Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CASEMATE ou CAZEMATE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 299).
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CASEMATE ou CAZEMATE. s. f. Terme de Fortification : ce qu’on appelle autrement place basse, ou flanc bas. C’est une place pratiquée dans le flanc proche de la courtine, où l’on met une batterie de canon, pour défendre le fossé. Ima crypta ad latera propugnaculorum. Ce nom vient d’une voûte qu’on faisoit autrefois pour séparer les plate-formes où se faisoient les batteries hautes & basses, dont chacune se nommoit en italien casa armata, ou en espagnol casamata. Quelques-uns le font venir de casa à matti, maison aux fous. Covarruvias dit qu’il a été fait de casa, maison, & mata, basse. Maintenant on se contente de retirer la place haute en dedans du bastion. Quelquefois on fait trois plate-formes, dont la plus haute est sur le rempart. La casemate est aussi appelée flanc retiré ; parce que c’est la partie du flanc qui est la plus proche de la courtine & du centre du bastion. On la couvroit d’un orillon ou épaulement, qui étoit un corps massif de pierre, rond ou carré, qui empêchoit qu’on ne vît de dehors dans les batteries. L’usage en est assez rare présentement, & on a cessé de s’en servir, à cause que les batteries des assaillans enterroient l’artillerie de ces casemates dans la ruine des voûtes.

Casemate, se prend aussi pour les puits & les rameaux que l’on fait dans le rempart d’un bastion, jusqu’à ce que l’on entende travailler le mineur, & qu’on évente les mines. Difflandæ, avertendæ cuniculariæ machinationis crypta.

Casemate, se dit encore en termes de guerre de certains souterrains bien voûtés, à l’épreuve du canon, pratiqués ordinairement dans les bastions, sur-tout dans les citadelles, où le Soldat qui n’est pas en faction, & de jour, va se reposer à l’abri des coups. On y place aussi les blessés.

Casemate, se dit en style badin pour prison. Il a été mis dans la casemate, en casemate.