Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Loyer

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Henri Plon (p. 416-417).
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Loyer (Pierre le), sieur de la Brosse, conseiller du roi au siège présidial d’Angers, et démonographe, né à Huillé dans l’Anjou, en 1550, auteur d’un ouvrage intitulé Discours et histoires des spectres, visions et apparitions des esprits, anges, démons et âmes se montrant visibles aux hommes ; divisé en huit livres, desquels, par les visions merveilleuses et prodigieuses apparitions avenues en tous les siècles, tirées et recueillies des plus célèbres auteurs tant sacrés que profanes, est manifestée la certitude des spectres et visions des esprits, et sont baillées les causes d’iceux, leurs effets, leurs différences, les moyens pour reconnaître les bons et les mauvais et chasser les démons ; aussi est traité des extases et ravissements ; de l’essence, nature et origine des âmes, et de leur état après le décès de leurs corps ; plus des magiciens et sorciers ; de leurs communications avec les malins esprits ; ensemble des remèdes pour se préserver des illusions et impostures diaboliques. Paris, chez Nicolas Buon, 1605, 1 vol. in-4o.

Ce volume singulier est dédié Deo optimo maximo ; il est divisé en huit livres, comme l’annonce le titre qu’on vient de lire. Le premier contient la définition du spectre, la réfutation des saducéens, qui nient les apparitions et les esprits ; la réfutation des épicuriens, qui tiennent les esprits corporels, etc. Le deuxième livre traite, avec la physique du temps, des illusions de nos sens, des prestiges, des extases et métamorphoses des sorciers, des philtres. Le troisième livre établit les degrés, charges, grades et honneurs des esprits ; les histoires de Philinnion et de Polycrite, et diverses aventures de spectres et de démons.

Dans le livre suivant, on apprend à quelles personnes les spectres apparaissent ; on y parle des démoniaques, des pays où les spectres et démons se montrent plus volontiers. Le démon de Socrate, les voix prodigieuses, les signes merveilleux, les songes diaboliques ; les voyages de certaines âmes hors de leur corps tiennent place dans ce livre. Le cinquième traite de l’essence de l’âme, de son origine, de sa nature, de son état après la mort, des revenants. Le livre sixième roule tout entier sur l’apparition des âmes ; on y démontre que les âmes des damnés et des bienheureux ne reviennent pas ; mais seulement les âmes qui souffrent en purgatoire. Dans le septième livre, on établit que la pythonisse d’Endor fit paraître un démon sous la figure de l’âme de Samuel. Il est traité en ce livre de la magie, de l’évocation des démons, des sorciers, etc. Le dernier livre est employé à l’indication des exorcismes, fumigations, prières et autres moyens antidiaboliques. L’auteur, qui a rempli son ouvrage de recherches et de science indigérée, combat le sentiment ordinaire qu’il faut donner quelque chose au diable pour le renvoyer.

« Quant à ce qui est de donner quelque chose au diable, dit-il, l’exorciste ne le peut faire, non pas jusqu’à un cheveu de la tête, non pas jusqu’à un brin d’herbe d’un pré ; car la terre et tout ce qui habite en elle appartient à Dieu. »