Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Magie et Magiciens

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Henri Plon (p. 425-428).
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Magie et Magiciens. La magie est l’art de produire dans la nature des choses au-dessus du pouvoir des hommes, par le secours des démons, ou en employant certaines cérémonies que la religion interdit. Celui qui exerce cet art est appelé magicien. On distingue la magie noire, la magie naturelle, la cœlestialis, qui est l’astrologie judiciaire, et la cœremonialis. Cette dernière consiste dans l’invocation des démons, en conséquence d’un pacte formel ou tacite fait avec les puis » sances infernales. Ses diverses branches sont la cabale, l’enchantement, le sortilège, l’évocation des morts et des esprits malfaisants, la découverte des trésors cachés et des plus grands secrets, la divination, le don de prophétie, celui de guérir par des termes magiques et par des pratiques mystérieuses les maladies les plus opiniâtres, de préserver de tous maux, de tous dangers, au moyen d’amulettes, de talismans ; la fréquentation du sabbat, etc.[1]

La magie naturelle, selon les démonographes, est l’art de connaître l’avenir et de produire des effets merveilleux par des moyens naturels, mais au-dessus de la portée du commun des hommes. La magie artificielle est l’art de fasciner les yeux et d’étonner les spectateurs, ou par des automates, ou par des escamotages, ou par des tours de physique. La magie blanche est l’art de faire des opérations surprenantes par l’évocation des bons anges, ou simplement par adresse et sans aucune évocation. Dans le premier cas, on prétend que Salomon en est l’inventeur ; dans le second, la magie blanche est la même chose que la magie naturelle, confondue avec la magie artificielle. La magie noire ou diabolique, enseignée par le diable, et pratiquée sous son influence, est l’art de commercer avec les démons, en conséquence d’un pacte fait avec eux, et de se servir de leur ministère pour opérer des effets au-dessus de la nature. C’est de cette magie que sont accusés ceux qu’on appelle proprement magiciens. Cham en a été, dit-on, l’inventeur ou plutôt le conservateur ; car Dieu n’envoya le déluge, disent les démonomanes, que pour nettoyer la terre des magiciens et des sorciers qui la souillaient. Cham enseigna la magie et la sorcellerie à son fils Misraïm, qui, pour les grandes merveilles qu’il faisait, fut appelé Zoroastre. On a dit qu’il avait composé cent mille vers sur ce sujet, et qu’il fut emporté par le diable en présence de ses disciples.

En fait, la magie existe ; et l’Église n’a pu se tromper en la considérant comme une apostasie et un enrôlement dans les phalanges de Satan. Il n’est pas nécessaire d’établir ici la vérité des faits rapportés dans l’Écriture sainte sur la magie et les magiciens. Ils ne sont contestés que par la mauvaise foi des incrédules qui ont leur parti pris de nier. Mais tous les peuples ont reconnu l’existence de la magie ; et les plus forts des esprits forts ne la nieront pas, s’ils ont vu quelques-unes des merveilles du magnétisme. Nous ne parlons ici que des faits et non de la manière de les interpréter. Disons toutefois qu’on a attribué à cet art noir bien des accidents qui n’en ont pas été les produits. Il est constant que les écrivains des siècles passés ont entouré les histoires de faits magiques d’une crédulité trop étendue. La magie, disent-ils, donne à ceux qui la possèdent une puissance à laquelle rien ne peut résister : d’un coup de baguette, d’un mot, d’un signe, ils bouleversent les éléments, changent l’ordre immuable de la nature, livrent le monde aux puissances infernales, déchaînent les tempêtes, les vents et les orages ; en un mot, font le froid et le chaud. Les magiciens et sorciers, dit Vecker, sont portés par l’air d’un très-léger mouvement, vont où ils veulent, et cheminent sur les eaux, comme Oddon le pirate, lequel voltigeait çà et là en haute mer, sans esquif ni navire

On conte qu’un magicien coupa la tête d’un valet en présence de plusieurs personnes qu’il voulait divertir ; toutefois il coupait cette tête avec le dessein de la remettre ; mais pendant qu’il se disposait à la rétablir, il vit un autre magicien qui s’obstinait à le contre-carrer, quelque prière qu’il lui adressât ; il fit naître tout d’un coup un lis sur une table, et en ayant abattu la tête, son ennemi tomba par terre sans tête et sans vie. Puis il rétablit celle du valet et s’enfuit. Ce sont là des contes. Or, ces contes sur l’histoire la chargent sans l’anéantir.

Un autre magicien, en 1284, délivra la ville d’Hameln des rats innombrables qui infestaient ; il opéra cette merveille au moyen d’une flûte enchantée dont les sons attiraient invinciblement les rats. Mais, après ce service rendu, les magistrats d’Hameln refusèrent au magicien le prix convenu. Il s’en vengea, au moyen d’une autre flûte qui, par ses vibrations, entraîna tous les enfants de la ville. On ne les revit plus ; et des documents établissent qu’ils furent transportés en Transylvanie. Des monuments appuient ce trait d’histoire[2], dont Gustave Nieritz a fait un conte de fantaisie[3].

Mouchemberg, dans la suite de l’Argenis, va plus loin. Il raconte les aventures bizarres du magicien Lexilis. Ce magicien ayant été mis en prison par ordre du souverain de Tunis (le fait a eu lieu quelque temps avant la splendeur de Rome), il arriva dans ces entrefaites une chose étrange au fils du geôlier de la prison où Lexilis était détenu. Ce jeune homme venait de se marier, et les parents célébraient les noces hors de la ville. Le soir venu, on joua au ballon. Pour avoir la main plus libre, le jeune marié ôta de son doigt l’anneau nuptial ; il le mit au doigt d’une statue qui était près de là. Après avoir bien joué, il retourne vers la statue pour reprendre son anneau ; mais la main s’était fermée, et il lui fut impossible de le retirer. Ce fait se retrouve dans plusieurs légendes du moyen âge. Le jeune homme ne dit rien d’un tel prodige ; mais quand tout le monde fut rentré dans la ville, il revint seul devant la statue, trouva la main ouverte et étendue comme auparavant, toutefois sans la bague qu’il y avait laissée. Ce second événement le jeta dans une grande surprise. Il n’en alla pas moins rejoindre sa famille. Mais il voulut inutilement se rapprocher de sa femme. Un corps solide se plaçait continuellement devant lui. « C’est moi que tu dois embrasser, lui dit-on enfin, puisque tu m’as épousée aujourd’hui : je suis la statue au doigt de laquelle tu as mis ton anneau. » Le jeune époux effrayé révéla la chose à ses parents. Son père lui conseilla d’aller trouver Lexilis dans son cachot ; il lui en remit la clef. Le jeune homme s’y rendit et trouva le magicien endormi sur la table. Après avoir attendu longtemps qu’il s’éveillât, il le tira doucement par le pied : le pied avec la jambe lui demeura dans les ! mains… Lexilis, s’éveillant alors, poussa un cri : la porte du cachot se referma d’elle-même. Le marié tremblant se jeta aux genoux du magicien, lui demanda pardon de sa maladresse et implora son assistance. Le magicien promit de le débarrasser de la statue, moyennant qu’on le mît en liberté. Le marché fait, il rajusta sa jambe à sa place et sortit. Quand il fut libre, Lexilis écrivit une lettre qu’il donna au jeune homme : « Va-t’en à minuit, lui dit-il, dans le carrefour voisin où aboutissent quatre rues ; attends debout et en silence ce que le hasard t’amènera. Tu n’y seras pas longtemps sans voir passer plusieurs personnages, chevaliers, piétons, gentilshommes : les uns armés, les autres sans armes ; les uns tristes, les autres gais. Quoi que tu voies et que tu entendes, garde-toi de parler ni de remuer. Après cette troupe, suivra un certain, puissant de taille, assis sur un char ; tu lui remettras ta lettre, sans dire un mot, et tout ce que tu désires arrivera. » Le jeune homme fit ce qui lui était prescrit et vit passer un grand cortège. Le maître de la compagnie venait le dernier, monté sur un char triomphal. Il passa devant le fils du geôlier, et, jetant sur lui des regards terribles, il lui demanda de quel front il osait se trouver à sa rencontre ? Le jeune homme, mourant de peur, eut pourtant le courage d’avancer la main et de présenter sa lettre. L’esprit, reconnaissant le cachet, la lut aussitôt et s’écria : « Ce Lexilis sera-t-il longtemps encore sur la terre !… » Un instant après, il envoya un de ses gens ôter l’anneau du doigt de la statue, et le jeune époux cessa d’être troublé.

Cependant le geôlier fit annoncer au souverain de Tunis que Lexilis s’était échappé. Tandis qu’on le cherchait de toutes parts, le magicien entra dans le palais, suivi d’une vingtaine de jeunes filles qui portaient des mets choisis pour le prince. Mais, tout en avouant qu’il n’avait rien mangé de si délicieux, le roi de Tunis n’en renouvela pas moins l’ordre d’arrêter Lexilis. Les gardes, voulant s’emparer de lui, ne trouvèrent à sa place qu’un chien mort, sur le ventre duquel ils avaient tous la main,… prestige qui excita la risée générale. Après qu’on se fut calmé, on alla à la maison du magicien ; il était à sa fenêtre, regardant venir son monde. Aussitôt que les soldats le virent, ils coururent à sa porte, qui se ferma incontinent. De par le roi, le capitaine des gardes lui commanda de se rendre, le menaçant d’enfoncer la porte s’il refusait d’obéir. « Et si je me rends, dit Lexilis, que ferez-vous de moi ? — Nous vous conduirons courtoisement au prince. — Je vous remercie de votre courtoisie ; mais par où irons-nous au palais ? — Par cette rue, » reprit le capitaine en la montrant du doigt. En même temps il aperçut un grand fleuve qui venait à lui en grossissant ses eaux et remplissait la rue qu’il venait de désigner, tellement qu’en moins de rien ils en eurent jusqu’à la gorge. Lexilis, riant, leur criait : « Retournez au palais, car pour moi je ne me soucie pas d’y aller en barbet. »

Le prince, ayant appris ceci, résolut de perdre sa couronne plutôt que de laisser le magicien impuni : il s’arma lui-même pour aller à sa poursuite et le trouva dans la campagne qui se promenait paisiblement. Les soldats l’entourèrent pour le saisir ; mais Lexilis faisant un geste, chaque soldat se trouva la tête engagée entre deux piquets, avec deux cornes de cerf qui l’empêchaient de se retirer. Ils restèrent longtemps dans cette posture, pendant que des enfants leur donnaient de grands coups de houssine sur les cornes… Le magicien sautait d’aise à ce spectacle, et le prince était furieux. Ayant aperçu à terre, aux pieds de Lexilis, un morceau de parchemin carré, sur lequel étaient tracés des caractères, le roi de Tunis se baissa et le ramassa sans être vu du magicien. Dès qu’il eut ces caractères dans la main, les soldats perdirent leurs cornes, les piquets s’évanouirent, Lexilis fut pris, enchaîné, mené en prison, et de là sur l’échafaud pour y être rompu. Mais ici il joua encore un tour de son métier ; car, comme le bourreau déchargeait la barre de fer sur lui, le coup tomba sur un tambour plein de vin, qui se répandit sur la place, et Lexilis ne reparut plus à Tunis…

Voici une autre histoire contée par Wierus : « Un magicien de Magdebourg gagnait sa vie en faisant des tours de son métier, des enchantements, des fascinations et des prestiges sur un théâtre public. Un jour qu’il montrait, pour quelque monnaie, un petit cheval auquel il faisait exécuter, par la force de sa magie, des choses incroyables, après qu’il eut fini son jeu, il s’écria qu’il gagnait trop peu d’argent avec les hommes et qu’il allait monter au ciel… Ayant donc jeté son fouet en l’air, ce fouet commença de s’enlever. Le petit cheval ayant saisi avec sa mâchoire l’extrémité du fouet, s’enleva pareillement. L’enchanteur, comme s’il eût voulu retenir son bidet, le prit par la queue et fut emporté de même. La femme de cet habile magicien empoigna à son tour les jambes de son mari qu’elle suivit ; enfin la servante s’accrocha aux pieds de sa maîtresse, le valet aux jupes de la servante, et bientôt le fouet, le petit cheval, le sorcier, la femme, la cuisinière, le laquais, s’enlevèrent si haut qu’on ne les vit plus. Pendant que tous les assistants demeuraient stupéfaits d’admiration, il survint un homme qui leur demanda pourquoi ils bayaient aux corneilles, et quand il le sut : « Soyez en paix, leur dit-il, votre sorcier n’est pas perdu, je viens de le voir à l’autre bout de la ville, qui descendait à son auberge avec tout son monde[4]… » Voy. Harvis.

On raconte qu’Hemmingius, théologien célèbre, cita un jour deux vers barbares dans une de ses leçons, et ajouta, pour se divertir, qu’ils pouvaient chasser la fièvre, parce qu’ils étaient magiques. L’un de ses auditeurs en fit l’essai sur son valet et le guérit. Puis après on fit courir le remède, et il arriva que plusieurs fébricitants s’en trouvèrent bien. Hemmingius, après cela, se crut obligé de dire qu’il n’avait parlé de la sorte qu’en riant, et que ce n’était qu’un jeu d’esprit. Dès lors le remède tomba ; mais il y en eut beaucoup qui ne voulurent point se dédire de la confiance qu’ils y avaient ajoutée. Les maladies n’existent souvent que dans l’imagination : telle personne guérira avec un charlatan en qui elle a confiance ; telle autre ne guérira point avec un excellent médecin de qui elle se défie.

La magie a reparu en Suède en 1859 avec une sorte d’épidémie diabolique. Voici ce qu’on écrivait alors :

« Une superstition étrange, qui a pris la forme d’une véritable épidémie, a sévi pendant l’été dernier dans quelques contrées de la Suède. Le prévôt du chapitre de Leksand, le docteur Hvaser, chargé de faire une enquête, a consigné dans son rapport les faits suivants :

« Cette superstition a beaucoup de ressemblance avec celles des sorcières du moyen âge qui croyaient avoir assisté au sabbat du diable, ce qui s’appelait en Suède aller à Blokulla. Mais cette fois, et c’est ce qu’il y a de plus curieux, ce ne sont presque que des enfants qui sont en proie à ces hallucinations. En outre, ce n’est plus à Blokulla qu’on est censé aller, mais à Josefsdal, qui doit être près de Stockholm.

» Voici ce que les enfants racontent sur leurs pérégrinations. D’abord ils sont changés en vers, et ils s’échappent au dehors à travers un trou pratiqué dans la fenêtre ; ensuite ils prennent la forme de pies, et, quand ils se sont rassemblés, ils redeviennent enfants. Alors ils montent sur des peaux de veaux ou de vaches à travers les airs vers un clocher, où ils se vouent au diable.

» Anciennement on enlevait des parcelles du métal de la cloche en prononçant ces mots : « Que mon âme n’arrive jamais au règne de Dieu avant que ce métal redevienne une cloche. » Aujourd’hui la farine a remplacé le métal, et arrivé à Josefsdal, on en prépare une bouillie appelée welling, qu’on mange en société avec le malin esprit, qui s’appelle Nordsgubb (le vieux du Nord).

» En dansant, il porte des bottes fourrées dont il se débarrasse quand il s’est échauffé. Presque tous les enfants des deux communes de Gagnef et de Mockjards sont affectés de ces hallucinations. Quelques-uns en souffrent, d’autres restent bien portants. Les parents, qui croient leurs enfants perdus et vendus au prince des ténèbres, s’en désolent. D’autres, et ce ne sont pas les moins superstitieux, quand leurs enfants ne veulent pas faire des aveux, les tourmentent d’une manière incroyable.

» Un petit garçon nommé Grabo Pehr, qui affirmait avoir été plusieurs fois à Josefsdal, prétendait y avoir vu une petite fille, et lorsque la mère de celle-ci interrogeait Grabo Pehr, il indiquait pour preuve qu’en mangeant à Josefsdal, la petite fille s’était éclaboussée à la figure, d’où il serait résulté une blessure qui ne pourrait jamais guérir. La petite fille, en effet, souffrait, tout près de l’œil, d’une plaie de mauvaise nature et dont on ignorait l’origine. On peut croire quelle impression fâcheuse une telle coïncidence apparente faisait sur sa pauvre mère. La petite fille, cependant, n’avait aucune idée de Josefsdal, ni du welling, et par conséquent ne put jamais faire aucune révélation.

» Heureusement cette épidémie, dans ces deux villages, s’est calmée un peu au bout de quelques mois ; mais les esprits de la population n’en sont pas moins extrêmement agités, et des symptômes alarmants se montrent dans les contrées voisines. »

Il y a eu de tout temps, chez tous les peuples peu éclairés, grand nombre de magiciens, et on a beaucoup écrit contre eux. Nous citerons ici quelques-uns des mille et un volumes qui traitent de cette matière ex professo : 1° le Traité de la magie blanche, ou de l’escamotage, de Decremps ; 2° la Magie naturelle, de Porta ; 3° la Véritable magie noire, ou le Secret des secrets, manuscrit trouvé à Jérusalem dans le sépulcre de Salomon, contenant quarante-cinq talismans, avec la manière de s’en servir et leurs merveilleuses propriétés ; plus, tous les caractères— ma— giques connus jusqu’à ce jour, traduit du mage Iroé-Grego, Rome, 1750. Cet ouvrage stupide est donné comme un écrit de Salomon. On y trouve surtout des conjurations. 4° Trinum magicum, ou Traité des secrets magiques, contenant des recherches sur la magie naturelle, artificielle et superstitieuse ; les talismans, les oracles de Zoroastre, les mystères des Égyptiens, Hébreux, Chaldéens, etc., in-8o, Francfort, 1673 ; 5° Lettres de Saint-André, conseiller médecin ordinaire du roi, à quelques-uns de ses amis, au sujet de la magie, des maléfices et des sorciers, etc., Paris, in-12, 1725 ; 6° Traité sur la magie, le sortilège, les possessions, obsessions et maléfices, etc. ; par M. Daugis ; Paris, in-12, 1732. De nos jours on a vu paraître sur ces matières quelques ouvrages d’esprit divers. M. Jules Garinet a donné en 1818 une Histoire de la magie en France, pleine de faits curieux, mais trop sceptiques. Plus récemment, M. Alfred Maury a écrit sur la magie pour la nier. M. Louis Figuier a voulu ainsi expliquer le merveilleux sans trop l’admettre. L’abbé Fiard, dont on s’est raillé, a été peut-être un peu crédule aux yeux du vulgaire ; mais il n’a pas toujours vu faux. M. Eudes de Mirville a parfaitement démontré l’existence palpable des esprits. M. le chevalier Gougenot des Mousseaux, dans son savant livre intitulé la Magie au dix-neuvième siècle, a solidement établi les faits magiques, dans le passé et de nos jours, ainsi que le concours actif des démons autour de nous[5]. Enfin, la Mystique divine, naturelle et diabolique, de Görres, est aussi un livre que les négations ne tueront pas. Voy. Bodin, Delrio, Delancre, Leloyer, Boguet, Wierus, etc.

  1. « Je ne sais si je dois vous dire que l’on compte d’ordinaire six espèces principales de magie : la nécromancie, la pyromancie, l’aéromancie, l’hydromancie, la géomancie et la chiromancie. Mais peut-être ne serez-vous pas fâché que j’observe que ces diverses espèces de divination étaient bien sacrées en substance, quand les lois les autorisaient comme autant de mystères, mais qu’elles étaient abominables lorsque d’autres que le collège des prêtres s’en mêlaient ; parce que l’on s’imaginait qu’il n’y avait que les prêtres qui eussent le droit, en vertu des lois, de consulter les bons démons ; et que, par conséquent, les magiciens, qui n’étaient que des personnes particulières sans vocation, n’agissaient que par illusion, ou tout au plus par le commerce des mauvais démons, qui ne demandaient pas mieux que de donner par leur ministère des marques de leur malignité.

     » C’est pourquoi les païens, qui avaient en horreur le seul nom de magie, donnèrent à leurs mystères celui de divination, et afin d’y mettre une différence plus réelle, ils en changèrent, autant qu’ils le purent, les divers sujets, et en augmentèrent les espèces. »

    (Binet, Traité historique des dieux et des démons du paganisme, lettre troisième.)
  2. Voyez cette curieuse tradition dans les Légendes des Commandements de Dieu.
  3. Le sifflet magique, traduit de l’allemand en français, par J. B. J. Champagnac. 1 vol. in-12.
  4. Wierus, De prœst., lib. ii, cap. vii.
  5. La magie au dix-neuvième siècle, ses agents, ses vérités, ses mensonges, par le chevalier Gougenot des Mousseaux, etc. Beau vol. in-8o, Henri Pion, éditeur, 1861.}}