne le craigne pas. Attendre la mort avec courage. Attendre l’ennemi, & l’attendre de pied ferme.

Attendre, se dit encore pour espérer. On n’attend rien de bon de cette maladie. J’attends tout de votre affection.

☞ Il faut pour tant remarquer, d’après M. l’Abbé Girard, que le mot espérer a pour objet le succès en lui-même, & désigne une confiance appuyée sur quelque motif ; & que le mot attendre regarde particulièrement le moment de l’événement, sans l’exclure ni désigner, par sa propre énergie, aucun fondement de confiance. On espère d’obtenir les choses ; on attend qu’elles viennent. Il faut toujours espérer en la bonté du ciel, & attendre sans murmurer l’heure de la Providence.

☞ Il semble aussi que ce qu’on espère soit plus une grâce ou une faveur ; & que ce qu’on attend, soit plus une chose de devoir & d’obligation. Nous espérons des réponses assez favorables à nos demandes ; & nous en attendons de convenables à nos propositions.

Attendre, joint à la préposition, sert à marquer le besoin qu’on a de la personne, ou de la chose qu’on attend, & l’impatience avec laquelle on attend. J’attends après vous depuis deux heures. Il y a long-temps qu’il attend après cette succession.

Attendre un cheval, en termes de Manège, c’est le ménager jusqu’à ce qu’il ait l’âge & la force convenables.

Attendre, après quelqu’un, ou après quelque chose ; c’est marquer qu’on les désire, & qu’on en a besoin. J’attends après vous. Il y a long-temps qu’il attend après cette succession.

Attendre, se dit quelquefois absolument. Je suis las d’attendre. Je n’attendrai pas davantage. On dit, attendez, quand on veut faire une pause ; pour dire, arrêtez-vous, ne continuez pas.

Attendre, se dit avec le pronom personnel, en parlant des choses sur lesquelles on compte, dont on est comme assuré. Je m’attendais bien qu’il feroit une telle sottise. Je ne m’attendrai plus à ses promesses. Je ne m’attendois pas à vous perdre si tôt. Attendez-vous à tout le ressentiment dont je suis capable.

On dit proverbialement & ironiquement, attendez-vous-y, lorsqu’on témoigne qu’on ne veut pas exécuter quelque chose ; ou attendez-moi sous l’orme ; pour dire, qu’on ne croit pas aux discours, ou aux promesses de quelqu’un. On vous attend comme les Moines font l’Abbé, en commençant toujours à diner. On dit aussi, il ennuie à qui attend. Qui s’attend à l’écuelle d’autrui, a souvent mal dîné ; pour dire, que quand on compte sur les autres, on est souvent trompé. On dit, attendre quelqu’un au passage ; pour dire, le surprendre en quelque occasion où il ne pourra se défendre d’accorder une demande. On dit, qu’il faut attendre le boiteux en matière de nouvelles ; pour dire, qu’il faut en attendre la confirmation. On dit aussi en disputant, c’est là où je vous attends ; pour dire, c’est de cela que je veux tirer avantage contre vous. On dit encore proverbialement, tout vient à temps à qui peut attendre ; pour dire, qu’il faut avoir de la patience. On ne perd rien pour attendre. On attend long-temps qui vient de loin.

ATTENDU, UE. part. Expectatus.

Attendu que. Conjonction causative, qui signifie, car, parce que, d’autant. Quoniam, quandoquidem. Il a eu cet emploi, attendu qu’il avoit déjà servi. Il se met aussi tout seul. Il a eu cette récompense attendu ses services, son mérite ; pour dire, en considération de ses services, de son mérite. Cette conjonction est plus du Palais que du beau style : les bons Ecrivains évitent de s’en servir.

Tous ces mots viennent du latin attendere.

ATTENDRIR. v. a. Rendre tendre, & facile à manger. Emollire, mollire. On dit que le figuier attendrit la viande qui y est pendue. Les premières gelées attendrissent le raisin.

Ce mot vient du latin tener, du grec τένηρ.

Attendrir, se dit figurément pour rendre sensible à la compassion, à l’amitié, &c. Movere, commevere, permovere. Les mouvemens oratoires attendrissent le cœur des Juges, les excitent à la pitié. Selon les Stoïciens, une grande ame doit être trop au-dessus des disgraces humaines, pour se laisser attendrir par les foibles sentimens de la pitié. On est plus occupé aux pièces de Corneille ; plus ébranlé, & plus attendri à celles de Racine. La Bruy.

Ne vous souvient-il point, en quittant vos beaux yeux,
Quelle vive douleur attendrit mes adieux ? Rac.

☞ Il est aussi réciproque tant au propre qu’au figuré. Au propre on dit que la viande s’attendrit quand on la laisse mortifier ; que les choux s’attendrissent à la gelée. Mollescere, tenerascere, ou tenerescere. Au figuré. Une maîtresse s’attendrit en voyant couler les pleurs de son amant. Vous avez un cœur qui s’attendrit trop aisément. S. Evr. Il est aussi naturel de s’attendrir sur le pitoyable, que d’éclater sur le ridicule, La Bruy. Moveri, commoveri.

N’accoutumez point votre cœur
Séduit par la vertu de l’objet qui le tente,
A l’attendrir par la douceur
Même d’une amitié qui peut être innocente.

Pavill.

ATTENDRI, IE. part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois.

ATTENDRISSANT, ANTE. adj. Qui attendrit, qui excite la sensibilité. Un discours attendrissant. Une Tragédie attendrissante. Il ne se dit qu’au figuré.

ATTENDRISSEMENT. s. m. On ne le dit point au propre. Mouvement du cœur qui lui fait concevoir de la tendresse, de l’amitié, de la compassion pour quelqu’un. Misericordia. Il faut avoir un cœur dur & barbare, pour n’avoir point d’attendrissement à la vue de la misère des pauvres. La véritable compassion ne s’arrête pas à des attendrissemens extérieurs, ni à de simples larmes : elle demande des secours effectifs. Dag.

ATTENÉ, ÉE. part. & adj. Vieux mot. Apaisé.

ATTENERIR. v. a. Vieux mot. Atténuer.

ATTENIR. v. n. Vieux mot. Etre parent.

☞ ATTENTAT. s. m. Ce mot signifie proprement une entreprise contre les lois dans une occasion importante. Alieni juris violatio. On comprend sous ce nom tout ce qui donne atteinte aux droits, aux privilèges d’une Juridiction supérieure, ou à l’autorité du Prince, ou à celle des Lois. Faire, commettre un attentat. Attentat contre la liberté publique. S’opposer à l’exécution d’un Arrêt, c’est un attentat. Cette entreprise est un attentat contre l’autorité souveraine.

Attentat, se dit figurément de toutes sortes d’entreprises hardies, de toutes sortes d’usurpations sur les droits d’autrui. Toute approbation qui marche devant la sienne est un attentat sur ses lumières. Mol. J’ai formé un illustre attentat. S. Evr.

La satyre souvent à l’aide d’un bon mot,
Va venger la raison des attentats d’un sot. Boil.

ATTENTATOIRE. adj. m. & f. Se dit au Palais des procédures, des jugemens, des entreprises qui donnent atteinte aux droits d’une Cour supérieure, ou à l’autorité du Prince, ou à celle des Lois. Cette Sentence a été cassée comme attentatoire, & rendue au préjudice d’un renvoi, ou des défenses. Cet Arrêt a été cassé, comme attentatoire à l’autorité Royale.

ATTENTE. s. f. L’action d’attendre. Le temps pendant lequel on attend une personne, ou une chose. Expectatio. Être dans l’attente de quelque chose. Longue attente ; ennuyeuse attente.

Chaque moment d’attente, ôte de notre prix ;
Et fille qui vieillit tombe dans le mépris. Corn.


Serai-je toujours languissante
Dans une si cruelle attente.

Attente, signifie aussi, espérance, opinion qu’on a conçue d’une chose. Spes. Le Messie a été l’attente des Nations : c’est une vaine attente que celle des Juifs. Toute mon attente est au Seigneur. Arn. Ce jeune homme n’a point trompé l’attente qu’on avoit de lui. Præconceptam de se opinionem non sesellit ille adolescens. Ce changement est arrivé dans l’Etat contre l’attente publique.

Quand Dieu par sa bonté suprême,
Surpasse notre attente, & prévient nos souhaits,
Quand il nous comble de bienfaits,
Il n’a besoin que de lui-même. L’Abbé Tetu.

Voyez Attendre, Espérer.

On appelle pierres d’attente, certaines pierres qui avancent d’espace en espace à l’extrémité d’un mur, pour en faire la liaison avec celui qu’on a dessein de bâtir auprès. Lapides nectendis novis parietibus extantes, eminentes, prominentes. On le dit aussi au figuré, d’un ouvrage, d’un dessein qu’on a entrepris ; & dont on n’a encore exécuté qu’une partie qui fait attendre la continuation.

On a dit de même, mot d’attente. Dans ce nouveau système de l’Eglise, il n’y aura pas de difficulté qu’on ne se sauve parmi les Fanatiques, les Sociniens, les Photiniens, au moins avec un petit mot d’attente de l’Auteur du système qui les reconnoisse pour sociétés chrétiennes. Pelisson.

On dit aussi, table d’attente, des pièces de marbre, ou des cadres destinés à recevoir des inscriptions, des tableaux, des bas-reliefs, qu’on doit remplir en achevant un ouvrage. Tabula rudis, pura, vacua. On le dit aussi au figuré. L’esprit d’un jeune homme est une table d’attente, qui est capable de recevoir toutes les impressions qu’on voudra lui donner.

On dit aussi, en termes de Blason, qu’un écu où il n’y a rien, est une table d’attente.

On dit proverbialement à ceux qui prêtent de l’argent à des gens insolvables, vous n’y perdrez que l’argent, & l’attente. On dit, qu’une bonne fuite vaut mieux qu’une mauvaise attente. On dit aussi, quand on prend un long terme pour payer, que l’attente, ou le terme vaut l’argent. On dit qu’on n’a perdu ou qu’on ne perdra que la longue attente ; pour dire, qu’enfin on a eu ou qu’on aura ce qui avoit été promis.

☞ ATTENTER, v. n. Tenter, entreprendre quelque chose contre les lois, dans une chose capitale. Attenter à la vie de quelqu’un. Vitam alicujus petere. Attenter sur la personne. Attenter sur les droits. Horace a dit, attentare jura alicujus. Attenter à la pudicité, à l’honneur d’une femme. Attenter contre la liberté publique. Attenter sur les prérogatives, sur l’autorité de l’Eglise. Jura, auctoritatem violare. Il a obtenu un Arrêt portant défenses d’attenter à ses biens & à sa personne, de lui faire aucune violence.

Sur notre liberté chacun veut attenter. Des Houl.

☞ Ce verbe n’est que neutre. Vaugelas a pourtant dit activement : il a attenté le plus grand de tous les crimes en la personne de son Roi. On ne le diroit pas ajourd’hui.

☞ Il vient du latin attentare.

ATTENTES, ou FLECHES. s. f. pl. Ce sont des filamens rougeâtres, accompagnés de petites languettes couleur d’or, qui sortent du milieu du calice de la fleur du safran, & qui servent à faire cette drogue si connue, qu’on appelle Safran.

ATTENTIF, IVE. adj. Qui a de l’attention ; qui est très-occupé d’un objet ; qui s’applique à le considérer pour le bien connoître. Attentus, intentus. Il n’y a point de moyen plus sûr pour se garantir de l’erreur, que de se rendre attentif & appliqué. Maleb. Toujours attentif à profiter des conjonctures, ingénieux à les faire naître ; attentif à ses intérêts, ferme à les soutenir.

☞ On dit, avoir l’esprit attentif, & prêter une oreille attentive.

Seigneur, entends mes cris, vois ma peine excessive,
Et prête à ma prière une oreille attentive. Godeau.

☞ ATTENTIF, exact, vigilant, synonymes. Rien n’échappe à l’homme attentif. L’homme exact n’omet rien. L’homme vigilant ne néglige rien.

☞ Il faut de la présence d’esprit pour être attentif ; de la mémoire pour être exact ; & de l’action pour être vigilant. Syn. Fr.

☞ L’Auteur, pour bien écrire, doit être également attentif aux choses qu’il dit, & aux termes dont il se sert, afin qu’il y ait du vrai & du goût dans ses ouvrages. Le commissionnaire, pour bien exécuter, doit être exact dans le temps comme dans la manière de faire les choses, afin que tout soit fait à propos, & comme on le souhaite. Le Général d’armée doit être vigilant sur les marches des ennemis & sur les siennes, afin de profiter des avantages, & de ne pas manquer l’occasion.

☞ L’homme sage est attentif à sa conduite, exact à ses devoirs, & vigilant sur ses intérêts. Une femme coquette n’est attentive qu’à son miroir, exacte qu’à sa toilette, & vigilante que sur sa parure.

☞ ATTENTION. s. f. Application de l’ame à un objet dont elle est tellement occupée que rien ne lui échappe. Attentio. Avoir attention à ce qu’on dit, à ce qu’on fait. Prêter une attention favorable. Attirer, réveiller l’attention. L’Orateur doit réveiller, ne doit jamais faire languir l’attention des spectateurs. Les Savans uniquement occupés des siècles passés, ne font nulle attention aux mœurs de ceux qui les environnent, & avec qui ils sont obligés de vivre. La Bruy. Rien n’est plus digne d’occuper toute l’attention de l’esprit, que la recherche de la religion. Nic.

Attention, signifie aussi soin officieux, Officiosa sedulitas, qui fait qu’on se conduit dans le commerce du monde d’une manière propre à contribuer à la satisfaction des autres, & qu’on ne manque à rien de ce que la politesse ou la bienséance exige. Un tel m’a donné mille preuves de son attention pendant ma maladie. On a eu pour lui des attentions infinies, toutes les attentions possibles.

Attention, exactitude, vigilance. Synonymes. L’attention fait que rien n’échappe. L’exactitude empêche qu’on n’omette la moindre chose. La vigilance fait qu’on ne néglige rien. Syn. Fr. Un sage Ministre a de l’attention à ne former ou à n’adopter que des projets avantageux à l’état ; de l’exactitude pour en prévenir tous les inconvéniens ; & de la vigilance pour en procurer le succès. Il est du devoir des Pasteurs d’avoir de l’attention à procurer l’avantage spirituel de leur troupeau ; de l’exactitude à les instruire des vérités salutaires de l’évangile ; & de la vigilance pour les préserver du crime & de l’erreur. Nous devons avoir de l’attention à ce qu’on nous dit ; de l’exactitude dans ce que nous promettons ; & de la vigilance sur ce qui nous est confié.

Attention, en Philosophie. Considération d’un objet. Application de l’ame qui continue à considérer un objet pour en avoir une connoissance exacte. Objecti consideratio. Perception, attention, examen. La perception ou la vue & la connoissance des choses, se forment, pour l’ordinaire, du concours de deux actions ; l’une de la part de l’objet, & qui n’est autre chose que l’impression que cet objet fait sur nous ; l’autre de la part de l’esprit, & qui est proprement un regard de l’ame sur l’objet qu’elle veut connoitre. Voyez Perception. Mais comme un premier regard ne suffit pas toujours, il est nécessaire pour acquérir une connoissance exacte des choses, & pour s’en faire de justes idées, que l’esprit s’applique quelque temps à considérer son objet. Cette application avec laquelle l’ame continue à regarder un objet pour le bien connoître, s’appelle attention : & si elle se tourne de divers côtés, pour envisager l’objet par toutes ses faces, cela s’appelle examen.

ATTENTIVEMENT. adv. D’une manière attentive. Attentè, intentè, attento animo. Ecouter, lire attentivement.

ATTÉNUANT, ou ATTÉNUATIF, IVE. adj. Terme de Médecine. Qui a la force d’atténuer, d’affoiblir, de diminuer, de rendre tenu. Il se dit généralement des remèdes qui procurent la fluidité aux humeurs. Attenuandivim habens. On se sert pour l’ordinaire des remèdes absorbans, après avoir employé les émolliens, & les atténuatifs.

ATTÉNUATION. s. f. Affoiblistement, ☞ diminution de forces. Attenuatio, extenuatio. On ne le dit guère au propre qu’en parlant de l’état d’un malade extrêmement affoibli. On dit alors qu’il est tombé dans une grande atténuation.

Atténuation, en Physique, est l’action d’atténuer un fluide, de le rendre plus liquide, moins épais qu’il n’étoit,

☞ En termes de pratique, il signifie diminution des charges contre un accusé. On dit au Palais, que l’appointement à ouïr droit en matière criminelle, ordonne que le complaignant donnera ses conclusions civiles, & l’accusé ses défenses par atténuation, qui tendent à excuser, à amoindrir, à pallier son crime. Criminis diminutio, elevatio. Cette forme de procéder en matière criminelle, en donnant des défenses par atténuation, a été abrogée par l’Ordonnance de 1670, tit. 21, art. 1. Les parties peuvent seulement ☞ présenter leurs requêtes respectives. Celle de l’accusé s’appelle requête d’atténuation.

ATTÉNUER. v. a. Affoiblir, diminuer les forces. Les jeûnes, les veilles, les macérations atténuent le corps, & le débilitent. Attenuare, extenuare, tenuare. Un corps est atténué par l’âge, par les fatigues, par les maladies. Il est atténué par les austérités. Maucroix. ☞ S’atténuer, devenir foible. Ce malade s’atténue.

On dit en termes de Médecine, atténuer les humeurs pour dire, les rendre moins grossières & plus fluides.

On dit aussi au Palais, qu’un accusé tâche d’atténuer son crime, de l’excuser, ou de le diminuer.

Atténuer, en termes de science hermétique, c’est mettre en poudre, réduire en poudre. Attenuare, in pulverem redigere.

Atténuer, se dit proprement des fluides condensés. Il faut fondre & dissoudre, pour atténuer. Broyer & pulvériser se disent des solides. Broyer, marque l’action de les réduire en molécules plus petites. Pulvériser, en marque l’effet. Il faut broyer pour pulvériser.

ATTÉNUÉ, ÉE. part. Attenuatus, extenuatus, tenuatus. Il a les significations de son verbe. Dans la science hermétique on dit, substance ou matière atténuée, c’est-à-dire, réduire en poudre subtile, ou dégagée de toute terrestréité, ou subtilisée de quelque autre manière.

☞ ATTÉNY, selon quelques-uns, ATTONI. Petite ville des Indes, au royaume de Décan, dans la presqu’île au-deçà du Gange, environ à vingt lieues de Visapour.

ATTÉREAU. s. m. Terme de Traiteur. V. Hatéreau.

ATTERRAGE. s. m. Terme de Marine. C’est l’endroit l’on vient reconnoître la terre en revenant de voyage,

ATTERRER. v. a. Renverser un homme par terre. Dejicere, sternere, prosternere. Le grand effort des lutteurs consistoit à atterrer leur homme, à le jeter par terre à force de bras. ☞ Il n’est guère d’usage au propre. On dit terrasser.

Atterrer, se dit figurément, pour dire, perdre quelqu’un, détruire sa fortune, le ruiner entièrement. Perdere, evertere. ☞ Les Goths achevèrent d’atterrer la puissance des Romains. Scipion atterra Carthage. Il signifie aussi affliger excessivement, accabler quelqu’un. Affligere. Il a été atterré par les menaces & par la colère du Roi. S. Evr. Il avoit soutenu ses malheurs avec assez de contenance ; mais ce dernier coup l’a atterré. Ce chicaneur a tant fait de procès à ce Gentilhomme, qu’il l’a enfin atterré.

Atterrer. Briser, rompre, dans l’Économie animale, se dit de l’action que les parties grossières des humeurs & des alimens agitées d’un mouvement intestin, excitent les unes sur les autres. Les particules salines & terreuses s’atterrent les unes les autres. Il est presque, en Physiologie, synonyme à briser. Encyc.

ATTERRÉ, ÉE. part. Dejectus, prostratus.

ATTERRIR, ou ATTÉRIR. v. n. Terme de Marine. C’est prendre terre. Ad terram appellere. ☞ Nous avons atterri près de tel endroit.

ATTERRISSEMENT. s. m. ☞ Amas de terre qui se forme par la vase & par le sable que la mer ou les rivières apportent le long des rivages par succession de temps. Limi, arenarum alienum in locum deportatio. La mer a fait de grands atterrissemens à Aigues-mortes, qui étoit un port où S. Louis s’embarqua, & qui est maintenant assez loin de la mer. Les atterissemens dans les rivières publiques & navigables appartiennent au Roi. ☞ C’est la même chose qu’alluvion, terme plus particulièrement consacré au droit Romain. Voyez Alluvion.

ATTESTATION. s. f. Témoignage que l’on donne, particulièrement par écrit, de la vérité de quelque chose. Testimonium, testificatio. On donne une permission à un malade de manger de la chair en Carême sur l’attestation du Médecin. Les attestations des personnes publiques, comme des Magistrats, Notaires & Curés, sont reçues en Justice. Les Professeurs donnent à leurs écoliers des attestations de leurs études, du temps qu’ils ont étudié.

ATTESTER. v. a. Testari, testificari. Rendre un témoignage, soit de vive voix, soit par écrit, de la vérité d’un fait. Ce miracle est attesté par des gens dignes de foi, par tout le peuple. Les écrits de cet Auteur attestent la pureté de ses mœurs. Les miracles de Jésus-Christ ont attesté la vérité de ses paroles.

Attester, signifie aussi prendre à témoins, invoquer le témoignage, & se dit de Dieu & des hommes. Testari, attestari, appellare. Il atteste ciel & terre. Ils attestent contre lui & les Dieux & les hommes. Ablanc. J’atteste des grands Dieux la suprême puissance. Corn. J’en atteste ceux qui étoient présens.

ATTESTÉ, ÉE part.

☞ ATTICHE. Bourg de France, au Soissonnois, sur la rivière d’Aisne, entre Compiegne & Soissons.

ATTICISME. s. m. L’Idiome ou le Dialecte des Athéniens. La manière de parler des Athéniens. Style des Athéniens. Finesse & délicatesse de goût & de langage particulière aux Athéniens. Usus loquendi Atticus ; Atticismus. L’atticisme étoit chez les Grecs ce que l’urbanité étoit chez les Romains. Voyez Urbanité.

Qu’à Neuilly La Farre & Sonin
Puisent cet enjouement bénin
Dont se forme leur Atticisme. R.

Atticisme, se dit aussi d’une certaine raillerie agréable & polie, & d’une certaine politesse fine & galante, qui étoit en usage parmi les Athéniens. Lepidus jocus, liberalis urbanitas. Les Romains ont laissé l’atticisme de la Grèce bien loin derrière leur urbanité. Balz. Ce sont des Princes qui ont su joindre aux plus belles & aux plus hautes connoissances, & l’atticisme des Grecs, & l’urbanité des Romains. La Bruy. Voyez Sel Attique.

☞ Ce mot est d’usage principalement pour exprimer les grâces d’un style léger & correct.

ATTICURGES. s. f. En termes d’Architecture, ce sont des colonnes carrées. Atticurges.

ATTIÉDIR. v. a. Rendre tiède ce qui étoit chaud. Tepidum facere, ardorem, servorem imminuere. On verse dans un bain, quand il est trop chaud, de l’eau froide pour l’attiédir. Voyez Tiède.

Ce mot n’est pas fort en usage dans le sens propre. Il est quelquefois employé au figuré.

Vos froids raisonnemens ne feront qu’attiédir
Un spectateur toujours paresseux d’applaudir.

s’Attiédir, v. recip. Devenir tiède. Au propre cette eau commence à s’attiédir. Au figuré, on dit, que les passions s’attiédissent avec l’âge, lorsqu’elles diminuent, & qu’elles ne sont pas si violentes. Tepescere, defervescere. La ferveur de la dévotion d’un Novice s’attiédit après sa profession, diminue, se ralentit.

ATTIÉDI, IE. part. Tepidior factus, remissus, remissior.

ATTIÉDISSEMENT. s. m. ☞ État d’une chose qui passe de la tiédeur à la tiédeur. Tepor ; mais par une bizarrerie de l’usage on ne le dit guère au propre. On ne dit point l’attiédissement d’un bain, l’attiédissement de l’eau. Il faut dire tiédeur. Il seroit à désirer qu’on eût conservé le mot d’attiédissement, pour marquer l’état d’une chose qui devient tiède, l’action de devenir tiède ; & celui de tiédeur pour marquer l’effet qui résulte de cette action, ou l’état de la chose qui est tiède. Mais il faut s’assujettir à l’usage.

Attiédissement, dans le sens figuré, signifie diminution, relâchement de ferveur dans la dévotion, dans l’amitié, dans les passions. Tepor, ardoris remissio, studii. L’attiédissement en amour se tourne bientôt en indifférence. Un bon Auteur a dit, l’oraison fervente & continuelle étouffe en nous l’attiédissement & la paresse : les âmes tombent dans l’attiédissement par l’ardeur de leur concupiscence. Le P. Bouhours prétend que ce mot n’est pas tout-à-fait établi, & qu’il vaut mieux se servir de tiédeur, ou de relachement.

ATTIFER. v. a. Vieux mot qui signifioit autrefois parer, orner, particulièrement en parlant de la coiffure des femmes, parer la tête des femmes. Comere. On le peut dire encore dans le style simple & familier. Allez-y sans être attifée. Voit. Les femmes sont long temps à s’attifer.

ATTIFÉ, ÉE. part. Comptus.

ATTIFET. s. m. Vieux mot, qui signifioit autrefois un ornement ou parure des femmes, & principalement de la tête. Comptus, ornatus.

Tous deux viennent du vieux mot françois tiffer, qui signifioit orner, que Borel dérive du Grec στέφειν qui signifie coronare.

ATTIGNY. Ville de Champagne, province de France. Attiniacum. Elle est sur la rivière d’Aisne, au-dessus de Rhétel. On a tenu plusieurs Conciles à Attigny dans le VIIIe & le IXe siècle.

☞ ATTIGOVANTINS. Peuple sauvage de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, à l’occident du lac des Hurons.

ATTILA. s. m. Nom d’homme. Attila. Les médailles d’Attila, Roi des Huns, portent toutes Atvla ; mais l’usage veut que l’on dise & que l’on écrive Attila. Attila fut appelé le Fléau de Dieu.

Le camp d’Attila. C’est une campagne du Châlonois en Champagne, vers le bourg nommé la Suipe la longue. Attilæ castra. Ce lieu est ainsi nommé, parce que l’an 453 de J. C. Mérovée, Roi des François, Théodoric, Roi de Visigoths ; & Aëtius, Général des Romains, y défirent entièrement Attila.

ATTILUR. s. m. Poisson de rivière fort commun dans le Pô, semblable à l’esturgeon. Sa chair est molasse, & d’un goût peu agréable. Dict. de James. ☞ Son nom ordinaire est adane, en italien adello ou adeno. En latin attilus. Il est si grand & si gros qu’il pese quelquefois mille livres, au rapport de Pline. On le pêche avec un hameçon attaché à une chaîne de fer, & il faut deux bœufs pour le tirer lorsqu’il est près.

ATTINGANS. s. m. pl. Hérétiques. Voyez Pauliciens, ce sont les mêmes.

☞ ATTIQUAMECQUES. Peuple de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, au couchant du grand lac des Hurons.

ATTIQUE. Attica. Pays d’Achaïe, dans la Grèce, dans l’angle méridional & oriental de la Grèce, entre la mer Egée, la Béotie, & le territoire de Mégare. L’Attique étoit une étendue de pays aux environs d’Athènes, depuis Mégare jusqu’au Promontoire de Sunium. Tourr. Athènes étoit la capitale de l’Attique. Ce pays, si l’on en croit Strabon & Pausanias, s’appeloit anciennement Actique, à cause d’Actoée. Atthis, selon ces deux Auteurs, fille de Cranaüs, second Roi d’Athènes, changea le nom d’Actique en Attique, pour l’approcher davantage du sien. Etienne de Byzance au contraire, & Harpocration disent, que l’Attique, se nommoit autrefois Actique, du mot grec ἀϰτή, rivage, parce qu’on y abordoit de toutes parts avec beaucoup de facilité, & qu’ensuite l’usage, toujours favorable à la plus douce prononciation, établit qu’on diroit Attique, au lieu d’Actique. L’Attique étoit autrefois à peu près ce qu’on appelle aujourd’hui le duché de Sétines.

Attique. adj. m. & f. Atticus. Qui est de l’Attique, qui appartient à l’Attique, ou à Athènes.

On a appelé Sel Attique, parmi les Grecs, je ne sais quoi de vif & de piquant ; une raillerie fine, une certaine éloquence, ou certaines grâces qui se trouvoient dans le langage des Auteurs Athéniens. Sal Atticum, sales Attici. Théophraste fut reconnu à Athènes pour étranger, à cause de je ne sais quelle urbanité Attique qui lui manquoit. La Bruy.

Ami de la Justice & de la vérité,
Alcandre, dont l’esprit est rempli de clarté,
Admiré des Savans, critique des critiques :
Qui puises ton discours ès Salines Attiques.

On a dit aussi, un témoin attique, ou Athénien, atticus testis, pour un témoin incorruptible, & de même une fidélité attique. Une Muse attique, est une excellente Muse, ou un bon Poëte. Le miel attique étoit estimé chez les Anciens. En françois, Athénien est plus en usage qu’Attique, sur-tout pour les choses animées. On dira beaucoup mieux, une Muse Athénienne, l’armée Athénienne, les troupes Athéniennes, que les troupes Attiques, l’armée Attique, une Muse Attique,

ATTIQUE. s. m. Terme d’Architecture. C’est un petit ordre d’architecture qu’on met au-dessus d’un plus grand pour le couronner, & terminer le bâtiment. Ce petit ordre n’a ordinairement que des pilastres d’une façon particulière. Il y en a un au Louvre qui forme le troisième étage. On en met aussi aux autels qui sont fort élevés. Il a été ainsi nommé, parce qu’il a été mis en usage par les Athéniens.

Attique continu, est celui qui environne le pourtour d’un bâtiment sans interruption, & suit les corps & retour des pavillons. Attique interposé, est celui qui est situé entre deux grands étages, quelquefois décorés de colonnes, ou de pilastres. Attique circulaire, c’est un exhaussement en forme de grand piédestal, souvent percé de petites croisées. Attique de comble, se dit de tout étage, ou piédestal de maçonnerie, ou de bois revêtu de plomb, qui sert de gardefou à une terrasse, ou plate-forme. Attique de cheminée, est le revêtement de plâtre, de bois, ou de marbre, depuis le chambranle, jusques sur la première corniche.

Attique faux. C’est dans les bâtimens très-élevés une espèce de piédestal que l’on met au-dessous de la base des colonnes, afin que la grande saillie des corniches ne les efface pas.

☞ On appelle colonnes attiques, celles qui sont carrées. Leur base est très-belle.

ATTIQUEMENT. adv. A l’Attique, d’une manière Attique. Atticè. Cicéron dans son Orateur établit l’idée du vrai atticisme, & montre que parler & écrire attiquement, c’est parler & écrire de la manière la plus parfaite : qu’à la vérité Lysias, Thucydide, Xenophon & Isocrate ont quelques parties du style attique, mais qu’ils ne le possèdent pas en entier… Qui faut-il donc imiter ? Demosthène, répond Cicéron. C’est le modèle le plus accompli que l’on puisse se proposer… l’Abbé Colin, p. 20 & 21 de la Préf. de sa traduction de l’Orateur.

☞ On a dit en latin, atticè loqui, parler le langage d’Athènes : mais on n’a jamais dit en françois parler attiquement.

☞ ATTIRAGE. Les Fileurs d’or appellent poids d’attirage les poids employés dans leur rouet ; & cordes d’attirage, les cordes qui soutiennent les poids d’attirage. Encyc.

ATTIRAIL. s. m. ☞ Terme collectif qui se dit d’une grande quantité de choses nécessaires pour certains usages. L’attirail de la chasse, du ménage, d’une imprimerie. Instrumentum. On le dit particulièrement en parlant de l’Artillerie & de la Marine. Exercitûs impedimenta. Le canon ne marche point sans un grand attirail. Le bagage & l’attirail de cette armée occupoient bien du terrain. Il faut bien des cordages, des voiles, un grand attirail pour équiper un vaisseau. ☞ On le dit par extension du bagage inutile que des gens mènent avec eux en voyage. Il traînoit un grand attirail après lui, il se dit aussi de la magnificence des grands, & des ajustemens recherchés des femmes. Ne t’enorgueillis point de ton équipage, car on écarte tout cet attirail qui t’est étranger, pour pénétrer jusqu’à toi. La Bruy. Une belle femme ne perd rien à être négligée ; il y auroit moins de péril à la voir avec tout l’attirail de l’ajustement & de la mode. Idem.

ATTIRANT, ANTE. adj. Qui a la force d’attirer. Il n’est d’usage qu’au figuré. Blandus, illecebrosus. Cette femme est flatteuse & attirante. Vous admirez l’attirante sévérité de Climène. Manières attirantes. Esprit attirant, insinuant, adroit.

☞ ATTIRER. v. a. Tirer à soi. Attrahere. L’aimant attire le fer. L’ambre attire la paille. Certains onguens attirent les matières des abcès. Ce mot a une signification particulière en Physique, sur-tout dans la Physique Newtonienne, où l’on dit qu’un corps en attire un autre & en est attiré, que les corps s’attirent mutuellement. Voyez Attraction.

Attirer, dans le sens figuré, a différentes acceptions. Attirer l’ennemi dans une embuscade, dans un défilé, le faire tomber, l’engager. Pellicere. Il a mis tout en œuvre pour l’attirer dans le piège. In fraudem illicere. Son mérite lui avoit attiré l’amitié de tout le monde, c’est-à-dire, gagné. Conciliare. Le mérite qui fait adorer les Princes, attire aux particuliers la haine & l’envie. Bourd. Rien n’est plus capable d’attirer le mépris & l’aversion des hommes, que de faire le brave contre Dieu. Pasc. Les grâces attirent tous les cœurs, charment. Allicere. Attirer les yeux, les regards de tout le monde sur soi, fixer. Omnium occulos in se convertere. Attirer par flatterie, par de belles paroles, par des promesses. Allectare, prolectare. Les crimes des hommes avoient attiré la colère de Dieu quand le déluge arriva. Concitare.

Attirer, se dit avec le pronom personnel tant au propre qu’au figuré. Dans le sens propre, on dit dans les principes de Newton que tous les corps qui composent l’univers, s’attirent réciproquement. Au figuré, on dit s’attirer l’amitié, la bienveillance de tout le monde, sibi conciliare, la gagner. S’attirer une méchante affaire. Ablanc. On ne s’arrête pas aux plaintes d’un fou, parce qu’on présume toujours qu’il s’est attiré l’insulte dont il se plaint. Fonten. Les personnes vaines s’attirent l’envie & le mépris, & irritent la médisance. Concitare, commovere in se invidiam , odium. Bell.

ATTIRÉ, ÉE. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois.

☞ ATTISE. s. f. Terme de Brasseries. C’est ainsi qu’on appelle le bois qu’on met dans les fourneaux sous les chaudières.

ATTISER. v. a. Raccommoder le feu, approcher les tisons les uns des autres pour les faire mieux brûler. Il ne se dit au propre qu’en parlant du feu. Admotis titionibus ignem alere, excitare. Le vulgaire dit qu’il faut être Philosophe pour bien attiser le feu ; c’est-à-dire, qu’il lui faut donner de l’air pour le faire brûler. Régnier a dit :

Quand on se brûle au feu que soi-même on attise ;
Ce n’est point accident, mais c’est une sottise.

Attiser, se dit figurément, en parlant de la haine, de la colère, de la sédition. Attiser le feu dans ce sens signifie aigrir des esprits déjà irrités les uns contre les autres. Excitare, accendere, incendere, ciere. C’est cet ambitieux qui a attisé le feu de la guerre civile ; je suis bien éloigné d’attiser moi-même par mes discours la fureur de votre emportement. Rac.

ATTISÉ, ÉE. part. Excitatus, incensus, accensus. On l’a dit autrefois pour attiré. Guillaume de S. André, dans son Poëme sur Jean IV. Duc de Bretagne, dit

Pour ce beau fils veux raisonner....
Afin que mieux soit avisé,
Si en tel fait est attisé.

ATTISONNOIR. s. m. C’est un outil, ou instrument crochu, dont les Fondeurs se servent pour attiser le feu. Instrumentum ad excitandum ignem comparatum, uncus ferreus ad excitandum ignem comparatus, aptus, idoneus.

ATTITRER. v. a. ☞ Charger quelqu’un d’un emploi, d’une commission, & il s’emploie ordinairement au participe. Commissionnaire attitré. Marchand attitrée Acad. Fr. Il se prend plus souvent en mauvaise part pour corrompre quelque personne, pour nuire à quelqu’un. Corrumpere, subornare. Il avoit attitré des gens dans une embuscade pour assassiner son ennemi. Il attitra de faux témoins pour venir déposer.

☞ Ce verbe s’emploie mieux au participe. Assassin attitré. Avoir des témoins attitrés

Ce mot vient de adtitulare, qu’on a dit pour instribere. Ménage après Vossius.

D’autres le dérivent, & plus à propos, car métaphore, de titre, terme de chasse, qui signifie le lieu, ou le relais où l’on pose les chiens en embuscade pour courir les bêtes ; car en effet les assassins & les faussaires cherchent des lieux & des occasions propres pour nuire. On appelle dans le propre des chiens attitrés, ceux qui sont posés dans les relais, qui attendent la chasse pour courir sur le gibier quand il paroîtra.

ATTITRÉ, ÉE. part. Corruptus, subornatus.

ATTITUDE. s. f. Terme de Peinture & de Sculpture. Certaine disposition des figures d’un tableau, ou l’action & la posture d’une statue. Status, habitus, gestus, situs. Ce Peintre a un beau coloris, mais il n’est pas heureux à donner de belles attitudes à ses figures.

☞ Quoique le mot attitude soit la position ou l’action des figures en général, il semble convenir particulièrement à celles qu’on a mises dans une position tranquille. On dit l’attitude, & non l’action d’un corps mort.

Ce mot vient de l’Italien attitudine ; & plutôt du latin habitudo corporis.

Attitude, se dit au figuré, pour exprimer l’état & la situation des personnes. C’est en ce sens qu’on a dit de Bubesque, que les attitudes où il met Henri III, la Reine mere, le Duc d’Alençon, le Roi de Navarre, la Reine Marguerite, le Duc de Guise, le Duc d’Epernon & les autres Courtisans de ce temps, nous les montrent du côté qui nous en découvre le fort & le foible, le bon & le mauvais. Voyez Vigneul Marville.

Attitude, est aussi un terme de Maître à danser & de Maître à écrire. Position du corps & de la tête quand on danse ou qu’on écrit. Voici un essai des plus beaux mouvemens & des plus belles attitudes, dont une danse puisse être variée. Mol. Il a une belle attitude quand il danse, quand il écrit.

ATTLAS. s. m. Satin de soie fabriqué aux Indes. Il y en a de pleins, de rayés, & à fleurs, dont les fleurs sont ou d’or, ou seulement de soie. Il y en a aussi de toutes fortes de couleurs, mais la plûpart fausses, sur-tout les rouges & cramoisi. Voyez Atlas.

ATTOCK. s. m. Voyez Atok.

ATTOLE. s. f. Sorte de teinture rouge. Voyez Anatte.

ATTOLLON. s. m. Amas de plusieurs petites îles qui sont presque jointes ensemble. Les îles Maldives, qui sont au nombre de plus de douze mille, selon quelques-uns, sont séparées en treize parties principales, appelées Attollons par les Insulaires. Ces îles sont situées vers la pointe de la presqu’île de l’Inde, au-deçà du Golfe de Bengale. Il y a douze grands détroits qui détachent un Attollon d’avec l’autre, & de forts petits canaux, où la mer est basse, séparent les îles.

ATTOMBISSEUR. s. m. Terme de Fauconnerie, qui se dit d’un des oiseaux qui attaque le héron dans son vol. Quelques-uns lui donnent la première attaque, d’autres la seconde. Ce faucon est un bon attombisseur.

ATTOUCHEMENT. s. m. Action par laquelle on touche. Tactio, tactus, contactus. La lumière est l’objet de la vue, & les corps palpables le sont de l’attouchement. On se purgeoit autrefois d’un crime par l’attouchement du fer chaud.

On le dit souvent en mauvaise part des impudicités, de certains péchés d’impureté. Attouchemens deshonnêtes. Attrectatio, attectatus.

C’est aussi un terme de manège, qui signifie l’action du Cavalier, ou l’aide qu’il donne au cheval de la main par le moyen de la bride, & du talon par le moyen de l’éperon. Il ne faut point que les chevaux soient conduits par la vue & par l’ouie ; mais seulement par attouchement à la bouche & aux côtés. Il faut que l’attouchement seul opère.

ATTOUCHER. v. n. Vieux mot, qui signifie, appartenir par consanguinité, par affinité. Attoucher de parenté à quelqu’un, être son parent. Attingere cognatione.

ATTOURNANCE. s. f. Terme de Coutume. C’est un changement de Seigneur, par lequel les vassaux renoncent à l’obéissance qu’ils dévoient à leur ancien Seigneur, & s’engagent à la même obéissance à l’égard de celui qui devient leur Seigneur, par achat, ou autrement. On joint ces deux mots attournance & avirance. Voyez Dargentré.

ATTOURNEMENT. s. m. Terme de Coutume, qui veut dire la même chose qu’attournance.

ATTRACTIF, VE. adj. Qui a la propriété d’attirer. Attrahendi vim habens, attrahendi vipræditus. La cause de la qualité attractive de l’aimant est expliquée par Descartes & Rohaut. Les Médecins ont des remèdes attractifs qui sont chauds, & attirent au-dehors, comme l’ail, le porreau, la racine de brionia, &c. ☞ Ces remèdes appliqués extérieurement pénètrent les pores, divisent les matières, & les disposent à s’évacuer. Bandage attractif ; c’est-à-dire, qui attire & rappelle les esprits à une partie amaigrie.

ATTRACTION. s. f. Action de ce qui attire, ou état de ce qui est attiré par la propriété qu’a un corps de faire que d’autres corps soient attirés ou poussés vers lui. Attractio. Il y a des pompes qui font leur effet par attraction, & d’autres par compression. Tous ces termes sont en quelque sorte consacrés à la physique. Les Philosophes Cartésiens ne reconnoissent point de mouvement par attraction, mais seulement par impulsion. Ils prétendent qu’on n’a aucune idée de cette cause particulière du mouvement qu’on appelle attraction. Roh.

On peut remarquer dans le cours & dans l’économie de la nature plusieurs sortes d’attractions ; comme celle qui se fait par suction, par laquelle j’ai vu une balle de plomb au fond d’un long fusil exactement travaillé, suivre l’air qu’une personne suçoit à l’embouchure du canon, avec une telle impétuosité & roideur, qu’elle lui cassa les dents. L’attraction de l’eau ou du vin, qui se fait par un Siphon, est semblable à celle-ci ; par son moyen on fait passer une liqueur d’un vase dans un autre sans la troubler, sans en faire monter la lie. Il y a une autre sorte d’attraction qui s’appelle magnétique, par laquelle l’aimant attire le fer. Une autre électrique quand le carabé ou le jayet attire la paille. Une autre de la flamme, quand la fumée d’une chandelle éteinte, attire la flamme d’une chandelle allumée, & la fait descendre pour allumer celle qui est éteinte. Une autre est de filtration, quand un corps humide monte par un autre corps sec, ou que le contraire se fait. Et enfin quand le feu ou quelque chose chaude attire l’air, & ce qui est mêlé avec lui. Digby. Discours sur la Poud. Symp. p. 74, 75.

L’Attraction, dans la Philosophie ancienne, étoit une qualité inhérente aux corps, en vertu de laquelle ils agissent sur d’autres corps éloignés, & les tirent à eux. Dans la Philosophie Newtonienne, on entend par attraction, un principe indéfini, en vertu duquel toutes les parties, soit d’un même corps, soit de corps différens, tendent les unes vers les autres ; ou, pour parler plus exactement, l’attraction est l’effet d’une puissance par laquelle chaque particule de matière tend vers une autre particule.

L’Attraction est active, passive, ou mutuelle.

☞ Exercer une attraction active sur un corps, c’est être cause du mouvement accéléré de ce même corps abandonné à lui-même. C’est ainsi, disent les Newtoniens, que la terre exerce une attraction active sur une pierre jetée en l’air, parce qu’elle est cause de la chute accélérée de cette pierre.

☞ Souffrir une attraction passive de la part d’un corps, c’est être obligé de tomber vers ce corps : c’est tendre vers ce corps quelque soit la cause de cette tendance. Une pierre jetée en l’air souffre une attraction passive de la part de la terre, parce qu’elle est obligée de tomber vers la terre. Il en est de même, non-seulement de tous les corps sublunaires, par rapport au globe terrestre, mais encore de tous les corps qui tournent autour du soleil par rapport à cet astre. Les premiers abandonnés à eux-mêmes tomberoient sur la terre, & les seconds se précipiteroient dans le soleil.

☞ Deux corps exercent l’un sur l’autre une attraction