Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Hotman

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HOTMAN (François), en latin Hotomanus[a], a été un des plus savans jurisconsultes du XVIe. siècle. Il naquit le 23 d’août 1524, à Paris, où sa famille, originaire de Silésie (A), florissait depuis quelque temps. Dès qu’il eut atteint l’âge de quinze ans, il fut envoyé à Orléans, pour y étudier en jurisprudence ; et il s’y rendit capable du doctorat dans trois années. Son père, conseiller au parlement, qui lui destinait déjà sa charge, le fit revenir auprès de lui, et le mit dans le barreau : mais le jeune homme se dégoûta bientôt des chicanes du palais et s’enfonça dans l’étude du droit romain, et dans celle des belles-lettres. Il goûta les nouvelles opinions, pour lesquelles on faisait mourir beaucoup de gens dans le royaume[* 1] ; et ne voyant pas qu’il en pût faire profession à Paris il s’en alla à Lyon, l’an 1547, où il publia un livre. Ce fut le second ouvrage qu’il mit sous la presse (B). Voyant qu’il n’avait rien à espérer de son père pour subsister, il s’en alla à Lausanne (C), où MM. de Berne lui donnèrent la charge de professeur aux belles-lettres. Il y publia quelques livres, et il s’y maria avec une demoiselle française[b], qui s’y était réfugiée pour la religion. Son mérite fut si connu de toutes parts, que les magistrats de Strasbourg lui offrirent une chaire de jurisprudence ; et pendant qu’il en faisait les fonctions, il se vit recherché par le duc de Prusse, et par le landgrave de Hesse. Il n’écouta point ces vocations ; mais il ne refusa pas d’aller à la cour du roi de Navarre au commencement des troubles. Il alla deux fois en Allemagne, pour demander du secours à Ferdinand au nom des princes du sang, et même au nom de la reine-mère[c]. On a la harangue qu’il fit à la diète de Francfort. Étant retourné à Strasbourg, il se laissa persuader par Jean de Monluc d’aller enseigner le droit à Valence (D) ; et il le fit si heureusement, qu’il releva la réputation de cette université. Trois ans après il alla professer à Bourges, attiré par Marguerite de France, sœur de Henri II ; mais il en sortit au bout de cinq mois, pour se rendre à Orléans, auprès des chefs du parti, qui se servirent utilement de ses conseils. La paix qui se fit un mois après ne l’empêcha pas de craindre le retour de la tempête ; c’est pourquoi il se retira à Sancerre et y attendit un meilleur temps. Ce fut là qu’il écrivit un excellent livre de Consolatione[d]. Il retourna ensuite à sa profession de Bourges, où il pensa périr pendant le massacre de l’an 1572. Ayant eu le bonheur d’en échapper, il sortit de France, bien résolu de n’y retourner jamais, et s’en alla à Genève. Il y fit des leçons en droit, et y publia des livres si forts contre les persécuteurs qu’on lui fit faire de grandes promesses pour l’obliger à ne plus écrire sur ce ton-là, mais il n’écouta point ces propositions (E). Quelque temps après il se transporta à Bâle, et y enseigna le droit. La peste l’ayant obligé d’en sortir, il se retira à Montbéliard, où il perdit son épouse. Il alla ensuite à Genève, et y fit un livre pour les droits du roi de Navarre (F) ; après quoi il s’en retourna à Bâle, et y mourut le 12 de février 1590. Il avait refusé d’aller à Leyde, où on lui offrait une chaire de professeur. Il avait eu le temps de mettre en ordre ses ouvrages pour une nouvelle édition[e], qui ne parut que long-temps après sa mort en trois volumes in-folio[f]. On n’y mit pas tout ce qu’il avait publié (G). Sa Franco-Gallia, dont il faisait grand état[g], est celui de tous ses écrits que l’on approuve le moins, et persuada à quelques personnes qu’il était l’auteur des Vindiciæ contra Tyrannos (H), qui est un livre tout-à-fait conforme aux idées républicaines. On rétorqua contre lui ses propres maximes quelque temps après (I). Il est difficile d’éviter cet inconvénient, lorsqu’on écrit sur de certaines matières. Il fut bien payé de son Brutum fulmen (K) par le roi de Navarre. Il fut de ceux qui n’ont jamais consenti qu’on les peignît[h], mais on le fit peindre pendant qu’il était à l’agonie. Il laissa deux fils et quatre filles. Jean Hotman, sieur de Villiers, son aîné, passe pour l’auteur de l’Anti-Chopinus, pièce burlesque, et de l’Anti-Colazon, qui est une apologie pour son traité de l’Ambassadeur, où il avait été, disait-on, le plagiaire de Charles Paschal. Voyez M. Baillet[i]. M. Moréri n’a pas fait beaucoup de fautes (L).

Je m’étonne qu’on ait oublié dans la Vie de François Hotman, une chose qui lui est bien glorieuse, c’est qu’à l’âge de vingt-trois ans il fit des leçons publiques aux écoles de Paris (M). On n’y parle point non plus, et je ne m’en étonne pas, de certaines choses que Baudouin avait publiées contre lui, et qui flétriraient horriblement sa mémoire si elles étaient véritables (N). On ne pourrait y ajouter foi, sans croire qu’il est beaucoup plus facile de devenir parfaitement docte et grand ennemi de la religion persécutante que de devenir médiocrement honnête homme. Je dirai un mot touchant l’auteur de la Vie de François Hotman (O). L’ouvrage, qui a été imprimé à Amsterdam[j] sous le titre de Francisci et Joannis Hotomanorum Patris ac Filii et clarorum virorum ad eos Epistolæ, me fournirait beaucoup d’additions pour cet article, soit touchant l’application ruineuse de notre jurisconsulte à la recherche de la pierre philosophale[k], soit sur plusieurs autres particularités de sa vie ; mais il vaut mieux que je renvoie mes lecteurs aux Nouvelles de M. Bernard[l]. L’extrait qu’il donne de cet ouvrage ne laisse rien à désirer. On peut consulter le premier volume Observationum selectarum ad rem litterariam spectantium, imprimé à Hall, l’an 1700.

  1. * D’après un passage du Borboniana (qui ne se trouve pas dans ce qui en est imprimé. Voyez la note, tom. III., pag. 509), cité par Falconnet dans ses notes sur la Croix, du Maine, Hotman « se fit huguenot pour avoir vu les pièces du procès fait à Anne Dubourg, que lui montra le clerc de son père (Pierre Hotman, conseiller au parlement, rapporteur du procès), malgré les defenses qu’il en avait faites. »
  1. C’est ainsi qu’il orthographie son nom à la tête de ses livres. Plusieurs orthographient Hottomannus ou Hotomannus.
  2. Elle était d’Orléans, et s’appelait Claudine Aubelin. Petrus Neveletus, ubi infrà citation (23).
  3. Voyez ci-dessous la citation (23).
  4. Son fils le fit imprimer après la mort de son père.
  5. Tiré de sa Vie, composée par Petrus Neveletus Doschius, dont on parlera ci-dessous dans la remarque (O). C’est l’une des dix Vies de Jurisconsultes que Leickhérus a fait réimprimer à Leipsic l’an 1686. Je me sers de cette édition.
  6. Ils furent imprimés à Genève par les soins de Jacques Lectius, l’an 1599.
  7. Voyez la remarque (E).
  8. Nevel. in Vitâ Hottomanni, pag. 229.
  9. Dans ses Anti, art. 118 et 119.
  10. En 1700, in-4o.
  11. Voyez l’Oraison funèbre de Scipion Gentilis, apud Witte, Memor. juriscons., pag. 33.
  12. Nouvelles de la Rép. des Lettres, mars 1701, pag. 268 et suiv.

(A) Sa famille était originaire de Silésie. ] Il y a plusieurs familles du nom de Hotman à Breslaw, capitale de la Silésie, et de celles-là sont descendues plusieurs autres établies dans la Lusace, dans la Misnie, dans le pays de Clèves, etc. Lambert Hotman[1] alla en France pour porter les armes au service de Louis XI[2], et se maria avantageusement à Paris. Jean Hotman, son fils aîné, fut si riche, qu’il fit compter de très-grosses sommes pour la rançon de François Ier.[3]. Pierre Hotman, le dernier des dix-huit enfans de Lambert ; fut maître des eaux et forêts, et puis conseiller au parlement de Paris. Notre François Hotman fut son fils aîné[4]. Le Supplément de Moréri porte que Henri Hotman, né à Clèves l’an 1466, fut le premier de ce nom qui vint en France, et qu’il y vint à la suite d’Engilbert, duc de Clèves, qui fut le premier duc de Nevers.

(B) Ce fut le second ouvrage qu’il mit sous la presse. ] Car il avait déjà publié un petit livre de Gradibus cognationis, qui fut fort estimé. Penè puer libellum de gradibus cognationis adjuncto diagrammate publicavit à doctissimis viris in pretio habitum, et mox à quodam haud ignobili jurisconsulto probatum, ita ut eum suis in Institutiones commentariis vehementer commendatum insereret[5]. Le second ouvrage fut un commentaire ad titulum Institutionum de actionibus. La beauté du style, et la connaissance de l’antiquité romaine qui éclataient dans cet écrit, le firent fort estimer[6]. M. Teissier[7] ne devait pas appliquer ce bel éloge au petit livre des Degrés de parenté. S’il avait consulté avec un peu plus d’attention l’ouvrage qu’il cite[8], il n’aurait pas pris l’un pour l’autre.

La Croix du Maine vous apprendra que la traduction française, que fit Hotman de l’Apologie de Socrate, composée par Platon, fut imprimée l’an 1549, à Lyon, chez Sébastien Gryphius, in-8o.

(C) Il s’en alla à Lausanne. ] M. Teissier rapporte que François Hotman en sortant de France se retira à Genève, et vécut quelque temps dans la maison de Calvin[9]. Je crois qu’il a raison, encore que la vie d’Hotman, qu’il cite, ne parle point de cela. Il semble que Nevelet ait supprimé une chose qu’il ne devait pas omettre. Il n’est pas trop apparent que MM. de Berne aient offert une chaire de professeur aux belles-lettres dans l’académie de Lausanne à un jeune homme de vingt-trois ans qui demeurait à Lyon. Mais il est probable qu’ils l’ont offerte à ce jeune homme, si l’on suppose qu’il demeurait à Genève, et qu’il s’y était fait aimer de Calvin. Voilà des défauts d’exactitude qui se trouvent dans les meilleurs livres, parce que, pour l’ordinaire, les bons auteurs sont ceux qui se piquent de serrer une narration. Ils ne prennent pas toujours garde qu’à force de la serrer ils, l’étranglent. Brevis esse laboro, obscurus fio[10]. C’est ce qui pourrait être arrivé ici à Nevelet : ou bien disons que, n’ayant pas vu dans les mémoires qu’on lui donna le voyage de Lyon à Genève, il a cru que François Hotman ne quitta Lyon que pour aller professer les belles-lettres à Lausanne[11]. Mais ne décidons point en faveur de ce qui est le plus vraisemblable ; car comme il y avait déjà à Lausanne plusieurs illustres réfugiés qui connaissaient et qui aimaient le mérite et la piété de François Hotman[12], ils purent aisément obtenir de MM. de Berne qu’on lui adressât une vocation à Lyon. M. Teissier remarque que ce fut par l’entremise de Théodore de Bèze, que la ville de Lausanne offrit à Hotman la charge de professeur en humanité. Je crois qu’il se trompe, et qu’il eût mieux valu faire intervenir Calvin : car Hotman était professeur à Lausanne avant que Théodore de Bèze y allât professer la langue grecque[13] ; et il est certain que Théodore de Bèze eut besoin des bons offices de Calvin pour obtenir cette profession. Peut-on procurer à un autre une chaire de professeur dans une ville où l’on n’est pas, et où l’on ne se peut établir soi-même que par le crédit d’autrui ? M. Teissier a cru sans doute que Bèze professait le grec à Lausanne avant qu’Hotman y fût appelé. Jugez combien il est important pour la narration de cette sorte de petits faits de consulter bien les dates, et les rubriques de la chronologie.

(D) Étant retourné à Strasbourg il se laissa persuader par Jean de Monluc d’aller enseigner le droit à Valence. ] Si M. de Thou avait consulté les dates, il n’aurait pas dit que Jean de Monluc tira Hotman de Lausanne pour l’établir à Valence : Lausanæ primùm docuit, inde à Joanne Monlucio Valentiæ episcopo, et posteà à Margaritâ Biturigum duce evocatus repetitis vicibus Valentiæ et Avarici Biturigum ubi eum aliquando audivi, evocatus, etc.[14]. Ces paroles repetitis vicibus n’ont pas été entendues par le traducteur français : il a cru qu’elles voulaient dire qu’Hotman enseigna la jurisprudence tour à tour, tantôt à Valence et tantôt à Bourges[15]. Ce n’est point cela ; il n’enseigna plus à Valence depuis qu’il en fut une fois sorti. Il fallait donc dire que la duchesse de Berri l’attira deux fois à Bourges, comme on l’a pu voir dans le corps de cet article. Ceux qui voient dans la vie de François Hotman la suite de ses déménagemens d’une ville à l’autre, ne feront guère de cas des mémoires qui furent fournis à M. de Thou, puisqu’il dit qu’après le massacre de l’an 1572, Hotman s’en alla à Montbéliard et de là à Bâle. Il fallait dire qu’il s’en alla à Genève et de là à Bâle, et puis à Montbéliard, ensuite à Genève et enfin à Bâle.

(E) Il publia à Genève[16] des livres si forts contre les persécuteurs, qu’on lui fit faire de grandes promesses… ; mais il n’écouta point ces propositions. ] Voici ce qu’en dit l’auteur de sa Vie[17]. « Ad Allobroges igitur iterùm tanquam in portum se refert, scriptisque aliquot eruditis contra fidem immô per fidem ipsam cæsorum innocentiam constanter tuetur : et quidem adeò efficaciter, ut qui mollem putabant futurum ejus in tantâ calamitate animum, prolixis pollicitationibus hortarentur ab istiusmodi scriptionis genere abstineret : quibus ille hoc tantùm reposuit, Nunquàm sibi propugnatam causam quæ iniqua esset : nunquàm quæ jure et legibus niteretur, desertam præmiorum spe vel metu periculi ; opprimi enim in bonâ causâ melius quàm malè cedere. Non modò non excusandum parricidium, ultro etiam defendendam causam innocentium. » Un peu après il parle du livre de Regni Galliæ statu, qu’Hotman mit en lumière vers ce temps-là sous le titre de Franco-Gallia. C’est un ouvrage recommandable du côté de l’érudition, mais très-indigne d’un jurisconsulte français, si l‘on en croit même plusieurs protestans. Voici ce qu’en dit M. Teissier : son livre intitulé Franco-Gallia lui attira avec raison le blâme des bons Français. Car dans cet ouvrage, il tâche de prouver[18] que ce royaume, le plus florissant de la chrétienté, n’est point successif, comme sont les héritages des particuliers, et qu’autrefois on ne venait à la couronne que par les suffrages de la noblesse et du peuple : si bien que comme anciennement le pouvoir et l’autorité d’élire les rois appartenaient aux états du royaume, et à toute la nation assemblée en corps, aussi étaient-ce les états qui les déposaient du gouvernement. Et là-dessus, il apporte les exemples de Philippe de Valois, de Jean, de Charles V, de Charles VI et de Louis XI. Mais sur quoi il insiste principalement, c’est de montrer que comme de tout temps on a jugé que les femmes étaient incapables de la royauté, on doit aussi les exclure de toute charge et administration publique[19]. Joignons à ce passage de M. Teissier ces judicieuses paroles de Bougars, tirées d‘une lettre à M. de Thou[20]. « Je vous confesserai librement, de Franco-Galliâ, vellem parciùs, tant pour ce que le livre n’est pas de saison, que pour ce qu’il me semble, que le bon homme s’est grandement abusé en cette dispute-là. Le doute[21] donnait quelque couverture à l’ouvrage, lorsqu’il fut imprimé la première fois : et nous laissons échapper beaucoup de paroles, en une fâcherie extrême, auxquelles nous rougirions si elles nous étaient représentées après le cours de la passion. Je vous en écris ce que j’en pense, ignorant quel jugement vous en faites ; je suis marri de ne l’avoir fait plus tôt, je n’aurais pas jeté l’œil sur ce trait-là. Je sais bien que le bon homme se plaisait de celle pièce-là, il l’avait témoigné par les impressions réitérées. C’est une maladie, de laquelle beaucoup de nos gens, et trop, sont entachés, qui eussent volontiers réduit notre monarchie à une anarchie. S’il y a du mal en une chose, ce n’est pas à dire qu’il la faille ruiner[22]. » Bongars, dira-t-on, a mis le doigt sur la plaie : Hotman était en colère contre sa patrie quand il composa ce livre, et non content de se venger de ceux qui régnaient alors, il tâcha de décharger son ressentiment sur la monarchie même, et sur tout le corps de la nation : et cela avec si peu de jugement, qu’il fournissait de très-fortes armes à la ligue pour l’exclusion d’Henri IV ; car selon ses principes les catholiques de France étaient en plein droit d’élire pour roi le duc de Guise, au préjudice des princes du sang. Un écrivain passionné, poursuivra-t-on, n’est guère capable de songer à l’avenir ; il ne songe qu’au présent ; il ne considère pas que les temps peuvent changer, et que la doctrine qui s’accorde aujourd’hui avec l’intérêt de notre cause sera un jour favorable à nos ennemis. C’est ce qui parut en France sous Charles IX et sous Henri III ; chaque parti fut obligé de se réfuter lui-même, comme Montaigne l’a finement dit ; voyez la remarque (I). On est assuré que si Catherine de Médicis s’était reformée, et qu’elle eût établi par toute la France la réformation, Hotman eût fait un beau livre pour prouver que la régence des femmes est une très-bonne chose, et selon l’esprit de nos lois fondamentales. De quelle force n’aurait-il pas réfuté les papistes qui auraient écrit contre cette reine ? La plus forte raison que les protestans de France aient alléguée pour justifier leur première prise d’armes, est ce que Catherine de Médicis écrivit au prince de Condé. Ils reconnaissaient donc l’autorité de cette femme. Hotman ne demandait-il pas du secours en Allemagne au nom de celle reine ? Ab his paullò post, immò et ab eâ quæ tum minorem annis regem regnumque administrabat, in Germaniam bis missus est de regis regnique rebus legatus, et auxilium à Cæs. Ferdinando ordinibusque Germaniæ rebus ruentibus petere jussus. Exstat dicta tum ab eo in comitiis imperii Francofordiensibus oratio[23]. Nous verrons ailleurs[24] qu’on l’accuse d’avoir usé de mauvaise foi dans sa Franco-Gallia, et nous tâcherons de répondre quelque chose en faveur de ce savant homme.

(F) … … et il fit un livre pour les droits du roi de Navarre. ] Ce fut celui du Droit du Neveu contre l’Oncle[25]. La ligue avait mis en tête au cardinal de Bourbon, oncle du roi de Navarre, de se parler pour le légitime successeur, et l’on employa un jurisconsulte italien qui fit un traité du Droit de l’Oncle contre le Neveu. François Hotman le réfuta doctement. Citons le père Maimbourg : Antoine Hotman, dit-il[26], avocat général de la ligue au parlement de Paris, écrivit le traité du Droit de l’Oncle contre le Neveu pour succéder à la couronne. Mais il arriva, par une heureuse et assez plaisante rencontre, que le jurisconsulte François Hotman, frère de l’avocat, voyant ce livre, qu’on débitait en Allemagne où il était en ce temps-là, soutint avec beaucoup de force et de doctrine le droit du neveu contre l’oncle, et fit voir manifestement dans un savant écrit qu’il publia sur ce sujet, le faible et tous les faux raisonnemens du traité de son adversaire, sans savoir que ce fût son frère, qui n’y avait pas mis son nom. Il y a plusieurs méprises dans ces paroles. 1o. Il n’est pas vrai que François Hotman ait écrit contre un auteur inconnu. Il écrivit contre le nommé Matthieu Zampini, de Récanati, jurisconsulte italien. Id Matthæus Zampinus Racanatensis de trivio J.-C. à fœderatis pecuniâ subornatus, editâ consultatione probare conatus fuerat, quam Fr Hotomannus magni nominis nostrâ ætate J.-C. contrariâ consultatione itidem editâ confutavit[27]. 2o. Par conséquent il n’est pas vrai qu’il ait écrit contre son frère. 3o. Il n’est pas vrai qu’il ait fait ce livre l’an 1589[* 1] : il le fit environ l’an 1585 ; comme le remarque M. de Thou ; ce qui s’accorde avec Nevelet qui lui donne alors soixante ans. 4o. Il était en ce temps-là à Genève, et non pas en Allemagne. 5o. Antoine Hotman n’était pas l’un des avocats généraux de la ligue, l’an 1589 : il ne le devint que deux ans après[28], lorsque Jean le Maître, qui en faisait les fonctions avec Louis d’Orléans, eut été promu à la charge de président au mortier. Le président Brisson était déjà mort. 6o. Ce fut Antoine Hotman qui écrivit contre son frère François Hotman, et non pas celui-ci contre Antoine Hotman. Posteà et peculiari libro quem consultationi à Francisco fratre pro Navarro editæ……… opposuisse videri voluit (Antonius Hotmannus), rationes amplificatæ[29].

(G) On ne mit pas dans l’édition de ses ouvrages tout ce qu’il avait publié. ] On n’y mit point les écrits burlesques qu’il avait faits contre Matharel et contre Papyro Masson, ni le livre qu’il publia à Genève, l’an 1553, sous le nom de François de Villiers, Ad Remundum Rufum defensorem Rom. pontificis contra Carolum Molinæum de statu primitivæ ecclesiæ, etc.[30] ; ni la Nullitatis protestatio adversùs formulam Concordiæ[31], qu’il mit au jour sous le nom de Johannes Palmerius ; ni l’apologie de ce dernier livre, dans laquelle il se déguisa sous le nom de Joannes Franciscus Aspastis Salassi V. D. M.[32]. On n’y mit point son Anti-Tribonianus, qui parut en français, l’an 1603, et dont la version latine fut imprimée à Hambourg, l’an 1647. Voyez touchant ce livre le curieux M. Baillet[33]. Enfin on n’y mit pas son Brutum fulmen, qui n’est pas un écrit burlesque, comme M. de Thou le débite[* 2]. C’est un ouvrage tout-à-fait sérieux, où François Hotman réfute la bulle que Sixte V publia l’an 1585, contre le roi de Navarre et contre le prince de Condé. Posteà, dit M. Thou[34], et in censuram illam scripsit Franciscus Hotmannus J.-C. joculari isto stylo, libroque Brutum fulmen titulum fecit, quo et de B. Francisci et B. Dominici vità ac moribus veteres historiæ, ab obsoletè devotis viris scriptæ ridiculè discutiuntur. Il ne s’agit rien moins que de cela dans ce traité de François Hotman. Le sieur Deckher[35] y a été trompé par M. de Thou ; mais il y a fait une faute de son chef : il veut que ce docte jurisconsulte se soit exilé de France à cause de cet écrit. C’est un mensonge. Hotman quitta la France en l’année 1572, bien résolu de n’y remettre jamais le pied[36]. Le Brutum fulmen parut l’an 1585, comme le remarque le sieur Deckher contre Goldast, qui a renvoyé l’édition à l’an 1586. Je n’ai rien dit du traité de regno vulvarum [* 3], que d’Aubigné attribue à notre Hotman, au chapitre III du 1er. livre de la Confession de Sanci : je ne sais ce que c’est.

(H) On a cru qu’il était l’auteur des Vindiciæ contra Tyrannos. ] Lorsque je parlai de cet ouvrage dans le projet de ce Dictionnaire, je dis[37] que l’erreur de ceux qui attribuèrent à François Hotman l’écrit de Junius Brutus était petite. Hotman, continuai-je, « était sorti de France pour la religion, et quoiqu’il ne fût pas aux termes de ces personnes qui fuient la persécution, aussi enflammées de menaces et de tuerie[38] que les persécuteurs mêmes, il ne laissa pas de gronder et de murmurer dans sa retraite. Il fit un livre intitulé Franco-Gallia, pour montrer que la monarchie française n’est pas ce qu’on pense, et que de droit les peuples y sont les véritables souverains. Voilà ce qui fit croire qu’il avait aussi composé l’ouvrage de Junius Brutus, outre que l’on y voit parsemées beaucoup de maximes de la Franco-Gallia. Barclai n’attaque que celle dernière raison, qui lui paraît assez plausible, et il prétend la renverser par quelque chose de plus plausible encore ; c’est, dit-il[39], que Brutus se sert de diverses preuves qu’Hotman avait sifflées et réfutées, et qu’il tombe dans des erreurs si puériles à l’égard du droit civil, qu’on ne voit pas qu’un homme tel qu’Hotman en soit capable. Cela est plus obligeant pour ce docte jurisconsulte, que ce qu’en a dit Boéclérus. Je voudrais, dit-il, qu’Hotman n’eût pas si opiniâtrement voulu paraître entre les auteurs qui sonnent le tocsin contre les rois, et qui, de leur autorité privée, les convertissent en tyrans, par des chicaneries qui dépravent non-seulement la bonne philosophie, mais aussi l’Écriture Sainte. Je voudrais qu’il n’eût pas montré ce mauvais exemple aux autres dans sa Franco-Gallia, et qu’il n’y eût pas falsifié l’histoire plus d’une fois, pour encenser et pour sacrifier à ses préjugés avec une complaisance trop servile. La phrase grecque de Boéclérus a beaucoup plus de force que tout cela, Εἱς τὸ δουλεύειν τῇ ὑποθέσει, etiam historiam non semel corrumpit[40]……[41]. Je ne puis m’empêcher de dire que Boéclérus maltraite beaucoup Hotman, qui encore un coup n’était pas un de ces hommes, qui à l’exemple de quelques catholiques anglais du dernier siècle, sortent de leur patrie pour la religion avec des airs menaçans, en jetant feu et flamme, en vomissant mille imprécations, en fulminant des Maranatha, en cherchant à y rentrer l’épée à la main, ou à la faveur des armées les plus exterminantes, en un mot en souhaitant un retour précédé, comme la sortie d’Égypte, de toutes les plaies de Pharaon, le passage de l’ange destructeur inclus. Hotman se contentait de porter de bons coups de plume, et de toucher à certaines choses qui ne plaisaient pas. Il est vrai que sans y penser il travaillait pour la ligue[42], et qu’il forgeait des armes pour Bellarmin : il est vrai encore que ses coups étaient semblables à ceux des Parthes[43] ; je veux dire que dans son état de fugitif il frappait mieux qu’il n’aurait fait en ne se retirant pas : mais il s’en faut bien que ses écrits ne méritent la dégradation qui doit tomber sur beaucoup d’autres éclos en pareille situation. Par exemple, les catholiques d’Angleterre ont eu beau faire des satires et des écrits violens contre la reine Élisabeth[44], ce sont tous écrits perdus, dont les gens sages ne font ni mise, ni recette présentement dans aucun parti. Quoi qu’il en soit, les apparences étaient un peu contre Hotman, au sujet du livre de Junius Brutus, et comme je l’ai déjà dit, c’était une erreur fort petite, que de le faire l’auteur ces Vindiciæ contra tyrannos. »

(I) On rétorqua contre lui ses propres maximes quelque temps après. ] C’est par accident, et par une fatalité assez ordinaire qui change les intérêts des partis, que l’ouvrage d’Hotman fut sujet à l’incommodité dont je parle. Les révolutions de France changèrent de telle sorte la scène, que les maximes des deux partis passèrent réciproquement du blanc au noir. Il fait beau entendre comment Montaigne se moque tout doucement des catholiques. Voyez, dit-il[45], l’horrible imprudence de quoi nous pelotons les raisons divines, et combien irréligieusement nous les avons rejetées et reprises, selon que la fortune nous a changés de place en ces orages publics. Cette proposition si solennelle, s’il est permis au sujet de se rebeller et armer contre son prince pour la défense de la religion, souvienne-vous en quelles bouches cette année passée l’affirmative d’icelle étoit l’arc-boutant d’un parti ; la négative, de quel autre parti c’était l’arc-boutant : et oyez à présent de quel quartier vient la voix et instruction de l’une et de l’autre, et si les armes bruient moins pour cette cause que pour celle-là. Et nous brûlons les gens qui disent qu’il faut faire souffrir à la vérité le joug de notre besoin ; et de combien fait la France pis que de le dire ! etc. Tant que le monde sera monde, il y aura partout des doctrines ambulatoires, et dépendantes des temps et des lieux ; vrais oiseaux de passage, qui sont en un pays pendant l’été, et en un autre pendant l’hiver ; et lumières errantes qui, comme les comètes des cartésiens, éclairent tour à tour divers tourbillons. Quiconque voudra là-dessus faire le censeur ne passera que pour un critique chagrin, natif de la république platonique. Ainsi Hotman ne doit point être responsable de ce que le fameux avocat de la sainte ligue trouva moyen de se prévaloir de la Franco-Gallia. Ils ne se peuvent plaindre, c’est Louis d’Orléans qui parle sous le nom des catholiques anglais, qu’on les mesure à l’aune où ils mesurent autrui. Suivez leurs conseils, conformez-vous au chemin qu’ils tiennent pour s’établir, vous établirez vous-mêmes, et les envelopperez de honte et de confusion. En leur Française-Gaule, qui est l’un des plus détestables livres qui ait vu le jour, et que l’on a composé pour mettre toute la France en combustion, ils chantent, qu’il est loisible de choisir un roi à son appétit. Dites donc aux hérétiques, que le roi de Navarre n’est à votre appétit, et partant qu’il se tienne en son Béarn jusques à ce que le goût vous en soit revenu. Ainsi les faut-il fouetter des verges qu’ils ont cueillies, afin qu’ils connaissent que la puissante main de Dieu les châtie par leurs méchans conseils et pernicieux écrits[46]. Ce livre d’Hotman est au fond un bel ouvrage, bien écrit, et bien rempli d’érudition ; et d’autant plus incommode au parti contraire, que l’auteur se contente de citer des faits, comme il le représente lui-même à ses censeurs. Cur vel Massonus, dit-il[47], vel Matharellus Franco-Galliæ scriptori et simplici historiarum narratori ita terribiliter irascitur? Nam ut dicit Sylva nup. lib. 1, num. 10, quomodo potest aliquis ei succensere qui est tantum relator et narrator facti? Franco-Gallista enim tantùm narrationi et relationi simplici vacat, quodsi aliena dicta delerentur, charta remaneret alba. On lui avait reproché que son écrit paraissait la production d’un homme ivre, furieux et insensé : il répond que ce reproche est une effronterie punissable, puisqu’il a toujours gardé dans ce livre le caractère d’un rapporteur modéré et de sang-froid[48]. C’est un merveilleux avantage dans ces sortes de livres. Au reste, quoique la réponse soit écrite en style burlesque, elle ne laisse pas de contenir mille choses qu’il faut entendre sérieusement. Ridentem dicere verum quid vetat[49] ? Tel est, par exemple, ce qu’on y dit à l’adversaire, qu’il ne suffit pas qu’il ait présenté son accusation, et donné caution de lite prosequendâ ; mais qu’il faut de plus qu’il s’engage expressément à subir la peine du talion, en cas qu’il soit convaincu de calomnie. Sed adhuc requiritur tertius ut se expressè obliget ad pœnam talionis, in casu quo probetur calumniator ; quod probatur per L. ult. C. de calumniat, et omnes canonistas, sed maximè per Hieronym. de Zanetinis in repetit. cap. 1 Extr. de accusation. De quo si sumus concordes, et Matharellus se subjiciat talioni in casu quòd calumniæ convincatur, totum negotium nostrum benè vadit, nisi fortè, etc.[50].

Si nous en croyons un historien qui avait été ministre, cet ouvrage d’Hotman ne plut point à tous ceux de la religion, et ne déplut point à tous les catholiques de France, ni ne fut point composé sans quelque relation à la cabale du maréchal Damville. Peu après, dit-il[51], M. le duc d’Alençon, frère de sa majesté, se retira de la cour avec plusieurs seigneurs, pratiqués par ledit sieur maréchal Damville, et prenant le nom de mal-contens, se joignirent avec les huguenots, aucuns desquels commencèrent lors à écrire autrement qu’ils n’avaient parlé par le passé ; et Hottoman, jurisconsulte, dans sa Gaule Française entreprit d’écrire, que le peuple français avait eu une souveraine autorité, non-seulement à élire leurs rois, mais aussi à répudier les fils des rois, et élire des étrangers : Et dit sur ce sujet plusieurs choses, louant les peuples qui brident la licence de leurs rois, et les mènent à la raison. Il se jette, après plusieurs discours, contre la régence des reines mères des rois : Ce qu’il faisait à cause que la reine-mère avait été déclarée régente, en attendant le retour du roi de Pologne son fils : bref il s’escrima des histoires anciennes, à droit et à revers selon sa passion. Ce livre fut agréable à quelques réformés et à quelques catholiques unis, lesquels n’aspiraient qu’à la nouveauté, et non pas à tous. D’Aubigné[52] donne le même plan de ce livre ; mais il le fait paraître en 1573, du vivant de Charles IX. M. de Thou[53] et M. de Mézerai[54], qui en donnent le même plan, le placent, celui-là simplement sous le règne de Charles IX, celui-ci avant le départ du roi de Pologne. Cela renverse l’hypothèse de Cayet, savoir que la régence conférée à la reine Catherine, au temps de la mort de Charles IX, fut un des griefs de François Hotman. Il est sûr que son ouvrage fut imprimé avant que la reine eût été déclarée régente par l’édit du 30 de mai 1574 : mais il prévoyait peut-être qu’elle le serait, et en tout cas il y a bien de l’apparence qu’il songeait à elle, dans ce qu’il disait contre la régence féminine. Il se souvenait des maux que cette princesse avait causés pendant sa première régence. Cet habile jurisconsulte, qui avait renoncé à une charge de conseiller au parlement de Paris pour sa religion, aurait mieux fait de répondre sérieusement et modestement à ses adversaires[55], que de se servir du style macaronique. Voyez ce qu’en dit M. Baillet dans l’article 192 de ses Anti.

(K) Il fut bien payé de son Brutum fulmen. ] Commençons notre commentaire par ces paroles de l’auteur de sa vie. His meritis præmium deberi cùm intelligeret Henricus tum Navarræ rex, ultro codicillos ad eum misit senatoriæ in consistorio suo dignitatis : cujus tamen cum fructum non tulit, quem beneficus princeps voluerat : ac opinor in tantis rerum omnium angustiis factum, ut ex annuo quod debebatur salario, vix ad eum quidquam, sicut audio, pervenerit[56]. Bongars, à qui Nevelet adresse la Vie d’Hotman, a fait une réflexion sur ce passage. «[57] Il y a un autre traict. Aprés avoir dit, que le roi lui avoit, sur le Brutum fulmen, donné un estat de conseiller d’état, cujus tamen eum fructum non tulit quem beneficus princeps voluerat[58]. Je vous assure, monsieur, que le roy n’achepta jamais livre si cher que cestui là : il a esté payé beaucoup par dessus son prix. On me dire, que je devois dire mon advis sur ces traicts de meilleure heure : mais il advient souvent, (et à moy plus que trop souvent) que nous ne nous avisons qu’aprés le coup. J’escris à M. Hottoman ce qu’il me semble du premier[59], je ne lui touche pas le second, il s’en pourroit offenser, ignorant comme le faict s’est passé. » Notez que Nevelet ne parle pas là du Brutum fulmen, comme le suppose Bongars, mais de l’ouvrage contre Zampini de Successione inter patruum et fratris filium.

(L) M. Moréri n’a pas fait beaucoup de fautes. ] 1o. Il suppose faussement qu’Hotman fut sauvé par ses écoliers à Bourges, en un autre temps qu’au massacre de la Saint-Barthélemi, c’est-à-dire que d’un seul événement il en a fait deux. 2o. L’année de la mort n’est pas bien marquée ; il fallait mettre 1590, et non pas 1591. Et 3o. il ne fallait pas imputer cette méprise à M. de Sponde en le citant sous l’année 1591, no. 22 ; car c’est sous ce numéro de l’année précédente qu’il parle de la mort d’Hotman.

(M) À l’âge de vingt-trois ans il fit des leçons publiques. ] Je le prouve par ces paroles d’Étienne Pasquier[60] : « Je vous puis dire que l’un des plus grands heurs que je pense avoir recueilly en ma jeunesse, fut qu’un lendemain de l’Assumption nostre Dame, l’an 1546[* 4], Hotoman et Balduin commencerent leurs prémieres lectures de droict aux escholes du Décret en ceste ville de Paris. Celuy là à sept heures du matin, lisant le titre, de Notionibus ; cetuy cy à deux heures de relevée, lisant le titre, de Publicis judiciis, en un grand theatre d’auditeurs. Et ce jour mêmes, sous ces deux doctes personnages, je commencay d’estudier en droict. »

(N) Certaines choses que Baudouin avait publiées…… flétriraient horriblement sa mémoire, si elles étaient véritables. ] Baudouin assure qu’Hotman fut excommunié à Strasbourg pour le crime d adultère. Argentinæ propter adulterium excommunicârat sodalem tuum Hottomannum (Petrus Alexander)[61]. Ces paroles sont adressées à Théodore de Bèze. L’auteur avait déjà parlé de ce fait avec plus de circonstances, et il avait ajouté que le même Hotman perdit aussi son canonicat et sa charge académique. Recitata tunc quoque nostris fuit causa tui Hotmanni, nempe propter quod facinus illic aliquando primum fuisset excommunicatus abs suo Gallo concionatore Petro Alexandro, te quidem propter antiquam societatem submurmurante, sed assentiente tamen tua si minùs parente, at certè avo Gulielmo Farello, sæpius illum jurisperditum appellante. Addebant et complura ejusdem generis quæ pervulgata erant per Joannem Infantium, testem valdè idoneum, et cujus non solùm operâ, sed et opibus quandiù opus habuisti, tam liberaliter es abusus, ut fidem ei detrahere vix audeas. Altera causa fuit exposita cur tuus ille Hotmannus (cujus causa non est abs te sejuncta) ut anteà ecclcsiâ, sic deindè scholâ et suo canonicatu pulsus esset : tandemque quid in eo Sturmius ipse gravissimè accusaret narratum est, et perlecta Sturmiana adversùs eum terribilis expostulalio, quæ profecto non modo de istius flagitiis, sed et de vestræ conjurationis mysteriis narrabat nimis multa[62]. Toutes ces choses avaient précédé l’an 1562. Baudouin, peu après[63], raconte qu’ayant connu Hotman à Paris, pour une personne qui aimait les sciences, il lui avait conseillé d’aller voir le lac Léman ; qu’il le reçut à Strasbourg dans sa maison, avec toute sorte de bonté, comme un ancien ami, lorsqu’Hotman s’y retira après lui avoir demandé ses bons offices pour une chaire de droit, et lui avoir temoigné beaucoup de dégoût de régenter à Lausanne[64] ; qu’il s’aperçut bientôt qu’il tenait une vipère dans son sein, puisqu’Hotman mit tout en œuvre pour le perdre par des machinations secrètes. Voici l’une de ses supercheries : ayant fait jouer des inventions frauduleuses, qui engagèrent Duaren à lui adresser une invective contre Baudouin, il la distribua par toute la ville, en prenant néanmoins garde que Baudouin ne le sût pas : il fut enfin contraint par Sturmius à l’aller trouver pour essuyer ses reproches, et il témoigna un extrême repentir de sa conduite. On rapporte[65] un fragment de la lettre que Sturmius lui écrivit, où il l’accuse d’avoir employé plusieurs fourberies pour supplanter Baudouin. Elles lui réussirent : car il obligea Baudouin à se dégoûter de Strasbourg, et à chercher un autre poste[66], et il lui succéda. Tout ceci se trouve dans la troisième réponse de Baudouin à Calvin. Il avait déjà allégué dans la seconde, cette lettre de Sturmius, et il en avait tiré beaucoup de choses désavantageuses à Hotman. Il en avait rapporte l’endroit où est contenu le reproche d’un exécrable parjure. Hotman, le jour même qu’il avait communié, protesta à Sturmius qu’il priait Dieu que la cène qu’il avait faite se changeât en diable, s’il niait faussement ce qu’il niait[67]. Cependant, ajoute Sturmius, il niait une chose très-véritable. Baudouin rapporte cela comme une preuve que son adversaire, qui se mêlait de disputer sur l’eucharistie, n’en faisait point un grand cas ; et il se sert de cette occasion pour lui reprocher qu’on l’avait exclus de la cène en Allemagne, à cause d’un adultère. Etiam de mysterio cœnæ dominicæ disputat, et me cum suâ Gallicâ (ut vocat) ecclesiâ non idem sentire narrat, qui ab eâ propter Clodianum facinus in Germaniâ excommunicatus aliam quæcunque illi fortasse patuit mensam occupavit. Vis scire quanti faciat totum istud mysterium tuus mystagogus ? Audi Sturmium[68]. Voici un autre passage de cette seconde réponse de Baudouin[69]. Nonne ille est qui…… Silesium se esse finxit, cùm in Germaniâ negaret se esse Gallum, ut in aulam Austriacam irreperet ? Nonne ille est qui cùm tuam[70] ecclesiam clam fugeret et scholam, in quâ tamen docuit aliquot annis grammaticam, depositâ jurisconsulti personâ, venit in Germaniam tuis ad Sturmium litteris instructus quæ Sturmium fefellerunt ? Nonne ille est cujas (ut nunc dicebam) vitam perfidiæ, nequitiæ, sceleris, et omnium maleficiorum plenam ipse Sturmius nuper descripsit ?…… Nonne ille est magnus ardelio, qui cùm in Germaniâ principes miris modis est ladificatus, huc et illuc discurrens, modò in Galliâ tumultuatur, modò ad Rheni ripas adversùs regem suum milites cogit ? Nonne ille, est quem Sturmius… ostendit etiam Galliæ principibus plus quum proditoriè maledicere, cujusque lingua nullum veneficium magis veneficum esse ait et probat ? Nonne ille est qui superioribus annis in Germaniâ pinxit sive suum sive tuum tumultum Ambosianum, et Tigrim[71] peperit, et ejus generis formulas quotidiè concipit novus magister libellorum, non (ut jactabat) supplicum, sed famosorum ? Denique nonne est ille tenebrio qui ad me aliquando scripsit, σκοτιςέον ἐν τῷ νῦν χρόνῳ[72] ?

Voici pourquoi j’ai fait une distinction entre ce qu’on lit dans la troisième réponse de Baudouin, et ce qui se voit dans la seconde. Théodore de Bèze a réfuté la seconde, et n’a rien dit contre la troisième : ainsi la troisième ne tire pas tant à conséquence contre le jurisconsulte Hotman ; car on peut présupposer que si Bèze l’avait réfutée, il aurait justifié ce jurisconsulte. Il faut donc faire plus d’attention aux injures contenues dans la seconde, parce qu’on les peut conférer avec un écrit où Théodore de Bèze la réfuta. Il faut voir, par cette réfutation, quel pouvait être le fondement de Baudouin. J’ai trouvé que son adversaire n’avance rien à la décharge d’Hotman : il se réduit à dire que les reproches d’ignorer la langue latine, et d’être athée, n’embarrasseront point ce docteur, qui ne daignera pas même ouvrir la bouche quant au dernier. Magnum tibi certamen superesse video. Nam quæ tibi objecit magnam inscitiam arguunt, quæ tamen (ut aiunt) refellere non possis. Illa verò quæ regeris cujusmodi sunt quæso ? Latinè scilicet nescit, ut eum oportuerit ad latinam epistolam scribendam alterius operam requirere. Crimen autem ἀθεότητος, etsi omnium est gravissimun, ille tamen, ut opinor, ne responso quidem dignum putabit. Quid enim hoc aliud est quàm latrare[73] ? Il n’y a rien là qui se rapporte aux accusations que j’ai copiées, et qui se trouvent dans les pages 176, 180, 181, 182 de la seconde réponse de Baudouin. Tout ce que Bèze a répondu pour Hotman concerne la page 175, où l’on trouve, 1o. que François Hotman s’appropria une épître dédicatoire que Sturmius avait composée ; 2o. qu’il louait alors les mêmes ouvrages de Duarénus, qu’il avait fort méprisés autrefois, en écrivant contre Rufus pour Dumoulin ; 3o. qu’un élégant maître de l’athéisme de Cicéron n’est pas propre à catéchiser. Noster magister latinitatis priùs quam de meis scriptionibus garriat, suarum, oblitus respondeat Sturmio et aliis à quibus accusatus est quòd suo nomine ediderit epistolam abs Sturmio scriptum, eamque Institutionibus præfixam tamquam suam vendiderit duci Saxoniæ… Oportet istius tui patroni incredibilem esse, non jam dicam, impudentiam quia latitat, sed nequitiam, cùm quidem posteàquam edito libello de sacerdotiis adversùs Ruffum pro Molineo, proscidit illos Beneficiarios Commentarios (Duareni) nunc eos se adorare fingat…… scilicet religionem nos docebit elegans magister Ciceronianæ ἀθεότητος[74] !

Je suis bien certain que tous mes lecteurs conviendront, en comparant ces passages de Baudouin avec celui de Théodore de Bèze, qu’on ne pouvait rien faire de plus désavantageux à Hotman, que de répondre ce que Bèze a répondu. Le silence aurait fait infiniment moins de tort. Pour comble d’infortune, il a fallu que Théodore de Bèze ait publié[75] une lettre de Sturmius, qui désavoue tout ce qu’on voudrait citer de lui comme désavantageux à Calvin et à Théodore de Bèze ; mais quant à François Hotman, rien de semblable.

Languet, véritable réfugié, parfaitement honnête homme, ayant vu les accusations de Sturmius contre Hotman, fit des réflexions fort sensées, et tout-à-fait dignes d’une bonne âme ; mais ce fut avec un cruel chagrin de ce que ses compatriotes se comportaient si lâchement en Allemagne, et que des personnes, qui sous prétexte de religion ne cherchaient qu’à satisfaire leur vanité, faisaient plus de tort à la religion protestante que le roi d’Espagne et que le pape. Il n’ose pas croire néanmoins qu’Hotman eût pu s’oublier assez pour se porter à de telles infamies. Rapportons ses paroles : Hæc sunt levia si conferantur cum turpibus factis nostrorum hominum in Germaniâ, et quidem eorum qui ornati sunt eruditione, et religionis specie, insinuârunt se in amicitiam bonorum virorum, qui ipsis summa beneficia exhibuerunt. Ut alios omittam, nuper vidi accusationem Sturmii adversùs Hottomannum, quæ, si vera est, miseret me Sturmii, et pudet alterius ; sed talia sunt, ut mihi videamur vix posse venire in mentem erudito viro. Quidam mecum egerunt, ut ipsius accusutionis capita ad te perscriberem ; sed à talibus ministeriis ego planè abhorreo, cùm præsertim sciam, te nec voluptatem nec utilitatem ex iis percipere posse, et ad me nihil pertineant, nisi fortè infamiæ pars in me redundet, eo quòd à nostris hominibus talia perpetrentur in ipsâ Germaniâ. Hæc sane tanto dolore me afficiunt, ut nesciam an ex ullâ re majorem unquàm senserim. Video ubique eorum ambitionem, qui prætextu religionis sua quærunt, magis obesse ipsius religionis progressui, quàm pontificem Rom. regem Hispaniæ, et omnes ipsorum ministros. Sed de re odiosâ nimis multa scribo[76]. La lettre d’où je tire ces paroles est datée de Paris, le 11 de décembre 1561. Une autre de ses lettres, datée de la même ville le 23 de janvier 1562, nous apprend que le duc de Guise, qui était allé trouver à Saverne l’évêque de Strasbourg[77], avait intenté un procès à François Hotman pour des libelles diffamatoires, et que plusieurs personnes soutenaient qu’en conséquence de cela il avait fait ce voyage. Languet ne pouvait croire qu’un motif de si petite conséquence eût obligé le duc de Guise à s’en aller à Saverne ; mais je ne doute point qu’il ne jugeât qu’il était honteux à Hotman de se voir mis en justice comme un faiseur de libelles.

(O) Je dirai un mot touchant l’auteur de la Vie de François Hotman. ] Son nom latin, Petrus Neveletus Doschius, signifie Pierre Nevelet, seigneur d’Osche. On lui donne le titre de cette seigneurie dans les Lettres de Pasquier, et la qualité d’avocat en la cour de parlement de Paris[78]. Il était fils d’une sœur de Pierre Pithou, comme il paraît par une lettre que cet oncle lui écrivit, et qui a été imprimée à la fin des Déclamations de Quintilien dans quelques éditions. Isaac Nicolas Nevelet, son fils, publia Ésope, et les autres anciens fabulistes, avec des notes, l’an 1610. Ce fut le premier fruit de ses veilles, et il le dédia à son père.

  1. (*) J’ai un Traité dont le titre est : ad Tractatum Matthæi Zampini J. C. Recannatensis, de successione prærogativâ primi principis Franciæ ; Ornatissimi viri P. C. A. F. civis Parisiensis, et regii consiliarii, Responsio. C’est un in-8o. de 80 pages, imprimé chez les héritiers de Wéchel, 1589. François Hotman était Parisien, et d’ailleurs il avait des lettres de conseiller d’état du roi de Navarre, qui, sous le nom de Henri IV, parvint à la couronne de France, Hotman vivant encore. Ainsi cet ouvrage-ci pourrait bien être le sien. Rem. crit.
  2. * Leduchat remarque que de Thou n’appelle pas le Brutum fulmen, un écrit burlesque. De Thou dit que l’auteur écrivait stylo joculari, ce qui ne veut dire autre chose sinon que le livre d’Hotman, tout sérieux qu’il est, contient des traits enjoués.
  3. (*) L’épigramme suivante courut environ l’année 1561[★ 1], à propos de ce qu’en ce temps-là une grande partie des états de l’Europe étaient régis, ou du moins administrés par des femmes.

    Vulva regit Scotos[a], hæres[b] tenet illa Britannos,
    Flandros et Batavos nunc notha vulva[c] regit.
    Vulva regit populos quos signat Gallia portu[d],
    Et fortes Gallos Itala vulva regit[e].
    His furiam furiis, vulvam conjungite vulvis,
    Sic natura capax omnia regna capit.
    Ad medicem[★ 2] artem incertam Gallia saucia tendit[★ 3].
    Non uti medicis est medicina tibi.
    Non credas medicis, venâ qui sanguinis haustâ
    Conantur vires debilitare tuas.
    Ut regi, matrique suæ sis fida Deoque,
    Utere consilio Gallia docta meo,
    Et pacem tu inter proceres non ponito bellum,
    Hospita[f] lis artus rodit agitque tuos.

    Ce pourrait bien être là le prétendu livre de regno vulvarum, attribué par d’Aubigné à François Hotman. Ce jurisconsulte était poète latin, et sa Franco-Gallia, qu’il publia à quelques douze ou treize ans de là, témoigne qu’il n’approuvait pas que les femmes se mêlassent du gouvernement. Rem. crit.

    1. Le Laboureur, Additions aux Mémoires de Castelnau, tom. I, pag. 773.
    2. Medicam.
    3. Tendis.
    1. Marie Stuart.
    2. Elisabeth d’Angleterre.
    3. Marguerite, fille naturelle de l’empereur Charles V, duchesse de Parme.
    4. Catherine d’Autriche, sœur de Charles V, veuve de Jean III, roi de Portugal, et régente pendant la minorité de Sébastien, son fils.
    5. Catherine de Médicis.
    6. Allusion sur le nom du chancelier de l’Hospital, à qui Catherine de Médicis était principalement obligée de la régence. Notes sur la Rem. crit.

  4. * Joly observe qu’Hotman étant, de l’avis de Bayle, né le 13 août 1524, il n’avait pas encore vingt-deux ans accomplis le 16 août 1556.
  1. Né à Emmerik, au pays de Clèves, selon M. Baillet, Recueil des Anti, art. 131.
  2. C’est ainsi que je corrige la faute Ludovici VI, qui est dans la Vie de François Hotman, à l’édition de Leipsic, 1686, et à celle d’Amsterdam, 1700.
  3. Redimendo Francisco regi ad Ticinum capto, ingentem pecuniæ vim solus fide suà curaverit summo Galliæ bono, summâ suâ cum laude. Petrus Neveletus Doschius, in Vitâ Fr. Hottomanni, pag. m. 208.
  4. Idem, ibidem.
  5. Idem, p. 210.
  6. Jurisconsultis etiam magnis gratum ob latini sermonis elegantiam, et Rom. antiquitatis exquisitam scientiam. Idem, ibid.
  7. Additions aux Éloges, tom. II, pag. 115.
  8. La Vîe d‘Hotman par Nevelet.
  9. Additions aux Éloges, tom. II, p. 115.
  10. Horat., de Arte poët., vs. 25, 26.
  11. In urbem equestrium… ad humaniorum quæ dicuntur litterarum professionem honorificè à senatu Bernensis reipub. evocatus, cujus in ditione urbs illa se contulit. Neveletus, in Vitâ Hottomanni, pag. 211.
  12. Idem, ibidem.
  13. Erant Lausannæ tunc temporis doctrinâ et pietate viri insignes Petrus Viretus ecclesiæ pastor… Franciscus Hottomannus eloquentiæ professor. In Vitâ Theodori Bezæ, apud Melchior. Adam., pag. 205.
  14. Thuan., lib. XCIX, pag. 378, ad ann. 1590.
  15. Voyez les Éloges tirés de M. de Thou par M. Teissier, tom. II, pag. 136, édition de 1696.
  16. Mézerai a tort de dire dans sa grande Histoire, tom. III, pag. 293, que François Hotman était fugitif au Palatinat lorsqu’il publia la Franco-Gallia.
  17. Pag. 221.
  18. Ceci n’est que la version du latin de M. de Thou, lib. LVII, pag. 49, ad annum 1573.
  19. Teissier, Additions aux Éloges de M. de Thou, tom. II, pag. 139.
  20. Elle fut écrite de Strasbourg en 1595, du sujet de la Vie de François Hotman, composée par Nevelet.
  21. Je crois qu’il faut lire la douleur.
  22. Lettres de Bongars, pag. 651, édition. de la Haye, 1695.
  23. Nevelet., in Vitâ Hottomanni.
  24. Dans la remarque (H).
  25. Vexatam illam rebus ita postulantibus et magnis viris hortantibus tractavit controversiam, de successione inter patruum et fratris filium, atque in universum de jure successionis regiæ in regno Galliæ. Neveletus, in Vitâ Hottomanni, pag. 224.
  26. Histoire de la Ligue, liv. IV, pag. m. 367, à l’ann. 1589.
  27. Thuan., lib. LXXXI, init., ad ann. 1585.
  28. Mézerai, Histoire de France, tom. III. pag. 999.
  29. Thuan., lib. XCI, sub fin. Voyez aussi Mézerai, Histoire de France, tom. III, p. 708.
  30. Epitome Biblioth. Gesneri, pag. m. 239.
  31. Voyez Placcius, de Pseudon., p. 233.
  32. Placcius, ibid., pag. 153.
  33. Baillet, dans ses Anti, art. 131.
  34. Lib. LXXXII, pag. 33, ad ann. 1585.
  35. De Scriptis Adespotis, p. 84, edit. 1686.
  36. Neque unquàm posteà induci potuit, ut in patriâ consistendum sibi judicaret : non Andegavensis ipsius ducis litteris inflexus, non promissis, non denique cùm ab eo magister supplicum apud se libellorum dictus esset : hoc sæpè usurpans : Frustra Neptunum accusat, iterùm qui naufragium facit. Nevelet., in Vitâ Hottomanni, pag. 221.
  37. Pag. 90.
  38. Ἐμπνέων ἀπειλῆς καὶ ϕόνον, dit l’écriture aux Actes des Apôtres, chap. IX, vs. 1, touchant Saul.
  39. Barclai ; lib. III contra Monarchomachos, cap. I, pag. 311.
  40. In Grot. de Jure Belli et Pacis, lib. I, cap. IV, pag. m. 275.
  41. Dans le Projet, pag. 92.
  42. Voyez la remarque suivante.
  43. .........Navita Bosphorum
    Pœnus perhorrescit...........
    ....................
    Miles sagittas et celerem fugam
    Parthi : catenas Parthus, et Italum
    Robur. Sed improvisa lethi
    Vis rapuit, rapietque gentes.
    Horat., od. XIII, lib. II.

  44. Voyez la remarque (K) de l’article Élisabeth, tom. VI, pag. 127.
  45. Essais, liv. II, chap. XII, pag. m. 193. Mézerai fait la même remarque dans la page 792 du Ille. tome de l’Histoire de France.
  46. Avertissement des catholiques anglais ; pag. 74, 75, édition de 1587, in-8o.
  47. Matagonis de Matagonibus Monitoriale adversùs Italo-Galliam sive Anti-Franco-Galliam Antonii Matharelli. C’est une pièce d’Hotman en style macaronique.
  48. Quod dicit Franco-Galliam compositam ab auctore benè poto in aliquo œnopolio, et eum evomuisse scriptum plenum furoris et insaniæ, video multos auctoris amicos, dictum istud appellare meretriciam impudentiam flagris et carcere dignam… Ubi ullum iracundi animi signum ? Ubi vox ulla perturbati animi in toto libro, ac non potius sedatæ et moderatæ narrationis ? Idem, ibidem.
  49. Horat., sat. I, lib. I, vs. 24, 25.
  50. Matagonis de Matagonibus Monitoriale adversùs Italo-Galliam sive Anti-Franco-Galliam Antonii Matharelli.
  51. Pierre, Victor Cayet, avant-propos de la Chronologie novénaire.
  52. Histoire universelle, tom. II, p. 670. Simler, Epit. de la Bibliothéque de Gesner, met l’impression de la Franco-Gallia, en 1573, et il a raison. Ce livre fut imprimé à Genève, chez Jacobus Stoërius, l’an 1573. L’épître dédicatoire à l’électeur palatin, est datée du 21 d’août 1573.
  53. Thuan., Histor., lib. LVII.
  54. Histoire de France, tom. III, in-folio, pag. 293.
  55. Antoine Matharel et Papyre Masson.
  56. Nevel., in Vitâ Hottomanni, pag. 225.
  57. Lettres de Bongars, pag. 651, édition de la Haye, 1695.
  58. Ces paroles sont pleines de fautes dans l’édition des Lettres de Bongars que je cite ; je les rapporte comme elles doivent être.
  59. C’est-à-dire, de ce qui concerne la Franco-Gallia. Voyez ci-dessus les paroles de Bongars, remarque (E), citation (22).
  60. Pasquier, Lettres à M. Loysel. Elle est au XIXe. livre de ses Lettres. Les paroles que je cite sont à la page 501 du IIe. tome.
  61. Respons. ad Calvin. et Bezam, pro Francisco Balduino, folio 77.
  62. Ibidem, folio 70 verso.
  63. Idem, ibidem, folio 86.
  64. Alterum Balduini ex non dissimili errore peccatum fuit quòd Hotmanni tui Lausannæ languentis et in cædendis quos in tuo ludo grammaticam docebat, pueris defatigati, et ex eo carcere liberari miserè cupientis, et commendatione Balduini ad aliquam juris professionem redire litteris temerè crediderit. Ibid.
  65. Ibidem, folio 87.
  66. Il s’en alla à Heidelberg.
  67. Balduin., Respons. altera ad Joann. Calvinum, pag. m. 176.
  68. Idem, ibidem.
  69. Idem, ibid., pag. 181, 182.
  70. Ces paroles sont adressées à Calvin.
  71. C’est un libelle dont je parle dans l’article Guise (François), tom. VII, pag. 378, remarque (I).
  72. C’est-à-dire, en ce temps-ci il faut chercher les ténèbres.
  73. Beza, Respons. ad Balduin., sub fin., pag. 253, tom. II Operum.
  74. Balduini Respons. altera ad J. Calvinum, pag. 175.
  75. Beza, Respons. ad Balduin., Oper. tom. II, pag. 234.
  76. Languet, epist. LXIV, lib. II, pag. 186, 187.
  77. Idem, ibid. epist. LXVII, pag. 197.
  78. Voyez le VIIIe. livre des Lettres de Pasquier, pag. 467 du Ier. tome.

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