Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire/Intro

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INTRODUCTION

Tout le territoire, compris aujourd’hui dans le Département de Maine-et-Loire, ne formait, on peut l’affirmer, dans les temps antiques, qu’une suite de forêts immenses, au travers desquelles circulait la grande Loire, abordée pendant des siècles, jusque sur sa rive aplanie vers Nord, par les hautes futaiesTemps primitifs des Bois-de-Vallée et de Belle-Poule[1]. Des populations inconnues, vivant de chasse et de pêche, y erraient, campant à portée des rivages, an confluent des gros ruisseaux, dans les escarpements du sol crayeux, sans qu’on ait rencontré d’elles aucune trace, si ce n’est sous Roc-en-Paille, à l’embouchure du Layon, quelques-uns de ces débris, qui ont fait un renom aux grottes du Périgord. Nul doute qu’en remontant ces coteaux ou ceux du Thouet, vers Saumoussay, — et le long aussi de la Moine et de l’Èvre, — vers N.-E. encore, dans les étroites vallées du Couesnon et de la Marconne, — une recherche sérieuse ne fît dépister nombre de ces refuges primitifs, qui ont fourni dans d’autres pays, mieux étudiés, de si curieux vestiges[2]. — Mais c’est déjà une civilisation nouvelle, qu’attestent les foyers de la Pelouse, les poteries grossières, les haches, les silex taillés en instruments de travail des sépultures de Brézé[3], du Bois-Brard, des Quinze-Deniers, ces celtæ ou pierres du tonnerre, si communes dans tous les champs, ces dolmens[4], ces peulvans, ces galgals, qu’une science encore naissante s’épuise en vain à classifier. Leur masse et leur nombre affirment au moins l’existence de populations considérable, maîtresses de certaines pratiques puissantes de l’industrie ou de la science. Peu à peu l’agriculture s’est développée, poussant devant elle le défrichement des bois. De ces temps plus rapprochés de nous mais encore sans histoire, datent probablement aussi quelques-unes de ces enceintes de terre, perdues jusqu’à nos jours dans les taillis, et ces monnaies de mauvais potin coulé ou frappé an marteau, qui se sont trouvées en nombre à la Chalouère[5] et qui déjà laissent reconnaître l’empreinte de l’influence méridionale.

Pour la première fois apparaît dans les Commentaires[6] le nom des Andes, Andes, pour désigner le pays, le peuple, que Tacite[7] après César appelle Andecavi, Conquête romaine. Pline l’Ancien[8] Andigavi et Andicavi, et Ptolémée[9] en son grec Ώνδιχαούαι[10]. César les énumère après les Pictons, les Cadurces, les Turones, les Aulerces, les Lémovices et avant les populations qui touchent à l’Océan, sans les confondre jamais, — quoiqu’en affirme une erreur constante de ses commentateurs les plus autorisés, — avec les populations du littoral maritime[11]. C’est pour être seulement à portée de la mer, que par son ordre le jeune Crassus vint avec la septième légion y prendre ses quartiers d’hiver et construire sur le bord de la Loire, — à Frémur peut-être, — sa flottille de guerre contre les Vénètes. Les Andes répondirent dès la première heure à l’appel de Vercingétorix pour la grande insurrection de l’an 702[12] ; mais le chiffre de leur contingent est omis dans l’énumération des secours envoyés par la Gaule à la délivrance d’Alésia[13]. Même après le désastre suprême, on voit leur chef Dumnacus assiéger Limonum et se faire écraser dans sa retraite entre deux armées romaines. Ce dernier effort laisse supposer des ressources relativement puissantes et aucun texte n’autorise d’ailleurs à considérer la cité, civitas, des Andes, qui apparaît partout en pleine vie indépendante, comme un simple démembrement de la confédération des Aulerces et en particulier de la cité des Cénomans, dont elle est partout distinguée. On retrouve les Andes en l’an 21 unis aux Turones et cédant les premiers aux entraînements de l’émotion patriotique qui s’empare un instant de toute la Gaule ; mais l’arrivée d’une simple cohorte, appelée de Lyon par le légat Acilius Aviola, suffit à étouffer cette levée d’armes prématurée. — Dès lors semble s’établir sans autre résistance a la paix romaine », dont l’illusion complète nous est surtout donnée par l’absence de toute histoire pendant trois siècles. Dans ce silence et dans cette ombre, restés pour nous encore presque impénétrables, tout se transforme sous la domination irrésistible d’une civilisation supérieure, qui s’impose par la majesté de ses lois, par le respect surtout des mœurs et des religions locales. La cité, comprise par César dans la Celtique, qui devint sous Auguste la Lyonnaise, passa lors de l’organisation de l’Empire par Dioclétien dans la deuxième Lyonnaise, et quand celle-ci fut encore subdivisée, vers 374, dans la troisième. Elle fait partie dès avant cette époque, avec la Touraine, du Tractus Armoricanus et Nervicanus, vaste gouvernement des côtes maritimes, réduit vers la fin du IVe siècle au seul littoral, avec les territoires annexes, compris entre la Seine et la Loire, sous l’autorité d’un duc et la garde de deux corps de lètes dont les chefs résident l’un au Mans, l’autre à Rennes. — Mais déjà vers le milieu du IVe siècle, — et la science de néophytes s’épuise en vain à prétendre en avancer l’heure, — alors que pénètrent de toutes parts et partout prennent pied les colonies éparses de barbares, est apparu l’établissement d’un pouvoir inconnu, sorti de l’élection des masses et investi d’une autorité et d’une influence nouvelles sur tout le territoire de la petite patrie antique.

Le Diocèse, où va régner l’évêque, s’est approprié sans aucun doute le cadre régulierLa Cité, Le Diocèse, Le Pagus de l’administration civile, et le tracé par conséquent de son ressort primitif, — autant qu’il peut être sûrement établi, — nous permet seul, à défaut d’aucun autre renseignement utile, de délimiter avec quelque exactitude l’étendue de la civitas antique ou, comme on dit dès lors, du pagus Andegavensis et, comme on va dire bientôt, de l’Anjou. — Sur la rive droite de la Loire, de l’Est à l’Ouest, il confine aux Turones, aux Cénomans, aux Rédones, aux Namnètes, laisse en dehors l’Ingrandes des Turones, enclave Bénais, Continvoir, St-Symphorien, Savigné, Channay, la rive gauche du Loir jusqu’à Clermont, remonte au Nord jusqu’à la Sarthe vis-à-vis Malicorne, descend la rive gauche jusqu’au-dessus de Pincé, se poursuit vers l’O. enenclavant St-Denis, Bierné, Châtelain, Bazouges, les Chaires, Laigné, Peuton, la Chapelle-Craonnaise, Méral, atteint la Seiche vis-à-vis Gennes, suit la rive gaache jusqu’au-delà de Cuillé, puis descend vers S. à travers la forêt de la Guercbe, évitant la Celle, enclavant Fontaine-Couverte, Brain, la Rouaudière, Senonnes, évite Carbay, enclave la Prévière, Chanveaux, Challain, laisse en dehors Vritz, Candé, la Cornuaille et aborde la Loire en aval d’Ingrandes. Sur ces confins de Bretagne la ligne de démarcation singulière fut modifiée, au XIe siècle, par une bizarrerie nouvelle qui y enclava Candé, et j’ai peine à croire que tout ce pays de nature, de mœurs et d’histoire si étrangères au reste du groupe, soit d’origine identique et n’ait pas été plutôt violemment arraché par quelque conquête. — Vis-à-vis, sur la rive gauche, la frontière de la cité angevine, resserrée par l’immense Poitou, s’arrête au Layon[14] qu’elle remonte jusqu’à l’Hirôme, franchit les deux rivières, enveloppe la Chapelle-Rousselin, Chemillé, Mêlay, la Salle, Gonnord, évite Faveraie, Montilliers, passe entre Tigné et la Fosse, entre Chàtelaison et Concourson, entre Doué et la Chapelle[15], entre la Madeleine et St-Hilaire-de-Rillé, descend la rive gauche du Thouet, qu’elle franchit un peu au-dessus du confluent de la Dive[16], longe un instant la rive droite entre Saumoussay et St-Cyr, et de nouveau, passant entre Chacé et St-Cyr, se dirige vers la Vienne qu’elle rejoint un peu au-dessus de Candes. Ici l’erreur des autorités les plus récentes, Mabille[17], D. Chamard[18], est manifeste et jamais le Poitou n’a abordé par ce côté la Loire. D’autre part on peut affirmer, quoi qu’en disent presque tous les livres, que même dans les remaniements les plus variés de la politique, jamais l’Aquitaine non plus n’envahit cette partie de la rive gauche, restée angevine jusqu’aux faubourgs de Doué et presque de Vihiers.

L’Anjou Gallo-Romain.Sur ce territoire, — qui n’embrasse pas encore tout ce qui va s’appeler bientôt l’Anjou mais qui pour la partie bretonne dépasse déjà les limites, où doit se borner ce livre, — les traces sont rares, même dans le sol, qui a su tant conserver, des mœurs nouvelles, des arts, de la civilisation celtique modifiée par l’ascendant des institutions Romaines. Quelques torques ou colliers à bossages striés ou dentelés, des monnaies transformées par l’art grec[19], des débris de poteries grossières, trois ou quatre enceintes de terre et autant d’oppidums ne sont pas pour rendre un témoignage suffisant de cette civilisation disparue. On peut affirmer qu’une vie intense animait dès lors tout le pays ; car de tous les centres encore aujourd’hui existants la moitié pour le moins conserve le radical du nom primitif qui en atteste l’existence antique, sans parler de tant de localités déchues ou mortes, qui n’ont pu laisser d’autre souvenir d’elles. Sur tout le pays rapidement conquis s’est implantée d’âge en âge l’organisation des vainqueurs qui tout d’abord s’ouvrit libre chemin en frayant le pays de voies innombrables. La carte théodosienne signale à peine quelques tracés et les trois ou quatre points, qu’elle relève au passage, sur le territoire, Robrica, Combaristum, Segora, ne sont que des repères espacés sur un itinéraire déterminé, qui n’ignore pas mais qui évite tant d’autres centres Votesautrement importants et d’existence sûrement affirmée. De Tours à Angers seulement quatre grandes routes descendaient presque parallèlement la Loire dont trois à distance sur la rive droite, peuplée sur toutes les éminences et jusqu’au bord des eaux d’habitations évidemment protégées par quelques travaux de défense, comme les traces s’en retrouvent tout du long, à Varennes, à St-Martin, à St-Pierre-du-Lac. Deux autres voies se poursuivaient d’Angers à Nantes reliées par un pont à Chalonnes. Poitiers, le Mans, Rennes, toutes les cités circonvoisines communiquaient par un rayonnement de grands chemins, qui donnait la vie au réseau des voies secondaires, transversales ou alignées presque partout le long des rives des principaux cours d’eau. Sur ces passages, à distances plus ou moins rapprochées, s’installent les vicus ou les villas isolées, les agglomérations éparses, les exploitations rurales plus nombreuses, domaines et résidences de quelque noble romain ou gaulois, dont le nom restera bientôt au paystransformé. Les débris de ces âges se rencontrent à chaque pas, abondants pourtant surtout aux approches de la Loire, sur la rive gauche, dans le Saumurois, dans les Mauges, plus rares, ce semble, dans la direction du Maine et de la Bretagne, et pour la plupart, en dehors d’Angers du moins, ne remontant plus guère au delà du IIIe ou du IVe siècle. C’est l’époque des grands bains de Frémur, de Mûrs et de Bagneux, du théâtre et des bains de Gennes, des constructions de Nombault, du temple des Châtres, des débris confus de Chênehutte, de Lézon, des tombeaux des Terres-Noires, aux portes mêmes d’Angers, dont le cimetière jusqu’alors païen se transfère alors à portée de l’église-mère dans le cœur actuel de la ville, — sans que nulle part, — Angers excepté, — aucune inscription ait pris jour dans les fouilles[20].

C’est l’époque aussi où se répandent les premières prédications. Saint FlorentFormation des paroisses évangélise le Montglonne (360 circa) et saint Macaire les Mauges (vers 400) — Saint Maurille (avant 440) abat les temples à Chalonnes et rattache le pays à son Évêché et du même coup à l’Anjou. A l’opposé saint Maxenceul et saint Doucelin (Ve-VIe siècle) abordent le Saumurois, et presque au même temps sans doute saint Maur vient fonder sur les confins mais dans l’Anjou même la première colonie soumise à la règle Bénédictine (542-583). — Les paroisses peu à peu se fondent, ralliant autour de l’humble cella ou de la basilique en bois les habitants disséminés le long des chemins, dans les clairières ou au plus profond des forêts riveraines.

On a fait une histoire qui court tous les livres, même ceux qui ne datent que d’hier, sur une prétendue confédération de républiques indépendantes, qui aurait, L’Anjou barbare. aux dernières heures de l’Empire et pendant plus d’un siècle, embrassé toutes les cités du Tractus armoricain. C’est une fiction dont il faut croire autant que du bel ordre idéal qu’on se plaît par contre à imaginer pour ces régions de la Gaule sous le régime césarien. La Bagaudie, née des misères publiques, s’y maintenait depuis près de deux cents ans, quand une poussée de barbares, pénétrant à travers les frontières effondrées, jeta des hordes de Gètes et d’Alains jusqu’aux confins de l’Ouest Celtique en proie alors à la domination de l’usurpateur Constantin (408). À ce moment l’Armorique d’abord, puis les cités annexes chassèrent du même coup les barbares envahisseurs et les magistrats, imposés par le prétendant, et durant quelques mois, se trouvèrent de fait séparées de toute communication avec Rome ; mais dès 411 le fonctionnement à peu près régulier de l’administration impériale était rétabli[21]. Néanmoins les secousses, en se multipliant, avaient détendu ou brisé tous les ressorts. Les cités l’une après l’autre répudient leur dénomination romaine et reprennent leur nom national ou celui de leur peuple. Dans le désarroi ou l’absence des pouvoirs lointains, chacune d’elles se concentre dans un groupe fortifié, à l’abri d’une étroite enceinte, pour faire face aux plus prochains dangers. Tous les promontoires de la Loire se hérissent de refuges et de vedettes en armes, et pendant que les Goths d’Alaric débordent jusqu’au Saumurois mais s’y arrêtent, sans le dépasser, de l’ouest montent les barques des Saxons d’Odoacre, qui s’installent à demeure dans les îles et bientôt à Angers même. Le comte Paul qui commande les troupes romaines, cantonnées dans le pays, appelle à lui le chef des Francs Chilpéric, à titre d’auxiliaire, tenant son investiture de l’empire, et sans l’attendre, se fait tuer dans un assaut. Les Francs, survenus le lendemain, emportent la ville et en saccagent le territoire ; mais les Saxons, poursuivis jusque dans leurs îles, disparaissent sans retour (471)[22]. C’est seulement après la mort de Syagrius, le «  roi  » des soldats romains dispersés entre la Somme et la Loire, que l’Anjou tombe directement sous la main des Francs. Il échoit, après Clovis (511), à Clodomir avec Orléans, Tours et le Mans, puis au roi d’Australie Théodebert (534-547) et à son fils et successeur Théodebald (547-558), qui tous deux y vinrent plus d’une fois visiter le glorieux[23] saint Maur. Clotaire aussi, leur héritier (558-561), fier d’être plus riche et plus puissant qu’eux[24] pour mieux honorer le grand apôtre, l’appelait souvent auprès de lui comme conseiller. De 561 à 567 l’Anjou fait partie du domaine de Charibert, roi de Paris, échoit ensuite au roi de Soissons Chilpéric (567-584), et dans l’expédition de 578 on voit marcher sous les ordres des Francs contre Waroch et ses Bretons les contingents d’Anjou et de Touraine et d’autres cités de l’ancien gouvernement armoricain[25]. — Gontran, roi d’Orléans et de Bourgogne, abusant de la tutelle, qui lui était confiée, du roi de Soissons, Clotaire II, laissa en mourant (593) le pays annexé à son royaume de Bourgogne sous le gouvernement de Childebert II, puis en 596 de son fils Théodoric II ; mais ce dernier meurt subitement en 613 et Clotaire II, qui avait été contraint par lui de renoncer à tous ses droits sur le territoire entre la Seine, la mer et la Loire (600)[26], réunit en ses mains sans conteste toute la monarchie franque.

L’Anjou dès lors suit les destinées de la Neustrie.

Les gouverneurs ou comtes royauxLa province, le pagus, apparaît dès la fin tout au moins de la domination romaine et jusqu’au Xe siècle sous l’administration d’un gouverneur, qualifié du titre de comte ou vicomte dont l’autorité précaire reste à la libre révocation du pouvoir qui la lui a donnée. Florus, le puissant seigneur de Glanfeuil, était vicomte du pays angevin pour le roi Théodebert, au moment de l’arrivée de saint Maur (543)[27]. C’est comme comte que Théodulphe fut délégué en 585 par le roi Gontran, mais à peine entré à Angers, il s’en vit expulser par les citoyens et ne parvint à s’installer que muni de nouveaux pouvoirs et assisté du duc Sigulf, c’est-à-dire de son chef hiérarchique. Un même destin attendait & Rennes le duc Beppolen, qui, chassé par les habitants, vint s’établir à Angers et s’y rendit odieux bientôt par sa tyrannie. Un légat, Antestius, dut être député tout exprès en 587 pour réparer ses violences[28]. Licinius, — que nous appelons saint Lézin, — le remplace vers 588[29] pour déposer ses pouvoirs deux ans plus tard ; et la succession rapide de ces fonctionnaires de passage montre assez que leur autorité n’avait en ces temps ni racines locales ni délégation bien assurée. On ne trouve mention d’aucun nom nouveau jusqu’à celui de Rainfroi, le maire du palais de Neustrie, qui, vaincu à deux fois par Charles Martel, trouve appui et refuge en Anjou et ne capitule, qu’en conservant, de l’aveu du vainqueur, comme une sorte de fief, le gouvernement viager du pays (724)[30]. — Gaidulfe, de Ravenne, tient vers 755 son investiture du roi Pépin[31] qui vers le même temps (760), pénétrant en Aquitaine, recevait à Doué[32] la soumission et les otages du duc Waifre. Les Gestes des trouvères chantaient plus tard, — avec le souvenir d’un « buen duc d’Angiers, qu’on appelle Milon[33] », — les exploits poétiques de son fils le fameux Roland, qu’on sait seulement avoir commandé les marches de Bretagne[34]. C’est au même titre sans doute, que le sénéchal Auturlfe, envoyé en 786 par Charlemagne contre les Bretons, paraît aussi avoir gouverné le comté d’Anjou. Ces guerres sans fin contre des voisins ennemis devaient livrer tout le pays, durant des siècles, au passage et aux luttes des armées et à toutes les misères, mal compensées par la visite des rois et des empereurs. Louis le Débonnaire s’y arrête en 818. Il venait de donner tout le comté d’Anjou avec l’Aquitaine[35] à son fils Pépin, qui semble en avoir attribué le gouvernement à Rorgon, alors en même temps comte du Maine et plus tard inhumé à Saint-Maur-sur-Loire.

Je doute qu’il faille prendre comme des fonctionnaires ayant une délégation active dans le pays même et non pas seulement comme des abbés de cour à la suite réelle du roi, en 847, l’abbé de Saint-Serge Gairard, — l’abbé de Saint-Jean et Saint-Lézin d’Angers, Theodbaldus, mari d’Hildegarde, — l’abbé de St-Aubin Lambert, à qui des diplômes de Charles le Chauve attribuent le titre de comte, comes noster, — comes vel abbas, — comes illustris[36]. Mais il n’en va pas de même du comte Eudes, illustris comes abbé aussi de St-Aubin, qui en 850, par un échange de son domaine[37], consenti avec l’évêque, abandonna l’emplacement actuel de l’évêché, demeure ancienne de ses prédécesseurs[38], pour transférer sa résidence sur le faîte abrupte du roc hautain qui domine vers S.-O. la Maine.

Guerres Bretonnes et NormandesÀ cette date toute la frontière bretonne et nantaise est en feu. Pendant que Nominoé, le roi des Bretons, s’avançait jusqu’au Mans, son allié Lambert, le comte de Nantes, avait pénétré jusqu’aux abords d’Angers (844). Nominoé, repoussé du Maine, rentre avec lui dans le Poitou, saccage St-Florent, bat Charles le Chauve près Ballon (845) et se retourne dès lors contre Lambert. Ce dernier se réfugie à Craon, qui en ce temps dépendait du Nantais[39] édifie un château fort sur l’Oudon, — à Châtelais sans doute, — et commande le pays jusqu’à la Maine et la Loire[40], ou même depuis la Seine, à titre de duc, au nom du roi. Mais de nouveau, avec son assistance, Nominoé envahit l’Anjou, occupe Angers (849), pousse jusqu’à Vendôme et y meurt (851), — pendant que Lambert, surpris au retour par le comte du Maine, périt dans une embuscade (1er mai 852). Son corps fut transporté à Savennières et le roi fit mettre à mort son meurtrier. Déjà Charles le Chauve avait obtenu par traité la retraite des Bretons en concédant à Erispoé, leur chef, toute la rive droite de la Loire depuis l’embouchure de la Maine, ou même, s’il fallait en croire un chroniqueur, depuis le milieu du pont d’Angers[41]. — L’Anjou, avec le Maine, la Touraine, le pays de Seez et le Corbonais, avaient formé une des dix généralités, missatica créées par Louis le Débonnaire et dès l’année qui suit cette confusion de guerres (853), trois missi dont l’évêque Dodon et Robert le Fort, y viennent fonctionner avec mandat spécial du roi. Dans l’année même les Normands, qui avaient depuis dix ans fait leur apparition à Nantes, remontent pour la première fois la Loire, saccagent les deux rives, pillent Angers et la Touraine. Ils ne se retirent qu’en 854 pour revenir hiverner en 856, de nouveau en 862 et presque chaque année passant et repassant par le pays, poussent en 866 jusqu’au Mans et écrasent au retour la petite armée de Robert le Fort. Expulsés en 872 d’Angers[42] et retirés dans les îles de la Loire, ils reviennent rançonner la Touraine en 877, se font tailler en pièces en 879 près Saumur dans la vallée de la Vienne, et depuis vingt ans semblaient disparus, quand dans une dernière visite leurs barques en 903 portent l’alarme jusqu’à la haute Loire[43].

Comtes héréditairesDans ce désordre le gouvernement de l’Anjou restait un simple commandement militaire subordonné aux nécessités de la politique ou de la guerre. A Robert, qu’un moment en 865 le fils du roi, Louis, semble avoir remplacé, avaient succédé dès 866, comme comte de la Touraine et de l’Anjou, Hugues l’Abbé, et à sa mort (885) le fils de Robert, Eudes, bientôt après roi de France. Leurs pouvoirs, en grandissant, durent se déléguer pour partie, comme dans l’origine, à quelque fidèle. C’est sous le simple titre de vicomte, qu’il faut désigner le légendaire Ingelger et reconnaître d’abord son fils Foulques, qui va s’approprier bientôt celui de comte et en léguer l’héritage à sa race, étrangère jusqu’alors au pays. Des Torquat, des Tertulfe, de cette famille poétique de forestiers Bretons, que racontent les chroniques, l’histoire sérieuse dément facilement la tradition imaginaire, comme les faits ont suffisamment réfuté la division de l’Anjou en deux comtés. Mais dès avant le milieu du Xe siècle, le fief est véritablement constitué et se transmet, en suivant la loi fondamentale de la succession féodale, dans des mains de toute vaillance et de toute âpreté[44].

Les comtes d’Anjou tiennent leur pouvoir des chefs militaires du duché de France et se reconnaissent d’eux à tout devoir. Quand leur suzerain Eudes ceint la couronne (888), une monnaie d’argent, frappée à Angers, semble en célébrer la gloire avec sa légende, encore unique : † Odo est rex[45]. Même à près d’un siècle de là, l’héritier du second Foulques rend grâces avant tout « à Dieu et à la largesse de son seigneur Hugues[46]  », formule d’humilité que le succès réduira bientôt à la simple grâce de Dieu, quand le vassal croira pouvoir imiter le roi en frappant monnaie, comme lui[47].

Formation du Comté.Néanmoins à chaque conquête de guerre ou d’héritage le comte demande, sans y faillir, et reçoit l’investiture de son souverain. Il reconnaît aussi volontiers dans ces premiers temps pour maître, herus, un autre seigneur, un voisin redoutable, le puissant duc d’Aquitaine, de qui il a accepté en bénéfice le Loudunois, l’Aunis[48] et partie de la Saintonge. Mais les forces venues, le tenancier se dégage de l’hommage en s’appropriant les fiefs, que lui assure pendant trente ans la défaite de son suzerain à Saint-Jouin de Marnes (1034), que va loi enlever définitivement en 1062 un retour du vaincu.

Vers nord et presque d’un seul coup, la bataille de Conquéreux avait dégagé l’Anjou de l’invasion bretonne jusqu’à ses frontières primitives (991-993) et préparait sans doute à Foulques Nerra, en conduisant ses Angevins jusqu’à Nantes, une conquête non moins décisive vers sa frontière occidentale.

Du Layon aux confins du pays de Rezé, de la Loire à la Moine, s’étendait un vaste territoire, les Mauges, inscrit par l’Empire dans l’Aquitaine et dépendant du Poitou et de l’Évêché de Poitiers, mais par sa position écartée du centre de la cité, entre les efforts de peuples rivaux, destiné à être disputé sans cesse et dépecé par Conquête des Maugesles gens de guerre. Dès le IIIe ou le IVe siècle on y voit établi un cantonnement de lètes d’origine scythique, les Tiphales, qui donnent leur nom à une région, la Tiphalie, plongeant au loin dans les terres intérieures mais au VIe siècle encore abordant la Loire. C’est dans son ressort, à Chantoceaux, qu’en 564 un ancien duc Franc, Austrapius, réfugié dans les ordres sacrés, se créa, malgré les habitants, un diocèse éphémère, un évêché viager[49]. Non loin, vers l’est, s’était organisé au Montglonne un puissant centre de propagande monastique, enrichi rapidement par les bienfaits multipliés des divers princes intéressés à ses services, mais toujours, malgré les aventures de guerre, tenu de près sous la main des empereurs Francs et par eux dégagé à temps de l’influence bretonne. Détaché par un acte solennel de l’autorité des évêques poitevins et constitué en une sorte de diocèse indépendant, tout ce groupe, dont s’est rapprochée sans lutte la limite, en certains points incertains, de l’Anjou, lui appartient dès la fin probablement du Xe siècle, et dès le XIe siècle on y peut suivre les étapes de chevalerie ou les fondations pieuses des comtes qui le pénètrent et y assoient à demeure leur domination, de la Loire à la Moine, de la Divatte aux sources du Layon, y compris même cet écart avancé de l’antique Tiphalie jusqu’à la Loire, qui, depuis longtemps passé à d’autres maîtres, reste sous l’autorité de l’évêché nantais mais dans la féodalité angevine.

Vers l’orient la lutte, engagée pour l’existence même et non-seulement pour des intérêts d’honneur et d’ambition, se soutient avec des chances diverses de fortune et de la Touraine.pendant plus d’un demi-siècle. Par patrimoine, don royal ou douaires, les Ingelgériens se trouvaient posséder à la fin du Xe siècle, en dehors de leur comté, dans la vallée de la Loire Amboise, dans la vallée de l’Indre Loches et plus haut Buzançais et Châtillon, dans le Berry même, sur le Modon, Villantrois, sur la Creuse la Haie. Par contre, la maison de Blois avait, depuis l’expulsion des Wisigoths, réuni à la Touraine tout le Saumurois[50] jusqu’aux approches de Gennes, à demi-journée de marche d’Angers. La guerre, qui éclate dès 990 pour le règlement suprême de tous ces héritages enchevêtrés, se poursuit, après les premiers chocs d’armées, avec l’aide dissimulée de la ruse et de la politique. Le cercle des constructions militaires habilement réparties sur les frontières par Foulques Nerra étreint et refoule bientôt l’ennemi. Un coup de main lui conquiert à jamais le Saumurois (1835) et son fils, Geoffroy Martel, maître déjà du comté de Vendôme (1031) et de la Saintonge (1037), se trouve par la victoire de St-Martin-le-Beau (1044) seigneur de la Touraine, sous le simple hommage du comte de Blois. « Le royaume[51], — la monarchie d’Anjou, » comme l’appellent les contemporains, un instant se divise en passant dans la famille des vicomtes d’Orléans ou du Gâtinais, aux deux petits-fils de Foulques, mais se retrouve entièrement bientôt aux mains de Foulques Réchin, qui laisse s’en détacher le Gâtinais et la Saintonge pour reporter toutes ses visées vers le Maine. Son fils en épouse l’héritière et dès 1110 ajoute ce puissant comté à ses comtés d’Anjou et de Touraine, qu’il devait délaisser pour aller ceindre la couronne des rois de Jérusalem. — Une autre dynastie naissait à ce moment sur la terre d’Anjou, qui bientôt, avec le second Plantagenet, Henri II, allait réunir sous Réunion au domaine de France. un même sceptre, — outre le triple comté, — l’Angleterre, la Normandie, l’Aquitaine, la moitié de la France future, — jusqu’au jour où le débat de la succession contestée entre les droits de Jean-Sans-Terre et d’Arthur, de l’oncle et du neveu, tranché par un crime, s’agrandit en s’envenimant d’une félonie. Le refus de l’hommage dû par le vassal à son suzerain met aux prises les deux rois de France et d’Angleterre, et Philippe-Auguste vainqueur confisque au profit de son domaine la Touraine, la Normandie, le Maine et l’Anjou (1204).

Toute une organisation de société nouvelle s’est fondée pendant ces luttes et fonctionne en pleine vie, au sortir d’âges confus, qu’à peine quelques lueurs éclairent. Pendant dix siècles tout manque ou peu s’en faut. En dehors de Grégoire de ToursEtat politique — VIIIe-XIIe siècle, qui sait beaucoup mais qui ne se livre guère et que ses continuateurs allongent parfois sans le comprendre, on en est réduit à glaner dans les notes de quelques scribes de monastères une date, une indication incertaine, et dans de rares chartes un trait, un renseignement que les inductions s’efforcent de relier. — Sur le pays même, sur son organisation, modifiée évidemment par le courant de tant d’épreuves, j’estime qu’il faut savoir ignorer et se satisfaire de peu, sans emprunts commodes de science étrangère, quand il est besoin surtout de faits précis et localisés. Le mot même qui désigne le comté, le pagus, a pris avec le temps un sens indéterminé et s’applique tantôt, comme aux premiers siècles, à l’ensemble de tout l’Anjou[52], tantôt à des cantons secondaires d’un rayon assurément mal défini, qu’il serait difficile de préciser, à l’aide d’aucune raison de topographie ou d’histoire. Les indications d’ailleurs en sont rares et les noms de Chênehutte, Daumeray, Durtal, Brissac, Morannes, Rochefort[53] sont les seuls que j’aie rencontrés, même en poussant jusqu’au XIIe siècle, pour ces subdivisions inférieures. On peut à cette époque y ajouter les « territoires[54] » de Chavais, de Doué, de Vihiers, et, si l’on aborde les Mauges, ceux de Chemillé, de St-FIorent et de Montfaucon. — La centennal de Brissarthe (847) est la seule que m’aient donnée les chartes angevine » . — La condita s’y rencontre deux fois dans celles du IXe siècle, à Cru (818) sur la rive gauche, et à Mazé (839), presque vis-à-vis, sur la rive droite de la Loire. — À peine ai-je pu compter cinq ou six vigueries, vicaria, sous les noms de Chênehutte, Baugé, Saumur, Chavais, Cru, Channay[55], — et cette disette même de renseignements montre combien peu de foi mériteraient des généralisations d’ailleurs trop faciles. Il faut toujours songer que la recherche est à peu près bornée aux ressources plus ou moins fécondes des chartriers de St-Florent, de St-Aubin, de Marmoutier, de St-Maur-sur-Loire, de Bourgueil, et à quelques diplômes étrangers. La même restriction nécessaire ôte toute valeur autre que de curiosité au relevé, qui pourrait être donnés des localités rencontrées successivement aux divers âges. Ainsi Briolay, Blou, Bagneux, Longué, — pour prendre quelques noms et les premiers venus, — et tant d’autres centres d’origine celtique ou romaine, dont l’existence s’affirme ininterrompue, ne sont mentionnés dans aucun texte, même de légendes, avant le XIe siècle. — On trouve dès le VIe siècle, Chênehutte, Cornillé, Savennières, Gennes, Chalonnes, Pocé, Cru, Rest, Glanfeuil, Glonne ; — au VIIe siècle Allençon, Chavagnes-les-Eaux, Gizay ?, Aubigné ?, Noyant-sous-le-Lude, Neuillé ; — au VIIIe siècle, Brion, les Ulmes, Monnais, la Papillaie, Pruniers, St-Clément-des-Levées, les Ponts-de-Cé, Pontigné, Sévillé ; — au IXe siècle, Avort, Auverse, Brissac, Brissarthe, Lézon, Chambellay, Béné, Champigny, Couesme, Seiches, Cantenay, Craon ? près Villévêque, St-Hilaire-des-Grottes, Cunaud, Fenet, Louerre, Littré, la Mimerolle, Neuville, Souzay, Pressigné, Seurdre, Rillé, Écuillé, la Varenne, Saugé-l’Hôpital, Montfort, Soulangé, Forges ; — au Xe siècle, les Alleuds, Allonne, Baugé, Chavais, Chauvigné, Charcé, Carbay, Montplacé, St-Rémy-la-Varenne, Écouflant, Distré, Genneteil, Jarzé, Juigné-sur-Loire, Limesle, Noyau, la Pélerine, Rou, St-Melaine, le Coudray-XIe siècle les noms abondent, à proportion surtout des documents conservés et sans qu’il faille davantage en rien conclure.

État social.Toutes les paroisses d’ailleurs, ou bien peu s’en faut, sont dès ce temps fondées, et il en est aussi bien peu qui ne rebâtissent alors leur église, petite ou grande, simple nef d’ordinaire avec portail plein cintre à multiple voussure, enjolivée, dans l’abside surtout et aux piliers les plus voisins du chœur, par toutes les grâces si originales de l’imagerie romane. Les campagnes aussi d’alentour s’animent petit à petit de mœurs nouvelles. Encore au XIIe siècle l’esclavage ou, comme on dit, le servage est la loi des populations rurales. Avec la terre tous les travailleurs sont vendus et les enfants partagés entre les maîtres, laïcs ou ecclésiastiques, comme des objets mobiliers[56] ; les pauvres se donnent d’eux-mêmes et les familles trop nombreuses se marchandent à proportion de leur misère. Là-même, où quelques indigènes s’établissent comme hôtes ou colons, le lopin de terre qui les nourrit les fixe à sa glèbe et à son étroit service. Tel, libre ici comme propriétaire » subit le servage comme tenancier, sous le nom si débattu de collibert, particulier aux Les personnes.contrées de l’ouest ; et des chevaliers même, milites, sont donnés avec le domaine dont ils sont hébergés[57]. — Mais dans ce bouleversement si multiplié des conquêtes ou des guerres, les situations se mélangent, s’altèrent, s’élèvent ; les plus riches sont dépouillés, les plus forts s’épuisent dans la détresse et rattachent ou leur pauvreté ou leur isolement à quelque puissant du jour ou à quelque monastère, sous la charge d’une protection réciproque. Après les ravages des Normands, qui ont fait du Saumurois et des Mauges et de tout l’Anjou comme une solitude, le pays en désarroi se hérisse de hautes mottes, le pied bordé d’un large fossé palissade, le faîte surmonté d’un refuge inabordable, œuvre improvisée de guerre, qui attire autour d’elle un bourg, puis une église, et se transforme bientôt en castrum ou château fort, Les terres.avec haut donjon, double enceinte de pierre, larges douves. Les grosses agglomérations, disparues depuis des siècles, se reforment à leur ombre et s’animent d’une population d’artisans, de bourgeois, de citoyens, burgenses, cives, même de chevaliers. Au dehors rayonne à distance l’agencement régulier d’une hiérarchie de tenures à titre libre ou servile, temporaire ou viager ou perpétuel, — bénéfices, mainfermes, précaires, censives, — qui se transmettent suivant la loi propre et déterminée de leur concession primitive et doivent au maître leur travail fixe ou leur cens. De çà de là ressortent quelques rares aleus, débris du fisc royal, dégagés par leur immunité originelle de toute dépendance, — et les vastes domaines des monastères, qui deviennent un centre et un attrait de liberté par l’exemption, assurée presque partout aux habitants, de toute charge tyrannique, de toute exaction, de toute servitude, même souvent du service en temps de guerre, excepté pour le roi et encore[58] sous les ordres uniquement de l’officier monastique[59]. Par contre, presque toutes les églises du IXe au XIIe siècle et un grand nombre encore au XIIIe sont en mains laïques et font partie du patrimoine du seigneur. Elles fondent pour ainsi dire le fief et en constituent souvent le centre régulier et le principal revenu avec leurs offrandes, leurs prémices, les droits de noces, de sépultures, de purification, de cure. Le maître, qui a fait les frais de la construction de l’édificeLes églises., y installe à sa guise un prêtre, parfois simple serf du domaine, que contente une part modeste des profits et qui dessert aussi longtemps qu’il convient. Ce bénéfice privilégié, morcelé ou indivis, se transmet en héritage, se donne en douaire, passe en mains de femmes ou de chevaliers, — jusqu’au jour où à force d’argent ou d’excommunications les évêques, — Ulger surtout et Normand de Doué — prirent à cœur de supprimer cette exploitation du culte, devenue scandaleuse. Ils trouvent une aide énergique, plus tard décevante, dans les colonies monastiques qu’ils encouragent et qu’ils appellent ; — et sous cette tutelle se multiplient les prieurés des abbayes antiques, en même temps qu’en moins d’un siècle maintes abbayes nouvelles prennent pied sur le terrain libre encore aux fondations tardives, — vers les confins communs du Poitou, Fontevraud 1101, Asnières 1114 et Brignon 1135, — dans le Baugeois, Les abbayes.le Louroux 1121, la Boissière 1131, Mélinais 1180 et le Perray-Neuf 1189, — autour d’Angers, Chaloché 1119, St-Georges 1150, le Perray-aux-Nonnains 1190, — vers la Bretagne, Nyoiseau 1115, Pontron 1134 et au plus loin la Roë 1097. Toutes les grandes familles de chevalerie s’y recommandent à l’envi par leurs bienfaits, et avec leurs noms il semble qu’on voit se dresser, désormais apaisés et soumis, autour des donjons suzerains d’Angers, de Saumur, de Beaufort et de Baugé, les châteaux des puissants feudataires qui ont mis hors de pair en faits d’armes la renommée des Angevins[60]. Montsoreau, Montreuil-Bellay, Doué, Blaison, Vihiers, Passavant, Les fiefs.Maulévrier, Chemillé, Beaupréau, Cholet, Montrevault, Chantoceaux, Montjean, Thouarcé, Brissac, Chantocé, le Plessis-Macé, Jarzé, la Jaille, la Roche-d’Iré, Candé, Pouancé, Briolay, le Lion-d’Angers, Durtal, Craon, Châteaugontier, le Lude, Rillé, les principaux fleurons de la féodalité angevine, naissent ou se renouvellent avec elle.Le comte. Au centre, trône le comte[61], avec toute une cour d’officiers et de commensaux, vicomte, cellérier, sénéchal, camérier, trésorier, chancelier, donnant le ton par son luxe et ses élégances même à la cour de France[62]. Nos chartes le montrent surtout dans ses fonctions de justicier, réglant, avec l’assistance de ses hauts barons, quelque débat de fief, ou dans le conseil de bons hommes, de clercs et d’avocats-légistes[63], interprétant la Coutume ou le droit nouveau. Tout auprès du donjon souverain et le long des cloîtres de la cathédrale s’est d’ailleurs formée déjà et va se développant une véritable école de juristes, qui prendra rang au XIVe siècle parmi les plus réputées des Universités françaises ; mais l’antique loi romaine, quoique à demi-altérée par les mœurs et par certaines formes, qu’elle subit, de la procédure barbare, — le serment, le duel, la composition, — reste encore la souveraine maîtresse de l’Église et par elle tend à dominer de son autorité la société civile.

L’Anjou apanagé.Dès 1204, par lettres patentes de Poitiers, le roi Philippe-Auguste avait commis le comté à Guill. Desroches, avec le titre de sénéchal, qui lui conférait une véritable délégation du pouvoir royal pour la perception des impôts et la nomination des baillis, prévôts et autres officiers secondaires. L’acte même[64] détermine et précise les attributions respectives, en réservant au roi les droits entiers dans le domaine ancien et les deux tiers des autres revenus fiscaux. Sous ces réserves et avec l’obligation de l’hommage-lige Desroches, par la grâce de Dieu représentant du pouvoir royal[65], recevait, avec tout droit reconnu d’hérédité, le gouvernement de l’Anjou, qu’il ne lui restait plus qu’à conquérir pied à pied par les armes et dont en quelques années il se rendit maître. Dès janvier 1207 le roi reprit en ses mains Saumur, Loudun et Bourgueil ; mais au lendemain de la mort du sénéchal, le duc de Bretagne, Pierre Mauclerc, éleva, à main armée, des prétentions, qu’au début d’une régence incertaine, il fallut à tout prix d’abord apaiser. Un traité signé à Vendôme le 16 mars 1227 lui accorda la possession des villes d’Angers, de Beaufort et de leur ressort[66], jusqu’à la majorité de Jean de France, alors âgé de huit ans. Ce contrat n’eut heureusement pas de suite, grâce aux intrigues nouvelles du duc, qui attirèrent à plusieurs reprises le jeune roi Louis IX avec ses armées en Anjou de 1230 à 1234, date de la soumission de Mauclerc. Louis y revint en 1241 pour la célèbre fête de la chevalerie[67] d’Alphonse, fils de France, à Saumur, et renouvela à Melun le 27 mai 1246 la même fête en l’honneur du prince Charles, le plus jeune des enfants de Louis VIII. Dans cette dernière solennité le roi, du consentement de ses frères Robert et Alphonse, assigna en apanage héréditaire au jeune chevalier, qui venait d’épouser l’héritière de la Provence, Angers, Saumur, Baugé, tout le domaine royal de Beaufort, l’Anjou tout entier, et de plus le comté du Maine, sous la seule charge de l’hommage. Des lettres patentes, datées d’Orléans[68] au mois d’août suivant, en consacrèrent l’investiture. Il faut remarquer aussi que dès l’acte de 1227 le petit prince Jean, qui allait peu après mourir tout enfant, est qualifié de comte d’Anjou et que cette constitution de l’apanage au profit d’un fils de France semble être entrée dès les premiers jours de la confiscation dans la pensée de Philippe-Auguste. Le traité de 1259 avec Henri III d’Angleterre ajoute bientôt une garantie entière de sécurité au jeune prince, en faisant taire toute prétention attardée des héritiers des Plantagenets.

Charles Ier d’Anjou inaugure une dynastie nouvelle des comtes, qui va épancher le trop plein du sang angevin vers la Provence et l’Italie, dans des conquêtes de gloire bruyante et des ambitions sans fin. L’apanage, érigé en comté-pairie par L’Anjou érigé en comté-pairie lettres de septembre 1297, fait retour au domaine dès 1328, par le couronnement de Philippe VI, héritier du troisième et dernier comte. — Rétabli le 17 février 1331, au profit de Jean, fils de France, il est de nouveau réuni à la couronne, par l’avénement du prince au trône de son père (1350).

Le second fils du nouveau roi, Louis, prend dès sa chevalerie (juin 1351) le titre de comte d’Anjou ; mais c’est seulement au retour de la captivité d’Angleterre que le roi Jean, « considérant la vraye amour, parfaite honneur et filial obéissance et le bon gouvernement de luy et que à toute ordonnance il s’est de grant voulenté exposé et offert à mettre son propre corps en hostage », lui attribua héréditairement, de mâle en mâle, — sous la seule réserve des régales, de la foi et hommage, du ressort judiciaire, des monnaies et des autres droits de souveraineté, — les comtés du Maine et de l’Anjou, les châtellenies de Château-du-Loir et de Chantoceaux. Il l’en investit le jour mêmeEn duché-pairie en érigeant par nouvelles lettres patentes[69] le comté d’Anjou en duché-pairie. Le nouveau duc allait hériter, en 1380, par l’adoption de Jeanne de Naples, les droits de la première maison d’Anjou-Sicile, et acquérir en 1375 et en 1383, par contrats en règle, d’autres droits à peu près imaginaires sur les successions de Majorque et du Roussillon, sur l’Achaïe, Tarente, la Morée, même sur l’empire de Constantinople. Son fils et son petit-fils s’épuisent après lui en conquêtes vaines, et Louis III, mort sans enfants, laisse à son frère René, avec tous ses domaines de France, cette ardeur stérile, qui pendant de longues années le devait tenir éloigné de l’Anjou et ne l’y ramener qu’à bout de forces plus encore que d’espérances.

Il semble tout au moins que la réunion première à la France de ce « bon pays et gras d’Anjou », lui ait été propice, en l’abritant pendant près d’un demi-siècle à l’écart des grandes guerres. Même en 1229 une émigration des étudiants et des maîtres de l’Université de Paris s’y réfugie et apporte un élément de vie nouveau et plus actif aux études de l’école épiscopale. Le séjour aussi plus fréquent des rois multiplie les fêtes et le premier courant même de la chevalerie angevine vers l’Orient crée une animation d’abord bienfaisante qui en renouvelle les nobles familles avant de les décimer. Les campagnes se repeuplent, et les défrichements, poussés avec ardeur, surtout dans la vallée, qu’une levée désormais rassure, et dans la quinte d’Angers, où la chasse est rendue libre aux citoyens (1321), transforment le pays. Mais l’insuccès constant de tant d’entreprises lointaines entraîne bientôt les princes aux exactions, à l’heure surtout des premiers troubles de guerre, qui du moins s’arrêtent et Guerres anglaises.les retiennent en Guyenne, en Provence, dans les Flandres. Malheureusement la paix même du pays y attire le recrutement des armées qui marchent contre la Bretagne, infatigable ennemie, et les retours sans fin des pillards débandés. — En novembre 1348 éclate en ville la peste noire, qui fait rage dans tout l’Anjou durant près d’un an[70], prélude des désastres de Crécy, de Poitiers. Pendant que le duc Louis guerroie en Guyenne, Robin Canolle, avec ses Anglais, court l’Anjou en proie à trois bandes, qui l’assaillent du nord, de l’ouest, du midi. En 1355 l’une d’elles s’installe dans l’abbaye du Louroux et y demeure pendant quinze ans ; — en 1356 Henri de Lancastre se voit fermer le passage des Ponts-de-Cé et est obligé de rebrousser chemin vers la Bretagne ; — en 1369 Cressewell et Calviley, repoussés de Saumur, prennent pied à St-Maur, pendant que d’autres compagnies occupent Beaufort, jusqu’à l’approche de Duguesclin, vainqueur à Pontvallin, qui dégage à force d’épée et aussi à prix d’argent le pays. Les dernières années du XIVe siècle, les premières du XVe siècle s’annoncent pourtant plus clémentes. La cour d’Anjou réside au château d’Angers. Charles, comte du Maine, y meurt le 19 mai 1404 ; Renéy naît le 16 janvier 1409. La guerre fait rage à distance et, quand elle se rapproche il semble que la fortune subisse une loi nouvelle. Le duc de Clarence en 1420 vient de se faire tuer avec sa noblesse dans la vallée du Vieil-Baugé et le cœur de la France en tressaille d’un espoir depuis longtemps inconnu. En 1422 c’est le tour de lord Pool, expulsé de Segré et de Châtelais, qui tombe vaincu et prisonnier à la Gravelle. L’ennemi revient en 1425[71] occuper le Mans, et la vaillante Yolande, qui veille au château d’Angers, accepte du roi la charge de défendre les deux provinces, Anjou et Maine, moyennant un subside annuel de 30 000 livres qu’elle ne reçut jamais. Mais refoulées par ces défaites, les bandes se bornent à infester les marches angevines, occupent un instant en 1427 le Lude et Saint-Laurent-des-Mortiers et par aventure en 1431 poussent jusqu’à deux lieues d’Angers, à Épinard, où Hardouin de la Porte de Vézins et Guill. de Tinténiac en font carnage. Dans ce désarroi un heureux coup de main livre encore aux Anglais en 1443 St-Denis-d’Anjou, d’où ils sont expulsés de vive force par la noblesse angevine ; et à quelques jours de là Sommerset s’avance tout d’un trait jusqu’à Angers et prend gîte dans l’abbaye de St-Nicolas, en vue du château ; mais un coup de fauconneau bien dirigé abat à sa table le meilleur de ses capitaines et suffit à faire décamper l’armée entière.

L’Anjou en devait être dès lors à jamais délivré, sauf à rester épuisé et encore pendant dix années réduit à former comme « la haye » entre deux combats.Misère. Toute la contrée entre Sarthe et Loire avait subi les assauts des combattants ; la rive gauche d’outre-Loire, passage et rendez-vous des routiers et plus à plaindre peut-être encore, s’était vue en proie à « la plus grant confusion et désordonnance de gens d’armes dont jamais fust mémoire… destruisant, pillant, robant, vivant à volenté, ranczonnant, brûlant esglises et maisons, faisant touz exploitz que à pou eussent faiz ou peu faire les Angloys » . — Les pauvres gens, « couchant sur la paille, à nu, découvert, » meurent « eulx et leurs familles, comme de faim » ; les plus forts allaient mendiant, et quand le roi s’arrêta au château, il put voir et entendre chaque matin « plus de 800 à 1 000 » de ces misérables « en si piteux estât », qui venaient sous sa porte l’implorer[72]. En cette détresse les maladies, comme toujours, faisaient place nette et de 1444 à 1449 emportèrent plus de 10 000 habitants, — en 1450 encore plus de 6 000.

René pourtant, le duc populaire moins par ses bienfaits que par ses propres infortunes, était de retour de ses vains combats et venait en 1445, par leRéunion de l’apanage mariage de sa fille Marguerite avec le roi Henri VI d’Angleterre, de rattacher la branche d’Anjou-Sicile au vieux tronc d’Anjou-Plantagenet. Il n’apparaît guère, malgré les beaux sentiments qu’on lui prête, de son affection si vive pour son duché d’Anjou, où il ne s’arrête que par intervalles, sans longs séjours, comme en un pays épuisé. Au début même d’un nouveau règne, qui va lui devenir hostile, le cri de toutes les souffrances éclate en 1461 à Angers dans l’insurrection de la Tricotterie, étouffée par une répression implacable. La guerre du Bien public y amène presque aussitôt à diverses reprises l’armée royale et en 1464 le roi lui-même, que sa piété de haute politique intéresse à tant de pèlerinages, à Béhuard, au Puy-Notre-Dame, à Ste-Émérance de la Pouèze, à la Vraie-Croix de St-Laud d’Angers. Dès 1471 le vieux duc est parti pour ne plus revenir et Louis XI surveille anxieusement son héritage. — Au premier bruit d’un testament qui léguait l’Anjou à Charles du Maine (22 juillet 1474), la saisie fut ordonnée du duché et René dénoncé au Parlement. En même temps s’installait au château d’Angers un gouverneur royal, Guill. Cerisay, le même qu’une charte de mairie, sous couleur de consacrer des privilèges inouis, allait imposer pour maire à vie, au mépris des promesses nouvelles et des libertés antiques[73]. À la suite pourtant d’un accord rétabli entre René et le roi, la main mise fut levée sur le duché et sur les revenus (25 mai-16 septembre 1476) ; mais toutes garanties dès lors étaient prises par Louis XI. À la mort du vieux duc (10 juillet 1480) l’apanage, en vertu de sa loi constitutive, fit retour sans difficulté à la couronne par défaut d’héritier direct de mâle en mâle et aussi par avancement d’hoirie consenti à l’avance et de nouveau confirmé par Charles d’Anjou dans son testament du 10 décembre 1481.

Le conseil ducal.Louis XI, en remplissant de ses créatures les principaux offices, n’avait changé rien à l’administration du duché. Presque à la veille de sa mort encore, par lettres du 10 août 1483, 11 donnait des lettres patentes pour le maintien du Conseil ducal, sorte d’assemblée souveraine, qui vérifiait les mandements ducaux et en émettait avec pleins pouvoirs, en l’absence du prince, sous la responsabilité des signataires[74]. Ce conseil de hauts personnages se réunissait deux fois par semaine, sous la présidence de Bertrand de Beauvau et depuis l’ordonnance du 8 mai 1453 avait sa résidence fixe à Angers. Il remplaçait les services et continuait la tradition de ces conseils de barons et de chevaliers, qui anciennement suivaient le prince, à son ordre. Souvent même une convocation particulière les complétait de bourgeois, appelés à la discussion et au vote des subsides, à la majorité des voix, comme en une sorte d’assemblée des trois États. On voit le roi saint Louis en provoquer la réunion en 1246 à Orléans, pour dresser enquête sur un point de la Coutume[75]. En 1350, en 1352, en 1355 le roi Jean convoqua ce conseil pour divers subsides de guerre, dont la répartition en 1355 fut confiée à six collecteurs, quatre seigneurs et deux bourgeois[76]. La nouvelle constitution prit soin seulement d’y introduire, outre les conseillers ordinaires, le sénéchal, le juge, le procureur, l’avocat d’Anjou, les gens des Comptes et tous les officiers du roi. Les assemblées de la ville d’Angers y suppléront plus tard, en se complétant avec les délégués des divers corps constitués, des paroisses et des métiers.

La Chambre des Comptes.La Chambre des Comptes date probablement de l’érection du duché en apanage. La première mention s’en rencontre en 1377. Ses mémoriaux remontent à 1380. Une ordonnance de Louis II du 31 mai 1400 réglemente l’institution et nomme neuf conseillers, parmi lesquels l’évêque Hardouin de Bueil et l’abbé de Saint-Aubin, plus deux clercs et un huissier. L’arrêté d’organisation définitive est du 19 avril 1459. Dans l’intervalle le nombre des conseillers avait été réduit à trois, puis reporté à quatre, lors de la première nomination d’Alain Lequeu à la présidence, charge supprimée en 1464, rétablie en 1467 au profit de Jean de la Vignolle. Les attributions de la Chambre lui donnaient la haute main sur l’administration générale des finances et sur les offices de tout ordre, avec juridiction souveraine en matière financière et domaniale, enregistrant tous les actes publics ou privés qui intéressaient l’autorité ducale[77]. Le roi Louis XI en reçut la remise dès le 6 juillet 1480 et en octobre donna des lettres de nouvelle création, qui conservaient le personnel, sauf le président remplacé par Jean Bréhier ; — mais Charles VIII, presque à son avénement, prononça la suppression de la Chambre même en octobre 1483. Les archives en furent transportées en 1485 et en 1492 à Paris, où elles se trouvent encore[78].

La Coutume d’Anjou, commune au Maine, avait subi déjà de nombreusesLa Coutume. révisions. Encore simplement traditionnelle jusqu’au milieu du XIIIe siècle, comme le prouve la convocation des barons angevins tenue en 1246 à Orléans, elle dut être rédigée peu après sans doute par quelque officier royal mais sans prendre le caractère de document public. Quoique déjà inspirée de l’influence romaine, elle emprunte un intérêt particulier à l’élément germanique et proprement coutumier, dont elle est surtout pénétrée. Son autorité paraît avoir été considérable, et à peine formulé[79], le petit code entra tout entier dans le recueil, connu sous le titre banal d’Établissements de saint Louis, dont il remplit presque tout le premier livre[80]. — Le dernier remaniement, ordonné par lettres du roi René du 17 octobre 1457, avait été approuvé aux Grands Jours d’Angers de 1462[81]. Des lettres du roi Louis XII du 2 septembre 1508 en prescrivirent une rédaction définitive, qui séparât la coutume d’Angers de celle du Maine, après discussion article par article dans une assemblée des représentants du Clergé, de la Noblesse, de la Justice, de l’Université, du Corps-de-Ville et du corps des Marchands. Elle fut convoquée pour le 25 septembre et se réunit seulement le 28, dans le réfectoire des Cordeliers, sous la présidence de Thibaut Baillet, président du Parlement de Paris, assisté du conseiller Jean Lelièvre, du sénéchal, du juge d’Anjou, de l’avocat et du procureur du roi. La promulgation solennelle en eut lieu le 6 octobre sous la réserve de quelques articles contestés. L’impression en fut concédée par privilège pour deux ans, le 23 mars 1509, au greffier de la Sénéchaussée, Jean Dabert, qui avait dressé la minute originale[82].

L’Université.Vers le même temps l’Université d’Angers, érigée en titre par les ordonnances de Jean le Bon et de Charles V (1364-1374), transformée en 1398 par la création d’un recteur élu et en 1432 par l’agrégation à son unique faculté de Droit des trois facultés de Théologie, de Médecine et des Arts, achevait de s’organiser, sous l’autorité du président de Hacqueville, par une dernière réforme de son administration et de ses statuts (1498-1513)[83].

L’apanage rétabli.François Ier, fils respectueux et docile de Louise d’Angoulême, reconstitua en 1515, au profit de sa mère, un apanage dont fit partie le duché d’Anjou. Il lui vint rendre honneur en grand cortège au château d’Angers, en 1518, mais le duché n’eut guère à se louer de sa visite, dont la peste interrompit les réjouissances. Presque au lendemain la province fut soumise d’autorité et malgré les plus vives protestations au régime arbitraire de la Gabelle, qui ne parvint à s’établir qu’à force de garnisaires, et l’année suivante la fiscalité royale imposait encore à chaque paroisse l’équipement et l’entretien d’un de ces francs archers, qui après avoir paradé oisifs pendant plus d’un an, pillé, volé le pays, tenté même de saccager Angers, furent en partie décimés et définitivement cassés, sous la risée des quolibets[84] populaires. Des bandes armées courent les campagnes, qu’épuisent les exactions des traitants et des collecteurs ; toutes les misères, avec la famine et le fléau des faux-monnayeurs et des incendiaires, semblent avoir fait leur proie du pays, que la mort de Louise de Savoie rend aux mains de son royal fils (1531).

Guerres civilesLe Présidial, installé le 20 juin 1552, allait presque à ses débuts s’acharner contre d’autres crimes. Cette année même, à Saumur, René Poyet, et bientôt en 1554, à Angers, Denis Soreau sont bouillis vifs aux Halles, premiers martyrs de la foi protestante. Dès 1555 l’Église réformée est constituée en Anjou, — et depuis plus de trente ans déjà circulaient de mains en mains les livres proscrits, recherchés « avec grande avidité » par le clergé, la noblesse et la bourgeoisie. La Journée dés mouchoirs[85] (14 octobre 1560) inaugure bientôt une série lamentable de bouleversements sanglants[86]. Le 5 avril 1562 les huguenots s’emparent d’Angers, mais le château tient bon et donne entrée sur la scène à Puygaillard, suivi du duc de Montpensier ; vis-à-vis d’eux fait tête sur son rocher de Dieusie le vaillant St-Aignan, que la croix du supplice attend au Pilori. La terreur règne, desservie par un comité « de gens de bien, échevins, avocats et marchands », qui trient « les suspects » et les envoient à la pendaison ou à l’exil. « La pacification d’Amboise » (12 mars 1563) calme un instant l’irritation sous la main loyale du maréchal de Vieilleville, que vient visiter le 5 novembre en son château le jeune roi Charles IX. Mais dès 1567 une ligue « des confrères alliés par sainte et divine alliance » s’organise et prête serment dans le palais de l’évêque d’Angers Bouvery ; presque au même temps une levée d’armes des huguenots se déclare, qui rappelle au pouvoir Puygaillard. Les bandes rassemblées par Dandelot dans la vallée de Beaufort parviennent à franchir la Loire aux Rosiers, pillent Montreuil-Bellay sous les yeux des catholiques campés à Doué, puis Saint-Florent et Chalonnes et se répandent dans les Mauges.

La victoire de Montcontour (3 octobre 1569) abrite un instant l’Anjou et y ramène le jeune roi (janvier 1570), qu’y retient pendant deux mois la levée d’un emprunt forcé sur les riches ou « aisés » . L’édit de Saint-Germain accordait aux vaincus le libre exercice du culte dans deux villes de la province et quatre places de sûreté dont Saumur (13 août 1570). Les prêches s’ouvrent à Miré et à Châteauneuf, puis en 1572 à Cantenay. « La grande journée de la Saint-Barthélémy[87], » fêtée à Angers par Ch. de Montsoreau mais réprouvée par les magistrats et par le Corps-de-Ville, réveille des vengeances inexpiables. Les soudards, et à leur suite la peste, la famine, s’abattent d’un même trait sur le pays, livré presque sans trêve aux insolences et aux exactions de Bussy d’Amboise. La « guerre des Trois Henris » débute par le coup de main heureux de Du Hallot sur le château d’Angers, qui après le secours tardif de Condé retombe aux mains de Puicharic et du maréchal d’Aumont. Avec eux un centre de résistance inexpugnable s’y établit, comme à Saumur avec Duplessis-Mornay, dominant pendant neuf ans les ardeurs populaires de la Ligue catholique, jusqu’au jour où le roi Henri IV traite à prix d’argent avec les Saint-Offange et les derniers fidèles du duc de Mercœur qui vient faire à son tour sa soumission à Briolay (30 mars 1598). — Le roi, deux jours après sa sortie d’Angers, signait l’édit de Nantes (11 avril), préparé et rédigé à Angers même. — Saumur, avec la paix et la liberté retrouvées, va devenir par son Académie pendant plus d’un demi-siècle, comme une seconde Genève, plus littéraire encore et plus vivante.

Le roi Louis XIII pour distraire et apaiser les mécontentements de la reine-mère, Marie de Médicis, lui attribua le gouvernement du duché par lettres publiées à Angers le 14 septembre 1619. Sa petite cour y crée tout aussitôt un foyer d’intrigues et de séditions, qu’éteignent à peine « la drôlerie des Ponts-de-Cé[88] » (7 août 1620) et la main mise par le roi sur le château de Saumur (13 mai 1621). La peste, la famine, les inondations, ajoutent leurs désastres, comme par périodes régulières (1626, 1630, 1636, etc.) aux misères créées par les exactions impitoyables de la politique. C’est au milieu de ces calamités et des exaspérations publiques que viennent s’agiter les frivolités de la Fronde.

Quelques volées de canon ont raison de cette aventure et imposent à jamais Paix politique et religieuse.silence aux mutineries populaires. La parole est donnée dès lors aux prédicateurs que met bientôt à l’aise la révocation de l’Édit de Nantes, si désastreuse pour l’Anjou ; — et le terrain reste libre à l’établissement successif et continu des congrégations nouvelles d’hommes et de femmes, contre lequel à certaines heures les pouvoirs publics s’épuisent à réagir en vain. Partout les monastères et les couvents se construisent ; les églises se transforment mais tout d’une mode, à la RomaineLes arts., en baine et mépris de l’art ancien, dont les œuvres disparaissent ou mutilées ou vendues à toutes mains, autels, tombeaux, vitraux, reliquaires. De ce grand art qui, seul ou associé au premier essor de l’art du moyen âge, a élevé les cloîtres de Saint-Aubin, la nef de Saint-Maurice, la voûte de Fontevraud, les clochers de Cuon, de Cunaud, de Chemillé, de Brion, de Blou et de Pontigné, cent autres œuvres pendant trois siècles, et créé pour l’Anjou ce type de grâce et d’habileté que consacre le nom des Plantagenets, tout ou ce que peut atteindre le procédé nouveau des démolisseurs ou des plâtriers tombe et disparaît, pour laisser remplacer les édifices de conception hardie ou puissante par de lourds rectangles, les élégances si vives et si originales de la décoration par des mièvreries mesquines ou des murs plats. L’école de notre Jean de l’Espine, qui des premières en France avait inauguré ici les coquetteries de la Renaissance italienne[89], s’est éteinte avec les maîtres-d’œuvre des façades de Brissac et de l’escalier de Serrant, sans autre héritier plus proche que Biardeau et ses piètres élèves ; les Lagouz continuent encore les Vandellant, avec les de Brie, les Rodolphe, les Besnard ; mais leur talent devient bientôt inutile et importun aux édifices religieux, avides surtout d’issues commodes et de larges clartés. Tout s’amortit, s’éteint, s’affadit, esprits et caractères. Un mouvement de courtisanerie banale, une activité sourde et monotone remplacent peu à peu l’animation des libertés antiques, dont un vain leurre se rachète, selon les besoins du fisc, à beaux deniers. De mesquines visées d’utilité publique réglementent la littérature et la charité, pendant que les entreprises du négoce et de l’industrie se multiplient mais sans cette énergie d’initiative et de constance qui seule sait les féconder.

L’industrie et le commerce.Le XVIIe siècle avait vu tout d’un coup croître et se développer, aux deux extrémités de la province, le tissage de Cholet[90], devenu le grand centre de fabrication de toute une vaste région délaissée, et les usines de Pouancé[91], seules héritières de tant de petites forges à bras installées tout aux alentours pendant des siècles sur des puits de mine plus ou moins approfondis[92]. Le XVIIIe siècle organise à proprement dire l’exploitation des ardoisières[93] dont toute la banlieue d’Angers s’enveloppe, — et la mise en valeur des houilles de Montjean[94] et de St-Georges-Châtelaison[95], que dessert le Layon, transformé en 1774 par la construction du Canal de Monsieur[96]. — Ces derniers travaux, d’un rare exemple, devaient surtout servir la renommée et l’expansion d’autres richesses. Dès les plus anciens âges, l’Anjou « est fondé en vinoble, qui est la plus grant part de la revenue du païs[97]. » Tous les coteaux se couvraient de pampres jusqu’aux rives, aujourd’hui nues ou boisées, de l’Oudon, — et sauf peut-être, au moins dès le XVIIe siècle, les alentours de Candé, Bécon, Craon, Pouancé et les confins de la Bretagne. Mais c’est surtout le long de la Loire et de ses affluents de la rive gauche, dans le Saumurois et sur les premiers contreforts des Mauges, que se récoltaient à pleine cave les produits renommés des vignes blanches, longtemps réduits aux marchés de Touraine, de Normandie, de Bretagne, enlevés plus tard sur place par les négociants de Hollande et par eux exportés jusqu’en Amérique. Le principal centre d’embarquement, établi au port de Juigné, descendit jusqu’à Chalonnes quand une voie de libre circulation permit aux bateaux plats de remonter prendre charge au cœur même et sous le pied des coteaux vineux[98]. — À ces produits de pure nature, qui plus tard doivent se laisser transformer par une industrie nouvelle, s’ajoute la fabrication du fin guignolet, des liqueurs, des confiseries, sans parler de ces pruneaux renommés, dont le commerce au XVIIIe siècle créait des fortunes proverbiales[99]. — Si en 1703, lors de la plantation du mail d’Angers, il a fallu faire venir d’Orléans les ormeaux et les jardiniers, la villeL’industrie et le commerce. en 1740 trouve à sa portée les tilleuls de l’avant-mail dans les pépinières naissantes, qui vont devenir une des gloires de la terre angevine. — La culture des lins et des chanvres, répandue dès le XIIIe siècle et jusqu’alors exploitée au profit surtout des fabriques du Maine et de la Normandie, s’est emparée aussi à demeure de la haute et basse vallée par la création à Angers en 1649, à Beaufort en 1750, de manufactures de toiles à voiles, protégées de près et réunissant bientôt, sous les mêmes privilèges royaux et une direction unique, 8 000 ouvriers et 200 métiers battants. — Aux essais sans durée en 1642 d’une fabrique de tapis, d’une autre de dentelle ou « point de France », en 1669, succèdent à Angers en 1689 la fondation d’une manufacture de bas de fil, qui en 1737 occupait 600 métiers, — en 1673, et avec le concours de la mairie, d’une raffinerie de sucre, qui produisait dix ans plus tard à suffisance pour toute la province et qu’on voit en lutte en 1754 contre trois entreprises concurrentes, dont une entretenue par les Jésuites, — en 1752 d’une manufacture de toiles peintes par les frères Danton, qui introduit dans le faubourg St-Nicolas toute une colonie de graveurs et de dessinateurs sur bois, au service bientôt de deux maisons rivales, — en 1755, d’une manufacture d’écailles de poissons par Roussel, — et nombre d’autres menues fabriques qui ensemble pourtant rentrent à peine en compte avec la fabrication de la bimbelotterie saumuroise ou du tissage choletais. — Tout ce travail d’ailleurs cherche sa voie avec peine et les anciens métiers tombent. La draperie, autrefois active et qu’avaient transformée au XVe siècle les procédés des ouvriers normands appelés en 1450 et en 1461 par de précieux privilèges, s’est éteinte, faute de moulins à foulon, et n’était déjà plus représentée en 1670 que par 100 à 120 ouvriers façonniers d’étamines ou de droguets. Les verreries de Nuaillé, d’Ingrandes, les poteries du Fuilet, du Doré, de Beauvau, les fours à chaux perdus à l’écart, répandent péniblement leurs produits encombrants, le long de chemins presque partout impraticables, même en été, autrement qu’à dos de cheval. Le réseau de nouvelles voies, dont la construction trop lente s’entreprend vers le milieu du XVIIIe s., doit laisser subsister, là même où il passe, la principale entrave, ces droits locaux, — traites par terre, traite foraine, trépas de Loire, Parisis, sol et six deniers, abord et consommation, prévôté, double et triple cloison, — taxes sans nombre, créées pour les besoins temporaires des guerres et que les besoins constants du luxe des princes maintiennent sur les rivières et sur les routes, hérissées de bureaux, de guérites, de barrières, où le marchand est arrêté à chaque pas, soumis à visite et à contre-visite et poursuivi d’exigences arbitraires et sans fin. Engagés à l’avance par le roi, ces droits n’avaient pu en Anjou profiter du bénéfice de l’Édit de septembre 1664 qui les avait réduits ailleurs à une taxe unique d’entrée et de sortie, ni, grâce à l’importunité des traitants et des préposés, invoquer les arrêts du Conseil des 20 février 1718 et 11 novembre 1785, qui en avaient promis l’uniformité en accordant même libre passage sur le vu d’un simple acquit-à-caution.

Une réforme partout s’impose, que va seule accomplir la Révolution.

L’Anjou en 1789.C’est à peine si l’on peut se rendre en ces derniers temps un compte exact de l’organisation de la province, pourtant une des plus petites de France, mais dont chaque rouage, police, finances, administration militaire, civile ou ecclésiastique, fonctionne dans un rayon d’étendue inégale et déterminé par des documents incertains et contradictoires[100]. — L’Anjou, à qui l’on attribue 21 lieues du N. au S., 26 de l’E. à l’O., une centaine de lieues de circuit, comprenait, en dehors de la ville d’Angers, 644 paroisses, dont 462 seulement dépendant de l’Évêché d’Angers, le surplus emprunté à l’Évêché de Poitiers dans l’Archiprêtré de Thouars, à l’Évêché de la Rochelle dans les doyennés de Saint-Laurent-sur-Sèvre et de Vihiers, et Organisation politique, 18 paroisses, dont 2 sur la rive droite de la Loire, à l’Évêché de Nantes. — Il formait un gouvernement militaire dans lequel avait été constitué depuis le milieu du XVIe siècle, mais sous l’autorité commune de la lieutenance générale, annexée au gouvernement d’Angers, un gouvernement particulier du Saumurois qui débordait encore en dehors de la province pour englober une partie du Poitou et le Mirebalais. — Comme pays d’Élection, obligé à supporter la taille proportionnelle non par abonnement, comme les pays d’État, mais sur la répartition d’officiers primitivement élus, il formait les cinq Élections d’Angers (227 paroisses, sans compter la ville), de Baugé (81 paroisses) ; de Saumur (85 paroisses), de Châteaugontier (69 paroisses), de Montreuil-Bellay (57 paroisses[101]) et partie des élections de la Flèche (29 paroisses) et de Richelieu (57 paroisses), ensemble 605 paroisses, dont 70 du Maine, 23 de la Touraine et le double du Poitou. Financière— Comme pays de grande Gabelle, imposé d’office par paroisse à une somme arbitraire du sel, taxée par les officiers grenetiers et répartie par les collecteurs tous les trois mois sur chaque ménage, il comprenait 16 Greniers à sel : Angers, Baugé, Beaufort, Bourgueil, Candé, Châteaugontier, Cholet, Craon, la Flèche, St-Florent-le-Vieil, Ingrandes, le Lude, Pouancé, St-Rémy-la-Varenne, Richelieu, Saumur. — De toutes les recettes des Tailles, des Aides, de la Gabelle, François Ier créa douze groupes, portés à dix-neuf par Charles IX, sous le titre de Généralités, celle de Tours embrassant les Élections de la Touraine, du Maine et de l’Anjou. Richelieu à son tour avait établi à résidence dans chaque Généralité un Intendant, représentant du pouvoir central pour l’administration civile, qui transmettait ses ordres à des subdélégués, dont un à Angers, un autre à Saumur, en correspondance directe avec les divers corps constitués, villes, communautés, paroisses.

Le comte, dès les premiers temps, avait dû attribuer la présidence des assises et Et judiciaire.des plaids de justice à un officier spécial, le sénéchal, qui réunit bientôt et jusqu’aux temps des premiers ducs les attributions d’un gouverneur pour les trois provinces d’Anjou, de Maine et de Touraine et encore jusqu’au XVe siècle pour le comté de Vendôme. La sénéchaussée de Touraine fut cédée en 1323 par Amaury de Craon au roi Charles le Bel ; celle du Maine fut détachée avec le comté quand Charles d’Anjou en reçut le don du roi René. D’autre part le roi Philippe de Valois avait racheté en mars 1330 de la famille de Craon la charge d’Anjou qui redevint une fonction à vie et n’en donnait pas moins au titulaire l’autorité de « chef de la justice du pays » . La fonction, étant devenue au XVe siècle, par la suppression de la Chambre des Comptes et du Conseil ducal, une simple charge d’épée, n’obligeait plus à résidence et ne gardait d’autre office que de présider les assemblées générales ou les revues de la Noblesse. Ses pouvoirs judiciaires étaient délégués depuis le milieu du XIVe siècle à un Juge ordinaire d’Anjou, et passèrent dès la fin du XVe au lieutenant du sénéchal, à Angers, qui se qualifie lieutenant général et dont les attributions se partagent bientôt entre un lieutenant général civil et un lieutenant général criminel, ayant action sur le ressort des cinq Sénéchaussées particulières d’Angers, Saumur, Baugé, la Flèche, Châteaugontier, et par ces deux dernières pénétrant jusque dans le Maine, tandis que d’autre part la réunion des marches communes avait rattaché à la juridiction angevine 14 paroisses du Poitou[102]. — La tenue des Grands-Jours provinciaux se formait tous les ans d’une délégation de la Cour suprême, constituée pour l’apanage en tribunal local par lettres du 22 novembre 1371[103], dans le but surtout d’abréger les procédures. Supprimées avec l’apanage en 1481, ces assises extraordinaires furent rétablies pour le Maine et pour l’Anjou en 1516 et durèrent autant que l’autorité de Louise de Savoie. — La création des Présidiaux remplissait l’office des Grands-Jours, en établissant en permanence le jugement des appels sur place et pour partie à titre définitif. Le ressort du Présidial d’Angers, comprenait les Sénéchaussées d’Angers, Saumur, Baugé, Beaufort et le duché de Richelieu. —— Le tribunal de la Sénéchaussée d’Angers lui fut annexé en août 1705, comme personnel mais non comme compétence, les mêmes officiers siégeant dans des audiences diverses, déterminées par arrêt du Conseil du 19 juillet 1712 suivant la nature des affaires[104]. Un certain nombre de paroisses, dépendant notamment des baronnies de Craon et de Pouancé, furent distraites de la juridiction et rattachées à celles de la Flèche et de Châteaugontier, créées par lettres de septembre 1595 et de juillet 1639[105]. — À côté de ces cours presque souveraines, fonctionnaient les tribunaux secondaires mais d’exception, spéciaux à des délits déterminés, les Élections, les Traites, les Gabelles, ressortissant de la Cour des Aides, les Monnaies de la Cour des Monnaies, les Eaux et Forêts de la Table de Marbre, la Maréchaussée ; — et surtout l’Officialité ecclésiastique, pour tout un monde de lois et de mœurs privilégiées.

L’Évéché.L’Évêché d’Angers, suffragant de l’Évêché de Tours, comptait 462 paroisses[106], outre les 17 paroisses de la ville d’Angers et une quinzaine de fillettes ou succursales[107]. Il se divisait dès avant le XIe siècle en 3 Archidiaconés : — l’Archidiaconé d’Angers ou grand Archidiaconé comprenant les 4 Archiprêtrés — d’Angers (21 paroisses), dont le siège était annexé à la cure d’Andard, — de la Flèche (36 paroisses), annexe de la cure de Vion, — du Lude (44 paroisses), annexe de la cure de Dénezé, — de Bourgueil (54 paroisses), annexe de la cure de Vernantes ; — l’Archidiaconé d’Outre-Loire, comprenant le seul Archiprêtré de Saumur (60 paroisses), annexe de la cure de Juigné, et les deux Doyennés ruraux de Chemillé (25 paroisses), annexe de la cure de Mêlay, unie à la Maître-École d’Angers, et des Mauges (42 paroisses), annexe de la cure de Jallais ; — l’Archidiaconé d’Outre-Maine, dont dépendaient les 3 Doyennés d’Écuillé ou d’Entre-Sarthe-et-Maine (38 paroisses), annexé de la cure d’Écuillé, — de Candé (60 paroisses), annexe de la cure du Bourg-d’Iré, — et de Craon (56 paroisses), annexe des cures de St-Quentin et de Bourg-Philippe. — Dix paroisses constituaient le territoire de Saint-Florent[108], absolument indépendant de l’Évêque, jusqu’à la transaction du 23 juin 1673. Aucun livre n’a remarqué encore que plusieurs paroisses, Mouliherne, Fougeré, Joué, Morannes, Gonnord, Pontigné, Rochefort, avaient en même temps pour une même église deux curés. — Les archidiacres héritaient, à la mort de chaque curé, de son lit. Le Concile d’Angers de 1365 réduisit à une somme fixe de 100 s. ou de 50 s., suivant le revenu du défunt, ce droit qui de lui même s’éteignit. Les curés de leur côté s’attribuaient le tiers des biens meubles de leurs paroissiens décédés. Les habitants en vinrent à résistance. Une transaction, confirmée par Louis, duc d’Anjou et par le roi Charles VI (1390-1396)[109], et un arrêt du Parlement du 23 août 1402 réduisirent ces exigences à la perception d’un sol tournois à Pâques et d’un autre à la Toussaint, payables par chaque chef de famille au chef de la paroisse, et cette obligation durait encore au XVIIIe siècle. — Vingt-et-deux Chapitres complétaient le Clergé régulier, dont 8 à Angers[110], sans compter les trois églises de Saumur, qui prétendaient former chacune une communauté constituée de chapelains. — Le Chapitre de la cathédrale Saint-Maurice se composait de 8 dignitaires et de 30 canonicats et exerçait la loi diocésaine sur ses prêtres et clercs habitués, sur les deux paroisses de la cité et sur les paroisses de Bourg-l’Évêque, de Chemiré, de St-Denis-d’Anjou et du Plessis-Grammoire ; les paroisses de Sorges et de St-Silvin étaient soumises particulièrement à la loi du Trésorier, — double juridiction créée lors de la séparation de la mense épiscopale et de la mense capitulaire, autrefois communes. — Le domaine propre de l’Évêché comprenait les baronnies de Chalonnes et de Ramefort, les châtellenies de Villévêque, Morannes, St-Alman, Marolles, Bourg-l’Évêque et le château de plaisance d’Éventard[110] Les revenus estimés par Miroménil en 1699 d’une valeur d’environ 16 000 livres et par Lepaige en 1777 de 25 000 livres, étaient certifiés « en honneur de conscience » par l’évêque Fr. Couet du Vivier de Lorry[111] se monter à 64 413 livres, valeur réduite par les charges à un chiffre net de 51 494 liv.[112].

Le clergé régulier comptait 20 abbayes : — 16 d’hommes et 4 de filles, Le Clergé. dont 9 bénédictines : St-Aubin, St-Nicolas, St-Serge, le Ronceray, Asnières-Bellay, Bourgueil, St-Florent de Saumur, St-Maur, Nyoiseau ; — 5 cisterciennes : la Boissière, Chaloché, le Louroux, Pontron, le Perray-aux-Nonnains ; — 4 de l’ordre de St-Augustin : Toussaint, St-Georges-sur-Loire, Mélinais, la Roë ; — 1 de Prémontrés : le Perray-Neuf[113] ; — 4 couvents d’Augustins à Angers, à Candé, aux Gardes et à Craon ; — 2 de Calvairiennes, à Baugé, à Angers ; — 5 de Capucins à Angers, Baugé, Châteaugontier, la Flèche et Saumur ; — 7 de Cordelières à Châteaugontier, Cholet, la Flèche, St-Florent-le-Vieil, les Ponts-de-Cé, le Puy-de-la-Garde, Vézins ; — 6 de Cordeliers à Angers, les Anges, Cholet, Montjean, Précigné, Saumur ; — 1 des Frères de la Charité à Vézins ; — 1 de la Fidélité à Angers ; — 1 de Jacobins, de Minimes et de Missionnaires à Angers ; — 2 d’Oratoriens à Angers et à Saumur ; — 8 de Récollets, à Angers, la Baumette, Beaufort, Chambiers, Doué, la Flèche, le Lude et Saumur ; — 3 d’Ursulines, à Angers, Saumur, Châteaugontier ; — 2 de Visitandines, à Angers et à la Flèche ; — sans parler des nombreuses communautés hospitalières ou de refuge.

Derniers princes apanagistes.Après la mort de Louise de Savoie, en 1531, l’apanage d’Anjou avait fait retour aux mains du roi, jusqu’à la naissance d’Hercules, fils d’Henri II (18 mars 1554), qui au baptême même fut qualifié duc d’Anjou[114]. L’édit du 8 février 1566, enregistré en mars, transféra le titre à Monsieur d’Orléans (depuis Henri III) et le petit prince, alors âgé de 12 ans, reçut par compensation le duché d’Alençon. Il avait dû de même, à sa confirmation dans la chapelle de St-Germain-en-Laye, le 21 janvier 1566, échanger son prénom d’Hercules pour celui de François, sous lequel il reste désormais connu et en mai 1576 fut de nouveau apanagé de l’Anjou jusqu’au 10 juin 1584, date de sa mort qui rapporta l’héritage au roi Henri III, son frère.

Il n’y a plus là dès lors qu’un vain titre honorifique, que vont trouver dans leur berceau le fils de Louis XIII, Philippe, né le 21 septembre 1640, bientôt après qualifié duc d’Orléans, et les deux fils de Louis XIY, Philippe de France, né le 2 août 1668, mort le 8 juillet 1671, et Louis-François de France, né le 14 juin 1672, mort le 4 novembre suivant ; — après eux, Philippe, fils du dauphin Louis, né le 19 décembre 1683 et proclamé roi d’Espagne le 16 novembre 1700. L’édit du 21 novembre 1771, qui le conféra de nouveau à Monsieur, Louis-Stanislas-Xavier, frère du roi Louis XVI, avec les comtés du Maine, du Perche et de Sénonches, lui en attribuait « les fruits, profits, cens, rentes, revenus, émoluments, honneurs, etc. », mais réservait au roi la nomination des officiers royaux et le droit de présentation de l’Évêché. C’est une simple dotation fiscale qui n’engageait rien de la souveraineté et laissait à toutes les fonctions du gouvernement central[115] leur action indépendante, en semblant seulement donner à la province, qui entretenait la maison princière un intermédiaire autorisé auprès du trône[116].

Du reste la transformation complète est proche.

Le 6 octobre 1787 se réunissait à l’Hôtel-de-Ville d’Angers la première session préparatoire de l’Assemblée provinciale, Assemblée provinciale. composée de 22 membres, les uns nommés par le Roi, les autres par une assemblée des trois provinces d’Anjou, Maine et Touraine tenu à Tours au mois d’août[117]. Elle était présidée par le duc de Praslin, assisté de deux procureurs-syndics élus, Dieusie et Desmazières. Du 20 au 27 octobre l’Assemblée fonctionne et organise la province en 16 Districts[118], tout en conservant les 6 Élections. Une Commission Intermédiaire, comprenant les abbés Dalichoux et Burgevin, le comte d’Autichamp, Boylesve de la Maurousière, BoulayCommission intermédiaire, du Martray, Davy des Piltières, Paulmier et Bodi, resta chargée d’assurer le fonctionnement de l’administration nouvelle[119] et siégea de fait jusqu’en juillet 1790. Par ses soins il fut procédé partout dans l’année à la première installation dans chaque paroisse d’une municipalité élue, — et en même temps à une enquête sur la situation déplorable des campagnes, où apparaît à plein partout le vide et la détresse du pays, l’absence des maîtres, l’émigration des travailleurs, les rivières obstruées, les routes défoncées, les défrichements qu’encourageait l’édit du 13 août 1766, rendus inutiles par le défaut d’engrais, les labours en proie au gibier des plaisirs seigneuriaux ou délaissés par routine en jachères infécondes, partant une population misérable, nourrie d’orge ou de sarrasin et, à quelques rares fêtes, de porc, de châtaignes, de noix, exaspérée contre l’exécrable gabelle, démoralisée par les gains faciles du faux saunage ou par les hontes de la mendicité dans le bourg voisin et trop souvent en bandes menaçantes.

Dès le 25 novembre 1788, une réunion des paroisses et des populations d’Angers, convoquée par le maire Claveau, émet un vœu énergique pour l’octroi d’États provinciaux périodiques avec une représentation double du Tiers ; mais toute émotion étrangère s’oublie devant la convocation, annoncée par lettres royaux du 27 janvier 1789, des États Généraux de Versailles. Du 1er au 8 mars, dans tous les bourgs de l’Anjou les cloches convoquent tous les habitants et bien tenants, inscrits au rôle des contributions et âgés de 25 ans, à formuler leurs doléances, dont l’exposé écrit estCahiers des paroisses. présenté le 9 dans une assemblée générale des cinq Sénéchaussées du gouvernement d’Angers, présidée par Milscent. Toute une légion de jeunes et hardis missionnaires, — Volney, la Révellière, Cordier, Leclerc, Tessiè, Delaunay, sans compter les inconnus recrutés dans tous les rangs, — se trouve prête et debout, lançant à tous les vent un appel ardent et en même temps des instructions sages et réfléchies, qu’écoutent et recueillent des milliers d’âmes confiantes. Ce sont les projets imprimés de la Révellière, de Volney, qui servent de types au plus grand nombre, et c’est Volney, c’est la Révellière, qui recensent et dépouillent au retour ces « Cahiers » populaires, où après les vœux émis d’un cœur unanime pour les grandes réformes publiques chaque communauté rurale expose ses propres misères et ses doléances pour le plus pressant secours. Tout l’Anjou de 1789 est là, avec l’aveu de sa détresse et de ses espérances, dans ces dossiers jaunes, d’aspect informe[120], de rédaction trop souvent humble et craintive, mais parfois aussi ferme et hautaine, quand la plume est aux mains de quelque personnage d’expérience ou d’autorité. Que de fois j’ai lu et relu ces humbles pages ! et qu’il ferait bon voir venir s’y inspirer de près les jeunes gens d’âme vaillante, et ceux-là aussi, jeunes ou vieux, qui redoutent ou renient le progrès et la liberté !

Le Cahier d’ensemble, « résumé fidèle rédigé dans l’animation même de la grande assemblée[121] », réclame, avant tout et pour résumer, le vote par tête[122], la liberté personnelle, la liberté « entière et indéfinie » de la presse, la périodicité triennale des États Généraux, avec la publicité assurée d’un journal spécial quotidien des délibérations, le vote libre des impôts avec un ministère responsable, des États particuliers et uniformes dans chaque province, la réduction des pensions excessives, la suppression des emplois inutiles, la vente du domaine non réservé par le Roi, la suppression des apanages, afin « que toutes les provinces contribuent à l’entretien des maisons des princes apanagistes, également chers à tous les Français », le remplacement de tous les impôts par une contribution foncière[123] et une contribution personnelle, levées directement par chaque municipalité et versées à la caisse du receveur de la province, le renvoi des troupes étrangères, l’augmentation de la solde des troupes nationales, mises à la charge de chaque province pour supprimer les enrôlements frauduleux et le tirage de la milice, l’élection des municipalités par tous les citoyens, la suppression des abbayes, prieurés, Chapitres, collégiales, bénéfices simples tant réguliers que séculiers (les Cathédrales exceptées) et leurs biens vendus pour l’acquittement des dettes du Clergé et de l’État, l’amélioration du sort des curés et vicaires, l’interdiction des vœux avant l’âge de 30 ans pour les hommes, de 25 ans pour les filles, la suppression des justices seigneuriales, du droit d’aînesse, des substitutions, la libre défense des accusés, la reconstitution des tribunaux en prenant les juges dans les trois Ordres, dont moitié dans le Tiers, l’abolition de la vénalité des charges, la liberté du commerce intérieur, l’uniformité des poids et des mesures, la suppression des fruits de maîtrise et de réception, en conservant les corporations, la propriété reconnue aux paroisses de leurs landes, frous et communaux, la mise à l’étude, après enquête générale, d’un nouveau plan d’éducation nationale[124].

Les 19-21 mars l’assemblée du Tiers-État des cinq Sénéchaussées du gouvernementÉlections de 1789. d’Angers élut ses huit députés[125] aux États Généraux, à qui la province assurait une indemnité de 12 liv. par jour et 400 liv. de frais de voyage. On nomma de même quatre suppléants[126] ; — et une chambre de correspondance, composée de huit membres, fut chargée d’entretenir avec les députés des relations quotidiennes régulières et un bureau « ouvert à tous les citoyens »[127]. — Le 28 mars la Noblesse d’Angers, présidée par le grand sénéchal d’épée, Barrin de la Galissonnière, le députa aux États avec les comtes de Ruillé et de Dieusie et le duc de Choiseul-Praslin. Le 27 la Sénéchaussée de Saumur avait nommé ses représentants, pour la Noblesse le marquis de Ferrières, pour le Clergé l’abbé Ménard, pour le Tiers Bizard et Cigogne. — Enfin le clergé d’Angers, réuni dans la salle des Cordeliers, élut le 31, à l’exclusion de l’évêque et des grands dignitaires, les curés Chatizel, Rangeard, Rabin et Martinet, prieur-curé de Daon. — Tous cœurs accompagnent, dès lors, au grand rendez-vous d’honneur cette élite, d’origine et de fortune si diverses, à qui est confié l’avenir de la France nouvelle[128], et quand avec l’annonce de la prise de la Bastille le bruit se répand d’ordres militaires et de mouvements de troupes, qui menacent d’écraser la rébellion et peut-être l’Assemblée, les paroisses s’offrent partout d’un même élan pour marcher en armes au secours de « leurs illustres et immortels représentants[129]. »

Presque au même temps, payant d’initiative et sur la proposition de Duboys, curé de la Pommeraie, une réunion générale des paroisses, convoquée les 6 et 7 octobre par le Comité permanent de la ville d’Angers, votait directement l’abolition de la Gabelle et son remplacement immédiat par une prestation pécuniaire, double de celle réclamée par l’Assemblée constituante[130], en attendant la loi promise, — et peu après, donnant de nouveau un généreux exemple, une députation spéciale allait au nom de l’Anjou jurer avec la Bretagne (21 février 1790) le pacte « indissoluble » de PontivyFédération de Pontivy., pour la défense en tous temps, en tous lieux, jusqu’au dernier soupir, de la Constitution de l’État, des « décrets de l’Assemblée nationale et de l’autorité légitime de nos rois, » —  « sainte confédération contre les ennemis du bien public », à laquelle allaient se rallier, sur l’appel même de l’Assemblée nationale, tant d’autres dévouements patriotiques[131].

Le décret du 15 janvier 1790 ayant ordonné la division de la Touraine, du MaineOrganisation du département. et de l’Anjou en quatre Départements, les députés des trois provinces et de celle du Poitou se réunirent à Paris le 18 pour tracer les limites définitives du Département, qui sous le nom de Mayenne-et-Loire allait comprendre la plus grande partie de l’ancien Anjou. Il fut procédé du même coup à sa répartition en 8 Districts et en 99 cantons, comprenant, outre la ville d’Angers, 413 paroisses[132]. En s’appropriant définitivement vers S. et vers l’O. la meilleure part des marches poitevines et les 12 paroisses de l’évêché de Nantes comprises entre la Moine, la Divatte et la rive gauche de la Loire, la circonscription nouvelle abandonnait vers l’E. et vers N. 106 paroisses angevines aux Départements riverains[133]. Des lettres royaux, notifiées par dépêche ministérielle du 6 mars, désignèrent MM. de Houlières, Desmé de Puygirault et Delaunay l’aîné pour provoquer sans délai toutes les mesures urgentes d’organisation et tout d’abord la réunion des assemblées électorales chargées d’en constituer le fonctionnement[134]. Les électeurs de tous les cantons des huit Districts se réunirent le 6 mai dans l’abbaye St-Aubin. Après la vérification générale des pouvoirs et les diverses opérations préliminaires, que prolongea la réception des députations de la garde nationale, du régiment de Picardi, des Volontaires, de l’Université, de l’Évêché, de l’Oratoire, il fut procédé le 20 à la nomination du procureur-général-syndic et des administrateurs du Département, au nombre légal de 36, dont 16 seulement furent élus ce jour-là et les 20 autres dans la séance du 22 au soir[135]. Les nouveaux élus partirent aussitôt et se répandirent dans le Département pour procéder le 26 à la nomination et à l’installation des directoires de Districts. Entre temps l’assemblée avait tranché la grande question, soulevée par les amours-propres et les intérêts divers, qui prétendaient faire du siège de l’administration un alternat de résidence mobile, attribué tour à tour à Angers et à Saumur[136]. Un vote du 24 mai, par 532 voix contre 104, fixa le chef-lieu à Angers et fut sanctionné par un décret du 22 juin. Le Conseil général du Département tint sa première séance le 28 juin, et après avoir rédigé deux adresses à l’Assemblée nationale et au Roi, procéda à la répartition des services en six bureaux pour la Correspondance générale, le Bien public, les Impositions, la Comptabilité, les Ponts-et-Chaussées et les Archives, — reçut le 2 juillet la remise des titres et le compte de gestion des travaux de la Commission Intermédiaire, présenté par M. Bodi, désigna le 13 huit de ses membres pour la constitution du Directoire du Département, — et termina sa session le 14 avec les premières fêtes de la fédération[137].

L’organisation générale se poursuit par l’élection, le 26 octobre, des tribunaux de District ; — et dès les premiers jours de décembre s’ouvre dans tous les ressorts la vente nationale des domaines du Clergé, recherchés avec empressement par les Biens nationaux. gentilshommes, les bourgeois, les marchands, les habitants surtout de ces campagnes que la suppression des biens de main-morte va transformer. Mais à cette mesure, sollicitée, applaudie par l’opinion, acceptée d’un bon cœur par la plupart des intéressés, la constitution civile et le serment exigé des prêtres fonctionnaires publics par le décret du 27 novembre et réclamé à Angers dès les premiers jours de janvier 1791, ajoutent une amertume et soulèvent bientôt des luttes où toutes les passions s’enveniment. La misère a grandi, la disette menace, l’argent disparaît devant les assignatsSerment constitutionnel diffamés, la discorde s’installe au cœur des paroisses et souvent des familles les plus patriotiques, émues et troublées par le départ de nombre de prêtres, amis jusqu’alors, comme l’évêque de Lorry, des lois nouvelles, qui résignent simplement leur charge d’âmes et se retirent, ou par les menées hostiles des réfractaires qui appellent le combat et font tête aux intrus. La majorité, quoiqu’on en prétende[138], accepte d’abord la situation nouvelle, mais le personnel manque pour suffire aux remplacements, les nouveaux élus hésitent et particulièrement dans les Mauges vont se trouver en butte à une explosion d’outrages et bientôt de violences, qui interdit les plus résolus et fatigue les plus braves.

Dès janvier même des mouvements séditieux avaient éclaté à Maulévrier et à Premiers troubles Tilliers. Deux commissaires du Département, Villier et Boullet, assistés pendant quelques jours de Pierre Ollivier et de Pierre-Marie Delaunay, parcourent du 15 mai au 7 juin les districts de Cholet, de Vihiers et de St-Florent pour l’installation des nouveaux curés et le rétablissement des municipalités, dont les deux tiers avaient démissionné. — Déjà l’on annonçait une « explosion prochaine et menaçante dans toutes les campagnes », en signalant surtout Montfaucon, Tilliers, Gesté, St-Germain comme des foyers d’insurrection attisés par les réfractaires. Le concours des gardes nationales de Cholet et d’Angers, avec deux canons, à Chemillé, à Jallais, à Cholet, surtout l’envoi aux points menacés de détachements de 25 à 30 maîtres-cavaliers calment pour un temps le pays et provoquent même des protestations fraternelles. Les troupes à peine parties, des rumeurs sourdes courent de nouveau le pays ; l’annonce de miracles affole les têtes ; des processions nocturnes assemblent les pèlerins par milliers à la Vierge de Bellefontaine, au chêne de St-Laurent-de-la-Plaine. Le 28 août une expédition militaire enlève les statues vénérées, jette à bas chêne et chapelle. Mais la fermentation ne fait que s’accroître ; le roi est prisonnier ; la guerre gronde aux frontières ; la noblesse, sympathique aux premières manifestations généreuses du drapeau tricolore[139] et jusqu’alors respectée dans ses châteaux, a déjà pour partie rejoint les princes émigrés, et c’est l’heure même des élections à l’Assemblée législative (3 septembre), où peu à peu s’accentue le programme encore très-modéré de la députation angevine[140]. Il fallut pourtant pour la première fois annuler le vote d’un canton, celui de Jallais, dont les électeurs avaient refusé de prêter sermentDépart des Volontaires.. Mais à cette heure aussi, où se trahit l’effort des premières résistances, des milliers de voix répondent à l’appel de la patrie, et ce n’est qu’à la faveur d’un choix envié que se recrutent, sur les listes d’inscription, les 485 hommes des neuf compagnies du 1er bataillon des Volontaires de Maine-et-Loire, qui les 15 et 16 septembre élit ses deux vaillants chefs, Beaurepaire et Lemoine, et part le 3 octobre, pour prendre rang bientôt à l’avant-garde et s’illustrer au siège de Verdun[141].

L’année 1792 s’inaugure par l’installation le 1er janvier du Tribunal criminel du Département sous la présidence de Delaunay le jeune. — Le 25, Villier et La Révellière-Lépaux se rendent en mission dans les Districts de St-Florent, Cholet, Vihiers, travaillés par les mêmes intrigues toujours enhardies, pour rétablir l’ordre, réinstaller les municipalités terrifiées, opérer la suppression des paroisses de St-Sauveur, du Petit-Montrevault, de St-Martin de Beaupréau, de Joué, d’Étiau, — et reviennent le 13 février, après avoir fondé à Beaupréau, « cette obscure métropole de l’idiotisme des Manges », une Société des amis de la Constitution[142]. Sous la pression de l’opinion publique et des Districts, qui de toutes parts dénoncent les périls extrêmes, un arrêté départementalInternement, en date du 1er février, avait dû enjoindre à tous les prêtres non assermentés de venir prendre demeure à Angers ; en juillet, d’autorité et sans autre ordre, la garde nationale les interne au Séminaire. — La patrie est proclamée en danger le 11 juillet. — Longwi est pris le 23 août. — Le 22 avait éclaté la première levée d’armes des insurgés fanatisés de Chatillon et de Bressuire, que répriment en quatre jours de marches et de combats la garde nationale de Cholet et la cavalerie du commandant Boisard, assistées des secours des Départements circonvoisinsEt déportation des prêtres. Dans cet émoi le Conseil général décide et presse l’exécution de la loi du 26 août, qui ordonne la déportation des prêtres réfractaires, « seul moyen d’étouffer le germe de la guerre civile qui après avoir éclaté d’une manière sanglante dans le Département des Deux-Sèvres a été sur le point d’embraser celui de Maine-etLoire » (30 août). — Au milieu même de la crise, le 26, s’étaient réunis à Saumur les électeurs ayant mandat d’envoyer onze députés à une Convention nationale[143]. — Le 13 septembre part pour la frontière un second bataillon de Volontaires (761 hommes), commandé par Desjardins et suivi bientôt de trois autres, dont le dernier, malgré toute protestation, devait se fondre enrôlé dans la levée de la première réquisition. — Le 21 sont embarqués à Nantes sur la Didon et le Français 246 prêtres angevins[144], à destination de l’Espagne. — Les pèlerinages nocturnes redoublent dans les districts des Mauges. — La loi du 25 février 1793, qui requiert une levée de 300 000 hommes, vient mettre au service des passions religieuses tous les jeunes gens des campagnes, qui n’ont d’autre pensée première que d’échapper Insurrection à la conscription abhorrée. Une émeute échoue le 4 mars à Cholet. Le tocsin sonne dès le 5 au May ; les 10 et 11 l’insurrection est debout en armes à Gesté, à Gonnord, à Jallais, à Chanzeaux, au May, dans les trois Districts des Mauges et à Varades, comme dans le Baugeois et dans le bas Anjou, à Tiercé, à Contigné, à Cherré, à Miré, à Briolay, à Châteauneuf ; mais de ce côté les gardes nationales, bien commandées et toutes patriotes, font tête et imposent la loi aux mutins. Dans les Mauges, au contraire, où tout est désorganisé, ou à peine errent quelques gendarmes, les rendez-vous sont pris librement dans les landes ; des troupes d’inconnus armés courent les campagnes, recrutent bon gré malgré « les gars » de la réquisition et se trouvent le 12 en force à St-Florent-le-Vieil. La troupe commandée par Cathelineau occupe le 13 Jallais et Chemillé et se rallie le 14 à celle de Stofflet qui descend d’Yzernay et de Vezins. Cholet tombe le même jour au pouvoir des paysans, qui dès la veille avaient enrôlé d’Elbée pour chef et le lendemain s’en vont requérir Bonchamps, tous deux gentilshommes d’épée, engagés avec répugnance dans cette lutte impie. — Les insurgés marchent à la rencontre des gardes nationales de Saumur, occupent Vihiers le 16 et s’emparent de la fameuse pièce Marie-Jeanne. — Chalonnes-sur-Loire tombe entre leurs mains le 22, malgré l’énergie du maire Vial. — Le 25 trois colonnes d’Angers, Doué, Thouars s’avancent sur St-Lambert, Vihiers, Bressuire, sans pouvoir dépasser le Layon, qui tout d’abord et jusqu’au bout, quoique souvent franchi par l’ennemi, doit rester la première ligne de défense de tout le pays patriote. Le 11 avril la colonne de Vihiers, commandée par Leygonier, entre à Goron et à Vezins, et le 17 au Boisgrolleau et à Cholet ; mais elle y est vivement attaquée le 19, et réfugiée à Vihiers sans être poursuivie, se débande dans la nuit. Gauvillier de son côté, surpris à Beaupréau le 22, est repoussé jusqu’à la Loire et entraîne l’abandon de Chemillé par Berruyer et la retraite jusqu’à Doué et aux Ponts-de-Cé. Où quelques bataillons de ligne eussent fait respecter la loi sans combat, des ramassis de paysans, requis de force, ou d’ouvriers affamés, les volontaires même, engagés seulement pour la quinzaine, les recrues des dépôts de dix régiments, sans respect des chefs, sans pudeur du drapeau, apportent le désordre et l’épouvante et sèment les routes d’armes et de munitions, avidement recueillies par les rebelles.

Pendant quelques semaines l’effort de l’ennemi se reporte vers la haute Yendée ; Guerre de Vendée. mais dès le 6 juin « la grande armée » a son avant-garde aux Verchers et les premiers coups de feu mettent en pleine déroute la petite troupe de Leygonier, minée par la peur et par la trahison. Doué, Montreuil-Bellay sont livrés le 8 sans défense ; Saumur, où commande le général Menou, tombe le 9, après quelques heures de combat, au pouvoir des Vendéens, qui le 23 occupent Angers, évacué depuis huit jours, mais vont échouer leur fortune sous les murs de Nantes, où périt Cathelineau (29 juin). — La veille même de l’insurrection, le décret de la Convention du 9 mars avait ordonné l’envoi de 82 commissaires dans les Départements et attribué la Sarthe et le Maine-et-Loire aux représentants Richard et Choudieu, qui s’étaient installés le 19 à Angers, organisant en plein désarroi la résistance et de toutes parts débordés[145]. Pour aviser en commun, tous les commissaires des Départements limitrophes constituent à Saumur un Comité central sous la présidence de Richard, qui ne parvint pas même à défendre la ville. Les projets s’agitent, se heurtent, s’entravent, et les généraux, en proie aux dénonciations des bataillons de Paris, des journaux, des clubs, des représentants, s’épuisent l’un après l’autre dans une offensive impuissante. Les Vendéens, battus le 15 juillet à Martigné-Briand, culbutent les Bleus à Vihiers le 18 et vainqueurs encore le 26 à la Roche-de-Mûrs, entrent aux Ponts-de-Cé, poussant une pointe jusqu’à demi-lieue d’Angers ; mais la garde nationale, conduite par Philipeaux et Talot, les arrête et dès le surlendemain les débusque et rejette au delà du Layon. — La Convention veut en finir. Un décret du 1er août ordonne, sur le rapport de Barrère, la transportation en poste sur la Loire de l’armée de Mayence, l’organisation de corps de tirailleurs et de pionniers, l’envoi de matières combustibles pour incendier les bois, les taillis, les genêts, la destruction des forêts et des repaires, l’enlèvement des récoltes, des bestiaux, le transfert, « avec tous les égards dus à l’humanité, » des femmes, des enfants, des vieillards dans l’intérieur de la République. Le 2 septembre, un plan général d’attaque, proposé par Canclaux, est arrêté, après d’orageux débats, dans un conseil de guerre solennel tenu à Saumur par 11 représentants et 9 officiers généraux. Le 12, dans les Districts d’Angers, de Saumur, de Baugé, de Châteaugontier, de la Flèche, de Sablé, de Bourgueil et de Chinon, le tocsin sonne pour une levée en masse de tous les citoyens, de 16 à 60 ans, armés de fusils, de piques, de faulx. Elle s’évanouit, affolée de terreur panique, en deux chocs, le 18 à Coron, le 19 au Pont-Barré, pendant que le 19 encore à Torfou les Vendéens refoulent Pavant-garde des Mayençais. Mais le commandement, réorganisé sous l’inepte Léchelle, revient de fait aux mains de Kléber, et les armées républicaines de Niort et de Saumur, de la Rochelle et de Nantes convergent en combattant vers CholetBataille de Cholet., où le 17 octobrc toute la Vendée angevine, — Stofflet, Bonchamps, d’Elbée, avec la Rochejacquelein et Lescure, — trouve devant elle Haxo, Beaupuy, Marceau, Kléber. Le désastre est complet. Le passage de la Loire, le 18 à Saint-Florent, le 19 à Ancenis, ouvre une carrière, dès lors sans espoir, au reste des combattants, qui, arrêtés sur la route d’Angers, se retournent par Candé et Segré sur Châteaugontier et Laval, errent vers Granville et Dol, pour revenir se heurter aux héroïques murailles d’Angers et par Bauné, Baugé, la Flèche, le Mans, se faire exterminer à Savenay.

Toute la rive gauche de la Loire entre la Sèvre et la Divatte s’est du même coup pacifiée ; les républicains occupent les villes ; les paysans, les chefs de famille, les combattants découragés ou enrôlés, comme c’est le grand nombre, par violence, ont regagné leurs champs et rendent leurs armes au général Commaire, resté dans le pays (14 décembre). L’ardeur d’en finir inspire au général Turreau un plan atroce Colonnes infernales et trois fois plus inepte encore. Le décret du 1er août, rendu en plein péril extrême de guerre, n’avait jamais, au témoignage de Barrère, condamné « les habitations isolées, les fermes utiles, les villages fidèles ou non dangereux[146] » ; et à cette heure le désarmement seul, avec quelque garnison de cavalerie, assurait la paix. Une extermination aveugle et sans pitié y est organisée de sang-froid et servie par l’incendie sans merci. Avant même toute réponse du Comité de Salut public, l’ordre de marche est donné le 30 nivôse an II (19 janvier 1794), à douze colonnes, qualifiées presque aussitôt d’infernales. Celles de droite, commandées par Bard, Duval, Grignon, Crouzat, se dirigent de Brissac à Parthenay par Bressuire, Concourson, Vihiers. Turreau avec Carpentier et Huché descend de la Loire sur Beaupréau, Chemillé, Cholet, Maulévrier, ralliant de l’ouest d’autres bandes. Le pays devient un désert, où les premiers, sous le fer et sous le feu, périssent les patriotes. Tout ce qui peut fuir se réfugie dans les bois, bientôt ouverts aux fouilles et saccagés ; tout ce qui peut combattre reprend avec horreur la pique ou le fusil. Un arrêté même des représentants, donné à Nantes le 20 février, ordonne, pour accroître la solitude, l’exil à 20 lieues de toute la population réfugiée et la ruine des communes riveraines ; mais l’exaspération surtout des patriotes était à bout et 1 200 maires ou propriétaires, réunis seulement à Brissac, protestent et obtiennent le respect de leur dévouement jusqu’alors fidèle[147]. Déjà le cri public était parvenu jusqu’à la Convention, et Turreau d’ailleurs n’hésite pas à reconnaître[148] qu’il avait soulevé contre lui dès le premier jour « une coalition eflroyable des Départements, des Districts, municipalités, sociétés dites populaires, tribunaux, commissions et comités », soutenue par plus de 2 000 dénonciations écrites de ces horreurs. L’armée, démoralisée par le pillage et plus encore par la misère, sans vêtements, sans pain, au milieu de greniers et d’entrepôts incendiés, cédait pied au premier cri. Chemillé, Beaupréau, Jallais, Vezins, Coron, un instant même Cholet, étaient retombés presque sans combat aux mains de Stofflet, resté seul chef, sous l’inspiration de Bernier, d’une insurrection sans ressources et sans autre soutien que la misère désespérée dont elle est née.

Un décret révoque Turreau (18 mai), et Vimeux qui le remplace bloque le pays dans une enceinte de quatorze camps retranchés, dont trois sur la ligne du Layon, Dernières luttes. à Concourson, à Thouarcé, à Beaulieu, en abandonnant Saint-Florent, Chalonnes, la rive gauche de la Loire qu’occupent tout aussitôt les paysans. Tout au même temps s’y relie sur l’autre rive, à Varades, un parti de 800 Chouans, avant-garde des bandes de déserteurs, de gabelous, de réfractaires, de pillards sans aveu, qui infestaient le Bas-Anjou et partie du Maine et de la Bretagne et qui, grossies des émigrants d’outre-Loire par la dispersion de la grande armée, prennent dès lors une direction sous les ordres de Scépeaux, de Bourmont, de Turpin, de Dieusie. Mais déjà, même entre ennemis et d’un camp à l’autre, les groupes se saluent et causent. La lassitude est si grande ! et la Terreur d’ailleurs est vaincue. Le représentant Bézard vide les prisons à Angers et c’est le général Hoche, qui à la tête des deux armées réunies des côtes de Brest et de Cherbourg (fructidor an II) proclame et répand dans les campagnes des promesses écoutées de paix et de sécurité, garanties par un décret solennel d’amnistie (12 frimaire an II-2 décembre 1794). En même temps les dissensions s’enveniment parmi les chefs rebelles. Stofflet, dont les principaux officiers se sont vendus à prix marchandé, accepte après Charette, Sapinaud, Scépeaux, Dieusie, le 2 mai 1795 (13 floréal an III), une pacification qui donne à peine quelques jours de trêve à la malheureuse Vendée. La garde territoriale, qui s’y organise sous ses ordres, livre à de nouvelles misères le pays interdit isolément aux patriotes, aux réfugiés et livré à toute vengeance et à toute exaction, mais que les postes républicains peu à peu enserrent et pénètrent. Sur un mot d’ordre venu d’Angleterre, une levée de Chouans surprend Ingrandes, Craon, Segré (21-22 juillet) mais se disperse impuissante à la nouvelle du désastre de Quiberon. Stofflet, qui hésite et s’attarde, tombe au premier coup de l’épée de Hoche, qui commande l’armée générale de l’Ouest (26 février 1796) et, pendant que Travot met enfin la main sur Charette (23 mai), six colonnes poussent devant elles les bandes épuisées de Scépeaux, qui fait sa soumission le 24 avril avec la plupart de ses lieutenants. — La guerre est finie. — Bernier et d’Autichamp se maintiennent autant seulement qu’il faut pour traiter. Le général Hédouville, qui a remplacé Hoche en octobre 1797 et qui revient encore deux ans plus tard, n’a plus à faire face qu’à un dernier et lointain effort d’une conspiration épuisée. Le 17 septembre 1799 (1er jour complémentaire an VII), James d’Andigné avec 2 000 Chouans, surprend entre Nyoiseau et la forêt d’Ombrée une colonne d’infanterie qu’elle disperse, et le 26 encore tente un heureux coup de main. Le 12 novembre 1799 (21 brumaire an VIII), Bourmont aussi entre à Baugé ; — mais d’Autichamp, Suzannet et Forestier sur la rive gauche s’efforcent en vain de réunir quelques recrues ; et tout ce remuement d’armes n’aboutit qu’à infester les grandes routes de tirailleurs et d’embuscades. Hédouville, installé le 8 novembre 1800 à AngersPacification., proclame l’état de siège et, tout en lançant ses colonnes mobiles à distance, emploie en négociations de paix Mme  de Turpin-Crissé. Une suspension d’hostilités est offerte le 15 novembre par d’Andigné ; le 12 décembre a lieu à Pouancé la réunion des chefs, qui le 17 viennent à Angers même traiter de l’armistice. Mais le gouvernement, issu du coup d’État du 18 brumaire, coupe court aux habiletés des négociations en confiant à Brune le commandement de l’armée de l’Ouest avec des ordres d’action énergique. La paix est signée dès le 19 janvier 1800 à Montfaucon par les Vendéens de la rive gauche et la Chouannerie en est réduite à congédier l’une après l’autre ses bandes. L’Empire est fait.

Pendant ces dix années d’épreuves et d’angoisses, le Maine-et-Loire, le cœur en proie à une horrible guerre civile, reste dans ses parties vives le passage et le refuge de toutes les misères qu’y refoule toute crise, apportant la faim, la terreur et l’exaspération qui les suit. Le 12 août 1793 trois des députés, Leclerc, Pilastre, la Révellière s’étaient retirés, en protestant, de la ConventionOrganisation départementale en l’an III. La Constitution de l’an III rappelle tous trois en faisant entrer au Conseil des Anciens les deux Dandenac, la Révellière, Menuau, Pilastre, — aux Cinq Cents, Delaunay, Lemei- gnan, Talot, Volney, Savary, Leclerc. — Elle supprimait les Districts du Département et constituait auprès de chaque canton renouvelé une administration de municipalité centrale, composée des agents des municipalités de la circonscription. Le nombre des cantons en Maine-et-Loire fut fixé à 60, ayant leur chef-lieu à Angers, Blaison, Rochefort, Chalonnes, Port-la-Vallée ou St-Mathurin, Trélazé, Pellouailles, Savennières, Beau-Site ou St-Georges, Ingrandes, le Louroux, la Meignanne, Saumur, Fontevraud, Brezé, le Coudray-Macouard, Montreuil-Bellay, le Puy, Doué, Ambillou, Saint-Georges-des-Sept-Voies, Gennes, les Rosiers, Brain-sur-Allonnes, Baugé, Beaufort, Longué, Vernoil, Mouliherne, Noyant, Fougère, Seiches, Mazé, Jarzé, Châteauneuf, Durtal, Tiercé, Champigné, Contigné, Feneu, Morannes, Segré, Pouancé, Candé, Bouillé-Ménard, le Lion-d’Angers, St-Martin-du-Bois, Montglonne on St-Florent, la Pommeraie, Ste-Christine, Beaupréau, Montrevault, Chantoceaux, Cholet, Chemillé, Vézins, Maulévrier, Saint-André-de-la-Marche, Montfaucon, la Romagne, le May, Jallais, Vihiers, Brissac, Chanzeaux, Coron, Montigné, Nueil et Thouarcé. Le Directoire Départemental prit le nom d’Administration Centrale, et fut réduit à cinq membres, Leterme-Saulnier, Chauvin, Dandenac, Bunel et Jubin, assistés d’un commissaire du pouvoir exécutif, Moreau (fructidor an III-septembre 1795). — Les élections du 23 germinal an V (12 avril 1797) pour le renouvellement des assemblées, portèrent aux Anciens l’ancien constituant Desmazières, aux Cinq-Cents Leclerc, Delorme, Talot, Coullion, Savary, L. Lorier, Joubert-Bonnaire. La crise du 18 fructidor n’avait fait que remettre à l’ordre du jour les mesures de politique violente et la dernière levée d’armes des Chouans ramener quelque temps l’état de siège sous le commandement du général Girardon.

La constitution de l’an VIII impose un ordre nouveau. La loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800)En l’an VIII., rendue pour en appliquer les dispositions, constitue au chef-lieu un agent du pouvoir central sous le titre de Préfet, avec agents secondaires ou Sous-Préfets chargés chacun de l’administration d’un arrondissement communal, dont cinq attribués dès lors au Maine-et-Loire. Les 70 cantons de l’an III restaient conservés mais comme simple circonscription territoriale, dont 13 répartis à l’arrondissement de Segré, 10 à l’arrondissement de Baugé, 19 à l’arrondissement de Saumur, 15 à l’arrondissement de Beaupréau, 13 à l’arrondissement d’Angers[149]. L’arrêté du 27 brumaire an X (18 novembre 1801), allait peu après, conformément à la loi du 8 pluviôse an X, qui réduisait le nombre des justices de paix, supprimer 26 cantons[150] et constituer le Département dans sa forme jusqu’à ce jour à peu près définitive.

Le 2 mars 1800, Montault-Desilles, législateur, fut nommé préfet de Maine-et-LoireLe culte rétabli.. Son installation eut lieu le 29. Dès le 7 février, l’église St-Serge à Angers avait été rendue publiquement aux pratiques du culte, et l’on peut dire qu’il fonctionnait régulièrement dans la plupart des paroisses, entretenu et réorganisé par la libre initiative des familles catholiques, quand le Concordat (15 juillet 1801) vint lui rendre une hiérarchie officielle et provoquer en Maine-et-Loire la protestation d’une Petite Église réfractaire, dont les derniers héritiers se rencontreraient peut-être encore vers Durtal et sur les anciennes marches du Saumurois et du Poitou. L’évêque Montault-Desilles, frère du préfet, prit possession de son évêché le 6 juin 1802.

Un Essai de Statistique[151] adressé au ministre de L’Intérieur dès le 30 fructidor an XSituation en l’an X. (17 septembre 1802), c’est-à-dire le jour même de la sortie du préfet Desilles, donne un état de la topographie politique et administrative, des routes, de la navigation, de l’industrie, de l’agriculture. Il peut être intéressant de constater que le bétail agricole compte à cette date 50 000 bœufs et 12 à 15 000 élèves, plus de 100 000 vaches, 16 à 20 000 chevaux, 1 000 à 1 200 mulets, 30 à 40 000 porcs, et la culture de la vigne 71 880 hectares, produisant année commune 437 610 hectolitres, consommés pour moitié dans le pays. La fabrique de Cholet occupait 5 000 tisserands, 10 000 dévideuses, 20 000 fileuses et mettait en circulation un capital de 5 millions. Des réfugiés avaient fondé à Angers diverses manufactures, qui faisaient travailler 200 métiers, 50 mécaniques, 100 dévideuses, 80 cardeuses ; une centaine de métiers pour siamoises étaient en mouvement à Saumur. La filature de chanvre, tant à Angers qu’à Beaufort, faisait vivre tant en ville qu’à la campagne 6 642 femmes et n’avait cessé de produire, même pendant les crises récentes, 400 000 aunes de toile par année. L’industrie locale comptait encore parmi ses principaux établissements deux fabriques de toiles peintes, dont une fondée le 10 nivôse an VII, occupant ensemble 550 ouvriers, une fabrique de bas au métier déchue des deux tiers, quatre imprimeries dont celle de Mame classée dès lors parmi les plus importantes de la province, quatre papeteries, une centaine de tanneries, 6 amidonneries dont 5 à Angers, 21 salpêtreries au lieu des 60, qui en 1790 avaient fourni jusqu’à 402 milliers de salpêtre, 10 fours à chaux et la verrerie d’Ingrandes. — L’Exposé du préfet Nardon, du 16 floréal an XI (6 mai 1803)[152], signale, au premier rang des préoccupations des intérêts publics, le dessèchement des marais de la Dive et de l’Authion, le rétablissement du canal du Layon, la construction d’un canal de jonction du Loir et de l’Eure, la réorganisation des prisons, des hospices, des écoles, l’achèvement surtout des vingt routes départementales, qui ne devaient pas même de longtemps obtenir un fonds suffisant d’entretien. Le Maine-et-Loire, dévasté par la guerre, avait été exempté jusqu’en l’an X de la conscription, et la première levée de l’an IX et de l’an X dut être encore de beaucoup réduite ; mais celle de l’an XI fut triplée, — et le préfet, qui ne craint pas de juger cette mesure « peut-être prématurée » et « le contingent excessif », en prend acte au moins, pour avertir que le Département est rentré ainsi sous la loi commune.

Le 10 août 1808 l’Empereur et l’impératrice Joséphine, revenant de Nantes, couchent au château de Serrant, — le 11 à Angers, — le 12 à Saumur, partout acclamés, malgré les premières ombres du désastre de Baylen. Tous les dévouements sont ralliés à la dynastie nouvelle, et Vendéens et Chouans ont repris leur place dans l’armée nationale ou servent l’Etat dans les perceptions et les mairies. La formation, décrétée par le sénatus-consulte du 3 avril 1813, de quatre régiments de gardes d’honneurL’Empire., « équipés, habillés et armés à la hussarde », achève d’enrôler plus ou moins à contre-cœur « les fils de famille » de la riche bourgeoisie et de la noblesse. Mais pendant ces fêtes et cette organisation d’apparat, des colonnes mobiles courent la campagne, à la poursuite des conscrits réfractaires, attroupés « sous des chefs déshonorés », comme les qualifie l’évêque Montault, qui par deux fois au moins, en 1805 et encore en 1807[153] dut faire appel à l’influence active de son clergé. La plaie des garnisaires s’abat à partir de 1809 sur les communes et sur les familles, rendues jusqu’à complète ruine responsables de la rébellion de leurs enfants. Les mauvais jours approchent et bientôt sont revenus.

Le général d’Autichamp prit en 1814 le commandement général des Départements de Maine-et-Loire et de la Mayenne, avec résidence à Angers. En cette qualité et aussi à titre d’ancien chef de l’armée vendéenne, il reçut à Beaupréau le 5 juillet le duc d’Angoulême et lui présenta les survivants de la guerre, rangés en bataille par division mais les armes en faisceaux, et dont le prince calma l’enthousiasme en leur recommandant avant tout de payer les impôts. Le 9 il était à Cholet, où le curé Hudon protesta contre la Charte en acclamant « le Roi quand même » . — Toute cette ardeur tombe aux Cent-JoursLes Cent-Jours. Le duc de Bourbon lance en vain « de son quartier général de Beaupréau, le 22 mars 1815 » une proclamation qui appelle aux armes tous les hommes de 18 à 50 ans ; il se voit réduit à accepter le 25 les passeports que lui envoie d’Angers le colonel de gendarmerie Noireau. Le 7 mai une fédération nouvelle est jurée par tous les corps constitués, les fonctionnaires et les patriotes, sous la présidence de Mamert-Coullion, — à laquelle viennent s’unir le 17 les députés de Nantes, de Vannes, de Rennes et de St-Brieuc, représentants des cinq départements de l’ancienne Bretagne. Mais le même jour un rassemblement commandé par Louis de la Rochejacquelein attaquait sous Maulévrier le 26e régiment de ligne en marche sur Châtillon, et des bandes, soulevées comme autrefois au son du tocsin, coupaient les routes à tous les convois. Cholet est évacué le 23 par la troupe de ligne et occupé le 24 par d’Autichamp, la Rochejacquelein et les autres chefs de l’insurrection. Dès le 29 le général Lamarque vient prendre à Angers le commandement de l’Ouest. La défaite subie le 20 juin par les royalistes à la Roche-Servière amène une pacification signée dès le 24 à la Tessoualle et ratifiée à Cholet le 26Occupation prussienne., au lendemain de la nouvelle de Waterloo. Dès le 2 août, alors que les débris de l’armée vaincue et frémissante campent encore aux Ponts-de-Gé, sur la rive gauche de la Loire, arrive à Baugé une brigade de 7 000 Prussiens et de 800 chevaux dont partie se disperse en cantonnements, dans l’arrondissement, à Vernantes, à Longué, à la Breille, à Durtal, même à Châteauneuf et Briolay, le reste à Angers. L’occupation devait durer jusqu’au 23 septembre. Le préfet de Wismes, qui se prêtait peu complaisamment aux exactions, avait été enlevé par l’ennemi et ne fut reconduit à son hôtel qu’au moment de l’évacuation militaire. Le Département dut pour sa part payer 1 800 000 fr. de contributions, sans compter les déboursés des villes et des campagnes.

Le 22 août des élections royalistes renouvellent le Corps législatif en y envoyant les députés Benoist, d’Andigné, de Maquillé, la Bourdonnaie, Papiau-Verrie, E. FeuillantLa Restauration.. — Mais l’opinion libérale réagit vite et s’organise. L’association secrète des Chevaliers de la Liberté qui devance en France la propagande du carbonarisme, est fondée à Saumur le 10 octobre 1820 par Gauchais, Grandmesnil, Caffé, Fardeau, Paul Desvarannes. Le coup de main du général Berton y échoue (24 février 1822) ; mais toute la bourgeoisie dans les villes et dans les bourgs, depuis Tours jusqu’à Nantes, avait le mot d’ordre et chaque homme son fusil prêt, pour marcher au premier signal vainement attendu. Un centre de résistance se formait d’ailleurs en plein cœur des Mauges. La duchesse d’Angoulême, qui passe à Mortagne le 18 septembre 1823, refuse de visiter Cholet, signalé comme un foyer révolutionnaire, et, revenant de Nantes à Angers par la rive droite, s’arrête à peine quelques heures, le 22, à St-Florent, où sont réunis 2 ou 3 000 fidèles. La Vendée pourtant multiplie les fêtes en l’honneur de ses héros et inaugure l’un après l’autre les monuments de Stofflet (30 juin 1825), de Bonchamps (12 juillet) et de Cathelineau (août 1827). Mieux conseillée ou plus heureuse, la duchesse de Berry visite en pèlerine partout acclamée tous les souvenirs de la grande guerre (juin 1828).

Sous cet enthousiasme officiel, qui remue à peine quelques cantons isolés, circule et fermente au cœur de la bourgeoisie riche et active, dans la haute industrie, dans la magistrature une ardeur hostile, qui s’est fait jour aux comices des 17 et 24 novembre 1827 par l’élection de trois députés libéraux, Guilhem, d’Andigné, Delessert, et bientôt éclate en effervescence populaire pour acclamer le retour des 221[154], — pendant que de sombres terreurs courent les campagnes affolées par les exploits de bandes gagées d’incendiaires[155]Révolution de 1830.. À la veille même de la Révolution aussi prochaine qu’inattendue, toute une élite est debout, qui l’heure venue paie d’exemple, à Angers, aux Rosiers, à Saumur, à Segré, à Baugé, dans tous les principaux bourgs, aussitôt pavoisés. Les noms chers à l’Anjou de 1790, les Joubert, Farran, Berger, la Révellière, Duboys, Jubin, Merlet, Moreau, Boullet, Coullion, Leterme-Saulnier, Delaage, réapparaissent en pleine lumière, associés aux noms de jeunes hommes, les Tessié, Chevré, Guibert, Chollet, Desvarannes, Giraud, Marcombe, Grille, Mordret, Freslon, Bordillon, Bodin, tant d’autres ! qui vont prendre rang dans l’administration ou la politique militante et bientôt après suivre chacun son chemin.

Le 27 avril 1831 la garde nationale de Cholet est assaillie presque au sortir de la ville, près l’étang des Noues, par quelques coups de feu dont un blesse à mort le jeune Gélusseau. C’est le premier exploit de groupes errants de paysans réfractaires que l’annonce du recrutement multiplie et que le parti vaincu va enrôlerChouannerie.. Un régiment vient prendre garnison dans le pays et fatiguer les campagnes de visites domiciliaires. Quelques vaines escarmouches, le 20 juin à la Renou, le 18 août à la Chabossière, le 29 septembre à la Billardière, le 4 novembre à la Fuye près Maulévrier, aboutissent à peine à l’arrestation de chefs obscurs, auxquels se trouve associé un Caqueray[156]. La levée d’armes générale, ordonnée parla duchesse de Berry pour le 24 mai 1832, se termine dans les Mauges avec le drame de la Chaperonnière, où périt le fils de Cathelineau[157] (26 mai) — et dans l’arrondissement de Segré trouve à recruter plus de chefs que de soldats. La garde nationale d’Angers, commandée par Delaage fils, parcourt le pays jusqu’à Pouancé et revient le 4 juin pour repartir le 6 sur la rive gauche de la Loire, jusqu’à Chemillé et à Montjean, sans avoir trouvé l’ennemi, qui le 7 à la Potherie, le 9 à Freigné ose s’attaquer à des détachements du 54e de ligne. Le 3 un décret proclame la mise en état de siège du Département et les cantonnements de ligne, en partie campés dans les châteaux, procèdent au désarmement des campagnes qui vont rester infestées pendant des années encore de vagabonds menaçants.

Elles gagnent du moins à ce danger constant un bienfait inespéréRoutes stratégiques.. Sous la direction d’une commission, composée du préfet, du général commandant le Département, de deux inspecteurs divisionnaires des Ponts-et-Chaussées et de l’ingénieur en chef, un plan général est tracé de douze routes stratégiques, dont six de 118 kilomètres sur la rive gauche, six de 128 kilomètres sur la rive droite de la Loire, qui viennent s’ajouter aux 396 kilomètres de routes royales et aux 572 kilomètres de routes départementales dont le réseau, jusqu’alors inachevé, va recevoir par suite un redoublement d’activité. Les projets nouveaux prévoyaient une dépense de 2 911 000 francsEt départementales.. La loi du 27 juin 1833 vote et l’ordonnance du 29 novembre classe et détermine les douze tracés, dont l’exécution était terminée à la fin de 1837, grâce en partie à l’emploi sur les chantiers des soldats du 36e de ligne[158]. Tout aussitôt la loi du 24 avril 1837 autorise le Département à contracter un emprunt de 1 250 000 fr. pour l’achèvement des routes départementales, sur les devis évalués à 3 millions. — Les travaux du CadastreCadastre., terminés dès 1829 dans l’arrondissement de Segré, arriérés encore en 1834 pour les 2/5 dans l’arrondissement de Baugé et de Saumur, sont clos en 1838 avec les dernières communes du canton de Vihiers.

D’autres préoccupations tout d’un coup se révèlent. C’est à la session de septembre 1839 que le Conseil général est mis en demeure d’aviser à la direction incertaine encore du chemin de fer d’Orléans à NantesChemin de fer de Tours à Nantes.. Trois projets se présentent dont un de l’ingénieur en chef Defontaine par la rive droite de la Loire, — un autre des ingénieurs Clapeyron et Lefort par la rive droite jusqu’à Juigné, avec un embranchement gagnant Angers et se continuant par la rive gauche jusqu’à Nantes, — le troisième de la Cie Jucqueau-Galbrun par la rive gauche, en se rattachant de Denée à Angers par un embranchement. Le projet présenté par le préfet descendait la rive gauche, jusqu’à Saumur, puis la rive droite jusqu’à Angers, en franchissant la Maine au-dessus de la Chalouère, et traversait de nouveau la Loire entre Montjean et Ingrandes, pour suivre la rive gauche jusqu’à Nantes. La commission spéciale émit des doutes sur l’utilité même de l’entreprise et le Conseil, réservant son opinion sur le tracé, se borna à exprimer le vœu que Saumur et Angers fussent desservis. Il se contenta de le renouveler en 1840 et quand en 1841 le gouvernement se fut décidé pour la rive droite, un vœu réclama énergiquement pour que la rive gauche fût « satisfaite le plus immédiatement possible », et en 1844 pour qu’à partir de Bouchemaine, la voie passât sur la rive gauche. La construction, commencée en 1844, atteignait St-Mathurin en 1846. Le 29 juillet 1848 la ligne fut solennellement inaugurée de Tours à Angers ; elle était livrée d’Angers à Nantes, d’abord sur une seule voie, le 21 août 1851. Vingt-deux millions avaient été dépensés en travaux pour un parcours de 89 kil. 739 mèt. en Maine-et-Loire.

Les vœux alors se reportent vers l’embranchement, dès les premiers jours sollicité, de Beaupréau ou de Cholet à la Loire, puis vers Paris par Vendôme et par le Mans (1854-1855), enfin pour un chemin américain de la Flèche à Baugé (1856). Mais un désastreInondation., depuis longtemps inouï, vient mêler ses ruines à tant d’espérances. Le 4 juin 1856 la Loire, crevant la levée à la Chapelle-Blanche, se précipite à plein lit dans la vallée toute verdoyante de moissons. L’eau s’avance d’une vitesse de 6 kil. à l’heure, chassant devant elles les populations, en partie réfugiées sur la levée, entre deux torrents, et arrive le 6 à Trélazé où elle envahit d’un bond immense les ardoisières. Une brèche, ouverte à l’avance dans la levée de Bellepoule, épanche le flot aux Ponts-de-Cé. Les levées de Gohier, de Savennières, de Montjean avaient été emportées par lambeaux.

En 1857, une décision ministérielle assure l’ouverture de la ligne du Mans par SabléChemin de fer du Mans., que vote la loi du 11 juin 1859 et qui est livrée dès le mois de décembre 1863. — La ligne d’Angers à NiortDe Niort, , concédée presque au même temps à la Compagnie d’Orléans, s’achève en septembre 1866 jusqu’à Cholet, en 1868 jusqu’à Bressuire. Cette année même la loi du 4 juillet concède la ligne de Laval à Angers par la rive droite de la Maine, suivant les vœux exprimés depuis dix ans ; et une question nouvelle surgîtDe Poitiers., qui soulevée une première fois en août 1865 et restée ou indifférente ou inabordable, s’impose par les réclamations des régions intéressées à l’entreprise des chemins de fer d’intérêt local. Dès la session de 1868 le Conseil général décide de traiter avec la compagnie formée pour l’établissement d’une voie de Saumur à Poitiers, et arrête en principe la création de deux chemins de Trélazé au Lude par Beaufort et Baugé, et de Saumur à Cholet, — sur un parcours total de 127 kilomètres, dont les études lui sont soumises en 1869Réseau départemental. — Une session extraordinaire d’avril 1870 détermine le tracé et les ressources du réseau départemental, comprenant à peu près 365 kil., et la concession en est attribuée par délibération du 7 novembre 1871 à la compagnie Donon et de Contades.

Dans l’intervalle de ces deux décisions on sait quel effroyable désastre avait passé sur la France.


Le Département de Maine-et-Loire est borné au N. et au N.-E. État actuel.par les Départements de la Mayenne et de la Sarthe, à l’E. par l’Indre-et-Loire, au S.-E. par la Vienne, au S.-O. par la Vendée, au S. par les Deux-Sèvres, à l’O. par la Loire-Inférieure, au N.-O. par l’Ille-et-Vilaine, d’après un tracé à peu près arbitraire, qui vers la Bretagne seulement respecta l’ancienne frontière des deux provinces et pour le reste ne présente d’autres limites naturelles que le cours de la Sèvre-Nantaise au regard de la Vendée. La frontière vers l’angle S.-E. avec la Vienne, entre Norton et Épieds, n’a été fixée, après de nombreuses enquêtes, que par la loi du 25 juillet 1839.

Sa superficie de 712 563 hectares[159]Superficie, environ 363 lieues carrées, présente un carré long assez irrégulier, qui mesure dans sa plus grande largeur, de Châtelais à la Tessoualle, 86 kil., et en longueur, dans sa double diagonale, du N.-E. au S.-O. et du N.-O. au S.-E., environ 125 kilomètres, le tout dessinant un pourtour à peu près quadruple.

Elle est répartie en cinq arrondissements, Angers, Baugé, Cholet, Saumur, SegréAdministration, comprenant ensemble 34 cantons, 381 communes, 402 paroisses, chacune de ces circonscriptions ayant son détail et son histoire dans ce livre.

La principale modification politique depuis l’an X s’est opérée en vertu du décret du 16 novembre 1857, qui a transféré de Beaupréau à Cholet le siége d’une des sous-préfectures. La loi du 3 février 1875 a reporté à Tiercé le chef-lieu du canton de Briolay, qui avait été détaché en 1819 de l’arrondissement de Segré, comme en 1824 le canton de Thouarcé de l’arrondissement de Saumur, pour être rattachés l’un et l’autre à l’arrondissement d’Angers.

Le décret du 11 juin 1810 portait le Département à la 4e classe pour le traitement des préfets, à la 3e pour les frais dits d’abonnement. Le Conseil général éleva de vives réclamations contre cette décision dans sa session de 1810 et inutilement encore en 1811. C’est seulement le décret du 12 mars 1852 qui l’a reporté à la seconde classe[160]. Les relevés de 1790 indiquaient pour le Maine-et-Loire une population de 407 786 âmesPopulation.. Aussi le Conseil général protesta-t-il en 1791, quand la répartition des contributions prétendit l’évaluer à 455 500 habitants. Le dénombrement de l’an IX n’en compte plus que 376 113, diminution trop facilement expliquée par les désastres de cinq longues années de guerre. Dès 1820 les pertes étaient amplement réparées et le développement s’accuse vivement : 442 859 hab. en 1820. — 467 871 hab. en 1831. — 477 300 hab. en 1841. — 505 009 hab. en 1831. — 526 012 hab. en 1861. — 532 325 hab. en 1866. — 518 471 hab. en 1872. — 517 258 hab. en 1876.

L’accroissement de près d’un tiers (156 212 hab., acquis depuis le commencement du siècle, s’est trouvé réduit d’un dixième (13 854 hab.) à la suite de la dernière guerre, mais sera vite regagné. Tel quel ce recensement présente un chiffre de 73 hab. par kil. carré et, si l’on pense au petit nombre d’agglomérations importantes qu’il renferme, atteste une densité considérable de la population rurale relativement au reste de la France.

Le pays, en effetAgriculture., — malgré ses immenses ardoisières, sans rivales en France, ses mines de houille, ses exploitations de tuffeau, ses corderies, ses filatures renommées d’Angers, de Cholet, — est avant tout essentiellement agricole. — Vers l’E. dominent les cultures maraîchères, les pépinières, les fruits, les lins, les chanvres, qui à eux seuls occupent, de juin seulement à septembre, 21 000 hectares, fournissant plus de 21 millions de francs au marché d’Angers ; — vers l’O. les pâturages et les labours ; — vers S. les céréales, les prairies artificielles, les plantes fourragères pour l’engraissement du bétail à destination des marchés de Paris ; — vers N. le froment, le seigle, les châtaigniers, les noyers, les pommiers à cidre, dont la récolte trop inégale peut varier de 350 000 hectolitres, comme en 1877, à 425 000 hectolitres, comme en 1876 ; — au centre et partout, aux flancs de tous les coteaux, sur les hauts plateaux où les taillis reculent et font place, dans les replia même des vallées trop souvent brimées par les geleés printanières, la vigne, plus que jamais fêtée, malgré tant de menaces et de misères, par le propriétaire qu’elle enrichit, sur plus de 40 000 hectares, autrefois tout en récolte blanche, mais depuis 1849 garnis pour près d’un tiers en plants rouges, représentant ensemble une production moyenne de 900 000 hectolitres, qui a dépassé plus de 11 millions d’hectolitres en 1873. Sauf sur les confins lointains de la Bretagne ou des Mauges chaque ferme s’habitue à cultiver son lopin privilégié de vignoble, qui garnit à suffisance pour les besoins de l’année le petit caveau de la famille ; — et partout où domine la vigne, règnent avec elle et par elle l’aisance et la cordialité. Que de fois, dans mes courses, n’ai-je pas entendu dire : « Ici ni bourgeois ni pauvres ; tout vit à l’aise, en travaillant. »


C’est le caractère de la vie en somme dans ces campagnesConclusion., quoique la richesse y abonde et qu’à chaque coin en belle lumière se dresse quelque château, tout battant neuf ou tout rajeuni. La Loire, qui coupe en deux profils distincts la physionomie du pays, y crée au cœur un large courant de vie, où tout converge du sol et du ciel pour s’y animer. Là l’horizon s’ouvre à pleine vallée et la vue, pour peu que le printemps et le soleil s’y prêtent, n’est qu’une fête le long des eaux semées d’îles et sur les deux rives, chargées d’églises, de cottages et de moissons. À droite et à gauche encore s’entrouvrent les vallées secondaires, — à gauche du Thouet, du Layon, de l’Evre, de la Divatte, — à droite de l’Authion et de la Maine, où vient se confondre la quadruple vallée de la Sarthe, du Loir, de la Mayenne et de l’Oudon[161] ; — à distance, vingt rivières, trois cents ruisseaux on ruisselets, qui découpent le terrain de coteaux sans nombre[162] ; mais la variété même s’y présente sans contrastes puissants, sans horizons tourmentés ou grandioses. Presque partout s’offre une nature douce et souriante, qui éclate en ses plus vives élégances dans les beaux bois domaniaux du Baugeois, plus triste et comme assombrie aux abords de la Bretagne, où des haies basses bordent les champs et les routes, et dans les Mauges, où les tuiles rouges ou noirâtres chargent la pente des toits ; — mais là même, au détour de quelque chemin, un frais vallon se rencontre tout boisé de vieux chênes, une clairière de hautes herbes peuplée de grands bœufs, — et sans aller bien loin, quelque cascatelle sourd dans le fossé verdoyant et va prolongeant son sillon à travers des ravines déchiquetées. Le touriste, en quête d’émotions vives, passe indifférent mais plus d’une fois y est revenu s’y faire un gîte à demeure. L’artiste et l’homme d’étude n’ont qu’à marcher pour trouver à chaque pas les traces antiques et les souvenirs et debout encore, — à côté des grands monuments du Moyen Âge ou de la Renaissance, qui comptent au premier rang dans le trésor d’art de la France, Montreuil-Bellay, Cunaud, Fontevraud, Montsoreau, Durtal, Serrant, Brissac, — tant de vieux manoirs de guerre à demi-écroulés, tant de coquettes gentilhommières, tant d’églises rustiques[163], qui gardent pour le curieux leur enseignement inattendu.

Mais le spectacle qu’il n’y faut pas chercher et qu’on n’y retrouverait plus, c’est celui des vastes landes[164], abandonnées en friches ou en marécages, — ou des villages investis par des bandes errantes d’affamés, — ou de ces troupes d’enfants épars de ferme en ferme, à mendier la vie de la famille, sur les chemins. Tout ce passé-là est bien vaincu. Un enseignement d’expérience et de raison s’est fait entendre partout, multiplié, il faut le dire, par une élite intelligente, qui s’est prodiguée en exemple ; et la jachère honteuse a fait place aux moissons régulières ou à des plantations vigoureuses de bois, de vignes, de sapinières. En même temps dans chaque mairie s’est installée l’École[165], desservie à demeure par un fonctionnaire communal, formé petit à petit aux leçons des maîtres, répandant des deux mains la bonne semence ; — et devant cette propagande doublement active du travail fécond et de l’instruction pénétrante s’évanouissent, avec la misère et l’ignorance, les vaines pratiques, les préjugés de routine, toutes les traditions impies des vieilles haines, qu’aucune habileté ne réveillerait plus.

Ces populations, de bienvenue si franche et si aimable, de nature si douce et si facile, qu’on les dit molles[166] et défaillantes, ont pourtant fait preuve en tout temps d’une généreuse ardeur et d’une énergie indomptée. Sans remonter aux temps héroïques de la Gaule, nul renom de chevalerie au xiie siècle n’égalait celui des Angevins en hauts faits de guerre, et il n’y a pas si longtemps que ces prouesses-là ont de nouveau étonné le monde et affirmé vivante encore la race des Dumnacus, des Foulques Nerra, des Geoffroy Martel, des Desroches, des Cossé, des St-Offange, des Ogeron, des Cathelineau, des Bonchamps, des Delaage, des Desjardins, des Du Petit-Thouars. C’est à Angers, sur le tertre St-Laurent, que pour la première fois l’hérésiarque Bérenger proteste au nom de la raison humaine contre les mystères ; — à Angers encore que se fonde la première église réformée de France après celle de Paris, fondée par un Angevin, Jean Lemaçon ; — c’est un Angevin, l’auteur de La République, qui soutient contre tout péril aux États de Blois la cause de la libre conscience ; — et c’est à Saumur que s’installe et pendant près d’un siècle se développe en pleine lutte la grande Académie, où prennent parole Moyse Amyrault, Marc Duncan, Josué de la Place, Tanneguy-Lefèvre, Cameron, les deux Cappel, toute une pléiade d’illustres. Et comment oublier le rôle de la grande bourgeoisie angevine, toujours debout au premier rang des fêtes de la liberté ? — Tout à côté, dans la paix rayonnante des grandes abbayes cisterciennes ou bénédictines, — et la première fille de St Maur n’est-elle pas née sur notre Loire ? — dans la solennité aussi plus ou moins factice des controverses universitaires, se sont formées, avec les Ulger, les Marbode, les Le Maire, honneur de l’École et de l’Épiscopat, des dynasties de légistes, comme celles des Ayrauld, des Livonnière, alliées aux grands noms des Choppin, des Lerat, des Louet, des Dupineau, groupe avant tout d’humeur pratique et réfléchie. De ces deux lignées se réclament, mi-partie gens d’action ou de politique, les Scépeaux, les Maillé-Brézé, les Charnacé, les Contades, — même en descendant peut-être d’un échelon, les Cérisantes et les Bautru. Mais c’est avec ces derniers surtout qu’éclate dans les ruelles et à la cour de France la renommée des beaux esprits d’Anjou et de cette fine langue angevine, que parlaient René Benoist en sa chaire des Halles, et Ménage en ses Mercuriales, et Bernier et Legouz jusqu’au fond des Indes, — qu’animent d’une pointe de gaîté les badineries de Bourdigné, de Leloyer, de Lemasle, — qu’attendrit aussi à son heure la muse amoureuse du roi René et de du Bellay. À cette élite, ni si terne après tout ni si vulgaire, la Science associe de nos jours les noms de Chevreul et de Béclard, et l’Art, qui aurait le droit d’évoquer le souvenir de plus d’un glorieux maître inconnu, se contente d’ajouter un rayon suprême en rappelant l’œuvre de David d’Angers.

Un temps viendra peut-être, — bénie soit l’heure ! — où parmi tous ces ancêtres et tant d’autres encore plus humbles et tout oubliés, chaque village, chaque maison tiendra à honneur de reconnaître les siens, où l’histoire du pays natal deviendra avant tout, comme il ferait si bon de le dire, familière à nos enfants, et où l’on comprendra de plein cœur, ainsi que je l’ai cru bien sentir à chaque page de ce livre, que s’étudier à faire aimer le coin de terre où l’on naît, où l’on grandit, où la tradition s’est formée de toute vie qui a un passé et un avenir, c’est travailler à rallier pour le mieux toutes les âmes dans un sentiment commun d’amour pour la France.


  1. La plupart de ces forêts, aujourd’hui disparues, avaient pris, en se morcelant, des dénominations nouvelles. Il suffit de signaler les seuls vocables antiques, — sur la rive gauche, des forêts de Born, Brignon, le Latay, Leppo, — sur la rive droite, de Bareil, Chandelais, Chambiers, les Echats, Longuenée, Ombrée, Flée, l’Ourzais.
  2. V. Courtiller, Observations sur les armes et les campemens des premiers habitants de nos contrées (Saumur, 1855, 3 p. avec une planche, extrait des Mém. de la Soc. Linn. de M.-et-L., t. II. p. 115) ; — Em. Farge, Mémoire sur la découverte faite par lui, à Chalonnes, de cavernes anté-historiques de l’époque des animaux éteints, dans le Congrès archéol. d’Angers, 1871, p. 38-52.
  3. La découverte date seulement de 1875, V. aux Additions, t. III.
  4. J’ai constaté l’existence, en 1878, — dans un état plus ou moins intact, — de 47 dolmens sur les Cnes d’Aubigné, Bagneux, Beaulieu, Beauvau, Broc, Chemellier, Cholet, Corzé, Courchamps, Coutures, Charcé, Dénezé-sous-Doué, Distré, la Ferrière, Jarzé, le Lion-d’Angers, Fontaine-Guérin, Gennes, La Meignanne, Montsoreau, Pontigné, Miré, Rou, St-Georges-des-Sept-Voies, St-Germain-lès-Monffaucon, St-Lambert-la-Potherie, Saumur, Seiches, Soucelles, Thouarcé, le Toureil, les Ulmes ; — de 3 roulers, sur St-Germain-lès-Montfaucon, la Séguinière, Torfou ; — de 4 galgals sur la Séguinière, Distré, Trémentines et Verrie ; — de 4 cromlechs assez incertains à Beaucouzé, Marcé, Martigné-Briant, Montguillon ; — de 81 peulvans, sur les cnes d’Artannes, Bagneux, la Breille, les Cerqueux-de-MauIévrier, Chambellay, Charcé, Cholet, Coron, Cuon, Dénezé-sous-Doué, Echemiré, le Fief-Sauvin, Freigné, Gennes, la Lande-Chasle, Louresse, Luigné, Martigné-Briant, Maulévrier, la Meignanne, Nyoiseau, la Potherie, la Renaudière, St-André-de-la-Marche, Ste-Gemmes-d’Andigné, St-Georges-des-Sept-Voies, Saint-Germain-lès-Montfaucon, St-Macaire-en-Mauges, St-Martin-d’Arcé, St-Michel-du-Bois, la Séguinière, Torfou, le Toureil, la Tour-Landry, Trémentines. — Cf Notice des Monum. celtiques visités dans le Département de Maine-et-Loire par MM. L. M. Réveillère-Lépeaux, J.-B. Leclerc et Pilastre en octobre 1806 (s.l. in-8o, de 35 p.) ; — Godard-Faultrier, Monuments Gaulois de l’Anjou ou Mémoire sur la Topographie celtique du Département de Maine-et-Loire (Angers, Cosnier et Lachèse, in-8o de 136 p., extr. du Répert, archéol, de M.-et-L. 1859-1860). L’auteur, en mentionnant même les monuments détruits, compte en tout seulement 36 dolmens et 39 peulvans.
  5. V. t. I, p. 35.
  6. De Bell. Gall., II, 35 ; III, 7 ; VII, 4 ; VIII, 26.
  7. Ann., III, 41.
  8. , XXXII.
  9. II, 8.
  10. V. t. I, p. 35 et Desjardins, Géographie hist. et admin. de la Gaule romaine, II, 483-484.
  11. Tout au contraire, l’auteur des Commentaires les distingue formellement, l. II, 35, des cités maritimes que le chap. XXXVI énumère, et dans le texte, allégué sans cesse, du livre VII, 4 : Pictones, Cadurcos, Turones, Aulercos, Lemovices, Andes reliquosque omnes qui Oceanum attingunt, c’est un contre-sens formel d’interpréter l’expression, reliquosque omnes, qui est disjonctive et qui équivaut à : « sans parler de… », comme si l’auteur avait écrit cæterosque. — Dans cette autre phrase enfin, proximus mare Oceanum in Andibus hiemabat, Crassus est dit camper seulement à portée de l’Océan, en occupant un pays limitrophe ou voisin des populations du littoral. Les autres passages n’ont pas trait à la question. Cf. Dict, archéol. de la Gaule, p. 59.
  12. Liv. VII, 4.
  13. Liv. VII, 75.
  14. C’est la limite naturelle et encore indiquée au IXe s. dans la Chronique de St Brieuc (D. Morice, I, 28). Il est certain pourtant qu’elle était franchie dès le Ve s., tout au moins au VIIe siècle, par l’Anjou, à qui la légende de St Maurille, rédigée par St Maimbeuf, attribue formellement Chalonnes-sur-Loire : In territorio civitatis Andecavœ, loco qui dicitur Calonna super littus ligeris (Boll., sept., IV, 72).
  15. Il faut prendre garde que le Doué des textes antérieurs tout au moins au Xe s. n’est pas le Doué actuel, qui n’a jamais fait partie ni du Poitou ni de l’Aquitaine, mais bien la Chapelle-sous-Doué.
  16. V. l’art. Lézon, t. II, p. 514-515.
  17. Biblioth, de l’Ec. des Chartes, 5e série, t. V, p. 237. Il semble avoir confondu St-Florent-le-Vieil avec St-Florent près Saumur, sur le Thouet.
  18. Origines de l’Église de Poitiers, p. 9.
  19. Trois colliers de ce genre viennent encore d’être trouvés en creusant un puits à Antoigné (mai 1878)
  20. La numismatique angevine de ce second âge ne peut revendiquer encore avec quelqne vraisemblance que les statères en or au type dégénéré des Philippes Macédoniens, représentant un char attelé, que conduit un auriga ; sous le cheval, une demi-figure humaine, qui semble lui tenir les pieds, — et dans les derniers temps prend la forme d’une roue. Il en a été trouvé de beaux types près Candé et à Tigné. — Aucune pièce en bronze de ce temps n’a encore pu être attribuée à l’Anjou, au témoignage de M. Anatole de Barthélémy.
  21. Fustel de Coulanges, 2e édit., p. 591.
  22. C’est ainsi du moins qu’après Dubos, III, 6, la critique moderne, Lehuéron, I, 227, Pétigny, II, 223-237, et en dernier lieu Fustel de Coulanges, 2e édit., p. 634, interprètent le fameux passage de Grégoire de Tours, II, 18, bien différemment compris par Frédégaire (D. Bouq. II, 546) et encore aujourd’hui par tous les livres angevins.
  23. Bolland., t. II, p. 331.
  24. Prœsertim cum ampliorem illis tam regni quam divitiarum obtineamus potestatem, lui fait dire le légendaire. Ibid., p,. 331.
  25. Grég, de Tours, V, 27.
  26. D. Bouq. III, 110.
  27. Cum in omni regno summam ohtineret potestatem ac vice comitis in Andegavensi eo tempore fungeretur pago, Boll., janv., t. II, p. 329.
  28. Grég. de T., VIII, 18, 41 et 43.
  29. Comes atque dux Andegavensium erat. Boll., février, III, 672.
  30. D. Bouq., II. 684.
  31. Ibid., VI, 639.
  32. Au Vieux-Doué, c’est-à-dire à la Chapelle-sous-Doué.
  33. Hist. litt., XXII, p. 683.
  34. Il existe on denier de Charlemagne au nom de Roland et probablement de cette époque, sans qu’on puisse affirmer son origine angevine.
  35. Andegavensem comitatum cum abbatiis et fiscis in eodem pago sitis. Boll, janvier, t. II. p. 338.
  36. 1er Cartul. St-Serge, f. 7, et G 689 ; Cartul. St-Aubin, f. 5.
  37. Ex comitatu suo, Hauréau, Pr., p. 145.
  38. In qua comitum predecessorum suorum sedes fuisse memoratur. Ibid.
  39. Tunc temporis territorii Nannetici vicum, D. Lobin, I, 41.
  40. Qui ducatum tenebat inter Sequanam et Ligerim.
  41. Dominante Erispoe totam Britaniam et usque ad Medanum flumen, D. Lobineau, II, 55 et 367. — Dominante Salomone… usque Medanum flumen, Cartul. de Redon, ch. 72. — La Chronique de St-Brieuc dit : Usque ad medium pontia urbis Andegavœ.
  42. V. t. I. p. 37 et t. III, p. 230.
  43. Mabille, Invas. Normandes dans la Biblioth. de l’Ec. des Ch. 1869.
  44. Foulques le Roux 886-941. — Foulques le Bon 842-960. — Geoffroy Grisegonelle 960-987. — Foulques Nerra 987-1040. — Geoffroy Martel 1040-1060. — Geoffroy le Barbu 1060-1067. Foulques Rechin 1067-1109. — Foulques le Jeune 1109-1129. — Geoffroy le Bel ou Plantagenet 1129-1151. — Henri II 1151-1189. — Richard Cœur de Lion 1189-1199. — Arthur 1199-1202. — Jean sans Terre 1202-1203.
  45. V. la Note de M. Hucher, dans la Rev. Numism., 1847, t. II, p. 315.
  46. Gratia Dei et senioris Hugonis largitione Andeg. comes 966. Cartul. St-Aubin.
  47. Un certain nombre de triens en or se rencontrent à l’époque mérovingienne, sans porter aucun nom de roi mais seulement celui du monétaire qui les a frappés : Allegisilus (Didron, Ann. arc., VIII, 1194, Allo (Combrouse, pl. 4, no 4), Aunardus, Bonriadus, Baudulfus, Chudbertus, Cod. vit (Gréau}. Gando (Combrouse, pl. 4, no 6), Gundoaldus, Hadenarus (Lelewel, tit. Ier, 69-70), Ido (Combrouse, pl. 1, no 6 ;, Launardus (Combrouse, pl. 4, no 12) ou Leunardus (Didron, VIII, 194), Leudenus, Leunulfus (Combrouse, pl. 4, no 7), Landoaldus, Lairardus, Leo, Leupenus (Combrouse, pl. 4, no 10), Martinus (Soc. archéol. de Nantes, 1861, t. l), Mellobodus {Rev. d’An. 1857, I. 246), Nunnus (Combrouse, pl. 4, no 7), Suninoaldus (Ponton d’Amécourt et Roger, p. 348), Occoadus (Belouin, d’Angers), Ocopus (Aug. Michel, d’A.), Seudulfus (Combr. 3, pl. 4) ou Senedulfus (Ponton d’Amécourt), Sisbertus (Combr., 5. pl. 4), Theodegisilus (Didron, VIII, 194 et Combr., 2, pl. 4), Valdolenus ; — et celui des localités : Andegavis c., Andecavis, Andecnis civ., Brionno, Blote, Camiliaco, Lorovio, Onacedone. Un type porte : Andecavi eclesie, de l’église cathédrale St-Maurice d’Angers, que donne encore un denier d’argent de la fin du VIIe s. : Ecclesie Andeg., — au nom de R † lodoastus mon. (B. Fillon) ; — un triens, plus récent de deux siècles (930-1025) : † Beati Florentii, et au revers : Castrum Salmuru, de l’abbaye St-Florent du château de Saumur. — Il ne semble pas que la monnaie carolingienne d’Angers soit antérieure à Charles le Chauve ni peut-être à l’édit de Pitres (865), dont elle reproduit à peu près les prescriptions. Le monogramme d’Eudes se substitua au monogramme carolin jusqu’au règne de Charles le Simple, et reparaît déformé au milieu du Xe siècle avec les anciennes légendes royales. C’est le nouveau type, d’ailleurs passager, qu’on peut attribuer à Foulques le Roux ou à son fils Foulques le Bon. Foulques Nerra adopte un monogramme qui, en rappelant celui de Charles le Simple, ne contenait cependant que les lettres de son nom Fulco et qui, employé par tous ses successeurs, s’altère peu à peu et se transforme à la fin du règne de Charles Ier d’Anjou en une clef. Geoffroy Martel est le premier comte (1040-1060), qui inscrit son propre nom sur la légende en place de la formule antiquo : Gratia Dei comes. — Le roi Philippe racheta en 1319 au comte Charles, son oncle, le privilège de battre monnaie, en maintenant à Angers un atelier monétaire. M. de Saulcy a publié les nombreux documents, qui le concernent, de 1331 à 1547, dans ses Eléments de l’histoire des ateliers monétaires (Paris, 1876, in-4o de IV-166 p.). Sa marque spéciale était un point sous la 7e lettre et une clef jusqu’en 1456, — et depuis 1539, la lettre F. — Numismatique et Note Mss. de M. Anat. de Barthélémy. — Répert. arc. 1858. p. 73-75 ; 1861, p. 228 ; 1863, p. 417, avec des reproductions des types donnés par Combrouse. — Congrès histoire. d’Angers, I, 369. — Roger. Hist. d’An. p. 247-248. — Pétrinean, Monnaies d’Anjou, Mss. 962. — Lecoy de la Marche, Le Roi René I, 465. — Mém. de la Soc. d’Agr. Sc. et Arts d’Angers I, 88 ; 2e série, I, 5.
  48. D. Bouquet, X, 149. — Faye, dans la Rev, d’Anj., 1853, p. 500-509.
  49. M. Longnon a le premier et tout récemment, par l’interprétation ingénieuse d’un passage de Grégoire de Tours, Hist. Franc., IV, 18, ajouté ce fait curieux à l’histoire de Chantoceaux. Mém. des Antiq. de France, XXXVII, 140-148, et tirage à part.
  50. A priscis Francie regnum temporibus Andegavum atque Neustriam regionem libere tenentium a Castro Salmuro politissimam dominationem, vulgariter vicariam, didam terminabat Gegina vicus, Hist. de St-Florent, L. R., f. 54 v°.
  51. Cum regni sui optimatibus 1036. Cartul. de St-Maur, ch. 33. — Andegaviœ monarchia. De commend. Turon. pro., dans Salmon, Chron. Tour., p. 292. C’est aussi l’expression qu’emploie le moine Jean, dès le début de sa Vie de Geoffroy Plantagenet.
  52. Pagus civitatis Andegav. 1055. Chalonnes, ch. or. — In pago Andecavensi, in comitatu quoque ejusdem pagi 1060. Liv. N., p. 189. — In pago Morennensi scilicet Andecavensi 1050 circa. Daumeray, ch. or.
  53. Je ne répète pas ici les textes, qu’on trouvera à chaque article. Pour celui de Brissac, qui est une restitution tardive, V. t. II, p. 423-424. Pour Rochefort, c’est, je crois, le Commonicus pagus, qui a laissé son nom aux vill. et aux cantons de Chaume et Quarts-de-Chaume.
  54. Cette dénomination a pris la valeur exacte, à cette date, du pagus dans ses deux sens, général ou restreint.
  55. Aujourd’hui en Indre-et-Loire. C’est la vicaria Catenacensis, que Mabille place à Chétigné.
  56. Comes et abbas Sti Florentii… contendebant pro filiis servorum… ; abbas namque omnem fructum eorum ad partem Sti Florentii pertinere, aecundum morem istius pagi, dicebat ; comes autem medietatem sibi pertinere contendebat. Tandem… consensit abbas…, ut partirentur filii Landrici servi. Accepit ergo comes in suam partem istos, etc. Liv. N., f. 961. — Dans la suite du même acte est relaté le partage d’une famille entre les religieux de Saint-Florent et les chanoines de St-Maurice. V. aussi Cartul. St-Aubin, f. 76 v° et alias. — Tel serf même appartient par indivis à deux maîtres : …Ego Marcoardus… dedi Sto Florentio.., partem meam de quodam servo, cujus para media meæ possessionis, media vero ipsius Sti Florentii erat 1050 circa. Liv. N., f. 281.
  57. Willelmus, dux Normannorum, dedit Sto Florentio… villam cum omnibus appenditiis suis… id est ecclesiam, … et XII hospites et quinque liberos milites et unum molendinum 1050 circa. Liv. Bl., f. 95.
  58. Excepto prœlio generali pro defensione regni 1129-1151. Cartul. St-Serge, f. 268. — Excepta summonitione per nomen prœlii et castelli in marchia suæ terræ faciendi… et ducet eos non vicarius comitis sed minister Sti Florentii 1035-1055. Liv. N., f. 52.
  59. Sur cette période V. l’excellent livre de M. d’Espinay, Les Cartulairea angevins (Angers, 1864, in-8o de 338 p.).
  60. Andegavenses, quorum præ cœteris populis erat in actis bellicis fama celebrior. Petri Blesensis epist. 69 ad Rad. episc. Andeg.
  61. Une charte nous le montre recevant deux seigneurs : Invenerunt comitem in aula sua sedentem super mensam et ante eum Gosfredum Fulcradi, dapiferum suum. Stabat quoque ante eum super caballum suum Gilduinus de Doado, tenens accipitrem. Liv. Bl., f. 21 v°.
  62. On sait qu’au rapport d’Orderic Vital, I. VIII (Coll. Guizot, XXVII, 281) la mode singulière des souliers à la poulaine fut imposée par Foulques Réchin.
  63. Deux advocati et législatures signent l’acte de 941, publié par Mabille, p. CIV. On ferait un curieux recueil des chartes angevines, où le comte siège dans les plaids.
  64. Il est dans Ménage, Sablé, p. 193.
  65. Nos qui per totam Andegaviam permisssione Dei gladio ultimur regio, dit-il dans on acte de 1209. — Arch. de M.-et-L. H Chaloché, Rentes III. 256.
  66. D. Morice, I. 156.
  67. St Louis en Anjou, dans la Rev. d’Anj., 1853, p. 1 et 457, art. de M. Lemarchand ; — et dans la Bibl. de l’Ec. des Ch., 3e série, t. IV, p. 22, art. de Boutaric.
  68. Dedimus et pro parte terre assignavimus Andegavum cum pertinenciis in feodis et domaniis, Salmurum cum pertinenciis in feodis, Belgiacum cum pertinenciis in feodis et id quod habemus apud Bellum Fortem, Le texte intégral est publié par Lecoy de la M., Le Roi René, t. I. p. 205.
  69. Les deux actes sont au registre Arch. nat. P 13341. Le premier est publié intégralement par Lecoy de la M., II. 204-206.
  70. V. La Peste noire en Anjou, dans la Rev. d’Anj., 1854, t. I, p. 82-96, art. du Dr  Farge.
  71. Le 10 août, d’après D. Piolin, Hist. de l’Egl. du Mans, V, 88, — et Luce, Rev. des Quest. Hist., Juillet 1S78, p. 227. Les Doléances de 1450, Reg. P 1341, f. 38 des Arch. nat., dans les Arch, d’Anj., II, 307, donnent la date de 1424.
  72. Arch. d’Anj., II, p. 314.
  73. V. t. I. p. 33, et t. III, p. 239.
  74. V. Lecoy de la M., Le Roi René, t. I, p. 445.
  75. Vocatis baronibus et magnatibus earumdem terrarum… consensu dictorum baronum et militum, Ordonn. I, 58 et 60. L’original de la déclaration des 25 barons figure, scellé encore de 19 sceaux, an Musée des Archives Nationales.
  76. Ordonn., II, 405, 557 ; III, 25, 39, 683, 684.
  77. Les médaillers possèdent plusiears de ses curieux jetons en laiton XIe s., — dont un porte au centre l’écu lozangé Anjou-Sicile ; légende : Getouer des Comptes d’Angiers ; au revers, une croix fleurdelisée ; légende : Qui bien gettera le gette ; — un autre, en légende : Crucem tuam adoramus, Domine ; au revers, une croix de Lorraine, accostée de deux R ; légende : Pour le compte d’Angiers ; — un autre, une croix de Lorraine accostée de deux fleurs de lys ; légende : Vide ne crucem calces ; au revers, un guerrier renversé et foulé aux pieds ; légende : Jus est in armis ; — un autre, parti Anjou-Sicile ; légende : Pour le vray savoir ; au revers, une croix fleurdelysée dans un fleuron quadrilobé.
  78. Elles forment aujourd’hui un des plus précieux fonds des Archives nationales, qui au grand profit des études historiques pourrait être réintégré dans les Archives de Maine-et-Loire. On y trouve notamment la série des Papiers-journaux (Recettes et dépenses de 1450 à 1489), P 1340-1345, 1347, 1348, 1354, les comptes de l’Hôtel de la duchesse (1365-1366, 1409-1438, 1449-1452), KK 241, 243-245, les comptes de la Trésorerie et des dépenses du duc (1375-1379, 1446-1449, 1460, 1480), KK 242, 246, 247 ; — le Papier du Conseil 1450-1457. P 1353, et toute une série d’aveux, hommages, contrats du XIVe à la fin du XVe s. P 329-350 ; 1115-1121 ; 1133-1351. V. l’Invent. somm. et Tableau méthod. desfonds des Arch. nat., in-4o, 1871, p. 339-340.
  79. Viollet, Les Sources des Etablissements de St-Louis (Paris, Champion, 1877, in-8o », 101 p.). — On ne connaît que deux Mss. de cette rédaction primitive, dont un à la Biblioth. Nat., l’autre à l’Arsenal, l’un et l’autre du XIVe s. Elle a été éditée pour la première fois par M. Beautemps-Beaupré, Coutumes et Institutions de l’Anjou et du Maine. Texte et documents (Paris, Durand, 1877-1878, t. 1 et II, seuls parus encore. L’ouvrage aura six volumes). M. Viollet en annonce la réimpression, (comme annexe à sa édition prochaine des Etablissements.
  80. Les sept premiers chapitres exceptés.
  81. cf. cette dernière rédaction au Mss. 333 (in-4° vélin de 123 fol.).
  82. cf. le Procès-verbal en tête des éditions et pour les commentaires, les articles du Dictionnaire aux noms de Higon, Bodin, Dupineau, Pocquet de Livonnière, Chailland, Paulmier, Eveillard, Guérin de la Piverdière, etc.
  83. Pour son histoire, ajouter aux sources citées, t. I, p. 76-78, deux publications récentes : Facultés, collèges et professeurs de l’Université d’Angers du XVe s., à la Révolution française, par L. de Lens, inspecteur honoraire d’Académie, en cours d’impression dans la Revue d’Anjou, dont le premier fascicule en vente porte en sons-titre : Livre premier : L’Université en général (1877, in-8o de 144 p.) ; — et Statuts des Quatre Facultés de l’Université d’Angers, 1878, in-8o de vi-75 p., avec 4 sceaux gravés.
  84. V. Le Franc Archier de Cherré dans le Recueil de Poésies publié par MM. de Montaiglon et de Rotschild.
  85. V. t. I. p. 39.
  86. Pour les détails, V. aux biographies de ce livre, — et la belle thèse de M. Mourin, La Réforme et la Ligue en Anjou, Paris— Angers, 1856, in-8o de 321 p.
  87. « Ce procédé si sévère et qu’on ne peut pas entièrement approuver en sa forme », dit tout simplement le moine Roger, p. 438.
  88. V. t. III, p. 153.
  89. V. t. II, p. 120.
  90. V. l’historique, t. I. p. 700.
  91. Tome III, p. 169 et 626.
  92. Tome III, p. 509.
  93. V. t. III, p. 615 et 617
  94. Tome II, p. 712.
  95. Tome III, p. 370.
  96. Tome II, p. 469.
  97. Mss. 894, f. 68.
  98. Guillory, Les Vignes rouges et les vins rouges en Maine-et-Loire (Angers, Barassé, 1861, in-8o de 150 p. ; — Les Vins blancs d’Anjou et de Maine-et-Loire (Ibid., 2e édit., 1874, in-12 de 142 p.). — Planchenault, Notice historique et pratique sur la culture de la vigne spécialement en Anjou (Angers, Lachèse, 1866, in-8o de 58 p.). — A. Bouchard, Essai sur l’hist. de la culture de la vigne dans le Département de Maine-et-Loire (Ibid., 1876, in-8o de 78 p.).
  99. V. t. I, p. 215 l’art Basson.
  100. La plus ancienne carte du Duché d’Anjou est celle de L. Guyet 1573, — V. t. II, p. 338, — maintes fois reproduite. Le travail nouveau de J. Leloyer en 1654 donne en même temps les limites du Diocèse, V. t. II, p. 492. — J.-B. Nolin, géographe, a donné en 1759 celle du Gouvernement militaire de la province et duché d’Anjou, gouvernement du Saumurois. Elle indique aussi la Direction d’Angérs, divisée en ses greniers et despots et les bureaux pour les Traites.
  101. 16 paroisses de la baronnie de Montreuil-B., siège d’une Élection angevine, dépendaient de l’Élection de Thouars.
  102. L’édit de juillet 1639 réunit les Marches communes partie à la Sénéchaussée de Saumur, partie à la Sénéchaussée d’Angers, et une sentence du Présidial en date du 7 mars 1641 déclara Marches communes, dans le ressort d’Angers, St-Pierre-des-Echaubrognes, la Tessoualle, Evrunes, St-Christophe-du-Bois, la Séguinière, le petit Cholet, St-André-de-la-Marche, le May, St-Macaire, la Romagne, Roussay, le Longeron, pour la partie en deçà de la Sèvre, Torfou et Montigné. V. G. Hulin, Traité de la nature et des usages des Marches séparantes les provinces de Poitou, Bretagne et Anjou (Poitiers, Jean Faucon. 1772, in-16). — Pocquet de L., Coutume d’Anj., t. II, p. 1368.
  103. Mentionnées dans Isambert, V, 366.
  104. Il existe un Journal du Présidial d’Angers, Mss. 926, in-fol. pap. de 225 f., comprenant de 1649 à 1782. La publication, commencée à deux reprises dans la Revue d’Anjou, janvier 1858 et janvier 1861, s’est interrompue au 2 août 1738 — et comprend 257 pages, in-8o.
  105. Pour le détail et la liste des paroisses, V. les Coutumes d’Anjou, notamment l’édition in-8o, 1751, Angers, Barrière, p. 429-459.
  106. Sans parler du livre d’Alliot, dont la partie angevine est attribuée à Cl. Ménard, il n’existe imprimé qu’un seul Pouillé, spécial au Diocèse d’Angers (Angers, Mame, 1783, in-8o de 200 p.), remarquable surtout par ses incorrections. Les Arch. de M.-et-L. possèdent Mss. in-fol. de 225 pages, un « Poulier et rolle », dressé par René Lenfant pour la recette des décimes en 1685, — et un Pouillé de l’église St-Maurice d’Angers, G 278, rédigé par le chanoine Javary en 1724, complété en 1730. Pocquet de Livonnière préparait un Pouillé historique, dont le cadre informe est entré à la Biblioth. d’Angers, Mss. 648, ainsi qu’un double du Pouillé de Javary, Mss. 649, et un Pouillé du diocèse, Mss. 650, dressé sous l’évêque Mic. Le Pellelier. — Les Statuts du Diocèse ont été publiés par l’évêque H. Arnauld (Angers, O. Avril, 1680, in-4o de 778 p., plus un Appendix de 170 p.).
  107. La plus ancienne carte du Diocèse d’Angers est celle de Jean Leloyer, V. t. II, p. 492.
  108. V. t. III. p. 367.
  109. Choppin, De Sacra Polit., l. II, tit. VII, ch. xv.
  110. a et b V. t. I, p. 52-60. Les quatorze autres sont ceux de Beaupréau, Blaison, Châteaugontier, Chemillé, Craon, Doué, la Grésille, Jarzé. Martigné-Briant, Montreuil-Bellay, St-Pierre-Maulimart, Ste-Croix de Montsoreau, le Puy-Notre-Dame, le Tremblay, dont treize compris dans l’étendue actuelle de Maine-et-Loire.
  111. V. pour le temporel et les domaines V. les articles G 28-259 des Archives de M.-et-L. ; — pour le détail des cérémonies de l’installation, le Livre de Guill. Le Maire, Mss. G 9, publié dans la collect. des Doc. inédits, Mélanges, t. II, — et à part, in-4o de 385 pages.
  112. Évêques d’Angers : Defensor ou Auxilius 350 ? —372 ? — Apothème, † vers 389. — Prosperius… — Maurille, vers 400. — Talasius 453. — Eumerius vers 480. — Eustochius 511. — Adelphe… — Aubin 529-550. — Eutrope 551, 556. — Domitien, 557, † vers 569. — Baudegesile 560-573. — Audovée, 581. — Lézin 592 ? —608 ?. — Cardulfe 608 ? —610 ? — Maimbeuf 610-660 ? — Niulphe… — Loup… — Agilbert… — Godohertus… — Gariarius… — Boson… — Colatobus… — Benignus… — Bertus… — Satrius 756. — Mauriolus 765, 770. — Gentianus… — Benoît 818. — Flodegaire 828. — Argleharius, † en 837. — Dodon 838. — Rainon 881, 905. — Rothard 910 ? — Rainaud 920 ? — Hervé 929, 942. — Aymon…… — Nefingus 966, † en 973. — Rainaud, 973-1005. — Hubert de Vendôme 1007, † en 1047. — Eusèbe Brunon, 1047-1081. — Geoffroy de Tours 1081-1093. — Geoffroy de Mayenne 1093-1101. — Rainaud de Martigné 1102-1125. — Ulger 1125-1149. — Normand de Doué 1150-1153. — Mathieu de Loudun 1155-1162. — Geoffroy Moschet 1162-1178. — Raoul de Beaumont 1178-1197. — Guillaume de Chemillé 1197-1199. — Guillaume de Beaumont 1202-1240. — Michel de Villoiseau 1240-1260. — Nicolas Gellent 1260-1291. — Guillaume Le Maire 1291-1317. — Hugues Odard 1317-1323. — Foulques de Mathefelon 1323-1355. — Raoul de Machecoul 1356-1358. — Guillaume Turpin 1360-1371. — Milon de Dormans 1371-1372. — Hardouin de Bueil 1374-1439. — Jean Michel 1439-1447. — Jean de Beauvau 1447-1467 et 1476-1479. — Jean Balue 1467-1476 et 1490-1491. — Auger de Brie 1479-1490. — Jean de Rély 1491-1499. — François de Rohan 1499-1532. — Jean Olivier 1532-1540. — Gabriel Bouvery 1540-1572. — Guillaume Ruzé 1572-1587. — CharlesMiron 1587-1616. — Guillaume Fouquet de la Varenne 1616-1621. — Charles Miron, de nouveau, 1621-1626. — Claude de Rueil 1628-1649. — Henri Arnauld 1650-1692. — Michel Lepelletier 1692-1706. — Michel Poncet de la Rivière 1707-1730. — Jean de Vaugirault 1731-1758. — Jacques de Grasse 1758-1782. — Michel-François Couet du Vivier de Lorry 1782-1791. — Pour la suite, V. les articles Hugues Pelletier, Montault, Paysan, Angebault, — Une très-médiocre Histoire de l’Évêché d’Angers a été donnée par l’abbé Tresvaux, 2 vol. in-8o. L’œuvre est reprise avec plus de science et de style par M. l’abbé Pletteau, qui en a publié de nombreux fragments dans la Revue d’Anjou. Elle a été préparée depuis deux siècles par les travaux d’Arthaud, Grandet, Ménard, Pocquet de Livonnière, Rangeard, Pétrineau des Noulis, dont les Mss. sont entrés à la Biblioth. d’Angers et invoqués aux articles biographiques dans mon livre.
  113. Il faut tout au moins mentionner ici l’abbaye de Fontevraud, chef d’ordre, sise à l’extrême confin du diocèse de Poitiers, mais en Anjou comme aujourd’hui en Maine-et-Loire.
  114. On a des jetons en cuivre de 1563 et 1565 encore au nom d'Hercules, duc d’Anjou. Ils sont publiés par M. A. Bertrand dans la Rev. du Maine, 1877, t. II.
  115. V. aux Arch. nat. les articles O 19131-143, 19157-158, 19166-167, 19174, 19185-188, 19197-202, 19347-355, 19433-442 ; — aux Archives de Maine-et-Loire C 125-160.
  116. Lors du rétablissement à Angers en 1773 de la mairie élective, le Conseil vota la distribution d’un jeton qui devait représenter La France à genoux que Monsieur présente au roi, avec l’exergue : Sic ad regem et la légende : Louis-Stanislas Xavier ; au revers les armes d’Angers. Le prince demanda par modestie que l’exergue portât : Ad Regem mediator. Arch. de la ville, BB 126, f. 6, 26, 66. — Nombre d’autres jetons existent, dont un portant dans le champ le portrait du prince et en légende ; Lud-Stan.-Xav., dux Andegavensis ; au revers, dans le champ, le portrait de Louise de Savoie, comtesse de Provence.
  117. V. aux Arch. nat. K 680 ; aux Arch. de Maine-et-Loire C 164-165. — Son sceau porte en légende : Assemblée provinciale d’Anjou et dans le champ les armes de la province : de France à la bordure de gueules.
  118. Angers, Baugé, Beaupréau, Brissac, Châteaugontier, Château-Lavallière, Châteauneuf, Cholet, Craon, Doué, la Flèche, Montreuil-Bellay, Sablé, St-Georges-sur-Loire, Saumur, Segré.
  119. V. aux Arch. de M.-et-L. les articles 164-214.
  120. Les Cahiers de la Sénéchaussée d’Angers sont malheureusement les seuls encore que j’aie pu retrouver.
  121. Comme l’indique un avis en tête du Cahier imprimé contenant les vœux des communes de la Province d’Anjou, Paris, Desenne, 1780, in-8o de 63 pages.
  122. Une recommandation particulière est faite aux députés de se conformer à cet article, p. 57.
  123. Nombre de paroisses d’Anjou fixent cette taxe au dixième du revenu foncier (La Fosse-de-tigné, Liré, le Louroux-Bév., Montfaucon, Morannes, la Boissière et la Chapelle-St-Florent), avec un impôt « sur les gens à portefeuille », commerçants, rentiers (les Cerqueux-de-Maulévrier, la Cornuaille, Juvardeil, Neuvy, St-Jean-de-Linières) et sur les domestiques et les voitures (Morannes, la Cornuaille, etc., etc.). — La petite paroisse de l’Hôpital St-Gilles demande la création d’un ministère du Tiers-État.
  124. Tous les Cahiers locaux, sans prévoir si loin, demandent avant tout une école et un hôpital.
  125. Milscent, Volney, L.-M de la Révellière-Lépeaux, L.-E. Brevet de Beaujour, J.-Fr. Riche, L.-Fr. Allard, Th.-M.-G Desmazières, J.-C. Lemeignan.
  126. Urb. Pilastre, J.-B. Leclerc, P.-J. Druillon, Urb.-R. Davy des Piltières.
  127. Leclerc et Pilastre furent d’abord chargés par leurs collègues de rédiger cette Correspondance de MM. les Députés des Communes de la province d’Anjou avec leurs commettants, imprimée à Angers chez Pavie. Elle comprend jusqu’en 1791, 11 volumes in-8o, dont 1 de tables.
  128. Ils ont tous, — ainsi que ceux qui vont suivre, leur article dans ce livre, — pour peu qu’ils ne soient pas restés absolument étrangers au Département de Maine-et-Loire, comme Martinet ou Ferrières.
  129. Termes de l’adresse de St-Marin de Beaupréau, que signe d’Elbée, 26 juillet. J’ai publié ce document à la suite de l'Invent. analyt. des Arch. munic. d’Angers, p. 503
  130. V. aux Arch. mun. d’Angers le Reg. E 6, f.43 et la liasse CC 173.
  131. Procès-verbal de l’Assemblée de la Bretagne et de l’Anjou tenue à Pontivy les 15 et autres jours de février 1790 (Paris, Desenne, 1790, in-4o de 53 p.)
  132. Organisation de 1790. — District d'Angers, comprenant 17 cantons : Chantocé (5 communes), le Louroux (2), St-Georges (6), Bouchemaine (6), St-Clément-de-la-Plance (5), Avrillé (8), Pellouailles (5), St-Samson (5), Trélazé (4), St-Mathurin (4), St-Laud (4), les Ponts-de-Cé (4), Chalonnes (1), St-Aubin-de-Luigné (2), Rochefort (2), Mozé (4), Blaison (5) ; — de Saumur, contenant 15 cantons : Saumur (1 commune), les Rosiers (2), St-Lambert (3), Villebernier (3), Brain (3), St-Georges-des-Sept-Voies (6), Gennes (6), Dénezé (7), Distré (8), Doué (4), Courchamps (8), le Puy-N.-D. (3), Montreuil-Bellay (4), Chacé (9), Fontevraud (5) ; — de Baugé, 17 cantons : Vernoil (2 communes), Longué (3), Jumelles (3), Beaufort (2), Fontaine-Guérin (4), Mazé (2), Bauné (3), Seiches (3), Jarzé (7), Montigné (4), Clefs (4), Genneteil (4), Noyant (5), Parcé (4), Mouliherne (4), Lasse (4), Baugé (4) ; — de Chateauneuf, 9 cantons : Durtal (5 communes), Baracé (4), Tiercé (3), Morannes (2), Contigné (4), Querré (6), Feneu (4), Cheffes (5), Châteauneuf (4) ; — de Segré, 10 cantons : Pouancé (5 communes), Challain (4), Candé (3), Vern (4), le Lion-d’Angers (4), St-Martin-du-Bois (5), Segré (4), la Ferrière (5), Bouillé-Ménard (7), Combrée (5) ; — de Saint-Florent, 9 cantons : Chantoceaux (3 communes), Saint-Christophe-la-Couperie (5), Bouzillé (3), Montrevault (5), Beaupréau (5), la Chapelle-Aubry (5), St-Laurent-de-la-Plaine (5), la Pommeraie (3), St-Florent (6) ; — de Cholet, 11 cantons : Chemillé (3 communes), Jallains (3), Villedieu (5), Montfaucon (5), la Romagne (4), St-André (3), le May (3), Cholet (3), Maulévrier (5), Vézins (4), Trémentines (4) ; — de Vihiers, 10 cantons : Brissac (6 communes), Thouarcé (3), St-Lambert (4), Gonnord (3), Coron (3), Vihiers (4), Passavant (5), Trémont (6), Martigné (5), Chavagnes (5).
  133. Au Département de La Sarthe, 29 paroises : Arthezé, Bailleul, Bousse, la Bruère, La Chapelle-aux-Choux, la Chapelle-d’Aligné, Chenu, Courtilliers, Cré, Créans, Cromières, Dissé, Dureil, la Flèche, Louailles, le Lude, Parcé, le Pé, Pincé, Précigné, St-Germain-d’Arcé, St-Germain-du-Val, St-Mars de Cré, Ste-Colombe, Thorée, Varennes-Boureau, Verron, Villaines-sous-Malicorne, Viré, Vion ; — au Département de La Mayenne, 51 : Ampoigné, Argenton, Athée, l’Aubrière, Azé, Ballois, Bazouges, Bierné, la Boissière, Bouchamps, Brain-sur-les-Marches, la Chapelle-Craonnaise, Châteaugontier, Châtelain, Chemazé, Chérancé, Congrier, Craon, le Coudray-Geniers, Daon, Dénazé, Fontaine-Couverte, Gatines, Laigné, Livré, Loigné, Marigné-Peuton, Mée, Ménil, Méral, Niafle, Peuton, Pommérieux, Renazé, la Roë, la Rouaudière, St-Aignan, St-Denis-d’Anjou, St-Erblon, St-Fort, St-Laurent-des-Mortiers, St-Martin-du-Limet, St-Michel-de-Feins, St-Michel-de-la-Roë, St-Poix, St-Quentin, St-Saturnin-du-Limet, la Selle-Craonnaise, Senonnes, Simplé, Villiers-Charlemagne ; — au Département de l'Indre-et-Loire, 26 : Avrillé, Benais, St-Germain de Bourgueil, St-Nicolas de Bourgueil, Brais, Channay, la Chapelle-Blanche, Château-la-Vallière, Chemillé, Chouzé-des-Levées, Chouzé-le-Sec, Continvoir, Couesme, Courcelles, Gizeux, Lublé, Marsilly, Restigné, Rillé, St-Georges-d’Hommes, Saint-Laurent-du-Lin, St-Philibert-de-la-Pelouse, St-Simphorien-des-Ponceaux, Savigné, la Taille, Villiers-Aubouin.
  134. Instructions pour l’organisation du Département de Maine-et-Loire avec sa division par districts et cantons (Angers, Mame, 1790, in-4o de 39 p.).
  135. Procès-verbal de l’Assemblée des Electeurs du Département de M.-et-L., commencée le 10 mai 1790 en la ville d’Angers (Angers, Pavie, 1790, in-8o de 200 p.).
  136. V. t.III, p.493.
  137. Procès-verbal des séances du Conseil du Département de Maine-et-Loire, commencé te 28 juin 1790. — 1re session. — La Loi et le Roi (Angers, Maine, 1791, in-4o de 95 p.).
  138. Vingt-trois curés refusent le serment sur les cinquante et une paroisses du District d’Angers.
  139. La Liste est imprimée des grandes dames qui ont souscrit pour offrir le drapeau aux fédérés de 1790, et M. Bougler en cite une partie, t I, p. 342.
  140. Sont nommés de Houlières, P. Choudieu, Merlet, Ferrière, Clémenceau, P.-M. Goffaux, Chouteau, Delaunay ainé, Quesnay, Menuau, Bonnemère.
  141. Franç. Grille a publié : Lettres, mémoires et documents publiés avec des notes sur la formation, le personnel, l’esprit du 1er bataillon des Volontaires de M.-et-L. (Paris, Amyot, 1850, 4 vol. in-8o) ; mais il faut se défier absolument de ce Recueil, composé en grande partie de pièces factices. Je l’affirme plus sûrement que je ne l’ai fait ailleurs, en ayant acquis une expérience plus complète.
  142. V. Récit exact du voyage des commissaires envoyés par le Directoire du département de M.-et-L… par un témoin oculaire, Angers, an IV de la Liberté, in-4o de 12 p. — Les procès-verbaux Mss. existent, bien autrement détaillés.
  143. Furent élus Choudieu, Delaunay aîné, la Révellière-Lépeanx, Pilastre, Leclerc, Dandenac aîné, Dandenac jeune, Delaunay jeune, Perard, Maignan, de Houillères, et pour suppléants Viger, Talot, Menuau.
  144. V. les Documents relatifs à la déportation en Espagne des prêtres angevins publiés par la Revue d’Anjou, 1853, p. 541, et 1854, p. 142.
  145. V. Les Repréaentants du peuple en mission dans le département de M.-et-L. (1793-1794) par E. Poitou, dans la Rev. d’Anj., 1852, p. 225 et 289.
  146. Moniteur du 25 pluviôse an II.
  147. Mémoires Mss. d’Yves Besnard.
  148. Mémoires, p. 157.
  149. Constitution de l’an VIII. — Ier arrondissement, Segré, chef-lieu ; cantons de Bouillé-Ménard, Candé, Champigné, Châteauneuf, Contigné, Durtal, Feneu, le Lion, Morannes, Pouancé, St-Martin-du-Bois, Segré, Tiercé. — IIe arrondissement, Baugé : Baugé, Beaufort, Fougeré, Jarzé, Longué, Mazé, Mouliherne, Noyant, Seiches, Vernoil-le-Fourier. — IIIe arrondissement, Saumur : Ambillou, Brain-sur-Allonnes, Brézé, Brissac, Chanzeaux, Coron, le Coudray-Macouard, Doué, Fontevraud, Gennes, Martigné-Briand, Montreuil-Bellay, Nueil, le Puy-Notre-Dame, les Rosiers, St-Georges-des-Sept-Voies, Saumur, Thouarcé, Vihiers. — IVe arrondissement, Beaupréau : Beaupréau, Chantoceaux, Chemillé, Cholet, Jallais, Maulévrier, le May, Montfaucon, Montrevault, la Pommeraie, la Romagne, St-André-de-la-Marche, Ste-Christine, St-Florent, Vezins. — Ve arrondissement, Angers : Angers, Blaison, Chalonnes, Ingrandes, le Louroux, Montreuil-Belfroy, Pellouailles, les Ponts-de-Cé, Rochefort, St-Mathurin, St-Georges-sur-Loire, Savennières, Trélazé.
  150. Bouillé-Ménard, Champigné, Contigné, Feneu, Morannes, Saint-Martin-du-Bois. — Fougeré, Jarzé, Mazé, Mouliherne, Vernoil-le-F. ; Brézé, Brissac, Chanzeaux, Coron, le Coudray-Mac., Fontevraud, Martigné-Briand, Nueil, le Puy, les Rosiers, St-Georges-des-Sept-Voies ; — Jallais, Maulévrier, le May, la Pommeraie, la Romagne, St-André-de-la-Marche, Ste-Christine, Vezins ; — Blaison, Ingrandes, Montreuil-Belfroy, Pellouailles, Rochefort, St-Mathurin, Savennières, Trélazé. — Angers et Saumur devenaient l’un et l’autre le chef-lieu de trois cantons. — En tout 34 cantons et 388 communes.
  151. Le Mss. original, dont on peut attribuer la rédaction à Renou, existe aux Archives de Maine-et-Loire, in-folio, papier, de 171 pages. Il a été inséré par parties dans les Annuaires de 1802-1804.
  152. Il a été publié dans la Revue d’Anjou, 1852, p. 14-152.
  153. V. le mandement du 15 avril 1807.
  154. V. t. 1, p. 27.
  155. V. le procès dans le Maine-et-Loire de janvier 1831.
  156. V. Cour d’assises du Loir-et-Cher. Session extraordinaire ouverte le 30 septembre 1832. Affaire relative aux troubles de l’Ouest (Blois, Dezains, in-8o de 392 p.).
  157. V. Cour d’assises du Loiret, ouverte le 28 janvier 1833. — Procès de MM. de Civrac, Moricet et autres (Orléans, Pellisson-Niel ; Paris, Dentu, 1833, in-8o de 210 p.). — La Vendée et Madame, par le général Dermoncourt (Paris, 1833, in-8o de 362 p.).
  158. Un décret du 10 juillet 1862 a supprimé les routes stratégiques, dont le nom rappelait de tristes souvenirs, et les a réunies au réseau départemental, qui comprend par suite plus de 827 kilomètres.
  159. On trouve dans les livres de source officielle 712 093 hecto ou 712 509 hect., 711 220 hect. ou même 718 312 hect., différence relativement insignifiante, mais qui suffit à prouver le peu de compte, qu’il faut faire des documents statistiques les plus essentiels. Que serait-ce si l’on voulait établir des concordances ?
  160. Préfets : Pierre Montault-Desilles, né le 9 mai 1751 à LoudunListe des Préfets., membre du Corps législatif en 1791, du Conseil des Anciens en l’an V, préfet de M.-et-L. le 11 ventôse an VIII, installé le 8 germinal, appelé le 3e jour complémentaire de l’an X à d’autres fonctions. — Hugues Nardon, né en 1768, ancien administrateur et président du département de Saône-et-Loire, procureur général syndic du District, puis sous-préfet d’Autun, nommé le 30 fructidor an X, installé le 19 ventôse an XI. — Marc-Antoine Bourdon de Vatry, né le 24 novembre 1761, ancien préfet maritime du Havre et préfet de Vaucluse, nommé le 6 thermidor an XIII, installé le 14 fructidor, appelé le 11 février 1809 à la préfecture de Gênes, † à Paris le 22 avril 1828. — Jean-Francois-Honoré Merlet, V. ce nom, nommé le 12 février 1809, non installé. — Abdon-Patrice-Frédéric Hély d’Oissel, né à Rouen le 2 avril 1777, anc. secrétaire général de la Seine, nommé le 19 février 1809, installé le 10 avril, baron d’Empire le 3 décembre suivant, laisse ses fonctions le 4 juillet 1814. — Hervé-Louis-Francois-Jean-Bonaventure Cléret, comte de Tocqueville, né le 3 août 1772 à Menon (Nièvre), anc. aide-de-camp du comte de Damas et maire de Verneuil, nommé le 18 juin 1814, installé le 20 juillet, remet sur la première nouvelle de la révolution des Cent-Jours ses pouvoirs à Leterme-Saulnier, qui administre jusqu’à l’arrivée de son successeur. — Jean-Baptiste Galéazzini, nommé le 25 mars 1815, installé le 3 avril. — Stanislas-Catherine-Alexis, baron Brocquel de Wismes, né à Arras le 4 juillet 1778, anc. sous-préfet de Soissons et préfet du Tarn, nommé le 12 juillet 1815, installé le 24, préfet de la Haute-Vienne le 27 juin 1823. — Martin de Puiseux, 27 juin 1823. — Louis-Zénobe, comte Frotier de Bagneux, anc. préfet des Côtes-du-Nord, nommé le 1er novembre 1826, installé le 2 décembre. — Claude-Félix-Hyacinthe Barthélemy, 6 août 1830, installé le 10, appelé le 17 janvier 1834 à la préfecture de Saône-et-Loire, † à Châlons-sur-Marne en décembre 1868, âgé de 81 ans. — Larreguy, préfet de la Charente, 3 janvier 1834, refuse. — Prosper Gauja, préfet des Hautes-Alpes, nommé le 12 janvier 1834, installé le 16, passe dans le Pas-de-Calais le 5 juin 1840, † en 1876 aux Rosiers. — Guillaume Bellon, maître des requêtes, 5 juin 1840. — Grégoire Bordillon, V. ce nom, 27 février 1848. — Besson, 22 août 1849. — Vallon, 11 mai 1850. — Léopold Bourlon de Rouvre, 13 novembre 1857. — Eugène Poriquet, préfet de la Mayenne, 16 octobre 1865. — Henri Allain-Targé, 5 septembre 1870. — Maurice Engelhard, 5 octobre 1870. — Baron Léon Le Guay, 25 mars 1871, nommé en 1873 secrétaire général du ministère de l’Intérieur. — Jules Merlet, vice-président du Conseil de Préfecture, 18 juin 1873. — Baron de Reinach-Woert, préfet de la Meuse, 17 juin 1876. — Abdon Béchade, ancien préfet de la Nièvre, 16 décembre 1877.
  161. Le tableau, qui plafonne la grande salle des fêtes de la Préfecture, représente le Maine-et-Loire sous les traits d’un homme robuste, appuyé sur l’Abondance ; à ses pieds se jouent la Loire, la Sarthe, la Mayenne et le Loir, ces deux dernières sous les traits des deux enfants du préfet Vallon. Sur la gauche an Vendéen fraternise avec un Bleu. Autour du cadre six médaillons armoriés symbolisent les six principales villes. — Œuvre de M. Dauban, directeur du Musée d’Angers (1855).
  162. Les chroniqueurs et les savants jusqu’au xviiie siècle prétendent que le nom antique de l’Anjou est Egada, mot imaginaire, qu’ils dérivent d’aquæ, « à cause des eaux qui y sont » .
  163. Sans parler des nombreuses chapelles publiques ou privées, qui vaudraient une visite comme celles de Fresne, d’Avrillé, de la Blanchaie, de la Blinière, du Boumois, de la Bourgonnière, de Ste-Emérance, de Launay-de-Gennes, de Montplacé, etc., etc. — Malgré la grande impulsion donnée depuis vingt ans à la reconstruction et à la restauration des églises, plus des deux tiers encore gardent ou dans leur appareil ou dans leur ornementation quelques restes de l’édifice primitif, pour un grand nombre encore du XIe ou du xiie siècle, — et pour ne parler que des œuvres d’art et du mobilier, on peut trouver en dehors même d’Angers et de Saumur, de curieuses fresques du xie siècle à St-Rémy-la-Varenne, — du xiie siècle à Pontigné, à Cunaud, — du xiiie à Cizay, St-Pierre de Chemillé, — du xive à la Blouère, à Miré, — du xve au Lion-d’Angers, à Fontaine-Guérin, à Fougeré, — du xvie à Fontevraud, St-Melaine, les Ponts-de-Cé, Notre-Dame de Chemillé, Chanteussé, Beaulieu, Savennières, Beaufort, — du xviie à Fontevraud, — du xviiie à Cheffes ; — de précieux ou intéressants tableaux du xve siècle à Béhuard, à Chantoceaux, — du xvie à Fontevraud, Gené, Épieds, Savennières, — du xviie siècle à Antoigné, Auverse, Bauné, Beaucouzé, Beaufort, Blou, Bocé, Bouillé-Ménard, la Lande-Chasle, l’Hôpital, Gennes, Fougeré, Gené, Dampierre, Corzé, Varennes-sous-Montsoreau, Corné, Cherré, Chenillé, Charcé, la Chapelle-Saint-Laud, Montguillon, Montreuil-Bellay, Montsoreau, Pellouailles, Pontigné, le Puy-Notre-Dame, Rochefort, St-Barthélemy, St-Quentin-en-M., St-Rémy-la-Varenne, Sermaise, Souzay, Tancoigné, Vaulandry, Villebernier, — du xviiie siècle à Beauvau, Blou, Bourg-l’Evêque, Broc, l’Hôtellerie, Allonnes, Fontevraud, Gené, Montfort, Durtal, Cleré, Cherré, Rochefort, St-Sulpice, Sceaux, Thorigné, Tilliers, etc. ; — des vitraux du xive siècle à Montreuil-sur-Loir, — du xve à Linières-Bouton, Briolay, Soulaire, — du xvie à Brissac, Béhuard, Candé, Épiré, Seiches, Grugé, l’Hôpital, Nueil, Parnay, les Ponts-de-Cé, Vernantes, — du xviie à Savennières ; — des statuts, groupes, bas-reliefs du xve siècle à Béhuard, — du xvie siècle à Fontaine-Guérin, Savennières, Nyoiseau, la Boissière, Candé ; — du xviie à Aviré, Bauné, Chalonnes-sur-Loire, Chanteussé, la Daguenière, Fontaine-Guérin, Parnay, Sermaise, Vaulandry, Vernantes, Villedieu, — du xviiie à la Boissière, Chantocé, la Chapelle-Rousselin, Chaumont, Cherré, Meigné-sous-Doué, Chantocé, la Chapelle-s.-Oudon, Cheffes, Clefs, Gené, le May, la Pélerine, Turquant ; — des stalles, boiseries ou chaires sculptées du xve siècle à Béhuard, — du xvie aux Ponts-de-Cé (St-Maurille) et à Beaulieu ; — du xviie à Sceaux, Étriché, Jarzé, Méon, Montsoreau, Varennes-sous-Montsorean, — du xviiie à Blou, Brigné, Candé, Champigné, le May, Meigné-sous-Doué, Montguillon, etc. ; — des bénitiers des ive ou Ve siècle à St-Just-sur-Dive et Épiré, — du xiie à Blaison, Trèves, Vernoil, Vernantes, — du xiiie à Blou, — du xvie siècle à Corné, Chanzeaux, — des fonts baptismaux des xiiie ou xiv siècles à l’Hôpital, Montguillon, le Toureil ; — du xve siècle à Béhuard ; — des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie du xiiie siècle à Breil, — du xve siècle à Liré, Thouarcé et Béhuard, — du xvie à Jallais, Joué, Béhuard, la Boissière, Chaudron, — du xviie à Marigné, Cizay, la Blouère, les Cerqueux-de-Maulévrier, Chantoceaux, Chanzeaux, la Chapelle-du-Genêt, — du xviiie à Chalonnes-sur-Loire, St-Germain-lès-Montfaucon, etc.
  164. . Il existait encore en 1820 pour le moins 47 500 hectares de terres incultes, — réduites aujourd’hui des neuf dixièmes.
  165. J’ai recueilli avec un soin particulier dans les registres des paroisses et les autres documents originaux et indiqué à l’article de chaque commune, toutes les mentions que j’ai pu rencontrer d’écoles existant avant 1789. Ce relevé suffit à indiquer, comme l’affirment du reste les réclamations des Cahiers paroissiaux, que l’instruction primaire restait presque partout à l’abandon. Les fondations éparses, dues à des bienfaits particuliers, avaient été pour la plupart ou transformées on dilapidées à l’encontre des intentions du bienfaiteur. Là, où quelque enseignement s’était organisé et maintenu, il se bornait à la lecture du catéchisme et aux éléments de l’écriture. Nul progrès n’est acquis sur ce point jusqu’aux premières années de la Restauration. En 1818 on compte 140 écoles de garçons, 105 de filles ; — en 1832, 240 de garçons, 172 de filles. — L’École normale s’est installée à Angers le 23 décembre 1831. Les salles d’asile s’y établissent, malgré toute opposition, en 1833-1836. — En 1841, 334 communes sont pourvues d’écoles et l’arrondissement de Beaupréau est au complet. — En 1851 l’enseignement ne fait défaut que dans 13 communes, — dans 4 seulement en 1861 et encore en 1867. — £n 1866 le Département était classé le 70e pour l’instruction des époux, le 38e pour celle des femmes. — En 1877 ont fonctionné 856 écoles, dont 445 écoles de garçons ou mixtes, 411 de filles et 113 asiles, formant ensemble une famille de 72 702 enfants.
  166. Andecavi molles est une de ces citations de banalité courante, que les plus ingénieux attribuent à César, comme tout le reste, et qu’on n’a encore pu montrer dans aucun livre.