Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BOUSSE

La bibliothèque libre.
◄  BOUSSAULT
BOUTRI  ►

BOUSSE, S.- AUBIN DE BOUSSE, Sandus Albinus de Boussëio ; peut-être du grec et du latin Bos, bœuf. Commune du canton et à 5 kil. 6 hectom. S. S. E. de Malicorne ; de l’arrondissemsnt et à 8 kilom. N. de la Flèche ; à 33 kil. S. O. du Mans. Jadis de l’archiprêtré et de l’élection de la Flèche ; du diocèse d’Angers et de la province d’Anjou. — Distances légales, 6, 10 et 38 kilomètres.

descript. Bornée au N., par Malicorne et Courcelles ; à l’E., par Ligron ; au S. E., par Clermont ; au S., par S.-Germain-du-Val ; à l’O., par Vilaines-sous-Malicorne ; au N. O., par Arthezé ; sa forme est celle d’un carré long irrégulier, ayant un appendice comme triangulaire, qui s’étend au N. O. Ses diamètres centraux sont, du N. au S., de 9 kil. ; et de l’E. à l’O., de 4 kil. 2 hect. Plus grand diamètre, de l’extrémité de l’appendice N. O. au S. E., 13 kil. 1/2. — Le bourg, assez agréable, situé sur la pente S. d’un côteau, vers l’extrémité E. N. E. de la commune, forme une rue au N. O. de l’église, puis une place semi-circulaire à l’O. S. O. Église à clocher en flèche, n’ayant rien de remarquable. Cimetière situé à mi-côte, à 300 pas du bourg au N. O., clos d’une haie en buis.

populat. De 155 feux anciennement, on en compte actuellement 235, qui se composent de 411 individus mâles et de 435 femelles ; total, 846, dont 88 dans le bourg. Diminution de population depuis 1804, de 16 individus. Voir l’article malicorne (canton de). Plusieurs hameaux ont de 20 à 30 habitans ; celui de Brigne en compte 40 à 45.

Mouv. décenn. De 1793 à 1802, inclusivement : mar., 65 ; naiss., 229 ; déc., 151. — De 1803 à 1812 : mar., 78 ; naiss., 226 ; déc, 220. — De 1813 à 1822 : mar., 68 ; naiss., 252 ; déc., 159.

hist. ecclés. Église dédiée à S. Aubin : point d’assemblée. La cure, ancien prieuré de l’abbaye de S. Aubin d’Angers, était à la présentation de l’abbé de ce monastère ; le desservant actuel était un religieux de cette abbaye, nommé à cette cure avant la révolution. Il y avait dans cette paroisse trois chapelles fondées, sous le titre de S.-Thibaud, de S-Jean-Baptiste et de la Chevalerie : cette dernière, qui subsiste encore, et où l’on va dire la messe lors des processions des Rogations, dépendait du fief de la Baumerie : le seigneur de ce lieu la présentait. L’abbaye, ferme située près et au N. N. E. du bourg, était un prieuré conventuel de l’abbaye de Solesme près Sablé : on l’appelle encore le Petit-Solesme. Brigne, chapelle située à 1 kil. 7 hect. au S. du bourg, et au N. de la garenne des Cerfs, était, dit-on, un bénéfice du prieuré de Clermont-Gallerande. La tradition locale veut que ce lieu, qui forme encore un hameau, ait été considérable, même une ville, autrefois. On appuie cette opinion du nom d’une ferme, qui en est éloignée de 1 kil à l’E., et qu’on appelle encore Porte de Brigne ; on croit que la chapelle actuelle n’était que la sacristie d’un monastère qui existait en cet endroit. Deux domaines situés dans la commune, nommés la Loge et la Renoullière appartenaient à ce bénéfice de Brigne, dont la chapelle, est dédiée à S. Blaise et à S. Lô. On croit que les religieux du prieuré de Bousse furent fondateurs de cette paroisse, dont ils possédaient les droits seigneuriaux. Les moines qui l’occupaient, comme ceux du Petit-Solesme, se retirèrent dans leur monastère, dans le 12.e siècle, en y laissant un vicaire perpétuel sous le nom de prieur, auquel ils cédèrent une partie de leurs droits seigneuriaux, par les motifs que nous avons expliques à la page cxvi du précis.

hist. civ. Il existe à Bousse une fondation de charité, dotée de 150 fr. de rente sur l’état.

hist. féod. La seigneurie de paroisse, comme nous venons de le dire, appartenait au prieur-curé de Bousse, auquel le seigneur de Courcelles devait une rente de quatre septiers de froment, pour la cession que lui avaient faite les moines de S. Aubin, de leur moulin de Dolans. Outre cette seigneurie, il existait dans la paroisse le fief de la Baumerie, ceux de la Loge et de Bonne-Fontaine, qui relevaient de la seigneurie de Malicorne, et celui de la Poissonnière, qui relevait de Bonne-Fontaine. Celle-ci était comprise dans un aveu rendu en 1414, pour la baronnie de la Flèche, par le duc d’Alençon, au duc d’Anjou. Les terres de Bonne-Fontaine de la Loge, qui étaient en culture, furent plantées en bois et réunies à la garenne des Cerfs, vulgo des Sars, par corruption de langage : cette partie forme environ 4-5 hectares de cette garenne.

antiq. Nous croyons trouver dans le nom de Ramefort ou Romefort, ancien château que l’histoire indique avoir existé sur le territoire de Bousse, là où est encore un moulin du même nom, sur le ruisseau le Loyer, les traces du séjour des Romains dans ce lieu. Ramefort, que l’on prononce encore et avec plus de raison romefort, nous semble indiquer bien positivement un fort construit et occupé par les premiers conquérans des Gaules. La présence de nombreux amas de scories de fer, riches en métal, comme toutes celles qu’on croit être le résultat de l’imperfection des forges à bras dont ils se servaient ; le nom de Romieu que porte une ferme peu éloignée ; celui des Marqueries donné à un petit hameau de la commune, nom que nous avons déjà dit indiquer le lieu où l’on enregistrait et où l’on marquait d’une feuille de lierre au bras, les soldats gaulois qui venaient prendre place dans les légions romaines, sont des indications qui nous semblent confirmatives de notre opinion. Qui sait si le nom de porte de Brigne, n’était point celui d’une issue du camp romain qui pouvait être établi dans cette contrée ?

« En 1429, dit M. de Barante (Hist. des ducs de Bourgogne), le connétable de Richemont s’avançait dans le Maine ; il avait pris Gallerande, Ramefort et Malicorne. » Nos historiens manceaux fixent la prise de ces deux dernières places à l’année 1425, et en font honneur à notre grand capitaine Ambroise de Loré, et aux seigneurs de Rais et de Beaumont. Un historien nomme le seigneur de Beaumanoir, au lieu de celui de Beaumont, alors François II d’Alençon : mais l’auteur des annales d’Anjou fait observer que Beaumanoir était alors prisonnier.

hydrogr. La commune est arrosée au N., par le ruisseau le Loyer, qui la borne ; et par celui de Roulebeau ou Roulebœuf qui, prenant sa source au S. du bourg, près Brigne, se jette dans le précédent, après un cours de 2 kil. 1/2 au N. — Moulins de Ramefort, de Dolant, de Chantepie, de Hâte-Vilain, ce dernier à 2 roues, sur le Loyer ; de Régné, sur le Roulebeau, tous à blé.

géolog. Minéral. Surface inégale, coupée par des coteaux qui la sillonnent généralement ; pays couvert et boisé. Terrain secondaire offrant le grès abondamment, le calcaire coquillier, contenant les mêmes espèces de fossiles que celui d’arthezé ; le silex corné, empâté dans les argiles qui recouvrent la surface du sol.

divis. des terr. Suivant le levé géométrique cadastral, d’après lequel nous avons indiqué la forme et les diamètres de cette commune, sa superficie totale est de 1,300 hectares, qu’on peut diviser provisoirement ainsi qu’il suit, en attendant le détail par natures de cultures, dont nous ne pouvons encore disposer. Terres labourables, 780 hectares ; jardins, 15 ; vignes, 10 ; prés, 50 ; landes, 95 ; bois taillis, 98 ; superficie des bâtimens, église, presbytère, place, routes et chemins, cours d’eau, 252 hectares.

contrib. Foncier, 3,531 f. ; personn. et mobil., 484 f. ; port. et fen., 120 f. ; 17 patentés : dr. fixe, 98 f. 50 c. ; dr. proport., 51 f. Total, 4,284 f. 50 c. — Perception de Vilaines-sous-Malicorne.

cultur. Terres argileuses, graveleuses et calcaires ; terrain froid et humide ; on y cultive le froment, en majeure partie ; seigle, avoine ; très-peu d’orge ; sarrasin, peu de trèfle et de chanvre, pommes de terre. Arbres à fruits. Elèves de bestiaux, de porcs, de volailles ; engrais de poulardes ; quelques ruches. — Assolement quadriennal, 12 charrues ; 5 fermes et 15 closeries.

comm. agric. Exportation de grains, avec importation d’espèces différentes, la commune se nourrissant à peine ; chanvre et fil ; cidre de peu de qualité, fruits cuits ; bois. Jeunes bestiaux, porcs gras ; volailles, poulardes à l’instar de Mézerai, dont cette commune est presque limitrophe ; menues denrées.

comm. industr. Trois métiers à toile de chanvre, de commande, pour les particuliers. Extraction du grès blanc, pour encaisser les routes royales n.os 23 et 157. La nouvelle route de la Flèche à Malicorne a également été encaissée par ce grès et par les scories ou mâchefer antiques, dont nous avons parlé plus haut, et dont il a été trouvé plusieurs dépôts assez considérables, près de cette route, sur Bousse et sur Ligron. Extraction de la pierre-cosse ou silex corné, pour bâtir.

foir. et march. La Flèche, Malicorne, foires de Sablé.

rout. et chem. La nouvelle route de la Flèche à Malicorne et à la Suze, traverse Bousse du S. au N., en passant à l’E. du bourg ; l’ancienne passait à l’ouest.

habitat. et lieux remarq. Ceux déjà nommés ; le Vieil-Auvers, ferme, dont le nom signifie élévation, dépendait du fief de la cour d’Auvers, en Malicorne.

établ. publ. Mairie, succursale. — Bureau de poste aux lettres à la Flèche.