Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Tiesse

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chez J.F. Bassompierre (p. 179-180).

enfoncée dans les épaules, c’eſt-à-dire, avoir les épaules un peu trop élevées, ce qui eſt une difformité, avoir les yeux à fleur de tête, c’eſt-à-dire, avoir les yeux un peu plus avancés qu’ils ne le ſont ordinairement.

On dit prov. il eſt accoutumé à cela, comme un chien à aller nu-tête.

On ſe ſert ſouvent du mot de tête, pour ſignifier ſeulement le crâne, la partie de la tête qui comprend le cerveau & le cervelet ; & c’eſt dans cette acception qu’on dit qu’un homme s’eſt caſſé la tête, on dit dans le même ſens, tête pelée, tête chauve, en parlant d’une perſonne qui n’a pas du tout de cheveux, qui n’en a point ſur une partie de la tête.

On dit avoir la tête peſante, pour dire, embarraſſée, on dit auſſi, mal de tête, douleur de tête & dans ces phraſes, tête, ſignifie le dedans de la tête.

On dit prov., groſſe tête, peu de ſens, pour dire, que communément les perſonnes qui ont la tête fort groſſe, n’on pas beaucoup d’eſprit, & tête de fou ne blanchit jamais, ſoit pour dire, que les fous ne vivent pas ordinairement long-temps ; ſoit pour dire, que comme ils ne ſe mettent en peine de rien, ils ſont exempts par-là des peines & des ſoucis, qui paſſent communément pour être cauſe que les cheveux blanchiſſent de bonne heure.

On dit fam. en parlant d’un homme léger, étourdi, extravagant, qu’il a la tête mal timbrée, la tête fêlée, qu’il eſt bleſſé à la tête qu’il a un coup de hache à la tête.

On dit encore, prov. d’un homme prompt à la colere, & qui ſe fâche aiſément, qu’il a la tête près du bonnet, & on dit de deux perſonnes qui ſont toujours de même ſentiment, que ce ſont deux têtes dans un bonnet.

On dit communément qu’un homme a des affaires par deſſus la tête, pour dire, qu’il a beaucoup d’affaires ; qu’il a des dettes par deſſus la tête, pour dire, qu’il eſt accablé de dettes ; & qu’il ne ſait où donner tête, pour dire, qu’il ne ſait que devenir.

On dit prov. & fig. à laver la tête d’un mort, à laver la tête d’un ſane, on n’y perd que ſa leſſive, pour dire, que c’eſt inutilement qu’on ſe donne beaucoup de ſoin & beaucoup de peine pour faire comprendre quelque choſe à un homme qui n’en eſt pas capable, ou pour corriger une perſonne incorrigible.

On dit auſſi prov. & fig. qu’on a bien lavé la tête à un homme, pour dire, qu’on lui a fait une forte réprimande.

On dit par exagération, la tête me fend, pour dire, j’ai un très-grand mal de tête, & la tête me tourne, pour dire, que les objets me paroiſſent comme s’ils tournoient autour de moi.

On dit, que la tête a tourné à un homme pour dire, qu’il eſt devenu fou, & fig. on dit d’un homme qui ſe trouble dans le péril, dans quelque occaſion importante, où l’on a beſoin de fermeté & de préſence d’eſprit, que la tête lui tourne, on dit auſſi d’un homme qui étant élevé en dignité, en faveur, vient à ſe méconnoître & à abuſer de ſa fortune, que la tête lui a tourné.

On dit fig. & fam. ; tourner la tête à quelqu’un, pour dire, lui inſpirer une ſorte de folie, changer la façon de penſer, cette femme lui a tourné la tête, une fortune trop ſubite tourne ſouvent la tête à des hommes qui n’étoient pas faits pour y arriver.

On dit fig. & fam. crier à pleine tête, crier à tue tête, du haut de ſa tête, pour dire, crier de toute ſa force. On dit prov. & fig., qu’un homme a martel en tête, pour dire, qu’il eſt jaloux ; ou pour dire en général, qu’il a dans l’eſprit des choſes qui l’inquietent, & l’on dit, qu’une choſe met martel en tête, donne martel en tête, pour dire, qu’elle donne de l’inquiétude, de la défiance, du chagrin.

On dit, il a fait un coup de ſa tête, pour dire, il s’eſt déterminé de lui-même ſans avoir pris conſeil de perſonne ; & dans le même ſens, c’eſt un homme qui ne veut rien faire qu’à ſa tête.

On dit auſſi quelquefois en mauvaiſe part, qu’un homme a fait un coup de ſa tête, pour dire, qu’il a fait une fauſſe démarche, faute d’avoir pris conſeil.

On dit d’un homme, que c’eſt une tête folle, une tête verte, une tête écervelée, tête évaporée, une tête ſans cervelle, une tête éventée, une tête à l’évent, une tête de linotte, une tête de girouette, pour dire, que c’eſt un homme extravagant, ſans jugement, ſans conduite, d’un eſprit frivole & léger.

On dit, une tête légere, pour dire, un homme qui n’a pas le jugement mûr ; perdre la tête, pour dire, perdre le ſang froid néceſſaire pour prendre un parti.

On dit qu’un homme a la tête chaude, pour dire, qu’il prend feu, qu’il s’emporte aiſément.

On dit d’un homme, qu’il a de la tête, pour dire, qu’il a du ſens, du jugement ; & qu’il a perdu la tête, pour dire, qu’il a perdu le jugement.

On dit auſſi qu’une perſonne a de la tête, pour dire, qu’elle eſt opiniâtre, capricieuſe, c’eſt une aſſez bonne femme, mais elle a de la tête, on dit de même d’une perſonne opiniâtre & d’humeur fâcheuſe, que c’eſt une étrange tête, une mauvaiſe tête.

On dit fig., tenir tête à quelqu’un, faire tête à quelqu’un, pour dire, s’oppoſer à lui, & lui réſiſter, ne lui point céder en quelque choſe, on ne trouva perſonne qui pût lui tenir tête à boire.

Tête ſe prend auſſi pour chevelure, il a une belle tête, il a la tête friſée.

Tête ſe dit du ſommet des arbres, un chêne, un ſapin qui porte ſa tête juſque dans les nues, des arbres coupés par la tête.

Tête ſe dit encore de certaines plantes, de certains légumes : & à l’égard des uns, il ſe dit de l’extrémité d’en haut, comme des têtes de pavot, d’artichaut, une tête de chou : à l’égard des autres, de l’extrémité d’en bas, comme, la tête d’un oignon, la tête d’un poireau, il ſe dit auſſi de certains fruits, & ſignifie, l’extrémité oppoſée à la queue, cette pomme commence à ſe pourrir par la tête.

On dit, la tête d’un clou, pour dire, l’extrémité ronde ou aplatie qui eſt oppoſée à la pointe, la tête d’une épingle, eſt un petit bouton arrondi, ajuſté à l’extrémité oppoſée à la pointe, pour retenir l’épingle dans la toile ou l’étoffe, & l’empêcher de paſſer d’outre en outre comme feroit une auguille, & la tête d’une aiguille, eſt le bout qui eſt percé pour l’enfiler, on appelle la tête d’un marteau, d’une cognée, la partie dans laquelle entre le manche.