Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/Précis historique/V/I

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Julien Remy Pesche
(Tome 1p. CCLXIII-CCLXXXIII).


CHAPITRE CINQUIÈME.

Depuis la Révolution jusqu’à nos jours.


§ I. À partir de l’année 1787, et de l’assemblée des Notables ; jusqu’à la division de la France en départemens.

En commençant ce précis d’une époque assez longue et pleine de faits, il est nécessaire que je m’explique sur les dimensions que je crois devoir lui donner.

Plusieurs histoires de la révolution française ont été publiées ; les divers partis ont parlé de ce grand événement, de cette grande catastrophe morale et politique, si l’on veut, chacun suivant ses opinions et ses intérêts ; quelques-uns de ces récits historiques ont obtenu l’estime du public: c’est à ces ouvrages que l’on doit recourir pour les faits généraux. Je m’attacherai donc moins que je ne l’ai fait pour les précédentes, en traitant cette cinquième époque, à lier l’histoire particulière de la province du Maine et du département de la Sarthe, à l’histoire générale de la France, les événemens, plus rapprochés de notre époque, étant mieux connus de tous les lecteurs.

Quant à l’histoire locale elle-même, je dois dire que pour l’écrire avec tout le soin et le détail qu’elle comporte, un volume entier suffirait à peine, surtout si, comme je le crois nécessaire, il fallait indiquer toutes les sources, et faire un grand nombre de citations. C’est un travail auquel je me propose de me livrer par la suite, et pour lequel je réunis des matériaux : mais pour l’écrire avec toute la liberté d’esprit nécessaire, il faut de deux choses l’une : ou que l’auteur se voue lui-même à un ostracisme départemental, lors de sa publication ; ou qu’il prenne ses mesures pour que cet ouvrage ne soit publié qu’après sa mort[1], il ne peut donc être question ici que d’une esquisse, dans laquelle entreront seuls les événemens les plus importans. Je sais d’avance que si, malgré mes efforts pour être vrai, on ne m’a pas pardonné la manière large et indépendante avec laquelle j’ai du traiter les époques précédentes, on me fera moins de grâce encore pour celle-ci ; mais, ma consolation est dans ma conscience, qui ne me reprochera jamais d’altération volontaire à la vérité, et dans le suffrage de ceux qui viennent ; je veux dire de cette génération qui nous succède, et qui ne portera son jugement que pièces en main.

On a beaucoup disserté sur les causes occasionnelles et déterminantes de la révolution française, et, dans ce débat, souvent fort vif, où chacun a plus ou moins ingénieusement et avec plus ou moins de bonne foi exposé son système, chacun aussi a cru ou paru croire avoir seul exposé la vérité. Il ne m’appartient guère d’émettre ici mon opinion après tant d’autres ; mais je ne puis pourtant me dispenser de dire que cette révolution, comme toutes celles possibles, me semble être un de ces grands cataclysmes moraux qui, comme toutes les révolutions du système physique, ont leurs apparutions certaines, à des époques données et presque calculables, et dont le progrès et la marche de l’esprit humain sont en même temps, et la cause et l’effet. Toutes les circonstances secondaires ne sont que des accessoires, des causes déterminantes, des moyens d’action, sans lesquels ces événemens ne pourraient s’accomplir ; mais qui, variant pour chacune de ces grandes catastrophes, sont cependant inévitables pour leur accomplissement.

Cette opinion, que je me suis formée il y a bien des années, me semble être confirmée par les meilleurs historiens et publicistes que j’ai du consulter. Voici comment s’explique sur ce sujet un écrivain qu’on sait n’être pas un révolutionnaire, Mallet-Dupan : « Une révolte, dit-il, peut être l’ouvrage d’un quart-d’heure ; les révolutions sont celui des siècles. Aucune n’eût sa source dans un principe inopiné ; mais unissant à une ou plusieurs causes accidentelles leurs mobiles préparatoires, elles le développent. La poudre à canon éclate à l’approche de l’étincelle ; ce n’est pas l’étincelle qui compose la poudre à canon. Ceux qui récusent l’influence des causes antérieures, morales et politiques, s’en prennent aux personnes, et avec cinq ou six noms expliquent les mystères d’une catastrophe qui s’est formée de cent mille élémens. Chaque siècle pèse sur le siècle qui le suit, par sa masse inapperçue ; il entraîne d’un insensible mouvement les opinions, les institutions et les rapports sur lesquels on les avait fondées. Impitoyable novateur, le temps prépare en secret les métamorphoses ; l’habileté du législateur consiste à marcher du même pas que lui, et à atténuer sa domination en la partageant. Mais les empires et les usages s’écroulent, lorsque les résultats nécessaires de l’état social ne sont plus en harmonie avec les lois positives : c’est au moment de leur choc, que se développent les révolutions générales qui renversent des institutions vénérables ou abusives, dont le ciment se trouve absolument dissous. »

Ce raisonnement, auquel je ne crois pas qu’il soit facile de répondre, est, ce me semble, admis aujourd’hui comme principe, partout ce qu’il y a d’hommes réfléchis, instruits et non prévenus. Bossuet avait écrit : « Il n’est pas arrivé de grands changemens, qui n’ait eu sa cause dans les siècles précédens ; » et Burke, dans ses Lettres sur la révolution française dit : « Une révolution silencieuse dans le monde moral, devança la révolution politique et la prépara. » Tout le monde connaît ce mot de Leibnitz, ce mot qui, aujourd’hui même, semble être encore de circonstance : « Le temps présent est gros de l’avenir ! » Montgaillard, qui a bien analysé toutes les causes et tous les présages de cette grande catastrophe qui, plus ou moins promptement, doit bouleverser et régénérer le monde, dit avec raison : « En rejetant les témoignages de l’évêque de Beauvais, de Bossuet, de Leibnitz, de Burke, de Rousseau, de Voltaire, de Montesquieu, qui tous dans leurs écrits annonçaient le nuage révolutionnaire qui leur semblait prêt à éclater, attribuerait-on la révolution à telle ou telle rencontre, à un homme de plus ou de moins, à un accident imprévu ? Ou voudrait-on soutenir que, dans son ensemble et ses détails, elle fut préméditée, organisée et déployée comme un automate dans la main d’un Vaucanson ? Serait-elle l’ouvrage de quelques circonstances particulières où se trouvait le royaume à l’instant précis où elle éclata, et de quelques hommes audacieux qui profitèrent de la faiblesse du gouvernement ? ou bien, doit-on l’envisager comme le résultat des progrès en tout genre, qui avaient eu lieu depuis deux ou trois siècles ? Telle est la question sur laquelle on s’est divisé. Presque tous les historiens royalistes, de 1790, 91, 92, s’en tiennent aux causes accidentelles, étant ainsi de la révolution ce qu’elle a de prédominant. Cependant, sachons distinguer les causes générales des causes accidentelles ; cela est extrêmement important, pour arriver à la vérité. Il y a des enthousiastes qui ne cessent de s’écrier : les philosophes ! voilà les conjurés, les moteurs de tous les désordres, les vrais coupables ! On sent que ceci n’est que de la déclamation. L’insurrection des idées était faite dès le temps où le sceptre de Louis XIV, les comprimait avec une attention si jalouse qu’elle allait jusqu’aux derniers excès de la persécution. En résumé, la génération d’un tel phénomène n’a pu s’improviser ; et, plus l’apparition en est merveilleuse, plus longtemps elle a dû être préparée. Le pouvoir avait usurpé sans ménagement depuis Henri IV ; la raison, l’humanité, les passions, si l’on veut, réclamèrent ; on les rebuta toujours : l’occasion reparut, avec elles tous les sentimens généreux se ranimèrent ; la raison elle-même s’indigna, les passions s’enflammèrent, et la force aveugle se vengea des résistances inconsidérées. Il faut donc distinguer avec soin, ce qui dans la révolution, a été l’effet du cours des choses, et ce qui a été le simple produit de la circonstance. Non, une révolution générale ne s’improvise point, elle n’éclate même qu’après une très-longue attente, beaucoup d’hésitations, de nombreuses tentatives partielles. Ces tentatives le tiers-état les renouvelait à chaque conjecture, pour reconquérir les anciens droits qui lui avaient été arrachés : ce n’est ici ni l’emportement du fanastisme religieux, ni l’effet d’une conjuration politique, ni une fougueuse et passagère émeute de prolétaires ; c’est l’élan de toute une nation qui, se soulevant par le malaise qui la tourmente, essaie chaque jour ses forces, de même que l’adolescent qui à chaque instant les sent croître, et parvient enfin à soulever le fardeau qu’il pouvait à peine ébranler autrefois.» Mais on était si loin à la cour d’avoir une idée juste de cet état des choses que lorsque le duc de la Rochefoucault-Liancourt annonça la prise de la Bastille à Louis XVI : « C’est donc une révolte s’écria le monarque ? — Non, Sire, c’est une révolution. » Aucun courtisan n’avait deviné ce mot.

1787. — La mort de Louis XV, fait monter son petit-fils sur le trône dans les circonstances les plus difficiles. Obligé de réparer le désordre causé dans les finances par les prodigalités de la cour de son aïeul, par les funestes effets du système, et par les désastres des dernières années du règne de Louis-le-Grand ; Louis XVI convoque une assemblée des notables en 1787 « démarche qui est le premier hommage rendu dans le 18e siècle, au principe de la publicité en fait d’administration. Il n’y avait pas eu d’exemple d’une pareille convocation, depuis 1626, que Richelieu les réunit afin d’accroître son crédit. » Cent trente-sept députés et sept princes du sang sont appelés dans l’assemblée de 1787, à représenter une nation de vingt-cinq millions d’hommes, qui, non moins nombreuse, peut-être, dans le 8.e siècle, se réunissait en armes, au moins par ses chefs, dans le champ de Mars, pour traiter de ses intérêts. La composition de cette assemblée fait assez connaître que le Maine, comme province, n’y eût point de représentans spéciaux. La noblesse y envoya 39 pairs de France, dont trois ecclésiastiques ; le conseil du roi, 12 de ses membres le clergé, 11 prélats ; les parlements, 33 présidons ou procureurs-généraux ; la chambre des comptes et la cour des aides, aussi 4 présidens et procureurs-généraux : le lieutenant-civil de Paris en fit partie, ainsi que 12 députés des pays d’états, dont cinq ecclésiastiques ; 25 municipaux des villes ; plus 7 princes du sang, chargés de la présidence des sept bureaux, entre lesquels le travail fut partagé ; total, 141 membres, « dont 15 seulement représentèrent le tiers-états, encore sept d’entr’eux étaient-ils censés tenir à l’ordre de la noblesse, par leurs prétentions ou par l’acquisition récente de charges qui la confèrent, ce qui réduit réellement à huit les représentans du tiers, dans cette réunion de notables, où eurent droit de délibération le contrôleur-général des finances et les quatre secrétaires d’état. »

Les travaux de cette assemblée consistèrent à reconnaître un déficit de plus de 181 millions sur la balance des recettes et des dépenses de l’année précédente, et de 140 millions de déficit annuel présumé, sur chacune des années suivantes. Parmi les mesures dont on arrêta le principe et que le roi adopta, sont la suppression des corvées et de plusieurs droits sur les traites et gabelles ; un emprunt de 6 millions de rentes viagères ; l’établissement d’un conseil des finances ; et, enfin, celui d’assemblées provinciales, pour la répartion égale de l’impôt. En conséquence de l’édit du 23 juin 1787, relatif à l’organisation des assemblées provinciales, un règlement du 18 juillet suivant, statua, sur ce qui concernait la formation et la composition de ces assemblées, pour la généralité de Tours. Dans toutes les communautés de cette généralité où il n’y avait pas encore d’assemblées municipales, il en devait être établi : elles se composaient du seigneur et du curé, de droit ; et de trois à neuf membres élus, avec un syndic. L’assemblée de paroisse qui devait pourvoir à cette élection, se composait « de tous ceux qui payeront 10 liv. et au-dessus d’impositions dans ladite paroisse, de quelqu’état et condition qu’ils soient. — Cette assemblée paroissiale sera présidée par le syndic. Le seigneur et le curé n’y assisteront pas. » Il devait être formé, dans ladite généralité, trois assemblées provinciales, pour les provinces de Touraine, Maine et Anjou. Ces assemblées devaient être composées de trente-deux membres, dont moitié pris parmi les ecclésiastiques et seigneurs laïcs, et seize parmi les députés des villes et paroisses. Une assemblée générale, formée sur les mêmes principes, était établie à Tours pour la généralité. Les assemblées provinciales n’étant point permanentes, nommaient des commissions intermédiaires chargées, dans l’intervalle de sessions annuelles, de suivre les affaires qui leur auraient été confiées par ces assemblées. Un autre règlement du 12 août, déterminait les diverses attributions de ces assemblées et commissions, et des corps municipaux. L’assemblée provinciale du Maine, lors de sa première session, partagea cette province en seize districts, auprès desquels devaient être établies autant de commissions intermédiaires, conformément à l’art. xx, sect.ii.e du règlement du 18 juillet. Cette organisation n’ayant eu qu’une très-courte existence, il serait superflu de s’y arrêter.

Cette année 1787, vit consacrer un grand principe, bien des fois méconnu depuis, et dont les personnes peu instruites des véritables intérêts publics, ont peine à concevoir l’utilité : je veux parler de la liberté du commerce des grains, qui devra être considérée, dit la déclaration du roi du 22 juin, comme l’état habituel et ordinaire du royaume, sauf les défenses locales reconnues nécessaires par les états de la province, défenses qui ne pourront être portées pour plus d’un an à la fois.

Une déclaration du roi du 18 décembre de la même année, annonce une convocation des états-généraux pour dans cinq ans : ce délai fait assez connaître qu’on n’avait point l’intention de les assembler.

Avec quelques améliorations partielles dans la législation de la France, surviennent les vifs débats qui s’élèvent entre le ministère et les parlemens, débats qui signalèrent la fin de l’armée 1787 et le commencement de la suivante, et précipitèrent la catastrophe de 1789. Le parlement de Paris déclare, par un arrêt rendu les 3 et 5 mai 1788, que « la France est une monarchie gouvernée par les lois, dont les principales, énumérées en sept articles, consacrent les droits de la nation. » Ces droits que plusieurs lois anciennes « et fondamentales, déterminent, sont, suivant cet arrêt : 1.° celui de la maison régnante au trône, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture ; 2. le droit pour la nation, d’accorder librement des subsides par l’organe des états-généraux, régulièrement convoqués et composés ; 3.° les coutumes et capitulations des provinces ; 4.° l’inamovibilité des magistrats ; 5.° le droit des cours de vérifier, dans chaque province, les volontés du roi et de n’en ordonner l’enregistrement, qu’autant qu’elles sont conformes aux lois constitutives de la province, ainsi qu’aux lois fondamentales de l’état ; 6.° le droit de chaque citoyen de n’être jamais traduit, en aucune manière, par-devant d’autres juges que ses juges naturels, qui sont ceux que la loi désigne ; et 7. le droit, sans lequel tous les autres sont inutiles, de n’être arrêté par quelque ordre que ce soit, que pour être remis sans délai entre les mains des juges compétens. » Ce premier point de départ fixé par le parlement de Paris, est curieux à connaître, pour le comparer aux vœux généraux, que nous allons bientôt voir exprimés, et à ce qui est devenu la loi fondamentale de l’état.

Le ministère, à la tête duquel était le cardinal de Brienne, ne souffrit pas tranquillement l’émission de tels principes ; la guerre civile s’établit bientôt entre la cour ministérielle et la cour parlementaire ; la violence, comme dans toutes les guerres du même genre, devint l’instrument qu’on employa à défaut de la persuasion, et contre lequel le parlement succomba. Le mécontentement qui commence à se manifester dans le Dauphiné, d’une manière extrême, s’étend rapidement dans toute la France ; la cour plénière et les grands bailliages qu’on veut en vain substituer aux cours souveraines (les parlemens), et aux autres corps de judicature, sont flétris par l’opinion publique, dès avant l’arrêt du parlement de Bretagne, qui déclare infâmes ceux qui consentiront à y siéger. Déjà, sur un pamphlet intitulé la cour plénière, héroï-tragi-comédie, on imprime : « se trouve à Paris, chez la veuve Liberté, à l’enseigne de la Révolution, 1788. »

Le coup d’état qui avait frappé le parlement de Paris et huit autres, se fit ressentir dans notre province. Le présidial du Mans s’étant refusé à l’enregistrement de l’édit du 8 mai 1788, sur l’érection de la cour plénière et des grands bailliages, plusieurs des conseillers de ce présidial, qui devaient faire partie du grand-bailliage du Mans, le lieutenant de l’élection, et jusqu’à un pauvre huissier, furent frappés d’exil par lettres de cachet du roi, les uns pour avoir refusé l’enregistrement et protesté contre l’édit, ou pour avoir persisté à ne pas siéger à la nouvelle cour judiciaire, malgré les injonctions ministérielles ; l’huissier, pour avoir signifié les protestations : les conseillers étaient MM. Négrier de la Crochardière, Poisson du Breuil, Menard de la Groye et Belin des Roches ; le lieutenant de l’élection, M. Ouvrard. Tous furent relégués dans différentes villes du Poitou et du Berry ; l’huissier, nommé Hatet, fut emprisonné à Tours. Comme à Paris l’opinion publique protesta contre ces actes arbitraires, en accablant les exilés, avant leur départ, de visites et de témoignages d’intérêt. « Le déshonneur et la honte, disait-on dans les écrits du temps[2], ne sont pas pour ceux qui partent… Des ministres tout puissans trompent le roi, qui ignore les manœuvres perfides de ses conseillers ; etc. »

Des troubles fort sérieux ayant eu lieu à Paris et dans plusieurs provinces, le roi se décida à renvoyer les ministres Brienne et Lamoignon, et, par une déclaration du 20 septembre, à rappeler les parlemens et les autres cours de justice, et à convoquer les états-généraux, pour le mois de janvier 1789. De nouvelles lettres de cachet rappelèrent à leur poste les exilés manceaux : ces lettres, comme les premières, excitèrent la verve poétique des compatriotes des victimes ; les épitres, les complimens, et surtout les épigrammes, soit en latin, soit en français, ne manquèrent dans l’une ni dans l’autre occasion.

En enregistrant la déclaration du 23 septembre, le parlement de Paris énonce la clause expresse que « les États seront régulièrement convoqués, et composés selon la forme observée en 1614, c’est-à-dire, les trois ordres votant séparément et produisant trois votes collectifs, les députés de chaque ordre élus en nombre égal. » Il faut remarquer que dans ces États de 1614, « quand chaque ordre avait pris sa résolution, les trois ordres se réunissaient : deux ordres adoptant le même sentiment, en imposaient l’adoption au troisième, ce qui formait le Statut des États. Ainsi, l’on délibérait par tête dans chaque chambre, et par ordre dans la salle commune. »

Avec la plus grande envie d’abréger, il est pourtant impossible de se refuser à ajouter ici quelques renseignemens précieux sur cette époque mémorable, déjà si loin de nous par le nombre des années, et si rapprochée encore, par la nature des événemens et surtout des questions de droit public qui s’agitaient alors, comme elles s’agitent encore aujourd’hui. « Si l’histoire des deux années qui précédèrent les états-généraux n’était pas déjà oubliée, tout le monde s’avouerait qu’au moment de cette convocation, l’esprit que certains écrivains partiaux ont qualifié de révolutionnaire, était dans toutes les têtes, même dans celles des personnes qui en ont le plus violemment combattu les résultats : il n’y avait pas alors un individu qui n’invoquât de grands changemens, une refonte dans l’ordre politique, et dans beaucoup de parties de l’administration : un grand nombre de personnes virent dans la réunion d’une assemblée générale, le moyen d’obtenir sans troubles une constitution qui mettrait fin à la confusion des pouvoirs, qui substituerait des lois positives à des lois équivoques, qui rendrait possible la réforme des abus, et réglerait la marche d’une administration faible et incertaine. Mais, que font les ministres pour répondre à ce vœu général ? ils essaient d’éluder la convocation des états-généraux, en la remettant à une époque éloignée, et d’assurer à la couronne un pouvoir sans limites, par l’établissement de la cour plénière ; mais le clergé, la noblesse, la capitale, la plupart des villes, tous les tribunaux, même un assez grand nombre de courtisans, repoussent cet ultimatum du despotisme ministériel. En vain fait-on marcher des troupes, les officiers invitent les soldats à protéger les mécontens ; l’opinion voue à l’infamie ceux qui voudraient obéir ; tous les moyens de contrainte se brisent ; alors il faut céder, promettre solennellement la convocation prochaine des états-généraux, abandonner le projet d’établissement de la cour plénière, et renvoyer des ministres devenus l’objet de l’animadversion générale et du mépris public[3]. »

Ce qui démontre d’une manière certaine et irrévocable, l’état vrai de l’opinion publique, de cette divinité fabuleuse et mensongère qui ne consiste qu’en apparences vaines et trompeuses, suivant certains publicistes, et dont l’expérience du passé comme celle du présent, prouve néanmoins tout le pouvoir et la réalité, ce sont les vœux exprimés dans les cahiers des bailliages, sénéchaussées et pays d’états du royaume, par les citoyens des trois ordres, pour être présentés aux états-généraux de 1789. Ce travail, en ce qui concerne la province du Maine, présente un volume trop considérable, pour qu’on puisse le reproduire ici ; mais, pour faire bien connaître jusqu’à quel point les opinions furent en harmonie dans cette province avec celles de toutes la nation, nous dirons que, du dépouillement que nous avons fait d’un recueil intitulé Résumé général des Cahiers de Pouvoirs, Instructions, Demandes, et Doléances des trois Ordres ; il résulte que, sur huit cents questions traitées dans les cahiers de l’ordre du clergé de France, celui du Maine partagea l’unanimité d’opinion sur deux cent-soixante-quinze de ces questions ; qu’il fut de l’avis de la majorité, sur cent-vingt-cinq autres ; et qu’il ne résulte pas de son silence sur le surplus, que son opinion ait été différente, mais seulement, sur la plupart, ou qu’il ne s’est pas occupé de ces questions, ou qu’elles tenaient à des intérêts de localité. Il faut considérer encore, que celles sur lesquelles les opinions se sont trouvées unanimes, touchaient aux principes les plus importans du droit public. Ces différentes remarques s’appliquent aux deux ordres suivans : dans celui de la noblesse, les résultats sont à-peu-près les mêmes ; des huit cents questions traitées dans les cahiers de cet ordre, celui du Maine est unanime avec le reste du royaume, sur deux cent soixante-quinze également ; et partage, sur cent autres, l’avis de la majorité. Quant au tiers-état, ces proportions sont bien différentes, et l’on sent que cela doit être, puisque la plupart des vœux et des doléances de cet ordre, ont pour objet d’obtenir le redressement de griefs qui lui sont préjudiciables, d’abus dont il était seul victime et dont il doit désirer la suppression. Aussi, sur neuf cent soixante-quinze questions traitées dans les cahiers de cet ordre, le Tiers-état du Maine est unanime sur cinq cents, avec celui de toute la France, et sur cent-cinquante autres, est d’accord avec la majorité. Ainsi, l’on peut affirmer hardiment et pièces en main, que tout ce que demandait, tout ce que voulait la France à cette époque ; le clergé, la noblesse, le tiers-état de la province du Maine, le demandèrent, le voulurent comme elle alors.

On objecte quelquefois aux écrivains qui, actuellement encore, sont forcés de rappeler les abus de la féodalité, pour prouver la légitimité des réclamations de 1789, que la plupart de ces abus, et particulièrement ceux qu’on peut qualifier de vexatoires, d’avilissans, et de honteux, n’existaient plus depuis long-temps. Cependant on pourrait remplir une page entière du seul titre des droits de ce genre, dont plusieurs provinces demandèrent la suppression dans leurs cahiers. Dans ce nombre sont indiqués nommément : les droits de jambage, chevauchées, quintaines, soule, saut de poisson, baiser de mariée, chansons, transport d’un œuf sur une charrette, silence des grenouilles, indire, guet et garde, et autres usages de cette sorte, aussi outrageans qu’extravagans. »

La sénéchaussée du Maine envoya vingt députés à l’assemblée des états-généraux, savoir : cinq pour chacun des ordres du clergé et de la noblesse, et dix pour celui du tiers-état[4] : le nombre des députés à cette assemblée était de 317 pour le clergé, 317 pour la noblesse, et de 616 pour le tiers-état ; total, 1,250 membres. Le refus de siéger, de la part de la noblesse de Bretagne, réduisit ce nombre à 1,214 seulement. La réunion des trois ordres, au chef-lieu de la province, fut extrêmement agitée ; on y vit des membres des maisons nobles les plus distinguées, les Choiseul-Praslin, entre autres, briguer la faveur de représenter le tiers-état, lorsque cet honneur leur était réfusé par l’ordre auquel ils appartenaient : c’est ce que fit avec plus de succès, dans la sénéchaussée d’Aix en Provence, le comte de Mirabeau.

Une grave question fut soulevée dès l’ouverture des états-généraux à Versailles, laquelle eut lieu le 5 mai 1789 : je veux parler de la réunion des trois ordres dans une seule chambre, et du vote par tête, que demanda le Tiers, au contraire de ce qui s’était pratiqué, comme il a été dit plus haut, aux états de1614. « Parmi les français qui voulaient sincèrement la liberté, dit le constituant Mounier, (que nous avons déjà cité comme l’un des hommes de cette époque, dont le caractère est le plus généralement vénéré), il s’en trouva dans plusieurs provinces qui, voyant une assemblée des représentans des trois ordres, conçurent le dessein de faire établir, par cette assemblée même, une meilleure composition pour l’avenir, et de faire délibérer les ordres ensemble, afin que la rivalité ne mit aucun obstacle à l’établissement d’une constitution tempérée. Ils jugeaient que, si les ordres restaient séparés, ils deviendraient ennemis dès les premiers instans. On savait que les députés de la noblesse ne prétendaient pas, en 1789, comme ils avaient prétendu en 1614, que les plébéiens étaient les sujets des nobles, qu’ils ne pouvaient les appeler leurs frères aînés, sans leur manquer de respect[5] ; mais on savait aussi que beaucoup de nobles et de membres du clergé, s’opposeraient à la réforme désirée, d’un grand nombre d’abus. On crut que la réunion des ordres préviendrait ces inconvéniens ; que les justes réclamations des communes, seraient soutenues par les nobles et les ecclésiastiques les plus éclairés ; que les exagérations seraient combattues, par les hommes modérés des trois différentes classes ; et qu’ainsi la majorité serait constamment en faveur de la prudence et de la justice : ce système fut adopté par une partie des nobles, et par beaucoup d’ecclésiastiques très-pieux et très-attachés à l’autorité royale. »

Cependant, telle ne fut pas l’opinion des députés de la noblesse du Maine : soit qu’ils se crussent liés par les termes de leur mandat, soit qu’ils voulussent empêcher de tous leurs efforts, ou au moins retarder la réunion des trois ordres, ils députèrent deux d’entre eux près de leurs commettans, pour en obtenir de nouveaux pouvoirs.

Mais la fermentation qui, en juillet 1789, agitait la capitale, se faisait ressentir dans toute la France depuis plusieurs mois. Quelques propos indiscrets et offensans pour l’ordre du Tiers, qu’on disait avoir été tenus par M. le marquis de Montesson, l’un de ces deux députés, avaient aigri les esprits contre lui ; son retour dans le Maine, le rendit victime, ainsi que son collègue, M. le vidame de Vassé, de ces torts réels ou prétendus. Assaillis, avant même leur arrivée au Mans, par une émeute populaire, leur chaise de poste fut brisée ; eux-mêmes coururent risque de la vie, et ne s’échappèrent que difficilement de ce danger : forcés de se tenir cachés aux environs de la ville, où ils ne purent se rendre, ils obtinrent, conformément à un règlement du 27 juin, des pouvoirs plus amples, avec lesquels ils retournèrent à Versailles, où la réunion complète des trois ordres s’était opérée le 7 juillet, d’après l’invitation qu’en avait faite le roi, et après de nombreuses défections, dans l’un des deux premiers ordres, dont beaucoup de membres s’étaient rendus dans la chambre du Tiers.

Ces voies de fait ne furent malheureusement pas les seules qui eurent lieu dans le Maine. L’exaspération des opinions, une disette factice dont on se croyait menacé dans toute la France, et dont on éprouvait déjà quelques effets ; les bruits alarmans, d’accaparemens, de blés jettes dans les rivières, pour affamer le peuple, auxquels cette disette donnait lieu ; l’esprit d’opposition, dans lequel on croyait être les deux classes privilégiées, contre la régénération politique, sollicitée de toutes parts et impatiemment attendue ; tout tendait à donner au peuple des préventions funestes contre les grands et les hommes entre les mains desquels se trouvait le pouvoir. Ces préventions, beaucoup trop exagérées et habilement mises en œuvre par ceux qui, par un motif quelconque, cherchaient à en tirer parti, exposèrent la vie du lieutenant-général pour le roi dans la province, M. le comte de Tessé, et du commandant de la Maréchaussée, qui, par des imprudences, avait provoqué l’irritation : elles causèrent la mort de MM. Cureau et de Montesson, massacrés dans une émeute populaire, dont les subsistances furent le prétexte, dans le canton de Ballon[6]. Enfin, la révolution se déclare d’une manière ostensible, par l’insurrection de Paris et la prise de la Bastille : le mouvement est électrique ; de toutes parts et sur tous les points de la France, la cocarde aux trois couleurs est adoptée ; toute la population prend les armes ; l’organisation des gardes-nationales régularise ce mouvement tumultueux. Le comte de Valence, commandant au Mans le régiment des dragons de Chartres, que ses sentimens patriotiques rendirent cher aux habitans de cette ville, est nommé chef de sa garde-nationale ; nomination peu régulière en elle-même, mais qui fait connaître l’union touchante qui existait alors entre la troupe de ligne et les citoyens, ou, suivant une manière de parler postérieure, entra les soldats-citoyens et les citoyens-soldats. Ces sentimens furent tels que, non-seulement M. de Valence, mais plusieurs autres officiers du même régiment, obtinrent la même distinction, notamment M. de la Wœstine[7], et le comte Stanislas de Girardin, celui que nous avons vu, il y a peu d’années, briller à la tribune nationale, et qui, dans ses mémoires, a rendu compte lui-même, d’une manière fort piquante, de ces événemens.

« Nommé à dix-huit ans, dit-il, capitaine dans le régiment de Chartres-dragons, après avoir servi dans ceux Colonel-général et la Reine, j’étais au Mans le 6 juillet 1789, lors que M. de Valence fut reçu colonel du régiment de Chartres, alors en garnison dans cette ville, par M. de la Gondie, lieutenant-colonel : M. de la Wœstine était colonel en second.

« Cette cérémonie avait attiré toute la population de la capitale du Maine. Les capitaines lui donnèrent un dîner auquel nous invitâmes tous les officiers du régiment. Les pères de l’Oratoire prêtèrent leur réfectoire, dont les échos resonnèrent ce jour-là de propos un peu plus profanes que ceux tenus habituellement par ses dévots convives. Le dessert fut très-gai ; on porta force santés, comme cela se pratique en pareille circonstance, pour multiplier les occasions de boire. M. de Valence porta un toast : À nos femmes et à nos maîtresses ! et il cassa son verre en disant qu’après cette santé, il n’était plus possible d’en boire une autre. L’exemple du colonel fut suivi par tous les jeunes officiers, qui mirent une joie folle à briser tout ce qui était fragile. Le saint réfectoire ressemblait à un champ de bataille jonché de bouteilles, de verres, d’assiettes, et arrosé de flots de vin.

« Quelque temps après, il se préparait de grands événemens à Paris, lorsque le 18 juillet on vit arriver au Mans la diligence venant de la capitale. Les voyageurs se montraient aux portières avec des cocardes, bal tant des mains en criant : bonnes nouvelles, bonnes nouvelles ! La foule y répondit par de nombreux applaudissemens, et suivit en masse la voiture qui s’arrêta enfin. Les uns s’accrochent aux portières, d’autres aux roues ; ici on monte sur les bornes, là sur les fenêtres ; les yeux, les cœurs demandent quelles sont donc ces nouvelles, avant que la bouche en eût fait la question. Un voyageur prend la parole ; le silence le plus profond s’établit sur le champ ; on écoute, on recueille avec avidité tout ce qu’il dit : il racontait la prise de la Bastille ! A peine le voyageur eut-il fini de parler que la foule se dissipa, tant était vif le besoin que chacun éprouvait d’aller raconter cette nouvelle à sa femme, à ses enfans, à ses amis. C’était une joie, un enthousiasme, que peut seul inspirer l’amour de la liberté.

« Quelques jours après, les citoyens de la ville du Mans m’offrirent la cocarde nationale et me dirent : « Elève de Jean-Jacques, ton patriotisme te rend digne de la porter. » Je suivis, en l’acceptant, l’exemple que m’avait donné mon colonel. Je reçus des preuves réitérées de la confiance des habitans du Mans, qui me nommèrent commandant de la garde-nationale à cheval de cette ville, et membre de son conseil municipal. Ces deux places me mirent à même de leur rendre quelques services, sous le rapport de la tranquillité publique et sous celui des subsistances. Cette cité, pour me donner un témoignage éclatant de sa reconnaissance, me décerna, le 7 décembre 1789, par un acte authentique, le titre de citoyen du Mans.[8]»

De là, aux épées décernées par la même ville aux généraux d’Ambrugeac et Tranquille, on conçoit facilement qu’un quart de siècle a du s’écouler !

Cette première période de la révolution se termine, ainsi que je l’ai dit, par la division de la France en quatre-vint-trois départemens, décrétée par l’assemblée des états-généraux, les 15 janvier, 16 et 26 février 1790, et sanctionnée par lettres-patentes du roi, du 4 mars suivant. Pendant cette première période, les députés du Tiers, auxquels s’étaient réunis une partie de ceux du clergé, s’étaient déclarés, le 17 juin 1789, à la majorité de 480 voix sur 569, Assemblée nationale ; et, trois jours après, dans la fameuse réunion du jeu de paume, les mêmes membres jurent de ne se séparer qu’après avoir donné une constitution à la France. Les cahiers du Tiers-État étaient unanimes sur la nécessité de donner une constitution au royaume ; un certain nombre de cahiers des deux autres ordres, exprimaient la même nécessité ; mais, en général, on y avançait le principe qu’il en existait une ancienne, et qu’il ne s’agissait que d’en rétablir les bases et d’en assurer l’exécution. L’assemblée nationale porta la qualification de Constituante, depuis le fameux serment du 20 juin.

Un autre événement fort important de cette période, est la séance du 4 août : on peut la considérer comme la lave d’un cratère qui, dans son éruption fougueuse et dévorante, entraîne et consume tout sur son chemin. Dans la séance du matin de ce jour, l’assemblée décrète qu’une déclaration des droits de l’homme et du citoyen précédera l’acte constitutionnel. « En produisant cette déclaration, dit, avec énergie, un jeune député de la noblesse, le vicomte (depuis duc) Mathieu de Montmorency, donnons un grand exemple à l’univers ; présentons-lui un modèle digne d’être admiré. » Le soir, la séance se rouvre à huit heures, et dans quelques instans l’arbre antique de la féodalité, après huit à neuf siècles d’existence, tombe sous la hache des réformateurs. Égalité des charges ou de l’impôt ; suppression, avec ou sans remboursement, de tous les droits féodaux, des corvées, des servitudes personnelles, des pensions et places de la cour, des justices seigneuriales, des privilèges et franchises des pays d’États, des villes, des communautés, des individus ; enfin, abolition de tout ce qui présentant obstacle à cette égalité des droits de l’homme qu’il s’agissait de proclamer, y aurait fait contradiction. Et dans ce mouvement électrique, qui doit établir un si nouvel ordre de choses, on ne voit pas le tiers-état s’emparer de la hache reformatrice, ce sont des membres des ordres privilégiés, qui se disputent le mérite d’un noble abandon de leurs droits, ou qui, dans chacun de ces deux ordres, indiquent à l’autre, ce dont il doit faire le sacrifice généreux. C’est le vicomte de Noailles, les ducs d’Aiguillon et du Châtelet, le comte de Grammont, le marquis de Foucault, le vicomte de Beauharnais, qui prennent la parole dans l’ordre de la noblesse ; c’est l’évêque de Chartres, les prélats ducs de Castries, de Villequier d’Aumont, et plusieurs autres, qui dans celui du clergé, proposent et donnent eux-mêmes l’exemple de la plus noble abnégation ; c’est l’ardent vicomte Mathieu de Montmorency qui, se présentant de nouveau en scène, excite encore l’enthousiasme universel, en proposant « d’arrêter sur-le-champ toutes ces dispositions ; » c’est le marquis du Mortemart qui, après la consommation de tous les sacrifices, veut empêcher les regrets et toute espèce de retour vers ce qui vient d’être détruit, en disant : « qu’il n’y a plus qu’un vœu de la part de la noblesse, celui de hâter le décret d’après lequel tous les sacrifices seront consommés ; » décret qui est rendu sur-le-champ.

  1. Les personnes qui voudraient me confier des matériaux pour cette histoire, soit manuscrits, soit imprimés, m’obligeront infiniment, et peuvent compter sur tout mon soin à les leur conserver et à les restituer.
  2. Journal histor. et critiq., de ce qui s’est passé au Mans, à l’occasion de la révolution arrivée dans la magistrature, au mois de mai 1788, 2 part. in-8.° 7 ensemble de 475 pag. manuscr.
  3. mongaillard, Histoire de France, Introduction.
  4. Nous en avons donné la liste, page cxxiv de l’introduction à la biographie.
  5. Voir le discours de l’orateur chargé par l’ordre de la noblesse, de répondre à un député du tiers, qui, dans l’assemblée de ces états, avait eu la hardiesse de dire : « la France est notre commune mère, qui nous a tous allaités ; messieurs de l’église ont eu la bénédiction de Jacob, ont obtenu et emporté le droit d’aînesse ; vous, messieurs de la noblesse, en êtes les puînés, et nous en sommes les cadets : traitez-nous comme vos frères, et nous vous honorerons et aimerons. » L’insolence de ce discours offensa si vivement la noblesse, qu’elle nomma une députation pour en porter ses plaintes au roi. Le discours prononcé par le cardinal de Sourdis, dans une des séances de la même assemblée ; n’est pas moins curieux.
  6. Voir l’art. ballon, dans la partie Dictionnaire, page 100 de ce volume.
  7. Devenu gendre de M. de Valence et, par conséquent, petit-fils par alliance de M.me de Genlis : cette femme célèbre en parle beaucoup, dans ses mémoires.
  8. Mémoires, Journal et Souvenirs de Stanislas Girardin, t. iii, page 67.