Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Fosite

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Henri Plon (p. 282).

Fosite. Saint Willibrord, au septième siècle, apôtre des Frisons, jeté par une tempête dans une petite île des côtes de la Frise, l’île d’Alemand, appelée alors Fositeland[1], vit avec douleur que ces pauvres peuples adoraient là le démon P’osite, qui donnait son nom au pays. Il y recevait un culte étendu. On regardait comme impie et sacrilège quiconque aurait osé tuer les animaux qui y vivaient, manger quelque chose de ce qu’elle produisait, et parler en puisant de l’eau à une fontaine qui y était. Le saint voulut détromper ces peuples, aveuglés d’une superstition si grossière. Il fit tuer quelques animaux que lui et ses compagnons mangèrent ; et il baptisa trois enfants dans la fontaine, en prononçant à haute voix les paroles prescrites par l’Église. Les insulaires s’attendaient à voir les saints punis de mort ; mais ils durent reconnaîtreque leur dieu Fosite ne pouvait rien contre eux. Le roi frison, Radbod, furieux de l’audace des missionnaires, ordonna de tirer au sort trois jours de suite et trois fois chaque jour, déclarant qu’il ferait périr celui sur qui le sort tomberait. Il tomba sur un compagnon du saint, qui fut sacrifié à la superstition, et mourut martyr de la vérité. Mais il ne tomba jamais sur saint Willibrord.

  1. Land, dans l’idiome néerlandais, veut dire pays.