Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/CHAHAIGNE

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CHAHAIGNE, CHAHAIGNES, CHAHAINES, CAHAINE ou CHAIENE, CHAHALGUES ; Chahana, Chahannia, Chaigneo, Frahannium. Commune cadastrée, chef-lieu de canton en 1790, dont le nom paraît venir du chêne, comme plusieurs des variantes de ce nom semblent l’indiquer. Du canton et à 4 kil. 1/2 N. O. de la Chartre ; de l’arrondissement et à 27 kil. S. O. de S.-Calais ; à 38 kil. S. S. E. du Mans. Autrefois du doyenné et de l’archidiaconé de Château-du-Loir, du diocèse du Mans et de l’élection de la Flèche. — Distances légales, 5, 31, et 45 kilomètres.

descript. Attenante à l’extrémité S. O. de la forêt de Bersai, elle est bornée au N., par S.-Pierre-du-Lorouer ; à l’E., par Lhomme ; au S., par le Loir, qui la sépare de Marçon ; à l’O., par Flée ; au N. O., par Thoiré-sur-Dinan. Sa forme est celle d’un pentamètre à côtés irréguliers, qui s’étend du N. N. E. au S. S. O. Diamètre central, dans ce sens, 6 kil. ; de l’E. à l’O., 4 kil. 1/2. — Joli bourg, situé sur un coteau, peu éloigné de la rive droite du Loir, formé d’une petite place traversée par une rue qui passe au N. de l’église, et qui s’étend de l’E. à l’O., au-delà de cette place. On remarque plusieurs jolies maisons dans le bourg. — Église du genre roman secondaire ; clocher en flèche hexagone. Cimetière clos de murs en partie, situé au N. du bourg.

populat. Comptée pour 820 feux jadis, elle est actuellement de 417, lesquels comprennent 826 individus mâles et 869 femelles ; total, 1695, dont 343 dans le bourg.

Mouv. décenn. De 1803 à 1812, inclusivement : mariages . 105 ; naissances, 363 ; décès, 369. — De 1813 à 1822 ; mar., 140 ; naiss., 343 ; déc., 242.

hist. ecclés. Église sous l’invocation de S.-Jean-Baptiste, dont la fête patronale avec assemblée, a lieu le 24 juin. — La cure était à la présentation du prieur de S.-Guingalois de Château-du-Loir. Le prieuré de Jajolai ou de S.-Blaise, détruit, dépendait aussi du prieuré de S.-Guingalois, et était, sans doute, la cure primitive. Il y existait une chapelle au château de Bénehart ; le seigneur de cette terre y présentait.

hist. féod. La Jaille, dont le château est peu éloigné du bourg de Chahaigne, au N., était le principal fief de la paroisse et relevait de la moyenne justice de Marçon. La terre de Bénehart, dont le manoir est à près de 3 kilom. au N. E., relevait du fief de la Jaille ; la seigneurie de paroisse paraît cependant avoir été attachée dès le 13.e siècle à la terre de Bénehart, En effet, Catherine, fille de Hardouin V, baron de Maillé, seigneur de Bénehart, qui fit le voyage de la Terre-Sainte avec S. Louis, en 1248, et de Jeanne de Beauçai, fille de Hugues-le-Grand, prend le titre de dame de Chahaigne. Cette terre passa dans la branche de Maillé-Brezé, dont était Hardouin de Maillé, seigneur de Ruillé et de Bénehart, par son mariage avec Anne de Villiers, dame de Champagne, fille de Guillaume de Villiers et de Jeanne de Mar, dame de Ruillé et de Bénehart. Il fut stipulé, lors de ce mariage, que les deniers de la dot d’Anne de Villiers, seraient employés au rachat de la terre de Bénehart, engagée par Jeanne de Mar, mère de la future. Hardouin de Maillé plaidait à ce sujet contre Pierre de la Jaille, en 1467. De la maison de Maillé, Bénehart passa dans celle de Montboissier, dans laquelle elle se trouvait encore lors de la révolution, par le mariage de Marie-Anne-Géneviève de Maille, en 1711, avec Philippe-Claude de Montboissier. Henri de Maillé est le premier des seigneurs de cette terre qui, vers le milieu du 17.e siècle, prenne le titre de marquis de Bénehart. — On trouve dans le recueil intitulé Noms féodaux, des aveux de 1489, 1607, 1665, 1669, rendus par Jacques et René de Maillé, pour les terres seigneuriales de Bouchard ou Bénehart et de la Chenesières.

Jacques III de Maillé, seigneur de Bénehart, ayant été fait gouverneur de Vendôme, par Henri IV, se rangea du parti de la Ligue, à l’instigation de Robert Chassé, gardien des cordeliers de cette ville. Henri, après être monté sur le trône, fut obligé de reconquérir cette portion du patrimoine paternel. Jacques de Maillé se défendit mal, laissa prendre le château d’assaut et se retira dans la ville, où il fut pendu à l’un des quatre ormeaux qui étaient devant l’église de Saint-Martin, où le gardien des cordeliers prêchait encore contre le roi. On arracha Chassé de la chaire, on l’exécuta à côté du gouverneur ; et l’officier qui vint rendre compte au roi de leur supplice, lui dit que le gouverneur était mort en moine, et le moine en vrai guerrier, celui-ci ayant montré beaucoup plus de courage que son compagnon, et détaché lui-même le cordon qui le ceignait, avec lequel on l’exécuta.

En 1489, Robert de la Pépinière, écuyer, seigneur de la Testardière, pour sa femme Michelle Thibergeau, rend aveu pour le fief de la Boutellinière, paroisse de Chahalgues (sic).

hist. civ. Pendant les troubles de la Ligue, et malgré l’édit de pacification de 1563, les persécutions ayant continué dans le Maine, le sieur Fontaine, gentilhomme de Cahaine ou Chaiene, et sa femme grosse de 7 à 8 mois, y furent massacrés et leurs corps jetés dans une marnière.

hydrogr. La commune est arrosée au S., par le Loir ; à l’E., par la rivière de Veuve ; au centre, par le ruisseau de la Jaille. Le ruisseau de Marot, qui prend sa source à l’O., à la fontaine de ce nom, coule à l’E. et se jette dans celui de la Jaille, au S. du bourg, après un cours de 11 hectom. ; celui de Tuf, venant d’une autre fontaine ainsi nommée, l’arrose au N., se dirige de l’O. a l’E., où il va se perdre dans la Veuve : cours, 3 kil. — Moulins : de la Pointe, sur le Loir, au confluent de la Veuve ; de Bénehart et de S.-Blaise, sur la Veuve ; de la Crèche, sur le Jaille ; de Vau du Puits, sur le Tuf ; tous à blé, si ce n’est celui de la Pointe, qui vient d’être transformé en moulin à papier. — C’est au port de la Pointe, que les bois de marine de la forêt de Bersai sont disposés en trains pour être mis à flot sur le Loir.

géolog. Sol montueux, formant une chaîne de collines qui s’étend du N. E. au S. O. par le N. et l’O., et domine le vallon du Loir. Les autres cours d’eau y forment plusieurs vallons, d’où les noms de Vau-Germain, Vau-du-Puits, etc. Terrain secondaire, d’où on extrait le tuffau, que l’on y convertit en chaux ; argile à briques.

Plant. rar. Avena fragilis, lin. Linaria Pelisseriana, dec.

cadastr. La superficie de la commune est en total de 2,283 hectares 08 ares, qui se divisent ainsi : — Terres labourabl., 1,258 hect. 26 ares 99 centiar., divisées en 5 class., de 4, 9, 13, 30 et 38 f. — Jardins, 3-74-10 ; à 56 f. — Vignes, 242-23-52 ; 4 cl. : 10, 28, 50, 70 f. — Prés, 280-70-77 ; 4 cl. : 22, 45, 68, 90 f. — Pâtures, 107-22-55 ; 3 cl. : 8, 15, 30 f. — Bois taillis, 77-41-25 ; 3 cl. : 7, 10, 15 f. — Landes, 1-15-14 ; à 3 f . — Parcs herbagés, 7-25-50 ; 2 cl. : 45, 68 f. Douves, mares, etc, 1-22-40 ; 5 cl. : 4, 9, 13, 30, 38 f. — Superficie des bâtimens, 16- 61-44; à 38 f. — Objets non imposables : Église, cimetière, propr. communal., 0-72-30. Chem., plac. publ., partie de la forêt royale de Bersai, 274-57-44. — Riv. et ruiss., 11-94-60 = 444 maisons, en 10 class., de 4 à 90 f. — 2 châteaux, à 110 et 150 f. — 5 moulins, en 5 cl., de 40 à 220 f. — 2 tuileries, à 50 f. chaque.

Le Total du Revenu imposable, se monte à 51,000 f. 10 c.

contrib. Foncier, 8,688 f. ; personn. et mobil., 1,313 f. ; port, et fen., 454 f. ; 47 patentés : dr. fixe, 428 f. 50 c. ; dr. proport., 105 f. 50 c. Total, 10,989 f. — Perception de Marçon.

cultur. Sol passablement fertile, cultivé en seigle, froment, orge, avoine, légumes ruraux, quelques hectares de prairies artificielles, chanvre ; vigne, arbres à fruits, noyers. Prés de bonne qualité sur les bords du Loir ; bien inférieurs sur les autres cours d’eau ; bois de futaie et taillis. Elèves de chevaux, de bestiaux, porcs, chèvres, ; peu de moutons. — Assolement triennal ; 10 fermes principales ; 50 bordages outre un plus grand nombre de petites tenues réunies par hameaux, au nombre de 36. — 50 charrues dont 8 seulement entières ; le surplus en commun entre 2, 3 et 4 petits cultivateurs.

comm. agric. Point ou peu d’exportation de grains ; vins rouges et blancs estimés, ce qui est moins commun pour le rouge que pour le blanc sur la rive droite du Loir. Bois de marine, de corde, etc. ; fruits, cidre, noix ; chanvre et fil. Quelques chevaux, jeunes bestiaux, bœufs gras ; porcs, chevreaux, volailles, menues denrées.

comm. industr. Fabrication de quelques pièces de toile, qui se vendent à Château-du-Loir ou à S.-Calais. Extraction du calcaire. Deux tuileries et fourneaux à chaux : celle-ci est estimée l’une des meilleures pour les constructions à faire dans l’eau. Travaux d’exploitation des bois de la forêt de Bersai. Papeterie de la Pointe.

march. freq. La Chartre, Château-du-Loir, le Grand-Lucé.

rout. et chem. Les chemins du Grand-Lucé à Château-du-Loir et à la Chartre, passent à proximité de la commune ; un chemin, du bourg à la Chartre, est en bon état.

habit. et lieux remarq. La Jaille, maison bourgeoise aujourd’hui ; Bénehart, à M. de la Boussinière, ancienne construction ; le Vau-du-Puits, ancien fief, ferme et moulin. Une foule d’autres noms de hameaux ou de fermes, rappellent d’anciens établissemens féodaux détruits, l’état ancien ou actuel des lieux ; tels sont ceux de l’Officière, le Présidial, la Montrée (de la montre ou revue des gens d’armes vassaux du seigneur ?), la Forterie, Courdousile (qui devait s’écrire Cour d’Ousile, ou peut-être Cour d’Asile ?), l’Epicerie, la Fontenelle, les Roches, la Butte, Bel-Air, l’Asnière, etc. Le nom de la chesnaye, qui est peut-être le même que la Chenesière, fief nommé plus haut, que porte une ferme peu éloignée du bourg, paraît confirmer ce que nous avons avancé sur l’étymologie du nom de cette commune.

établ. publ. Mairie, succursale, résidence d’un notaire. Bureau de déclaration des boissons, débit de tabac, et de poudre de chasse. Bureau de poste aux lettres à la Chartre.