Discussion Livre:Thiébault - Mes Souvenirs de vingt ans de séjour à Berlin, tome 3.djvu/Texte entreposé

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Titre : Mes souvenirs de vingt ans de séjour à Berlin, ou Frédéric le Grand, sa famille, sa cour, son gouvernement, son académie, ses écoles et ses amis littérateurs et philosophes. Frédéric, sa cour, les voyageurs, et les ministres étrangers / , par Dieudonné Thiébault,...

Auteur : Thiébault, Dieudonné (1733-1807)

Éditeur : F. Buisson (Paris)

Date d'édition : 1804

Sujet : Frédéric II (roi de Prusse ; 1712-1786) -- Biographies

Type : monographie imprimée

Langue : Français

Format : 5 vol. ; 21 cm

Format : application/pdf

Droits : domaine public

Identifiant : ark:/12148/bpt6k28626n

Source : Bibliothèque nationale de France

Relation : Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb314552798

Relation : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb314552798

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MES SOUVENIRS i DE VINGT ANS DE SÉJOUR A BERLIN 5 OtJ S;

FRÉDÉRIC LE GRAND, T. III. downloadModeText.vue.download 2 sur 380 downloadModeText.vue.download 3 sur 380


MES SOUVENIRS DE VINGT ANS DE SÉJOUR A BERLIN OU

FRÉDÉRIC LE GRAND, Sa FAMILLE, SA COUR, SON GOUVERNEMENT, SON Académie, SES ÉCOLES, ET SES AMIS littérateurs ET PHILOSOPHES.

PAR DIEUDONNÉ THIÉBAULT, De l'Académie Royale de Berlin de la Société libre des Sciences et Arts de Paris., etc.

3P Par Bonlietxr on pxr malheur, 7'apparïiens

J) tout entier à l'Histoire 1).

(Jj£ rit m ce Hehri de Presse).

TOME TROISIEME.

FREDERIC, SA COUR, LES VOYAGEURS, ET LES MINISTRES ÉTKANGERS.

X PARIS,

Chez F. Buisson, Imprimeur-Libraire, rue ïïautefettïlle,no. 20* ah xii (i8oi.j downloadModeText.vue.download 4 sur 380 downloadModeText.vue.download 5 sur 380


III. A

FRÉDÉRIC ET SA COUR.

LES FÊTES, LES ALLIANCES ET LES VOYAGEURS.

  • r '̃• – ̃–

ÉTAT DE LA COUR DE FRÉDÉRIC. On a dit que la cour de Frédéric n'étoit composée que de ses soldats, et de quel- ques philosophes ou gens de lettres ce mot est vrai dans ce sens, qu'il ne voyoit guères en effet que ces deux classes de per- sonnes; et que ce n'étoit que dans des oc« casions bien extraordinaires, qu'il y avoit chez lui d'autre étiquette, que celle qui çon- venoit à ses goûts et à sa manière de vivre. Cependant les grandes dignités ou charges de la couronne n'ont jamais été formelle- ment abolies lorsqu'elles n'ont pas été oc* cupées on ne les a jegardées que Comme downloadModeText.vue.download 6 sur 380


C*").

vacantes» et on en a donne le titre a^clt- -:verses personnes-, lorsque la politique a paru l'exiger. On verra la preuve déboutes ces vérités dans le tableau et les développemens qui suivent. Il faut encore dire que quand l'occasion s'en présentait, ce qui néanmoins arrivmt rarement, il savoit faire des poli- tesses particulières à ses ministres et sur- tout aux plus anciens. ̃ En 1740 au moulent où le roi monta sur le trône., la comtesse de Finck, veuve du feld-marëcnal de ce nom étoit -grande gouvernante de la reine-mère.

Madame de Catsch. étoif gouvernante de la jeune reine cette place a été ensuite oc- cupée par madame de Kanneberg fille dé la comtesse Finck dont nous venons ,dè par-. 1er, et sœur du comte Finck-Eiastein dont îious parlerons ailleurs.. Les princesses Ulrique et Amélie avoient d'abord eu pour gouvernante, une demoi- selle de Monbaii, en qui ron'-navGÏt eu à remarquer qu'une franche imbécillité mais elle mourut ava!nt 1740; et à cette époque, c'étoitune demoiselle de Blasspiel, -quila:, remplaçoit, Ces princesses d'ailleurs. demeu- downloadModeText.vue.download 7 sur 380


r-3-;

Aa

roient chez leur mère et étoient élevées sous ses yeux.

La reine-mère a eu pour dames d'hoa- neur -en même temps ou successivement, 1 des demoiselles de Kneisbeck, de Bulow • de Kalkstein, de Bredow, de Pannewitz, et de Schwérin et la reine régnante deux demoiselles de Teltow, et des demoiselles de Varennes, de Schwérin, de Brante, de Schlihen de MuIIendoriï; deKanneberg,e*c. Les hommes employés dans-ces deux cours, étoient chez la reine-mère., M. de Wil- knitz, maréchal de cour, et après lui M. le comte de Rœderer M. de Lastort grand- maître, et M. de Morien chambellan ce chambellan étoit si borné d'esprit, qu'il étoit devenu la fable de la cour. et que long- temps après sa mort, on en citoit encore des traits incroyables comme de n'avoir pu se souvenir si au siège de telle place, il avoit été assiégeant ou assiégé; et si en telle campagne militaire, c'étoit lui ou son frère qui avoit été tué c'est à lui que le marquis d'Argens a prêté et fait lire sept fois de suite le même volume et qui in- terrogé ensuite s'il étoit content de cet ou- vrage, répondit « Monsieur je le trouve downloadModeText.vue.download 8 sur 380


4)

t

p admirable cependant s'il m'est permis de » le dire, il m'a paru que l'auteur se répé- -» toit quelquefois. -» L'envoyé d'Angleterre le priant de présenter à sa majesté un comte d'Essex voyageur, ajouta qu'au resta ce n'étoit pas le comte d'Essex que la reine Elisabeth avoit fait décapiter et lui à rheure des présentations dit à la reine -mère « Madame,fairhonrieurdepréseiiteràvotre », majesté s M. le comte d'Essex, Anglois et » voyageur au reste, monsieur l'envoyé » d'Angleterre m'a Bien assuré que ce. n'é- M toit pas le comte d'Essex que la reine » Elisabeth a fait- décapiter. » l;- ] Là reine régnante avoit pour grand-xnai-. ire le comte dé Dohna, et un M. de War-j tensleben pour maréchal He côurj outre mes- sieurs Muller d'Ecouville de tendorff 5 et ensuite de Sehaffkotseb. 190VX: chambel- lans. « i Quant aux dignités qui tiennent a la per- sonne du roi, eUes étoient presque toutes vacantes en 1740, 'et l'ont presque toutes été depuis, sur-tout celles de grand^maître de la garde-robe, de maître -Dhôtel de grand chambellan, de grand éclianson, et de grand maréchal, qui même. tfoût été downloadModeText.vue.download 9 sur 380


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données à personne depuis Frédéric pre- mier excepté cependant celle de grand- maître de Ja garde-robe qui fut accordée au comte de Kameke pour le titre seu- lement, et à condition qu'il ne se mêleroii jamais de rien et celle de grand chambellan qui durant le règne de Frédéric second, a été occupée, 1°. par le prince de Coswa- ren-Loos qui ne l'a gardée que deux ans après lesquels il a donné sa démission pour aller vivre dans le Brabant sa patrie; et a9, long-temps après lui, par le comte de Sacke noble Saxon, que Frédéric vouloit fixer dans ses Etats, parce qu'il étoit fort riche. Au reste, il ne s'agit ici que de la charge de grand chambellan de la cou- ronne car là charge de grand chambellan de l'électorat appartient, à -ce que m'ont assuré quelques personnes, à l'ainé de la famille des Schwérin mais c'est une charge de l'Empire, qui dès-lors ne peut être que très-négligée à la cour d'un roi, où l'on n'estime que ce qui rappelle et fortifie les droits que l'on pense avoir à l'indépendance. Aussi m'a-t-il paru que les Schwérni eux- mêmes ignoroient qu'ils eussent cette pré. rogative honorable: du moins est -il vrai downloadModeText.vue.download 10 sur 380


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tpie je n'en aï jamais entendu parler k sa- •cun- dyeux.

La charge de grand écuyer ëtoit occupée en 1740, par un M, deSchwérin père de celui que j'ai connu premier écuyer. C'est à ce grand écuyer qu'a succédé M. le- comté de Sehafî'kotseh frère de l'évêque de Breslaw, 'et dont j'aurai souvent à parler; à la mort »de ce dernier grand écuyer, la place est-re- tenue à un M. de Schwérin général des gendarmes à qui les autres Schwérin ne pardonnoientpas d'avoir pris letitre de comte, étant prisonnier de guerre à Vienne j titre que Frédéric lui laissa par plaisanterie c'é- toit la fierté qui indisposoit ses parens contre lui à cet égard car- ils prétendoient que leur nom seul valoit tous les titres mais "malgré leur dépit, il a continué d'être comte -sans autre formalité et chez le roi, et dans le public. Madame son épouse née et éle- vée en Silésie/ a voit un talent singulier dont elle a daigné faire l'épreuve- devant ïinoi elle traduisoit à livre ouvert, sans •aucune hésitation et très-correctement de l'allemand en françois3 ou du -françois en allemand autant de pages que l'on vouloit. Ije baron de Poëlnitz étoit premier eharft-a downloadModeText.vue.download 11 sur 380


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bellan r'au moins en fàisoit-il les fonctions qu'il a continué de remplir jusqu'à sa mort c'est-à-dire, durant 'presque tout le règne de Frédéric second. Au reste, il aura ci-après un article particulier.

Comme je parle des ministres dans l'un des volumes suivans je me contenterai de dire ici qu'en 1740, M. de Podewiîs étoït premier ministre des affaires étrangères, et que M. de Finck, ou Finck-Enstein étoit le second et a été ensuite le premier, ou même le seul durant'le reste du règne de Frédéric.

Le chancelier étoit M. de Coccéi, qui a eu pour successeurs M. de Jarriges ensuite M. de Fiirst et enfin M. de Crammer. Les officiers qui entouroient le roi, étoient le colonel de Kalkstein, qui avoit été son gouverneur et qui fut ensuite feld-mar- réchal

Le maréchal de Kleist y

Le général Still gouverneur du prince Henri au général Still succéda peu après », comme gouverneur du prince Henri et en mênie-temps du prince Ferdinand, M. de Kraitzen, d'une ancienne famille de Prusse-» downloadModeText.vue.download 12 sur 380


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et précédemment officier dans le r%îtoentde Klasenapp; v

Le colonel de Pannewifz quicommandoit les gendarmes le feld-niaréchal de Natzner qui en avqït été le chef étant mort peu de jours auparavant

Les majors de Wéglieh et de Wînterfèld ce dernier a été dans la suite un des généraux • les plus habiles et les plus employés par Frédéric dans là guerre de sept ans sur- tout ̃

Les adjudans de "Wartensleben que j'aLcon- nu lieutenant-général; de Hacke qui a été > gouverneur de Berlin et dont le fils- a été si long-temps lieutenant dans les gardes-du- corps ayant assez de fortune pour ne point s'occuper de son. avancement militaire: de- Lentulus, sur Iequelnous aurons à revenir en d'autres articles d'ŒInïfe, qui si je ne me trompe, est celui qui fut tué au, com-. mencement d'une bataille par les premières balles de ses soldats, à cause de sa cruauté et de Buddenbrock, dont il a déjà été et sera encore question,

On .voy oit encore souvent à la cour M. le général comte d'Anhalt et uii M. de Wuïm, qui comm.aadoit trois escadrons de hussards,» downloadModeText.vue.download 13 sur 380


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fous montés de chevaux hongrois et blancs: c'est de ce corps que s'est formé dans la suite le régiment de hussards du général de Zieen.

Le feld-maréchal de Klasenapp étoit gou- verneur de Berlin le général de Sidow étoit commandant de la même place l'artillerie étoit sous les ordres d'un M. de Linger,dont la place étoît occupée de mon temps par M. de Holzendorff.

Enfin Frédéric avoit habituellement au- près de lui MM. de Kayserling et de Kno- belsdorfF, qui sont morts assez jeunes. En donnant ici cette nomenclature, je n'ai voulu que présenter le tableau général de cette cour; car je n'ai rien de particulier à dire sur la plupart de ces personnes, parmi lesquelles il y en a plusieurs que je n'ai pas même vues et pour celles que j'ai pu con- noître, si j'ai quelques anecdotes à en citer, je les rapporterai ailleurs.

Quand je conviens que Frédéric n'avoir autour de lui que le moins qu'il pouvoit ce que l'on entend par cour dans toute l'Eu- rope, c'est qu'en eS'et tout cet entourage d'étiquette et de faste, quine peut qu'embar- barrasser et contraindre l'homme qui est downloadModeText.vue.download 14 sur 380


io ]

laborieux et qui veut être libre se réduisait pour l'ordinaire, chez lui à un ou deux cham- bellans dont il avoit besoin pour lui pré- senter les étrangers et voyageurs ou autres personnes qu'il vouloit recevoir. Telle étoif auprès de lui la fonction de M, Je comte de Nesselrode ef de M. de Goërtz et ensuite de M. de Luchésini. te goût qu'il avoit pour ce qu'on peut ap- peler la liberté personnelle. V ce" goût qui m .général s'accorde si bien avec le besoin de .détruire la liberté des autres ne tenoit prin- cipalement chez Frédéric qu'à deux points l capitaux, qui formoient le fond de son ca- ractère la volonté ferme de se. ménager les moyens de remp^r ses devoirs et de satisfaire une vaste et noble ambition, et le désir, insa- tiable de êonnoître et de juger par lui-même et par conséquent de voir beaucoup par ses yeux, et d'étudier sans cesse. C'est à ces deux ou trois principes que se rattachent et son extrême activité et l'inébranlable énergie de son ame. C'est aussi aux mêmes causes qu'il faut attribuer l'envie qu'il a eue étant jeune de voyager au-dehors.

L'habitude et l'amour du travail et de la liberté rendoient la solitude si chère ou si downloadModeText.vue.download 15 sur 380


(«.')

nécessaire à Frédéric que quand même ses parens,ou des princesses et princes étrangers qu'il avoit le plus de plaisir à voir, venoient lui faire visite, il les gardoit toujours le moins qu'il lui étoit possible. Ainsi Paul premier, grand-duc de Russie, venu à Berlin pour y arrêter son premier mariage; la reine de Suè- de, venue pour le voir après trente ans de séparation la duchesse de Brunswick, cette sœur si constamment chérie la duchesse douairière de Saxe, fille de l'empereur Charles -VII etc. n'étoient arrêtés à Potzdam que très-peu de jours. Il prenoit des tournures singulières pour les renvoyer, et en être sûrement délivré en conservant toutefois et toujours les formes les plus polies. « J'ai » appris ma chère sœur disoit-iL, que 3) vous alliez me quitter pour aller voir nos » frères et soeurs à Berlin cela me fait bien de la peine. J'aurai bien peu joui du plaisir » d'être avec vous mais vous aurez plus 3) d'agrément à Berlin que dans cette soli- » tude et auprès d'un homme aussi occupé 3> quemoi. Il est juste que je me sacrifie. C'est 3) demain matin, dit-on, que vous partez. Je 3) ne vous dis pas adieu je compte que je » pourrai encore vous revoir ce soir, et downloadModeText.vue.download 16 sur 380


(;•»»̃]

vous assurer de fous mes vœux pour vofcêr » santé etc. » C'est ainsi, ou. en des termes équivalons qu'il cdngédioït des personnes qui n'auroient pas mieux demandé que de rester plus long-temps, auprès de lui et qui n'avoient pas songé à dire un mot de leur départ. Quelqu'enyie néanmoins qu'il -eût d'être seul 5 il faisoit galamment les sacrifices que les convenances ou. la politique lui deman** doient. Ainsi il retint le grand-duc plusieurs jours à Potzdam, et vint le voir une ou deux fois à Berlin mais il profita de cette gêne pour faire faire de belles jnanœuyresY qui exercèrent ses troupes. D'ailleurs, quand il venoit ainsi à Berlin, ce n'étoit tout au plus que pour vingt-quatre heures. C'est ce que j'ai vu non-seulement dans les occasions dont je viens de parler, mais encore aux époques des différens mariages qui ont été célébrés chez lui. Il faisoït de bonne grâce ces sortes de corvées quand il crpyoit les devoir faire mais la preuve que ce n'étoit qu'un sacrifice c'est que hors ces cas ex- traordinaires il ne lui arrivoxt jamais de sortir du cercle qu'il s'étoit tracé.

D'après ce qui -précède on yoit que dans downloadModeText.vue.download 17 sur 380


  • b: J

ce volume., outre les fêtes publiques, à la suite desquelles viennent naturellement se placer les alliances contractées de mon temps il ne nous reste qu'à recueillir les anecdotes que peuvent nous fournir quelques personnes qui tenoient principalement à la cour et ensuite les voyageurs. downloadModeText.vue.download 18 sur 380


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FETES DE LA COUR: ET A.L LÏANCE S.

Xj es fêtes de la cour de Berlin étoient bien peu de chose il y en avoit une chez ta reine à son jour de naissance; le roi ne mauquoit pas d'y paroitre en bas de soie; mais il n'y ï-estoit guère qu'une demi-heure. Du reste, cette fête se réduisait à un grand concert, au jeu, au bal et au souper. Je ne parle pas de la foule de ceux qui s'y rendoierit on pense ` Men que par devoir bienséance et politique f cette foule étoit très-grande.

Il y avoit tous les ans une 'antre grande Fête chez le prince Henri, le jour de la nais- sance du roi c'étoit un bal masqué où l'on recevoit au 'moins quatre mille ames; mais il falloit que les domino on habits de caractères y fussent en soie; les ajustêmens qui étoient en laine n'étoient poict adraïs- L'ordonnance de cette fête étoit fort belle ujae immense galerie et plusieurs grandes salies fort riche- downloadModeText.vue.download 19 sur 380


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Hient décorées, avoient des orchestres bien composés et des buffets de rafraîchissemens très-bien fournis. J'y ai vu une très-belle femme habillée en grecque, et fort élégam- ment mise, qui, arrivant de Constantinople et n'étaut encore presque connue de personne, mit tous les princes aux champs par sa ma- nière de leur répondre. Ils vinrent lui parler en allemand, et elle leur répondit en françois ils employèrent cette seconde langue, et elle la langue italienne lorsqu'ils se servirent de cette troisième langue, elle prit l'anglôise; il s'en trouva encore qui purent la suivre, mais elle eut recours au portugais, et ensuite au turc et personne ne put aller jusques-là. Ce fut un grand triomphe pour cette dame, qui se nommoit madame Godet, femme d'un négociant.

Le prince Henri étoit ce jour-là en ar- ménien, ayant un écrin très-riche qu'il vou- loit vendre à toutes les dames. Le colonel Quintus s'y présenta en capucin de laine, et on le renvoya en lui disant de se faire capu- cin de soie. Tel est l'avantage de ces Sortes de fêtes; elles donnent lieu à mille petites aventures qui amusent le public pendant quelques jours.. '1 downloadModeText.vue.download 20 sur 380


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Les jours de naissance des autres personnes de la famille royale, étoient aussi, autant de sujets de fêtes à la cour, mais moins brillantes et par conséquent bien moins suivies» Hors de là, et à moins de quelque é.véne- mentextraordmaire,iin'yavoitdurantrannée que les jours de cour chez la reine ce qui étoit plutôt une affaire d'étiquette que de vé- ritables fêtes; et le temps du carnaval, du- rant lequel on y retrouvoit assez souvent bal ou concert, sur-tout à certains jours, tels que le jour de l'an, celui des Rois, etc. ce qu'on nomme le carnaval à Berlin, embras»- soitTjne partie du mois de décembre et de celui de janvier. Le roi n'arrivoit guère avant le 19 décembre et il retôurnoit h Potzdam. au plus tard Je 23 du mois suivant. Dans cet intervalle, on avoit deux opéra et. deux re- doutes par semaine; lorsque le roi venoit souper à ces redoutes j il se retiroit au sortir de table; mais de mon temps il y venoit ra- rement; il étoit bien plus assidu à suivre les çpéra que l'on jouoit. Il se plaçoit toujours en bas, derrière l'orcnestre souvent il .se; tenoit debout, et suivoit avec une grande attention, et la lorgnette à la main, les musi- ciens et les chanteurs qui i'intéressoient le plus downloadModeText.vue.download 21 sur 380


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III. B

plus, sur-tout dans les passages remarqua-» blés. L'opéra est à Berlin un spectacle italien payé par le roi l'entrée en est par conséquent gratuite il faut néanmoins des billets pour y être admis, à moins qu'on ne veuille aller au parterre; mais comme chaque régiment de la garnison a le droit d'envoyer à ce parterre tant d'hommes par compagnie, il arrive que quelque vaste qu'il soit, les bourgeois ont bien de la peine à y pénétrer et y sont très- mal. Pour les loges, .eHes ont des destinations particulières on sait à quel corps chacune appartient; celledel'académieestassez grande pour contenir douze à quinze personnes du reste, elle est-aurangle plus bas, et a l'incon- vénient d'être trop près des soldats, qui pour l'ordinaire font beaucoup de bruit et même empêchent quelquefois de voir,, tant à cause de leurs grands bonnets que parce qu'ils prennent souvent leurs femmes sur leurs épaules. Ce dernier fait prouve que l'opéra de Berlin n'est pas un spectacle très^déeent à certains égards quoique le bâtiment en .soit renommépar sou architecture, que1'orchestre ait joui d!ane belle réputation, et qu'il y ait eu des chanteurs distingués tels que Porpo- rino et Conciolini auxquels Frédéric donnoit downloadModeText.vue.download 22 sur 380


~I8 ) O ~3s~

quinze mille francs cl appointemens. je ne e parle pas des danses; c'est vraiment la partie honteuse de ce théâtre cependant, en y a va autrefois quelques danseuses assez bonnes, comme mademoiselle Gasparini et madame Desplaces. J'ai vu bien des personnes fort étonnées de ce que Frédéric donnoit de si forts appointemens à quelques-uns de ces artistes, pour jouer dix ou douze fois seule- ment chaque année. Cela montre combien il avoit aimé la musique. Dans les derniers temps, il cher choit à économiser sur les dé- tails tant qu'il pouvoit; il ne dannoit plus à chacun; que deux ou trois paires de bas -et de gants pour tout le carnaval, etc.

La persuasion où l'on étoit que le roi atta- choit fort peu d'importance aux fetes.de la cour et que la reine toujours bonne ne se plaindrait jamais de rien, autorisoit même les chanteurs les mieux payés, à refuser de chanter dans les fêtes de cour où l'on, desïfbit avoir quelques concerts. Ces hommes quipour quinze mille francs n'avoient à monter sur les planches que douze fois .par an au plus re- fusoient très-eavalièremenit de chanter chez lareïne lors même qu'elle les en prioikGoncïo- "lini sur-tout ëtoitpresque toujours enrhumé, downloadModeText.vue.download 23 sur 380


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B a

ïorsquillui arrivoit une invitation semblable» Tout le monde le savoit, et tout le monde en étoit scandalisé. Aussi arrivoit il quelquefois que ses airs renchéris lui attiroient des mor- tifications assez sensibles. Un jour le prince Bolgorouky vers la fin du dîner disant à tin maître de chapelle de l'impératrice de Russie « Oh c'est M. Conciolini qui chante » admirablement bien! Mon prince, re- » prit cet acteur, ne me priez pas de chanter, P je .ne le pourrois pas. Monsieur ré- 5> pliqua le prince, je ne pensois pas à vous » en prier, je vous l'assure; je parlois de » votre voix, sans avoir envie de l'entendre M. Il a souvent eu de pareilles leçons, qui pour- tant ne l'ont pas corrigé.

Le roi avoit aussi une petite troupe pour les opéra buffa mais il étoit fort .rare que cette troupe jouât, ou que le public pût en profiter je n'ai vu ce spectacle que deux fois à Berlin et au château.

Avant de parler des fêtes extraordinaires qui ont eu lieu de mon temps, j'en citerai une que la ville de Berlin voulut donner, pour témoigner au roi la joie que l'on avoit de Io revoir, le jour même où, il devoit rentrer en .cette capitale, après la guerre de sept ans, downloadModeText.vue.download 24 sur 380


X^) j

•On avoit dressé à la porte de la VÎ& P® ott ïldevoit passer, un grand arc de triomphe, avec les ëmblêm'esles mieux assortis à une -circonstance aussi intéressante. Le long des rues qui de là eonduisoient m château, on avoït également placé les inscriptions et les embeUîssemëns les plaskonorabfes^n devoit le recevoir et ràecueiilir avec leseéfémofiies ^et les transports de ^joie que ron peûtinia- girter. Il fut avertit ces préparatifs, changea de route, et parvint incognito par ^unè autre Yorte et d'autres rués 'jusqu'à son âppâtfte. ment. Crâigmit-ïï que cette expreàsioa de la •joie de ses sujets ,àè fôt regardée ^ominô suggérée -ou désirée par lai ? Ne chëréha-t4t às'ydérober queparce quil-aaroit êû àxjou* tm rôle, wcbnstânee qui M àépMseit tou- jours? Ou bien, peûsa-t-41 ^ne guerre ^ussi désastreuse pour ̃Plûïope eûtàëre-, «e devoit point être m. s^m âe ïeteS ? ïl très-vraisemblablequeees#oïàc6nsidératiôflfe feutrèrent également dans les ôûotifè- qm le déterminèrent mais j'ai «hcore vu pfasieurs années après, <tttaMenïésMipôis-avdert peine à oublier ce trait;, 'qu'ils àttribuoient â iine sorte d'inditérenee^îivérs'eui.ê'étoitde leur ^part tine ifijttstïce-, \qutoa ^ë^liqaera downloadModeText.vue.download 25 sur 380


C«)

en disant que leur amour-propre avoit été blessé.

En me proposant de parler des alliances que la maison royale de Prusse a contractées de mon temps et des fêtes qu'elles ont oc- casionnées, je débuterai par le premier ma- riage de Paul premier, qui à la vérité n'a pas épousé une princesse de Prusse qui même ne s'est pas marié à Berlin, mais qui estvenu y choisir celle qu'il a ensuite épousée à Saint- Pétersbourg.

Je ne sais quelle adroite ou profonde po- litique détermina l'impératrice de Russie à envoyer son fils à Berlin pour y faire le choix dont je viens de parler mais vers le mois de juin 1776 la margrave de Hesse Darmstadt de qui Frédéric disoit qu'elle étoit un homme de mérite nous arriva avec ses trois filles tandis que le général Lentulus alloit jusqu'à Mémel au-devant du grand-duc pour de là diriger sa marche et le défrayer de tout jus- qu'à la cour de Frédéric où il devoit choisir entre les trois sœurs, celle qui lui conviendroit le mieux* On fit ce que l'on put pour que sa route ne fut marquée que par des fêtes au- tant du moins que pouvoient le permettre la sévérité et la simplicité des mœurs du pays a. downloadModeText.vue.download 26 sur 380


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et la pénurie de tout ce qu'il faut pour don ner et varier les spectacles. Son entrée àBer-' lui se fit par un très -beau jour, à trois ou quatre heures après-niidi arcs de triomphe en verdure à la porte de la ville et sur le pont royal près du château des fleurs par-tout, et nombreux cortège, en infanterië^en: çava-^ Ierie,Vet en yoitires rien n'y fut épargné i- on fit raeommoder pour lui les vieux phaé– tons tout dorés et autres carrosses de pa- rade de Frédéric premier, lesquels étoient abandonnés ~s à la vermoulure depuis i pin-* qualité ans. Tout décéloit les efforts impurs- sans et disparates que l'on faisoit pour étaler^ quelque faste. Je fus-présenté au grand-due dans son appartement par l'envoyé de Russie:1 je le fus encore avec mes confrères et col- légues à l'Académie quand il y vint. et à l'é- cole civile et militaire, quand il la visita» For- mey et Borrelly lui adressèrent de fort beaux coih'plimens: mais personne ne reçut de lui aucun témoignage de satisfaction on lui ayoit donné à son départ de Pétersbourg, deux malles pleines de bijoux pour les présens j et il les remporta pleines toutes deux, non a ce qu'il semble, qu'il eût de la répugnance à d.onaer mais parce qu'il étqit sot^s la, direé* downloadModeText.vue.download 27 sur 380


1*3

.fion de M. le feld-maréchal de B.omanso\T et de JV{. le comte de Solticoff, qui tous les ̃deux avoient la réputation d'être avares, et qui d'ailleurs pouvoient très-bien imaginer que ce seroit faire secrètement leur cour à la mère, que d'empêcher le fils de se faire des partisans dans le monde.

Si on nleutpas beaucoup à célébrer la magni- ficence du grand-duc, tout le monde au moins fut frappé de sa manière de saluer. En géné- ral, les grands se baissent fort peu quand ils saluent; ils nous laissent à nous autres à plier le corps mais du moins ils inclinent un peu la tête le grand-duc faisoit tout le contraire; il donnoit un coup d'œil à ceux qui le sa- luoient et relevoit la tête, qu'il n'avoit point baissée il ne se permettoit en. un mot que la seconde partie du salut, qui de cette sorte ressembloit chez lui à un acte de domination. Je dirai encore qu'il parla fort peu, et qu'on n'eut pas à citer un seul mot qui vînt de lui. Lorsqu'il alla à Potzdam Frédéric fit faire devant lui et pour lui, des manœuvres qui furent très-bien exécutées le feld-maréchaî Ilomansow par qui on vouloit sur tout qu'elles fussent bien suivies et bien observées, parut en être émerveillé dans la sorte d'ad.- downloadModeText.vue.download 28 sur 380


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iniration quelles lui causèrent, il s adressa à l'un des généraux prussiens et lui dit « Ces S) manoeuvres sont admirable si mais il me » semble que c'est une imitation de quelque » fameuse action de l'antiquité dites- moi, je vous prie, si ce n'est pas de l'Alexandre, » de rAnnibal, ou du César ». Le prussien fut très embarrassé pour -lui répondre ne sachant comment lui apprendre sans le mor- tifier que ces manoeuvres étoiènt une imita* lion des deux grandes batailles que lui-même E.omansow avoït 'livrées aux JTurcs et par lesquelles il les avoit si complètement battus tdans la précédente guerre imitation qui de la part de Frédéric, étoit une galanterie aussi flatteuse que délicate. On conçoit au reste que cette méprise du général russe, devint bientôt une anecdote précieuse pour tous les militaires prussiens.

Lorsque le 1 grand-duc Fut arrivé au ïno- ment de son départ, Frédéric vint à Berlin pour lui dire adieu c'était un dimanche il y eut àla cour un grand souper oii l'on em- ploya la vaisselle d'or. Il Faîàoit excessivement chaud, et le nombre des curieux étoit si grand dans la salle où. l'on soupoït que toutlemonde y étouffoït. Frédéric iardonna de faire sortir downloadModeText.vue.download 29 sur 380


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les spectateurs mais dans le moment mêmey il demêla dans la foule deux hommes qu'il jugea être des étrangers et il leur envoya dire que l'ordre ne les concernoitpas et qu'ils pouvoient rester. Ces deux hommes étoient Pigal le sculpteur et un officier françois de la garnison de Strasbourg. Le premier ayant achevé de placer le monument du maréchal de Saxe s'avisa un jour qu'il soupoit avec plusieurs militaires de témoigner tous les regrets qu'il avoit de n'avoir jamais vu le xoï de Prusse. On lui observa qu'étant à Stras- bourg, il se trouvoit presque à moitié che- min de Paris à Berlin mais il lui restoit la difficulté de faire seul le reste de cette route dans un pays dont il ne savoit pas la langue lorsqu'un des convives offrit de l'accompagner. Le marché fut conclu sur-le-champ; ils par- tirent dès le lendemain et arrivèrent à Ber- lin le soir même où Frédéric faisoit ses adieux au grand-duc. Pigal ayant beaucoup connu domPernety bibliothécaire du roi de Prusse, parvint à le joindre à l'instant même de son arrivée et dom Pernety envoya les deux voyageurs au château, avec les instructions nécessaires pour y être admis. Deux jours après le même dom Pernety les conduisit à downloadModeText.vue.download 30 sur 380


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Potzdam Ils se mirent à parcourir les jardins de Sans-Souci vers onze heures de matin, lors- qu'ils aperçurent à quelque distance, le roi qui tenant un livre à la main venoit s'y pro- mener, précédé de ses trois petites levrettes ils cherchèrent à s'écarter mais ils avoient été vus. Ils eurent à l'instant la visite d'un, page, qui vint leur demander qui ils étôîent, Pigal répondit qu'il étaitY auteur du Mercure*, réponse sur laquelle Frédéric jugeant que c'é» toit M. de la Place qu;il n'aimoit pas /se re- tira en disant: « Je n'ai que faire ni de son » Mercure ni de lui » Si Pigal avoit simple- ment dit son nom, il auroit certainement eu la satisfaction de parler au roi et même il en auroit été très -Bien accueilli, d'abord à cause du tombeau du maréchal de Saxe et jensuite parce que Frédéric estim oit beaucoup cette statue de Mercure que notre sculpteur avoit faite, et que. ce monarque possédoit, mais à laquelle il ne songeapas en ee moment. C'est ainsi que Pigal fut puni pour avoir cru l'un de ses ouvrages plus célèbre que lui-même. IJ revint de Polzdam le même jour et partit le; lendemain avec son officier qui faisant cette course incognito étoit pressé de retourner à sa garnison.. downloadModeText.vue.download 31 sur 380


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Frédéric, en voulant jouer la magbificehce pour le grand-duc de Russie, n'oublia pas ses principes d'économie. Il examina en détailles mémoires de dépenses que Lentulus avoit faites ou ordonnées il les trouva exagérées et peu fidèles son général fut mal reçu et partit quelques tems après pour retourner en Suisse sa patrie son crédit d'ailleurs avoit déjà souffert d'une autre aventure qui trouve sa place dans un autre article, et qui brouilla Frédéric avec l'ancien prince Ferdinand de Brunswick l'un de ses plus illustres géné- raux, et gouverneur de Magdcbourg. Lorsque le grand écuyer reçut ordre de faire promptement.et convenablement répa- rer les vieux chars et phaétons, et tous les harnois dorés de Frédéric premier, il éom- mença par faire dresser un devis de ces répa- rations, et manda au roi qu'il en coûteroit au moins dixmille écus. Le monarque luirépon- « dit Je sais bien que votre excellence est » généreuse et magnifique: mais moi qui ne me soutiens qu'à force d'économie, j> ne » suis pas assez heureux pour pouvoir suivre » votre exemple. Ce qui me tranquillise, c'est » que je sais aussi combien votre excellence j> est en même-temps industrieuse et atten- downloadModeText.vue.download 32 sur 380


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A tive: je suis donc assuré "qu'elle voudra bien faire faire les réparations dont il » s^agitj pour six mille écus. C'est tout ce 3) que je puis y mettre. Ainsi donc six. mille a écus pas un sou au -delà mais que tout » soit bien, et qu'il ny manque rien », H fallut bien qu'en conséquence de ce per* sïfflage tout aussi impérieux que l'ordre le plus sévère, le pauvre grand écuyer trou- vât moyen de -faire faire presque à moitié prix, tout le travail que requéroient les cîr- eonstanees.

Après avoir rappelé d'illustres fiançailles |è passe p. des noces également illustres. Le premier mariage qui se soit fait de mon téms dans la famille royale fut celui de Théritiei* du trône avec sa cousine jeune princesse de Brunswick: mariage malheureux, dont cette princesse est encore aujourd'hui la triste vic- time. Elle a ew des torts, je le sais: mais qui peut ravoir vue, et avoir connu sa Beauté et sur-tout ses grâces et les charmes de son esprit, et ne pas avoir pour elle l'indulgence de Frédérïe qui Et tout ce qu'il put pour la sauver, etue la condamna qu'en gémissant? On prétend que son mari avoit mérité lé pre- mier de justes reproches, et sur-tout par des downloadModeText.vue.download 33 sur 380


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procédés qu'une femme sensible et un peu .fièrene pardonne guères le peu de préve- nances et d'attentions qu'il lui marqua dit-on, dès le voyage qu'il fit à Brunswick pour en faire la connoissance un an avant de l'épouser, ne dev'oit pas la disposer elle-même à beau- coup d'égards et les premiers temps de leur union ne parurent pas propres à la ramener à des sentimens plus conciliatoires elle ne fut donc épouse que pour éprouver successi- vement le dépit l'indignation et enfin la. haine. De-là il n'y a pas loin aux démarches -par où se manifeste la vengeance. J'ai dé- veloppé tous ces faits,dans l'article du prince

<JuslIaflime de Brunswick -son frère qui par

-malheur péritlui-même quelque temps après, -pour avoir été non le complice, mais le con- 'fidentd'anesœfur dbéfie, ©t si digne de l'être. Cemariagefet célébré à Charlottembourg, et m'ofirit aux ieurieux qu'une anecdote que d'o» retrouvera à i'ariMe de M. de Guines. Le second mariage que. nous ayons, eu à cé- lébrer â fet;celai dastadèouder avec la nièce -de Frédéric, sœusr uraqiie duprineede Prusse, Tune des plus belles princesses de la cour, au moins jnsqu'à ce que la petite vérole lui ait gâté le teintetgrossi les traits. Ce mariage downloadModeText.vue.download 34 sur 380


r i r •

"fi'f grand' plaisir à Frédéric chè2 ̃ -qui l'âfFée- tùjQ qu'il avait eue autrefois pouf la mère sembloit se reporter sur le fils La :poîitîque d'ailleurs sembloit s'accorder parfaitement en cette occasion, avecles affections particulières "et personnelles: car le 'roi de Prusse- regar- doitle stâdhouderat comme une véritable sou- veraineté 'héréditaire. Je me souviens- qu'en me parlant un jour de l'espèce de pente natu- relle qui'fait insensiblement acheminèrUes gouvernemens vers uu but déterminé qu'il est possible de prévoir, il me cita la Hollande, « où, dïsoit il une charge d'abord éleelive » et ensuite héréditaire^ d'abord -fort çircons- 3> crite et ensuite plus étendue quant a ses » pouvoirs, finira indubitablement par n'être » plus qu'une parfaite, sonveraînété déjà,, s? ajoutoït il, on voitle stadhouder parvenu » à un point où il ne lui manque plus guères » que le nom pour être roi et sice.'no'nî ne lui est pas accordé par la suite le, sien éa » deviendra reqùivalent »r

Ce fut pour toutes ces causes réunies que ce mariage fut célébré avec pompe oij n'é- pargna rien pour que les fêtes fussent splen- dides nous eûmes bals, opéra redoutés etc. et ce roi-assista à toutes ces fêtés. On voulut downloadModeText.vue.download 35 sur 380


rsi)

'des vers sous tous les titres et sous foutes les formes. On vint m'en demander, àmoi qui în'annonçoïs pour n'en faire jamais et j'en fis une vingtaine qui furent imprimés e& berloque chaque vers remplissant de ses huit syllabes une page toute entière. Une jeune et aimable dame françoise, qui mourait d'envie de voir et toute la cour et une redoute s'adressa à moi pour obtenir cette complaisance de son mari -auquel elle n'osoit la demander. Ce mari, nommé M. de la Lande, y mit seulement pour conditions qu'il ne seroit point de la partie et que nous serions de retour à minuit et demi ainsi nous prîmes pour quatrième le comte de lleichen- bach, officier des gendarmes et mon ami et nous partîmes vers dix heures. Nous fîmes deux ou trois fois le tour des cinq tables où l'on soupoit, l'une présidée par le roi,. qui avoit les nouveaux mariés et son héritier à ses côtés; la seconde présidée par la princesse de Prusse la troisième par le prince Henri la quatrième par le comte de Finelceinstein .ministre des affaires étrangères et la cin- quième par le gouverneur de la ville. La prin- cesse de Prusse qui avoît à ses côtés les deux jeunes princes de Brunswick ses frères, downloadModeText.vue.download 36 sur 380


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•'nie fît appeler me demanda quelles étoiënt lespersonnes de ma compagnie me remercia dêl'amitié quelle savoit bien* disoît-elle que f avois pour ses frères m'assura que fétoïs payé de retour, et enfin ne meïenvoya que sous le prétexte de ne pas menïever plus longtemps aux dames avec qui fétoïs. Ce fut cette princesse et la nouvelle mariée qui coBi- meneèrent le bât par une angloise dont la chaîne étoitfort longue. La princesse d'Orange <£foit chargée de diâmans; la princesse de Prusse n'en -avoitmis=aucun dans son ajuste- ment aussi agréable quesïmple mais elle avoït tant de grâces de légèreté et d'agrémens dans "toute sa personne et dans tous ses mouvez mens qu'elle seule fixoit,et arf êtoit tous les regards. •

Un autre mariage qui fît peu de sensa- tion, et qui fat le plus heureux de tous fut celui du margrave d'Anhalt de Des- saù, avec une des deux filles du mar- grave .de Schwet branche cadette de là maison de Brandebourg; le jeune prince de Dessau charmant homme de la plus heu- reuse physionomie; la princesse de.Schwetr -jeune,, belle, infiniment agréable; couple heureux âont tous les jours se sont écoule's dans downloadModeText.vue.download 37 sur 380


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33 3 us parfl

dans 1 union la plus parfaite, dans dette délicieuse simplicité qui annonce et carac- térise les bonnes mœurs, et dans ce désir dominant de faire le bien qui couronne les autres vertus et en devient la plus douce récompense j couple digne de la plus tou- chante émulation, en ce qu'il a établi son bon- heur dans le silence de la renommée et au sein de la bonne conscience! 0 vous, qui pou- vez contribuer au bonheur des autres hom- mes, que n'avez-vous fait; un voyage à Des- sau Vous y auriez appris comment en réu- nissant ses semblables autour de soi, et pour ainsi dire, en une seule famille, on offre aux' mortels l'image de la plus parfaite fé- licité; et frappés de ce spectacle, vous au- riez voulu sans doute le réaliser aussi autour de vous et pour vous. Combien vous seriez étrangers à ces vils prôneurs qui se pres- sentent à vous comme admirateurs dévoués et utiles Et combien vous mépriseriez ces vaines déclamations auxquelles vous ou- bliez que personne, ne croit Sous l'égide de la bienfaisance et de la paix, votre exis- tence toute réelle et se consolidant par le bien, aurait-elle besoin du frivole appui de* -illusions et des mensonges, secours insufflé downloadModeText.vue.download 38 sur 380


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sanf et éphémère qui des le lendemain, vous ̃échappe-, et ne découvre peut-être qu'une -triste nudité! V Le second mariage du prince de Prusse m'eut guères pins d'éclat que celui du prince de Dessau il épousa une princesse de Hesse d'Armstadt, aujourd'hui reine douairière de Prusse toujours également respectable par la douceur de son' "caractère sa modéra- tion, les sacrifiées qu'elle fit aux circons- tances, et SDH unique dévouement à ses -eiifans. r -•-̃̃ Je ne m'arrêterai guères davantage sur le. mariage du laffiïgraff dé-Hesse-Cassel avec la princesse Philippine, sœur "dé la princesse Ferdinand. Le latidgràS' étoit veuf •et déjà vieuS i ïa princesse Philippine éfioit jeune et certeineffitent la princesse du Nord dont la. beauté iut la plus aeèompiie;. C'en est assez pour persuader qu'elle laissa bien des regrets «t iïû vide sensible à la cour de: Berlin. "> Je ne dïràiirien- du mariage du; prince Erédéric-Augkste, duc de Brnriswiek avec la fille unique du prince de Wirtemberg:, formant la toâtiche désignée par le duché -jïWs', dont fe-prïpeBd^ Bruswick a hé- downloadModeText.vue.download 39 sur 380


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rite après la mort de son beau«*père et d& sa femme.- Ce mariage se fit à ŒIs en Si- lésie, et ne nous occasionna d'autres fêtes que celles que le prince donna lui-même à ses amis» après son retour. downloadModeText.vue.download 40 sur 380


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SGHAFI'KOTSGH,, SCÏÏLABERNDORM ET B A S TÏ AN I.

JE réunis ici ces trois hommes, à cause sur-tout d'une affaire très-grave, dans la-' quelle ils figurèrent également, chacun à sa manière-; c'est-à-dire, dans laquelle le premier a été la triste victime des deux autres.

Vers les premiers temps du règne de Fré- déric, il y avoit à Brandenbourg un vieux chanoine nommé M. de Schlaberndorff, dont l'esprit étoit si borné qu'après avoir vécu, quinze ans de suite à Paris, il ne savoit-pas deux mots de français aussi s'amusoît-on à lui parler de Paris et de la France pour lui faire dire de grosses balourdises « Louis XIV, disoit-îl, si je l'ai connu! f » Tenez, voilà le Pont-Neuf, » ( en posant son couteau au milieu de la table ) « et downloadModeText.vue.download 41 sur 380


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voua la statue de Louis XIV le gua- » trie'me. Ceci n'a d'enet qu'en allemand., où en ne conservant de mots francois que Louis quatorze on les présente comme n'en formant qu'un seul, qui devient le nom com- mun et patrimonique des rois de France. On verra que le M. de Schlaberndorff dont il s'agit dans cet article, n'a jamais ressemblé en rien à cet imhécille c'étoïÉ au contraire un très-habile ministre qui a gouverné la Silésie avec autant d'adresse que de fermeté, durant presque tout le régne de Frédéric il a su contenir les nobles sans trop les irriter, et lès prêtres à force de leur faire peur. Sa vigilance et son activité l'ont rendu cher à son maître dont il a su accroître les revenus en même- temps qu'il était redouté de tout le monde. On ne doit donc pas être étonné qu'il ait. été exposé à tout ce que la haine, la ven- geance, ou l'envie peuvent imaginer et ré- pandre de propos calomnieux ou critiques. On peut bien penser aussi qu!il a fallu qu'il fut quelquefois aussi dur que vigilant et actif, pour si bien remplir sa mission po- litique, etprincipalement pour contenir cette province, dans le calme, et en tirer de- si downloadModeText.vue.download 42 sur 380


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grands' secours sur-tout tant qu'a duré- la guerre de sept ans f- pendant laquelle la Si- lésie a plus fourni encore que la Saxe./ aux besoins des armées prussiennes. Frédéric a Conquis Sehlaberndorff a sauvé.

De tous les traits qu'on a eu à lui ^re- procher celui que je lui pardonnerais le moins c'est la ruine-de l'abbé comte dé SehaSkotseh évêquede Breslaw. Comme cet abbé -tenoit à ime des premiëres familles de la province, et qu'il éïoit plus aimable que dévot Frédéric en fît un de ses amis Ha- bituels et lui donna cet ëvêché devenu va- cant par la mort du cardinal Zinzendorfi'i en Iè décorant de plus de l'ordre de l'aigle noir. La faveur dont ce nouveau prélat ioùis- soit, étoit sans doute de nature â déplaire au ministre, et même à lui donner de l'in- quiétude. Mais il f avoit un autre nomme l'abbé Bastiaui chanoine de Breslaw qui étoitencorç bien plus redoutable pour M. dé Schaffkotsch que le ministre lui-mèmeV Cet abbé aussi fourbe et adroit qu'ambitieusL, sut tout à la fols être, près de Frédéric un courtisan attentif et souple, auprès du mi- nistre un confident utile et zélé, et auprès de levêque un ftatteur perfide. Iibràque les. downloadModeText.vue.download 43 sur 380


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Autrichiens reprirent Breslaw durant Iâ guerre de sept ans le chanoine qui ne visoit à rien mains qu'à l'évêché, persuada à celui dont il envioit la dépouille que dans les circonstances où l'on se trouvoit, il falloit chanter le Te Deum lui-même, mais en sô dépouillant pour cette cérémonie^ du cor*- don de l'aigle noir, vu que le roi s'off'en- seroit sans doute de voir son ordre em- ployé en cette occasion tandis que las Au- trichiens ne Yeïroient qu'une bravade insul- tante dans' l'étalage de ce cordon. M. de Sehaffkotaeh ôta donc son cordon avant d'aller à l'an tel; et l'abbé «e hâta d'en in- former le ministre, par une lettre que ce- lui-ci fit parvenir au roi, et où cet acte de foiblesse était présenté comme une tra- hison et une injure. Frédéric fut moins sé- vère qu'on ne l'avait espéré: il ne vit dans la faute qu'on lui dénonçait qu'une sorte- de lâcheté, qn'il se proposa de punir par quelques persîfflages mais l'abbé trop ha- bile pour faire les choses à demi, parvint à faire croire à l'évêque que le roi était trèa-ïrrrté contre lai et voulait lui faire faire son procès il frappa ce malheureux de la plus grande terreur, et le déteraiixia downloadModeText.vue.download 44 sur 380


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à s'enfuir lorsqu.'ensuite les Autrichiens éva- cuèrent Breslaw lui promettant ses bons offices et une correspondance fidèle, Sebafi- kotsch se retira dans la partie autrichienne de son vaste diocèse on présenta sa fuite au roi comme une infidélité manifeste; et ce fut alors que ce monarque se mit vrai- înent eu colère contre lui. Le ministre n'eut pas de peine à persuader à Frédéric que i& mieux étoit de ne point faire de nouvel évêque et de confisquer les revenus de v l'évêché., qui montaient à quatre cent mille livres par an ce fut le parti que l'on prit; de sorte que Bastiani, complètement joué par le ministre allemand, ne recueillit de tou- tes ses iniquités que la honte et les regrets. X'évêque, convaincu mais trop tard^quïl avoit été joué écrivit au roi pour se jus- tifier il offrit de se retirer à Rome, jusqu'à ce qu'il plût à sa majesté de lui permettre de rentrer dans son diocèse son but étoit -de prouver par-là combien il étoit éloigné de se dévouer à l'Autriche. Maïs il" étoit trop tard le coup étoit porté et Frédéric persuadé qu'il était -coupable, ne vit dans l'ofire d'aller vivre à Rome, qu'une lâcheté et ime perfidie de plus. Xiong-temps. après downloadModeText.vue.download 45 sur 380


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tous ces événemens le roi de Prusse étant allé voir les manœuvres de Joseph second vers la haute Silésie eut une entrevue se- crète %vec un prêtre estimé dans ce pays, et particulièrement attaché à ce pauvre Schaff- kotsch, évêque et chevalier in partibus. Cette entrevue dévoila les iniquités passées, mais ne remédia à rien on s'aperçut seu- lement que le roi ne parloit plus de ce prélat qu'en termes honnêtes, et le plai- gnoit sincèrement ce ne fut plus cette ca- naille d' évêque j mais bien l'abhé de Schqff- iotsch, ce pauvre évêque deBreslaw. Comme j'étois fort lié avec le comte de Schaffkotsch, grand écuyer, et frère de l'évêque je fus instruit dans le temps de tous ces petits se- crets de cour et de coteries je soupai même un jour, chez le grand écuyer, avec ce même prêtre qui avoit eu l'entrevue dont j'ai parlé et qui vint à Potzdam avec 'la permission du roi, pour lui mettre sous les yeux dif- férentes pièces qui démontroient l'innocence de l'évêque et l'atroce perfidie de son en- nemi. Ce qui me parut bien constaté, c'est que cet homme, d'ailleurs très-discret, avoit été fort bien reçu, et s'en retournoit très- content de son voyage. « C'est, me disoit-on 9 downloadModeText.vue.download 46 sur 380


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» la- QQÏÏectîoîi dcs lettres perfides de- Bas-» » tianij quïl a fait lire au roï,i> Les cent mille écus d'Allemagne qui formoient le re- venu de l'évêché de Breslaw, et qu'il au- Toit fallu rendre à l'abbé de- Schafî'katsdi, ont opposé une barrière insurmontable an rappel de ee dernier, qui est mort dans le désert où il s'étoit confiné. J'ai parlé du frère de Pévêque de ce grand écuyer que j'ai yudurant tant d'an- îiées j> bel homme, bon homme^ et galant homme qui fort négligé danssa jeunesse, ( n'en avoit rapporté que de la dissipation, 3 de la loyauté s de la crédulité et de la va- nité. On ne peut pas dire qu'il manquât des- prit mais il étoit lent dans ses conceptions le roi j qui aimoit à le plaisanter, en avoit presque toujours d'excellentes réponses,, qui par malheur ne s'étoïent présentées qu'a- près coup et en. descendant les escaliers de sorte que ce n'était jamais qu'à nous que ces réponses étoient faites. Je pourrois en, citer. plusieurs, je n'en rapporterai qu'une. « En votre qualité de chevalier comman- »deur de Malte, vous aviez', mon .cher » comte une ceinture de virginité dites- 3». moi ce que voas en avez lait ? – -Je l'ai downloadModeText.vue.download 47 sur 380


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» usée, sire; et par malheur, je n'ai pas » trouvé dans vos États d'étoile pour en » refaire une autre. Ce n'étoit donc que dans les occasions où rien ne le pressoit qu'il avoit quelque valeur à cet égard. Un soir il s'endormit à table chez madame; du Troussel l'abbé Mkhelessi crut faire une belle gentillesse en proposant de parodier une des mystifications de Poinsinet, et de faire ôter les lumières. Dans ce moment de ténèbres épaisses le comte s'éveilla et entendit les jeunes demoiselles qui étouf- foiejitmal leurs accès de rire. cc Ha, ha! » dit-il il est encore nuit Mais déjà les » caillettes se font entendre le jour pa- » roîtra bientôt. Madame du Troussel me » dit -il le même soir en revenant, ne- sait ̃» pas ménager ses amis la gaîté lui fait » tout oublier; et cela me fait de la peine a- cependant comme c'est une ancienne con- » naissance; j'aime mieux le lui pardonner »que de me brouiller. » II nous conta un jour que son frère l'évêque aimoit tant à parler, qu'un soir qu'ils étoient seuls, n'a- yant pu dire un mot depuis-plus d'une heure, il avoit mis une épingle à la bougie, et atvoit dit à cet interminable causeur « Je downloadModeText.vue.download 48 sur 380


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» vous écouterai encore jusqu'à cette épïn* » gïe mais quand elle tombera j'aurai mois » tour, et vous m'écouiërez sans proférer » un seul mot. M

Dans je ne sais quelle occasion il me fit tin grand éloge de son valet-de-chambre, jeune François qui étoit effectivement :un brave garçon. « II est instruit, me disoit-îlj il sait 33 tout cela des rois de France il fait honneur » à votre nation! M. le comte, il se fait » honneur à lui-même, et c'est bien assez. » L'honneur d'une grande nation est trës-in-: » dépendant de la conduite de quelques indî- » vidus, soit de sa classe, soit de bien d'autres. ? classes encore ». "̃ Ce brave homme ressentait une mie d'en-, faut, quand on lui dïsoit qu'il ressembloit. beaucoup à Louis XV j mais il atfachoit en- core bien plus d'importance à la parenté qu'il y avoit entre sa famille et çelle du roi Stanis- las. Combien de fois ne m'a-t-il:~pas répété que les Sehaffkotseh avoient le portrait delà reine de France, qui le leur avoit envoyé elle- même, comme à des parens ï

Le troisième personnage que l'on trouve ici accolé aux SchafI'kotseh et aux Sehlabern- dorff, l'abbé Bastiani 3 espèce de colosse mais d'apparence lourde et épaisse } fia et downloadModeText.vue.download 49 sur 380


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Misse, ayant ou teignant d avoir la vue basse, et d'une figure d'ailleurs massive et ignoble avoit été moine en Italie ou. il étoit né, et dans je ne sais plus quel ordre. Les émis- saires du gros Guillaume, instruits de. sa taille peu ordinaire, le guettèrent et l'enle- vèrent de l'autel, un jour qu'il disoit la messe dans un village, du côté du Tirol et des Gri- sons. Arrivé à Berlin, il devint simple soldat; mais son aventure parut plaisante et devint publique. Le prince royal fut curieux de voir comment cet homme se trouvoit, d'avoir un uniforme au lieu d'un froc; et de-là, une connoissance qui tarda peu à faire la fortune de cet ex-moine; car celui-ci eut l'adresse de montrer de l'esprit à ce prince, et parvint à iïntéresser en sa faveur. Dès que Frédéric fut sur le trône il le retira de son régiment, non pour en refaire un moine, mais pour le métamorphoser en abbé. La première place de chanoine qui vint à' vaquer à Breslaw, après la conquête de la Silésie, lui fut accor- jdée; et dès cette époque, M. l'abbé Bastiani -fut dans le monde prussien, courtisan et cha- noine à quinze mille livres de rentes } parta-r geant son temps entre sa stalle, les boudoirs .des dames et sur-tout les palais des rois, eu les hôtels des grands. downloadModeText.vue.download 50 sur 380


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L'esprit dé î'àbbé Bastiani n'étoïi pas du ïnême calibre que celui des autres hommes j il ne s'àmusoit pas à le montrer dans de vaïflès conversations il y étoit souvent très-silen- cieux, quoique fort éloigné d'y être inactif il étoit essentiellement observateur écoutant bien tout ce qui se disoit, voyant bien tout ce qui se faîâoit jugeant avec sagacité desmoin- dres circonstances toujours la lorgnette en main recueillant tout, épiant, devinant et appréciant avec assez de justesse pour se tromper moins que personne. Ils'aniusôïtdé tout l'esprit et des ëpigrairimes des autres; lui-même n'en faisoit point. On ne^ïfe qu'une seule réponse qu'il ait faîte dans toute sa vie. Frédéric s'étanf bien convaîàcu qu'il aspiroit à être plus, que chanoine» -se mit à le plai- santer. « Oh, lui dit-O, un homme de votre » mérite, et qui a des tàîêns comme les vôtres 3) ne peut pas en rester au eràn où vous êtes | «vous irez nécessairement au-delà; vdu* s? monterez jusqu'à îà prélature jusqu'à » l'éminence -et înèinë jusqu'à la ibiare» Mais » queseraï-je, moi. lorsque vous aurez atteint ? ce dernier terme ? Je parié que vous me r e- M fuserez votre sainte bénédiction et que je » ne serai pas adïajs a Miser à .genoux Yotrfe downloadModeText.vue.download 51 sur 380


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s sainte pantoufle Si alors quelqu'un ose vous parler de moi, il me semble vous voir M et vous entendre répondre avec une vive » indignation Qui ? Cet hérétique, cet im- ~~? Ce gibier ~~7'? Je le m~M~M~ 1 J<? le damne! Qu'on ne m'en parle DZM~/ » L'abbé, dans l'attitude d'un homme qui fait le plongeon, se contentpit de dire en se récriant: Ah sire J ~~r<? comme s'il demandoit grâce. Par malheur, Frédéric, qui dans ces occasions étoit l'homme du, n~adp.qui faisoit le moins de grace alloit toujours en. avant. KMais enfin, lui., dit-il, quand vous serez 3) pape, car il est sûr que vous le serez; si » alors je vais à Rome, il est important, » maintenant que je vous tiens encore que je sache quelle réception vous me ferez. Ainsi, voyons, lorsque je paroîtrai devant 3: votre sainteté, que me dira-t-elle ? –~ Sire, ? je dirai <O~KM.M~ aigle, cpMMre-~oz de t<M a~<y~ e~ ~~Hf~-MOï de ~j% bec .e Je ne parlerai .pas de la conduite morale de ce chanoine il a eu le secret de passer de la ïaèrea la. fille encore bien jeune, et même de jfaire accepter a. 1~ première, comme son propre fils l'en&nt delà seconde, changeant ~Insi le nom de mère en celui de soeur, et downloadModeText.vue.download 52 sur 380


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graduellement tous ceux qui dans une m< mille, désignent les diverses relations de la parentés

Je reviens actuellement au ministre de Schlaberndorff. Il est assez naturel qu'on se soit accordé à lui supposer une fortune im- mense cependant, ses enfans n'ont eu à sa mort que le capital d'environ cent mil~e francs pour chacun. Alors on a imaginé que des millions avoient été placés bien secrètement dans des banques étrangères. Mais quelle at- tention peut-on donner à des imaginations aussi gratuites, et qui n'ont d'appui que dans les dispositions si peu favorables de tous les ennemis ou les envieux qu'ilavoit eus? Il est mort peu d'années avant le roi, et dans une espèce de disgrace ce monarque, toujours si méfiant, n'ayant pu se détendre d'accorder quelque croyance aux mauvais propos que j'ai rapportés plus haut. Le ministre qui avoit eu tant de courage à servir son maître, n'en eut pas assez pour soutenir ce revers. Il adressa à Frédéric une lettre où illui disoit tc Je mourrai du chagrin de vous avoir dé- 3) plu, mais avec la consolation de vous avoir » bien servi. Le roi lui fit une réponse consolante etgracieuse; mais elle arriva qu'il étoit downloadModeText.vue.download 53 sur 380


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lit.

D

ëtoit mort Son fils aîné a épousé une riche héritière de ces pays là; ensuite il a été fait comte, et décoré de je ne sais quel ordre. Il a vécu en SUésie jouissant d~ane considé- ration bien méritée, et principalement occupé de l'éducation de ses enfans. J'ai eu le plaisir de le revoir en l'an XI à Paris où il étoit venu pour sa santé. Il est mort chez lui dn* rant l'automne de la même année. downloadModeText.vue.download 54 sur 380


(.60)

LE COMTE DE K.AM.EKE.

I~E comte de K:ame~e étant jeune avoit été officier dans le mrps des gendarmes =; ayant obtenu alors la permission de voyager, il avoit passé en Hollande, et y étoit devenu éperdument amoureux d'une comtesse de Golowkin dont la mère étoit née comtesse de d'Ohna, maison très-illustre en Prusse, et dont le père étoit ambassadeur de Russie à la Haye~ où ensuite il est mort: ce comte de Golowkin avoit été ambassadeur extraor- dinaire de la même puissance au congrès de Soissons où sa fille, âgée de neuf à dix ans l'avoit accompagné. Le jeune M. de Kameke en fit la connoissance quelques an- nées après et lorsqu'elle étoit dans tout l'éclat-de sa jeunesse et de sa beauté; car tout le monde couvenoit de mon temps qu'elle avoit été très-belle. Notre jeune voya- geur l'ayant demandée en mariage, M. l'am- bassadeur répondit qu'il ne donneroit ses downloadModeText.vue.download 55 sur 380


~f.)

Da

filles qu'à des comtes réponse qui ramena M. l'oHIci~r dans son pays, où il sollicita et obtint ce titre de comte. que son grand-père avoit refusé d'accepter de Frédéric premier, dont II étoit le favori. Ce grand-père qui avoit acquis des terres immenses en West- phalie en Poméranie et en Brandebourg, i avoit refusé le titre de comte en disant à son maître qu'il gagneroit davantage à rester un des bons et anciens gentilshommes de sa province qu'à devenir le dernier comte du royaume mais c'est qu'il' n'é- toit pas amoureux d'une belle comtesse russe.

M. de Kameke, devenu comte, quitta le service militaire et comme il étoit en ce temps-là le plus riche gentilhomme du pays, il obtint une des grandes charges de la cou- ronne, sous la clause de n'en jamais faire les fonctions. Ce fut alors qu'il alla épouser sa belle comtesse, qui d'ailleurs avoit un mé- rite rare, ainsi que je l'ai déjà dit en l'article du prince Henri, et qui parconséquentmé- ritoit bien tout le zèle que son amant mit à l'obtenir. Elle méritoit plus elle méritott d'être heureuse et elle .ne le fut pas. Son mari, vain et fastueux avoit plus de pr~- downloadModeText.vue.download 56 sur 380


( ) .8 oIf"I

reniions que de notions Bxes~ réËécmes et délicates. Non-seulement il eutdes ma~tres- ses, mais il allapsqu'à exiger que son épouse en reçut une chez elle. La dame refusa avec 'autant de fermeté qtie d'indignation et delà rupture ouverte entr'eux. Long-temps après, lorsque le neveu de Frédéric épousa sa cou- sine la princesse de Brunswick M. de Kameke, bien plus orgueilleux que -repen- tant 6t paroître devant sa porte,au moment o& son épouse étoit sur le point de partir pour aller à Charlottembourg assister à cette fête, une voiture magnISque avec un atté' telage de six chevaux superbes elle-remsa absolument de ~'én servir Déclarant que les hochets de vanité ne'pouvoient jamats remptacer les sentilBens, m dédommager du déiaut ~è procédés. Depuis cette -époque, M. le comte s'adolma au punch et aux 'vins <Ie Mqûeur sa sa~é s'altéra et, pour se rétablir, il àîla aux Eaux de Ba~th, ou il ïuourut, lais&apt deux Ëls et une SHe. L'aîné épousa, tine Elle du ~ômte de Linar, ancien. ïninistre de Danemàï-ck~ le même qui avoit ménagé le traité de ClosterSé'~en(~.).~eËls (i) Ce comte (te Linar m'a conté une anecctoteqnl eMactërIse fbrt~ienlespëtttesT'oMgy:~ deconr. Il etoit downloadModeText.vue.download 57 sur 380


5g)

est mort peu après son père, et n'a point laissé d'enfans. La fille épousa un comte de Golowkm le plus jeune de ses oncles qui avoit été officier en France, et grand-écuyer de l'électeur palatin. Tous deux sont égale- ment décédés sans héritiers. Le fils cadet an camp du maréchal de Richelieu~ à négocier le trait6 de Closter-Séwen, et venoit de dîner avec le maréchale lorsqu'un secrétaire vint présenter la signature, un rapport particalier sur rétourderio d'an jeune omcier~ qui avoit été fait prisonnier, pour s'être avancé mal– à-propos dans le pays sans ordreet par partie déplaisir; M. de Richelieu se mit dans une colère épouvantable au sujet d'une expression, reprochant à son secrétaire de ne pas savoir sa langue prenant le comte de IJnar pour ]uge, et ordonnant au premier de lui faire un antre rapport. <: Comme vous vous êtes mis en colère » contre ce pauvre jeune homme! x lui dit ensuite le ministre danois. <t–Moi, monsieur? Je n'y pensepast ? maisJ'aiparumaltraitermonsecrétâir&parpoHtique: w ce garçon est ami de l'officier dont il s'agit, et cet of- x Ëcier est protégé et parent du maréchal de Belle- » Isle, ministre de la guerre. Vous voyez bien que ma j; colère remontera du secrétaire au parent, dont au w fond je me soucie fort peu; que l'on va me faire un. autre rapport bien plus févërc~ qui prouvera au mi- N lustre que je suis très-attentif et très-exact en tout ce qui tient a la discipline, et que tout ceci peut x avoir des conséquences très-utiles pour moi. downloadModeText.vue.download 58 sur 380


(~

s'est aussi marie et a eu un fils qui est am- joUrd'hui dans la vigueur de l'âge.

Madame de Kameke-Golowkin àyoit eu. une soeur mariée à un comte de Schmettaw femme respectable et qui lut un parfait modèle d'honnêteté et de douceur. Elle :a laissé une fille que les plus précieuses qua- lités de l'âme dédommagent des disgrâces de- la. nature. Le frère aîné de ces dames, grand ami de J. J. Rousseau, est un des hommes les plus estimables que j'aye connus. (c.S'H H y a un homme parfait au monde, M me disoit Ia~ comtesse de Kamek&,K c'est mon M Ë'èreamé~ II a été à Berlin directeur des spectacles publics pendant deux ans envi- ron. Frédéric ayant eu un entretien avec lui, en avoit été si content, que pour se rat- tacher, il lui avoit donné cette place~, en attendant qu'il pût lui en o~rir une. autre. .M..le comte de Golowkin ne fut pas long- temps à s'apercevoir que la direction des spectacles l'entouroit de petites tracasseries, qui ne pouvoient que le fatiguer et le dé~' goûter de cette place. Ainst, malgré l'ac- cueil très distingué qu'il recevoït de Fré- déric, il ne resta que deux ans à. Berlin~ ~t revint viyrc à Paris, unicjuem.ent occupe downloadModeText.vue.download 59 sur 380


S)

~f.

de 1 éducation de ses enfans et dune corres- pondance très-suivie, qu'il a eue durant tant d'années avec Paul premier grand-duc de Russie alors correspondance que le grand- duc avôit vivement désirée d'après la répu- tation du comte qu'il n'avoit jamais vu, et qui fut de la part de celui-ci purement philo- sophique et morale, plutôt que littéraire ou politl~ue~ Je l'ai revu à Paris dans mon voyage de iyy6 â.iyy~ il vint me voir, ac- compagné'de mademoiselle.sa fiHe, charmant jeuoehomme(i)jusquàuneheureaprèsmidlt et très-aimable demoiselle depuis ëe moment jusqu'au soir. Le comte de Golowkin est mort encore assez jeune à Paris .et de la goutte dont il avoit eu des attaques dès l'âge de cinq ans. Ce fut pour préserver ses enfans de cette cruelle maladie, que tous les jours, et dès leur naissance il les accoutuma à se jeter, au sortir de leur lit, dans un bain d'eau froide et de plus à ne vivre <[ue de lait et de légumes. Je ne sais si par-là ils ont échappé à la goutte mais il est vrai que je n'ai pas vu de jeunes gens mieux constitués et plus robustes ou même (t) Elle etoithaLilIee en garçon le matin, et en iemoiselle {)' p tis l'heure Ju dîner ~tuqn'an son?.. downloadModeText.vue.download 60 sur 380


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plus adroits à tous les exercices diicorps~. C'est sur les conseils de J, J. Rousseau que M. le comte de Golowkin avoit ainsi élevé ses enfans.

-Ce même comte,que l'on appeîoitGolowknt le philosophe, et dont je ne pourrois mieux désigner le caractère, qu'en le comparant au général Nugent, (dont j'aurai occasion de" parler, ) m'a raconté qu'après avoir fini le cours de ses études en Hollande, il avoit été enrayé de voir qu'il ne savoit rien quoi" que pourtant on eût toujours été assez con- tent de lui. <r Voilà, se disoit-it, le temps d'apprendre qui est passé pou~moi, et a je ne sais rien î Est-ce la laute de ceux 3& qui ont eu à m'Instruire? Noïn ce sont de s braves gens qui ont autant de zèle que de N connoissances. Est-ce la faute des livres M qu'on m'a fait étudier ? L'Europe entière ? a-t-elle pu se tromper a~ce choix durant des s siècles, et décider d'un accord unanime ) e qu'on remeiroit ainsi à la jeunesse des » livres qui ne -lui apprendroient rien ? Cela est encore impossible. Si donc je ne sais s rien c'est uniquement de ma iaute. Eh t) bien, recommençons pour :faire mieux. Ce fut ainsi que san& seGpar& et sans con6- downloadModeText.vue.download 61 sur 380


57) '"An ni't.n

dent, il reprit toutes ses classes, seul, Clans sa chambre, et durant plusieurs heures tous les jours, étudiant de suite et par leçons tous les livres qu'il avoit précédemment vus, et méditant, pour ainsi dire jusqu'aux moindres passages autant qu'il le pouvoit. Ce nouveau travail lui prit plusieurs années~ et eut le double avantage de l'accoutumer à la vie sédentaire, et à la réflexion. « Si je sais » quelque chose me disoit-il je ne le dois » qu'à ce second cours d'étude, qui m'a du » moins bien convaincu que nous ne savons: que ce que nous apprenons par nous- » mêmes. B

La comtesse de Kameke n'est morte que depuis peu d'années mais elle étoit tombée dans une sorte d'enfance, par FeQët de son grand âge. Je dois la compter au nombre des personnes qui n'ont jamais varié dans les marques d'intérêt que j'en ai reçues au bout de vingt ans elle étoit à mon égard, telle qu'elle avoit été à mon arrivée à Berlin. downloadModeText.vue.download 62 sur 380


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B 0 EL NI T Z.

3jE baron de' Poëlnitz étoit un' de ces vieux courtisans'qui sont toujours aimables quand ils veulent l'être, toujours 'dangereux lors- que Ktitérêt,'Ïa politïqdë bu~ le caprice les engagent à le dévenir, et toujours considères tant à caUse de ce qu'ils ont été, qu'à raison de ce qu'ils'peuvent être' encore, et quoique d'ailteurs ils 'ayèut depuis long-temps cesse d'être estimés. On connoît ses anciens Me- moires ouvrage imprime dëpuislong-~empa, et dans lequel on trouve, 'malgré les faMès dont il iburmiUe, assez de vérités pour pro- noncer sur ses qualités morales: Né riche, et d'une branche établie en Brandenbourg., des roë!nitz, anciens barons d'ËQipire dans la Fransonie, il a été destiné à être comme motre maréchal de Richelieu .témoin de trois règnes conséc!iti'&. La conversation d'un sem- blable vieillard, quand d'ailleurs il a de l'es- prit, ( et le baron de Poëlnitz en avoit beau- coup ) doit nécFSsairemeut être fortintérps* sante pour ceux devant qui il veut bien downloadModeText.vue.download 63 sur 380


s'ouvrir, et qui n'ont point à le craindre. Telle a été ma position envers lui; j'ai pu quelquefois lui être utile, et il n'a jamais pu espérer de réussir à me faire tort; il ne m'a même montré qu'une seule ibis à quel degré il étoit capable de porter la perfidie et lanoirceur.

Depuis plusieurs jours il m'avoit racon- té une infinité de traits odieux, soit contre le~roi~ soit contre les autres personnes de la famille royale. Ce fut à la suite de toutes ces conversations que prenant un air béné- vole et confidentiel, il me dit qu'il croyoit devoir m'avertir de prendre garde à moi; quej'étois franc, et que cette honnêteté de ca- ractère pouvoit m'exposer à de grands dan- gers. Surpris d'un propos aussi déplacé, je lui répondis que l'on seroit trop malheureux si fon se livroit à la crainte de la calomnie y qu'à cet égard, je mereposois de tout sur ma bonne fortune; que si néanmoins quelqu'un di- rigeoitdes traits perfides etpen mérités contre moi, jetrouverois peut-être dans mon courage, ma bonne conduite, et le témoignage de ceux qui me connoissoient, le moyen de les re- pousser avec succès et que je le prendrois lui-même à témoin que j'avois constamment downloadModeText.vue.download 64 sur 380


6o )

été plus modère ptus retenu et plus juste qu'à tous ceux avec qui je m'étois trouvé. Cette réponse, faite avec calme et iermëté parut l'embarrasser; et jamais depuis il n'est re- venu à cette idée plus maligne qu'amicale. Ce baron, dans sa première jeunesse avoit assisté au sacre de Frédéric le'" en ï~oï. Peu~ après il mt page de ce roi; ensuite,- il quitta sa patrie pour voyager. Il vint à Paris pt y resta presque tout le temps de la ré- gence il fut particulièrement bien, venu de la mère du régent, que l'on appeloit ~pn?~ ce.M<?/M~&ïe, et qui est la femme du mond~ gui a eu le plus de correspondances< Cette dame, qui écri voit tous les jours a tous les, souverains de l'Europe et dont on conserve encore les lettres dans plusieurs cabinets~ x avoitcour cnez elle tous les soirs. Elle y~ié-~ geoit dans une sorte de bureau élev~, ay~nt a ses côtés deux tables de jeUt placées de manière qu'en se retournant de l'un ou de ï'autrecôté, elle voyoit et suiyott des yeux. le jeu de deux personnes de la même taMe~ p'étoit-làson occupation Iorsque!!en'écrivoit point; mais aussitôt que quelqu'un entrolt~ et s'approchoit d'elle pour la saluer, elle ~uittoittout pour demander :<yM6%3 ~QK~ downloadModeText.vue.download 65 sur 380


~T~

Et comme on etoit très-bien venu à lui en donner, on en imaginoit lorsqu'on n'en avôit pas; et elle ne les avoit pas entendues que sans autre examen, elle reprenoit toutes ses lettres commencées, pour y consigner tout ce qu'on venoit de lui débiter; et c'est ainsi que sa correspondance oSre tant d'anecdotes plai- santes ou importantes, mais aussi souvent fausses que vraies (î).

Le baron de Poëlnitz n'ëtoit pas, on peut bien le croire, des derniers à lui raconter beaucoup d'histoires du jour; il n'arrivoit ja- mais les mains vides. D'ailleurs, il contoit très-agréablement ses yeux et sa physiono- mie ajoutoient encore à la valeur des mots J et relevoient le fond même des choses. Il v joignoit un nouvel agrémenta en ce que le plus souvent il ne parloit qu'en allemand à la (t) Le prince Frédéric-Auguste de Brunswick a fait un extrait des Lettres de cette princesse, qui sontcon- <)ervees à la Bibliothèque de Wolfenbuttel; extrait qu'il nous a lu en partie chez madame da Troussel. C'est un mélange incroyable d'anecdotes et de faMes absurdes il y a même des passages d'un cinisme singu- lier. Du reste on voit qu'elle avoltnnetres-liaaie idée de Louis XIV mais qu'elle détestoitbien cordialement la Maintenon, qu'elle ne désigne que par le nom de la B~e méchante, ou a.utres~pi&ëtesaemMaMes. downloadModeText.vue.download 66 sur 380


~) j

princesse j qui yetrouvoit un plaisir particu" culier à entendre sa première langue. U y avoit même pour eHe et pour le baron, un nouveau charme à y recourir, en ce que rien D'étant plus rare alors que de trouver à la cour quelqu'un qui pût les comprendre, ils profitaient de l'ignorance des autres pour les tourner en ridicule, même en leur présence y genre de méchanceté où le baron excelloit, et qui convenoit parfaitement au caractère delà. princesse. Aussi, peut-on dire que per- sonne n'a été plus en faveur que lui à cette cour. Dès qu'il paroissoit, on se hâtoit de l'accueillir par ~A ~on~oM?'. mem.ZaTK~- ??M:?m (t)/Et lorsqu'il ne paroissoiitpas, on envoyoit demander si le ~n~mcnn. étoit malade.

Dès le commencement du système de La'w'? Poëlaitz songea à profiter de sa faveur; il obtint sans peine d'être mis au nombre des heureux; et il opéra, assez bien pour avoir en peu de temps des sommes considérables. « J'ai eu là me disoit-il en me montrant sa pdche, « quatorze cent mille francs bien ?) comptés. – Et qu'est-ce qne cette .somme B est devenue? lui demandois-je. '–Quand (l) Somme de mon pays. downloadModeText.vue.download 67 sur 380


63;

» le discrédit commença, à succéder à la iu- x reur du publie pour les papiers, je fus du M nombre des nigauds qui, ne connoissant 3) pas assez bien le génie de votre nation, » crurent que cette défaveur ne dureroit pas, et qu'il falloit attendre. Bientôt les billets » perdirent davantage, et j'attendis encore; .x tout-à-coup l'édince entier s'écroula, et ma M foi, je n'eus plus rien du tout».

Il s'étoit lié de société avec la jeune no- blesse aussi, se trouva-t-il mêlé à beaucoup d'esclandres ou de roMcrMA qui furent alors quelque temps à la mode.

Un jour qu'il revenoit à Paris après avoir passé quelque tems à une campagne, et qu'il étoit à dîner dans une auberge~ à l'entrée d'É- tampes, il vit un homme fort proprement ha- billé, et montant un cheval superbe, entrer dans la même auberge, demander del'avoina pour son cheval, déiëndre de lui ôter la selle, et prier ensuite le b~ron de lui permettre de dîner avec lui. Ce dernier y ayant consenti, cet homme eut l'adresse de lui faire dire d'où il venoit, et où il al!oit. Tous deux étoient en train de causer de fort bon accord lorsqu'une .petite fi.lle d'environ dix ans, vint chanter sous leur ien être un premier couplet d'un downloadModeText.vue.download 68 sur 380


(~)

ancien cantique. A l'instant, cet homme s'élance jusqu'à l'écurie, saute sur son die" val, et'part comme l'éclair en jetant un louis à l'hôtesse, et en lui disant Tenez, vous me rendrez le reste quand je r~MM<*r<H. Car-" touche ayant été pris environ un an après, le baron eut comme toute la cour~ la curiosité de l'aller voir. Cefameux assassin l'ayant fixé lui dit <c Monsieur, j'ai dîné avec vous à Étampes; un bout de cantique me força de vous quitter brusquement la maréeliaussée me poursuivoit sans cela, mon plan étoit » fait, vous ne seriez pas sorti de la ibrêt x. Pendant son séjour en France le baron fit ie" grand seigneur, etdépensa son bien. Le tS~y~ze ne l'ayant pas relevé, il fallut recOu- tir à d'autres remèdes. C'est à cette époque 'que l'on a dit que ,*prêt à épouser une belle veuve bien riche, et la voyant mourir de la petitevéroÏe~ iipassa enHoUandeavec récrin de cette dame. Ce-qu'il y a de sûr, c'est qu'il quitta la France pour là Hollande et ensuite la Hollande pour l'Italie. Arrivé Rome, et n'ayant plus aucune ressource, M. le baron d'Empire, né luthérien, Ibrma le projet de se sauver à l'aide des bénénces, et Et une abjuration solemneHe et bien édi- Ëante, downloadModeText.vue.download 69 sur 380


<~5)

IH. E

Santé. Mais bientôt, soit qu'il conçut quel~ ques autres espérances, soit qu'il eût quelques nouveaux dégoûts à essuyer, il revint à Berlin, où lefantasque Guillaume, successeur de Frédéric 1~ se prit pour lui d'une belle passion d'amitié, et en fit son chambellan et son favori. Le baron eut le talent heureux d'amuser ce monarque, difficile à manier cependant, une chose tourmentoit celui-ci c'est que le baron étoit catholique, scrupule qui fut levé dés que le courtisan eut compris que cela importoit à la staMIté de son sort; mais comme Guillaume ëtoit réformé, ce ne fut pas dans le giron du luthéranisme que la baron rentra; le zèle d'une plus grands per- fection le fit passer au calvinisme comme à Rome d'autres motifs lui.avpient fait pré- férer le catholicisme. Après cet acte si édi- fiant, le baron n'eut plus besoin que de son adresse accoutumée pour,se maintenir en fa- veur. Il fut jusqu'à la mort de ce prince, son chambellan ordinaire, et toujours le premier de service. Outre ses appointemens il en re. cevoit tous les ans des-dons considérables. A Noël le roi avait coutume de lui envoyer mx anile retsdauers (vicgt-quatre mille fr.) downloadModeText.vue.download 70 sur 380


~66'] ) T~ta

pour étreRMs. « Je te donne :selonnie~ “ moyens, lui duoit un jour le roi Guillaume; au reste, jesais que ce S'est pas asse~ pour Nt~s besoins. Il iaudroitunsbuveEain-bie~ autrpiB~ riche que ~0~ ppur ~irs ta ibrtune~ encore sais-je si l'oa posrMit s y paryeair~ ~ntrhabitudë et io~ caractère ? te rendent depepsier; ni~is cotn~e d~Ileurs M tu me p~is, &is p~rftoiccqueje pms. Ecouta, ~~til wg an~e ~~< maM d'après les meines idpes combMa ? fau- dreit-il rievenu pour jKontEr ta de- p~ise s~~ ~s go~ ? – SiEe, ~noins y quatre cent miMeéous~d'AIleïBagne~ ~core se suErpient-ils pas. – Tn ypudro~ donc avoir un~ armée ? – Npja~ sire, je n'au.rois pasj~êmeun garde, --A~!]esm§ x cur~ux de~Toircomme~ttu dépsnseroie Tme y sHortesoms~ ~tYoila sama~stéqui prend nnepluîne ~nce grande Quille de papier~ et <?ui ordonnp a son chambellan de bieD. dé- tailler l'état d.e sa maison~ que lui-même écrt. ra exactement/pasr sosimer le tout à ia En. Lebaronobé}t~ et commença par évaluey ce qu'il lui endroit par an pour son ~eu., sa earderobe, ses aumônes, ou qnelqaes ca- deaux. & ËMe en certaines rencontres. Om downloadModeText.vue.download 71 sur 380


(67) <(TrmaMf

E

trouva l'article raisonnable~ et on le porta eïi compte sans aucune difficulté. Ensuite, on monta une maison à la ville et une autre à la campagne j ce qui comprenoit double loyer, double ameublement, et doubles frais d'entre- tien~tantpourl'intérieur que pour les jardins. Tous ces bbjets parurent encore évalués à un taux convenable, et on les porta à la suite du premier. On aborda en troisième lieu l'article des domestiques et des équipages' lé nombre des personnes et leur dépense, ainsi que leurs gages; le nombre des voitures €t des chevaux. Fort bien lui disoit le roi > je conçois que pour un gentilhomme riche, M qui veut vivre en grand s eigneur, il lui faut bien tout cela. Et tout cela fut port6 sur la grande feuille on évalua en qua- trième lieu la dépense de la cuisine, de la. cave et de l'office. Guillaume, qui étoit gourmand, ne fit aucune diaiculté d'en ad- mettre l'état. Enfin) le baron lui demanda ce qu'il lui accorderoitpour chasse, pêche, fêtes particulières et autres divertissemens nobles. Ici, quoique le roi fut plus éloigné que beaucoup d'autres, de rechercher ou de priser tous ces amusemens~ excepté toutefois 1& chasse, il fut pourtant obligé de convenir downloadModeText.vue.download 72 sur 380


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-qu'il faUoit souvent les tolérer, et que mène dans l'hypothèse actuelle, il falloit se ménager les moyens de les procurer à ses hôtes. K Mais au moins, dit-il, j'espère que ?) cest tout, -et que le démon qui te tour- mente, n'onrira rien de plus à ton imagi- 3) nation aussi folle que brillante.–Ehbien, N sire, voyez à quoi montera le total décès ? premiers objets! Guillaume ntïe calcul, ettrouvapourrésultatia somme de quatre cent quarante miUereisdaIlers, àpeu près. KEtce- ? pendant, lui dit le baron. je n'ai rien mar- ? que pour les-accidens qui peuvent survenir! Et combien de détails n'aide pas oublies Je ? ne vous ai pas seulement demandé quelques gardes de nui): pour écarter de ma maison x de campagne les maraudeurs~ me conserver N le poisson que j'aurai dans mes fbssps et ? iaire taire avec leurs grands bâtons, les gre- N nouilles qui interromproient désagréable- K ment mon repos et celui de mes amis – » Va te promener avec tes châteaux en N Espagne, ibu que tu es Cherche un sou- ? verain assez riche pour fournir a tes extra- ? vagances – Sire, permettez que je n'aille ? rien chercher; je suis trop bien auprès de. yotre majesté mais puisqu'elle l'a permis, downloadModeText.vue.download 73 sur 380


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N j'ai voulu lui prouver qu'il seroit possible d'employer très noblement une fortune même extraordinaire.~

Le baron étoit du petit cercle des amis- qui tous les soirs composolent la tabagie de Guillaume c'étolt une salle isolée, pla- cée à Berlin sur le bord de la Sprée, au fond du jardin qui est aujourd'hui la place d'armes~ de même que la tabagie est de- venoe de Btps temps' un atelier de sculp- teur. Le roi s'y rendoit ordinairement vers les sept, huit, ou neuf heures du soir il y trouvoit ceux à qui il avoit permis d'y venir, et y restoit jusque vers onze heures ou minuit. On y iumolt on y buvoit de la bierre; on y causoit familièrement de cho- ses diverses. Les meubles se rëduisoient à une longue table dé sapin, ayant de cha- que côté un banc de même iabrique~ à un bout un fauteuil aussi grossier que tout le reste pour le roi et à l'autre bout un autre fauteuil à-peu-près semblable, excepté que le dossier en étoit surmonté de deux grandes oreilles de lièvre, symbole accrédité chez les Allemands pour désigner la légéreté et le peu de mérita des personnes. Ce dernier fauteuil étoit ainsi décoré parce qu'il étoi& downloadModeText.vue.download 74 sur 380


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réservé a'un ancien serviteur ~.aa.mj~Qan~ cette société où. il servait de messager et de bounbn. C'est la que Guillaume se &i- s&itTaconter les anecdotesdu pur; quetut- même iaisott part aux autres de ce qu'it avoit remarqué d& carieux et qu:'on cher' choit à 1& disposer selon les mtérêts ou. les passioas des assistaHS ou. de leurs ami&. Sous. ce dernier rapport, nul autre Bt'y étoit plus ~redoutable ou plus puissant Que le baron y pon-seulemcnt parce qu'il avoît'jp~us de. cré- dit que personne, mais aus~ parce qui~ étoitbeaacoup plu& ad~oii" BOR moins passionnée Cette tabagie devint donc bleEtat un &ypp d'Intrigues plus ou moins importantes~ et dans le secret desquelles il n'yentqueGuil-' ïaum& qui ne fût pas mitié. CemtJà; que §e dêtermmerent souvent le biem et ïe;mal. Je citerai quelques-unes des petites, anec-* dotes qui y ont appartenu. Un de& lomeurs y dit un. soir qu'il croyoit avoir ~ait um bon marché en achetant telle terre qu'N nomma., pour telle somme. Le baron lui soutint que cétoit une anaire malheureuse- quile ruineroit: de-la, des discussions de détail dont le Tésultat; s~lon le baron~ downloadModeText.vue.download 75 sur 380


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étoit que si la terre avoit pu être payée en entier, le marché eût été favorable; mais que comme il restoit dix miue écus à payer, 1 les intérêts de cette somme', les réparations accidess et frais de culture risquoient fort d'absorber <Bt peu. d'années, terre toute entière, et le reste de la petite fortune de l'acquéreur. Guillaume, qoe de part et d'au- tre on prévoit également poM juge, écon~ toit tout;, et ne disoit rien. Un quart d'heure après qu'oa eut quitté eat~et paur parier d'autre chese, 6uS!aume sortit, et iat plus de dpuX heurss~ absent on fttt à !a;Hn très- embarrasse aur ce que l'on déçoit faire sOH ttëage ~ï~qtt'it se r~ts'€a& poor ne plus revenir, étoit de dire ëd~ ~r, etil étoi~ sorti sans ï'ten dire ainsi, l'on crâignoit ou. qu'tÏ n&~rduvat p!Gs pe~sOBnë s'it revecoit, ou de passer ridiculement la nuit à l'atten- dre, s'il n~ dpvoitpQs reVe&ir.EnSn à mi- nuit et demi, il arriv& sttivi de deux do- Btes~ques chargés de sa-es d'argeRt; et il dit en les donnaNt à celui qui avoit acheter 1-à ferre ce Puisque F'oëMtz lut-méme con- virent que tu aurois &« un bon marëhé- N si tu avois pu tout payer argent comp- x tant~ et que tu es d'ailleurs un brave eÈ downloadModeText.vue.download 76 sur 380


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bon citoyen, je te donne les di~ mille écus ? qui te manquent, parce que je ne. veux pas te voir exposé à éh'e ruiné faute de ?. ce secours. M Comme le baron avbit ima< gîné ce moyen de lui arracher cette somme, on peut bien croire qu'il eut sa part dans le don qu~il avoit fait obtenir; d'autant plus qu'en ces sortes d'occasions il avoit cou- tume de stipuler d'avance ce qu'il aurait en cas de réussite. Le baron toujours dépensier, en étoit presque toujours aux ressources, et me man- quoit pas de s'adresser à tous ceux qu'il savoit être riches. Un jour il demanda der cette sorte une somme assez forte à M. de Vernesobre, homme qui, dit-on, avoit et& à Paris caissier dans l'anaire deLaW, et qui avoit passé avec rme fortune ~dë cinq mitlions de livres, de Paris à Berlin, au jno* ment où le système aHoit s'écrouler. Ver- nesobrc a.voi<: déjà prêté de cette sorte plu- sieurs autres sommes à ce courtisan dan" gereux~ de sorte qu'il se détermina à 're- fuser celle-ci le baron-jura de s~en venger; et voici comment il s'y prit. Guillaume, qut faisoit bâttr la ville neuve à Berlin, se pro* ïncnoit souvent en calèche dans les r.ues nou~ downloadModeText.vue.download 77 sur 380


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veites pour vpiroù,en éfoieutleâ travaux qu'il avoit ordonnés souvent aussi dans ces promenades, il prenoit avec lui le baron qui avoit le talent de l'amuser. Ce fut dans une de ces visites que se trouvant dans la /MC ~rd!jM, ou rue de (?MÏ~H7Ke, le courtisan vanta beaucoup la beauté de. cette rue trps-Iarge et fort longue, mais ot)secva qu'il faudroit à l'extrémité, un bà-. itment vaste et élevé qui servit de point de vue le roi lui demanda q~édiËce il_ imaginoit que l'on dût y ptac°r. Une 3) sorte de palais, répondit le baron par exemple, .une imitation en petit du cha- M teau de VersaUtes. – Tu te-r moques de moi fais-en bâtir un si ta veux pour moi je ne suis pas jassez riche pour cela. –Ma pensée n'étoit point que votre ma-~ jeste dût faire cette dépense: elle en fait d'autres bien plus essentielles mais celle-ci, M -qui n'est qu'un simple ornement pourroit K être faite par quelqu'un'de vos sujets M tel que M. de Vernesobre il est si ri- B che! 1 Pourroit- il employer plus honora- biement sa fortune? Et peut-il faire moins M pour s'acquitter envers votre majesté qui B lui a donné un asile, et a refusé de le downloadModeText.vue.download 78 sur 380


~rendre à fa France?–Tuas ra&pn~e- » lui en parlerai. a En è5ët, Guillaume fit appeler Vernesobrej lui proposa d'exécuter~ ce plan et sur les représentations que cet étranger voulut faire, lui répliqua dure- ment K Aimes-tu mieux que )ë te rende ? au roi de France qui te fera pendre? Le pauvre homme, qui avoit déjà fait cons- truire un autre hôtel dans us autre quar- tîer, fut réduira, se- taire et obligé d'obéir~ a ilnf construire sur le plan qu'on lui en donnai un palais qui avec les jardins et ~basses-cours lui coùta-près de deux millions efî on les plombs et fërremens seuls fuTent' un ob" jet de quatre cent miUe .franes peu-' près. C'est ce même palais due la princesse Améliey sœur de Frédéric, a acneté de- mon temps pour environ cinqaantemiHe livres, comme on le verra dans un autre- article.

Avant de retirer le baron de P~ëlnitz de 1~ tabagie royale~, ]~en rapporterai encore deux ou trois anecdotes. La première concerne un pasteur du saint évangile, nommé M. de Beau- sobre, frère aîné de celui qui a été académi- cien, et fils du: célèbre Beausobrë, auteur avec M. ITEniant, de quelques ouvrages pré- downloadModeText.vue.download 79 sur 380


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cieux su-r l'histoire ecctésiastique. GuiMaump conta un soir que jamais il n'a voit été aussi tenté que ce joor-ïà de donner des coups de canne': mais, a~&uta-t-i!, K il s'agissoit d'un M prêtre le peuple m'aurait VQj et en au* s roit été seandalisé c'est ce qui m'a retenu; ? Je me pro-mcnois avec un général, snr la sa c~ausaée (promenade alors assez déserte, sur le bord de la Sprée, vis à vis ~on- .S~oM~ maison de la reine). KVers tp'nnlîea: » de cette allée, je vois devaRt ]t&ns un pre- fpe, qui pour me laisser passer, se raR'ge t) contre un des grands saules qui la garnis- ? sent je dis à mon proiReneur: ~M y~Mfoz~ » comme p~B~ cop/o~~r~ ce ~re~re. J& x' iB'app-rocheeneSët de cet homme j au mo- & ment: qn'it nM fait sa profonde révérence ? et jelui dis en le ëxant <M-fa JM lé yc'~f~ » <~ ~e~r~ ? Le malheureux me répond m- je s&temm.ent, mais d'nn ton eaiard OMï ~?6'~ et r~~zn? ~M~ Mon premier mon- » vement a été de lever la canne mais j~ai re- gardéautourdemoi; ~ai vu'ptusieursper- ? sonnes du peuple, et ~e me suis retenu. Ah, la canaille ? t

Un autre jour, le roi qui avoît été' dîtier à Charlottembourg, se vanta à sa société,, d'avoir downloadModeText.vue.download 80 sur 380


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fait une des bonnes oeuvres de sa. -vie y H y a voit peu d'heures, c: Je mepromenois, dit-- ? il~ dans mes jardins lorsque j'ai aperçu M dans une autre allée deux jeunes 6Ues assez ?) jolies et mises avec une sorte de propreté ? recherchée pour des petites bourgeoises.. x J'ai vu d'abord que c'étoient deux Elles de 3) mauvaise vie, d'autant plus que les gens ? de leur condition, quand ils sont honnêtes, travaillent les jours de la semaine~ ( c'étoit ? un samedi, ) et renvoyentleurs récréations » au dimanche. Je les ai fait venir près da ? moi, et leur aidemandëd'pu elles étoient~ ? quel etoit l'état de leurs parens ce qu'elles ? faisaient à Charlottembourg? La plus har- N die de ces deux pigrièches m'a répondu. K avec eBronterie, qu'elles avoient tant ouï dire que les jardins de Charlôitembourg N étoienf c~~rma?!~ M j ( tout cet ëntretiea se faisoit en allemand, et ces Ëtles y avoient employé le mot francois c~~rm~ que G:uil" laume avoit eu horreur,) <c qu'eUes avoient ? obtenu de leurs parens la permission de les B venir voir; et qu'e~ eHëtils étoientsic?M7'- M 7K<zn~ qu'elles ne pouvoient se lasser de: )) les admirer et de s'y promener. A ce pro- N pos et sur-tout au mot c/~yman~~ j'ai bien; downloadModeText.vue.download 81 sur 380


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B vaque je ne m'étais pas trompé: c'est pour- N quoi j'ai fait appeler l'officier de garde et M les allait conduire à Spandaw, M (c'est-à- -dire à la forteresse qui est à une grande lieue de Charlottembourg.) « –Votre majes- té a bien montré en cela quel est son zèle M pour les bonnes mœurs reprit le baron de Poëlnitz, qui avoit quelquefois des mouve- tnens d'équité fort heureux. ce En enët, pour- H quoi ces filles ne font-elles pas leurs pro- menades le dimanche, et qu~ont-elles be- » soin de mêler dans leur langue, ce mot K charmant qui leur est étranger ? Cepen- dant il seroit possible qu'elles ne fussent pas » coupables et alors votre majesté seroit fa.' ? chée de les avoir punies j et d'avoir afBigé ? de bons et braves parens. Cette obser- vation ne parut d'abord point être du goût du roi néanmoins le baron insista et pré- tendit que des circonstances particulières pouvoient justifier en pareille occasion les filles et même leurs parens. Sa conclusion fut que comme elles avoient dit demeurer rue du Werder, qui est peu éloignée du château, et appartenir à un bas ofncipr du régiment placé dans ce quartier; que même elles avoient nommé ce bas-oScier, et qu'il n'étoit pas en- downloadModeText.vue.download 82 sur 380


'(~ J

Core Msez tardpour qu'il iut dISicile de Sa~ voir de tout le voisinage si elles ~voient dit là -vérité, et quelles étoient les moeurs de tonte Cette &miHe.samajeBté-poavoit taire prendre par undes oSieieM de garde, les intormations nécessaires pour s'assurer si pHpTïPS'étôitpas trompée. Gainaume ea:tî'aira Ia~nde~écou- fer assez attentivement: Tnaisil n~ répondit rien ft paria d'antre chose. Auboat d'ud .quartd'hpurej.Hsortit, et rentra peu de ïni~- nntes après on parloit de dt verses entres choses depais assez Ïong-temps ~rsqn'oiï ~it congédié par un &on ~ofr, mp~n?Mr~. Le lendemain matin, Pt ëinitz arriva che~ le roi a~ant brnt beures, pour recevoir ainsi qu'il Ïeialsolt tous tes~ourSj ses ordres à son lever. En passant par la premi~r~ salle, it vit deux jeunes SHes debout et Immo~ BHes dans un coin occupé d'autres pensées il n'y fit aucune attention, et ne songea point à l'aventure de la veille. Dès qu'il entra chez le roi celui-ci lui demanda s'il n'avoitpasvn deux jeunes personnes dans les salles~ et sup la réponse aiËrmative, il lui. ordonna de les iaire entrer. Elles ne parurent devant ce roî à demi-habillé qu'en tremblant: mais elles Rtrent bientôt raMT-trêes. K Je vous ~ï mat downloadModeText.vue.download 83 sur 380


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jugées hier, leur dit-il je vous ai prises ? pour des libertines, et je sais que vous êtes » de braves filles. Cependant je dois vous j) dire encore que c'est le dimanche qu'on 3) pBUi~e promener, et que l'on doit travail- » 1er les autres jours. J'ajouterai que vous a) avez mal fait de vous servir du mot char- 3) 7?M7z~ que vous ne comprenez pas et qui B est un mot malhonnête. Mais comme je vous ai fait tort, et que j'ai mal à propos affligé 3) vos parens, je veux vous en dédommager. Tenez, voilà chacune cinq cents reisdaMers~ (deux mille francs), je vous en donnerai 3) encore autant le jour de vos noces. Allez consoler vos parens et continuez par votre conduite de mériter la bonne réputation que s vous avez dans votre quartier M. Ce,s pau- vres filles fatiguées par la marche, la veille, et leurs larmes, tremblantes et interdites, ne sayoient si ce qu'elles entendoient n'étoit pas un rêve; elles étoient prêtes à se jeter aux genoux du roi pour le remercier, ou pour lui demander grace, lorsque le baron, qui savoitquecelaauroitfbrtdépluaumonarque, t- les prit doucement par le bras, et leur dit Prenez ce que le roi veut bien vous don- ~ner, faites ce qu'il vous dit, et n'oubliez downloadModeText.vue.download 84 sur 380


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? pas les bons'conseils qu il vous donne Guillaume avoiteSectivementsuivilaveIHs l'idée que le baron lui avoit on'erte. Lorsqu'il étoit allé se coucher, l'oSicier, à qui il avoit ordonné de prendre des informations lui avoit rapporté que ces deux nllesétoient cou- sines, nées de deux sœurs, mariées l'une à 'unbas'oiEcier, et l'autre à un paysan de tel endroit; que celle de village étoit venue pas- ser quelques jours chez sa tante que comme elle devoit bientôt retourner chez son p ère, on avoitvoulului faire voir auparavantle château de Charlottembourg, que la tante avoit choisi lesâmedi pour cette promenade, parce que d'autres arrangemens ne permettoient pas de la faire le dimanche; que lorsque le roi les avoit vues et fait arrêter, cette tante de l'une et mère de l'autre étoit assise sur le bord de la rivière, à travailler; que voyant le jour baisser elle avoit couru toutes les allées cherchant et appelant eea deux Elles; que ne les trouvant pas elle s'étoit adressée àtoutlemonde-pour en avoir des nouvelles; qu'enfin arrivée au corps-de-garde pour in- terroger ceux; qui avoient été en sentinelles dans les jardins, elle avoit, appris les ordres donnés par sa majesté, et exécutés de suite que downloadModeText.vue.download 85 sur 380


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in. F

que ne doutant plus que ce malheur ne fut tombe sur ses deux filles, quoiqu'elle ne pût en deviner la cause elle étoit revenue à Berlin toujours fondant en larmes et déses- pérée que la désolation la. plus grande étoît dans ce ménage que tout le quartier y pre- noit une part très-vive, d'autant plus que ces gens étolent aimés et estimés tous égale- ment honnêtes et bien rangés; le père, très- bon soldat et fort exact à ses devoirs, et les femmes, retirées, modestes et laborieuses. Sur ce rapport, Guillaume avoit fait dire à la mère d'être tranquille, que ses filles lut seroient rendues le lendemain; et en même- temps, il avoit envoyé à Spandaw, ordre de les faire repartir sur le champ, de manière qu'elles fussent chez lui à son lever.

Une circonstance remarquable, c'est qu'à leur retour, il se hâta de leur demander si les soldats ou autres ne leur avoient point manqué d'égards à quoi elles répondirent que, comme elles n'avoient cessé de sangloter et de se dé- sespérer, on n'avoit pu qu'être touché de leur sort, mais qu'on ne leur avoit rien dit. Le baron de Poëlnitz n'a jamais eu sous le règne de Frédéric, la faveur dont il avoit joui sous Guillaume premier mais comme downloadModeText.vue.download 86 sur 380


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il étoif d'une ancienne maison; qu'il étoit homme de cour, et entendoit très-bien le service de chambellan.; comme il étoit an- cien serviteur et connu de toute la iamille royale~ qu'il avoit de l'esprit, et étoit adroit et amusant; comme enfin, il auroit fallu lui payer une pension en le congédiant, et qnit étoit plus à propos de lui faire gagner ses appointemens en, épargnant cette pension~ T que. de la lui donner en !e remplaçant par quelqu'un qui auroit coûté autant que lui; ? B'a jamais eu l'air d'être à la cour un meuble de rebu~ou de trop il a continué jusqu'à sa mort, d'être le- premier chambellan de service. Il a su se rendt-e tantôt utile, tantôt redoutable, et presque toujours amusant Lors des soupers philosophiques de Sans-' Souci, -il étoit habituellement du cercle heu- reux dans les querelles de iamille il par-. venoit à être ou' confident ou médiateur. C'est ainsi qu'il est arrivé à l'âge de 8~ ans. Quand un ambassadeur extraordinaire ar- rivoit à Berlin c étoit lui qui étoit chargé de tout le cérémonial s il survenoit un prince ou princesse d& quelque autre pays/il éto~ employé auprès d'eux.: en un- mot, il étoi~ downloadModeText.vue.download 87 sur 380


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a cette cour, la ressource et l'oracle pour tout ce qui tient à l'étiquette, mais-sans que Frédéric l'ait jamais aimé, ni estimé, ci plus ménagé que les autres.

Un jour qu'il parloit au roi de sa pau~ Vreté et de ses besoins chapitre sur lequel il étoit quelquefois fort éloquent <c Je voudrois M bien vous aider, lui répondit son maître mais comment faire ? Vous savez que je ne puis suffire à tout, qu'à force déco. N nomie tant ce pays est pauvre} Si vous ? étiez encore catholique., je pourrois vous donner quelque canonicat j'en ai de temps en temps d'assez bons à ma no- mination et vous concevez que j'aimerois M mieux vous en donner un qu'à bien d'au- M tres. Mais vous êtes maintenant réformé, c'est-à-dir&, attaché à la religion qui mal. heureusement est la plus pauvre de toutes » elle ne monre aucun moyen de vous être utile c'est bien dommage et je vous assure que j'en ai un véritable regret. “ Le baron fut trompé à l'air de bonhomie avec lequel Frédéric lui avoit dit tout cela il crut qu'il n'avoit rien de mieux à faire que de renoncer à la plus grande .perfec~ ~on, et de revenir à ce qu'il y a de plus downloadModeText.vue.download 88 sur 380


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utile des le 'soir même il alla abjurer; et comme le roi lui avoit annoncé qu'il y avoit en ce moment un riche canonicateatho-. lique de vacant, il crut qu'il n'y avoit pas un instant à perdre; et vint le lendemain déclarer que suivant le conseil de sa ma- jesté;, il étoit redevenu catholique et qu'il cspéroit.qu'un si grand roi eBeetueroit en- vers l'ancien serviteur de la lamine royale, ~es espérances qu'il l'avoit autorisé a con- cevoir. ? J'en suis vraiment au désespoir, répliquale roi~ mais j'ai donné ce matin. ? le canonicat dont je vous ~vois parlé .Ge contre-temps est cruel! Mais pouvois~e deviner que vous étiez'si prêt à changer encore une fois de religion? Que puis-ie faire maintenant ?. Ah! ]e me rappeHe qu'il me reâie encore à nommer à une place deral)bm;&ites. vous juif, et je vous M là promets. B C'est ainsi que ce baron. est redevenu catholique pour le reste de sa vie. Je l'ai souvent aidé, sur-tout lorsqu'il étoit malade, dans la rédaction de& lettres qu'K adressoit aux princes et au roi, pour en .jobtenir quelques secours; mais rarement ~lles produisoient un heursux e&ët dans downloadModeText.vue.download 89 sur 380


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~T-

une occasion semblable ce chambellan avoit annoncé qui! étoit au moment de passer en l'autre monde, et avoit demandé le denier nécessaire pour être reçu dans la barque de Caron Frédéric lui répondit qu'il aimoit tant à le voir et à le conserver, qu'il ne lui donneroit jamais un son, de peur que cet argent ne lut employé pour entrer dans cette maudite barque, qui emmène bien les gens mais ne les ramène jamais.

Quelques années auparavant il avoit écri~ qu'il ne pourroit plus sortir, n'ayant ni four- rage pour ses chevaux, ni de quoi en acheter* Le lendemain matin on trouva sa porte cla- quemurée de bottes de foin et de paiMe entremêlées de, quelques sacs d'avoine et de son.

Lorsque tous les ministères et déparfemens rendoient leurs comptes et, versoient leurs caisses dans le trésor, au mois de mai de chaque année, il y avoit souvent de petits restes que le roi disfribuoit quelque&is à ceux qui l'entouroient. Le baron attendoit cette époque ave c inquiétude et recouroit à divers moyens pour se rappeler au sou- venir de sa majesté mais si l'on dai~noii songer à lui, ce n'étoit guères que pour lui downloadModeText.vue.download 90 sur 380


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déléguer des restes montant à quelques ecus.. H faut avouer que peu de personnes ont .été plus aiorti6ées que lui et il le méritoit. Quand il avoit reçu quelque présent, il M- soit tout pour qu'on l'ignora-t il pouvoit y avoir de la politique dans cette conduite; mais on ne l'imputoit qu'à l'orgueil et à l'in- gratitude. Je le vis en société un soir jour de naissance du prince Henri il n'eut rien de plus pressé que de nous montrer une tabatière de Tacine de bois ordinaire, qu'it en avoit Tre~ue te matin en lui soTinaiiant una bonne fête. Nous lui dinies que sans dout& ~ette boîte lui avoit été remis epleme de piè- ces d'or; et il nous répondit eHrontément, pas un sou; et cependant nous savions par un des cavaliers du prince, témoin du com- pliment et de la réponse, que nous avions dit vrai. Non-seulement le baron étoit ingrat par politique par vanité, et par défaut de sen- sibilité il étoit de plus méchant; faux~ .et perRde oh a vu dans le volume précédent, sa conduite envers le prince Henri, lorsque celui-ci fut retenu plus de huit jours aux: arrêts à Fotzdam. Ce trait fut un de cenx que les deus ijèresjui pardonnèrent le mo~s.~ downloadModeText.vue.download 91 sur 380


(~7) r'r'rmimr)

ïorsqu'après le raccommodement, ils se fu- rent expliqués sur leurs erreurs ou griefs respectifs.

Le comte de Reuss, ( Henri quarante- huitième car je ne sais par quelle politique, tous les mâ!es de la branche de cette fa- mille, établie à Berlin, portent le nom de .Sgiw~ ) étôit quoique fort déchu de ses- grandes richesses, celai qui faisoit le plus de bien au baron pendant J.es vingt der- nières années de la vie de celui-ci, il lui Iburnissoit les chevaux et le fourrage très- souvent il lui envoyoit quelques pièces de gibier, et lui faisoit toutes sortes de pré- sens mais c~étoit par les gens du comte de Reuss qu'on le savoit le baron qui ce- pendant lui paroissoit fort attaché, ne faisoit guères de semblables confidences à personne. Dans un souper ou Borrelly et moi, bien instruits de la pénurie où étoit réduit ce vieux chambellan-, nous"cherchions à peindre ses besoins au- prince Henri, et où pour tou- cher ce prince généreux, nous vantions l'es- prit la politesse, et toutes les qualités ai- mables que l'on remarquoit dans ce vieil- lard, malgré son grand âge, nous eûmes pour réponse ces mots c Vous, av:ez raison “- downloadModeText.vue.download 92 sur 380


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a messieurs deplaindre le baron il éprouva son vent des besoins bien cruels sur-tout K pour son âge; et quoiqu'il ne puisse les ? attribuer qu'à ses propres làutes, je ne- M compatis pas moins à ses souHrances. Quant ? à ses qualitéspersonnelles jenepuism'em- & pêcher de faire quelques exceptions au bien. ? que vous en dites. lia beaucoup d'esprit sans doute; mais il lui' est souvent arrivé ~) d'en abuser il est très-aimable lorsqu'il veut l'être; mais il lui arrive quelquefois M de ne vouloir l~être que pour en devenir M plus dangereux: vous le trouvez très– M poli envers vous; mais il ne l'est que parce ? qu'il est pauvre je ne veux pas affoiblir B les principes d~numanite qui vous inspirent M tant de zèle pour lui mais soyez bien as- B sures que si le baron étoit encore ou re- x devenoit aussi riche qu'il l'a jadis été, it ? seroit même envers vous, le plus insolent t des gentilshommes de l'Empire. Je vous M réponds qu'U ne daigneroit pas vous re- s garder. Ainsi faisons-lui du bien si nous le )) -pouvons mais n'oublions pas que pour 0 lui sur-tout, <x ~M~Mg chose malheur K C~~ bon. N Le prince Henri avoit raison et nous I& downloadModeText.vue.download 93 sur 380


(89) j*ti

savions bien il ne falloit pas voir'long- temps le baron, pour apercevoir le levain de l'orgueil et de l'insolence, à travers sa très-grande politesse. Lorsqu'il m'engageoit à faire quelque promenade avec lui, si nous rencontrions la princesse Frédéric de Bruns- wick, née duchesse d'Oëls, et de la maison de Wurtemberg, il s'Indignoit de voir qu'elle eût six chevaux ce Croyez-vous me dis oit-il 51 N que je vais faire arrêter ma voiture pour la laisser passer? Non ma foi et si tous M les autres le font, c'est une bassesse que M je n'imiterai pas. 3) Là-dessus, il ordon- noit à son cocher de continuer à marcher. Le baron avoit quelquefois une franchise plaisante et presque cynique. cc Je viens H dit il un jour à M. Delahaye de Launay régisseur des finances du roi je viens M vous prier de me prêter cinquante ducats x dont j'ai le plus grand besoin. C'est un N service que vous m'avez déjà rendu plus ? d'une fois j'aurois dû acquitter le passé ? avant de venir vous présenter une nou- ? vel)e demande mais je vous estime trop H pour vouloir vous tromper et je sais bien que vous n'attendez pas après de vaines x promesses, pour trouver du plaisir à pbll- downloadModeText.vue.download 94 sur 380


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ger. Je vous dirai donc avec franehise- x que j'ai très-réellement le désir d~ vous. x rembourser tout ce que je vous dois M mais que je ne prévois pas quand ni com- N ment je le pourrai; et qu'en un mot, les. ? prêts que vous voulez bien me faire ris- » quent fort de n'être que des dons. M. De- ~ahaye =de Launay lui répondit qu'il iaudroit qu'il n'eut rien, pour reRiser un lionim& qui se présentoit avec une bonne.ibi si rare. Dès que ce vieux courtisan avoit un peu. d'argent~ il se hâtoit de le dépenser: ilin- .vitoit ses, amis à dîner et à souper, et les rëgaloit -fort bien. Son grand plaisir alors éiolt d~ faire lui-même une omelette qu'i~ ajoutoit au service c'étoit un plat qu'i! Msoit supérieurement Souvent il y avcii dans ses invitations, des traits d'une originalité pi- quante, et qu'il étoit le premier à relever. « Deviner me dit-il un soir, devinez qm N j'ai eu à dîner aujourd'hui! Je me trou- vois avoir quelque gibier et ne voulant » pas le manger seul, ~ai invité les barons K deMiuler. de Grapendora', et d'Arnim~

) et au milieu du diner, je leur ai-dit que

K je les avois fait prier pour avoir le plaisir de réunir à une même table, les quatB~ downloadModeText.vue.download 95 sur 380


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a barons de l'Empire les plus gueux qu'H

y eût au inonde. Je vous assure que nous en avons ri de bon cœur et qu'en atten- ? dant les infortunes de demain, nons~vons ? très-bien dîné. H

Ce que le baron de Poëlnitz avoit de plus précieux, c'étoient ses manuscrits, ou plutôt ses MémoiMs des trois premiers règnes du royaume de Prusse. Ils formoient trois vo- lumes zM~/o7zo assez épais écriture très- serrée, un volume pour chaque règne. Ces Mémoires ne sont point une histoire suivie ils n'embrassent en quelque sorte que la cour ou même la famille royale; ce sont des anecdotes choisies propres à donner une juste idée des personnes. Quoiqu'on s'y rapproche de l'ordre chronologique, on ne .s'y est pas toutefois astreint en esclave sou- vent un trait en rappelle un autre qui a ea lieu en d'autres temps en un mot, ces Mé- moires ne sont en quelque sorte que des souvenirs de ce qui concerne les trois pre- miers rois et leurs alentours. Le baron ne pouvoit guères y mettre plus d'ordre, n'ayant songé à les écrire que dans un âge déjà avancé, et à diverses reprises, à mesure qu'il en avoit le loisir et selon ce qui l'iu- downloadModeText.vue.download 96 sur 380


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teressoit le plus dans ce que sa memoirss pouvoit lui fournir.

Ce travail dèvoit être très-secret on pense bien que le baron s'en étoit fait la loi mais il Ëtt Ëdète à cette résolution, comme on l'est en pareil cas peu-à-peu, le nombre des conSdens s'accrut, selon les circonstances~ et à la En tous ceux qui avoient eu des liai- sons particulières avec -lui, en savoient plus qu'il ne se l'ëtoit promis. Il avoit habituelle- ment ces trois volumes sur 'une petite table devantlat': s'il lui prenoit un accèsde con- Ëanc&envers les personnes qui lui &isoieni visite, il en_lisoit diSerens morceaux, selon le sujet de la conversation snr-'tout dans les iéte-à.téte. Lorsqu'il voyoit qu'on y atfachqit un haut prix, et qu'il avoit quelque motif 'de gagner l'affection de celui avec qui il ëtoit, il ne nianquQii.pa~,d~Bn_proniettre la 'remise avant de mourir. K Ils sonï a vous a disoit-i!, a et vous les aurez avant que Je N n'expire je ne vous demande que de les M conserver bien secrètement~ et de les faire ? imprim&r avec mon nom., lorsque vous le pourrez sans vous compromettre. Je les. 3) garde néanmoins encore, parce que j'ai à ? les revoir, et à y remplir quelques lacn-* downloadModeText.vue.download 97 sur 380


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? nés. C'est ainsi que dans un temps il les avoit promis à M. César et que. dans d'au- tres temps postérieurs il en faisoit le don simulé à mon collègue Borelly et à moi. Je suis celui de tous envers qui le baron a porté la confiance plus loin car je les ai eus chez moi durant plus de six semaines. Voici com- ment cela se fit.

Quelques années avant sa mort, le baron eut une maladie assez grave il avoit en- viron quatre-vingts ans. Son âge ses soul- frances et sa foiblesse lut persuadèrent qu'il alloit mourir et ce fut d'après cette idée~ qu'il me pressa de prendre ses ~r<?M reg'K6~, ainsi qu'il les appeloit, et de les emporter chez moi, sous condition que s'il guérissoit, je les lui rendrois. Je lui promis de venir chez lui quand la nuit seroit close, et le priai de n'avoir dans son appartement aucun do- mestique qtapût me voir entrer ou sortir. Tout se passa comme nous l'avions concerté il envoya ses deux laquais faire des commis- sions dans des quartiers éloignés. J'arrivai couvert d'une grande redingote; je trouvai la porte-cochère ouverte ainsi que l'appar- tement du baron, qui logeoit à un premier étage. Il me remit les trois volumes bien 6- downloadModeText.vue.download 98 sur 380


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Celés,~t cachetés à tous les points oulancellë formoit des nœuds. Je les emportai chez mol, sans avoir rencontré personne. Quand les trois volumes furent dans mon cabinet, je songeai au moyen de les cacher~ et pouF cela je mis ma fenSne~dans la conËdencOt. J'avois une pièce dont pavois fait ma bibtio-~ &èque,et où il y avoit une grande cheminée sur laquelle on avoit placé depuis plus de cent ans un grand tableau représentant un enlèvement de Froserpine~J~us;ôtameS)à nous deux et~ansTëmoins les vis qui atta- choient ce tableau et nous plaçâmes les trois volumes dans-le vide que l'inclina'isoa de la cheminée faisoit derrière après tnioî nous remîmes le tout dans son éfat ordinaire. Dès que le baron fut guéri je lui reportai son ouvrage, en prenant les mêmes précautions; et aussi secrètement que lorsque je l'avois reçu. '~7~–– Plusieurs années après cette demi-posses- sion nous fûmes trèa'surpris un soir que nous éBons~invités à souper chez lui,-les du Troussel leur société et nous de l'entendre ~ous dire <c Vous vous imaginez, vous au- » très que je suis, un pauvre diable qui ne peut vous donner à souper ? Et qui dope downloadModeText.vue.download 99 sur 380


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t) a. entre vous a autant d argent que moi? H Tenez si vous ne m'en croyez pas voyez B et comptez. Surquoi il tira de ses poches plusieurs poignées pleines de frédérics-d'or et de ducats. C'étoit [e prix de ses Mémo! res il venoit de les vendre, comme je rai su depuis, au prince de Prusse, qui ensuite a été roi sous le nom de Frédéric-Guillau- me. J'en fus affligé, bien persuadé qu'ils étoient dès-lors perdus pour le public. Ce- pendant on- en a depuis imprimé une partie, soit que quelque favori les ait dérobés au prince soit que celui-ci en ait permis la pu- blication partielle. Mais ce qui m'étonna singulièrement, ce fut l'emploi qu'il fit de la majeure partie de cette somme. J'avoue que je ne croyois pas que ce vieux roué courtisan fût capable de cet acte de vertu mais après en avoir acquis des preuves~certaines par le secrétaire de ta légation de France, qui avoit été chargé de faire parvenir la somme à sa destination, je ne me bornai pas à pardonner au baron d'avoir pour ainsi dire annulle ses manuscrits je m'en réjouis comme d'une bonne œuvre. Il faut savoir que, dans son séjour à Paris durant la régenceje baron avoit eu une fille d'une maîtresse qu'on ne nomme downloadModeText.vue.download 100 sur 380


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point que cette fille qui n'a jamais vu son père, avait été mariée, et avoit laissé en mourant une jeune orpheline, que quelques parens avoient fait élever et à laquelle on avoit fait apprendre tout ce qui tient au commerce des modes. Or c'est à cette der-. mère que le baron, peu avant sa mort, en- voya la somme de six mille francs pour lui faciliter les moyens de s'établir et de faire un mariage convenable. Il est vrai qu'on lui avoit rendu les témoignages les plus satis- faisans du caractère et des mœurs de cette jeune personne mais pour qui a connu le chambellan c'est déjà une chose incom- préhensible qu'il ait songé à elle et qu'il ait daigné s'informer de sa conduite. Cette anec-' dote est une de celles qui m'ont le mieux prouvé que les hommes les plus corrompus peuvent encore, en certaines rencontres, se porter à {aire de belles actions, comme les hommes les plus vertueux peuvent encore avoir des faiblesses.

Je parle du baron comme d'un roué y et c'est ici le lieu d'ajouter aux traits que F on a déjà vus et qui prouvent que je ne suis que juste, d'autres traits qui le prou- vent encore mieux. Sa réputation étoit si bien downloadModeText.vue.download 101 sur 380


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bien établie à cet égard, que le pasteur Her~ mann disoit qu'il n'osoit jamais dire ou in- sinuer en cnaire que le plus sûr moyen de vivre long-temps est de bien vivre: cc car i B ajoutoit-il, si du sein- démon auditoire; ?-~quelqu'un se lève, et me cite le baron de N. Poëtni~z pour preuve du contraire ,je n'au-' rai pas un mot~ ajL-épliquer et il ne me » restera qu'à descendre de ma cba.!re et à X) ,ïne cacher. s~

Lorsque le baron fut attaqué de la maladie dont il mourut, le curé catholique qui dans tous les cas embarrassans croyoit ne pouvoir mieux faire que de me consulter, vint me prier de lui tracer la conduite qu'il devoir tenir en cette occasion. Je sais, me dit-il, H qu'il est fort mal; et il ne me fait point ap~ -M peler. Si je vais pour lui parler de devoirs » religieux, il est possible qu'il nie renvoie d'une manière injurieuse et en ce cas, on me blâmera d'avoir suivi les mouvemens .f d'un zèle que l'on regardera comme in- discret et tracassier si au contraire, je ne me présente point chez lui, et qu'il vienne à mourir, on me reprochera de n'avoir pas c faitmon devoir; etjeserai condamné comme » cause du scandale. Eh bien lui répon- downloadModeText.vue.download 102 sur 380


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? dis-je, prenez le terme moyen t allez & sa N porte ne demandez point à lui parler t )) dites'seulement qu'ayant appris qu'il étoit N malade, vous desirez savoir des nouvelles de sa santé: priez ledomestique de lelu! dire, et de l'assurer en même-temps de 33 vos respects et de vos vœux. S'il vent vous N voir.ilvousjejE-a~priei~d'entce~etvousne lui parlerez de religion qu'autant qu'il vous en parlera. S'il ne vous fait pas entrer t H ou. s'il ne vous parle de rien, vous vous tr retirerez avec la satisfaction d'avoir fait » votre devoir, et de n'avoir donné aucuns 3) prise à la critique. Le curé me remer- cia, et résolut de suivre mon conseil al'heure hieme. Ilétoit environ dix heures du matin. Le soir j'aHai-ToIr~eJbaron que jaitronyai sur nn grand fauteuil de malade, la tétesou- tenue par une grande et large bande de toile dont les deux bouts étoient attachés an dos- sier du fauteuil. Je restai assez long'-temps avec lui, écoutant avec intérêt tout ce qu'il ms disoit de ses maux, et cherchant à le ranimer par quelques espérances. Je n'avois garde de lui parler du curé mais il m'en parla, de~ul- même. K Imaginez, m~dit-il~ que ce prêtre catholique est venu ce matin. downloadModeText.vue.download 103 sur 380


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ça

pour me voir. Je n'ai pas voulu le recë- voir je lui aifait dire que je n'avois pas be" soin de lui. Je ne répondis rien, et lui par- iai d'autres choses. II mourut le lendemain. Quelques jours après je rencontrai le curé chez M. de Launay, et le prenant à part~ je lui demandai s'il étoit allé chez le baron. comme il m'avoit dit le vouloir faire. Il m'assura non-seulement qu'il y étoit a!Ié) et qu'il avoit été très-bien reçu, mais que même il lui avoit administré les sacre- ïnens. (c Guré, lui dis-je, j'espère que vous » ne voudriez pas m'en imposer? -Si vous m'en croyez capable, répondit-H, infor- mez-vous de la vérité auprès de ses do- mestiques ils vous diront qu'ils ont eu ordre de me faire entrera ci" de me lais- ser seul avec lui: vous verrez par tous & les détails que je ne vous trompe pas.–. h Eh bien repris-je, le baron a été lâche, faux, et hypocrite jusqu'au bout il est » mort comme ii a vécu. Le prince Henri à qui je racontai cette dernière scène, trouva qu'elle étoit dans toutes les règles de la plus grande vraisemblance cet homme mourant ayant ~eu peur de l'enfer d'une part,, et ee- downloadModeText.vue.download 104 sur 380


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tendant craignant qu'on ùë lui reprochai. jcette&iMesge, en cas qu'il en revint. Péu~après la mort du baron on nt en' c~er une feuille qui mériteroit peu d'être citée, si pile ne servoit d'une sorte de necro- jtoge pour Tépoque où elle parution même- 4'mps qu'elle caractérisoit avec'assez de Ë- "délité .les pejcsonaages -qu!-y Ëgurent. Cette petite ~cë~débute par annonceï- queM.~e ~.rusemarcl~&it savolï' au J-oi que s'étant .présenté & saint Pierre, cëlm-bt M a tort Mcivilementiermé la porte au nez j malgré 9SOn ordre de i'aigte noir-, son grade de tieu- .tenant-gênera! et sa qualité de chef des gendarmes, le saint lui-ayant déclaré que ies gens de son espèce n'étant propres..qu~à s'ernparerdu-bie~dAutruit i!s doiyentietre €xclus du paradïs sur quoi Frédéric fait par- tirQuintusIeilms, espérant qu'il vaincra~aint Pierre, soit comme sayant) soit comme co- lonel de troupes légères mais que le por-. ~ier du paradis, l'a reçu encore ptusmal~ en lui reprochant d'avoir été nnstrumeni jde miHe injustices; que le roi pour Ëëchir ïe sai!it_lui envoiele commandeur de Malte comte de Schaakotsch, qui nobtint~~ue de durs reprochés sur toutes les &ê(îaines de downloadModeText.vue.download 105 sur 380


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sa vie qu'alors le monarque imaginant qu'un juif auroit plus de crédit, dépécha le vieux Ephraïm qui fut rudement repoussé comme iaux-monnoypnr; qu'enfin on chargea le ba- ron de Poëlnitz d'aller intriguer à la porte du paradis en quoi l'on suppose qu'il aura réussi, puisqu'on n'a reçu aucune nouvelle de sa part. downloadModeText.vue.download 106 sur 380


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LE CQMTE P!ENESSEI,RQDE,

i~E comte avoit vécu long-temps à Paris ou. il avoit un parent riche qui s'y étoit Ëxe. .Là, notre comte_s'etoifparticuU6rement lié d'amitté avec les philosophes, et sur-tout avec Diderot. Lorsqu'il n'eut plus de mo- tifs particuliers de rester à Paris, il Et un premier voyage à Berlin, avec M. Grinnn~ Gonnu sous le nom de M. le baron d&Grimni., Je dînai avec eux" dana quelques maisons et en particulier chez le respectable prince Dolgorouky, ministre de Russie à ta/cour' de Prusse. Jajne trouva.! ce jour la à. table vis-à-vis du prince~ quiavoifM. de Nes- seirode à sa droite, tandis que M. Grimm ,étoit à ma gauche. On parla moins de lit- térature que de philosophie pendant tout le tuner on marqua les rangs j on évalua les h&:cmes chacun de nos auteurs un peu eé~ lèbres et vivant alors eut son mot. Nos. deux voyageurs dressoient ce catalogue et nous endoctrinoient, toujours parfaitement d'accord entr~eux l'ut!, disoit sur chaqus downloadModeText.vue.download 107 sur 380


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personnage un premier mot, que l'autre ne manquoit pas d'appuyer. Ce zèle apos- tolique nous amusoit beaucoup, le prince Dolgorouky et moi car il voyait de quel air j'ëcoutois et je voyois aussi qu'il étoit dans les mêmes dispositions d'esprit que moi. H n'y eut qu'un seul malheureux écrivain sur lequel nos deux apôtres ne s'accordèrent pas d'abord Grimm, qui iaîsoit les premières attaques nomma cet homme Nesseirode charge'de porter les coups décisifs, dit que c'étoit un pauvre AonzTKS sans talent et sans ca~s. Grimm, s'avançant un peu sur la table et se couvrant la joue de la main, ~i répliqua d'une voix sourde, par ce mot que nous entendîmes seuls Nesselcode le prince et moi, il est ~M ~o~re~ à quoi l'autre répondit du même ton, o/z m'avoit ~Hr~ contraire. Ici j'admirai Padresse avec la- quelle le comte reprenant son ton élevé et décisif, répara le tort qu~il'avoULeu. x Au. ? reste ,'dit-il~ je ne le connois pas et je dois ? avouer que même quelques bons juges » m~ontparu Pestimer.– II le mérite, ajouta. Grimm qui en fit un éloge complet Nes- seirode mieux instruit, souscrivit 'à tout €,t t'en passa, à d'autres. En se levant d~ table~ downloadModeText.vue.download 108 sur 380


I~)

Ïe prince se Mta de me joindre, pour me de-. mander ce que je -pensois dps missionnaires philosophiques qui nous venolent de France ?ious rîmes" de bon cœur du mot dit à. l'o- reille et nous admirâmes la belle manœu'vre militaire de Nesseirode en cette occasion. J'ai souvent vu le comte de ~esseirodeen société, chez madame~i~ Trousser chez M". de Launayi, et chez 1& prince Frédéric de Bruuswick. Un trait qui lui &it honneur, et mérite d'être connu, est celui que je vais citer. Peu après le premier partage de la Pologne, il parut une brochure intitulée & jG~e<m ~r rois- nous la lûmes tous avec avidité et nous en rîmes entre nous, ne pou- vant faire mieux. Mais personne n'eut le cou- yage d'en parler au. roi. Au bout de quelques juois, Fauteur en adressa un exemplaire ce monarque, avec une lettre non signée.~ Frédérics'empressa de lire cette bagatelle pu il laisoit un rôle essentiel à l'heure de son. 'dîner, il se plaça à table entre Nesseirode et l'abbé Bastiani, courtisan aussi En et aussi hypocrite qu'on puisse l'imagmër.

Le héros prussien ne tarda pas à parler du gv~MM o~y ro~. « Un auteur anonyme jdït-H, euThoîinêteté dem~ënvoyerung's~SK. Il downloadModeText.vue.download 109 sur 380


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» paroît que cette brochure a déjà plusieurs ? mois d'existence et de publicité cependant je ne la connoissois pas. L'avez-vous lue, N abbé? Non, sire, répondit le cafard; je M ne connois et ne lis jamais aucun de ces mé- x prisables pamphlets dont on déshonore la ?) littérature. – Et vous, comte l'avez-vous lue? Oui sire, je rai lue toute entièra, -?) il y a deux ou trois mois. – L'abbé, j'aime » cette franchise germanique, N dit Fré" déric en se retournant vers l'italien, et avec cette physionomie riante et maligne qui lui étoit si ihniMère ensuite en revenant au .comte ce Eh bien, lui dit-il, puisque vous M l'avez lue toute entière, comment la trou- vez vous ? Moi, sire? je vous avoue ?) qu'elle m'a beaucoup amusé j'en ai ri de tout mon cpeur. a Ici nouveau retour vers Fabbéj avec ces mots confidentiels et ma- lins <c Abbé, voyez-vous cette franchise de nos pères certes, je l'aime tout à fait! J'ai 33 aussi dévoré ce petit gâteau ce matin, mon cher comte l'auteur a un peu salé la part qu'H m'y destinoit il me traite lestement, et ne me ménage pas: cependant comme '? il a de l'esprit, il m'a fait rire, et je lui p pardonne. Mais, mon cher comte, puis- downloadModeText.vue.download 110 sur 380


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N que vous Favez lu comment ne m'en avMf.' ? vous pas parlé; vous qui êtes attaché à. ? mon service~ et qui tenez à vos devoirs en p homme d'honneur ? – C'est qu'en voulant ? bien iaire mon devoir, je ne songe point à. ? en étendre Indiscrètement le cercle si votre w majesté m'eût imposé la loi de lui iaire ces sortes de révélations, je l'aurois suivie on M je me serois retiré mais dans des circons" ? tances aussi peu. importantes au fond, je ne me permettrai rien au-delà de ce que ? je dois. J'ignore si votre majesté a ou non ? quelqu'un qui~olve lui rendre compte ds ? ces sortes d'ouvrages j'ignore si ell~veut ? qn'onlui enparle. Je ne veux.point, 'mêm& N par zèle, me permpttr& ce qui pourroM ?) n'être qu'une indiscrétion. –Qh rabbet, ? admirez dons avec moi cette Ëanchise que le comte a héritée dé nos braves aïeux! » Cette petite scène deeomédie futla.seule ven- geance que le roi tira de l'hypocrisie men- songère de rabbé, qui avoit lu la brochure et en avoit ri d'aussi bon cœur qu&nous tous. Quelques années, de séjour à Po~zdam suF- Ërent au comte de.NesseIrode il quitta Fré- déric, et passa en d'autres cours ou. il é~ paiement considéré et empiQ.y~ downloadModeText.vue.download 111 sur 380


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MADAME DU TROUSSEL,

L'ARTICLE de madame du Troussel seroit un des plus étendus de cet ouvrage, si j'y yéunissois tous les souvenirs que son nom me rappelle, et qui peuvent exciter quelque tntérêt car pendant au moins dix ans de suite, je n'ai en quelque sorte existé j, ainsi que ma famille qu'avec elle et son mari; tout ce qui m'est arrivé, a tenu plus ou moins à elle;, soit par la part quelle y a eue soit par celle qu'elle y a prise. Mais comme j'ai déjà souvent parlé de cette dame, dans plusieurs articles précédens je ne rap- porterai ici que les traits que je n'ai pu se' parer de son article.

Je connoissois M. du Troussel depuis quel- que temps, lorsque ce militaire d'origine françoise, et fils d'un juge de la colonie des réfugiés à Berlin, épousa cette dame. Comme il étoit homme d'esprit et 'd'honneur, et qu'il avoit autant de loyauté que d'amabi- ïité dans le caractère on doit penser qu'il e~t ~brt ~pajidu je méto;s trouve en so,- downloadModeText.vue.download 112 sur 380


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dété .avec -lui dans plusieurs maisons, et sur-tout chez M. de Marwitz commandant des gendarmes, et cliez le baron deKnip- hausen dans ces diSérentes rencontres, il avait toujours paru. me revoir avec plat- sir de sorte que je metrouvai lié avec lui de la manière qui pduvôit me Natter le plus lorsque dàns~ i~ne ~visite que je lui Es un matui, II m'annonça qu'il alloit' se marier, et qu'îl épouaoït madame de Kleîsf. Je Tevms chez 'moi, déterminer à ne plus le voir cliez lui~ me persuadant que cette dame n~ seroit pas dTiumeur recherclier la société des gens de lettres en enët, ancienne cFame d'honnëar de la reine. Toere de Frédéric mëce du gouverneur des princes Henri ~t Ferdinand, et à ce titre élevée en quelque sorte avec ces deux princes ~SMe d'un gé- néral de Schwérm, cousin-germain du-&Id< ~naréchal de ce nom, et' ~mi intime de" ce parent', ef le plus renommé des écuycrs ? généraux de cavalerie de-son temps, au moins-en son pays aussi tendrement chéri& duield-niaréchal quedeson përe~ et ayant su le mériter par TniMe qualités précieuses d& PespritJet du cœur toujours courtisée comme l'une des plus beHes personnes downloadModeText.vue.download 113 sur 380


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des .plus aimables de ces climats accoutu' oée à n'être désignée dans le monde, que sous les noms de la belle Schwérin de la belle Kleist; elle avoit la réputation d'une de ces dames dont on parle beaucoup à cause de l'éclat qui les entoure elle tenoit à la cour par toutes ses liaisons; et sa beauté son es- prit, Ses habitudes ~et sa naissance, ia, placoient naturellement dans le tourbillon ou il y avoit ~e plus de dissipation et de mouvement. Au bout de trois ipois environ je fus donc surpris, de me voir invité en cérémo- nie a dîner chez elle c~étoit un dîner d'acadé- miciens: madame du Trous sel ne parut qu'au moment de nous mettre à table c'étoit M. du Troussel qui nous avoit reçus. Je me trouvai placé vis-à-vis d'elle ses deux vpisinsjé.tolent M. de Beausobre d'un côté e.tM. Moulines- de l'autre je ne fus pas long temps à m'a- percevoir que }'étois l'objet d'usé conversa- tion particulière qu'elle avoit à voix basse, avec ce dernier; conversation qui me sem-< bloit tenir de. la raillerie, à en juger par tout le jeu de .leur physionomie. J'éprouvois un embarras qui saugmentoit à mesure qu'H tne paroissolt plus Ibndé, et que je n'auroi~ pu déguiser si à la; fin leurs regards nes~ downloadModeText.vue.download 114 sur 380


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lussent portés sur un autre académicien qnL ëtoit au bout, de la table à côté de M. dd Troussel. En cessant d'être robjet de leur entretien, je n'en conservât pas'moins le désir de savoir ce' qu'ils avoient eu de si plai- sant à se dire soit de moi, soit de ce sa- vant déjà vieux, qu'ils m'avaient accolé i mais je ne voultïs pas le demander à; M, Moulines, avec qui j'étOis alors peu lie~ et ce ne fut qu'au bout de quelque temps, et lorsqu'il se fut établi une certaine ConËance entre cette dame et moi, qu'il me iut pos- sible de le lui demander a elle-même. Elle me conta alors que mon vieux coltegue avoit eu une intrigue amoureuse- avec -une de-4 moiselle qu'elle me nomma; que par un ha- sard particulier, la personne qui ayo~ servî de messagère entre *,ces deux amans étoiÈ une vieille femme qui. avoit autrefois servi chez madame de Schwérin mère de madame du Troussel, et qui avoit conSé a celle-ci 3 les lettres de Pan et deTautreJ que le jour ou nous avions dtné cliézelle, elle n~avoit pris pour ce tendre Céladon, qu'eue navoit jamais vu, non plus que moij et que -c'é-' toit cette méprise qui avoit été cause qu'elle m'avoir tant regardé, jusquâ ce qu.e M< downloadModeText.vue.download 115 sur 380


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Moulines, aussi bien instruit qu'elle de Ïâ même aventure, l'eut enfin détrompée. Lorsque madame du Troussel nous oHrit du café après le dîner elle me dit qu'elle savoit que jusqu'à son mariage, j'avois té- moigné de l'amitié à son mari; que cependant j'avois discontinué de le voir qu'elle seroit très-amigée d'avoir fait cesser une liaison, dont ils desiroient également tous deux la. durée; qu'elle espéroit que ce ne seroit pas elle qui m'y feroi~renpncer, et qu'elle au- roit au contraire le plaisir de me voir aussi souvent que je le pourrois. Ce fut en con- séquence de cette honnêteté que quatre ou cinq jours- après, j'allai lui faire une visite peu avant la nuit j'en fus reçu de la manière laplus gracieuse au bout d'un quart-d'heure, voulant me retirer, elle parut surprise et lâ- chée que je ne restasse pas à souper avec elle et son mari je lui répondis que je ne pou. vois avoir cet honneur ce jour-là. Dès le lendemain, il me vint une carte de visite de sa part pour mon épouse; et cette carte, fut suivie d'une invitation pour le souper du jour suivant.

Madame du Troussel avoit eu, étant jeune et jusqu'à son mariage, la réputation d'une downloadModeText.vue.download 116 sur 380


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personne plus gaie que sévère; on prétëndoit même qu'elle avoit débuté dès râge de 13 ans' étant dame d'honneur de la reine-mère, par une sorte de liaison qui avoit fait quelque éclat et Favoit obligée de se retirer chez sa: mère. Peu après cette/aventure; vraie ou fausse la belle de Schwérin épousa un M. de Kleist; chandine à- Brandebourg ce cha- nomeétoit un homme aimable, mais peu riche. Son canonicat ne pouvantsuffirè à son ïnénage qu'en s'astreignant à y résider j ils s'y tinrent pendant quelques années. MaisjteTuarj: ëtoît ambitieux; t'épouse ne l'étoit pas moiBS. Tous deux sen-nuyèrent de n'être pas à la pour. M. de Kleist se }eta dans de grandes entreprises, qui le ruinèrent. Il se trouva a~Ia: 6n obéré-de dettes et poursuivi par ses créanclers;son épousequiavoiteulaioiblesse dedonnersasiguature en plusieurs occasions, se -voyant jdéjajengagée pour la moitié de son. se ~voy;àn~ :déjà,e.ngagéepoúr lam6i~é de son Men, prit enfin le parti du divorce. M. de Kleist perdit sa prébende et tout ce qu'il possédolt~ etse retira dans le Mekiembourg, chez quelques gentilhommes campagnards. Madame de Kleist, après son divorce-, avoit ayec elle trois enians deux jeunes demoiselles <et un fils, lorsque M. du Trousse!, alors ca- pitaine downloadModeText.vue.download 117 sur 380


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-pitame d artiilene, et jouissant en cette qua=* iité d'environ quinze mille livres d'appointé" mens se détermina à l'épouser.

Je vais rapporter une anecdote diSicile à -croire, ei que cependant madame du Trous'" sel qui étoit nécessairement très-bien ins"' truite, et qui aimoit à être franche, m'a contée et aHirmée cent fois. Je la rapporte < parce qu'elle montre de quoi la superstition rend capables les hommes, même les mieux nés, lorsque J& cupidité ou quelque autre pas- sion les excite. Son premier mari, M. de Kleist, et plusieurs autres nobles de la première dis.. tinction des généraux sur-tout, et quel- ques autres personnes occupant des places très-élevées dans le gouvernement, trou~- vèrent quelqu'un qui prétendoit, ayoir le mdiyen de.&rGeF le diabM'à révéler les en"' droits secrets où seroient cachés tous les tEe- sors qu'on auroit autrefois enibuisdans.rAI- lemagne. Usibrmèrententr'euxuneassociatioa d'honneur, pour obtenir iaconnoissance~bien détaiHée de ce moyen si .précieux, et pou~ remployer ensuite à frais et profits communs. Ils payèrent fort cher cette découverte et promirent en outre une part à celui qui là leur vendit et qui de cette sorte devint leur in. H downloadModeText.vue.download 118 sur 380


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guidf. H tLy & point d'extraYagancss qu'il na lear ~t iMre toutes les momeries Tô~ petitretroQ~er dansées ~{mtesltiê~&~&et ~e sorcélierM'S) €arent sérïeusenieiit et mys- térieusementpTati~ës;0!iEOïquraledîaNe -de toTites ies hiamëres à touteg les tiBures de 1& Tluit 'etdans les ondrëitsies plus déserts. On M Et toutes sortes <lesacrï6cBS~Qi'eouiprent des &OMïne& ~msid~rablës. H en eut. un entr'autr'es, -oit il~toit -esseniiel d'immoler a l'esprit niaHnTm bonc.~aTMt~ et qum'sut pas un Sent ,poii-qai ns ~t Bieù noir. Tour .decôû~B~ë ~ottc et Se te procurer, iLiaiiut -parcourir aoYi-se~emetit tes princes 'prds- siënttesë~pàys~sïùs~~a~to~te~Polôgno -ia 'LttbQanie, ~tc. Oh te trouva e~Ën, et œ ~t-une grasde~oie pour Ttôs ~onjTiratenrs -làmais boûû si précisn~ B9 &tt immolé à Bac- -chus.Onte~&yasnpoid~~e I~etoTi Famena -e& ~Bra~debd~ a~ec tous ies soms et les .ïi~Nag€meKSposs;Mes.-0&~t-lesacnacedans ~a~s grande -régu~arïte~eù présence de toasies associer oïrn'épargoa~as Tes Ibtianges atL diaNe; mais it mt sourd 'où n'eut poînt de irésurs à-découvrir; soit~N~ratitade', soit siaUce, iliierépdndit'poist.TeHe-&tHssnede ,cette grande entreprise, qui co~tadeiortes downloadModeText.vue.download 119 sur 380


(n5)

XA

sommes aux associés et sur-tout à M. de S-kist, et qui ne leur laissa que la promesse solemuelle qu'ils se firent en se séparant, de se garder réciproquement un secret inviolable.. Mais quel est le secret qu'une femme adroite ne pén ètre pas, quand elle s'y croit intéressée ? La belle- de Kleist découvrit celui-ci, et elle ne promit point de le taire; ou bien il faut dire quelle oublia cette promesse envers moi. Qui se seroit pas étonné que des hommes de raag, dont <pielques-uns avoient du mé- rite, des Mens et des lumières, aient été ca- pables d'une telle sottise?. Et c'est sous le règae de Frédéric, à sa cour, autour de lui, TpM des hommes qui l'entendent etiadmirent se laissant aller à de si honteuses ibiblesses VoM donc'ceqnecestquelanaturehumame Près ee roi philosophe, auteur du C'OM- Msn~ Sacré sur le conte de .PesM. onvoït unLaméthrie, apôtre du matérialisme universel, qui iait le signe de la croix quand M tonne! Maupertuts, qui ne croit guère én Dieu, dit régulièrement à genoux ses prières d!i8oir!D'Argcns, encoreplus éloigne de touteidéeMligieuse, ne supporte pas d'être treize à table! La princesse Amélie, sœur chérie de Frédéric, et ayant presque autant downloadModeText.vue.download 120 sur 380


(~6~ @l iCf~T~Tnf~

.d'esprit et de philosophie que lui, se fait dire la bonne-aventure Et la. moitié de la cour .croît a la femme Hanche~ qui, armée de son grand balai, apparoît dans une salle du. ` .château, et balaye de toutes ses forces, quand H doit mourir quelqu'un de la famille royale dans l'année! 0 espëcehumaine, dequoioses- tu t'enorgueillir! °-

Madame du Troussel partagea si bien, dès les premiers temps que j'en fus connu, la .sincère amitié que-son mari avoit pour moi qu'elle ne tarda pas a y mettre encore plus d'activité et de démonstration que IuL Je trouvois chez elle toutes les dames de laconr et tous les hommes marquans tant civils que miiitaires: c'est dans sa maison que j'ai appris de tant de personnes une innnité d'anec- dotes plus ou moins secrètes. Je ne pouyots être mieux placé pour voir beaucoup, et ap- prendre des autres ce que je ne Yoyois pas. Ma conduite ne laissoit aucune inquiétude à ceux. qui me parloient; on me regardoit:en outre comme attaché pour toujours à ce pays la connance que monsieur et madame du Trousse! me témoigcoient, augmentoit encore celle des autres. En un mot, on n'avoit pas même la pensée de se gêner en ma présence. downloadModeText.vue.download 121 sur 380


~7)

M. du Troussel étolt un homme franc~ €<" t loyal, brave, prompt à se décider sensible,- ofEcieuXj mais incapable de souffrir une oP- fense en un mot, généralement estimé à la- cour, à la ville et dans l'armée.

Jamais je n'ai vu de militaire aussi doulou- reusement aS'ecté que lai lorsqu'il s'agissait de- faire subir quelque punition afflictive à uu~ soldat, ou d'y assister. Dans ces sortes d'oc- casions, son chagrin étoif tel, qu'il ne falloit ni lui parler, ni même songer à l'es distraire- Dans la guerre qui eut lieu pour la succes- sion de Bavière M. du Troussel fut nommé chefde toute l'artillerie de l'armée du prince Henri, armée composée de centmille hommes qui devoit attaquer l'Autriche et la Bohême par la Saxe. Je le rencontrai et lui témoignai combien je faisois de vœux pour lui nous s mous séparâmes les larmes aux yeux. Des cha- grins domestiques qu'il éprouvoit lui avoient ~ait quitter sa maison, bien décidé de n'y pas rentrer. Arrivé à Magdebourg, il se logéa dans une auberge où il écrivit plusieurs lettres, une entr'autres qu'il laissa ouverte sur la table, conçue en ces termes cc Comme. » je ne veux faire aucun tort aux braves gens N chez qui je loge, et qu'il y a des personnes downloadModeText.vue.download 122 sur 380


[ "8~

)! qui ontdela répugnance a occuper une 3) chambre ou l'on s'est tue ce sera 'sur le M vestibule que je terminerai mon .existence Je détends qu'onmedéshabilleet quonlave mon corps. Je demande que I*on m'enterre 3) avec tout eequej'ai sur moi; que pendant M le jour l'on me renferme sous clef dans une' N remise; qu'~ l'entrée de la. nuit, quatre soldats me portent en terre, suivis de mes'

) deux domestiques seulement, et sans aucuue

? sorte d'honoeurs ou depojnpe; et que~'oït » me plaee au miUen des soMats y te plus j?as en terre qu'on pourras.

Aprèsavoir'termme toutes ses lettres, il ouvrit sa. tenétre, et demanda à la sentinetle qu'il avoit a la porte de la maison quelle heure il étoit. La sentinelle lui ayant répondu que trois heures venoieni de sonner, il re" ierma la lenêtre, et une minute après, on en- tendit le coup de pistolet qui éveilla tout le inonde. On le trouva assis a terre dans i'angle idu vestibule, un pistolet-chargé dans la maïs sanche, etrautre dansia bouche., bien serré entre tes dents deux balles lui avoient percé le cràne~ et jétoient ~ortie& par le sommet de iatéte. ~nel motif détermina M. du Troussel à cet downloadModeText.vue.download 123 sur 380


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acte de désespoir? Le public 1 attribua aux émisons de son épouse avec deux jeunes gens quelle avoit admis dans sa maison., e~ au refus que lui fit le roi de divorcer.

Après la mort de son mari, madame du Troussel n'ayant plus que sa propre fortune, fut obligée de réduire sa dépense. Elle n'eut plus qu'un très-petit cercle et un an ou dix- huit mois après, elle mourut presque subi- tement. downloadModeText.vue.download 124 sur 380


( ÏZO~t

LE S V 0 Y A & E U R S.

JtiN me proposant de parler des voyageurs qui sont venus de mon temps à Berlin 9 mon dessein n'est pas de~ nommer tous ceuxqu~ ~'y ai vus je me borne à ceux qui me sern-~ Ment devoir intéresser davantage le lecteur à quelque~ titre particulier que ce soit. En 1767, M. le du&d~Ja B-ocliefbucault Et un voyage dans le nord de l'Europe, pouF yperiëctionnerses connoissances en mihe~ ralogie, et y voiries savans les plus distin- gaes. Après avoir séjourne quelque temps en Suède, il vint à Berlin,, ort il s arrêta près d'un mois logé chez M. de Guines, ministr& de France auprès de Frédéric. Dès le lende- main de l'arrivée de cet illustre voyageur, M. de GuineSj son hôfe, me pria de lui don- ner les renseignemens qui lui devenoient né- cessaires pour remplir le but de son voyage etje m'oHris à le conduire moi-même par-tout ouïe genre de ses études pourroit le iaire désirer d'aller. Nous employâmes huit jours downloadModeText.vue.download 125 sur 380


(1~1:

onsésutifs à parcourir la ville; ce temps fut employé à visiter les savans, et à examiner les bibliothèques ou cabinets remarquables. Dans la semaine consacrée à nos courses, je conduisis d'abord M. de la Roehefoucault chez M. Gléditsch célèbre naturaliste l'homme qu'il étoit le plus empressé de con- noître, et chez lequel il est le plus souvent retourné depuis. Comme M. Gléditsch avoit partagé avec lui une petite portion de fer vierge, minéral infiniment rare et que ce cadeau étoit très-précieux aux yeux du duc; celui-ci me consulta sur la manière la plus convenable d en témoigner sa reconnoissance. Ma réponse fut un exposé de l'état de pénurie, et quelquefois de détresse où M. Gléditsch se trouvoit, malgré sa pension et ses leçons sur-tout depuis que, devenu veuf, il avoit été obligé d'abandonner la conduite de son ménage à ses filles encore jeunes. M. de la Rocheibucault laissa, dans sa dernière visite, un rouleau de louis sur le bureau du savant.

Ce irait m'en rappelle un autre où M. de la Ruchefbucault ne put me cacher sa surprise. Il donna d'après mes conseils un ducat à mon collègue, M. Stoss, qui nous montra la bibliothèque publique et le cabinet du çbâ- downloadModeText.vue.download 126 sur 380


)

teàu. Le getgnpuriraacoisn~voit~o~tij: appris a Paris, que l'on put oSrir un modique sa- taire~ponrquelque~ instars de complaisance, !H und'Aubenton, ou aun MbUo~eQ~redu roi mais c'est en voyageant j que ~on aper- çoit eo~bieH te§ usages~ }e§ opin~oi~ e~les pnBc!pe5 moraus. penvent Tari~r~ sap$ aSet- Llir la cojasidëratMn du. puMicpQm' jgeH~ qui s'y sopmetteq.~ on qui en proSteat, Pneiïnai§o~H) qnt possédoit une ~tjbeUe terre da9§ ~e§ Etai$prnss!eM, §~~t~teiaîe et n'a~oit IaM§é p~o~ Mc~ieys coMai~M < q~e d~ persORpe~ eemposani~ne ~utre îa- ïniHe e~ss.eproyince! de France, LiSMiecri- TitaHxsheiajde~ette&miHB, qQe s~Ss xon- loieRt envoya ourles Ketix, quielques-nns de~ leurs, avËP3.me cession en boupe S)rnEe de§ droits .de toBJB }a iamme < qae Gea de-' légués yeulussent s'éiabHr .dans ses Etats, H yenonceEoityolc'n.ëer~ en leur faveur ~a!! droJLt d'a~ai~e, et les ~Roit mettre .en pQ&- sessj.pjSL delà suLCQession yaGamte. La&miUiSf r

~BVSya.de~X Ë.'Bïes que }*aivus ~'on ~'eNVi- ro~ d~e~fans .et l~antre de .dix-sjept. I~e v Koivo~lQSjGopBQitre; etHe &oir~Rême~lti }OUrQS.~ les Ay~t~i~ppeleip ~Hjne~dit <c H B ;Q'y a, dose piM jd'~djo.6~M~ ~'i~nca downloadModeText.vue.download 127 sur 380


(~3~

x) monsieur ? ou bien la noblesse en aban- 3) donne tous les avantages à la roture ? Est- M ce que vos écoles, vos collèges et vos

) universités sont armées? ou est-ce que vos

j) nobles n'y envoyent plus leurs enfans? car~ M j'observe depuis quelque temps que tout ? ce que je vois de nobles irancois, est d'une ignorance honteuse et inconcevable. Jugez- en par ce qui m'est arrivé ce matin. Deux M frères, jeunes, nobles et irançois qui vont s'établir en telle province:, se trouvent ici ? j'ai voulu les voir causer avec eu~ et les K juger. Eh bien, ils ne connoissent pas x même leur propre Ëtnulle. Après m'être assuré qu'ils ne savent absolument rien sous tous les autres rapports je me suis avisé ? de leur demander si le iameu~rand.-mat- tre de Malte, qui n'est connu dans l'his- ?) toire que sous leur nom, étoitdeleuria- N mille. C'étoitune mauce de ma part; car, '? je savois bien qu'il n'en étoit pas. L'acné j) des deux, le seul qui m'ait fait quelque ré- x penses n'a pas su ce qui en ~st jelui dois N pourtant la justice d'avouer qu'il aau mpias 3) été honnête. Il n'a pas osé se targuer d'une 3) alliance aussi glorieuse et ;1 s'est borné à me dire qu'il n'ensavoit rien. Ai&si, yoiJÂ downloadModeText.vue.download 128 sur 380


1.24 )

deux jeunes gentilshommes nés et éîevés chez vous, qui n'en -savent et n~en sauront ? probablement jamais pas plus que vos àu- ciens chevaliers preux leurs ancêtres Màis~ ? monsieur, vos nobles d'aufretois qui se g!ori6bientdene passavoir écrire, n'étoienr Jguorans que comme leur siècie; îts n'étoient M pas corrompus Jevoisavecpemequevoua n'avez plus de noblesse en France: car 1. » qu'est-ce que la noblesse? en quc~ eonsistc- N t-'elle? Croyez-vous que ce soit dans une » nliation si souvent iautive, et toujours si x douteuse; ou dans des parchemins quero-u M petit'si aisément altérer ou iabriquer? Si la B noMesse ne tenoit qu'à de semblables map- » series, elle ne mériteroit aucune sorte de considération; les nobles ncSeroient qu'une M classe de charlatans privilégiés. La vraie T 3~ noblesse, monsieur, a un caractère tout » autrement respectable; caractère essentiel- » et qui tient à l'énergie et à l'élévation des 3) sentimens. Je maintiens donc que par-iout ?~ où ceux qui se disent nobles, n'ont pas les » sentimens généreux et mâles il n'y a plus » de noblesse; et c'est ce qu'en général je B suis porté à juger de la France. Mais pou- ? vez-vous me dire comment ~t pourquoi downloadModeText.vue.download 129 sur 380


[1~)

? .votre noblesse, autreiojs si renommée, a ainsi dégénéré ? Pour moi, je vous avoue » que j'en ai recherché la cause et je vais vous soumettre celle qui m'a paru, sinon N la seule, au moins la plus décisive. Je crois que ce qui a perdu la noblesse francoise, M c'est le système de Law. En effet, à la 'suite du bouleversement que ce système a pro- » duit dans presque toutes les grandes for- ? tunes, on a vu des hommes nouveaux et » inconnus jusqu'alors éclipser, par leur ? faste et bientôt par leur crédit, les familles B qui, pré cédemment a voient obtenu le plus ? d'égard et de considération. Peu à peu ces

? nouveaux parvenus ont possédé les terres,

» les titres, les honneurs et les charges. Les nobles, devenus pauvres, écartés humi- lies et presque oubliés, ont compris que » les richesses étoienttout; et il en est arrivé M que les sentimens n'ont plus eu aucune va~ a leur, et qu'on a cessé de les porter en N ligne de compte on a troqué ses titres contre de l'or tout a été vénal. Les mésal- x liances se sont multipliées à l'innni les N financiers sur-tout et les gens d'affaires, les entrepreneurs, les fournisseurs publics N n'ont songé qu'à piller davantage pour downloadModeText.vue.download 130 sur 380


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a acheter de plus illustres alliances tous les B rangs ont étéconibndus. Il n'y a donc plus ,'? eu de sentimens distinctits pour aucune classe. Le premier mobile par-tout et pour ? tous a Été l'argent, C'est-a-dtre, là chose qui N est ta plus opposée à l'élévation de rame) » et qume devient point un objet de cupidité B chez les hDHimës qui tieiinent au gpu.Yerne- & ment, q&'elîe ne produise ~n peu de temps )? la dégradation la plus générale, la côrrup- M tion la plus complète, et la ruiné enfin de toute 'une ration. 'Voilà, monsieur, les ? obligations que vous avez, selon moi., au. ? système deLaw~ et ta chaine des'Bvéne- & ïnëï)~, qui me semble jus tiEer ce que j~at ». dit d'abord, que vous n~avéz plus de DO" M Messe en France a.

Je ne parierai point ici d'une foule d'oF- Sciers irancois qui né véndient à Béï-nn que pour assister aux rëvue5d& l'année prus- sienne; niais il en est sur lesquels j'ai quel- ques anecdotes particulières à/citer. Dix-huit of&ciers ïrancois furentprésentég au roi en une seuleibis ~on leur avoitt'ien recoin- mandé d'être en nhHbrme coipple~t ~Frédéric ne pardonnant pas aux miHtaires la moindre négligence en ce qui tieirt au sery&e, et'në downloadModeText.vue.download 131 sur 380


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'voulant pas même la tolérer chez les étran- gers~ de crainte que leur exemple ne put inn~ter sur les opinions de son armée. L'un d'e'a.!x Bëanmcias un M. de R* f croyant être à Versâmes ne tmt compte des avis qu'an M dodna et parut 'es -bas de soie au lieu d'être en bottes selon son grade de maréehal-de-camp. L~ roi, en entrant dans la sàtle-d'a~drence,~): d'abord cette irrégu- larité viR~: à ~i, et lui demanda dans qnel régrmeitt il àvoit ~eirvi avant de passer à un srade sùpérreur. K Dans le reg'mreht de }) 'Gbàmpasne sire répondit le marécaal- dë-eaimp. < Ah, répUcraa le roi en Teca- Ianfdtmpa8,et en~ix~nt l'es yeux sur les jamoes dé l'o&cier K nocs coNnoissons le B proverbe :<%d:7îc 45~ ('moque) ~e B ~b7<~s~ et ,p~!a <enS!ït~ a-tix autres. Non<sëulem~nt ranëcdote devint praHIqae: <~t'bScterettt ~encore '!à ~ortiScatIon de ne 'pas êtTe sar'la 'Uste des oScLers supérieurs éh'aïig6M., t{~I.rent invitëB à dîner chez le roi.

En T/SS ,'v!ïït'a Berim M. deGoBSanSjha- -biRéenhtiseard, tpattrant par-tout son grand sshre et ayant ~n 'bonobe le très-tong tuyau d'une Ipipe~qui-aerabattoit dans une de ses downloadModeText.vue.download 132 sur 380


(~8] J

bottés. Comme le maréchal d'Armentières't son père, avait traité avec humanité et selon les principes de justice, les sujets du roi de Prusse, lorsque durant la. guerre de sept ans, il avoit commandé en Westphalie, Frédéric -permit à M. de Conflans de le suivre dans toutes ses revues, ordonna que par-tout il fût -invité à la table de ses généraux., et recom- manda que l'on eût toujours pour lui des égards particuliers. H arriva un soir en Sitésie, que vers la fin- dun souper où l'on n'avoit pas épargné te vin de Champagne j le général de Zeidiitz, qui, alors étoit sans contredit:, après Icagénéral de Zietten le premier- des .généraux de cavalerie prussiens dit à M; de Conuans <c Dites-moi, je 'vous prie, si vous ? êtes bien content de vos chevaux normands. ? – Très-content, monsieur, quand ~n sajt les choisir: ce sont) à mon avis, les pre- s miers chevaux de l'Europe pour la cavalerie. t) -– Cependantils m'ont paru avoir un grand deisfut durant la dernière guerre.–Et quel est ce déiaut, s'il vous plaît ? –- C'est qu'ils ? n'ont jamais voulu avancer 'en Allemagne. – Monsieur, je vous donne ma parole ? d'honneur que durant toute la dernière a guerre, je n'ai monté que des chevaux C normands, J downloadModeText.vue.download 133 sur 380


(~9;

III. Ï

s normands, et que je n'ai pas VU un seul: ? cheval aitemand qui n'ait recuié devant moi. » Aiu&r, vous avez irès-imd vu et au surptus H nous en ierous l'épreuve quand vous vou~ B drez je vous donne à cet égard tous les M défis convenables Le général Zeidlitz connoissoit les intentions du roi~ si bien que sentant qu'il avoit tort, itchercha'àse sauver à force dhonnetetës de protestations et d'assurances, qu'Ii n*avoit voulu que faire une plaisanterie entre camarades; de~uoi M.de Connans se contenta, en ajoutant néanmoins qu'il ne se prêtoit pas à toutes sortes de p)ai- santeries, er qu'il faHoit savoir en faire un choix. Sa ~rmeté lui valut de grandes poli- tesses de la part de tout le mon << pendant le Teste du voyage. Mais lorsqu'on fut de retour à Potzdatu ,it eut une attercatiou plus viv& encore avec M. d'Anhatt, alors premier aide' de-camp du roi. Tous deux étoient dans les appartemens de sa majesté à causer ensemble t lorsque M. d'Anhalt parla de Louis XV ea des termes si peu ménagés, que M. de CouSans reculant d'un pas, et portant la main à son sabre, luidit « Monsieur, vous savez qu'il est mon roi, et que j'ai Ihonneur de le servir » vous m'insultez donc, et je vous en demande downloadModeText.vue.download 134 sur 380


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« raison ».- H &llut que M. d'Anhalt lui iït- des excuses plus formelles que M. de Zeidiitz 'f attendu qu'il ne pouvoit se prévaloir ni du vin de Champagne, ni du prétexte de la plaisan- teries

Pour mieux peindre encore M. de ConËans t je rappellerai ici la réponse qu'il fit à une ce< lèbre et riche abbaye d'Allemagne, durant la guerre de sept ans. Comme alors il GOmman- doit la légion qui portoitscn nom et qu'it étoit habituellement aux postes avancés, il avoit souvent à protéger ceux qui levoient les contributions. Un jour qu'il étoit à cheval, onvintluiprésenterunebeIleTequête en beau latin, de la part de l'abbaye dont il s'agir, et tendant à obtenir une diminution de la taxe & laquelle cette abbaye avoit été condamnées M. de ConËans voyant du latin~, n'eut re- cours à personne pour en deviner le sens K Attendez, attendez, dit.UB; alors prenant un crayon, il écrit à la marge de la requête:

< ~MOT
payatis, rasibus vostras aMc~M~

ConS.ans M. Il remit ainsi la requête~ et fut très-bien entendu, car l'abbaye paya. Peu avant la guerre- de la succession de Bavière, deux officiers au service de France arrivèrent à Berlin, comme voyageurs, et downloadModeText.vue.download 135 sur 380


re~o ~T*~

m

restèrent sous divers prétextes jusqu'au mo- ment où Frédéric se mit en campagne fun de ces officiers étoit le vicomte Louis de Noailles; et l'autre, le baron de Rodes, ofE- cier dans les Gardes-Suisses.

M. Louis de Noailles se fit particulière~ ment remarquer par son adresse extraordi- naire en tout ce qui. tenoit aux exercices du corps: ilmtégalementbienvenu, à raison de ses qualités sociales le prince Henri fut un de ceux qui l'accueillirent le mieux. On fut assez surpris néanmoins de le voir, ainsi que le baron de Rodes partir avec les troupes~ pour aller faire campagne en qualité d'aides-de-camp volontaires de sa majesté. Mais leur service ne fut pas long: la cour de Vienne fit à ce sujet des plaintes si vives à la cour de Versaittes~, que ces mes- sieurs furentrappelés en France. M. deNoaiI- les, qui avoit servi et campé avec les gardes du corps, leur fit présent à son départ, de sa tente, de ses chevaux, et de tout son équi- page militaire; procédé noble, qui acheva de lui concilier tous les esprits.

J'ai également vu dans ce pays le duc de Lauzun, depuis malheureux duc de Biron mais il iut ou. ne parut être chez nous t downloadModeText.vue.download 136 sur 380


1~

qu'homme de plaisir etde ~en..t'y alVtt M. le marquis de .Bouille homme grave parlant peu., et ne cherchant point à &ire sensation dans le public.: il sembloit qu'il y fut venu pou-r anaîres politiques 4 carie toi: le vit plusieûTS'ibis, et nen parla ja- mais. J'y ai VU'bea.ucoup déjeunes seigneurs: qui à la En de leur éducation, paroissoient y venir Mre leur première entrée dans le monde il y en eut quelques-uns qui furent ires bien accueillis du ror, et snr-tont}M.Je comte de Cninon. pefit-Btsd!i maréchal de Richelieu, dont il porte aupurd'huîle nom, Un chevalier de saint Douis~ capitaine de grenadiers dans Un régiment trës-célëbre. étoit venu. & Berlin et avoit demandé du: service a Frédéric. Celui-ci, avant desta- tuer sur la demanda, avpit voulu causer aveo te demandeur~ qui ayant su combien lero: de Frassedefèstoit lé duc de Choiseut, javoit pris-le parti dédire beaucoup de mal d& .~on colonel, proche-parënt de ce duc. Il dit donc que îès în)ustices et les mauvais pM. .cédés de soBLchefnn tel, étoientr la~senle Cause~ourTaqnelîeil se détêrminoit à quitter te service d& France. A ce propos, :M ~eris d~vlïit ïpt mIHtaire et ~vêre.; K .Is downloadModeText.vue.download 137 sur 380


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N vois lui dit-il, que vous né serez jamais N un bon soldat vous ne connoissez pas ? la subordination or je veux dans mes ? armées une parfaite discipline vous ne & me convenez pas je n'ai pas besoin de ? vos services. » En disant-ces mots, il lui tourna le dos et monsieur le chevalier~re- vint jouer et faire des dettes à Berlin, tant qu'il put, ainsi qu'il l'avoit fait ~n France t car on ne tarda pas à savoir que c'étoit cette inconduite qui l'avoit mis dans la né- cessité de s'enfuir et de venir nous voir. D'autres voyageurs de marque me don- nent encore des souvenirs que l'on peut ré cueillir parce'qu'ils sont susceptibles de quel- que intérêt je nommerai entr'autres, le prince Adam Czertorisky, et l'éleetrice douai- rière de Saxe.

Le prince Adam Czertorisky vint au-prin- tems de i~6y voir les revues et manceuvres prussiennes il y vint en vrai seigneur po- lonois, et cousin d'Auguste. Son train étoit grand, et sa dépense magniSque, comme' devoit être celle d'un homme,qui avoit cent HïiHe ducats de revenus. Il étoit extraordi- nairement instruit: il parlôit avec une égale iaciSté, et eïïtendoit partaHem&nt bien, ou- downloadModeText.vue.download 138 sur 380


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ire le'grec et le latin le polonols le ~usse~ raUemand s 1'anglois te Irancois, et l'italien. On aperçut dans la visite qu'il Et de la Jbibliothequo publique, que non-seulement H coiinoissoit très-bien les ouvrages estimés dans quelque science on ~quelque genre de Kftératureque ce fut mais que jnême il en ~onnoissoit les diverses ou' principales jgd~ tions. C'est, disoit-on~ nn bibliothécaire 'sa- Tant et consommé. Plusieurs de ses domes- tiques~ laquais paIEceniers, ou coureurs ploient de pauvres gentiisnommes polonois~ q~nne-tQnoientqn~un seul privilège,, celui de ne recevoir des coups de canne pu. de Jbàton, que couches sur un matelas. Quand j'arrive dans mes Souvenirs, à une certaine classe d'hommes., Qu aune nation particuliere~on à quelqu'espëce de caractères eu d'actions~ aime à epuîsey en quelque sorte la matière, et à compléter le tableau avant de passer à un autre sujet. C'est ainst que je me détermine à rapporter ici un trait singulier d'un noble polonois, bien propr~à peindre non pas les Polonois eux-mêmes mais les hypocrites et les ames superstitieuses de quelque nation que ce soit.

ÏÏ y a près de quarante ans~ que feu M, downloadModeText.vue.download 139 sur 380


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-ehevalier de Solignac secrétaire et ami du roi Stanislas, duc de Lorraine, causant avec moi, ainsi que madame son épouse tous deux m'ont conjointement raconté et amrmé te fait qui suit. Prêts à partir de Paris pour retourner en Pologne lorsqu'après le ma- riage de Louis XV, la cour de France fit semblant de vouloir replacer Stanislas sur le trône qu'il avoit perdu leur hôtesse, qui tenoit rhôtel d'Espagne, rue du Colombier vint les conjurer d'interposer leur crédit en. Pologne, pour lui. faire payer la somme de dix mille francs que lui devoit un seigneur de ce pays-là, dont elle leur présenta le billet. Cette somme étoit due déjà. depuis long- temps, et cette pauvre femme n'en avoit jamais ri~n pu, obtenir à quelque moyen qu'elle eûi eu recours. Comme le débiteur étoit un seigneur très-connu, riche d'ailleurs,. madame de Solignac promit d'abord, de le déterminer à. s'acquitter. Cependant, pour, plus de sûreté, elle se fit donner. par l'hô- tesse et contre un revers valable qu'elle 1m ]?emit à son tour, une quittance en bonne forme au-bas de la créance, déclarant que- madame de Solignac, connoissant bien la- débiteu.c et SES. principes d'honneur et dEt- downloadModeText.vue.download 140 sur 380


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.probité avoit bien voulu acquitter la somnïs .totale et en accepter la délégation. On sait avec quel enthousiasme les Poionois revirent ~e bon Stanislas. Tous accoururent lui faire la cour; et ce tut au milieu delà R)ule, que .;madame de Soitgnac, apercevant son débi- teur apparent lui dit a Monsieur nous avons une petite anaire à régter entre noua deux. J'ai logé en dernier lieu à Paris l ja chez une brave femme à l'hôtel d'Espa- ? gne rue du Colombier. Comme cette M bonne femme a su que j'allois revenir dans M votre pays elle m'a montre une créance ? toute de votre main bien motivée et si- s gnée de vous portant la somme modique ? de d~x miltè francs. Ayant d'abord bien constaté ta légaMtp du bitlet, sachant coïn- bien les principes de justice d honneur et s de dética-tesse~vous sont chers., et voyant M que cette somme n'est qu'une bagateue en ? comparaison de votre fortune, j'ai été bien assurée que ce ne pouvoit être que fanf& Jt d'occasion et par oubli, que vous ne fa- ?) viez pas eucore soldée; de sorte que ne doutant pas que je ne vous obligeasse, en B vous fLc~htant les moyens de réparer !e ?' passé }aiNioi-niêm.epayé cette ~mme qui downloadModeText.vue.download 141 sur 380


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K avoit très-grand besoin de ses fonds. Ainsi, monsieur, c'est à moi que vous devez au- p jourd'hui ces dix mitle francs que vous » acquitterez quand il vous ptaira. M

Lenobtepolonoisfuid'abordinterditettrès- a~ité cependant il ne tarda pas à prendre son part!. «Ah madame, s'écria t-il,qu'avez-vous fait ? Ce que vous n)e faites l'honneur de »me dire, me met véritablement au déses- poir. -Et pourquoi, monsieur ? Vous me »paierez à votre eojnvenanee, e~t tout sera p dit. Fort bien -madame, si je le pou- vois mais cela m'est impossible. Im- B possible monsieur pour une petite ? sotnme – Eh ce n'est pas t~ëomme »qui fait la difficulté; c'est la conscience. – Comment la conscience vqusp'mpeGberoit a de payer une dette aussi légitime aussi sacrée ? Eh oui, madame il y va pour moi de la damnation éternelte. – Mon- N sieur, en vérité, je ne vous entends pas. » – C'est que vous ne save.z pas, madame = »que malheureusement, dans une circons- M tance imp' r'ante ~ai iait à Dieu un vœu z b?en solemnel de ne jamais payer les dettes M qui' a' rjient plus de.dix ans de'date. Or, ? ceUe'ci est du nombre. Vous savez ce que downloadModeText.vue.download 142 sur 380


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x c'est qu~un vœu. y peut-on jamais majt-* B quer? C'est d'après ces considérations que ? je vous prie de me juger et de me plaindre. ? Je suis désespéré que vous ayez acquitté M ce billet: mais mon voeu reste en son in- M tégrité, et m'impose une loi dont rien ne » peut me. faire départir. Madame de So- lignac eut beau dire et beau faire le noble Po- lonois restaËdèîeàsonvœu. Iln'yavoitpas à recourir- à la justice car la politique, et la position de Stanislas ne permette] ent pas d'empiloyer des moyens de rigueur, qut au-- roient pu indisposer bien des esprits. D'aU" leurs, ~mment recourir aux tribunaux con- tre les nobles dans un pays ouTon n'auroit pas trouvé un seul huissier qui osât présenter une assignation a un homme puissante dans- un pays encore où le noble qui' assassinoit ou iaisoit assassiner im roturier, en étoit quitte pour fournir le cercueil, et y placer le don d'un écu? Toute la législation delà Pologne étoit si absurde que l'on peut dire- que la société n'y avoit de réalité, que par l'esclavage chez les petits et--par les senti- mens chez- les grands. Sices derniers vou- loient se jouer des sentimëns il n'y avoi~ plus ni lien, ni barrière, ni &ein~ comme' on ra vu en quelques occasions. downloadModeText.vue.download 143 sur 380


(i39)

Ce fut vers iy6y que madame l'électrice douairière de Saxe, fille de feu l'empereur Charles VII vint à Berlin, par attachement pour le roi, et peut-être plus encore pour le prince Henri, toujours adoré des Saxons. Je n'aurai qu'une anecdote à rapporter sur cette visite.

On donna exraordinairement pour cette princesse, et au château, quelques spectacles françois et italiens. Je m'y trouvai à côté de M. Bitaubé. Dès qu'on leva la toile, nous vimes paroître sur la scène Thalie et Melpo- mène, qui nous débitèrent un dialogue ri- maillé le plus pitoyable qu'on puisse imagi- ner c'étoit à peine de la prose. Les deux dées- ses-s'annoncent l'une à l'antre l'arrivée d'une grande princesse, qu'il s'agit de ieter toutes deux s'exhortent à faire des miracles toutes deux avouent leur impuissance et. enEn s pour montrer au moins leur bonne volonté, elles se décident à produire les misérables histrions qui leur restent, et Thalie termine ce beau prologue en disant aux comédiens <ir Allons, puisqu'il le faut, avancez mes ? bâtards. M. Bitaubé à chaque vers me disoit assez haut K Dieu que cela est mau- vais mais cela est détestable Et }e lut downloadModeText.vue.download 144 sur 380


( f4o)

j-éppndpîs'que'jeie pensots comme;iui,jnais que je ne le dirois pas si haut. En eSet j to!i& ° ~ios voisins -l'entendoieut. Je _pardonne a Frédéric d'avoir fait en cette occasion~comme en ~tant d'autres de très-méchans vers 4 qtiH D'avott pas sans doute e~ le temps de corri- ge.r; mais lorsqu'on ajoutera qo.'iH es fit im- primer., etqu'U en adressa des copies à JMM. de VoMaire et d'Alembert~ je gémirai sur la &il;I~ssë Iiumaine~ etsi ~oji ajoute encore que dans les réponses de d'Atembert et.de Voltaire que j'eus occasion de voir les quatre pages suffisaient à peine pour .expri" mer leur admiration, et élever au-dessus d& tout ceftè pauvre rapsodie sur quoi ne gémirai je pas ? Je plaindrai tes grands et s'il leur arrive de iaire dessers jejme tien- drai pour bien cpnyamcu. qu'ils n'en feront point qu'on ne loue à l'excès, 1 Tout te monde a su dans ;le temps le Voyage que Didèrot fit en Russie. On prétendit que lui et non Timpératrice en 'avoit d'abord i&- moigné le désir qu'il avoit engagé le prince GaHt~ih, son ami et ministre de ~Russie à 0 Paris à parleràcette souyeralne~de rem' pressemënt avec lequel il iroit mettre à ses pieds l'hommage .de son adnm'atïon de sa* downloadModeText.vue.download 145 sur 380


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peconnoissanGe et de son dévouement; qu'elle avoit simplement répondu que si M. Di- derot laisolt le voyage de Saint-Pétersbourg, elle le verroit volontiers que là-dessus il étoit parti avec un autre prince russe qui avoit fait les frais du voyage que Diderot, 1, dès son arrivée avoit été fort bien reçu et défrayé de tout par l'impératrice qu'il amu- soit beaucoup par la iëcondité et la chaleur de son imagination par Fabondance et la singularité de ses idées, et par le zèle la hardiesse et l'éloquence, avec lesquels il prê- ehoit publiquement l'athéisme que néan- moins quelques vieux courtisans plus ex- périmentés et plus faciles à alarmer repré- sentèrent et persuadèrent à cette souveraine autocrate, que ce genre de prédication pour- roit avoir de fâcheuses suites à la cour sur- tout, où une nombreuse jeunesse, destinée aux premiers postes de l'empire, saisissoit cette doctrine avec plus d'avidité que d'exa- men que l'impératrice alors desirant que l'on pût imposer silence à Diderot sur ce chapitre, pourvu toutefois qu'elle ne parut y avoir aucune part, et qu'on n'y employât point l'autorité, on avoit un soir annoncé au philosophe Iraneois, qu'un philosophe downloadModeText.vue.download 146 sur 380


( ï42 ) 1 1.

russe, savant mathématicien et memurs distingué de l'académie oSroit de lui dé- montrer l'existence de Dieu, algébriquement et en pleine cour que Diderot, ayant té- moigné qu'il seroit bien aise d'entendre une démonstration semblable a Ia~ réalité de laquelle au surplus il ne croyoit guères on avoit pris jour et heure pour le satisfaire que le moment étant venu toute la cour présente, c'est-à-dire les hommes et sur- tout les jeunes gens le philosophe russe s'étoit approché gravement du philosophe &ançois et- lui avoit dit du ton de la con- viction j3fon~M?'j -== x; ~o~cD~M z

existé répondez. que Diderot voulant prouver la nullité etTineptie de cette" pré- tendue preuve, mais ressentant malgré lui, rembarras ou Fon est d'abord lorsqu'on dé- couvre chez les autres le dessein de nous louer navoit pu échapper aux plaisanteries dont on étoit prêt à l'assaillir que cette aventure lui en iaiaant craindre d'autres en- core, il avoit témoigné peu de temps après le désir de retourner en France. Sur quoi ~impératrice ayant déclaré vouloir-payer ses irais de voyage il en àvoit reçu cinquante mille R'anos~ et s'étoît mis en route et qu'eR- downloadModeText.vue.download 147 sur 380


(i43~ '1 ~r;o

~s~voltures'étantbriséedu côté de Riga, II avolt aussi reçu du gouverneur de cette ville les frais du raccommodage. Je n'assure la vé- rité d'aucun de ces faits je dis seulement que, dans le temps ils ont été débités et reçus comme vrais par les habitans du Nord. Ce qui m'engage à parler ici de ce voyage, c'est que Diderot ayant évité de passer par Berlin en allant et en revenant, Frédéric crut qu'il y avoit eu en cela de l'aSëctation, et que l'Europe n'y verroit que le dessein de ne pas le voir dessein qui ne pouvoit que l'oSënser sous tous les rapports. Il est assez naturel que l'apparence d'une pareille détermination ait réellement blessé le roi de Prusse; comme il est très-possible que Diderot en ait eu l'idée, sachant très-bien que ce monarque avoit très-fort désapprouvé dans la première édition de l'Encyclopédie, un passage où le philosophe francois après avoir loué la Salomon du Nord comme roi, coimne guer- rier j comme philosophe et comme .poète, finit en disant que c'est grand dommage que l'embouchure de cette belle flûte soit gâtée par les grains de sable du Brandebourg allusion qui en e6ët ne pouvoit que déplaire~ soit qu'on la rapportât aux taleus de la downloadModeText.vue.download 148 sur 380


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personne, soit qu'on la rapportât aux qualités ou défauts du sot des Etats prussiens; y Le roi tenant rancune à Diderot auibnd de l'âme, et sans vouloir s~en expHquer tropior-" ineHement ne manqua pas de ~attaquer in" directementia première fois que jp !evis après le retour de ce philosophe en France, a Il ~nen&us est-pas encore arrive monsieur a ïhe dit-it, K de confesser entre nous deux, combien h's philosophes de notre siècle sont mervemeux et.suMimeslAh! ne soyons- pas ingrats; disons qu'i~ n'y-sr M jamais rien eu de pareil C'est bien dom- x mage qu'ils ne soient pas un peu plus à a notre portée Ils sont trop élevés sana » doute pour pouvoir de la sphère ou. ils planentjdeacendre jusqu'à nous Mais c'est ? bien tant pis pour nous autres fbibles ? mortels, qui par-là même ne profitons N guères de leurs~ leçons-. Cependant mûn-< ? sieur, quand une heureuse étoi!e me iaif trouver quelqu'un de leurs admirables » ouvragés, ~e&is ce que )e puis pour en s pénétrer le sen& et en profiter; oh. je n'ai » rien à me reprocher à cet égard. Je mets à ? les étudier auf ~nt de courage et de persé- )) vérance que~e le puis. Si ~eïre réussis pas toujoHrSy downloadModeText.vue.download 149 sur 380


(i45) .ni% Tl ~t. i

ni. K a

? toujours i j'ai pourtant quelqaeibis des N succès qui me consolent. Un jour, par » exemple, je trouvai dans un ouvrage d'un des plus grands coryphées de la phitoso- M pbie moderne, cette pensée aussi profonde que neuve, que ~~r~ humain ne peut ? être saisi que par ZMz-i?ze?Me. Je soup~on- 3) nois bien qu'il y avoit quelque chose de M très-précieux sous ces paroles si simples B mais je ne pouvois pas pénétrer assez ? avant pour le découvrir. Mon esprit borne. ~n'y voyoit que du galimatias. ou une misé- M râblé absurdité. Heureusement la nature c m'a doué d'un caractère assez tenace moA amour-propre d'ailleurs étoit blessé, et une voix intérieure me disoit Q~o~ tu K ~ro~fer~y pas des trésors que l'on ~~c » ~o~r~F En.Ën, monsieur, ma constance a M été couronnée d'un heureux succès au. x moment que je m'y attendois le moins. Un M trait de lumière a subitement brilîé à mes »yeux j'ai compris que si l'on venoit nous N dire q~e la main droite peut saisir la main gauche, ou la gauche saisir la droite on ne diroit qu'une de ces vérités triviales M que les hommes dédaigneroient d'entendre »ou de répéter mais que si l'on nous an- downloadModeText.vue.download 150 sur 380


Tierce que la main. gauche.jte peut être saiste que par laL main gauche~ comme il ? n'y a que la droite qui puisse se saisir elle- même vous voyez bien. tout ce qu'il y a de neuf, de beau et de merveilleux dans M cettedêcouverte Convenez donc que ce j) sont de bien grands-hommes, que les phi- losophes de nos jours S'ils ne vous pa– j: roissent qu'entprtitiés; obscurs ou bpur- -M souiHés, croyez que c'est vous qui êtes

M trop petit pour aîteindre â~Ia hauteur de

ces rares génies, a-: II ne jugea pas à propos d~ parëculartser davantage ses sarcasmes mais coïïim~ la pensée qui en~etoit le sujet, étoit de Diderott ,il neme iut pas diSoiiè de deviner lereste. Le voyage de M. Diderot ~n Russie m'en rappelle deux autres qui n'ont pas été plus brittans. L'impératrice t qui- aimoit à cajoler les hommes célèbres, parce que cela relevoit ,sa propre renommée, avoit fait dire à M. de BuSbn, que ne~ pouvant pas espérer de îe voir, eHèidésiroit au moins avoir son buste, M. de~BTiSbn ie lui en:voya, et crut .taire merveiMe en chargeant son61s dé l'aller pré- senter. Tou& les gens de courra BonvellesTedi- downloadModeText.vue.download 151 sur 380


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& a

rent dans le temps que le jeune de BuSon avoit été fort bien reçu; mais qu'on avoit été peu satisfait de ses reparties et même de ses counoissances acquises; de sorte qu'il avoit été convenu à Pétersbourgj que des deux copies que M. de BuHbn avoit envoyéfs de sa personne c'étoit celle de marbre qui lui ressembloit le plus et valoit le mieux. Le fils revint par Berlin, et s'y arrêta quelques jours; il n'y fit aucune sensation. Le roi n'en parla point je ne sais même s'i! le vit,

Le second voyageur dont j'ai voulu parler, étoit M. de la Rivière, ancien intendant aux Hes et conseiller honoraire au.parlement de Paris, économiste très-célèbre j et auteur de l'ouvrage intitulé De l'Ordre Tï~Mr~ et <?.M<?/~e~ des ~ocz~e~) homme d'esprit et d'une fort bonne physionomie, très vif, et plus agréable encore à entendre qu'à lire. M. de là Rivière avoit fait la connoissance du prince Galitzinj ministre de Russie à Paris, peu avant l'époque où Catherine II, rivali- sant Frédéric II autant qu'elle le pouvoit résolut de donner un nouveau code à son -vaste empire. Mais comme d'ailleurs il lui étoit difficile de ne pas se méfier de ses pro- pres lumières sur des matières aussi impor- downloadModeText.vue.download 152 sur 380


r r A .1-1 Il

tantes er aussi étendues, quoiquelie ait su~* chargé de notes les exemplaires de l'Esprit des Lois de Montesquieu/et des Institutions de politique du baron de Bitfeld “ que l'on voyoit dans sa bibliothèque particulière ,eUe demanda au prince Gatitzin s'ilnepourroit pas lui procurer pour un temps, le -secours d'un homme vraiment supérieur et digne de confiance en ce genre de- connoissances !& prince proposa M. de la Rivière~ dont il fit un très-grand éloge: le marché Rtt conclu et. ratifié à condition que ce monsieur se ren- droit auprès de l'Impératrice, avant Pépoque pour laquelle elle avoit convoqué à Moscow~ les députés de toutes les provinces de l'em- pire.

Au momentde partir .madame deMor charmante et très-aimable damo~ Uée d'une ires-étroite amitié à M. de la Rivière, ne put se résoudre à le laisser courir seul les risques d'un si long voyage. Madame de la. Rivière ne montra pas moins d'intérêt pour la santé de son mari, qui, de son côté n'eut pas la force de résister à tant d'affection; de -.sorte qu'ils se mirent en route tous les trois ensemble. Arrivés à Berlin, où j'eus souvent Phon- downloadModeText.vue.download 153 sur 380


( ~49 )

neur de les voir, ils s'arrêtèrent plus d'un mois avant dese sentir le couragede s'enfoncer plus avant dans le nord. Cependant l'impéra- trice, qui n'avoit désiré de le voir que pour le consulter sur le projet de code qu'elle vouloit présenter aux États Russes s'impa- tientoit et prenoit de l'humeur. Le jour assi- gné pour l'ouverture de ces États étant enfin très-proche, elle partitpour Moscow avecson code, ibrma rassemblée à l'époque annoncée, et remit le volume aux députés. M. de la Ri- vière arriva à Saint-Pétersbourg sept ouhuit jours après le départ de l'impératrice il n'y trouva point d'ordres pour lui; et lorsqu'il témoigna le désir de se rendre promptement à Moscow, on lui répondit qu'il ne le pouvoit pas on manda son arrivée, et le retour du courrier n'apporta que l'ordre d'attendre où il étoit. Ce fut pour lui et ses dames un bon mois d'impatience et d'ennui, sans compter les réflexions tardives et les regrets super- Jlus. Pour se distraire, les dames obtinrent de M. de la Rivière qu'il les conduisît à un bal masqué dans une salle de spectacle ils y furent reconnus, et assez malhonnêtement attaqués par diverses personnes déguisées. La chose alla si loin, qu'ils n'eurent d'autre downloadModeText.vue.download 154 sur 380


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parti à prendre que de se retirer. Pour sur- croît de malheur, ils firent des recherches; ils crurent découvrir une trame ourdie par des personnes en crédit; et l'éclat avec lequel ils s'en plaignirent, accrut debeaucoup le nombre de leurs ennemis. Le retour de l'impératrice n~apporta aucun changement dans leur posi- tion aucun ordre, aucun appel, aucune invitation. M. de la Rivière se décida donc à demander ragrément de sa majesté pour quitter ses Etats, et revenir en France. Ce fut alors qu'il eut avec cette souveraine le sent entretien qu'il en ait obtenu. On voulut de part et d'autre s'y montrer avec dignité. Onne parla point du passé, on ne fit aucune plainte il n'y eutni reproche, ni regret. Il faut néan- moins convenir qu'en ce moment l'avantage resta tout entier à M. de la Rivière, comme on en jugera par le récit très-court de ce qui fut dit de part et d'autre. « Monsieur lui dit l'impératrice en venant à lui pourriez-vous ? m'indiquer le meilleur moyen debien gou- ? vernerun Etat? – Madame, il n'y en a ? qu'un, celui d'être juste, c'est-à-dire, de » maintenir Fordre, et de faire suivre les lois. ?.*– Mais sur quelle base convient-il d'ap- x puyerles loisd'un empire?–Iln-'y a qu'une downloadModeText.vue.download 155 sur 380


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base, madame,. la nature des choses et des ? hommes. Fort bien; mais quand on veut

c donner des lois à un peuple, quelles règles

)) peuvent plus sûrement indiquer celles qui N conviennent le mieux? – Donner ou faire des lois, madame ? c'est une tâche que Dieu H n'a laissée à personne. Eh qu'est-ce que l'homme pour se croire capable de dicter x des lois à des êtres qu'il ne connoît pas, ou qu'il connoît si mal ? Et de quel droit imposerojt-il des lois à des êtres que Dieu .): n'a point mis en sa main ? – A quoi ré- -t duisez vous donc la science du gpuver- » nement ? A bien étudier, à reconnoître < et à maintenir les lois que Dieu a si mani- ? festement gravées dana l'organisation même 3) des hommes., lorsqu'il leur a, donné, l'e- ? xistence. Vouloir aller plus loin seroit s un grand malheur et une entreprise ? destructive. – Monsieur, je suis biea aise de vous avoir entendu je vous souhaite le bon jour L'impératrice fut tellement surprise et comme troublée par les réponses que l'on vient de lire, qu'elle se hâta de rom- pre l'entretien, pour ne pas dévoiler son embarras aussi cet entretien ne lut-il suivi d'aucun, autre. On paya M. de la. RIviare downloadModeText.vue.download 156 sur 380


tl~)

suivant lés conditions faites- a Paris et il re- 'Vintplus vite qu'il n'étoit allé. Il ne s'arrêta que peu de jours à Berlin. Le roi parut éga- lement ignorer tout ce qui le concernoit cependant M. de la Rivière eut de longs en- tretiens avec le prince Henri, toujours très- curieux d'entendre ceux qui venoieni de Russie. On conçoit que ce n'étoit~pas en cette occasion entendre un homme fort content. M. de la Rivière se plaignoit hautement et avec énergie, et de la souveraine et de ses niinistres et du pays. J'ai été plus d'une fois étonné de la chaleur et de la franchise avec ~esqueUes.us'enexpliquoit. Un avocat Irancois nommé M. Bir* arriva p: Berlin dans les plus grandes chaleurs de- l'été, n'ayant d'autre but, en ce voyage, nous disoit-il que de voir le roLde Prusse. C'étoit un homme d'une originalité assez spirituelle pour amuser les autres. Iléfoitdans l'usage d'aller passer ses hivers à Marseille, et de courir les pays du nord en été~ A peine eut-il été huit jours à Berlin, qu'il se rendit à Potzdam, pour y remplir le principal objet de son voyage. De Potzdam il s'achemina vers Sans-Souci comme il étoit près d'y ar- river, il vit passer à côté de lui au petit downloadModeText.vue.download 157 sur 380


~~S3Î

galop un militaire qui avoit le cordon jaune, f c'est-à-dire, le grand ordre de l'aigle noir: cette dernière circonstance lui fit présumer que c'étoit un prince qui alloit dîner avec le roi; et dès-lors il ne balança pas à l'a- coster~ dans l'idée que ce !prince paurroit être utile à ses vues. <c Monseigneur, lui 3) dit-il, j'ose vous supplier de me rendre M un grand service. Je m'appelle Bir* M je suis François et avocat je viens de )) Paris exprès pour voir le grand Frédéric: ? je vous en conjure, monseigneur, procu- ? rez-moi le moyen de voir ce grand roi. Je vous promets M. Bir que j'y ferai ce que je pourrai: je ne vous ferai point » entrer dans les appartemens l'usage de 3) cette cour ne le permet pas mais je ta- 9: cherai d'y suppléer quand on fait une si longue route pour voir un roi, on mé- M rite bien de réussir vous n'avez qu'à me ? suivre. Le prince Frédéric-Auguste dé Bruswick, ( car c'étoit à lui que M. Bir s'étoitadressé~ ) le conduisit dans les cuisines du roi et en le présentant à M. Noël, chef de ces cuisines ou si l'on veut, maître-d'hô- tel de ~sa. majesté, il lui dit <e Monsieur ? Noël/voici un de vos compatriotes que downloadModeText.vue.download 158 sur 380


~)

» je vous recommande bien spécialement: c'est M. Bir avocat il vient de Pan% » tout exprès pour voir îe roi. Ayez-en ? soin, et iaites qu'il puisse satisfaire sa » tie curiosité, soit aujourd'hui, soit demain B en un mot, le plutôt qu'il vous sera. pos- » sible. Bonjour monsieur Bir* bon suc' ces.– Je ne puis rien vous promettre de N bien positif, dit Noël à M. Bir ~si le » roi sort, vous le verrez: s'il ne\sort pas ? vous reviendrez demain~ a A rinstant ar- rivèrent une quinzaine de recrues parmi îesquelles le roi. devoit en choisir deux ou. trois pour le .régiment de ses gardes. Noël plaça M. Bir derrière une colonne: le roidescendit., examina beaucoup les recrues .désigna ensuite celles qu'il choisissoit, etre- jnonta pour dîner de sorte que M. Bir le vit à son aise et l'examina lai-même aussJE attentivement que ce roi examinoit les nou- veaux: enrôlés. fc Buste admirable etvrar s ment royal, Bous disoit-il à sonTetour~ Mimais pauvre et misérable piédestal! Sa 30 tête et sa poitrine sont au-dessus des élo- ? ges; le train d'en bas au dessous de I& 3' critique. N.

Lorsqu'on fat ptêt à servir M. Bir s& downloadModeText.vue.download 159 sur 380


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mit sur la porte des cuisines et voutut goû- ter tous les plats. Il n'eut pas plutôt pris une cuillerée de la soupe, qui! s'écria K Corn- j)* ment diable monsieur Noël pouvez-vous ? épicer une soupe autant que cela? Est-ce que vous voulez brûler le sang à votre x maître ? Parbleu, répond Noël, on me la feroit avaler toute entière à moi seul, » si je Fépicols moins. M. BIr** porta l'attention jusqu'à compter les bouteilles de vin que l'on servit, et jusqu'à examiner en quel état on les rapporta il sut de même combien il y avoit de convives de sorte qu'il se fit une juste idée de la manière dont on dmoit chez le grand Frédéric.

Un autre voyageur bien plus connu dans le monde, M. l'abbé Raynal, me demande ici un article particulier; je le dois à sa célé- brité bien plus qu'à sa personne.

Peu avant la première édition de r.HM<oïrc Philosophique du Commerce des Européens dans les Indes, nous avions entrepris, à Ber- Jin, un journal littéraire. Ce journal, dédié~au roi étoit annoncé comme rédigé par une so-' çiété d'académiciens. Ceux qui y travailloient régulièrement étoient de Castillon le père et son 61s, Toussaint et moi; Suizer~ Merlan, downloadModeText.vue.download 160 sur 380


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Beausobre et quelques autres avoient aussi promis dé s'en occuper mais ifs tinrent assez mal leur parole aussi abandonnâmes nous cette entreprise après le vingt-septième vo- lume (nous donnions un volume par trimes- tre). Mes collaborateurs voulurent que je rendisse compte de l'ouvrage deFabbé Ray- ïial, lorsqu'il parut. Je le Es, après leur avoir vainement représenté que nous aurions ànous repentir d~en avoir parlé. Je savois que le roiavoitlu cetonvràge~ que tous les jours à son dîner, il en avoit parlé avec une sorte d'enthousiasme) jusqu'à ce qu'illut arrivé à l'apostrophe « 0 Frédéric tu fus roi guer- rier.Tu lus. etc. Sois plus. ? Tu livras tes-monnoies à des juifs tes Ënances a des brigands étrangers~ etc.H Je savois que le roi, dès le jour où ce passage étoit tombé sous ses yeux, n'avoit plus dit un mot ni du livre ni de l'auteur. Je fis néan- moins un premierextrait, qui parvint au roi, dans le volume du journal tittérair& de ce trimestre. Frédéric~ irrité de ce que l'on par- Joit de r.HM~oï7'e ~Mo~o~~Hs, inais ne voulant point s'expliquer sur ce point, écri- vit, non aux auteurs du journal, mais à son académie elle-même, une lettre sèche et se- downloadModeText.vue.download 161 sur 380


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\'ere ou., sans toucher à aucun détail, il or- donnoit de mettre plus de soin au journal que l'on pubuoit, et de faire en sorte que l'hon- neur de son. académie n'en fût compromis en rien. On vit alors que j'avois eu raison nous ne parlâmes plus ni de l'abbé Raynal, m de son livre et les volumes .suivans de notre journal furent accueillis de la manière la plus flatteuse et Is plus encourageante. Tandis que l'Histoire Philosophique de .l'abbé Raynai nous causoit~~ Berlin, le pe- tit chagrin que l'on vient de voir, die don- noit de bien plus grands soucis à l'auteur, en France le parlement de Paris eut l'air de se fâcher; le clergé clabauda et intrigua .l'abbé eut peur; il se sauva jusqu'à Gotha, où il fut très-bien reçu, mais où il s'atten- doir à recevoir, à chaque poste, la nouvelle de la saisie de ses revenus coup terrible qui, le frappoit au cœur bien plus vivement que tout le reste. Cependant, malgré l'accueil très-honorable de madame la duchesse de Saxe-Gotha, il ne.pouvoit se plaire en cette cour, qui ne lui oBToit qu'un théâtre beau- coup trop petit pour un mérite tel que le -sien. Son ambition, le desir d'une plus grande ~éiébrité, son propre intérêt, et la pensée downloadModeText.vue.download 162 sur 380


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que les honneurs qu'il recevroit à la courd tUt roi philosophe, auroient, jusque sur Paris et Versailles un reflet brIHant qui en impose- roit à ses ennemis tout ramenoit ses rêve- ries vers BerUn ~lorsque la princesse d'Ach- koa' passa par Go&a, et s'y arrêta quelques Mars, en revenant de Paris avec son :n!s. Cette princesse étoit furieuse contre la France et les Français; car raventure morfinante qu'eUe'avoit essuyée aux Tuiteriesëtoit* en- core toute iraîche, et n'étoit pas de nature & s'oubRerde.si~t, sur-tout chezune personne aussi fière aussi hautaine et aussi ardente queue dans toutes ses passions. Cette prin- cesse, forte comme un homme, marchant tou- jours à grands pas, la tête haute, et nonbelle, le regard hardi et impérieux se promenant aux Tuileries par un beau jour, ou pïuto.t s'y étant assise, quelqu'un dit en passant à-son ami « Tiens, voilà la princesse russe » qui a fait mourir Pierre 111, c'est-à-dire, ? qui Fa fait étrangler, après l'avoir voulu aire empoisonner- avoir prépare le ?o~' K son elle-même~ et avoir poursuivi les pages et les esclaves répëëRamboyante& la main, x pour les forcer de faire avaler la potion Ia.- )) taie à lecr maître. downloadModeText.vue.download 163 sur 380


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Ces diverses circonstances étoient la phi- part fausses; mais le public enFrance~ iesrsr- gardoit alors comme vraies. On pense bien que ce qui en fat-dit par ce promeneur, passade bouche en bouche dans toute la grande allée; et que tout le monde eutbientôt formé un cercle ibrt épais autour de la princesse, qui, à la iin, en fut elle-même déconcertée. Parmi ceux qui la serroie]ift de plus près, se trouva un chevalier de Saint-Louis bel homme, mais joignant à l'air d'un homme bien né j une physionomie mi peu austère. Ce fut à lui qu'elle ~'adressa pour avoir raison de cet attrou- pement. f Monsieur, lui dit-elle, qu'avez- ?. vous don étant à me considérer?–Ma- !) dame, je vous demande bien pardon; mais je vous regarde, et ne vous considère pas.a A';ee mot elte se lève en foreur, fend la presse se rend chez elle, demande des che- vaux, et arrive Gotha.

M. l'abbé Raynal, dans la position où il éioit, n'eut pas grande peine à pardonner à

madame d~AcbkoS'j la mauvaise humeur

qu'eUe manifestoit contre la France, ayant d'ailleurs dessein de profiter de son arrivée pour se faire voiturer plus loin. En effet, H sut si bien faire sa cour, que madame lui downloadModeText.vue.download 164 sur 380


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oBrit une place dans sa voiture; et il s'empressa de l'accepter pour jusque Berlin, oui! disoit être attendu, et d'où il promit à madame la duchesse de Gotha de revenir-sous peu. de mois.

En entrant à Berlin la princesse envoya demander comment se portoit le prince Dol- gorouky, ministre de Russie en Prusse; et ce prince j à son tour, alla .Faire une visite & sa compatriote j et la pria à dîner pour le ~endemain/avsc son fils et son compagnon de voyage. Il envoya en même temps prier, pour lemêmerepas MM. de Lagrange,Tor- mey,M~rianetmoi.

Dès le début;, M. l'abbé KaynaLqui, pour se donner plus d'importance dans le monde) avoit fait annoncer dansée plus de journaux et de gazettes ..qu'il avoit pu, le prix~qu'H venoit de proposer sur la questioîi de savoir si !a découverte de l'Amérique avoit été plus ~utile ou plus nuisible à l'Europe;, se hâta de .mous en parier~ en nous invitant à y concourir et en nous assurant qu'il n'y avoit pas de sujet plus digne d'occuper les sàvans et les philo- sophes mais H lut un peu. embarrasse de l'air d'indiSerence avec lequel on reçut ~son invitation. Personne ne luiTépondIt, 'excepté Merlan, downloadModeText.vue.download 165 sur 380


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in. L

B~érian, qui dit là-dessus un moi bu 'deux avec plus de courtoisie que d'intérêt. Lors< qu'on fut à table, madame la princesse d'Ach- koS, s'adressant à l'abbé, présenta l'affaire de Genève alors assiégé par les Suisses, les Sardes et les Français, comme une opération fine de M. de Vergennes qui se termineroit sans doute par faire de ce pays, une province de France. M, M. Raynal, qui ne vouloit pas aller en Russie et qui n'avoit plus besoin de la princesse, redevint patriote et homme franc. ce Madame;, lui dit-il, le territoire de Genève contient à peiné deux lieues de » rayon et vous savez bien que nos pro- .)) vinces sont d'un autre calibre. Si vous m objectez que GenêTeestrIche~jerépon- M drai qu'elle n'est riche que par la contre- bamde,. jet l'avantage de toucher à nos fron~ x tières. Si nous l'enclavions dans la France, !a contrebande et les richesses iroient plus » loin; bientôt Genève ne seroit plus qu'un N viMage. Et pouvez-vous penser, madame, N que pour une pareille bicoque (car Ge- nêve ne seroit que cela dans dix ans d'ici) ') M. de Vergennes feroit les frais dune in- j) trigue aussi entortillée, et voudrait ainsi compromettre sa réputation d'intégrité, et downloadModeText.vue.download 166 sur 380


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w anéantir; pour toujours les titrés qui a &c" M -quis à l'estime et à la confiance de tous les -cabinets de l'Europe? Soyez bien assurée M qu'il sait mieux calculer que cela .et que cette politique mesquine &usse,peuhon- K nête et ruineuse, n'est pas la siennes Lapauvreprincessejeta.surlacom~gnï~ un regard inquiet et troublé, qui déceloit son embarras sa confusion~, et mêmesa surprise. On voyoit, non-seulement qnelie navoit rien. à répondre. mais qu'eUen étroit pas.accoutu- mée se voir repo~ssée avec cette fermeté sur-toutpar l'abbé B-aynal; aussi. passa-t-eUe brusquement à un autre objet, en s'adressant &M; de Lagrange mon voisin. K Monsieur ~de Lagrange, lui dit elle, vous connoissez: sans doute le père Jacquier? – Je ne rai jamais vu, madame, et n'ai jamais eu: ? aucune correspondance avec lui.–Mais, monsieur, c'est un homme d'un grand me- rite, dans la partie des mathématiques, –C'est, madame, un de ceux qui ont le 3) plus écrit; il a. je crois, une soixantaine de volumes et comme j'en ai parcouru un ~certain nombre,ie puis dire qu'en générât » son style est bon. et qu'il peut avoir été et p ~tra encore &rtutiie ~jeunesse; II a bien. downloadModeText.vue.download 167 sur 380


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saisi et bien présenté la doctrine des autres~ Certainement, monsieur, c'est un Tiomme i& d'esprit et un homme aimable mais., de M plus, il est bien reconnu pour un des pre- ?) miers géomètres de ce siècle “ et pour un ?) homme de génie. Le père Jacquier ira à » la postérité.–Ses talens auroient pti l'y conduire, madame mais les matbéma- » ticiens n'y vont point par le nombre des volumes. Celui qui compte le p!us de volumes ? ne peut pas se flatter d'être encore cité vingt ans après sa mort s'il n'a fait aucune N découverte; et c'est malheureusement la » position où. se trouve le père Jacquier; 9) au lieu qu'un homme qui n'auroit laissé j » après lui, qu'un bout de papier grand M comme la main, iroit avec gloire, à la pos- ? téritë la plus reeotée, si ce chiSbn présen- ioit une grande et admirable découverte .t comme l'une des lois de Képler. Alors madame la princesse russe-, amie de Ca" therine II, et établie directeur de l'académie impériale des sciences, Œ~s:n~r~&oM/-o- battue devant Genève par Y~bbé Raynal et au sujet du père Jacquier, par M. de La~ grange j prit le parti d'abandonner les sciences et la politique: on parla de choses indiné- downloadModeText.vue.download 168 sur 380


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rentes,et. après le café, chacun disparut ds Noncoté. s

Des le lendemain de ce dîner, M. le cheva- lier de Gaussent secrétaire de la légation de France, et alors chargéd.'anaires en l'absence du ministre marquis de Fons-Saiht-Maurice vint demander à dîner à-M. dé la Haye de Launay, administrateur'générâl des droits du roi. K Monsieur, dit-il à M. de Launay i ?) je vous annonce là visite deM.rabbeR.ay- M nal, pour l'un de ces jours il ~st venu ce ? matin me voir, et a déjeune chez mor; comme nous n'étions que nous deux, je n'ai point fait difficulté de lui parler à cceQraiP. ? vert. Je lui ai demandé s'il vous verroit? –. N Certainement, m'a-t-il répondu c'estbien M une des maisons que je compte E-équenter le plus. Mais M. l'abbé, c'pst pourtant M le chei'dcs 3r~ ~ra~eM à. qui vous » accusez Prédéricd'avoir conSé ses Snanc~s ? M –Cela est vrai j'avois eu de faux rën~ t 9) seignemens aujourd'hui~ jj& sui~ bien~dé~- n) trompé à cet égard jasais que M. deLau-~ nay est un très-digne et très-galant homme; )3 et je me ferai un vrai plaisir de cultiver sa connoissance~– Fort bien, M. l'abbé mais M puisque vous avez été entièrement dé-~ ~ronip~ depuis, dites-moi comment vous downloadModeText.vue.download 169 sur 380


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y n'avez pas supprime cette calomnie dans la seconde édition? J'ai eu vingt fois la M plume à la main pour changer ce passage, M et cependant ~'ai fini par le laisser tel qu'il & est, parce que j'ai craint qu'on ne me soup- connât de lâcheté. – Ah! M. l'abbé, voilà M donc ce que c'est que les philosophes 11s' M SM~ISeBit la vérité et la justice a un simple intérêt personnel En ce cas j qu'est-ce M donc que leur courage ? Avouez qu'en res- B pédant beaucoup la philosophie, nous ferons fort bien d'attendre que nous en s connot&sions mieux les apôtres pour les ap- 'pirécier N. Nous applaudîmes tous à la ~Mienise du chevalier; et du reste M. de Lannay, conformément à son caractère bien- teiMamt, décida que si FaMté se présentoit, t" il seroit reçu poliment, à condition toutefois epl'il ne parleroit pas de son livre. II ne tarda pas à tenir sa parole. Deux jours après, noas l'eûmes pour convive un motif particulier ~om'tribuoit à cet empressement. ~jM. l'abbé songeoit à s'établir à Berlin d'une mMuère peu eo~teu&e j agréable, et propre à lm donner quelque relief. Il nous amnonest .qu'il desiroit trouver une maison honnête ou. .on pût lui céder deux chambres et un coitt p~urnB<d<Mnpsj:tqTM, joutant qu il pay croit 1~ downloadModeText.vue.download 170 sur 380


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jEooitiêdes dépenses du ménage, ne se-réser-- Tant que là faculté d'amener quelques amis à dîner quand l'occasion s'en présenteroit. Comme personne ne répondit à cette annonce faite en général, il se détermina à FoSrir par- ticullèrementà chacun de nous. Je fus le pre- ïnier à qui il s'adressa et ma réponse fut que logé par le roi, je n'avois que ce qu'il falloit pour ma famille, de sorte qu'il m'étoit impos- sible de profiter de ses oSres.

Il passa ensuite a M More!, alors directeur des finances dé-là à M. Sapt, et à je ne sais. combien d'autres personnes, qui trouvèrent, Ç également moyen de Fécarter. H n'y eut que le brave et digne M. Tassaerf, sculpteur do. roi, qui voyant son embarras lui dit avec §a bonhomie ordinaire « Ma/maison n'est pas bien grande, mais elle est à moi, et N n'est occupée que par moi outr&te princi- ? pal appartement que j'occupe avec.m?- ? femme et mes emans il y en a un autre da trois pièces, placé au-dessus de mon ate-~ x lier; il est assez agréable et tout meublé; x s'il peut vous convenir, vous êtes lemaitre M de le prendre au moins jusqu'à ce que 3) vous trouviez mieux. Quant à la dépens&, vous verrez quelle est ma mamèrede vivre; MsivQUSvou.sencontenteX) )'enseFaj&$t downloadModeText.vue.download 171 sur 380


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a aise; mais je n'y changerai et n~r ajouteras rien. Ainsi, il n'y aura point de marché fait entre nous; je n'accepterai rien, et vous N n'inviterezpersonne àma table, parce qu'elle n'est pas assez bonne pour être onerte~ et j) parce que vos convives nous gêneroient, M et pourroient ne pas être admissibles entre N ma femme et mes Elles ». M. Fabbé en- chanté de la proposition, alla voir l'apparte- ment, en fat très-satisfait, ainsique de la table de M. Tassaert, et s'y installa pour tout le temps qu'il resta parmi nous. Il fit plus il sol- licita M. Tassaert de faire son buste en mar- bre pour être placé dans une île du lac de Zu- rich, et faire ainsi partie d'un monument qu'il yvouloit élever enl'honneurdeGuiUaumeTelL Quand le -buste fut fait, il en demanda des copies en plâtre pour ses parens et le bon M. Tassaert fournit marbre, plâtre et travail, et se chargea encore des emballages et de l'expéditioB. Pour bien marquer sa re– connoissance, M. l'abbé- voulut ajouter une aile à la maisotn de M. Tassaert; il fit venir des architectes; on sonda le terrain; on fit le- plan et le devis il falloit y mettre les ouvriers tout de suite, afin que M. l'abbé en revenant. de placer son monument à Zurich trouvât. son appartement tout prêt. Mais ici, Tasaae:~ downloadModeText.vue.download 172 sur 380


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qui commcncoit à le deviner, l'arrêta, ~J& ne voue ai point demanda cette aile~. dont N je n'ai pas besoin, lui dit-il; vous avez tout prépare en mon nom, et ce secoit me laire faire un rôle de fanfaron que je n*aîm~-pa5~ » que d'avoir ainsi ainché une entreprise qui ? ensuite n'auroit pas lieu. Jcneyouspâr'- » donnerois pas de m'avoir donné ce ridicule. Au surpins je vous déclare que je neper- » mettrai pas l'emploi d'un seul ouvrier, jque l'argent ne soit arrivé pour le payer M. Gette sorte d'arrêt, prononcé par Tassaert, fit tout suspendra maigre les plus belles protestations du monde, d'autant plus qu'il n'étoit pDint venu et ne devoit point venir d'argenté M. l'abbé, qui craignoit la saisie dsses re- venus, ne songeant qu~â se ménager des res- sources pour l'avenir; et Ini-même ayant bien yésotu en secret de ne point revenir de son. voyage en Suisse. Aussi, Tassaert n'a-t-il, ~a- mais entendu nommer l'abbé Raynal depuis cette époque, sans dire <c C'est un hâbleur et' un gascon, n'ayant que de l'eSronterie et s de la jactance N.

Lorsque l'abbe Raynal entra chez M. Tas' saeri, son premier soin &t de pubHfr p ar-tout qu'il étbit parfaitement bien chez son ami, et qu'il y occupoitunpetitappartemeRt anss;bie~ downloadModeText.vue.download 173 sur 380


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arrange que bien exposé. Il voulut m~me y donner des déjeuners. H en donna deux, et la( princesse Ferdinand vint au second. <f- MoBsieur, dit-elle à FabM, je vais passer N l'été à Frédérics-Feld, qui n'est qu'à peu M'de lieues de Berlin. Si vous avez envie de s m'y venir voir, je vous y recevrai avee & plaisir je vais vous y faire marquer un M appartement)). Dès-lors, il ne iut plus question que du château de Frédérics~-FeId? rabbé disoit à tout ie monde qu~ la princesse lui avoit fait promettre d'y passer la belle sài~n; qu'il ne pouvoit pas s'en dispensera des invitations de cette sorte étant des ordres absolus et en eSët, iî tarda peu à s'y rendre.~ J'y ai diné une fois avec lui, le prince Fer- dinand ayant daigné quelquefois nt'y app~er.' On ne doute pas que i'abbé n'ait mis tous ses soins à se rendre agréable à cette Cour~ ci sur-tout à cette princesse, qui réunit beau- coup d'esprit à beaucoup d'amabilité maia~ l'excès de son zete îui fut nuisible. Its~atta- choit principalement à ne laisser jamais ~&ri~ oanversation; II-y gagnoit le plaisir de parler beaucoup plaisir auquel on'sait qu'il a toujours été fort sensible. II y gagnoit celui dp. contcr beaucoup ~'anecdotes et l'o& sait combien il croyoit y exceller. Mais il lui arriva downloadModeText.vue.download 174 sur 380


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ce qui n est que trop ordinaire aux vieillards~ et même à ceux qu~s'en doutent le moins, je yeux.djre lemalheurde se répéter toujours des histoires, celadevenoitun peu monotone et pouvoit ennuyer à la longue. Gombienlea~ redites ne dévoient. elles pas fatiguer sur-tout de la part d'un homme impérieux, qui ne permettoit pas les plus légères distractions à ses auditeurs ? Voilà où le zèle de l'abbé ~int échouer. La princesse ayant résolu de le cor- riger ou de le punir, lui dit un jour, vers la fin du d~ner, et après .qu'il eut beaucoup conté <r M. l'abbé, jesuis trop Iranchement ? de vos amies pour vous laisser ignorer que ? l'on vous joue chez moi un tour perfide.– Comment, madame, et quel tour peut-on. M me jouer? – Un tour dont vous ne vous doutez pas, et qui peut vous nuire. –.Tif: x qui donc~ madame, auroit concuce dessein?; M –Mon chambellan, le comte de ~éaltqus -vous voyez-la. –~Lui, madame ? Et que îui ai-je fait? Que peut il me faire?–Mon ch-er M abbé, je vais vous dire ce qu'il fait Tous ? les jours après dîner, lorsque vous avez, ? eu la complaisance dé nous apprendre quel- N ques-unes de ces précieuses anecdotes~ en. » quoi personne n'est au~si riche que vons~ downloadModeText.vue.download 175 sur 380


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il n'a rien de plus pressé que d'aller seren" s fermer chez lui, et dëtOopier tout ce que vous avez dît. Il en a déjà un recueil très- » volumineux, où l'on trouve non-seulement ? les histoires, mais la date des jours où a vous nous les avez contées et lorsqu'it vous arrive, mon cher abbé, ce que la ibiblesse de la nature humaine ne nous per- met guère d'éviter; lorsqu'en un mot, il N vous arrive devous répéter, il va mettre à. la marge de son cahier les mots bis, ter, tel ~OMr et avec les variantes quand il y en a. ? Vous voyez combien cela peut vous com- » promettre, pour moi, dès que j'en ai été M instruite, )"ai senti qu'il é toit de mon devoir B de vous le dire, quoique d'ailleurs je n'aye »point à me plaindre de mon chambellan N. L'abbé comprit tout ce que ce persimage ren- fermoit de sérieux; et il ne lui fallut plus qu'un motif plausible pour revenir chez M. Tas- saert, motif qu'il trouva dans la nécessité de faire les préparatnsdeson voyage en Suisse. Ce que j'appelle ses préparatifs, se rédui- soit à deux points l'un de tâcher d'avoir au. moins une entrevue avec le roi; et l'autre, de chercher les moyens de faire sa route à peu. de frais. Mais comment obtenir le pre-miec downloadModeText.vue.download 176 sur 380


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jpomt", et comment pour le second espérer de? rencontrer une princesse d'AGMoS'? Partie de Berl!n sans avoir vu le roi de Prusse o'étoit perdre tout te Irait de son voyage; ~étoit n'avoir à remporter que la plus hon< teuse Ëumiliaiion. Aussi que n a voit-il pas fait pour éviter <;eiualheur S'il avait tant cherche à se former quelques liaisons avec des prin– cesses des hommes en place, et Blême avee~ éeux qui entou-roient leroi, pétait principa-" ïement pour se frayer une route 'jusqu'à lui et en eSët, on a voit souvent pàïie de hn Frédéric, qui a avoit jamais rien repondu. Ce monarque, qui savoit si'MeB! que set abhé etoif~BerHu, y étoitYenu plusieurs fois, et Ee Favoit point &? ~ppé~r. Ë/abbé étoit atf désespoir~ et ses amis se voyoient~oup à aucune ressource, lorsqu'on lui conseilla d'aller voir Fotzdam. «L'oSieier de garde, lui B dit-on .portera le soîr votre Nom etvo~re adresse au roi; etsî celut-cij&'estpasma- &la4&<tu de mauvaise ÏlUBieur, ilyousfera s appeler oji bien vous pouvez <M)mpter qu'it s a résolu de ne vous voir jamais L'abM suivit ce conseil dans un~ grande anxiété y N:aM enfin ~i~ fut appelé. « M. l'abbé, Ici dit lé roi., asseyons-nous~ non~ sosiBies vieB3E downloadModeText.vue.download 177 sur 380


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i!) l'un et loutre il y a. long-temps, bien Iong« H temps quejevôus connois de nom. J'ai lu, M il y a de longues années j et je m'en souviens bien, votre histoire du Sfathoudérat, et M votre histoire du Parlement d'Angleterre. –Sire, dit l'abbé, )'ai fait des ouvrages plus ïmportans depuis. Je ne les coMnoz~ pas N. Cette réplique fut vive comme l'éclair et elle eut le degré de fermeté néces- saire pour faire comprendre à l'abbé, qu'il né falloit pas parler de ces autres ouvrages plus importans. <: Mais votre histoire du Stathou." z dérat et votre histoire du Parlement d'An- o) gleterre, je les connois bien ». L'abbé eut beau faire, le roi ne sortit pas delà; et ce'fut toute la vengeance qu'il voulut tirer de la. maudite apostrophe 0 ~~erzCj etc. L'abbé fut appelé une seconde fois, le roi ~tant curieuxdele laisser parler pour le mieux juger. Ici, il ne futplus question des ouvrages importans de l'abbé. Je n'en ai pas su davantage sur les détails de ce second entretien, jusqu'à ce que nous ayons vu dans la correspondance de Frédéric avec d~AIembert, la lettre où il dit J'ai vu votre abbé Raynal; il parle ~HcoH~. Ces deux entretiens je le répète, iSont les seuls que l'abbé ait obtenus et tel downloadModeText.vue.download 178 sur 380


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est le fond sur lequel, revenu en Pranee,. 9 tl disoit à tout le monde <c Je voyois 1~ » roi de Prusse tous les jours; il me con- M sultoitsurses anàiresles plus secrètes/été Revenu à Berlin, il apprit que le neveu de M, de Launay alloit revenir en France €tu songea, à s'en faire un guide. <c Vous retournez à Paria dit-on. – Oui monsieur l'abbé le roi de Prusse rogue les écus qu'il me donne; il les réduit à. trois livres et à ce prix, j'aime mieux M ceux de mon pays. –Vous avez une voi- N ture ? – J'ai une fort bonne viennoise, avec laquelle je ferai ma route.–Vous ? gardez- votre domestiquer -Non je ns 9; garde que mon chien. Je me ferai servir pour mon argent, ou bien ]& me servira; ~) moi-même. – Mais il iaut un domestique 3< pour une si longue route. -– J'aurai les postillons et les gens d'auberge. Je n'em-t mènerai point mon domestique qui est x marié, et je ne prendrai point un inconnu.. s ~– Ainsi vous avez place pour un compas Te gnon de voyage ? – Oui, monsieur Fabbé~ N la. voulez-vous ? – Je l'accepterai volon-* tiers pourvu que vous consentiez à'pas-' a ser par la Suisse, Vous êtes jeune ~.iUau~ downloadModeText.vue.download 179 sur 380


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ix voir la Suisse ce ne sera pas un grand M détour. – Monsieur je sais assez de géographie pour ne pas ignorer de com- Lien Baie, Berne et Lausanne sont éloignés du chemin qui conduit de Berlin à Paris )) mais puisque je suis maître de mon a temps, je verrai volontiers la Suisse, sur- tout en votre compagnie. Eh bien,quand » partez-vous ? Je partirai dans une di- xaine de jours mais quels arrangemens ferons-nous ensemble pour ce voyage ? 2 C'est un article qu'il faut régler d'avance. » C'est à vous à me dire vos conditions, puisque vous fournissez la voiture. En » ce cas, monsieur l'abbé voici celles qui » me semblent les plus raisonnables 1°. Tout » se paiera par moitié entre nous deux, pos- » tes, auberges etc., excepté pourtant les » pour boire extraordinaires des Elles car, w monsieur l'abbé si vous avez intention M de leur en donner, vous les prendrez dans votre bourse particulière. Je ne veux y p entrer pour rien. Ah jeune homme vous plaisantez. 2°. Monsieur Fabbé ? je vous laisse le choix de payer chacun }) notre moitié par-tout, ou de faire pour cela une bourse commune avant de partir. downloadModeText.vue.download 180 sur 380


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x –' Oh il ne faut qu'un payant, – J'y e consens et pour- cela, je vous oSfë, y. dg » vous charger de la bourse, vous pro- » mettant de ne vous demander compté de x rien, ou bien de m'en charger, sous la » clause aussi que je n'aurai point de compte » à rendre. -–Vous êtes le plus jeune; ainsi » c'est à vous à tenir la bourse. – Il né Mste s donc plus monsieur l'abbé qu'à dëcideF 3) combien chacun de nous y mettra avant de x partir j'imagine que nous pouvons bips 3~ porter cette mise de tonds à soixante du-t ? cats chacun sauf à rafraîchir en route ~'it » en estbesoin. ~–Vous êtes homme dé pré~ caution, à c&'qu'il paroît. – Monsieur t tes; ? philosophes savent beaucoup de choses que je puis Ignorer mais il en est une qu& » ces messieurs peuvent mépriser, et qu'it .x est de notre devoir de bien savoir~ à nous ? qui sommes~gens de Snances c'est de; savoir compter. Avouez que vous miesti- M meriez peu si je ne le savois pas. Nous N irons ensemble a irais communs jusqu'à s Lausanne ou je vous quitterai pour ga– ?) gner GeKève, Lyon et Paris. N'est-ce pas: M ainsi que vous Fentendez ? Fort bien ;r voiH~tunarchéiait.).'

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w. a.v4111\ M

Quelques jours après, l'abbé apporta soî-~ Xante écus. cc Voilà un premier à-compte a lui dit M. de Lahaye <c encore deux fois ? autant, et nous partons. Le surplus des soixante ducats fut remis au moment du départ. Nos deux voyageurs faillirent déjà se brouiller à Salmunster distant de six lieues de Berlin quelques amis avoient reconduit M. de Lahaye jusque-là. Avant de se quitter il fallut déjeûner et M. l'abbé se fâcha de ce qu'on lui fàisoit perdre son temps. Cepen- dant, comme il vit qu'on ne l'écoutoit pas il prit le parti de marcher en avant, au lieu d'accepter la dédit que son ton d'humeur lui avoit fait proposer. Une chose donnoit une vive curiosité à son jeune compagnon c'est que cet abbé avoit avec lui un gros volume, espèce de bloc fort épais semblable à un dictionnaire d'écolier, on à certains grands bréviaires et qu'il meftoit un soin très- attentif à ne jamais s'en séparer il l'avoit toujours sous le bras soit en montant en voiture~ soit en entrant dans les auberges. K Est-ce que cet abbé diroit son bréviaire? a ~e disoit M. de Lahayeen lui-même. <cEt8i ?t ce n'est pas un bréviaire, qu'est-ce que » c'est pour mériter tant de soin, et former downloadModeText.vue.download 182 sur 380


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? l'objet d'un si grand mystère ? Ne saurM- je pas ennu ce que c'est? II attendoiE un moment d'oubli depuis plusieurs jours 1 lorsqu'un matin Pabbé lui dit: «Voilà devant t ? nous une côte toute de sable que lepos" s tillon ne montera qu& pas lents mettons~ nous à pied et gagnons de rappétit. –- » Volontiers inonsiear, marchons. MA cps_ mots~ l'abbé saute en bas de la voiture i. M. deLahays le suit jusque sur le marche- pied mais alors voyant le volume délaissa dans un coin il prétexta un peu de mal de iête et le vent qu'il iaisoit, et prétendit qu'il seroit pour lui fort imprudent de marchera Labbé le taxa de poltronnerie et continuas d'aller en avant l'autre en rentrant saisit le volume, voit en l'ouvrant que c'est un ma- Tiuscritde lamaiu de l'abbé, court au titre,, et trouve .~neeJo~~ome quatrième. «Ha~ ha se dit-Il, voilà donc l'aliment de cette B prodigieuse mémoire, etiasource de toutes ? les histoires que l'on conte tous les jours t )) On les rcl!t le matin pour les aller débiter » de maisons en maisons. Ah, messieurs les ? gens d'esprit, vous êtes donc aussi des charlatans En iaisant toutes ces ré- ~lexions notre jeune financier se hâta de downloadModeText.vue.download 183 sur 380


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M a

rejoindre Fabbé, en disant: « Vous avez rai- » son j'ai honte de rester en voiture comme » une demoiselle, tandis que vous bravez le » vent comme un homme. H

Lorsqu'ils approchèrent de Gotha l'abbé demanda qu'on ne fît que traverser la ville, sans se montrer, de peur que la duchesse ne vînt à savoir qu'il y avait passé sans lui rendre ses devoirs M. de Lahaye y con- sentit, quoiqu'il eût bien désiré de visiter le château d'où la vue est si-vaste et si belle. Mais arrivé à Kell, il demanda à son tour un repos de vingt-quatre heures pour aller à Strasbourg visiter deux amis, qui s'y étoient retirés depuis près d'un an. L'abbé se ~cha~ M. de Lahaye tint terme et il fallut céder. Ce dernier passa eflectivemént. les vingt- quatre heures avec ses amis et ne reparut que le lendemain après déjeûner. A dater de ce moment, l'abbé n'eut que de l'humeur. En traversant le Brisgaw pour gagner Baie, (l'abbé n'osoit pas encore reparoître en France ) ils rencontrèrent un voyageur ayant une voiture à lui seul, et se rendant chez lui à Neuchâtel. Labbé lui parla à l'un des relais et quand on fut à Bà!e il annonça à M. de Lahayequ'étant excessivement échauSa downloadModeText.vue.download 184 sur 380


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parle voyage, et ayant de cruelles douleurs d~ reins. pour lesquelles Hfalloit qu'il prit des bains il etoit ibrce de le quitter, et de prendre une place dans la voiture de c& monsteuF, pour se readre dirscteniËni à ~eucMtcl. « ~ms eu êtes bien le m~tre “ moosieur l'abbe }e suis .seulement iaoli6r que ce soit pour une cause semblable. N~ous allous Ësir nos comptes M. Là-dessus. 3 tira la bourse de voyage, lavidasurÏatabley compta-les ducats qui y'restoieut, préleva ce qu'il devoit en eouter pour &ais d~poste~ tusqu'aLausan~, en aUaut~Zuricn,Berne. ¢ Neucbàtel. et ~bourg, ainsi qu fie marchd avoit été fait, et partagea U reste en deus parts égales-, et eu présenta uue à JM. l'dbbê Raynal. Qae iaites-vous donc? lui dit ce- Mi.ci, J'exécute llaccordfait àBerliu~ena “ me suis détourné de ma~oute quedan~ rassur~nce depro6t;er de votre compagnie .~quà Lausanne: vous me qmtiez avant l~terme convenu; et it est ~&te que vous “ supporta votre moitié des &ais néce~ .saire~u~ues.-là~MaIspn~ntendoiap~ celai–Tantpis, monsieur I~bbé: carcet~ est d'autant plus )uste, que certainement BaEnveraip~àParis, sans avoir beaucoup downloadModeText.vue.download 185 sur 380


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plus dépensé que si j'étais parti seul comme x) je l'aurois fait sans vous. Je vous ai dit que les financiers, toujours si intérieurs aux philosophes à tant d'autres titres, dévoient N au moins savoir compter. Mais mes calculs ne s'écarteront jamais de ce qui est juste; ? et si je vous fàis payer la moitié des frais de B voiture jusqu'à Lausanne, c'est que là place B que vous y aviez, vous appartiendra d'ici M là. Je vous donne ma parole qu'elle ne sera occupée par personne, et que vous la rë- prendrez quand vous voudrez. –Èh bien, h nous verrons quand vous arriverez à Neu- o châtel M. de Lahaye, en arrivant à Neu- cMtel, après sa tournée dans l'intérieur de la Suisse, ne manqua pas d'aitër voir M. l'abbé, qui n'eut rien de plus pressé que de repren- dre sa placé. Ainsi, ce fut à ]Lsttsànne, con- iormément au projet arrêté à Ëerliu, qu'ib se séparèrent pour ne plus Se revoir. L'abbé RaynàHâissa à Berlin, bien des souvenirs malheureusement peu. honora- bles, et peu flatteurs -pour son amour-pro- pre. Il faisait une cour assez assidue à mon- sieur le pasteur Hermann, supérieur du séminaire et du collège français, et aujour- d'hui membre de l'académie de Berlin. Ce downloadModeText.vue.download 186 sur 380


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~f. Hermann avait entrepris avec' M. Re- clam son collègue, un recueil de faits inté- ressans, relatifs aux. François réfugiés dans les Etats prussiens on en avait déjà publié deux ou trois petits volumes; et M. labbe Raynal, sachant très-bien, comment on fait ~n gros livre avec le secours d'autrui, ré- solut de s'emparer de leur travail et de tous les fruits de leurs recherches en annonçant qu'il travailloit à une histoire complète de la révocation de l'édit de Nantes. M. Hermann, très-occupé d'ailleurs, et bien plus zélé pour la chose que pour son intérêt personnel, lut d'autant plus charmé du dessein de l'abbé que l'ouvrage lui semblait devoir obtenir un plus haut prix par la célébrité d'un pareil auteur. Il sourioit de joie à Fidée que les ré- fugiés sèroient loués par un abbé catholique et philosophe. Un jour à dîner, chez un ancien de la colonie, M. Hermann, je ne sais à quel propos, dit à M. Raynal: & Ce- -N pendant, ,jM. l'abbé, vous êtes toujours prêtre .c'est un caractère indélébile chez vous. – Non, répondit l'abbé, je ne Fai" ? jamais été et si j'en ai pris le costume, M c'est que cet habit étoit un passe-partout B honnête et peux coûteux. ') Quelque temps downloadModeText.vue.download 187 sur 380


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après ce dmer,on cita la réponse de l'abbé à M. le comte d'Éterno, ministre de France à Berlin et aussi respectable par ses qua- lités sociales que par son caractère public; M. d'Éterno répliqua K Dites à M. Her- N mann que M. l'abbé Raynal lui a fait une » réponse lâche et mensongère qu'il est si vrai qu'il a été prêtre qu'il a fait les fonc- » tions de vicaire pendant quelques années, 3) à la paroisse de Saint-SuIpice à Paris, » et qu'il en a été chassé, non pas tant pour avoir en terré beaucoup de protestans » comme bons catholiques, que pour n'avoir

} rendu ce service qu'à ceux qui lui appor-

)) toient avant tout la rétribution simo- 3) niaque particulière et secrète d'au moins N soixante francs que jamais il n'en a en- M terré à moins et que c'est la découverte » de ce commerce, qui l'a forcé de quitter K cette carrière, et qui en a fàit un phi- » losophe. »

J'ai dit et tout le monde sait combien l'abbé Raynal aimolt à conter et comment il vou- ]oit être écouté. Un jour qu'il devoit dîner en nombreuse société chez M. de Launay les sept dames qui s'y trouvoient, et dont trois vivent encore, craignant les importun!- downloadModeText.vue.download 188 sur 380


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tes de l'abbé qui ne cessoit de leur prendre les mains et de les baiser, et qui de plus voulàit qu'onmt toujours bouche béante à l'entendre, formèrent le complot de ne point se sépa- rer j et de se mettre toutes les sept de file au bout de la table opposé à celui ou seroit cet abbéj projetant de former entr'elles -une conversation particulière, et tout à fait Indé- pendante de ce que l'abbé pourroît dire. Ce projet fut exécuté dans tous ses points les sept dames cependant causèrent assez bas entr'elles pour ne point gêner là conversa- tion des vingt hommes qui étoient rangés de Sic tant à leur droite qu'à leur gauche. Mais cette discrétion ne suHisoit pas à M. l'abbé il étolt indigné, il trépignoit, il se dépitoit de voir qu'aucune d'elles ne laisoit attention s'il parloit ou non il finit par ne pouvoir plus y tenir., et irappant avec ibrce de la, main sur la table, il s'écria <t Faix tâ-bas 3) mesdames, écoutez ce que je dis cela vaut 3) mieux que toutes vos sornettes Les dames surprises se regardèrent runeTaufre, puis se mirent à sourire, et reprirent leur à parte comme auparavant, sans daigner dire un mot à l'abbé. Elles décidèrent néan- moins qu'elles en tireroient yengeanee~ et downloadModeText.vue.download 189 sur 380


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pour cela eues se promirent de se séques- trer dans un coin, en rentrant dans le salon, et d'y former un cercle trois d'entr'elles s~ plaçant dans l'angle, et les quatre autres .formant une barrière de l'autre côté, et tour- nant le dos à toute la compagnie; bien en- tendu que l'on pourroit recevoir dans l'inté- rieur du cercler tous les hommes excepté Fabbé, à qui même on ne répondroit pas s'il se présentoit. Elles exécutèrent eS'ecti- vement ce second projet presque tous les hommes vinrent l'un après l'autre, leur faire une sorte de guerre et furent plus ou moins bien accueillis l'abbé qui sentit toute la part qu'il avoit à cet arrangement, rôda une ou deux fois autour d'elles, et n'osa leur parler. Il ne lui seroit resté qu'à s'en aller, s'il n'eût eu pour refuge M. l'abbé de Francheville chanoine et curé de Glogaw, qui se trouvant à Berlin pour affaire, et ayant été de ce dîner, étoit charmé d'avoir cette occasion de connoî- tre et d'entendre un homme aussi célèbre que l'abbé Raynal. Ils se retirèrent donc devant la cheminée où M. Raynal contoit une de ses plus longues histoires, lorsqu'un des autre& eonvives,&appé en rentrant dans le salon,de ia solitude à laquelle ils eeïûbloientétre coR-. downloadModeText.vue.download 190 sur 380


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damnés, crut par courtoisie devoir les join- dre, et se mit: à écouter le conteur jusque

ce qu'il eût fini son récit. Par courtoisie en- core, ce dernier auditeur demanda, à FaLbé Raynal~ le nom dela.dame dont il venoit de parler, ce nom étant la seule circonstance qu'il n'eut pas devinée dans ce qu'il avoit en- tendu. Labbé Raynal très-irrité du rôle auquel ilsevoyoit condamné, et; ne pouvant pins conserver de politesse que pour unr étranger à qui il étoit bien aise de plaire, répondit durement et sèchement: Mon- ? sieur, je ne me répète pas demandez ce nom à M. le curé de'GIogaw, qui vous 3: le dira s'ille juge à propos. – Monsieur, » répliqua Ie~ questionneur, je ne le lui de– 3) manderai pas je ne vous le demandois » à vous-même que" par honnêteté. Car au N fond, croyez que je prends trop peu d'in- térêt à toutes vos histoires pour qu'elles, » puissent m'inspirer la moindre curiosité. Et là-dessus il se retira.

Je ne quitterai point l'abbé Raynal sans dire ici ce que je sais sur ses ouvrages c'est un nouveau détail ou je dois entrer pour jus- tifier ce que j'ai dit, pour justifier l'opinion que les raits. m ont donnée de sa per&onne~ downloadModeText.vue.download 191 sur 380


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On sait que durant la révolution, il a chante la palinodie de la manière la plus Inconsé- quente et la moins hcnorable.. Il est mort en préparant une nouvelle édition de son His- toire Philosophique, dans laquelle il se pro- posoit de supprimer tout ce qui tient à la philosophie. Etoit-il détrompé ou convaincu? Non il cédoit à l'opinion qui lui paroissoit dominante chez ceux qu'il courtisoit. L'amour- propre la vanité, plus encore que l'orgueil, la cupidité la plus âpre, l'avarice mal dégui- sée, la jactance la moins retenue, et le besoin d'occuper de soi tous les autres, et toujours et par tout, voilà les passions qui, toute sa vie~ ont perpétué dans son cœur, une guerre interminable et violente voilà les passions qui l'ont successivement rendu vicaire simo- niaque, écrivain riche des œuvres d'autrui, philosophe exagéré j dominateur incorrigible et enfin dévot hypocrite. Le roi de Prusse se vengea cruellement de lui, en s'obstinant à ne lui parler que des seuls ouvrages qu'il ait faits lui-même, de deux ouvrages que l'abbé savoit bien n'avoir jamais été estimés. Tout le monde sait que son Histoire Philosophique n'a presque rien de lui que son nom. Tous les faits, les détails et les résumés qui ne downloadModeText.vue.download 192 sur 380


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concernent que le commerce lui ont été remis, î°. pour la France, par le due de Choiseul qui, pourjes recueillit, avoH fait faire de grandes recherches et de grands -travaux dans les bureaux de Versailles; â 2°. pour la Hollande, par un François con- nu, et qui y demeurôït alors ~°. pour l'Es- pagne,.par le général des gardes-valones :J qui, sollicité par son neveu, comte de Nesselrode, grand ami de Diderot, et de qui je sais ce fait s'est donné des peines et des soins incroyables à Madrid, pour ré-' pondre à la confiance qu'on lui témoignoit. C'est ainsi que grâce au zèle de ses amis, il avoit été servi de toutes parts. Quant aux épisodes, aux morceaux philosophiques oit littéraires tout le monde sait aujourd'hui qu'ils sont tous de la composition de Diderot du baron d'Olbach et de quelques~ autres. Cent personnes connaissent l'exemplaire qui existe encore dans la bibliothèque d'un an- cien magistrat, et où l'on est averti de la main de Diderot, et à la marge, de tout c& que l'abbé a reçu de lui.

Je me rappelle qu'après la nouvelle dtï combat de San-Yago, cet abbé nous redH vingt fois quiîeïtsavoit us le& détails par downloadModeText.vue.download 193 sur 380


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une lettre de huit pages que M. le bailli de Sunren lui avoit écrite après l'action. Quand nous lui disions qu'il devroit la faire impri- mer, il nous répondoit que c'étoit une lettre pon6dentielle et d'amitié, où l'on parloit de plu- sieurs autres choses, et qu'il ne devoit commu- niquer ni par copie, ni par extrait. En 1788, je me suis trouvé voisin du bailli de Snnren à un dmer prié cet homme qui avoit autant de simplicité et d& bonhomie que de mé- rite, me parla beaucoup de Berlin et de Frédéric. Cela me donna occasion de lui dire que j'y avois vu un de ses amis, M. l'abbé -Raynal; à quoi il répondit qu'H n'a- -voit jamais eu aucune liaison avec cet abbé. <! Mais ajouta-t-il, j'avois sur ma -flotte un a de ses neveux brave homme et bon sujet. L'abbé m'a écrit une fois je pense pour N me recommander ce neveu,pour lequel j'ai ?) iaitt non ce que j'aurois voulu, mais ce que ? j'ai pu.Vpil~. tout ce qu'il y a eu de rapports x entre nous., -– II nous assuroit avoir reçu. » de vous les détails du combat naval de B San-Yago – Ce sera de son neveu qu'il aura eu ces détails, Je n'ai jamais songé à lui en envoyer. C'est ainsi que l'on re- trouve le même homme par-tout. downloadModeText.vue.download 194 sur 380


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J'ai l'air, ici de poursuivre l'abbé Raynal z est-ce haine personnelle et vengeance ? on est-ce respect pour la vérité et ta justice? 2 Je dois au lecteur de taire à ce sujet une confession bien sincère et la voici Je déclare que feu l'abbe Raynal ne m'a jamais onensé en rien; car les.dé&uts que je lui ai connus ne m'ont point nui, et les blâmer j on même en avoir été quelqueibis ennuyé ne constitue point une oSense. Mais j'ai des principes dont je ne puis m'écarter, qui seuls m'ont guidé dans cette occasion comme dans toutes. les occasions .sembiabtes ~et guiî convient d'énoncer aËn que ron puisse me juger avec connoissance de cause. Je ne re- garde comme philosophiques que les points de doctrine qui sont tout-à-'ia-ibis conformes à la raison ou au bon-sens, fondés sur lâ vérité~ et sumsamment.discutés. et déve- loppés par le raisonnement; toute doctrine qui ne réunit point ces conditions n'est à mes yeux que sophistique ou hasardée, jett d'esprit, du verbiage ou charlatanisme. J'avoue q.ue je serois inËnimènt'humilié que quelqu'un eût un respect plus vrai et un attachement plus sincère que moi, pour là philosophic~ri~dans'~ sens que je vienâ downloadModeText.vue.download 195 sur 380


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d'Indiquer mais j'ajoute que je suis loin et très-loin de penser que l'honneur et les suc- cès de cette philosophie pussent jamais dé- pendre de la réputation de tel ou tel homme, et qu'au contraire je suis bien convaincu que c'est pour avoir accordé trop de considéra- tion à beaucoup d'hommes qui se disoienf philosophes que la philosophie semble avoir perdu de son lustre et de son crédit. On fait un crime à celle-ci de tous les vices, travers ou ridicules de ceux-là. Pour rétablir la première dans tous ses droits il ne faut que dépouiller et montrer à nu tous les charlatans qui osent en prendre le manteau pour se faire valoir.

Je pense donc que tous ceux à qui la philosophie est chère doivent déclarer la guerre à quiconque en usurpe le nom et en porte la livrée sans en avoir l'es- prit et pour s'assurer que je n'ai pas tort, que faut-il de plus que de calculer le mal que les faux philosophes ont fait au genre humain ? Lorsque tous les jours nous en- tendons déclamer contre la philosophie pouvons-nous ne pas observer que l'on n'a contre elle d'autres argumens que les vices et les sottises de ceux qui n'en ont été que tes singes? Je doute. que personne au mond& downloadModeText.vue.download 196 sur 380


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puisse faire plus de mal aux hommes que ceux qui nuisent aux véritables progrès de la raison humaine, et je doute que personne puisse y nuire plus que ceux dont la con- duite d'une part et les mascarades de l'autre fondent ou autorisent le discrédit de la phi- losophie. Tels sont les motifs qui me font regarder comme un devoir de démasquer -ceux qui se rendent coupables de ce crime et de faire tomber sur eux- le blâme qu'ils ne craignent pas d'attirer sur la plus res- pectable autorité qu'il y ait en ce monde. C'est d'après ces principes que j'ai cru de- voir parler, comme je l'ai .fait, de l'abbé Raynal l'un des hommes qui dans les derniers temps ont le plus généralement passé pour philosophes et qui l'ont été le moins.

Deux voyageurs nous arrivèrent en même- temps de France un garde du corps voyageant pour son plaisir, et lé célèbre acteur Le Kain, attiré sur-tout par les invitations du prince Henri. Le garde du corps, dont je ne merap' pelle pas le nom, étoit fort poli, bien né, et ayant tout ce qu'il iaut pour plairepar-iout ce qu'il avoit de singulier, c'est qu'il voyageoit sans domestique, toujours avec son cheyat d'ordonnance downloadModeText.vue.download 197 sur 380


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~'ordonnance, qu'il appeloit son premier ami et qu~it soignoit lui-même. Il voulut absolu- ment nous donner à Berlin un sc~ptueux dîner à quarante couverts, et dont M: Le Kain fut en quelque sorte le héros. Au reste, Le Kain fut en cette occasion tout ce que peut être de mieux l'homme simple, naturel et dirigé par le bon sens la convenance et la plus louable bonhomie. II satisfit également tous les convives sous tous les rapports; il n'y eut pas plus chez lui d'indice de fausse modestie, que de prétention recherchée. Je dirai pen de chose du séjour de cet acteur à Rheinsberg, où le prince Henri la retint plusieurs semaines on pense bien qu'il y joua presque tous les jours, et qu'il y reçut autant d'applaudtssemens que de petitesses. On ne peut pas douter que le prince ne lui ait noblement payé son voyage mais lui- inême yjustIËa le reproche qu'on lui a fait en général de tenir à une excessive économie. Durant le peu de temps qu'il fut à Potzdam, il joua trois fois devant le roi; et rien peut- être ne peint mieux ce qu'est l'art théâtral, devant ceux qui n'ont jamais vu de vrais ac- teurs, et qui d'ailleurs ont des connoissance~ downloadModeText.vue.download 198 sur 380


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~t du génie, que l'enët qu'il produise sw l'esprit de Frédéric. Ce monarque, pour îe ïnieux }ageï'< se tint constamment debout derrière Forchestre, et la lorgnette en main, il ne le perditpas de vue un instant.Lorsqu'en- suite il fut à souper, il déclara être extrême- ~nent surpris de la grande réputation de cet .acteur il observa que s'H.y ayoit de l'art dans son jeu, cet art étoit excessivement exagéré, et toujours inSniment au-delà de }a nature tout M sembloit forée, rien ne:Im parut vrai et ennn, Le Kain fut à ses yeux~ mon-seulemeni un m~uvais-acteMr-r'mais'~e plus un acteur~Tmexemple très-dangereux~ et vraiment propre a corrompre le goût. Après la pièce jonéelelendemain, le roimo- di6a son jugement de la veille. Le Kain lui pa' Tut bien encore n'avoir que de l'art dans~on pu;maisil convint que cetartétoitsavamment calculé et très-adroit; que la simple nature prodairoitmoins d'enet~ et quentincethomme devoit avoir les succès qu'il avoit obtenus. Il se rappela que les arts n'imitent pas une na- ture ordinaire; et qu'ils doivent toujours élever à ce qu'il y a de plus héroïque et de plus parfait. Sa conclusion fut, non-que ~cet &c~urneinéritàtpas de reproches,mais qu'it downloadModeText.vue.download 199 sur 380


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avoit dans son art d'assez grandes (piantea pour se aire une bnHante réputation: EnSn, le troisième jour annuHa-~entière-~ tnent ie premier jugement de Frédéric ~ehno" dma le &econd d'une manière frappante. « Pour Men juger des choses qui tiennent à l'art, dit-it, ilne sumt pas de voir avec beaucoup ? d'attention; il faut voir plusieurs ibis.Toutes N les bonnes et justes observations ne se pré- sentent pas ensemble, ou bien on n'en sent < pas d'abord toute l'importance. Voiià ce x qn~ j'ai éprouvé en voyant jouer Le Kain. a J~ ne i'~ comparé lepremicr jourgu~aveo la nature telle qu'ei!e soHrëTiabituenement ânous: j'ai trouvé qu'H n'y ressembloit M pas et je l'ai regardé comme acteur faux, e~sgéré et dangereux. La seconde fois que je!'ai vu surlascène~aisentiqu'itexerçoit un art. et que cet art avoit des règ~s qu'it w avoit bien étudiées, et qu'il suivoit avec M beaucoup d'intelligence. J'ai cru néanmoina ? encore qu'H donnoit trop à cet art< qu'il x am-o)t dû s'écarter moins de fa nature. Au- w jour()'hui, il nie semble que je suis cr'na » arrivé au vrai p~intdevueon il faut être ? pourteb:en juger Lapoésienedoit p.-indro qu'tine nature choisie ce principednit sur- 1T w downloadModeText.vue.download 200 sur 380


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tout 'diriger les auteurs dramatiques, et ? principalement les auteurs tragiques; ainsi. TaetettrTQLe peut, sans injËdélité, copier la ~nature ordinaire, telle qu'on la retrouve par-tout et tous les purs. Maïs déplus, )! Inaction que le poète met sur la scène )]l'èst point une action qui se passe seulement dans Tin cercle de société, ou dans lé sein a d~une ~mille~ elle est transportée sur un grand théâtre, et sous les yeux des nations. s Combien ne demande-t-eHe pas d'appareil? )!LËtTacteur, s'il a bien càlculélesjconve- J nanMs-ier~iL~ tante considération EnnuL~, cet acteut M lui-même est-il sur le même sol que nous? Non ,nqus~n6-I~ voyons que dans une sorte~ de lointain indéterminé et en perspective f ? ne iaut-il pas qu'iî agrandisse tous ses~ J traits selon les proportions? Tout dahs' M Le Kam prend des ïbrmes gigantesques, ott plutôt héroïques et colossales. Ëh sans J doute il estsur Tlh piédestal Il ne poùr- ~roit pas se montrer autrement qu'il ~ne. N fait, sans devenir gauche, mal-adroit, m- conséquent et infidèle. Ma déclaraiion est N donc en dernier résultat, que ~est-un grand et admirable acteur; à q~oi~oRte' downloadModeText.vue.download 201 sur 380


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), rai qu'il est le premier que j'aye vu danSt » le {genre tragique. Jusqu'àjui je n'ai pa& j» su ce que e étoit que de jouir lajtragédie; » et j'aurai beaucoup plus de plaisir à~relire » les pièces où nous l'avons vu ».

Un jour le rois tout en arrivant à Berlin, nous fit appeler ensemble, M. Mérian et moi, et ne manqua pas de nous demander des nouvelles de la ville il s'informa en parti- culier s'il y avoit des. étrangers voyageurs. Mérian répondit qu'il y avoit un marquis italien qu'il nomma. «Quel est cet hom- »~me? » reprit Je roi. Cette question fut faite de manière à me donner dés sôupçons. M. Mérian. dit. que ce marquis awài traduit en vers italiens le poëme de sa majesté sur la guerre. a Il m'a fait bien. de l'honneur. » Cette réplique fut faite d'un ton de persif- flage qui acheva de me persuader que le roi connoissoit ce marquis beaucoup mieux qu'il ne le faisoit paroitre c'est pourquQi je me hâtai de dire que je ne le connoissois pas, ne l'ayant vu qu'une seule fois à l'académie et ne lui ayant pas parlé. Mérian qui peut- être me devina", me dit que ce n'étoit aussi que là qu'il l'avoït vu. Quand le roisefut bien. assuré qu'il n'auroit rien de plus à obtenir downloadModeText.vue.download 202 sur 380


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tfenotrê,ïl;sè mit à nous faire 1 histoire entière ..de ce- voyageujM iLnous dit qu'if é toit du Mï- lanoïs j,<faïfàvoït été assez Iong-tefnps pré- sident d'un trlbunaï de justice j mats que cq jnélier l'ennuyant et le goût de la littérature le lui rendant encore plus insupportable il avoit depuis peudonuésa démission pour une pension assez modique; que c'étoitâ la suite de cette sotlise, qu'il s'étoit mis à voyager que .d'aîlleurà it ne devoit pas jouir d'une grande aisance dans ses courses puisque sa pension était très -médiocre 9 et qu'îlavoit peg de p~rtmoineyour~su~i~ château", j'allai vite chez un ami v qui voyoit Jréqûeniment ce marquis et sans laisser en- trevoir que j'eusse parlé au roi je lui dis confidentiellement que l'on venoit de m'as- suî-ct que cet étranger étoit suspect et sur- veillé; et que je lui conseillois de mettre au moins beaucoup de retenue et de discrétion dans les visites; qu'il lui feroit ce que mon ^mj.me promit.

̃ Je ne ius pas long -ieraps à m'assurer que fa vois bien jugé. A .quatre ou cinq se-- inames de là, Frédéric retourna à Eotz- dam, et ayant quelques attaques dégoutte, écrivit à M» Philippya iieutenaat de polioQ- downloadModeText.vue.download 203 sur 380


C *99 )

î Berlin d'ordonner à ce voyageur de coh~- limier sa route, attendu -qu'il avoit été assez long-temps dans le pays pouE le con- noître. Le marquis fut très-mortifié de -ce compliment, auquel il auroit bien voulu se sonstraire. « Qu'ai-je donc fait, s'écrioit-il » pour.ëssuyer cet affront? On me déshonore s> et je ne l'ai point mérité Mais, monsieur, » j'ai ici des dettes, et j'attends des fonds » pour les payer le roi veut-il donc que je » fasse banqueroute à ses sujets ? M. Phi- lippy fut embarrassé à cette dernière ques- iîon il n'osa pas ordonner la banqueroute et il accorda un délai de quelques jours il fit part de cet incident à sa majesté, et de- manda ses ordres sur ce qu'il falloit qu'il fît j le roi lui ordonna de demander à cet étranger l'état exact de ce qu'il devoit à Berlin. L'é- tranger fournit un état qui montoit à 'deux cents ducats, et qui fut envoyé à Frédéric qui en fit remettre la moitié en disant que cela suffisoit pour acquitter ce qu'il devoit, et en y joignant l'ordre de partir le lende- main. Ainsi le roi savoit au juste le mon- tant des dettes de ce marquis il savoit de plus que c'étoit un espion envoyé par Joseph second, pour être bien et promptenoent in* downloadModeText.vue.download 204 sur 380


1 200 )

former de. la santé de ce vieux rnonarqae dônf on désirait sijivement la mort à Vienne; II avoit sôtrfferit cet espion tant qu'il s'etoit bien porUï mais la crainte d'une attaque de goutte violente avoit déterminé le renvoi de ce té- moin mconimode. V .-̃"̃ L'année suivante après le carnaval arriva; à Potzdam lin musicien italien très-habile h je ne sais plus quel instrument. Le colonel ^eomtede PiDto, qui l'entendit j en fut si émer- veillé que dînant chez le roi, il le vanta comme un virtuose extraordinaire. ^Eh bieit » puisqu'il est si grandLmwsiciieii dit Frédéi 3> rie au'comte dëPïnta amenez-le ce soir à as- mon concert. » Le colonel fut enchanté de ce résultat, et le musicien encore plus. A son arrivée chez le roi, celui-ci se mit à parler de musique en se promenant avec lui dans la salle de concert et cette conversation et la promenade durèrent l'heure entière de sorte que le concert n'eut pas lieu ce jour là. Mais quelle né fut pas la surprise de cet italien r si content de-sa soîrée,dë recevoir le lendemain matin un message portant qu?ayant fait et vu à Poizdam tout ce qu'il avoit eu à y voir et à y faire, il lui étoit ordonné d'en partie dans le jour, et de continuer sa rôftte?--L© downloadModeText.vue.download 205 sur 380


t aoi

toi savoit que c'était encore un émissaire de Joseph second; et comme il se portoit fort bien, il eut la malice de marcher~ime heure entière avec autant d'aisance qu'un jeune homme, sous les yeux de ce confident se~ cret de l'empereur après quoi voulant bien que l'on sût quelle étoit son habileté à démas? quer ses ennemis, il avoit donné l'ordre qu'on vient de voir il n'aimoit pas qu'on le devinât j mais il n'étoit pas fâché de faire voir combien il étoit adroit et attentif à deviner les autres, C'est sans doute dans la même vue que l'on rapporte qn'âyaàrt plusieurs çortraits^ie £èm-" poreur dans ses appartemens,îl répondît uà =joiïr à quelqu'un qui en faisoit la remarque

  • k Àh3 c'est un jeune homme qu'on ne peut

» trop avoir sous les yeux. » downloadModeText.vue.download 206 sur 380


îàoà:)

XES MINISTRES ÊTRMGERS.

Je ne parlerai pas de- tous les ministres. étrangers qui ont été à Berlin de mon temps parce quïl y en a plusieurs sur lesquels je n'ai point d'anecdotes particulières ou sur lesquels je n'en ai que de peu importantes (ï), < (i) 11 yynf.ffct mnniflma jt^Bërlin quelques: voyageur* intérêssans dont'je pàùrrois faire mention. J'ar vu., par.. pxejnple un des quatre amiraux de Venise qui- resta quelque tems avec nous, et qui s'occupa bien essentiel-, lement de l'examen, des établissemens que Berlin pou- ̃Coit ofirir à la curiosité des étrangers attachés à la po- litique. <t Monsieur l'amiral, lui dit un soir le comte de Nesselrode à souper chez le prince de Brunswick, « comment, vous qui êtes si sages, ne profitez-vous » pas des circonstances actuelles, pour reprendre aux iï Turcs,les immensespossessionsqù'ilsvoasontautre- ~y> fois enlevées? (Cet entretien se passoit dans letems des brillantes campagnes_ de Romanzow contre les Turcs). – (c Monsieur, ,répondit l'amiral vénitien. c» j> qu'il y a de plus inutile et même de plus dangereux » pour l'homme foible entouré d'hommes forts c'est » de se souvenir que lui-même aétéfortawtrefpis. 1^, downloadModeText.vue.download 207 sur 380


̃ 2O3- )

FeHn'ai donc à parler ici que des minis-

tres • de France d' Au triche jd' Angleterre de Saxe et de Russie. En, les rangeait dans' l'ordre où je viens de les nommer, ïTest bien évident que je n'ai eu aucun égard à l'ordre des préséances je place les ministres de France les premiers parce qu'ils m'ont plus spécialement intéressé que les autres et je place l'article de Russie le dernier parce qu'il est le plus riche en détails et le plus volumineux. Si je l'avois placé avant » sagesse dont von* parlez, monsieur, non* commanda » Impérieusement d'oublier le passé, et de nous con- » duire de manière que personne, s'il est possible, ne » se souvienne que nous avons exisfé, et ne songe à » nous. Ce que nous demandons à l'Europe entière, » c'est de vouloir bien nous oublier » Cette réponse me frappa singulièrement et me fit bien sentir quel étoit le véritable esprit du gouvernement de cette fa- meuse république, qu'on n'a pourtant pas oubliée» J'accompagnai cet amiral lorsqu'il alla visiter l'arsenal de Berlin je vis dans ses regards, et j'admirai com- en marchant assez vite, il comptoit en lui-même combien il y avoit de piles d'armes, et combien chaque pile contenoit de lignes en hauteur, et de fusils en chaque ligne; de manière à pouvoir dire, en sortant et sans avoir parti sensiblement s'en occuper « II y» s ici cent cinquante mille fusils et le reste on propor- j> lion ». downloadModeText.vue.download 208 sur 380


(204;;

ceux d'Angleterre ef de Saxe il lès aiÈroifc ̃Çrop éloignés ,il les auroit fait perdre dé vue. Quant aux préséances, je n'ai jamai* compris qu'une nation pût acquérir le droit de' placer les autres au-dessous d'ellêr Res- pectons les hommes par-tout ah ils forment «ne agrégation sociale et légitime Qui peut nous autoriser à les dépouiller der leur propriété la plus essentielle, en leur assignant un rang qui n'a été établi que par notre or- gueil pu par l'abus de nos forces ? Ce.sont les injustices de ce genre qui foni^^g,» plus ;^e tgœss^et q»yerÇêîpetueni, SFais cependant il faut un ordre à cet égard comme sous tout autre rapport. Sans doute, il en faut un aussi la nature Tous roflre- i-£lle bien sensiblement placez les repré- ` sentans selon l'âge de ceux qu'ils représen- tent. Ce sera un hommage rendu à la yieil- lesse ,-et- chacun pourra devenir le premier à son tour. = "Lçs ministres étrangers employés àBerlia n'ont de domicile que dans cette ville: s'ils en peuvent sortir ce nrest que pour quel- ques parties de* plaisir. Il est au moins -vrai que jamais ils ne peuvent se- présenter àv Potzdam 3 nitaêrne à Cfaarlottembourg} lors.* downloadModeText.vue.download 209 sur 380


  • &)

|juerlë ̃̃roi y est, qu'ils n'en aient auparavant sollicité et obtenu la permission. Ce n'est Sbné :que dans des- cas extraordinaires et -naturellement très-rares qu'ils voièntle roi, "éxfcépté le temps du carnaval ou lorsque s^a majesté! vient dané sa capitale. Dans ces derniers cas1 il y a audience chez le roi, tous les dimanches vers les dix heu- res du matin. Là 'se trouvent la -noblesse, grand nombre de ^militaires et le corps di- plomatique. Au reste, le roi n'y'paroît pas toujours. On l'attend jusqu'à midi, heure de son dîner après quoi on se retire. Quand il se montre à ces audiences ce n'est guères que pour un bon quart-d'heure qu'il passe à dire successivement quelques mots aux uns et aux autres.

Il suit de tout ce que je viens d'observer, que cet article est un de ceux où Frédéric figurera le moins souvent d'une manière di- recte il reparoitra pourtant quelquefois dans des occasions particulières mais, pour l'ordi- naire, en le retrouvant toujours dans les faits, on le reverra moins en personne. D'un autre côté, je ne me suis pas borné à faire connoître les ministres étrangers eux-mêmes je me suis permïsjde plus, d'étendre mes Souvenirs jus- downloadModeText.vue.download 210 sur 380


s*:

ques sur leurs •alentours prîncîpalenjeïaf ea parlant des François et des Russes. J'ai porté' la liberté jusqu'à recueillir un grand nombre d'anecdotes particulières concernant beau- coup de Russes qui n'ont fait que passer pas Berlïn ou qui même n'y ont pas été; et c"èst f ici que j'ai cru pouvoir m'arrêter à dépeindre des homïnes étrangers au théâtre que j'avoïa sous les yeux, mais intéressans à d'autre^ égards le tout ainsi que je l'ai annoncé dàtts ïnaPréfece. ̃ downloadModeText.vue.download 211 sur 380


{ao?)

LÉGATION DE FRANCE. M. D E G U I N E S.

JCiN 1766, M. de Guines vint en Prusse pour voir les manœuvres de l'armée de Frédéric. Ce roi le distingua, et lui permit de raccompagner à Magdebourg et en Po- méranie. L'air, le ton et la conversation de ce seigneur françois plurent tellement k ce monarque qu'au retour de ses courses mili- taires, et lorsque celui-là quitta Berlin pour revenir en France celui- ei avoua qu'il avoit vu peu d'officiers françois donner d'aussi belles espérances.

Cette circonstance contribua sans doute à déterminer,en faveur deM. de Guines,le choix de Louis XV pour la place de ministre-pléni- potentiaire auprès de ce redoutable ennemi avec lequel on s'étoit réconcilié en 1763. Les papiers publics. annoncèrent que M. le comte de. Guines d'une part et M. le baron de Galtz de l'autre avoient été nommés par les deux cours pour renouer entr'ellçs l'ancienne downloadModeText.vue.download 212 sur 380


m: J

MaiûLqaQ la. guerre de sept ans. asroitpafii éteindre* M. de Sozzi, instruit de cette nqu-* veïle, alla voir M. de Guines pour lui parler de moi et lui indiqua MM. de .Sartïne » d'Alembert et d'Oliyet pour- avoir sur mon compte les renseignemen&-q.u'il pourroit de- sirer. Gette première entrevue 'fut suivie d'une seconde t dans laquelle le nouveau mï-" îûstre ayant effectivement, interrogé d'A~ Ieïnbert à mon sujet } reçut parfaitement bien M. '.de- Sozzi promit de m'oblîger en. tout ce qui dépendroit de lui, et onTcït de placer parmi ses efietg igsâ^Ge^-qÏÏë^çn pourrôîf *5v5ir^i ïnjêavôyèr." Cette dernière offre fut Faite d'une manière si obligeante et tant dé fois réitérée que M, de Sozzi en profita pour" ïné faire* parvenir quelques objets que M. de Guines" fît porter cb.ez inoi Je Jendemaîn âe, son arrivée à Berlin On "conçoit que", dès ma première, visite je. fus très -bien accueilli de ce ministre ,V d'âutànf plusqUe déjà j^étoîs alorg très-blea chez le, pj-ihce' Dolgoroûki .ministre.' de ftussîé-; phezSÎ. le général de Nugent5mi- iiïstredç Vienne; cKez. M. le baron de Stu- thèrefm, ministre de Saxe chez M. le che-- Yalier Hîtqhëî mijâistrë d'Angleterre ef principalemeAt downloadModeText.vue.download 213 sur 380


(z°9]

ni. ©

principalement chez les princes Frédéric et txuillaume deBrunswick. Quoique je nedusse attribuer les politesses que je recevais de tou- tes ces personnes et de tant d'autres qu'aux favorables dispositions de Frédéric en ma faveur il n'en est pas moins vrai qu'elles dévoient naturellement influer sur l'opinion que M. de Guines avoit à se former de ma personne.

Deux jours après la première visite que je fis à M. de Guines je me trouvai à dîner chez lui à un petit couvert, où il n*y avoit que ce ministre, ses deux secrétaires et un colonel de cavalerie venant de Strasbourg. Le pre- mie,r secrétaire étoit M. Gaulard de Saudrai; et le second, M. Tort de la Sonde, jeune homme d'une figure charmante, doux, hon- nête, gai, spirituel, et annonçant autant de franchise que de vivacité. Bientôt une sincère amitié de ma part, et une très-grande con- fiance de la sienne nous lièrent ensemble et j'avoue que jamais alors je n'aurois imaginé que dans la suite il dût jouer le rôle qui l'a fait connoître de toute l'Europe.

Cependant, malgré ma prévention en sa faveur, je fus singulièrement frappé des aveux qu'il me fit plus d'un an après, la veille da downloadModeText.vue.download 214 sur 380


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départ de M. de. Guines pour revenir en France, jour où j'allai leur dire adieu, à tous les deux. «Kous quittez-vous pour toujours?» demancfai-je à Tort de la Sonde; ce où ne » devez-vous faire qu'une courte absence ? » – Hien n'est encore décidé me répondit-il;

  • ) cependant il est très-probable que nous ne

» reviendrons pas3 et que nous irons ou à a.Naples ou à Londres. Si nous revenons, » je vous préviens que ce sera moi qui ferai » la contrebande, et que je ne la ferai pas » pour peu. Si au contraire nous plions à » Londrfîa,^ee ne_sjrap^¥^"ces. bagatelles » que je ta^amuserai. Je jouerai le grand jeu, ». et je le jouerai comme il faut. Quand de » pauvres diables j comme moi, se trouvent » auprès des grands il faut qu'il sachent en » profiter pour faire .fortune, au Heu.de se » livrer comme des imbécilles à de beaux » sentîmens dont les grands ne sont jamaisf ?> dignes :ceuxtcisont essentiellement ingrats: » crest, aux autres à ne .pas être dupes ». Je lui témoignai la persuasion où j'étois qu'il ne feroit cependant jamais rien qui pût compro- mettre M. de Gûines d'autant plus que ca ` dernier méritoit exception, et avoitûne vérï^ table amitié pour lui, « Bon merépliqua-t-il, downloadModeText.vue.download 215 sur 380


an

--r -1- o x

» il seroit ingrat comme tous les autres: mais vous me connoissez, et vous savez bien » que je ne lui manquerai jamais en rien ». Cette conversation m'est souvent revenue à l'esprit, lorsque l'Europe a retenti- deux ans après du procès que l'ambassadeur et le secrétaire ont eu l'un contre l'autre au par- lement de Paris, pour cause de l'agiotage que le dernier avoit fait, et qu'il soutenoit n'avoir eu lieu que par ordre et pour le compte de son maître.

M. de Guines avoit environ trente ans, étoit Félliomme e£&apgoit tout le monde par ses grâces naturelles et engageantes par un air de noblesse et de dignité par l'art des pré- venances, et sur-tout par une physionomie franche ouverte et toujours sereine* Je n'ai vu personne avoir plus que lui cette pô- litesse qui d'unèpartne vous laisse rien à de- sirer, et de l'autre ne vous permet point de le voir ailleurs qu'à sa place. Il avoit servi dès sa première jeunesse dans la maison du roi et avoit fait la guerre de sept ans, sous le nom. de comte de Sauastre, et en qualité de- Ton des colonels du corps des grenadiers de France. M. le duc de Choiseul voulant après cette guerre, rétablir la discipline dans downloadModeText.vue.download 216 sur 380


Ç^a ̃)

les armées /résolut rîe^ mettre sùr-toût à ta tête des anciens régîmens des hommes d'un caractère ferme, et-propres d'ailleurs à eir imposer. Ce fut dans ces vues qu'il fit don- ner en 1763 à M. de Souastre, Je régiment de Navarre, qui alors étoit en garnison dana la ville d'Arras (1). Quelques officiers de ce régiment furent prévenus par les amis qu'ils avoient à la cour qu'il alloit leur arriver un jeune colonel qui les mèttroit tous à la raison. = Tues lettres furent communiquées j et l'on sa décida à opposer divers obstacles au zèle d& M. de Souastre. j^r^ v!^ Mais dès son arrivée sa fermeté sa pru- dence une détermination bien caractérisée en imposèrent d'abord à tous les esprits. Après avoir produit ce premier effet 4 il fit mander tout le corps des .pfficïers chez lui pour le lendemain à midi: lorsqu'ils furent tous rassemblés dans son salon il sortit de son cabinet accompagné d'un secrétaire, 3 au-; quel il ordonna de leur faire la lecture deç (1) Ce fait et ceux qui suivent m'ont été ainsi racon- tes, non par lui, mais clez lui; je ne puis;3o:ac offrir ici d'autre garantie que le témoignage des deux secré- taires et de l'aumonier, Vraye Homme qui paroissoit lui être fort. attache et depuis long-tems. downloadModeText.vue.download 217 sur 380


( 513 y

ordres du roi. Jamais colonel n'avoit eu des pouvoirs aussi étendus: le roi l'autorisoit à renvoyer du corps jusqu'à douze officiers ̃> et plus s'il le falloit, sans avoir besoin- dé- tendre les ordres de la cour, nir.par consé- quent d'en instruire préalablement sa ma- jesté. M. de Souastre commenta ensuite avec ses grâces et sa dignité ordinaires ces or-r dres si amples et si précis il déclara que .personne n'aroit un plus grand respect que lui pour le régiment de Navarre; qu'il n'a voit accepté l'honneur de le commander que pour se dévouer à en maintenir la gloire dans tout son lustre qu'il étoit bien assuré que tous .ceux qui l'entendoient., étoient pénétrés des mêmes sentimens et du même zèle que lui que sans doute, s'il se,trou3roit quelquluaqui s'en écartât il remplirqit à son égard l'in- tention du roi dans toute son étendue, et dans sa plus inflexible sévérité mais qu'il étoit persuadé qu'il n'avoit point ce malheur ,à craindre;. et qu'en conséquence étant tous réunis par le même patriotisme ils dévoient être tous amis qu'il leur demandoit cette amitié le plus cher objet de ses vœux qu'il feroit pour l'obtenir tout ce qui dépendroit de lui et que sur-tout chacun d'eux le. v;ers~ downloadModeText.vue.download 218 sur 380


(214)

roit toujours empressé à appuyer leurs; titres^ et k leur procurer toute la justice et les fa- veurs auxquelles ils auroient des droits. Il finît par faire servir un splendide dîner où l'on fut d'une gaîté douce aisée, et pôlië quï enchanta tout le monde.

On conta au nouveau colonel, que deux capitaines qui manquoïent à cette réunion, s'étoient déjà battus et Liesses plusieurs fois pour un soufflet que l'un avoit donné à l'au- tre. M. de Souastre pensa que i'opinion -lia, tionale sur les injures de cette nature t exi- geant pour j4paratioûT Ta niàrt de Tun des compromis, sur-tout entre ce .qu'on appelait gens'- dïhonneur, et principalement entre mï-> lîtaires t. la réputation du corps pourroit être Messée par ces duels tant de fois répétés et ces blessures toujours peu dangereuses et qu'il convenoit à leur délicatesse sur un sem- blable article de faire terminer cette affaire 'd'une, manière aussi éclatante que décisive. En conséquence» dès que les deux capitaines furent en état de sortir" leur colonel leur as- signa après la parade, un ehaïhp clos au milieu du cercle formé par lui et tous les au- tres officiers dû corps s et leur déclara qu'âu- cuades deux n'en sortiroit que l'autré iie fât downloadModeText.vue.download 219 sur 380


( «5 )

mort. Tous deux, dans ce combat à outrance, forent grièvement blessés et cependant ils continuèrent jusqu'à ce qu'en effet l'un eût vu expirer l'autre. Durant cette scène vraiment tragique tous les spectateurs immobiles à leur place, avoient gardé le silence le plus profond leur chef le rompit après le dér nouement, par ce seul raOt « Messieurs x nous devons être tous amis entre nous J » mais si le malheur veut qu'il s'y élève des 3> querelles je déclare que je neconnois que » cette manière de les vider, qui convienne » à l'honneur du corps et au nôtre », Le ré- sultat de cette terrible aventure, fut que de long-temps il n'y eut aucun duel parmi les of- ficiers de Navarre; et que jamais il .n'en fut question, tant qu'ils eurent le même chef. ïTn autre résultat de la conduite de ce dernier r et de sa fidélité à toutes ses promesses c'est que ce corps lui a toujours été particulières jnent attaché, et qu'à son retour de Berlin à Paris, assez long-temps après qu'il l'eut «quitté, Jes officiers alors en garnison à Metz, Tin- rent tous au-devant de lui à plusieurs lieues, et que tout le régiment le yeyit comme, oq revoit un père ou un ami.

Son séjoujc à Berlin Fat remarquable pajr downloadModeText.vue.download 220 sur 380


'316

plusieurs traits qui méritent d'être recueillis. Le.premier est l'air de grandeur qu'il donna à sa légation: équipages briUans hôtel su- perbe,- meublé avec élégance, chapelle bien décorée livrée nombreuse, toute formée d'hommes choisis, 5 et un maître qui savoit répandre l'aménité la plus obligeante et- la plus naturelle, sur un fond de dignité qu'il "sembloit toujours avoir eu réserve tel fut le tableau qui frappa d'abord tous les esprits, et éveilla contre lui sur tout parmi les au- tres ministres étrangers une jalousie qu'ils ne pouvoient dissimuUp..J'ai «tê eEez; lui-, moi trentième k tablé, et j'y ai vu chaque "convive servi par un homme de M. de Guines, tandis que lui avoit deux hussards derrière lui pour son service personnel et que six hommes d'office en habits galonnés et élégans servoient etdesservoient la table. Cet ordre étoit tout neuf à Berlin et très -mortifiant. pour les hommes du même rang, quinepour voient pas l'imiter»

Le corps diplomatique sur tout étoit se- crètement humilié de cette pénible et hon- teuse impuissance; et l'on n'y songebit qu'aux moyens de s'en dédommager par quelque aventure pu scène propre à ternir rëclat dont downloadModeText.vue.download 221 sur 380


«?: 'À

-•cet -homme s'environnoit lorsqu'on vit arri- .ver à Berlin un ambassadeur de Russie vers d'occident de l'Europe, qui alloit présenter (son épouse à Pétersbourg, près d'un an après leur mariage. Comme ces nouveaux mariés âevoient s'arrêter quelque temps à Berlin le prince Dolgorouki ministre de leur sou- veraine en cette ville, eut à les présenter à .la cour et à les produire dans ses sociétés ̃particulières et diplomatiques. Ainsi il donna pour eux à toutes les ambassades un grand dîner où M. de Guines fut placé à côté de la belle dame. Celle-ci, déjà instruite des dis- positions secrètes des esprits avoit mis à son doigt une bague fort jolie qui renfermoit une petite seringue et au milieu du dîner elle -invita son voisin à en admirer le travail, et à en deviner le secret; puis au moment où il se baissoit pour la considérer elle pressa contre un point de l'anneau placé dans linté- rieur de la main, et fit jaillir dans les yeux r du curieux complaisant le peu d'eau que la

ï>ague contenoit. M. de Guines rit de l'aven-

ture, en plaisanta avec honnêteté, s'essuya

1e visage et n'y pensa plus mais la dame

rechargea la bague sans qu'il s'en aperçût,

.§rt quelque temps après feignit de vouloir

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c>

parler à ee voisin qu'il s'agîssoït d^embarrâs- ser, et lui arrosa le visage une seconde foïsv M. de Guines n'eut point l'air d'un homme en colère et moins encore celui d'un homme décontenancé mais prenant le ton d'un homme grave qui donne amicalement un avis utile, il dit à la dame: « Madame, tfeVsortes » de jeux sont, pour la première fois une » espièglerie rlont on rit et pour la seconde, » une étourderie qu'on pardonne à la jett- » nesse, sur-tout lorsque c'est une dame qui » se la permet mais à la troisième fois ce seroit une ofi'ens.e màdamej^ët vous auriez » à l'instant même en retour, ce gobelet » d^eau que vous voyez devant moi j'ai » l'honneur de vous prévenir » Madame ne crut pas que l'on osât effectuer une sem- blable menace ainsi elle remplit'et vida, sa bague une troisième fois aux dépens de M, de Guines ,qui à l'instant même prit son gobelet d'eau et le lui servit comme il l'âVJoitâtt*- nonçé en ajoutant avec calme « je vous » en avois avertie, madame ». Le mari prit aussi son parti sur-le-champ, et déclara que c'étoit très-bien fait, et v qu'il en rememôît M. l'envoyé de France. Madame se leva de table pour changer de linge et Ipn parla downloadModeText.vue.download 223 sur 380


C«9.3 3

d'autres choses seulement les amis de Tarn* bassadrice parurent desirer que l'on ne par- lât point au dehors de ce petit incident, sur lequel tout le monde promit de se taire et qui en effet fut alors connu de très -peu de personnes (i).

Peu de temps avant cette petite scène il s'en étoit fait une autre plus importante à Charlottembourg. Le prince royal, neveu et héritier de Frédéric avoit épousé une princesse de Brunswick sa cousine ger- maine. Chaque cour a, pour ces sortes de cé- rémonies, ses formalités et son étiquette par- ticulière et comme les marquis de Branden^ bourg sont premiers chambellans de l'Em~ pire, ils ont institué pour cérémonie la plus auguste dans les fêtes de leurs mariages, une pratique qui en elle-même est insigni- fiante et ridicule mais qui devient très-res»- pectable à leurs yeux, en ce quelle retrace ̃en partie les fonctions caractéristiques de leuïr dignité dans le corps impérial c'est ce qu'ils appellent assez mal -à -propos la danse des flambeaux. Dans cette prétendue danse où (i) Ce fut M. Dinot de ïopeconrt, l'un des convi- Ves, qui vint me conter cette aventure en très-grand secret, et le même jour. downloadModeText.vue.download 224 sur 380


t 220~

tout se borne à marcher fort gravement, Ie£ «illustres d'Etat armés •chacun d'un flambeau allumé font le tour de la salle à pas lents et selonle rang de leurs charges là princesse nouvelle toariée les suit du même.pas don- nant la main à celui qui est appelé pour jouir de cet honneur c est son premier chambel- lan, qui va dire aux assistans dans tordre de la liste qui lui à été remise pour cet obj et « Son altesseroyale vous invite à lui donner » la main .5». A l'instant, l'homme invité se. rend auprès de la princesse luf fait une profonde révérence et tàn^~què celui qui l'a précédé fait une autre révérence;, et se retire, il lui offre la main, et- marche ainsi avec elle jusqu'à ce qu'il soit remplacé à son tour. Les révérences que: rend et reçoit là princesse, le nombre des; pas quelle fait avec tous ceux qui sont appelés l'ordré de la liste/ tout est ici de l'étiquette la plus rigoureuse-' =- ïnent exacte. Le roi paroît le premier tous =v les princes suivent., chacun selon son rang, 1 ensuite ceux qui ont les grandes charges de la cour et après eux les généraux ,^t enfin;: les ministres étrangers. Lorsqu'on en fut venu àceuxcïj le chambellan invita d'abord le gé- néral de Ntigentjinimstrede Vienne j en sey downloadModeText.vue.download 225 sur 380


C221 1

fond Heu, le prince Dolgoroi4ki ministre de Russie et en troisième lieu, M. de Gaines '1 ministre de France, qui ne voulant point con- firmer par son acceptation le passe- droit qu'on lui faisoit en appelant le prince Dol- goronki avant lui. répondit au chambellan « Qu'il étoit infiniment sensible à l'honneur » que son altesse royale lui faisoit; mais que 9» ne pouvant plus danser à cause d'une bles- » sure qu'il avoit reçue à la guerre de sept » ans il la prioit de vouloir bien agréer ses » excuses et ses regrets ». La fête du lende- main fut donnée par le prince Henri, frère du roi M. de Guines eut soin de ne s'y présenter qu'après qu'on, eut fini les danses de cérémo- nie. Mais il donna lui-même le surlendemain une fête superbe, où il eut grand soin défaire inviter en particulier tous les cavaliers dan- seurs, ainsi que toutes les dames d'honneur danseuses des différentes cours de Bei-Iin et il fut toute la nuit le danseur le plus infatiga- blé de la fête ainsi que celui qui dansoit avec plus de noblesse, de facilité et de grâce. Parmi les dîners de cérémonie que M. de .Guines donna lors de son arrivée à ferlin il y en eut un pour les chefs ou administrateurs des finances,prussiennes qui presque tous downloadModeText.vue.download 226 sur 380


[sài.i

éÉoient'franço'is. Il leur fit à ce dîner Uûê dé- claration qui parut très franche aux iins-j très-politique aux autres et très-adroite à tout le monde « Je m'imagine, leur dit-il, » que l'on ne manquera pas de supposer, et » ensuite d'affirmer que mes domestiques ont » profité de mes six mois de franchise pour » apporter beaucoup de contrebande dans » ce pays. J'ai lâ-déssus deux déclarations lt » vous faire'; et je vous prie messieurs s » d'observer* que je vous les fais ici bien for- fr mellement là première- que j'ai des do- i?* mestiques pour faire inesinalles; mais que » je ne me chargé nullement de visiter les » leurs ainsi j'ignore- et n'irai point exami- ner si quelqu'un d'entr'eux a fait ou a* eu J) envie de Mre quelque sorte de eontre-t » bande que ce soit*, l'autre déclaration est » que si vous appreniez qu'il se passât chez » moi des choses peu convenables à cet égard, » je vous prîerois de ne point vous gêner par 3b rapport àmoî? il vous sûffiroit en pareilles » circonstances de m'avertit et je vous pré- jj viens que les portes de jnon hôtel seront » toujours ouvertes a ceux que vous y en- verrez pour faits semblables; qu'à l'instant » même vous ferez fouiller par-tout où vous downloadModeText.vue.download 227 sur 380


223)

» voudrez, mon appartement seul excepté, » et que renonçant de cette sorte à mes pri- » viléges pour ce càs particulier, je vous d abandonnerai tout à-la-fois et les objets sai* » sis et les coupables que je renverrai dès- » lors de mon service ».

Le résultat de cette déclaration fut que les gens de M. de Guines firent la contre- bande s'ils le voulurent, mais sans qu'il le sût ou parût le savoir.

M. de Choiseul avoit pensé que le meilleur moyen d'empêcher les soldats françois de se laisser séduire par les embaucheurs prussiens, seroit de faire rentrer dans nos régimens quelques-uns de ces malheureux qui auroient éprouvé toute la sévérité de la discipline éta- blie ou maintenue par Frédéric car qu'un officier françois dise à celui qui est disposé à déserter « Tu tomberas aux frontières dans » les mains des enrôleurs du roi de Prusse; » ils t'engageront par force ou par adresse » tu seras mal habillé, mal nourri, presque » toujours sous les armes et pour la plus » légère faute tu seras roué de coups de » canne où tu passeras par les verges, et » lu seras loin de ton pays, soldat pour toute j* la .vie, et gardé de manière à ne pouvoir downloadModeText.vue.download 228 sur 380


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» échapper sans-une espèce de miracle. lié- soldat, même en faisant semblant d'être con- verti, lui répondra intérieurement et dans le secret de sa pensée « Je ne crois pas un mot ̃» de ce que tu me dis, parce que tu es, payé pour me parler comme cela aussi tu as 3> beau faire, je n!en déserterai pas moins ». Mais si ce sont des soldats revenus de Prusse, qui racontent à leurs camarades tout ce qui. leur est arrivé et tout ce qu'ils ont vu, il n'y, a pas de doute que ces seconds orateurs ne soient bien plus persuasifs que les premiers. On ne se méfiera pas d'eux ,£t^QHirefe qu'ils diront se gravera profondément dans les esprits. En conséquence de ces réflexions, M. de Guines eut un ordre -secret de sauver, autant qu'il le pourroit sans se compromettre, les soldats français qui seraient dans les régimens prussiens et de. les adresser aux ministres de France résîdens sur les. rives du Rhin pour enrecevoirleur pardon sous la seule clause de servir deux ans dans le régiment françoîs qu'on leur assignerqït. Pour remplir cet objet, .l'ambassadeur employoit quelques domesti- ques dont il étoit bien sûr et ceux-ci en faisant amitié au?c soldats en compatissant à leura peines». downloadModeText.vue.download 229 sur 380


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géiiles', gagnoient leur confiance, lesinstruî- soient de ce qu'il seroit possible de faire pour ̃̃ eux, les habilloient un matin de la livrée de leur maître, les faisoient sortir de la viHe sur les chevaux de l'envoyé qu'on menoit prome- ner prenoient avec eux le galop, quand ils a'éfoient plus sous les yeux des sentinelles, les conduisoient ainsi au-delà de la portée de ee canon d'alarmes qui annonce les déser- teurs, et fait prendre les armes à tous les villages des environs et puis leur donnoient ce qui leur étoit nécessaire pour la route; avec.toutes les instructions dont ils pouvoient avoir besoin, et ensuite ramenoient leurs chevaux au petit pas rapportoient la livrée sur la petite veste avec laquelle ils étoient eux- mêmes sortis et rentroient à Berlin par une autre porte- C'est principalement de cette manière, qu'en moins de dix mois, M. de Guines enleva an roi de Prusse, et rendit à la France, selon ce que Tort me dit dans la temps un très grand nombre de déserteurs, sans que personne se fut douté qu'il en eût seulement connoissance.

Cependant le roi de Prusse, qui l'avoit si bien accueilli, comme voyageur n*avoit plus pour lui les mêmes égards en publie., depuis downloadModeText.vue.download 230 sur 380


C226:

Jju'il étoit devenu ministre. Dans les audiences générales, ce roi, /après avoir dit quelques paroles obligeantes aux ministres de Vienne et de Russie, faisoit tommepar distraction un demi-cercle sur la place ou il étoit tour- »oit le dos au ministre de France, et ensuite retomboit de l'autre côté et comme sortant de sa rêverie, en face de l'envoyé d'Angle- terre ou de Hollande qui se trouvoient plus loin sur la ïnêmé-lïgne. On attribuoît cet air de disgrace à plusieurs causes et sur-tout à un propos que Ton accusoit Mv de Guines devoir tenu a Paris, avant de partir ^our Berlin on racontoxf qu'interroge sur tjequil Feroit au fond de l'Allemagne, et comment ils'yprendroit pour gagner les bonnes grâces de Frédéric, il avoit répondu: « Nous ferons de la musique, et jouerons de la flûte en- “ semble C'étoit peu eonnoître lé tact dft l'un de ces déuxhommes que de lui attribuer une pareille phrase comme c'étoit peu cou- ooître le génie politique de l'autre, que dè lui faire régler sa conduite d'après une aussi minutieuse circonstance. Celui-ci étoit bien. éloigné d'attacherlamoindre importance à un- mot aussi susceptible de diverses interpréta- iÏPBs; et celui-là a toujours été mbms eapa- downloadModeText.vue.download 231 sur 380


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bleque personne, de se laisser aller à un dé- faut de convenante aussi opposé à toutes $es qualités persônnelles, et dont je n'aurois pas même fait mention si on ne l'avoit si légèrement répété dans le temps. La véritable cause qui inspira ainsi tout-à-ûoup à Frédéric un éloignement si marqué pour M. de Guines, c'est qu'il apprit qu'il étoit ami du duc de Choiseul, l'homme du monde que ce roi haïs- soit le plus cordialement. Et comment auroit- il pu accueillir l'ami de celui qu'il appeloit un monstrefuneste au genre-humain et à son propre pays 1

M. de Guines s'éf ant bien assuré que l'on ôuvroit et Ion copioit ses lettres et ses dé- pêches à la poste de Berlin se détermina à envoyer dès le matin un jour du départ du courrier pour la France, un'e dépêche chiffrée avec un billet signé de lui, et adressé au maître de la poste aux lettres contenant ce qui suit a J'envoie la dépêche » ci-jointe à la poste, à sept heures du matin # au lieu d'attendre l'heure ordinaire de sept » heures de l'après-midi, afin que M. le mat* » tre de poste de Berlin ait le temps de la »faire copier, et qu'on puisse encore l*ex* » pédier aujourd'hui. Ce qui me porte à prec downloadModeText.vue.download 232 sur 380


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$ are cette-précaution, c'est que ïaVâépêcîïe 5) est Importante et Fort pressée jet que ]& » serois par .conséquent très-afiûîgé .qu'elle » fut gardée jusqu'au courrier suivant » comme on l'a fait pour d'autres », Cette sorte de brusquerie diplomatique frappa/fous les esprits d'étonnement; les uns eniaissoienfc tes yeux et les autres en souribient malignes ment Frédéric en fut le plus mortifié parce que cétoit publier le scandale comme chose., youlne établie et avérée chez lui c'est pour- quoi ilprit des mesures pour que 1-ouvertûra des lettres ne se fît plus à rayeiir que dans des endroits ignorés1 etplacés aux frontières de sesEtats. II choisit les maîtres de post% les plus dignes de sa -confiance, leur donna les instructions convenables t leur reçom- manda surtout, outre le secret. le plus, m- ̃violable, l'exactitude à lui adresser àluiseul» les copies qu'ils dévoient prendre et défen- dit d'ouvrir aucune, lettre ou dépêche à Berlin. Ce nouvel ordre de choses produisit quelques années ensuite,.un. autre quiproquo, qui devint un nouveau scandale» M. le mar- quis dç Pons successeur de M. de Guipes t aypit écrit à son épousé dame d'honneur d* iidame à Versailles dans le tenips éf h downloadModeText.vue.download 233 sur 380


(»9)

même. jour que son épouse lui écrivoït de soft côté chacun d'eux forma l'enveloppe de sa lettre, la cacheta de son cachet particulier, r et en écrivit l'adresse de sa main et à six-ou sept jours de date, chacun reçut la lettre qu'il avbît écrite, mais sous l'àdresàe à son nom écrite de là main de l'autre. Ce ne fut qu'après avoir pris les renseignemens convenables et bien calculé la marche des courriers, que l'on. parla publiquement de cette afîàire., et que- l'on put dire avec la certitude de ne point se tromper « C'est à telle poste, non loin du » Rhin, que le roi fait ouvrir les lettres qui » sont destinées pour la France la lettre du » mari y est arrivée tel jour, en même temps » que celle de son épouse on les a ouvertes » et lues dans la même séance j et en voulant » les refermer on s'est trompé j on à mis » l'une sous l'enveloppe de l'autre ». Pour le coup, le génie de Frédéric ne put profiter de cette aventure, que pour bien laver la tête à son maître de poste.

M. de Guines s'étoit particulièrement pro- posé de profiter de sonséjpur à Berlin, pour bien étudier tout ce qui concerne l'armée prussienne. Il avouoit assez franchement que •'étoitiàle principal motif qui lui eût fait de^ downloadModeText.vue.download 234 sur 380


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sïrer cette mission et l'avantage le plus es. «entie! qu'il comptât en. retirer;, Aussi ne né/- gligedit-il rien de ce qui pouvoit y avoir rap- port.; On le voyait presque à toutes le^païa- êtes ilrnanqupit encore moins à se rendre au^ endroits où. Ton exerçoit les régimens il y étoit toujours à temps pour les voir arriver il en suivoit tous les mouvemens et toutes ̃Je*- évolutions de l'œil le plus attentif; et lorsque l'exercice étoit fini, il rentroit à la suite des corps, et les voyoit marcher deyant lui. Son assiduité donna de l'humeur axxx généraux; prussiens; ce témoin continuel et assidu* qui ne les quittait jamaisdes yeux les embarrassa y et soit qu'ils eussent reçu des ordres secrets^ du roi, soit qu'ils ne fussent mus que par la eoîère ils prirent toutes les mesures- qu'il leur fat possible d'imaginer, pour échapper. à cet argus ils "firent annoncer qu'ils sortï- roïent.par uneporte, et ils ^Sortaient- par Ja porte opposée 5 ou bien, quilsne sortiroient qu'à neuf heures et ils sortoient à quatre da matin. • • Vaines précautions; le premier homme qu'ilsapercevoientén SLVj3.vaats.\irendez-vaus> c'étoit M. l'envoyé, de France, à cheval avec un éeuyeïj immobile, et les voyant venir. downloadModeText.vue.download 235 sur 380


231 ) 1

Désespérés de ne pouvoir lui échapper ils eîfc portèrent des plaintes amères aux-dames de- la cour avec qui cet envoyé paroissoit le plus lié et ces dames bonnes patriotes, et bien recordées se mirent à lui représenter comme de concert, que sans doute le premier objet de sa mission étoit de maintenir et resserrer la bonne amitié entre les deux couronnes que dès lors son premier soin devoit être d'éviter tout ce qui pourroit déplaire au roi; que son assiduité à tous les exercices de la garnison pouvait être mal interprétée; que d'ailleurs les généraux observaient quelle causoit des distractions aux officiers etmême- aux soldats -que l'on, en manœuvroît moins bien; que de plus le roi pouvoit donner des.. ordres particuliers,, .ou faire faire des essais pour lesquels il ne falloitpas de témoins, et sur-tout des témoins diplomatiques qu'en gé- néral le roi étoit très-délicat sur l'article do son armée que c'étoit là son-seeret et comme la prunelle de ses yeux, et qu'il y avoit tout lieu de parier que si les généraux lui faisoient un rapport à cet égard il en résulteroit pour lui ministre de France, quelque morti- ficatiozi qui leur feroit à toutes une peine in.– finie». downloadModeText.vue.download 236 sur 380


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II leur répondit .que toutes amiables if spirituelles quelles étaient et tout respecta- bles que pussent être leurs généraux:, ils avoient tous le malheur de connoître moins bien-le roi que lui; que ce grand homme étoit Mën éloigné des petites idées sur lesquelles toutes ces craintes ëtoiènt fondées;- que l'ar- mée prussienne pouyoït attirer et soutenm les- regards de toute l'Europe, et qu^on l'ad-r inïreroit long-temps avant depouvoïr l'égaler^ quee'étoit donc faire sa cour au roi de la manière la plus flatteuse quitte donner ;à; son militaire, l'attention suivie que lui-même. y donnait j qu'en cela il se croyait meîUeiir courtisan que; tous ses collègues; que ses, idées à cet égard lui paroissoient si justes et si évidentes f qu'il faudroit que le roilui'mêm© lui défendît d'assister aux exercices des i régïv mens, pour qu'il s'en abstînt; que;Sur ce sujet, il n'en croiroit à aucune autre personne; 5 mais qu'il étoit absurde de penser que le roi voulut faire interdire d'assister à ce qui se fait et s'est toujours fait publiquement; que si cemonar-' que y vouloit mettre du secret j il sauroifcbîett le faire .sans prendre des voies détournées}, qu'il savoit bien lui-même combien il étoitla maître cheg lui; que les manoeuvres de Pot^ downloadModeText.vue.download 237 sur 380


C Z33] li

dam «d'où l'on écartoit les curieux prou- voient assez qu'il n'avoit pas besoin de recoin rir à de petits moyens mystérieux et voilés pour faire respecter ses volontés; qu'il les re- mercipit infiniment de l'intérêt qu'elles lui térnoïgaoient et qu'il les assuroit qu'il con- tinueroit à faire sa cour au roi en assistant aux exercices de l'armée autant qu'il le pour- roit, et selon l'opinion où il était, que rien au monde ne méritoit une étude plus suivie et • plus approfondie. Il continua en effet, jus- qu'à son départ -r et personne n'osa plus lui en parler.

Avant de faire quitter Berlin à M. de Guines, j'ai encore à recueillir une anecdote qui le concerne; il s'agit d'un françois qui » craignant d'être arrêté emprisonné, et pour- suivi en justice, vint demander protection contre ce qu'il appeloit ses ennemis. L'envoyé, après l'avoir. bien écouté, fit appeler le se-, crétaire Tort, par lequel il se fit remettre une lettre en huit pages qui étoit dans celui de ses cartons qu'il désigna. Lorsqu'il eut la lettre entre les mains, il dit au réclamant « Voilà, » monsieur, une lettre qui m'a été adressée j) toute ouvespte il y a quelques semaines, downloadModeText.vue.download 238 sur 380


C254}

avec prière d'en prendre connôissance r el » de vous la remettre en niaiiïpropre lorsque -je le jugerois convenable: je ne vous l'ai pas* » remise plutôt, parce que je ne vous aï pas! » VU, et que rien ne pressoït. Mais aujour-* » d'hui que vous me demandez d'étendre sut vous la protection que je dois exercer en- »-favêur des François qui en sont dignes il m faut que vous lisiez cette lettre avant que » je puisse vous rien promettre ou vous;réV » pondre. Le François prit et lut la lettre en » Bonjme déconcerté elle étoit de Ja sceùr » d'un autre françois dont il étoit accusé d'a«r » voir causé la perte j5.

Combien une pièce semblable ne devbit- elle pas être pénible à lire en présence d'un ambassadeur qui en savoît le contenu et <2,'uïï autre témoin quïsembloit ne pas TignO- rerî Quand enfin les yeux du lecteur furent arrivés à la dernière ligne M. de Guïnes lui dit « Monsieur gardez cette lettre j 1 » maïs dites-moi à présent ce que vous pen- » sez que je doive faire pour vous » ? Il Fut impossible à cet homme iumilié, depro- férer une seule parole des larmes de con-; fusion lui couvrirent les joues >; et il sa retira. ̃ downloadModeText.vue.download 239 sur 380


(233} à

M. de Guines m'avoit promis d être le par- rain de mon fils qui venoit de naître; mais comme dans ce pays les personnes aisées net font la cérémonie du baptême que lorsque la mère peut recevoir du monde il me dit la veille de son départ « Donnez mon nom à » votre fila etcroyez que ce sera par rapport » à moi, comme si j'avois assisté à la céré- » monie ». Lorsqu'arrivé à Paris en 17779 j'allai lui faire ma visite, une de ses premières questions, après avoir su que ma femme étoit avec moi, fut « Et le jeune-homme? Je n'ai » point oublié les droits que vous m'avez » donnés sur lui. Je veux avoir le plaisir de » dîner avec la mère, et défaire connois- » sance avec le fils. Pouvez-vous venir tel » jour? je ferai avertir Desaudrai; et j'en- » verrai chercher ma fille aînée, qui peut » venir le même jour et à qui je veux faire » faire la connoïssancë demadameThiébault». J'acceptai, et fus singulièrement frappé du caractère naturellementaussi calme et réfléchi que doux, honnête et modéré de mademoi- selle de Guines dont les nouvellistes avoient publié dans le temps, la querelle avec made- moiselle d'Aiguillon, dans l'abbaye de Pan- themont où elle étoit encore. downloadModeText.vue.download 240 sur 380


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Cette petite aventure cependanïtfavHfjiaS' du inspirer aux deux pères des dispositions jbfen, favorables l'un pour l'autre^ aussi allons-* nqusvoir qu'elles ne furent pas telles lorsque^ M. â^iguillonititrûmistredësaffairèsétrangè- jpesvM. de Gaines* ambassadeur àLo»dres,eul &>n procès avec Tort3 peu après la disgrâce âBM.;Iéduê de Qhoïseuï ce procès lui fit «jfesfrer de faire un voyagé en France, et il en?. oBtïntla permission. Lorsqu'il eut terminé ses aflaires \'& dit à M. d^tiguilb» quil étoit prêt à retournera sonpoète, et quille ^priôifc àe prévenir sa majesté qu'il n'attendoit plus à cet égard que ses ordres. M; d'Aiguillon ré- pondit selon l'usage qu'il en- feroït son rap- port; etquïfhii feroïtettsnite passer la. ré^. ponse silë roi en fâisôi t une et puis selon l'usage" encore de ceux qui veulent desservir ce dernier ne donna avis de rien. Cependant le temps s'écouloït, Je silence dfeyén oit ia- qtàétant certains bruits se répandoient sour» dément dans lé monde» On eroyoiè que M. de Gumes ne retburnerOit pas à Londres, Cette ambassade pourroït bien être donnée à tel < ou tel autre seigneur.» M. de Guines aussitôt qu'il lut instruit- de ces propos > alla. downloadModeText.vue.download 241 sur 380


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trouver M. crAigmlkm à l'heure ou" celui-ci étoit seul et il lui dit « Monsieur je >f vous ai instruit en tel temps de mon désir » de retourner à Londres et vous m'avez » promis de prendre à ce sujet, et de me » faire passer les ordres du roi cependant » ces ordres ne me viennent point. J'ai trois » déclarations à vous faire l'une, que je » tiens mon honneur intéressé à ce que je j) retourne bientôt à mon ambassade la » seconde que si je n'y retourne pas c'est » à vous que je le dois; et la dernière que » sur ces deux articles comme sur tout ce » qui tient à l'honneur, je ne prends et ne 3) reçois jamais conseil que de moi-même. Je vous prie donc, monsieur, de vouloir 3> bien, vous occuper de cette affaire sur » laquelle j'attends de vos nouvelles dans » huit jours. » Au bout de la huitaine, il reçut ordre du roi de retourner à son poste.

Il est vrai que l'on ne tarda pas beaucoup à le rappeler, mais ce ne fut qu'en lui donnant le cordon et le brevet de duc,- et à ce prix, il pouvoit se féliciter de n'être plus sous la dépendance de M. d'Aiguillon. H downloadModeText.vue.download 242 sur 380


c *3«

rentra donc dans la carrière militaire cotams lieutenant-général, et fut nommé l'un'- des inspecteurs-généraux de larmee et erisuita- gouverneur de l'Artois. downloadModeText.vue.download 243 sur 380


C 239}

M. DE P©ns-SaintMaurice.

Plus d'un an et demi après le départ de M. de Guines, arriva son successeur, M. le marquis de Pons -Saint -Maurice homme assez grand, presque maigre, toujours mo- déré et assez habituellement sérieux, âgé de trente et quelques années et d'une très- ancienne famille. Il ne ressembloit à son prédécesseur ni par les qualités extérieures., ni par son état de maison qui étoit noble et très-convenable, mais simple, régulier et uniforme.

Sa suite n'étqït pas. fort sémillante c'étoit

  1. [. l'abbé Mat; le chevalier de Gaussen

secrétaire de légation; etM.Silvestre, second secrétaire.

M. Mat étoit un ancien jésuite qui avoit beaucoup de mémoire et plus de connois- sances que de philosophie. C'est un des trois, hommes qui parmi tous ceux que j'ai ren- contrés, m'ont paru posséder dans un plus grand détail l'histoire ancienne et moderne. downloadModeText.vue.download 244 sur 380


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Les deux autres étoient M. Wéguelîn 4 iîiott collègue et un M. Guénégaud voyageur conuu sous le nom de Valmont. Je les ai vus un jour réunis par hasard chez moi faire entr'eux un assaut de mémoire et de con~ noissances qui. dura près de deux heures 4 et qui fut l*un des entretiens les plus curieux et les plus intéressans dont j'aye été le témoin. Chez toutes les nations où la conversation les porta ils entrèrent dans les plus petits dé- tails, et chacun d'eux se trouva connoître également les faits et les anecdotes; et même les familles et les individus. Ils savoïerit pré- cisément, par exemple combien de noms tel Anglois vivant sous tel règne avoit suc- cessivement portés 5 à quelle époque pouf quelle cause il avoit quitté tel de ces noms-, pour en prendre tel autre et enfin M. Wé- guelin convint que les deux autres cônnois- ̃soient aussi parfaitement la Suisse que lui 4 qui y ctoit né, y avoit vécu et l'avoit si bien étudiée.

M. Mat aimoit a faire parade de ce qu'il savoit il parloit beaucoup et racontoit pres- que toujours. Ses visites sembloient être écri- tes d'avance dès qu'il arrivoit il n'y avoit plus d'autre conversation que la sienne -– il downloadModeText.vue.download 245 sur 380


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il en déterminent assez brusquement îë sur- jet par les questions «p'il lui convenoit de iàire puis il décidoit, plaçoit ses anecdotes et s'en alloit. II n'y avoit à cet égard d'autre difierence entre lui et l'abbé Raynal, sinon. que ce dernier mettoit dans son ton un peu plus de cajolerie envers les dames, et plus de brusquerie envers les hommes faisoit sur-tout ses visites pour dîner les prolon- geoit autant qu'on paroissoit disposé à l'en- tendre j et apostrophoit insolemment ceux qui ne l'écoutoientpas. Du reste, ils avoient tous les deux les mêmes prétentions tous deux despotes et grands parleurs dans la société j tous deux iniolérans et ennemis de ceux qu'ils ne parvenoient pas à subjuguer; mais tous deux fort instruits intéressans à entendre parlant "BïeHTaMna'nt â'eiter les grands et uniquement occupés de leurs in- térêts. ̃

M. Mat nfe fut pas adroit à Berlin son amour propre éleva un mur de séparation entre lui et les personnes qu'il auroit dû voir le plus et il fut enfin confiné entre madame de Blumenthal, grande- gouvernante de la princesse Henri, M. de Launay, régis* seur des finances prussiennes quelques en- downloadModeText.vue.download 246 sur 380


X ;242 )

-vOyés et un très-petit nombre de .gens dé lettres. Il alloit tdiisfles fours chez, les "deux premiers et assez raretHefit ckez les autres. ïl n'y avoit pas là de quoi l'initier dans les secrets qu'il était Jaloux de pénétrer;: car madame de Biumenthal ne savoit rien M. de Jjaunay ne savoit que les détails de sa be- fsogne les itiiniétreâ ne disoîent que ce qu'ils ̃voixloientliien dire et pour les; autres qui ne sa inêloient giièfes de politique ils n'a- soient rien à lui dire. Il résulta de- là ce qui idèvoït en résulter M. Mat s'ennuya re- tourna en France au premier voyage que M.' de Pons y fit au bout d'environ deux aîxs3 et îië revint plus à Berlifi qrôï a tou- jours détesté depuis. Je l'ai rettôtJ^è S ïâris in 17S4 tout -Qùisapê des grands, cîiejz les- t|uels 'il aïloit dtaer., êt-sùr^tcnit- ckez. M. le mârécîial de Richelieu et cbez liiadame de Monconseil la grande amie de M-deTer^ gennes.. Je Taî vu de temps en temps., et l'ai- reifouvé tel que jerlavois connu-, toujours affairé ,• toujours important et toujours oc- cupé de: M-mênie. IL a 'eu le bonheur de mourir quelque iemp"s avant lai révolution dônï il auroitétë rune'des premières victî- mes. VM. Lallemand de Baye l'avoit retiré chez lui après la destruction des jésuîtesiSorsque downloadModeText.vue.download 247 sur 380


C 243)

Q Z

îe> parlement exigea le serment de- renoncer à l'institut de Saint-Ignace, M. Mat qui étoit profès s'en alla à Rome, où il passa quatre ans et où il ne s'occupa que des moyens de revenir dans sa patrie il fut assez heureux pour y réussir et y obtenir quelques mo- diques pensions béiiéfîciales. Il avoit ensuite été l'éditeur des œuvres de plusieurs de ses anciens confrères dont les manuscrits lui avoient été successivement remis ou légués ,tels que ceux du père GriH'et du père de Neuville et de quelques autres.

A la suite de M. Mat, on voyoit chezM.'de Pons le chevalier de Gaussen, homme assez ,grand et assez fort d'environ trente ans, fils d'un ancien officier du p iys de Lunel, s très bon et brave garçon spécialement protégé par* le duc de îCïvernois ayant t d'ailleurs des mœurs douces une conduite régulièie, et une sociabilité qui le fit aimer de tout le monde. Pendant les onze ans qu'il a été à Berlin il n'a pas eu à essuyer un seul désagrément de qui que ce soit; et quand il fut au moment de nous quitter en 1782 pour aller en Suède il demanda à tous les maîtres des maisons qu'il fréquentoit, le portrait de leurs femmes voûtant en faire un volume downloadModeText.vue.download 248 sur 380


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'Ûê souvenirs qu'il auroit par-tout avec toi » et qu'il ntauroit qu'à ouvrir^ppur se retrou-' ver en quelque sorte en société avec nous. Cette idée ne blessa personne de sa part 5

chaque dame consentit à se faire peindre par

Carvel qui, se trouvoit alors à Berlin, et le chevalier de Gaussen emporta collés sur les feuillets d'un volume petit in-4.0. les portraits d'environ soixante daines dont aucune n'a- voit été l'objet de ses inclinations. M. de Pons étoit fort instruit, raison- noit avec justesse parloit bien et racontoït avec aisance, agrément et simplicité. Frédé- ric lui témoigna beaucoup d'égards j et les attentions de ce roi contribuèrent sans doute encore à lui attirer la considération du pu- = blic. Dans ses. négociations^ il agissoit régu- lièrement et sans bruit; on ne pouvoit savoir que par les résultats s'il avoit eu quelque commission, ou s'il n'avoitrien eu à faire. II étoit extrêmement circonspect; rien ne pou- voit le compromettre. Bien convaincu que jamais on ne doit dire ni plus ni autrement qu'on ne sait, il se fît une si grande réputa'- tion d'homme véridique, que vers la fin de la négociation de Teschen, à une époque où

1e monarque prussien youloit livrer une ba*

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faille-, dans laquelle, selon ses- calculs it auroit eu trente mille hommes à sacrifier pour: forcer le camp de l'empereur et en détruire l'armée; et où. le baron de Hersberg disoit pour l'en détourner quela B-Ussie et laFranee. feroient marcher chacune une armée contre, l'empereur si celui-ci n'admettoit pa's les conditions convenues entre sa majesté et ces/ deux cours; le roi, toujours méfiant, répon- dit « Je le croirai, si le marquis de Pons en 3) répond d'une manière positive. Et sur c$ que Hersberg répliqua qu'il en avoit eu la dé- claration précise du marquis :.« Eh bien, dit » Frédéric, je ne donnerai point bataille. » Depuis cetteépoque, M, de Pons fut àBerlin le membre du. corps diplomatique le plus consi- déré, comme il avoit toujours été fun des plus estiméa,. Y

Après la paix de Teschen M. de Pons eut une négociation à faire pour trois à. quatre mille chevaux que Frédéric réformoit et qu'il nous vendit. Mais cette opération ne fut pas heureuse pour nous les officiers de cavalerie qui furent choisis par la cour de France pour les venir recevoir, et que j'ai vus à Berlin, nese connoissoientpas en chevaux^ on. bien ils se laissèrent, tromper car ils àâ – downloadModeText.vue.download 250 sur 380


t*$'i

nous ramenèrent que des chevaux, non de ré- forme, mais de rebut f petits maigres et rui- nés. A peine put-on en employer le tiers dans nos troupes légères le reste fut donné presque pour rien dans nos foires et marchés aux ehe-r vaux. r Un jeune fat du pays d'Hanovre T arrive à Berlin comme voyageur ,s?extasiôit" en sou- pant a table d'hôte, sur la beauté de made- moiselle de Marshal dame d'nonneur de la princesse. Henri. On lui en montra le père clans un homme maigre noir, ayant dé si petits yeux qu'à, peine pouvoit-on les voir et de plus .arrivant à l'instant même de la campagne sans toilette, et presque habillé comme un paysan. Jamais le jeune étranger ne voulut croire qu'un nomme aussi laid fâf le père d'une aussi belle demoiselle j et il n'y à sorte d'esprit de coulisses quil ne déployât à ce sujet. Il prétendit que c étoit déshonorer la mère de mademoiselle de Marshal que d'être tel» et s'en dire le mari. M» de Marital, homnïe de beaucoup d'esprit se prêta par pitiê^ durant quelque temps, à tous ces mau- vais propos j mais enfin l'honneur ^exige?, qui] prît un ton plus sérieux; et il dëcl.aja h f'étourdi qu'il étoit hïgn le mari de madame de. downloadModeText.vue.download 251 sur 380


~7'.)

.Marshal, et le père de la jeune dame d'hon- neur et de plus et sur-tout, bon gentilhomme et homme d~honneur hil-même. Ces mots no paroissant pas avoir été sentis, il se retira, et envoya le lendemain mati~i, à M. l'Hanovrien, s son ney&u~ M. de ëchackj jeune oScier des gendarmes, pour demander une simple ex- plication honnête des mauvais propos de 1~ veille ou si absolument on ne pouvoit rien .obtenir de semblable, un rendez-vous. L'Ha- novrien persista, ajouta même à ce qu'il avoit dit, donna le rendez-vous au parc pour jour suivant, de bon matin, et y arriva à cheval, et caracolant avec toutes les grâces .de la fatuité. M. de Marshal le suivit de près .en voiture. K Ah, lui dit l'étranger persiSeur, vous yene? en voiture ? Je vois que vous f éteshoNijŒ~prec~ut?onT~Oui, monsieur~ M répliqua le père de iamille, j'ai pensé que H vous auriez besoin de voiture, et que comme ?) étranger vous n'en aviez point a Berlin. Les témoins placèrent d'abord M. de Mar- .shal dans l'allée voisine, et conduisirent l'Ha- npyrien à dix pas plus loin. « Ou me menM'- ?) vous donc? s'écria celui-ci.Voulez-vous me placer à l'autre bout de l'allée ? Vous serez encore trop près, lui dit M. de Mar-" downloadModeText.vue.download 252 sur 380


f~8) }

sML '– Eh bien monsieur reprit le jeune' ïiomme, arrivé à son terme; tirez; vous M êtes le plaignant. -– J~aurois droit de le M taire mais c'est un droit que je vous cède K car rien ne me presse moins que de vous M tuer. L'Hanovrien tire, manque, et pre- nant une attitude fière dit en frappant sur sa tabatière~ avant de prendre du tabac <e Je vous attends. – Monsieur, lui répliqua son adversaire, je ne vous tuerai pas; cepen-" aï dant, comme vous meparoïssez avoir grand N besoin d'une le~on, je vous la' donnerai je » vais vous tirer à la cuisse droite au-dessus ? du genou. M Le coup partit, le jeune nomme tomba, et on le ramena dans la voiture de M, de Marshal, qui rentra à pied; St ses pré" paratifs pour se sauver j et~iemanda à M. de Pons, dans une entrevue secrète, des lettres pour Paris où il vouloit se retirer, M. de Pons offrit de lui en donner des plus instantes~ et autant qu'il en désireroit~ mais il lui avoua. ne point approuver ce projet de iuite. K~ous~ êtes rnsî dans Fesprit de Frédéric, lui dit-il~ ? et si vous partez, vous y serez plus mal ? encore, et pour le reste de la vie. Vous ? voilà donc, et peut-être pour long-temps~ loin de votre patrie, de vos propres af~ downloadModeText.vue.download 253 sur 380


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taires de tous vos amis, de votre mère, i 3) très-âgée, de votre épouse et de vos en- » fans. L'ennui et les regrets vous prendront a. Paris, où vous serez dans une entière inaction, et où à la fin on ne vous regar- X' dera que comme un oisif et un proscrit. Au ? lieu de vous en aller je vous conseillerois d'écrire à l'instant même au roi, de lui M faire un exposé simple et fidèle de cette ? malheureuse affaire, et de lui déclarer que, soumis aux lois et sachant bien ce que la x justice peut prononcer contre vous, mais sachant aussi combien un aussi grand roi B est attentif à apprécier les intentions et les circonstances, vous attendez chez vous les ordres qu'il plaira à sa majesté de donner par rapport à vous, également soumis à sa M justice, etcohnant en sa clémence.Vous M irez à Spandaw malgré cette lettre, j'en M conviens mais je connois votre roi; il ne vous retiendra pas plus de quatre mois Jt a la forteresse. Après ce terme, vous serez N rendu à vous-même et aux vôtres et même B cette conduite vous aura remis dans les .M bonnes grâces de Frédéric, a M. de Mar- shal suivit ce conseil, fut envoyé à Span*- daw, et fut libre au bout de quatre moia~ tant M. de Pons avoit deviné juste. downloadModeText.vue.download 254 sur 380


T ~o")

Quant au jeune Hanovrien~ il'avoîtjêç~ un coup malheureux. M. deMàrshat., lie plus habile homme du Brandebourg dans ce genre d'escrime, lui qui coupoit sa balle dans la lame d'un couteau, fut cependant mal-adMit en. cette occasion; saballe tomba àun pouce plus bas qu'il n'avait voulue et brisa larotule i3.e ce jeune hoKrme qui expira au Ttoui de "trois jours dans les plus horribles snuR- Irances..

Uu jour~lB bon Noël,. maîtye-d'RQtel, on plutôt cuisinier en chef, ou seulement premier cuisinier de Frédéric, recul de Périgueux, sa patrie une lettre par laquelle son. irëre ~au- bergiste en cette ville, lui demandoit .si! y avoit dés- papeteries chez le roi de Prusse~ et si l'on serDit bien. accueilli en venant y en établir une. Ces questions etoient proposées de la part de trois &ères, héritiers d'urne pa- ~etefi& irës-estimée dans lé pjérigord, mais ~uij pourBtM dirigée n'avait pas besoin du ~concours de trois maîtres. Encausant&vecle irere de N.oël l'un de ces trois héritiers avoit eu l'idée de venir former un nouvel .établisse- ment en 'Prusse et dé-là Jes questions en- voyées à Berlin. N'oëi~ lut la lattrë .~JFréde-

i'ic~ qui; toujours attentif à pEôj5ier des oc-

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s5i)

casions, fit repondre, 1°. qu'il donneroit une pension de deux mille écus au maître pape- tier pendant les premières années;, et des gages proportionnés aux ouvriers qui le sui- vroient 2°. qu'il lui feroit construire à Oran- gsbottrg sur le Havel huit lieues de Berlin ~'les bâtimens nécessaires pour cette entreprise, et qu'il y feroit placer les ma- chines et outils convenables. Le papetier de Férigueuxse hâta de profiter de ces offres ma- gnifiques, et arriva à [a tête de vingt ouvriers. Il donna son plan le devis des bâtimens Rit évalué par les architectes à vingt mille écuSy que Frédéric fit compter au directoire. Il ne s agissol t plus que de mettre lamain à l'oeuvre et c'étoit ce que le pauvre étranger ne pou- ~,oit obtenir: plus il ea5pit moins on avau voit obtenir: plus îl_pcesspit~ moins on avan- çoit. Il se 3ésespéroit de tant de retards lorsqu'on lui fit entrevoir que tout iroit vite et bien, s'il vouloit consentir à partager, avant tout, entre les principaux employée des bâtimens royaux au directoire, la moitié des vingt mille écus ordonnancés on ajoutoit qu'il n'avoit pas besoin de s'inquiéter de co taux emploi, parce qu'on sauroit bien le cou< vrir de manière à ne compromettre personne~ et trouver des raisons plausibles pour y faire downloadModeText.vue.download 256 sur 380


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suppléa par le roi. Le brave Péngou.rdi~ lut indigné de ces propositions II en parla. en homme scandalisé il se déclara incapa-- bIedeGonniver a. aucune &Iponnerie. Tout cela fit du. bruit dans le public, §1 bien que. 3es emplayés ne songèrent plus qu'à le punir On fit faire les bâfimen&; mais on eut soin de Ïesaceélérer, et d'y multiplier les gaucheries au point qu'ils n'eussent en aucun pointla so-. Ïidité requise; après quoi oniui soutint qu'on. avoit suivi ses plans, et que lui seul devoir porter la peine de son ignorance et de sa té-~ mérité. A ce premier embarras on en j.oignit un second; on lui déclara qu'il ne recevroit; plus sa pension ni les appointemens de- ses. ouvriers, qu'il n'eUt enfin mis sa fabrique en activité on ~axa de~raresse et de charla- tanerie; et d'un autre GÔtéjOnavoitsoînda l'empêcher sous main, de se procurer les. vieux linges ou matières premières, sans Jes- quelles il neponvoitrien faire~ Les ]uij& même les plus pauvres refusoient de gagner defar- gent avec lui. Dans cette cruelle position,. quelques amis lui dirent qu'il trouveroit à, acheter des matières premières en Saxe il se Jhâta. d'y faire un voyage; et quand il revint ~vec les achats qu'il y avoit fstits, on~Iç mit a~ downloadModeText.vue.download 257 sur 380


'cachot comme traître, sous prétexte qu'IÎ eto!t allé offrir à la cour de Dresden, les mêmes ser- vices qu'il avoit engagés à Frédéric. Pendant tous ces intervalles il avoit vécu d'emprunts Noël lui ayoit prêté quelque argent un coii- tellier, nommé Humblot, lui avoit prêté ses épargnes, qui pouvoient monter à deux mille écus et par malheur, un certain juiflui avoit aussi fait quelques avances. Noël fit tout ce qu'il put pour le sauvera il remit des mé- moires au roi; il alla jusqu'à prier sa majesté de vouloir bien l'entendre, et jusqu'à lui pro- te&ter qu'on la trompoit indignement dans cette occasion. Frédéric, séduit par son mi- mistre~ qui étoit la dupe des employés se re- fusa à toute lumière, décida que cet homme étoitun Irtpon~ persiiïla Noël sur l'argent quit avoit si m'ai placé, et ne voulut plus en en tendre parler. Humblot, qui ne logeoit pas loin de la prison, vint trouver l&prisonmer, s et lui dit « Vous m'avez perdu les épargnes M de plusieurs années le fruit de mes sueurs, et la seule ressource de ma femme et de x mes enfans mais ce n~est pas de votre faute, s et vous êtes encore plus à plaindre que moi. ? Vous me rendrez mon argent dans la suite, t si vous le pouve~ en attendant, je viens downloadModeText.vue.download 258 sur 380


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vous oBrir de partager mon souper avec N vous je le ferai apporter ici tous tes soirs s et je vous tiendrai compagnie une Iieuré ou N deux il me sumra de dîner avec ma femrrte et .mes enfans, et je n'aurai de regret que sur M la frugalité de ma cuisine. s -Quant au juif, le ministre l'engagea à faire écrouer son misé- rable Grëancier, lorsque cetui-ci eut gagne son procès sur l'absurde accusation qui Fa Voit fait: arrêter. On donna la papeterie à un~ompie qui avoit été s uccessivement mauvais libraire, mauvais horloger, mauvais bijoutier, et qui ne lut probablement pas meilleur papetier Les vingt ouvriers demandèrent des passe- ports pour s'en retourner en France et H les obtinrent à cause de leur attachement connu pour leur premiermaJLtre. On avoit peur qu'ils ne fussent entendus quelque joarj, car ils ne ppuvoient se taire. Tassaert me pria de le se- conder dansleprojef d'obtenir pour eux quel. que protection du marquis dePpn&, qui nous répondit avoir un vrai regret de ne pouvoir rien faire pour ces pauvres mathoureux dont il plaignoît le sort; que eomme ils avoient quitté la France en contrevenant aux lois, jL ne ponvoitse mêler d'eu~ en rien; mais que s'Hs desiroient faire un dernier eSort p&~r downloadModeText.vue.download 259 sur 380


(2~

ïeur maître, bien plus à plaindre qu'eux, nous pourrions leur conseiller de fixer leur départ de manière à prendre par Potzdam, et à passer sous les fenêtres de Frédéric à deux heures après midi que pour l'ordinaire, ce roi se tenoi~ quelque temps à cette fenêtre après son dîner, et rpgardoit Ce qui pas- soit au-delà de son jardin, sur la route de Saxe et que vraisemblablement il ne verroit pas une vingtaine de voyageurs ensemble, sans faire courir après et que le regret de perdre tant d'ouvriers en un jour, pourroit le porter à donner des ordres plus favorables au pauvre détenu. On suivit exactement l'avis de renvoyé les ouvriers furent eSëctive- înent arrêtés et questionnes par un officier des tardes.Leurréponse fut telle que nousi'aviona dicfëe &~o~ne s~'Mm*'engagés qu'avec ITiomme de bien qu'ils connoissoient tous N ~depuis long-temps que ce brave homme, & Victime innocente des friponneries de plu- ? sieurs autres, n'ayant plus d'occupation à -teur donner, ils redevenoient libres et re-- & 'tournoient dans leur patrie en ptenra'nt, B bien moins sur leurs pertes, que sur les » malheurs de l'innocence en butte à la ven- geance des fripons. » Nous sûmes ensuite downloadModeText.vue.download 260 sur 380


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LÉGATION

que Frédéric, sur le rapport de ioincier~ avoit gardé un instant le silence, et avoit dit ensuite <c (~a'ontes laisse aller. B Quand j'ai quitté Berlin, le papetier de Périgueux étoit encore en prison, et Humblot ailoit encore souper avec lui. Ce Humblot, fort boELOU- yrierj, avoit déserté d'un de nos régimens ëR~ Corse, et étoli venu s'établir en Brànden- bourg;ils'yétoitmarié avec une jolieiënime~ 3 qui lui avoit donné trois ou quatre en&ns. H étoit si laborieux et si rangé qu'iLenfretenoit fort bien sa famille faisoit des économies~ donm)~ a souper à son débiteur:, et envoyoït tous les ans environ cent ecus à son përe~ alors âgé de quatre vingts ans~ à Langres~ J'ai nïoi-mêm& contribué à faire passer ce se" cours du fils au père. J'avoue que ce~ernier trait, quand Téneus connoissaBceyimëpenéirà d'estime pour ce digne homme; et que lui dis « En me mettant dans une pareille eon- 6dence:, vous môtezia pensée et la Mberfé de marchander avec vous. Je ne ieraUra" B vailler que chez vous j et je vous paierai tout au prix que vous me demanderez. » Je lui ai tenu parole jusqu'au moment de mon départ. downloadModeText.vue.download 261 sur 380


~y~ 1,

m. R

LÉGATION D'AUTRICHE.

L'ENVOI d'Autriche aBerlin~ quand j'ar< rivai en Allemagne, étolt le général Nugent, Ecossois d'origine, homme respectable, et l'un des plus dignes qu'il y eût alors dans le corps diplomatique il étoit vraiment noble, simple, franc et loyal; il avoit d'ailleurs une riche taille, et beaucoup de dignité dans toute sa .personne. « Ecoute, disoit'il un jour, en ma présence~ au baron de Stuthereim, mi- nistre de Saxe, cc tu es toujours, et par-tout, N ministre plénipotentiaire; et c'est grand .s dommage,. car tu es un brave et excellent homme t-tnes't~ujouS~boutonné, mon N ami, et l'on ne sait comment te prendre. Tiens, fais comme nous je te jure, qu'en sortant de mon cabinet pour me rendre M en société, je laisse toujours là dans mon M cabinet, et sous clef, le ministre de Vienne. Je suis persuadé que ces Messieurs, ( en montrant les autres envoyés qui étoient la même table,) cc en usent de même. Eh bien fai& comme nous, mon cher Stuthereim, downloadModeText.vue.download 262 sur 380


~s58)

? et sois ici libre et à ton aise. Il faut sans » doute remplir nos devoirs de notre mieux. H mais après cela, soyons ensemble comme 3) des gens d'honneur et de bons camarades ? doivent y être. Déride-toi, mon ami < et a prends ta. part des plaisirs communs. HagIssoitcommëiHedisoitnIavoitIaphi- Yosopnie qui confient à un brave et ancien 'militaire et à~n'homme de lameiMeuré~so- ciété. <e Je n'estime et neveux connoitre~ me M disoit-il en une autre occasion, que la phi- losophie qui nous attache à nos devoirs, et a qui nous rend plus sociables et plus utiles. Tout le reste est sottise, extravagance et duperie, Il se moquoit souvent de son se- crétaire, homme dé)a âgé et qui étoit tout plein d'idées scplastiqu.es..Son aumônier au contraire, en é~oit fort bien venu, parce que cétoit tout à la fois un jeune homme fort rangé et un fort bon garçon.

Le général Nugent, en me parlant des rhu- matismes dontil étoittourmenté~me dit qu& c'étoit un des fruits de la guerre de sept ans, et principalement d'une expédition qu'il avoit eil~faire pendant les froids les plus rigou- reux ils étoient allés par je né sais c~el che.- min visiter une des plus hautes montagnes downloadModeText.vue.download 263 sur 380


( ~9 )

B 2

de Bohême. Arrivés au sommet ils n'eurent d'autre moyen pour descendre, que de s'as- seoir à terre sur la glace, chacun d'eux tenant par le corps celui qui se trouvoit assis de même, et entre ses jambes, et de glisser ainsi par bandes de-vingt;~ trente hommes, du haut de la montagne en bas. Il avoit beaucoup sué en grimpant sur cette montagne, et quand il arriva dans sa tente, sa chemise s'étoit gelée sur son corps, au point que quand on la lui eut ôtée, elle restoit sans le moindre pli dans l'état où on la plaçoit.

VersIaËade.iyôS, legénéraINugent apprit tout-à-coup que Frédéric venoit de donner des ordres pour rentrer en campagne. Le générai. d'artillerie avoit reçu dans la nuit plusieurs mIHions d'éen&~pnn.Kj~i~Eesn~res. dépenses~ On donndit des ordres pour faire revenir les chevaux de trait, et tous les hommes de ser- vice dans trois ou quatre jours, l'armée de- voit se mettre en marche. A l'instant, il vient chez le comte FInck-enstein, et le prie de sol- liciter une audience dn .roi pour lui, et dans le plus court délai. La réponse arrive de Potz- dam le même soir, et porte que sa majesté re- cevra M. l'envoyé de Vienne le lendemain dans lamatinée. Le général part avec le comt~ downloadModeText.vue.download 264 sur 380


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fmck'enstein, arrive et est reçu. t(.N..ien~ a- voyé, lui dit le roi, quel est l'oLjet de Fau.- dience que vousm'avez fait demander?– Sire, votre majesté paroit vouloir recom- mencerla~ guerre Est-eUe donc lasse devoir x l'Européen repos? Etquelpeutêtrelëiao- tifquiladétermine?–Moïisieur/mo!nn.otIf ? est fort simple; }'aime mieux prévenir que ? d'être prévenu. – Eh qui donc, sire, 'songe s & la guerre? Personne au- monde n'en a là M pensée; je réponds du moins que la 'maison » d'Autriche ne desire que-la paix. – Qu'est- B ce donc, monsieur, que les remontes ex- traorditiaires que vous venez de faire? s Quatre mille chevaux d'un seul achat!– 3) Sire, que votre ma] esté me permette de lui ~rappeler des iaits-qTl'elte~eut aVQ~ ou- w bHés après la paix de Habërsbo~rg~im- a pératrice-reme proposa à votre.majësfé de s réduire les armées à moitié de ce quelles étoieni, et cela pour le soulagement des x peuples; ellé-declaroli; en même–temps. qu'eue obtièndroit certainement que l'on N prît les mêmes mesures en France. Votre

) maiesté ne crut pas devoir adopter ce plan,

des considéraHons particulières 'et puis- santés rén détaurnant~. ce dentelle témoi- downloadModeText.vue.download 265 sur 380


(~) -–t

gna éprouver les plus grands regrets; et cependant y sire, l'impératrice-reine, se con-

c Ëant sur la solidité des traites touchée des

a besoins des peuples, et voulant remettre de l'ordre dans ses finances, fit ce qu'elle avoit proposé à votr~ majesté; en quoi la France l'imita jusqu'à un certain point. Cinq années ..x consécutives de paix et d'économie ont rem- x pli. ses vues, au moms~ en partie. La mort

B de rempereur, grand-duc de Toscane,.a

x, mis de plus, à sa disposition, un trésor qui X' a sufH pour achever à-peu-près le paiement des. dettes de l'Etat. Dans cette position, elle.a: pensé qu'il étoit de la convenance et M mêm~ de son devoir, de remettre son ar- 3) mée sur je pied qu'exige Fét&ndue de .ses. ,Etats et c'est G~qu~j~Ce.EtainenMnt, je votre majesté conviendra que depuis la paix K jusqu'à présent, la maison d'Autriche a en. x beaucoup moins de troupes qu'il ne lui con- N yen oit d'en avoir, vu la population de ses. r province&, et dans la, proportion de&tpou- N pes de toutes les autres puissances dé l'Eu-* 3) rope. Ainsi~ l'impératrice-reine ne fait que' ce que votre majesté ieroit elle-même àsa D place, même avec les intentions les plus pacifiques. Aussi, ne balance-je pas à vous. downloadModeText.vue.download 266 sur 380


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& assurer, sire, comme chose qui m'est bien -!) connue et dont je réponds, que la sou ve"- raine pour qui je parle ieij ne désire rien ? tant que de maintenir la paix, quelle s'ap~ N plaudtt tous les jours d'âvoîr conclue avec x votre majesté. – M. te générai, sa majesté N impériàte ne pouvo~H pas mieux faire q<ierd& jt vous donner sa eonnan~e, et de vous em- -a pïoyer dans la dtptomatîe. Vous êtes nn 'N exeënent ministre-piénipotentiau'e j et il x n*es<: pas possible d'en mieux remplir les -M Ëmctions.–II est vrai, sire, que cestàce titre que je dois l'honneur que j'ai de pa- roître devant votre majesté ~c'eat à ce litre qne vous me permettez en ce moment de s vous parler d'affaires aussi importantes, a Mais, sire, ta permission-qne vous donnez an ministre de la maison d'Autriche ,dai- '? snerez-vous raccorder'ponr un moment à ~) Nngent? Ah! sounrez.sire.qûejenesoîs que moï-même, et daignez encore m'en- '3) tendre lorsque je me dépouille de tout ca-

  • ? racterepnblie,etque jenesmsplusqu'u&

H homme d'honneur Eh bien, sire, c'est ~? MEcossois Nugent qui, danstoute~a pleni' ? tnde des sentimens d'honneur qu'il n'aban- donnera jamais, ~vous garantit isi~sur's~ downloadModeText.vue.download 267 sur 380


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? tete~ que limpératnce-reme seroit au dé- N sespotr de rentrer en guerre avec votre M majesté et qu'elle n'a aucun dessein qui B puisse l'y ramener en un mot, qu'elle ché" rit la paix, et est entièrement disposée à la conserver en font ce qui dépendra d'eHe! M Si je n'en avois pas une certitude absolue) i je me bornerois à remplir péniblement, et mal, un devoir qui ne seroit qu'officiel j~ ne constituerois pas même l'homme d'hon- !) neur, caution du ministre. Non aucun in- » térêt, aucune puissance ne pourra jamais B m'engager âme compromettrei Mals~ sire, B recevez le serment que je vous fais que si B vous jugez dansJasuite que je vous aye dit » autre chose que la plus exacte vérité, au ? premier mot ~.M.~tea.ts~a~B &cez savoir j'apporte ma tête à vos pieds. – M. le gé- K néral, puis-je vous croire?–Hélas, sire~ N qui donc croirez-vous, si ce n'est pas à ? celui à qui l'honneur et la .vérité sont plus~ chers que la vie ? Ah sire permettez à M l'homme qui vous admire et vous respecte s le plus, permettez-lui de vous dire la vérite- toute entière! Oui, sire, personne à mes )) yeuxn'a honoré l'humanité par de plus rares B et de plus brillantes qualités que votre ma* downloadModeText.vue.download 268 sur 380


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x jesté! PeJsonnp lia porte à un aussi liant M degré tout ce qui caractérise et constitue M le génie, l'héroïsme et la vertu Mais par M quelle iataHte faut-il que néanmoins vous ayez à payer le tribut à la nature? Je ne vous déplairai pas pour vous l'avoir dit~ r je Fespere.Vous le paTdonnerez a ma fran" chise et à:Ia circonstance où je me trouve ? Oui, sire vous ave~un déiaut bien redoU' N table pour le genre liumaUl! Vous êtes trop méEant' – Je vais vous prouver, M, le N général, que vous vous trompez lui ré-* pondit le roi en souriant, car je me Ëe à vous.Quepuis-je de plus, que démener au ministre d'Autriche? –. C'est à Nugent ?) sire, que vous vous nez; et vous n'y ris- quez rien. – Allons y qatL nen soit plus » question: nous resterons en paix. Le général Nugent nétoit pas rentre & Berlin, que déjà tout l'argent, délivre pour les .préparatifs, étoit rentré dans Te trésor, jC&fut la probité d'un seul homme qui sauva -pour cette. ËMS, FEurope'Aussi ce mêlQe domine, toujours si considéré et si estime jusque-là le fat-11 encore plus dans la suite. On peut dire qu'il étoit vraiment chéri et respecté. Malheureusement, sa santé toujours downloadModeText.vue.download 269 sur 380


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plus chancelante, Ip mettant hors d'état d'aHer assidûment & la cour~ le détermina, peu d~ temps après, à demander son rappel. Son départ fut un~î-ai's~et de chagrin pour tout le inonde. II~6jL~EQmmégou~erReurdePra- gue?, ou ses~ msrsx smpirèrent au point qu'it perdit entièrement Fusage des janibc~Ce fut une vraie aNIction, pour ia cour de Berlin, t quo deIe/~Otr dans; :cet état,'en un voyage qu'il y Et, quelques années, après, pour em-~ braiser encore une ibis ses amis. Frédéric quLsnt son arrivÉe à-.B~rIiq, voulut être dtt nombre. <cMais,,stre, lui dit-on, ilnepeui » pas faire un pas il ne peut pas même se tenir debout un instant on le porte dans .son fauteuil, qu'il ne qu;tte que quand on l~met .a~h.hi~), B~ B~ N l'apporter ici comme on le porte ailleurs ? ? Dites lui que )~e. prie de me mettre sur la M liste de ses anaiSj.et que je demande à pou- voir Fassurer moi-même de ions ines~sen- N timens pour lui. ? Le géEeraI alla .donc à potzdam et ce tut en lui prodiguant toutes les marques possibles d'intérêt, d'estime, et d'attachement, que le roi le reçut. Quandil iat de retour à Berlina il ne pouvoit parler des bontés de sa majesté, quêtes -larmes aux yeu~ downloadModeText.vue.download 270 sur 380


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La légation de Vienne fut ensuite occupée par Van-Swnhen, fils du premier médecine i etbibliothécaire de l'impératrice-reine. C'étoii ` un assez pe6t homme, en quil'onapereevoit Iplus d'esprit et d'aisance, que de noblesse. Il voulut voir les académiciens j et il coinmença par en inviter neuf on dix à dîner chez lui. Durant ce dîner, on parla beaucoup des tours de Comus il nous dit qu'étant à Paris, iî âvoit acheté, de Cornus lui-même, le secret dès plus remarquables et nous promit de nous les montrer, et de nous les expliquer après dîner. Il tint parole dès qu'on'euipris le café et il nous fit plusieurs tours de cartes et autres, avec une dextérité qui prouvoit combien II avoit dû donner de soin à cette- sorte d~àinuseraent.ME.~Bopmey ne ~put~ en ce moment résistera sonmauvaisgénië~: comme Merlan, quelques antres et moi, housjEaisiona à Tenvoyé de Vienne nos remercîmens de la complaisance qu'il avoit de nous les montrer: <t Oui, dit-il, cela est si curieux, que votre x excellence a tort de les inonfrer pour rien B cela vautde largRnt; et à 6 sous (~gros) seulement par tête vous- auriez bientôt re- X) tiré de quoi nous donner un second dîner g w cuire la rentrée de l'argentine ces secret& downloadModeText.vue.download 271 sur 380


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vous ont coûté. N Cette mauvaise, eUrès- mauvaise plaisanterie parut avoir.blessé && Vif M. l'envoyé car elle, lui. fit faire une ~utrje sottise quine valait guerre mieux, celte de ne plus voir aucun académicien, à dater de ce jour c'étoit fort mal-à-propos attri- buer à tous la faute d'un s&u~. Bien d'an* ires ministres ét~an~rs remp assoient très- bien Jeurs devoirs à BerEn sans nous con- noître mais ils n'avoient pas an moins a. craindre le reproche d'une inconséquence ibndée sur une injustice.

JM,. Van-S~itben ne fit d'ailleurs aucune sensation à Berlin. Il n'avoit rien qui ne dût taire regretter son prédécesseur; et la cour h'etrt guère plus de considération pour lui~ -que ia ville. C& fut lui~pendant qui négocia pour l'Autriche, le premier partage dé la Pô. logne il eutàcejsujet quelques conférences avec le roi. < Observez, lui disoit celui-ci~ t que vous n'ygagne~qued'excellentës~erres, B et qu'il ne m'en reviendra que du sable. Mais votre majesté aura lesSeuves notre B lot convient à un peuple laboureur et le B vôtre à un peuple marchand. M

Van-Swithen nous quitta peu après cette négociation il allaà Vienne répéter sans downloadModeText.vue.download 272 sur 380


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cesse a Joseph II, que Frédéric y'vieux ei nsé~.mourMit bientôt; qu'a mesure qu'H <s'a5biblissoit, ses accès de goutte devenoient plus dangereux, plus aigus et plus fréquens; que l'hiver sur-tout était une' saison ïuneste pour lui et que ce seroit sans doute eQ luver ~u'îlmom'roii.jCes prophéties que le célèbre tnédpciti ~ss'Swithen neat peut-être ~sé &!re~-p)uren.t à Ii.nîpat!ent Joseph. II;, ef ~ons~Y&turetit de sa part, ou.dc'eeH& de son prophète ).Ips espions qui, pendant quelques années, venoient tous les hivers rôder autour de Frédéric, et le lorgner tant qu'ils pou– ~vçipnt.~

M.. !e comte de Cobehtzel, aujourd'hui ministre à Vienne, succéda'àM. Van-Swithen~ c'étoit -son début dajgLS~J~e~rrière diploma- tique :-son père ~gouverneur de'a=Bays-Bas, avoit peut-être été, à ce que m'en ~-ditutï ban juge qui l'a bien~oRnu, l'honïme de l'Eu" rope qui~savott le nileuxinterr-ogert exami- mer-, 'ëtpdier, et connpître les h.omïnes~ Ce gouverneur avoit singulièrement le talent de mettre à leur. aise ceux aYeë qui il avoit à parler son/ton, ses prévénaîteeSj son air aisé et plem de bonhomie, étoient tels qu'on Bè pcuvoit s'en de&ndre les plus ~ns s'y downloadModeText.vue.download 273 sur 380


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Mssoient prendre; et son attention si bien eaehëe, étoit si grande, que rien ne lui échap- pait. Au bout d'un quart-d'heure;, il savoit son homme par cœur; M. dëSartine, me disoit-on, n'auroit été qu'un petit écolier auprès de ïuî.' (~Etant an nls /sa physionomie sa douceur, sa politesse plurent à tout le tnonde à Berlin. MaisTaSairede la succession de la. Bavière survint le ciel se chargea de nuages et la position de M. de Cobentzel devint toujours plus embarrassante et plus embarrassée il paroît qu'il avoit ordre sur- tout de faire retarder autant qu'il le pour- yoitj les préparatifs militaires du vieux roi chose trop difficile même aux plus experts: ce n'étoit pas par les propos de cour que l'on pouvoit tromper ou endormir Frédéric mais au moins esî-iFvrai que M. de Cobentzel y fit ce qu'il put; rôle aussi pénible pour lui, que peu agréable pour les Berlinois, et qu'il sou- tint avec courage, jusqu'au moment où les négociations étoient rompues, où, à Vienne onnes'occupoit que de préparatifs de guerre, et où les troupes prussiennes étoient déjà en marche. Ce fut alors enfin qu'au sortir de la cour il se mit en route pour Vienne, vers minuit. downloadModeText.vue.download 274 sur 380


(~

Après la paix de Tescheny la cour de Vienne nous envoya un seigneur hongrois “ M. le comte de Réwitzky, qui depuis a été ambassadeur à Londres hommetrès-instruit, d'un esprit naturel, d'un caractère doux et honnête, de mœurs simples et nobles, e~ d'une sociabilité aisée et aimable. Je n'en; dirai pas~da~smfâgë sur son compte, paroeE que je ne Fat Tnmoi-même qu'un petit notn– bre de fois en des maisons tierces. downloadModeText.vue.download 275 sur 380


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LEGATION D'ANGLETERRE.

M. MîTCHEL., chevalier de l'Ordre de la Jarretière, étoit ministre d'Angleterre à Ber- lin depuis bien des années, lorsque j'y arrivai et il s'est écoulé depuis cette époque quelque temps encore, avant qu'il y eût aucun rap- prochement entre lui et moi non-seulement parce que les Anglois devoient naturellement me paroître peu empressés à voir des Fran- çois mais aussi parce que le chevalier Mit- chel étoit du nombre des hommes de mérite qui n'ont besoin d'aucun tourbillon pour exis- ter, et qui sont~~gs~ ~Mtospphes pour se suiEre à eux-mêmes. Lorsqu'il étoit arrivé à Berlin, il avoit commencé par causer le plus grand embarras à ceux qui avoient eu à l'in- viter car il ne jouoit à aucun jeu; si bien que les maîtres et maîtresses de maisons se disoient mutuellement <c Que ferons-nous ? donc, durant toute une soirée de cet An- glois qui ne joue point? M Au bout de quel- ques jours, ce fut à qui ne joueroitpas, pour downloadModeText.vue.download 276 sur 380


(sys)

avoir le plaisir de causer avec cet homme i dont la conversation étoit toujours aussi spi- ritnelle que simple et aussi agréable que naturelle. Il avoit en effet autant démérite du côté de l'esprit, que du~ôté du caractère «.- je n'aurai besoin, pour le prouver que ~un seul mot II a.voit été lié de la plus étroite amitié~a.vec Fauteur de l'jE~~ <~ J~OM.

On a cité plusieurs bons-mots de lui mais on n'a pas cité ceux qui lui {ont le plus d'Hon- neur ceux qui tenoient à ses mœurs, plus encore qu'à Son esprit. A une époque ou le courrier d'Angleterre avoit manqué trois fois de suite, le roi lui dit, dans une audience publique <c Est-ce que vous n'avez pas le ? ~~<~ M. Mitchel, quandle courrier man" que ainsi? – Non~ pas 'sire, quand if s manque mais bien quelquefois quand il arriva. M Pendant la guerre de sept ans j J qu'il a iaite toute entière à la suite du roi, r les Anglois avoient promis à Frédéric d'en- voyer une flotte dans lamer Baltique, pour protéger le commerce, et contenir les Sué- dois et les Russes cette Sotte n'est jamais Tenue; de sorte que les Suédois ont libre- ment transporté leur armée en Poméranie, ainsi downloadModeText.vue.download 277 sur 380


(~73' 1 '1'1

Ïït. S

~insi que tout ce dont elle avoit besoin e~ que les Russes ont de même approvisionna leurs troupes par mer, et formé le siège de Colberg, sans compter le tort qui en résul-' toit pour le roi et pour le commerce de ses sujets. Ce manquement de parole de la part de l'Angleterre, devoit donc donner beaucoup d humeur à Frédéric, qui ne cessoit de s'en. plaindre au chevalier, et à qui celui-ci étoit quelquefois fort embarrassé de répondre. A la fin, le chevalier qui avoit été cons- tamment prié à dîner tous les jours ne re- çat plus l'invitation accoutumée les géné- raux, le rencontrant vers l'heure de midi, lui dirent « Allons, M. Mitchel, voilà l'heure du dîner. '–' Ah messieurs, répondit-il point de flotte plus de dîner 3) Ce mot fut r~dit < et les. ~Rxita<mn& Tevinrent. Après l'anaire de Pcrt-Mahon le roi lui dit « M. Mitchel, savez-vous bien que vou<i débutez fort mal ? Comment, dès votre x première campagne, votre flotte est battue, M et Port-Mahon est pris Le procès que vous faites à votre amiral Bing est un B mauvais emplâtre qui ne guérit pas I& a mal. Oh! vous avez fait là une Ëchuecam:- downloadModeText.vue.download 278 sur 380


T~ ~li ..r"

? pagne! – Sire, niaut espérer qu'avec ') l'aide de Dieu, nous en. façons une plus » heureusePannee prochaine.–Avec l'aide 3) de Dieu, monsieur? Je ne vous connois- ~sois pas cet allié là L–Nous comptons cependant Beaucoupsur lui, quoiqu'il soit celui qui nous coûte le moMs.–-Comptez~ B comptez! vans voyez quTI vous en donne MpoorVotreargentÎ!) »

Le chevalin Mitcheï, invité à un grand souper chezie conite Finck~eastein, étoit dans Ïë~aîon avec qnelquesaùtres personnes tors~ qu'on annonça. M. de SeMaberndorn~ <t Com– ment;, s'écrIa-t-H~ ejst-ce qae ce ministre n'estpas encore pendu? – Non, lui dit-on~ il se porte &rt bien en SHesiey ou est ? toujours c'est son Ris aîné que l'on an- nonce. – Mais nipr~rêpriH~ c'est du père que~epa~e. IFiaut qu'il soit pendu -ôu Men il ny a pas de justice en ce niondë. ? M. de Schlaberndoï-n\ n!s aine du minîstre', trës-joH cavalier, qui venoit de nnir ses ~ôpages, ~t,qui éü~if è~t~eïnérneut.~o~né#es voyages, et qui étoit extrémetnent honnête vint le lendemain iairô ses dolëançe&surce propos âM~. du Troussel, en qui il avoit ttne très-grande connance~ «Voità~ lui disoit– H ce que ïai entendu et ce quêtai ~té downloadModeText.vue.download 279 sur 380


~)

obhgé dé paroître ne pas entendre, tantpsy M égard pour la maison où j'étois, qu'à caus~ s de FAge et du caractère public de l'envoyé. d'Angleterre.~ M. duTrôus&eIle.conso~. d'abord autant qu'il put mais son jeunet MM répétante san& cesse qutt etoit bienr malheureux, à la 6n son consolateur Hii di~ avec une gaieté toute militaire <t Mon ami prenez votre parti, et franquiiHsez.Voti&t croyez moi c'est- en généra Nne &rt! bonne chose, que d'être le- fils d'un père:. M pendu a ît faut croire que M. Mitcheïavoit etïl~ i' ~p~eM, lorsqu'il avoit ainsi parlé du ministre~ deScbIaberndorS', chez le comte Fiack-èns-~ tein mais-, au fond il n'aimoît pas ce' ministre et~réiga~si~B~v~ dea< Te-. proche tres~graves à lui- faire etc'est psn~ dant la guerre de sept ans sur-tout, qu'tt" disoit en avoir recueilli les preuves il j'ao-r; cusoit d~tre la cause de ïa ruine de la Sitésie il l'accusoit de mi!!e sortes de vexations soit générales-, soitpartiouïières. Je ïnebor~ nerai d'observer à ce su~r, qu~ ce ministre~, vraiment at~BÈbé à son maître, a<~u'soiFvent: dans des temps malheureux ût extraord'~r downloadModeText.vue.download 280 sur 380


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-paires, se prêter pour sauver lEtat, a de~ opérations rigoureuses qu'ilne se seroit pas permises en d'autres circonstances peut-être aussi M;, de ScMaberndorH' a-t-il cru devoir préférer la sévérité à Findulgence, dans un pays conquis où tant de personnes ~on- -voient être encpce attachées à .leur ancien maître. La surveillance etTactIvité peuvent- elles être trop grandes .en pareil cas? Mais combien ne nous ibnt-eUcs pas d'ennemis ? Et, qui peut dire alors jusqu'où la haine: et la calomnie se porteront? Frédéric n'a pas iait pendre M. de ScMaberndora' il lui & au contraire conservé les preuves de sa conËance. Celui-ci a été ministre tout puissent enSitésie, et en quelque sorte vice-roi durant trente ans, et )usqu~Aa~mort. J~ài dé~ Edt entendre que M.'Mttchet &voit peu de sociétés/ou que du moins s'il ~oit quelques sociétés ibrmées selon ses a-onts il ne Ëgiiroit point dans tes tourBil- lons sans nécessité. Il étoit pour lui-même, comme pour les autres, une ibyt bonne coni- pagniè son cercle particulier nembrassoit suères qu'un petit nombre d'anciennes côn- Boissances,M. César et quelques académi- dens, ~lâ ~te desquels te place notre doyen downloadModeText.vue.download 281 sur 380


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d'âge M. de Francheville. Le ministre an- glois le plaçoit toujours à côté de lui, et le servoit lui-même selon ce que pouvoient requérir son âge et sa santé. Le caractère loyal et candide de cet académicien plaisoit beaucoup au chevalier qui à côté de lui éprouvoit lui-même une douce satisfaction à n'être que franc simple et bonhomme mais, si l'un de ses convives se hasardoit à troubler ce repos des esprits par quelques mots pro- pres à mortifier ou embarrasser quelqu'un~ alors lui-même étoit très-prompt à le re- pousser. Je me rappelle qu'un jour je me trouvai chez lui avec l'abbé Pernety qui croyoit aux Patagons et un M. de Roux de Bordeaux invité là peut-être parce qu'it se disoit parent des messieurs de Forcade, ia- mille fr&nçoise tcès-considérée à Berlin. Ce M. de Roux entreprit de badiner M. Pernety sur cette race de géans que l'on dit exister à la pointe australe de l'Amérique. D&s sa pre- mière phrase, M. MItcbel prit la parole, et lui dit « Vous ne croyez donc point mon- » sieur, à la possibilité de cette race ? Ainsi M vous avez calculé les forces de la nature et vous savez quelles sont les limites entre ~lesquelles elle peut promeRer ses vsyi~ downloadModeText.vue.download 282 sur 380


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Hons~mans qu~eUe ne peut jamais eùtre- ? passer ?Vous êtes bien savant, monsieur, et beaucoup plus que toutes les acadëmtes du, monde Cependant II me .reste une -? objection'à ~ous faire nous voyons que fa rature produit des individus et même ji&de~ ra'Ges extrêmement petites :npug avons des endroits: ou l'on ne rencontre 'goères que des espèces de na]ms,a (H .fa~t .MBMrquer que M:, de Roux étoit trës- jpëtit et M. pernety très-grand. ) (c ~h bien~ ? pourjFiez-vous m'expliquer comment et N pourquoi la nature ne pourroit pas jEaire .` ? en plus ce qu'eHe fait tous les jours ea moins ? Et si. vous vouHez nier mes races de saios~ dont au moins vous :ne nierez =. pas les exemples mdivïdueïs exp~quez- .moi commeot la nature ,110 pourroit pas ? pour, ceBes-ia. ce queiie jait pou~~cêux-ci. R Après eet argument qui n'eut point de ~e- ` ptique ,Gn parla d'autres choses.. ~e chevaUerétoit vraiment ami et par- iisan de ra phHosophie et de ~a~V]erf~ yendaut la guerre de sept ans et lorsque Eréderio étoit le plus mécontent de l'Att- ~~eterre) tes ministres de Londres Srent dans une dépêche particuHèj.'e.et toute con- downloadModeText.vue.download 283 sur 380


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~sacrée à cet objet, des reproches graves "et détaillés à cet envoyé sur ce qu'il ne leur parlait jamais des sarcasmes mordans et nombreux que <? souveraia se permettoit jcontre €NX< Le ,chevalier, de qui je tiens cette anecdote leur répondit qu'en accep- tant sa mission il s'étoit Eegardé comme chargé de maintenir et de consolider Ie$ Mans qui e~Istoient entre sa patrie et un allié ires-important qu'il n'avoit voulu être que ministre de concorde et de bonne u-nion que si l'on avoLt le dessein de faire de lui un ~niaistre de h~ine, de petites tracasseries, et d'odieuses délations on pourvoit lui nom- mer un suçeesseur vu que c'étoit là un rôle auquel il BQ.abaisseroit jamais que l'on ne devoit pas croire pour cela qu~l fut moins idévoué à~a,p&tMé-~e-<ëw~ ceox par qui on pourroit le remplacer qu'il savoit très-bien démêler ce qui étoit de nature à nuire drivée ce qtii étoit indISërent que si sa majesté prussienne venoit à changer de dispositioas~ il en seroit certainement Instrait aussitôt ~u'un autre ,.et qu'il ne perdroit pas un ins- tant aies enintbrmpr; mais qu'il les prioit t de bien considérer que tous les propos qu'ils Im citpient dans leur dépêche, et qu'il avoit downloadModeText.vue.download 284 sur 380


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~rès-bien sus dans le temps, n'avoi ent été que les premiers mouvemens d'un homme qui a autant de vivacité et de sensibilité que de génie QU même de simples plaisanteries jetées en avant soit pour tromper les au- très, soit pour les engager à se découvrir J; et qu'enfin il étoit de son devoir de leur = rappeler que peur Bien juger dè cet homme extraordinaire, et même de ce qn'it discuta â <:en'étoit rien que de recueillir ses, paroles, à moins qu'on nesûtegatement bien en quels ïnomens, dans quelles circonstances dans quelles vues il -les avoit dites. a Eh bien B m'ajouta-1-il, K ma réponse produisit tout c M TeSet que je pouvois désirer. J'ai tou- s jours su toutes les plaisanteries toutes x"lesépigrammes échappées au roi, nim- 's porte contre qui: jamais-je n'en ai rap~ x porté aucune dans mes dépêches jamais M on ne m'en a plus demandé, et l'on m'a. = » laissé ici. Jerougirois de mon métier, s'il ` j} ialloif: descendre à cette sorte de comé- rage.)) Je me trompe &rt, ou ce irait c prouve combien ce ministre avolti'ame no- y- ble, et savoit ennoblir ses ionctions.

Dans un moment où n'étant que nous deux chez luij-nous parlions pen aYanta- downloadModeText.vue.download 285 sur 380


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geusement de la plupart des hommes qui fbrmoient alors la société ordinaire de Fré- déric, je lui avouai n'avoir pu encore com- prendre comment un roi qui avoit tant d'esprit et même de génie pouvoit choisir pour compagnie des hommes si bornés et si peu capables de l'entendre. « Je vais » me dit-il, « vousexpliquer cela en deux mots N ces hommes lui sont nécessaires comme j) autant de mouchoirs sales dans lesquels il s crache son esprit. C'est sous c~ rapport T) qu'ilenabesoin~et qu'ils lui conviennent, a M. le chevalier Mitchel est mort à Berlin d'une hydropisie'de poitrine, qui s'est formée très-rapidement à la suite d'un rhume peu. inquiétant en apparence. Lorsque son me" decin, le célèbre anatomiste M. Mekel, s'a- perçut de-j0e.M&3Tcpisi~-qa~~t'avoit pas prévue il abandonna son malade, lequel 1 durant les deux ou trois jours qu'il vécut encore attendit et demanda inutilement des secours. Cet abandon fut un scandale pour le public, et sur-tout pour les amis du che- valier.

Un an environ après sa mort, M. César~ d'après les ordres du prince Henri, m'en- voya un biUetou l'on m'invitoit à me trouver downloadModeText.vue.download 286 sur 380


(3S2: 1

M ]QHr àamdt, en &ac à rangloise, cheveux en queue eu avec une perrtiqne ponde, sans~ êpee:et sans ancûne sorte de costume pârti- eulMr on. décoration mais en bottes et a.ve& <~âpjëau:rond et baguette à la în&tn, en te~e: ~gUse cjoLÏeIcheyaIter a.voit:eté.inliamé., ponp y.assistéràl~taîtàitond~ Moitié .ceiiïgn& etrespectaNe,asa'bc(BMMSjet'deïa.veri~ Nons No.tM.'irouyàmes .enmrott treN-te bojn- mes &~ette cereinônie~_iayan:t a BLoti:ei~Ia plinee -qui ~voît .Mt.&ire jte b!ïs;te, et qu~ le~ ~ïâmt placer en présence de tous seax qa~ aboient eu le ~Ins ~B part t'e~tiïoe -ef a i'aini~e d.tt~e&c.t. Le pj~nce n'a.voit M' UI.~Ie utt,i\¡j¡'6 un.e PXI 1;11- ïB~me qas le acostame qn'iLnoHs~y.att pres- crit ~ans mrdon ïNCirdres. Après ~cer~ M~e~jiëus:Bô~ Tendîmes tous ëhjezjML. é César. 'Connue I& tentp~o~b~~ëa~, nous Stnes Re.tEajet à pied~ Ipr~qs'oa yini~ous annoncer ~ua le diner êtoii' seryi ~jjpus pas* sâBne&idaiRS ja.:aatle;a..manger j'ssns.ajieune sorie d'attention ponr:tes J~sgs~ I~e-;prm.ce Im~même. ainsi jqQS ioHs ies astrss Bon~ives, x marcha dans la foule et avec ceux ppesde~ quiil~seïronvoi~ <Qn en nsa .de même pour les places~ en se mettant à taMe..L:ejtasard. = seT~;décïda~des Toisius d.6i(~&cun dEfUjoas~ downloadModeText.vue.download 287 sur 380


~3) j*

jeûner iut d'ailleurs fort gai et chacun se jE~tira ensmte comme et quand il le voulut. Cette :BM.mère d'honorer la mémoire d'un ~onHne aussi e~mté et aussi chéri ,'eaty à ce <[n'Hme semble, la plus digne de lui 9 et du. pTinee qui sn avait conçu le projet. .ApEès Ja mort de M. M~bsl, l'Angleterre nous envoya M. EHiot, homme-d'esprit et ]d~ié~ de plus assez i)el homme, ~rës-vii' et

très"aimat)!e~.original sans.doute, op n'est

pomt Anglois sans cela. 11~. jour que nous ~dînions avec lui chex I!enyoyc.de Russie, M. ~EoM-pUy et mo.I, il cous soutint que &hapeskear etoit vraiment suMtCte et bien- plus souvent que CorneiHe ~et que Racine n~ reçoit jamais. La preuve qu'il nous donna de cette assertion presque gënéra.leBîeBt admise en Az~eierrE ~JpteJ~aGitte~st~oujoars, égal, et qu'on ne peut se figurer le sublime que aous l'image d'une sommité extrêtnement élevée entre des abîmes. Or J'égalité con- tinue de B-acme excluoit, selon 1m, toute idée de sommité semblable; au lieu que les trivialités de Shakespear servorsat à relever davantage les beantés de son génie~ par le contraste singulier qu'elles enrôlent. < Ainst, a lui dîmes-nous «, le..sublime n'existe que downloadModeText.vue.download 288 sur 380


~)

p parce qu'il est entouré de choses bien' ? basses ? Supposons deux auteurs également B élevés et énergiques dans leurs pensées et M dans Pexpression des plus beaux senti- » mens si l'un est assez grand pour ne ? jamais tomber au-dessous de ce degré de ? perfection et que l'autre soit* su}età:'des momens deJEbiMessevraiment honteuse et K indigne de lui c& sera celui-ci seul que x vous proclamerez sublime? H y a plus; M c'es~qu'il sera d'autant plus sublime à vos ? yeux, qu'iltomberaplas souvent et plus bas. Cette doctrine, monsieur, peut nous mener loin .elle bouleverse toutes les 3) idées saines aussi part-elle d'une notion M fausse. Pour concevoir l'Idée du sublime;, » Vous croyez avoir besoin de le regarder ?) comme.june~r&te~de,jmontàgne ou une M pointe de rocher qui n'oËre à~sës-pieds » et tout autour que des abîmes: ne serpIt-iL M pas plus juste de placer le sublime dans une grande élévation en comparaison de a toutes les choses de même espèce et sans considérer ce'qui l'environne ? L'immense M plaine du Haut-Thibet ne devieut-elle pas M ici une image très-recevable? Si vous voulez néanmoins avoir des précipices en downloadModeText.vue.download 289 sur 380


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perspective, nous vous dirons que Racine en est entouré par les ouvrages de tant » d'auteurs qui ont travaillé dans le même x genre, et bien plus encore par les dispo- B sitions où il trouve presque tous ses lec- x* leurs. Si:vous considérez ce que nous K sommes au fond, lorsque nous nous met- ? tons à le lire si vous calculez de combien K il nous élevé au dessus de nous, est-ce~ N donc que ce contraste ne vous suStt pas ? Vous ne jugez Shakespear sublime qu'en » le comparant à lui-même Racine est su- B Mime par comparaison avec nous tous. ? C'est d'après cette dISérence qu'il faut ? décider de leur rang. x M. Elliot termina cette discussion, en nous assurant qu'il ai- moit beaucoup .Racine qu'il l'admiroit, et qne_c'étoit nïf3e ses auteurs iavoris. Dans une autre occasion il voulut nous prouver que la langue françoise, que d'ail- leurs il parloit fort bien étoit nne langue essentiellement pauvre, en comparaison de la plupart des autres langues de l'Europe, et sur-tout de la langue angloise. x Oui, a lui répondîmes-nous elle est pauvre pour M ceux qui ne la savent pas elle l'est même. » pour ceux qui l'ont étudiée, et quiman- downloadModeText.vue.download 290 sur 380


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qoent de g~nië ou de talent 31ontaign6 disait que de aon temps c~étoit Fsj~~om- et N non r<?~o~ qui lui maïtqnott ~'mai&.au~ jourdhai.€St*ene p&uvre pour les.hômïûe~ M de mérite ? Citez .nous TMie: langue phis TiEhé pour les.Rousseau et_lsx_BasehaI~ i N pour les BossuËt.eHesFénelos, pourtant N de poetës"3!stmgaes, d'orateurs vraïmen~ N éloquen&, d'RIstorieHs si mstructifs et. si N diserts j de philosophes aussi clairs que a proibnd.s sans compter les genres agréa.* c j) blés délicats; et légers où nuUe âu.trs J! nation encore n'ose se coBiparer à nous? M: Cette réplique termina la dispute qu'il' ne: crut pas deyoir.pousser plus lom<

C'est vers le même temps, que s'âtiuma~ guerred'Ainémque.LeroîydansûïieïCudiehc& publique ,-lui en parÏa.TKEhBSn~'mon&iëur~ lui dit'H, K vous voilà donc en guerre avec M yos eQ!omB&? – Sire, il y a !ieu. d'espérer M que nous nons.l'accûmmodefons~~–~J'ele~ souhaite "'sinGèrement, monsieur :-mais~ N c'est un terrible moyen.de se raccomsto~ der y que de se iaire la guerre.–-Nous? N sommes assusës sire que cette guerr~- s se terminera heureusrement et bientôt. – Btonsieur/ j'ai- pap malheur -tant; ~tï' downloadModeText.vue.download 291 sur 380


r~

~m'occuper de guerre, quTT peut m'être permis d'avoir à ce sujet des opinions bien prononcées. C'est une chose enrayante que s d'être obligé de faire la guerre même près ? de chez soi une armée a tant de besoins, ? à chacun desquels il fàut pourvoir à lins- M tant même, sous peine de tout perdre, N qu'il est bien diiEcile d'y sufEre quand B même on a ses ressources presque sous la x main mais si l'armée est au bout du mon" ? de, ah, monsieur, croyez-en un vieux praticien pourvoir cette armée de tout ce 3) qu'il lui faut, c'est le chef-d'œuvre de la prudence humaine. a

Souvent dans la société, on parloit de cette guerre à M. Elliot et ceux qui cherchoient à lui plaire, en paroissoient quelquefois ef- irayés sm"-toNtLapcè&-qH~es B~a&~eis~ se furent déclarés pour les Américains. Jamais il ne répondoit qu'en montrant une sécurité parfaite. <c Tout ce qui peut nous arriver de pire, disoit-il à la nn, c'est qu'aujiemi'étre » le premier peuple du monde nous serons le second. »

A eette même époque, il crut avoir le ver solitaire, et obtint un congé pour aller con- sulter les plus habiles médecins en Angle- downloadModeText.vue.download 292 sur 380


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terre et en France: il passa plus de dëc~ mois à Paris. A son retour à Berlin, et lors< qu'il reparut à la cour, la reine lui demanda si, vu la circonstance de la guerre, iln'avoit pas eu peur d'être arrêté en passant par Paris, et même en y séjournant. <c Oh, ma- )) dame, répondit, il, il y a long-temps que x les Anglois~et tes François sont des peuples ?) civilisés. }) Cette réponse parut maligne et eut l'air d'un sarcasme on la cita beaucoup, mais on en fut très-mécontent. Il nous étoit venu deux Américains, en- voyés, disoit-on par les Etats-Unis pour négocier auprès de Frédéric des achats d'armes et autres secours. M. Elliot les traitant toujours comme compatriotes~ fit tout au monde pour en être regardé comme un véritable~mi :iL ne les guitfoit pas. C'étoit,. pour ainsi dire leur ombre. Un soir peu après qu'ils venoient de sortir pour aller dans une société où ils étoient priés, on leur enleva leur cassette, qui fat rappdrté& le lendemain, avec l'argent, les Mjouxetlea lettres-de-change qui s'y ëtoient trouvés: mais les pleins-pouvoirs et les instructions qu'ils y avoient également reniermés ne revinrent pas. Tout le public regarda M, Elliot downloadModeText.vue.download 293 sur 380


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ËUIot comme auteur du vol. II n'y eut qu'un cri contre lui d'autant plus qu'il ne fit au- cune démarche pour se disculperai feignitde ne pas même soupçonner qu'on l'accusât. On croyoit que Frédéric alloit tonner, et venger le droit des gens si perfidement et si auda- cieusement violé jusqu'en sa cour et sous ses yeux. On se trompa cette affaire n'eut aucune-suite on n~eut pas même un mot à citer qui vînt du roi. Quelle considération politique fut assez puissante pour retenir ainsi Frédéric, qui naturellement étoit~i peu disposé à souffrir qu'on lui manquât ? Au reste, bien des personnes se persuadèrent que, malgré ce silence apparent, ce monar- que s'étoit plaint à Londres qu'il avoit de- mandé qu'Elliot tut rappelée et que ce fut en conséquence de sa demande que le suc- cesseur de feu le chevalier Mitchel fut, quelque temps après envoyé à Copen- hague.

M. Elliot étoit devenu éperdument amou- reux de mademoiselle de Krauth, et l'avoit épousée qu'elle n'avoit pas seize ans lui- même n'en ayant pas beaucoup plus de trente. Cett~ jeune demoiselle, fille unique de ma- dame de Werels, étoit sans contredit la plus downloadModeText.vue.download 294 sur 380


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3jelle personne de ce pays-là. Heureux par ~a iemmc, il ne fat d'abord occupé que du soin de la rendre également heureuse et iï eut recours pour cela à tous les moyens que sa fortune et -ses réflexions lui fournirent: tllurprocuroit les agrémens de la société les plus convenables il choisissoit etvarioit les compagnies qu'il rassembloit autour d'el- le mais en ~tBéirfe iemps li chërBtnM-t-à-lt~ faire acqncfir quelques tatens et à lui fbr- mer l'esprit et le cœur. Par malheur cette j[eune_dame si belle étoit bornée capricieuse et entêtée autant que vaine et coquette. Les leçons l'ennuyèrent quelques précautions que l'on prit pour les donner. Cette dame `_ ne voulut lire que les romans les plus &i- voles, et elle finit par ne plus recevoir qu'a- vec humeur et dureté, les représentations les plus ménagées et les plus amicales. Cepen- dant elle devint grosse j et arrivée au terme, elle accoucha d une fille peu avant 1 époque ou son mari dut partir pour le Danemarck. Ce~nari, toujours tendre, lui promit enla quittant, de mettre tous ses soins à lui pré- parer une habitation propre à lui plaire et de revenir ensuite la chercher. Il ne songea quà lui tenir~parole mais il eut leje~fagrm downloadModeText.vue.download 295 sur 380


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de voir que jamais cette dame, dans ses re- ponses, ne témoignoit aucun desir de le rejoindre. Lors même qu'il annonça, que l'époque de leur réunion approchoit et pou- voit se fixer elle ne lui parla que de délais indéterminés,qu'elle appuyoit sur des raisons de santé et autres prétextes aussi peu ion- dés, sur lesquels un bon diplomate n'est jamais trompé. Toutes ces circonstances sE propres à inquiéter M. Elliot rengagèrent à ordonner le départ, et à en marquer Iç jour lettre à laquelle la belle dame répondit en déclarant qu'elle ne s'expatrieroit jamais. Cette réponse fière et pleine d'amertume étoit longue et méditée et M. Elliot sachant bien que sa femme n'étoit pas capable d'en rédiger où il y eût autant d'ordre de suite et de développement fut dès-lors convaincu quelle avoit un aide. C'est ce qui fut cause qu'à l'instant même il partit avec un seul domestique arriva un soir à Berlin peu avant la nuit, s'annonça sous un nom sup- posé et comme négociant de Hambourg et alla descendre chez son ami M. Belitz, mé- decin anglois. étabii en Brandenbourg depuis qualques années envoya secrètement aux tnfbrc~atioas, apprit que sa femme étoit downloadModeText.vue.download 296 sur 380


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allée àunpicnicchpzMichéns au. l'arc, (l'oit elle ne reviendroit qu'après minuit se transporta chez eue, rassembla en entrant 'tous les domestiques dans une chambre,. ou il les renferma sous clef; passa dans l'ap- partement de sa femme, força la. serrure dn secrétaire, et prit tous les papiers parmi les quels il trouva de~a main du beau Eni- phausen, c~aKer du prince Henri,"efcousîn v de sa. jëmme, te brouillon de la lettre oHen- sante qu'il en a voit reçue; se rendit de Ië[ ~ans l'appartement de son enfanta ordonna à la nourrice de prendre à l'instant ses bardes et celles de ren&ni pour le suivre envoya la poste commander des cbëvaitx pour Jë~o~ Mz~Mfr~/6/~o~~M:re ~e TKa- je~e 7e roi e~rre pr~ Ze ro~ D~Kemarc~ et ~sr~Tï~ ~OMr <7o~e7ï~Më: c~ec ~on. e~/sn~ et ~He~H~~ ~o~ue.y descendit en6n àTecarie~ et obligea, répée la main le cocher qui d'abord sy remsoit, à atteler sa voiture pour venir avec lui jusqu'à la poster et partit enHn en donnant <de sa main et avec sa signature, à la porte de /!a ville la même déclaration que l'on vient de voir. On conçoit le bruit qc& Et cette aventure, downloadModeText.vue.download 297 sur 380


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tout le monde admira. les précautions que ce mari avoit su prendre, pour s'assurer avant tout de son enfant, et en constater l'identité contre les chicanes qu'on.pourroit imaginer dans la suite. Dès qu'Eluot fut revenu à Co- penhague, il écrivit au beau Kniphausen, et lui demanda raison de la minute qu'il avoit en mains. Ce Kniphausen, qu'on n'avait pas. surnommé le beau sans raison y "mais qui d'ailleurs étoit excessivement fier fat et vain, répondit avec hauteur à Elliot; de sorte que celui-ci repartit à l'instante mais avec un se- crétaire deux domestiques, et sous son nom. Cependant !e prince Heari Informe de ce qui se paas&it, et s'intéressant au sort dela fille de son amie, madame de Werets~ se rendit à la campagne assez peu. distante de Rheinsberg,. on madame Elliot s'étoit retirée depuis l'es- clandre de Berlin et usa de tous les moyens possibles pour la ramener à son devoir et à la raison ce fat en vain. Cette folle lui répondit avec morgue et emportement, qu'elle aimoit: son cousin, qu'elle en seroit la femme en dépit de l'univers, et que si elle ne pouvoit pas en être la femme eHe en seroit la maîtresse, ou. niémefa~eervante~ et qu"elle coucheroitaves lui autant qu~ le voudroit, et ainsi qu'elle de-. downloadModeText.vue.download 298 sur 380


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claroit l'avoir déjà fait. Le prince trop assure qu'il p'y avoit rien à espérer d'une fUle aussi dévergondée, revint à Rheiosberg, et fit ap- peler Kniphausen, che~ qui il espéroit tro~ ver plus de bon sens; mais il en fut encore plus mal reçu. Ce cavalier osa lui demander de quel droit il se mêloit danaires qui ne le concernoieni~B~S-s'bidTHBqits~ que tous-Ies princes n'étoient que des tyrans~ qui, non contens deFesclavage qu'ils établis~ soient chez eux, ne songeoient qu'à &ire peser le joug de leur despotisme jusque dans l'in- térieur des familles. Le prince lui dit de se retirer dans sa chambre, où il h~Iitsigniner ensuite qu'il le renvoyoit de son service, et lui ordonnoit de sortir de son château dans le. jour, avec défense d~reparoître jamais. Rniphausen partit, et deux heures après on: vit arriver Eniot~qui en descendantdevoiiare, monta chez M. de Kaphensk, aide'de-campde cavalerie du prince. K Mon cher Kaphensl~hu dit Eltiot pouvez-vous me dire où est Km- 3~phausen? –Non, répondit le militaire ily N a deux heures qu'il nous a quittés en homme. bien et dûment chassé par le prince. Maisjquelle route a-t-il prise? ~~e vaisie jù faire demander à la poste. Cependant, yons downloadModeText.vue.download 299 sur 380


(s~;

s m'éionnez je vous croyois homme de notre s siècle; et je vois que vous êtes encore dm » vieux temps Quoi-, vous n'êtes pas plus avancé que cela en philosophie? Mon cher Elliot, vous édez digne de rencontrer une femme qui voulut fàire votre bonheur ? ? vous n'avez épousé qu'une folle, et à cause » de cela vous voulez vous couper la gorge àvëeTun fat? Mais mon cher ami, est-ce- s que notre honneur dépend des fous ou des- faquins ? Vous auriez raison, mon ami s » si Kniphausen n'étoit que le séducteur de' M ma femme; mais il est l'auteur deces lettres » lisez-les vous connoissez son écriture? '–' Oh, je ne savois pas cela! Dès qu'il vous 3' écrit et fait écrire sur ce ton, je suis loin d&

e vous Marner je vous offre même d'être

votre témoin, si vous le voulez. )) On sut que Kniphausen avoit pris la route- du Meldenhourgj sans doute pour échapper- aux recherches. Elliot se hâta de courir après- luij et arriva vers les trois heures du soir à une petite ville où il n'y avoit qu'une auberge qui fut passable. Notre ministre-plénipotentiaire qui ne pouvoit courir sans prendre par-tout des informations très-détaillées, demanda s'it pouvoititoge? dans cette auberge~ On. lui r~ downloadModeText.vue.download 300 sur 380


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pendit que non j attendu qu'un autre voya- geur venoit -de- la retenir toute entière pour lai seul. A cette sage précaution EHiqt'ne. doute .pas qu'il n'ait trouv& son .~çniiRe. IL monte~ arm& de son épee do ses pistol,et& e~- d~me bonne canne entre ferm?Is;pôrte. sur lui, faitîa proposition et essuie un reftis. Alors ne se pp~ pljjs, 1~ <?bs~~ de sa. canne les épaules; du g~Iantin, pisqu'à ce~ë~ celijti-ci consente à sebattre. En allant cheEcher les champs Kniphausen se met. seutenip qu'il nefait plus assez Glair, et q~il ~Utre- mettre la partie au lendemain ïnatin.: EHipt. au contraire prétend qu~il lait encore assez~, ~our pour rhomme sensible qui;e&toSeTlsê;, ist qui a soif de vengeance. Le pretnier payle s~ 'haut~ qu'il faut bien que les -habi:tans cqïn-. ~prennent qu'il s'agit d'un duel, Onse-Tpet en, conséquence à, les suivre si'bien qo~au sortir de cette petite ville j ils&evoyent entourés der.. deux à trois cents personnes, EIliot~com– prendj non sans un yiFregret, quon ne peut p~s se battre au tnHieu de cette ibule.'Ainsi, il consent à remettre la partie au lendemain à rheure ou il iera_]pur; et ron retpurBs' à Fauberge. j _L'ADgIpisse hâte cle se coucher payant downloadModeText.vue.download 301 sur 380


"'r'?~ )

grand besoin de repos mais lorsque 'se lève le leudeiRam n 1~ pointe dp jour, il ap~ prend que son noNe adve~sairp s'est e~m: ver~ le milieu de la nuit. Ne s~eha~t plus o-a i!_pourra ec. avoir des, nouvelles, 11 se déter<<- n,me se rendre à Be~m, ou il Re manqua p~. de dire à< qai ~ent Keat&ndpe, tout ce qui s'~st pasaé à Rheinsberg et da~ k MsMe~. LoSPg. Le beau~inpb!Mse& étoit aussi venH. d.ao,s.. cette capitale, e~pant d'y trouer qael- (p~e secours, ou ML molos un a~He; mais ua de ses cousins., nommé M. deKeith, Iiomme iajstrui.~ et philosophe fortserieax, ayant ap- pris tout ce qm,se de~te, vient le trouver et Im.~dit:etois. vôtre :mn; mais depuis K. tontes les infamies dont vous vou~ éte& M eonvert, je vous déclare que pue le suis N-ptas; cependant, vons êtes encore mon cousin et a ce titre vous me/faites rougir )h or.,je ne veux de déshonneur ni pour moi, ni pour les miens; ainsi, vous vous battrez .avec. J~lli~ ou, bien vous péfiBex de ma main; c'est à vqu?~ à. choisir, a

Kniphausen qui. connoissoit le caractère iuffexible de son cousin, jugea que ce qu'il y a~oit de moins périlleux pour lui étoit de se battra Keith fut chargé de porter le carte!, downloadModeText.vue.download 302 sur 380


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et de convenir du lieu et de l'heure du ren« dez-vous, ainsi que des armes. On partit avec les témoins et de bons pistolets pour Baruth petite ville de Saxe~ à sixmilles de Berlin. On parla daccommodement; Elliot tira uri pa- piér de sa poche, où il avoit rédigé d'avanc& la déclaration au moyen de laquelle il couse n- tiroit âne pas s~J~ite~e~ïgea~.te Kni- pnausea ia copiât mot à mot de sa main ~01~ signât sans y rien changer et sans en rien omettre.' Non-seulement, il y déctaroit for- ïnelfement'reconnoitre Elliot pour un homme d'honneur, exempt de toute espèce de re- proche, deblàmeou de tort; mais de plus, H attestoitqueles deux lettres dont EtHofëtoit porteur ne renfermoient que des assertions fausses, controuvées et calomnieuses et que quiconque les avoit écrites ou dictées, étoit évidemment, etdesaconnoissance certaine, un homme vil et faussaire. Kniphausen ayant lu cet écrit, jura qu'il ne le sign croit jamais. Ainsi les témoins postèrent les deux cham- pions Elliot oËrit à Kniphausen de tirer le premier ce que celui-ci accepta. Son coup n'ayant pas porté, on en revint aux propo- sitions. Kniphausen demanda seulementde changer on supprimer quelques mots. FS~ HTze- downloadModeText.vue.download 303 sur 380


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~<- lettre, répondit Elhot. Un repnt piace. Elliot tira un heureux mouvement de tête de la part de Kniphausen donna passage à la balle, qui s enfonça derrière lui dans l'arbre auquel ce champion étoit adossé. On rechar- gea les armes, et Kniphausen tira; sa balle toucha légèrement à la hanche, Elliot, qui n'en p aria pas. Ce fut alors que la peur fut la plusTbrte le beau cousin copiaet signa tout ce qu'on voulut et Euiot partit à l'instant pour revenir à Berlin se faire guérir d'une: fièvre avec diarrhée, dont il étoit très-fatigué depuis une dixaine de jours, mais dont il n'avoit jusques-là voulu parler a personne. Il Rien même-temps ce qtl'ilialloitpour assurer son divorce, et repartit au bout-de deux jours pour Copenhague.

Le beau cousin ayant voulu se reposer à Baruth, y fut arrêté par le magistrat et mis aux arrêts. Quand le divorce fut prononcé, il épousa la belle cousine, avec laquelle il se retira à la campagne, personne ne vou~ lant plus les voir ni l'un ni l'autre. L'ennui vint bientôt les y joindre les reproches suivirent et amenèrent les mauvais procé- dés. lis y sont morts peu d'années après leur, mariage ayant trop à regretter, et sans que personne les regrettât. Au reste, la belle downloadModeText.vue.download 304 sur 380


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camp~gneoùils vécurent etmôururem-, efoit Rne terre considérable, qui appartenoit à. deuxBrédew. Ë-ëtes de madame de We- reïs en&rmés dans une ,aile du château, depuis pluà de trente ans pour causs de fb- Ile. Cette terre, dont mademoiselle de Rrautli pouvoii.séule ïiériter, iormoit toute sa Ibr- inne, et doitpa~~s&~gu~jBiBa~Eeye~ madame EHIof. Lps deux onGles', de~Eus &us, y ont été fort Beg~gés dtt-dn~ et si les reprocti~ qup- Fon pretehdoit pouvoir jaire a- cet ~ard. à monsieur et madame de Erauth, ëtoient fondés, ~sExtravagsnces etîps'mal- Bëurs de leur nile en o&jent une aarense punition. '–. J'ai-namme ci-dessus I& médecin M. Be- !itz: cétoituncha~atan qui avoit autant d~esprit que d'originaHie: II étoit veau s'efa- Mir à Berlin pour y pratiquer rmocuiation mais il n inocula personne, parce que les médecins du pays ~avoient pas attendu son arrivée pour le iairB eux-mêmes avec suc- cès. Cependant il parvint a~se .faire quelque réputaëon à quoi ne contribua pas peu réponse singulière qu'it 6t au roi. Ce mo- narque ayant voulu le voir, lui demanda combien il avoit tué de personnes pt-ii re- pondit avee~on accent angbis a ~oihs que downloadModeText.vue.download 305 sur 380


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» vous, sire. H Le roi sourit, parla médecine et petite-vérole et le renvoya. Il étoit encore plus apothicaire que médecin il préparolt lui-même tons les rem-èdes qu'il prescrivoit, et les faisoit payer encore plus cherque ses visites. J'ai connu deux mala- des, qui par malheur se sont rcm~s entre ses mains une dame de Rottenbourg., &nune très-aimable~ menacée de la poitrine .a la- quelle il a sqlemnellement promis une prompte et sûre guérison et émit a, au bout de cinq ou six mois envoyée à Nice, où eue est morte tout en y arrivant et le grand- ~cuyer de SchaSkotsch, attaqué d'une goutte sereine qui le &isoit beaucoup souBrir au- quel Béiitz a juré qu'à la fin du mois de mai il seroit radicalement guéri, et qu'il a envoyé en terre justement à la fin du mois de mai. J'ai appelé ce Bélitz charlatan non parce que ses malades mouroient, mais parce qu'it I< ur prodiguoit à tous de ces promesses dont un honnête homme a soin de s'abstenir, et qu'il ne tenoit certainement à aucun d'eux. Pendant la mission de M. Elliot à Berlin, et avant la guerre d'Amérique un domes- tique de louage vint à sept heures du matin m'annoRcer la visite d'un mylord qui étoit downloadModeText.vue.download 306 sur 380


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arrivé à Berlin la veille à huit heures, d~ soir. Je 6s répondre que j'étois sorti..Deux minutes après, ce domestique revint, suivi de son mylord, qui me. rencontrant moi- même., me conjura de l'entendre. Je lui 6s des excuses fondées sur le négligé où j'étois,- et il me tépliqua qu'il n'y avoit que les gens désoeuvrés qui pussent être~habillés de bon matin. Ç'étoiF~grand"homm?'~environ vingt-huit ans, 1:rès-bien iaitetd'une phy- sionomie fres-noble je nai pas vu d'nglois plus bel homme que lui. Il me dit qu'il parcouroit l'Europe depuis -huit ans, mais que ses beaux jours étoient passés qu'il étoit obligé de retourner chez lui dans deux- mois- étant devenu pair à la chambre-haute d'Irlande, et ayant été de plus nommé mem- bre à la chambre des communes à Londres, attendu qu'il avoit des propriétés etundc- micile dans les deux royaumes; que de cette sorte on ne tarderoit pas à le marier, et qu'il n'auroit plus qu'a..s'en&ncer dans la po- litique mais que ce qui lui faisoit le plus de peine c'est qu'il avoit perdu ses huit années d'absence; qu'il rpugissoit de m'avouer qu'il ne connoissoit méme.la littérature d'aucuns .nation du continent que certainement deux downloadModeText.vue.download 307 sur 380


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mois étoientinsumsans pour réparer cette faute mais que du moins il espéroit parve- ïnr à des connoissances propres à le diriger pour la suite, que c"étoit dans cette idée que voulant passer ces deux mois à Berlin il avoit cherché à savoir à qui il pourroit s'a- dresser plus utilement pour cela que c'étoiir moi qu'on lui avoit indiqué et que sentant bien qu'il n'avoit pas un instant à perdre il B'étoit arrivé la veille au soir, que pour venir dès le matin me prier de lui consacrer une partie de mon temps. Du reste, il refusa de me dire qui lui avoit parlé de moi. Je pensai que deux mois ne seroient pas de ma part un sacrifice qui dût me déranger essentielle- ment ainsi je me déterminai à le faire. Le mylord offrit de venir chez moi aux heures que je lui indiquerois mais je considé- rai qu'en passant chez lui, si je ne le trouvois pas j'en serois quitte pour donner mon nom à la porte, au lieu que si javois à l'attendre chez moi, je nsquerois fort de l'attendre en vain des demi journées entières ce qui pourroit quelquefois me déranger très-essen- tiellement d'ailleurs, j'avois à peu près tous les jours à passer devant l'auberge de Cor- sica où il logeoit d'où il arriva que nous downloadModeText.vue.download 308 sur 380


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conviâmes que tous les jours je me présen- terais chez lui à onze heures du matin. Le mylord au lieu de deux mois resta quatremois àBerlin; etsi ee&tunepluslôngne servitude pour moi~ ce ne iht néanmoins un plus grand prontni pour l'un, ni pour Fautre. S se livra parmi nous;, à la même dissipation qui Favoit en~ma~H~s~ souvent à mom~rrivee, 1! etoit déjà sorti eHesjonrs ou je le tronvois, M. ElHot, un jeune prisce de Côbourg neveu de la reine et càpitamô dans un régiment de Berlîh et )e S:e sais combien d'autres ca.valief$ ou mii~âiMs,~ noient ou nous interrompre, on me Fenlever.' Je ne ms pas tong-temps a me~con vaincre que ? lui serois peu utue il auroit iMIu. quelquattention de sa part; et dsns-Ie tour- MHoïfouILse tatssoit aller ~e n'en avois plus- àespérer.H me parut quil le sentoit-lat-~ même; etquil songeoit a me piquer d'hon~ neur pour le jour ou Tiendroit le quârt- d'neure de Rabelais car iî saisit à-pëu'pres paï'les"f-heveuX une occasion assez éloignée de me dire quelque teHips avant son départ, qQS Ïes Anglois en 'France étOtent en général et presque par- tout, reçus avec beaucoup de politesse- .e6 de prévenance; que même on: leur downloadModeText.vue.download 309 sur 380


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îeur prod!gubit avec anëctation le titre de mylord; mais qu'on le leur &isoitbien payer et que ce nétoit que pour faire une guerre plus cruelle à leurs guinées qu'on paroissoit les traiter si bien. Je devinai ce-que la com- tesseScorcewska m a plus adroitement déve- ïoppe dans la suite ainsi j'ai vu qua la forme près Anglois ou Polonois, c'est au fond la même chose; maïs je nie. bornai à lui demander, en riant, si les François pouvoient espérer plus d'hospitaHté en Angleterre; et si du moins leurs politesses n'établissoient pas quelque dIBérence à leur avantage. J'eus même assez de iront pour lui citer un voyage de M. le vicomte de Lavât, à la Jamaï- que, dans lequel on lui fit p.yer le prix dé gumées, sans d~iHeurs aucune sorte de politesse un misérable poulet qu'on avoit servi à son domestique. Arrivé au moment de me remercier et de me dire adieu, il me pria, non sans quelque embarras, de lui dé- clarer iranchement ce qu'il me devoit « Je n'ai jamais eu de prix, lui répondis je, pour des leçons données hors de chez moi: car je n'en ai jamais donné qu'à vous et à une dame. Eh bien, je ne commencerai point par vous à nxer ce prix. Vous ave-x 77r downloadModeText.vue.download 310 sur 380


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6tépeudetempsàBerHn:voûsm'avezpet[ ? dérange et des distractions involontaires

  • ont été cause que je vous ai été Lien

? moins utile que je ne Fayots espère ~ainsr » jeyouspriede-trouverbonque je n'accepte ? aucun payement ~,11 me sembta que ma réponse le surprenait autant qu'elle lui faisoit de plaisir. Il~Qe.~EœTeHieKCÎinens,, de complimens, et même de promesses il me protesta que dès son arrivée chez lui, il m'en- verroit par M. Elliot, une bibliothèque an- glois~ choisie, et je ne sais combien d'autres objets. Voulez-vous, lui répliquai-je alors~ x me permettre de vous demander une sorte de payement qui me s era inËniment cher ? 9) En ce cas, ayez la bonté de me donner votre adresse, et permettez-moi ~st jamais M l'occasions'en présente, dem'enservirpour K yous recommander-quelque honnête homme B qui ait besoin de protection chez vous. M Comptez sur-tout que je n'en abuserai pas. ? et .que je serai très-scrupuleux à n'y j-e" )) courir que pour des choses justes ». Il mit le plus grand empressement à me donner son adresse, et me promit tous- ses bons omces, pour cenxqueje lui adresserais, le tout sans Tien rabattre de ce qu'il vouloit m'envoyer. downloadModeText.vue.download 311 sur 380


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Au bout de six ou sept mois, j'eus occa- sion de le mettre à répreuve je lui adressai et lui recommandai bien spécialement un brave homme de Magdebourg, qui alloit en Irlande pour y réclamer une somme qui lui ~tdue. et qu'on ne lui payoit pas. Je sus bientôt que le mylord avoit reçu ma lettre, mais n'avoit pas reçu. mon homme, et n'avoit rien fait pour lui. DaiUeurs, il ne songea pas plus à me répondre qu'à me faire ses envois si solemnellement promis. J'avoue que son silence et son refus de services m'indignèrent Je tardai peu à me trouver en société avec M. Elliot, et je m'en plaignis en hommeirrité. M.Elhotfuttr~embarrassé; il ne sut com- ment excuser son ami, et me pron if de lui écrire, bien assuré que tout seroit réparé dans peu. Depuis ce jour, il n'a plus été ques- tion de rien niM.EHiot, ni moi, n'en avons plus parlé; et l'on conçoit bien qu'il n'est rien venu. (i) Je pense, en vérité, que les Anglois (1) Au reste, s~ravoJt occasion de lire ces Sonve- je ne voudrois pas qu'H imaginât que ce soit par oubli, que je ne Jis pas son nom. En .777 à Berlin, il s'appeloit j~ n~oit Cler. Il doit me savoir gré de ne ~oimer ~e la moitié de ses Homa. downloadModeText.vue.download 312 sur 380


~s:

Mus regardent à-pen-prës comBïe les Jui& rcsard.oient les Egyptiens à qui ils enleyoient ce qu'ils poilvoient. Je rends cette réflexion générale,- parce que }e connois beaucoup d'autres traits de leur part, qui ressemblent assez a celui que je viens de citer et'qu'en ce' cas j&desirerois fort que mes compatriotes prissent entr~eux~a~S~~tMmdBn.e plus être leurs dupes, comme nous gavons si' souvent stë jusqu'ici. M. ElHpt ~~P~~ Berlin par ce~ M. Harris, qui depuis a été ambassadeur en Hollande~ et est devenu mylord Mammels- i~ury.. Sa mission enPrusseintjam début dan$ ia carrière po!itiqu.e. Je ne sais s'il~Be~ongea. d'abord qu'à se former, pu jsi on lui avoit recommandé plus de reteBJie que n'en avoit eu son prédécesseur mais il se communiana peu. et ne fit presq~aucune sensation. Je ne sais guère d'autre anecdote sur son compte gué ceUe de mademoiselle Quinson,, ~a mai- tresse. Un histrion, fort mauvais sujet, npm- mé8aM-Huberty,.avoit amené de France aL Ber!in qaatyëjeuneS personnes qu'il plaça beaux deniers cpmptan~ rùne cb.ezrpn~y~ de Bavière; une seconde chss M. deGolt~, v oiîicier dans les gendarmes &-er&d;e eeM downloadModeText.vue.download 313 sur 380


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.qui étoit ministre à Paris et la troisième, ma- demoiselle Quinson chez M. Harris. Quant à la quatrième qui étoit la plus laide, niais qui annonçôit déjà les talens qui l'ont IHustrée ,depuis, Saint-Huberty en fit sa femme. M. .Harris plaça mademoiselle Quinson dans un joli appartement, où elle ne reçut jamais que ceux que lui-même y amenôlt. Elle se condui- sit si bien, que, lorsqu'il obtint un congé à la suite duquel il fut ensuite nommé à l'ambas- sade de Hollande, il lui offrit une pension .si elle ne consentoit pas à se retirer dans un couvent sur les bords du Rhin, où elle vivroit en attendant qu'il sût ce qu'il deviendroit, sauf à reprëNdre la pension s'il restoit en An- gleterre, et à se réunir à lui s'il revenoit sur Je continent. La belle prêtera le secondparti d'où l'on peut présumer qu'ils se sont enecti- vement rejoints.

Je n'ai plus à parler ici que d'un Anglois t M. Minette, propriétaire des paquebots de Douvres, qui lui valoient près de vingt mille livres sterlings par an. Cet homme/laissant une partie de ses revenus à ses neveux, qui, sur les lieux, faisoient valoir lé londs vivoit depuis très-long-temps à Berlin, où il s'étoit nxé autant par caprice que par circonstances~ downloadModeText.vue.download 314 sur 380


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C'étoitunAngIoIs original, delà grosse es- pèce il avoit trois belles maisons à Berlin et, dans chacune, un appartement qu'il s& yéservoiL Ilalloît selon sa &ntaisie~ déjeuner dans rune,dmer dans la secondé/et coucher dans la troisième. Quelques vieilles connols- sances lui laisoient la cour et ce vieux batte- her~ dur, grossj~B~e~E~a~t'e~mmeIesgeng de son état qui ont lait fortune ,avoit besoin qu'on lui fit la cour. Il y avoit sur-tout un yieuxmllitair~ majordelaplacp, qui,nayant pas de &rtune~ étoit &rt assidu, a venir dmëi-

avee lui. Après le dmer, M. Minette ~-ou-

loit puer aux échpes.pinLmGttoitbien plus d'amour-propre que d'inteHigënce. Quand le pauvre major avoitla complaisance de per- dre. Il étoittraitéd'amebasseptYHequivou- lolt plaire et quand il gagnoit, il étoit accable de sottises comme mauvais joueuMfrIgoriste. Après avoir rencontré deux ou trois fois ce yiche malotru j toujours simple dans son cos- fume et plus que iamili&r dans son ton je demandai à M. Suizer ce qu'il en pensoit. <r C~est, me répondiMl, le plus niaMieureux 3! des hommes. Il est excessivement riche, et n'a que de là morgue, de l'insolence, .da fa x grossièreté et des caprices onTo~ne trouve downloadModeText.vue.download 315 sur 380


(3~ J

)) pas l'ombre du sens commun. Un seul mot B peint son malheur c'est qu'il n'a aucun plaisir à faire du bien, lui qui pourroit en ?) tant faire. Il est blasé sur tout; il ne lui M reste plus d'autre activité que celle qui lui vient de son extravagante originalité, et de ? la vanité la plus sotte qu'il y ait~moonde. Ainsi recordé sur son compte, ce ne fut qu'avec la plus froide indiHérence que je le regardai il le sentit: et comme il avoit remar- qué qu'on me témoignoit quelque considé- ration chez le chevalier Mitchel., chez la com- tesse Scorcewska, et ailleurs, il voulut ma faire quelques avances. II me rencontra un jour avec M. de Castillon, le père il nous aborda; et, après les complimens ordinaires !t il gronda mon collègue sur ce qu'il y avoit long-temps qu'il nel'avoit vu il lui demanda quel jour il lui feroit le plaisir de venir diner avec lui et ensuite se retournant de mon côté K Monsieur, me dit-il, vous n'avez pas encore s dîné chez moi il faut y venir, le jour qu'i! » vous plaira. M. Minette, lui répondis-je x je vous suis bien obligé mais je ne puis pas N avoir cet honneur-là.'–Et pourquoi donc~ N puisque je vous laisse maître du jour ? – C'est que je ~suis engagé.. » Cette réplique downloadModeText.vue.download 316 sur 380


(3~

de ma payt produisit TeSet qnejevouIoŒ~ eUe le déconcerta~ ranmiua~ et me déHvra de ses poursuitesL. 7' P~pmiles ïnaisons~ appartenMentà~~M~ Minette, H iaut compter d~ordl'n'ndé5 plus J&eajix: hôtels de Berïinj, placé sous~ës-ar&res derrière Ja bibïiotheqiis pubUq~e~~ef pM~~ qu'en iaee ,du pa!a!s~du princejgeart. M. de Gumes a~-jnEc~ëF~ëî~' ~H œsûiteju~ oecupe paE le&mi&tr&d~ Gœrnc. M.~mette~ Ëer d'a~ptrÏe mitustjre de yranee poTir ïoeà- taire, crut avoir acquis le droit de se conduire' 'avec lui comme pair €t compagnon. /0'n jour qmt.Ie vit a la promenade avec plusieurs~ dames <le !a cour, ihint sans &conFaceoster. et se piacer &nn}ierpment a cote de En puis H se nat à Ëtire renumération de 'tous les Franeois distingués qn'i! avoit souvent/reçus chpz iaij a Bouvres. « Mesdames ~dit M. de~ x &tnces en rian~ ce que M. Minette vous & ditïà-est ires-vrai ,à moins d a voir des & ailes~ qn ne va point de Calais en AngÏe- terré sans passer chez M~ ~car le paquebot lui appartient il' y est né, e'èst comme sa ~ïnaison. N Ge iut""ainsi qu'il renvoya cet importun ) et leeart& pour toujouTS. downloadModeText.vue.download 317 sur 380


C 3i3

L JE CATION DE SAXE:

LES s ministres de Saxeà Berlin a~ sont pas à la vérité, ceux qui m'ont accueilli a~vecle plus d'empressement; mais j'en ai eoBstàm-' ment reçu les mêmes politesses durant les vingt ans que j'ai demeuré en Brandenbourg: au surplus, il n'ont été que deux à remplir cet intervalle de vingt ans: Fun, M. le baron de Stuthereim, et l'autre, M. le comte der Zinzendôya~. J'aide perlé du premier (Voyez artiele ~~M~c~e, le général Nugent ) et ce que j'en ai dit suffit pour faire conuoître son caractère personnel, qui n'avoit, pour ainsi dire, pour traits distmctifs.que réserva sage et prudente et. honnêteté souienue et natu- relle. Un jour que nous dulions lui et. moi chez l'envoyé dp Russie, avec la lameuse princesse d'AchkoN', celle ci ayant nommé un ministre étranger qui étoit à cette époque à Dresden M. de Stuthereim sehâta d'en dire beaucoup de Lien son empressement à cet égara auroitdùédi.Her la dame voyageuse~ downloadModeText.vue.download 318 sur 380


3i4.)

mais cette dame étoitrarementtell&qu'onpou~ voit se l'imaginer. w Comment pouveiZ-vpuSj » reprit-elle, dire tant de bien d'un homme ? semblable? Je ne suis pas d'une bien grande ? sévérité, car je sais comment on doitvous w évaluer, vous autres hommes vous vous ressemblez tous; ibibles et pleins de pré- tentions orgue~sn~~et in.]N§tës, toujours disposés à la tyrannie vous vous valez ? tous. Cependant, quoique nous ayons tant ? à souBrirde votre part, et tant à vous ? pardonner, il est au moins vrai que ce qui indique un défaut absolu de sentimenSj, ne » ~e peut tolérer même chez vous et la: con- B duite de cet envoyé envers sa femm~ ne dénofe-t-eMe pas ce déiaut? Elle .est laide ? j'en conviens mais il le savoit, quand il » l'épousa. Si cette laideur lejustinë de n'a- N voir pas eu d'amour pour elle (i~, le jus- tiRè-t-eIle aussi deFavoir conduite enFrance » pourla rmnerj l'abandonner, etia renvoyer x seule en son pays, quand il en a dépensé 3) tout le bien eh maîtresses et autres, exira- vagances?Ehbien, tout cela n'est rien en M comparaison de ce qui suit. Cette pauvre (i) Observez que la princesse d'AcIlhofFefoit~He~ même fart: Iai3e. downloadModeText.vue.download 319 sur 380


(3i~)

s femme n'ayant plus rien, se retire chez son frère ce frère meurt sans enfans, et elle » en est la seule héritière or ce frère étoit » très riche, ainsi qu'elle l'avoit été elle- N même. Que fait le mari en cette circons- » tance, lui, toujours dépensier, et qui n'a- » voitpasdefbrtune?HvientàIa ville où elle « est, pour se raccommoder avec elle, c'est- M à-dire, pour en avoir le bien, ou peut-être la ruiner encore. Heureusement elle a fait )) en cette occasion ce qu'elle se devoit à elle- » même en arrivant il descend familière- » ment chez elle elle étolt à sa toilette elle le reçoit froidement, comme on reçoit une j) simple connoissance, sans se déranger; lui N demande s'il compte rester quelques jours » en ce pays où il logera, et s'il lui fera l'hon- neur de dîner chez elle ce jour là. Ce~ questions et le ton qui les accompagnolt, » lui firent sentir enfin qu'IIneréussiroltpas » et il repartit à l'Instant. Je ne pense pas s que l'on doive lui pardonner d'avoir man- » que de sentimens jusqu'à vouloir se rap- j! procher d'une femme qu'il n'almolt pas?, » d'une femme qu'il avoit ruinée, et si cruel- » liment abandonnée et de s'en rapprocher parce qu'elle est redevenue riche Il n'a downloadModeText.vue.download 320 sur 380


3i6

montré dé cœur qu'en ce qu'il s'est hâté~ de ? repartir sur ta réception qu'on lui a laites – )) Mats, reprit M. deStuthereim, on assure ? que ce n'est pas à lui qu'il laut attribuer la N démarche que -vous lui reprochez~ il ne l'a M faite que malgré lui ce sont ses parens qui ? 1 y ont en quelque sorte &rcé. Quant aux premiers tQ~e~aH~~a§'Svërs sa femm~ » ce sont des fautes de jeunesse dont il est ?) loin de s'applaudir. Au surplus, j'en ai dit M le Hpn que nous en disons tous :je n~ parle c M demi que selon ce qu'il est cnez nous et il Y » y est tel que nous avons tous pour lui la M plus grande considération. La princesse répliquas; ~ar, elle n'est pas iemme àr&cùler; mais le Imron.nedit plus rien; alors.Jb pnn- cesse d~AchkoS, s'adressant àmoi, dit: KVous faites'des choses admirables en France vous M faites banqnerouteàrEurope; tout le monde est opprimé, dépouillé et rniRé: mais vous jetez go miUionspar les ïënêtres, pourlema- N riage devotre dauphin !Ïlest vrai quepârla tautedecettepoltce quevousvanteztant,Ies B Ëloux trduHeitt vos fêtes. D'Ix huit cenisper-' sonnès périssentaufeu d'artiHce; mais qu'im- B porte ?deleud'artincëdevoit être une mer-' <c veille 'Banqucyoute~ &IIes dépenses ,efas- downloadModeText.vue.download 321 sur 380


(317~ ',«

sassmafs oh, monsieur cela est beau cela » est grand En Russie, nous avons une sou- M veraine qui agit tout autrement elle ne fait » point de dettes elle paye exactement; on » ~assassine point chez elle; mais une caisse » particulière tourne mat; l'impératrice n'y » est point intéressée n'importe i! sumt »qu'elle en ait permis la formation), elle en » remplit le ~c~. De queloeit pensez-vous » que la postérité voye cette comparaison? H Je ne pus pas lui répondre, parce que jetois à la table de renvoyé de Russie auquel j'étois très-justement attaché, et qui ne pouvoit que ménager l'amie intime de Catherine IL Mais je parlai ensuite de cette apostrophe au chargé d'affaires de France, qui, se trouvant le lendemain soir à un grand souper chez le comte Finck cns~in dit à plusieurs s dames avec lesquelles il causoit lorsque cette terrible princesse entra « Ah mesdames, x prenons garde à nous cachez-moi, je vous prie; et du moins ne m'abandonnez pas t) Cette dame ne vient peut-3tre ici que pour s m'étrangler, comme si j'étois Pierre III ? Hélas, ce ne seroit pour elle qu'un jeu x Croyez .moi, sauvons-nous personne n'est H ici en sûreté Ah, la voilà qui porte la downloadModeText.vue.download 322 sur 380


3~8"

? main à. sa poche Ette tire son mouchoir Ï Nous sommes perdus Vous savez que le mouchoir est son arme favorite! a Toute la soirée se passa à continuer cette facétie dont la princesse eut beaucoup de peine à ne pas s'apercevoir, car plus d'une fois on en rioit aux éclats tout autour d'elle.

La santé du baron .de Stuthereim s'altéra' à la6u fort sensiblement à Berlin. Les sables' duBrandenbourg ne lui valoient pas mieux- qu'à moi et à beaucoup d'autres. Il eut des' obstructions et fut menacé de mélancolie. Ainsi il demanda et obtint son rappela et il s'en retourna à. Dresden/où il fat nommé mi- Bistre des aSaires étrangères, qu'il a con- duites durant un assez grand nombre dan- nées, c'est-à-dire, jusqu'à sa mort. I 'En quittant Berlin pour revenir en Francet j'ai laissé dans cette ville M. le comte de Zin- jzendorS, qui avoit remplacé M. deStuthe- rëim ministre non moins sage, poli et discret, mais ayant la physionomie plus ouverte et plus libre, et en général l'air, le ton et les allures plus aisées, plus décidées et pins franches. M. de ZinzendorS', dont lé nom est très-Il- lustre dans l'Empire, est digne de le porter voilà comme on l'a toujours jugé à la cour de downloadModeText.vue.download 323 sur 380


~9 rrti~T?

Frédéric. Je n'aurai qu'une seule anecdote à rapporter dans l'article qui le concerne, car sa conduite a constamment été telle, qu'il n'y a point en d'anecdote particulière à recueillir sur son compte.

On parla unjour chez lui du prince Xavier de Saxe, autrefois duc de Courlande, et vivant en France oui! s'etoit Ëxé près de madame la dauphine sa sœur. Ce fut à ce propos que je lui contai ce qui suit « J'avois vingt-sept ans B lorsque durant la guerre de sept ans, et M vers la fin du mois de mars, j'eus à me » rendre à Besançon de la Haute-Alsace où ? j'étois alors. J'arrivai le soir à Lure, petite ? ville qui est sur les frontières de l'Alsace et ? de la FrancIie-Comté. L'auberge où je des- » cendis, la seule convenable qu'il y eût à ? cette époque en cette ville ne retentissoit x encore que de l'aventure qui y étoit arrivée » peu de jours auparavant, et que voici deux ofEciers paroissant venir de Paris, et re- ? tourner à l'armée, y étoient entrés, n'ayant » que de simples redingottes par-dessus leurs » uniformes et sans aucune sorte de déco- » ration. L'un étoit encore jeune, et l'autre s étoit beaucoup plus avancé en âge. En

) entrant dans cette auberge, its deman-

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( ~)

dèrent si on pourroit les loger, et prièrent )) ensuite qu'on chauS~t bien leurs chambres, se piaignani beaucoup du. froid et de rhu- nudité dontils avoient eu à souHrir toute la journée. L'hôtesse, bomie et grosse&mme, w ~rt active, leur proposa en attendant que a leurs chambres fussent chaunees, d'entrer N dans le poêle, pièce assez grande, toujours &tt ottaNde, parce queUe est placée der- rierelaemsins, qui, selon rarchîtecture do: ? pays, n'ea. est séparée que par une plaque deibnte. Çesdeuxsiessieursentrërentdonc ? dans te poêle, et s'~ trouvèrent si bien qu'ils~ .? résolurent d'y souper. Peu de temps après,' x parurent quatre jeunes, gens, Meutenans bé s sous-lieutenanSt en-divers corps et~quï .? avoient obtenu des congés de semestre du- ~;rant eetinvsr. Enfans duHeUjîisvenoIen~ B souvent eette auberge pour y apprendre quelque~ nouvelles. Ils entrèrent dans le pqelej'se rangèrent derrière la plaque de fonte, qu'on appelé la ~H~ et M, ils K se Bsrent..à examiner les deux voyageurs s qui gard&ient le pius~ profond silence, ou ne N se disoient que quelques mots à voix basse. Gomige ceux-si n'avoient rien qui parut R~rt imposant, nos; jeunes gens se nurent .p aussi downloadModeText.vue.download 325 sur 380


(~1)

III. x

M aussi à se parler bas ensuite à ricaner s puis à rire aux éclats, et enfin à fredonner t ? chanter etsiiHer. Comme toutes ces imperti- M nences ne troublèrent en rien le calme des » deux étrangers, les étourdis ayant fini leur rôle, partirent. L'hôtesse vint un moment M après pour mettre le couvert. Tandis quelle x en étoit~occupée, le plus jeune des deuxvoya. M geurs lui demanda assez nonchalamment s! x elle connoissoit les quatre jeunes gens qui M venoient de se retirer. « Oh oui, monsieur, » dit-elle, ils appartiennent à quatre j~ B 7K~~ des plus re~ec~Je~ de cette M/ ils Non~zezcn semestre.» a Alors cet officier t tire ses tablettes, prend son crayon, et de- mande à la dame de lui donner leurs noms »et ceux des régimens où ils servent. En ce N momen4 là bonne hôtesse eut peur qu'ils n'eussent fait quelque sottise; mais après ce ? qu'elle avoit dit, elle ne pouvoit plus re- w cukr. On voulut tout savoir, et on écrivit ? tout. Après quoi, on remit les tablettes en s poche; on la remercia et on demanda le » souper. L'hôtesse eut beauregarder la phy- sionomie de ces messieurs, elle n'y démêla »rien et n'en eut que plus peur. Elle étoit N tourmentée de ses craintes, lorsque l'un dw downloadModeText.vue.download 326 sur 380


( 3~

s cpmt~ penses: gens reparut. « ~&H!~M~ te&dit-eRe~yoM~/s~oK~ M ~o~ ? Z~ ~M~ë: Je e&t me~MM~ m'<if & ~OSMTK~ MO~ %PM~ ~OK~ ~TT~. Je ~7'KMe %s~~o~e Zë'Hr ay~ M~yM~– j~e~r~ ~7ï~ ~e~ MOM~~ Et ? ~ZM:e~–' ~~R~CM ~ën~ n'MKN t!t~s~ ~M7'~ ~o~e~~M~ a'~ <M~~i~~ JeHe~M: ZM~. – ~o~ ~aïi~ M ~M~<~7ï~<M~%p7HM:e~Hï.feK~~7?~c~ ? N0e& ? -– ~'e~ ~H~ ~O~HtS~, M<?7hMëH?~ j~M~ <~C TTKMM~ le ~~&r N~ ~C~ 3) Cf ~EUe~ e~MOK~KT'Zp ~/T~C<S' » j~Me?' ~~e M. 6ette rëpoësë ~éM6a. 'M. f~sGeusqùi'FentpBd~eB~e~eHRëéfo'Ha'fË en ibt eom~'e-a~'éan- e~ &'eM EfH~' v~e~~n ms'tï'uÎFB ses' c.aBiarsdes~ qui, ne- sac&ai~ ?. qaie de~eBïr &en-vinFeB.~ a~ ~auberge pour eoM~Re~ a~e~ l!Mte~€ pà]" quêta' Bloyen~ w. ils pQUprMëB~~o<Erner;.lë' maHïeû.'rqmÏ6à ` N Bïeïia~oTËlI~-s&Biipe~auKgene~:x'<iJB-ceH& ]&attvre iennne, qtiî', R~ppuvast lett~i'e- &tseraonjë~61&seë'nrs', ~n~'a d~uïs-l&ipaêle teute tresiManfe-, et dît (FuBe'ToïX en- s ~'ëeoup'é~:œe7Mo~'MeMr/'A ë&mûf' prîhee voyant q~l'ilétoit découvert, e~de~- YiBantle feste~, M- répondit en- sduMani~ downloadModeText.vue.download 327 sur 380


3S3 -r-

? ~7i, ~ZŒ Z'ë'7Ï7!~ ~Mf~ y~C~ ~e c'e~f? – j~ Mo~e~-neH~, ces TM~e~- ~~je~~ ~e/ï~ cp~M~ë~ ~&r~s.y~~7ï~, ~~TM~c- A i!&~&~ -E~M ~7~ ~0!~OH~ si <?~ ce Mo~e~ y ~o~ Mor~e~ <~ r~ ~Mrj~H~/ 1 A M07Më~eM?-~eM7Ze~~ë ~~OK~ &e- &' ~OMi ~M~hee – ~c/z~-z~ ~o~c ~Y ~M<* ? – Oui, Mo~c~TzeHr. – .Ë% ~j~~N-7~ eK~er. N Cette &mmè, tçuiéen tarïù'e~~ sortit et ne p~ qu'avec peiné Iet&' a donner lé ûotfrà'gé de se monfrer. lîs p~- N rurént très-môdëstement, Hrent ïèurprdL < ~b&de révërencè, et se tinrent derrière la porte dans une posture inclinée. Le prîncë p!r!t bien se convaincre quen ce niomen~ b' aù~un d~oX né songeoit à rManér, in à siai.ër. ~eH~, fèur dM-iI ,<~ ? ~Me vous ~<xr~ ~o7~j~ e~ ~e' <~7M~~7-e7M. Z~~or/M~ ~07!~ chdcuit J<? M ~0~ est r~~H, TK~e ~M ~Hë %'û~ aM~ ~Âo~c~- ~eTTÏr là 7-<%e~ef~- )) patrie. ~oM~~ ~o&r ~z~.s &'j~~ ~ô~ re?ï<?e 7~ ~o~ /eK~~ CO~CT~ W ~Me ~e ~?~e~ downloadModeText.vue.download 328 sur 380


3~4

x ~Me~sc ce~e pe~ec, ~Me~e ?K8 ~e~ ? ~MC~c CMC ~:je vous &77Z~7:~ yo~re p<zroZe x ~o~eMr sur H~~OM~ et que ~OM~ TTze ~5 j) ~pn~e~j~oM~sr~j~~e~~K~ goitre M jFbMN ~aye~eMïCHr.y, eë~Hc c~e~ a OK'H7ÏC;~0~ ~OK~eMr' ~OM~M~~COTM. N &ze~ eZ~ doit ~re Nac7-<~ ~7~ M ~OM ~OH~ ~M6 ~<MM m~Mr~ &MS N ~Mey~mcMyoM~~oH~ ~~ro~s ~H~ XTe ~~M ~OH~f ~77M~< C~e/ŒTT!~ M ~OM~ ne yoM~ en eccr~re~j yo!M me &? ? <?0~<~ ~epOH~~ donc ~HM~e COi~a~ .M ~Hr~~e ~ôMMe c~Mr~ce.? ~Tous Iss quatre répondirent aIEï-ïnatiYemeïit; sur 3) quoi le prince reprit la parole et leur dit ? .EAMe~ 7?ze~<'Mr~~e ~oM~ F<??7Mn~e~o~ ? naro~~o7ï7ïeKr~~M.y.MC?'<~ ~Me~oM~ ? /OM ~H6 ~OM~ renCO~r~ KTt ~OTKTMe Tt cMgyoM~Kecon~o~-e.srpa~, ~oM~~rM~ee. ? ~re~ p~r ~CM~ ~M~ est 7zom~c, e~M.y– ? ?M~ Ce que ~OK~<? COTÏTÏOM~ Tï~~OH~ x ~MNTï~ ~7!; <ï Z~~ Je ce~ ~e ~o~ S COTïno~~ ~e ~ZMC aux ,~7~~ x ~ce de co7M~n<mc<~ ~OKne~~ et J~ .t TTMH~ ~MÊ ~HC~~OTt, ~~em~ ~~Oi!?~ propre cœHr~o~oMy<xyozrïyï~j, x a ~oM~ tracer 7<z con:JM!~ .~oM~ ~~s~ ï, ~ïr ~PCT-~ 6~. Je n~ ici ~e downloadModeText.vue.download 329 sur 380


3~5

X ÏKC072KM~ CM~ ~eM~y sont ~0~/<?< de Z~PT'O- M ?Kf.Me ~O~/TZ~g~e ~He je ~OM~ ~e77!~7ïd'P ~q/e~ et ~e.C~re~J~Oi'T7M~C77!< ~OM~ T~ej~~c~ce~e promesse, et si vous êtes N ~eM déterminés à la tenir. » Tous les quatre promirent tout sur leur parole d'honneur, M Lepriace alors termina cette séanceentirant M ses tablettes, et en leur disant: cc Je Tze~OM~ N C<ZC~<?r~0!Hi~77ZS~<3Mr~, <yMe~OM/7~ » vos noms, et que j'allois les envoyerau mi- nistre de ~-Mgr/'e, en lui demandant votre expulsion de l'armée. La parole <7M<? K ~OH~ me donnez, et sur laquelle je compte, » T'~pare ~OM~. ~M~~ ~q~-e~ ~ra'~yM~<?~ et ? ~FT:~ ~o~MSHr. ~jc vous rencontre à M l'armée, e~~H<?~<x~re~e que pous vous ? conduisiez bien, ~q~ ~Mr~ que je serai ? charmé de vousy être utile. Ve~ce ~o~ K KOM.y~!7MM~e<MM7YH&zg~me les rappeler K lieu de vous y obliger. » Ce fut en N leur donnant cette bonne leçon qu'il leur- N souhaitalebon soir. J'ai toujours pensé qu'it » étoit diSeile à un prince de se conduire en B pareilles circonstances d~une manière plus. N honorable. – Je pense comme vous, m& s dit le comte de ZInzendorË', ce trait fait in- 3) finiment d'honneur au prince Xavier, ei~ c'est peut-être le plus beau de sa vie am downloadModeText.vue.download 330 sur 380


(3~

y BjpmS} n'en connoissQns-.nous point de pa" 3)XeUs que nous puissions citer; etjevou~ sn~i d'autant plus d'oMgatiou d&me l'avolï' &ppr~ t ear nul de nous ne le savoit. downloadModeText.vue.download 331 sur 380


(3~7)

L~GATÏON DE RUSSIE.

JLoRSQUE je fus reçu l'académie deBerUa, le t5 avril 1~65, après que }'eus prononce mon discours, et M. Formey sa réponse, je vis un homme de quarante ans, à-peu-près de taille médiocre~ mais assez replet, vêtu d'ailleurs fortsimplement etsans aucune déco- ration, qui s'approcha de moi, me témoigna m'avoir entendu avec plaisir, et m'mvifa a dîner pour le lendemain chez lui, ajoutant que si je voulois passer par chez M. Formey ce 4ernier-n-ie montreroit le chemin. J'acceptai avec rembarras que ron éprouve quaB.d on no connoît pas ceux de qui l'on reçoit des mar- ques d'honnêteté. Il se retira et M. Formey m'apprit que c'étoit le prince Do!gorouki, ministre-pIénipoteBtiaire de Russie à la cour de Prusse. Le leademain à l'issue du diner:, ce prince vint à moi, et me pria de me re- garder comme invité chez lui toutes les tbis que j,'aurols le loisir et l'intention d'y aller. Depuis cette époque j'ai constamment reçu downloadModeText.vue.download 332 sur 380


(3s8)

de sa partiesmemes marques d'amitié. Sou- vent il me faisoit inviter avec les cérémonies d'usage quand il avoît de grands dîners; et souvent, lorsque j'étois plus dune semaine ou deux sans aller le'voir, il passoit chez moi ` dans la matinée pour savoir, disoit-il, si nous étions brouillés ensemble~ En un mot, ` il a été le mêm&à~BM~gard durant les vingt ans quej'aipassés aveclui dans ce pays sans que jamais les grands evénemens de la poli- tique, ou les petits evénemens de'coterie aient élevé le moindre nuage entre nous deux. Je ne me rappelle que deux circonstances qui aient pu me faire craindre une rupture, ou au moins quelque refroidissement de sa part i elles n'ont produit cet eSetnU'une m l'autre. Je ne rapporterai point la première; elle n'a rapport qu'à une anecdote de société, qui, à ia vérité ,jait beaucoup d'honneur aux prin- cipes de noblesse et de générosité du prince, mais qui d'ailleurs ne peut intéresser les lec- teurs que par un mot de Frédéric, qui peint très-bien ce grand-homme. Dans cette tragique et burlesque. aventure', un jeune homme de quinze ouseizansmtremis adeuxbas-ofEciers qui exercèrent leurs cannes sur ses ép&nles, jusqu'à lui donner des. convulsions~ Au'miliea. downloadModeText.vue.download 333 sur 380


~93

de cette horrible exécution, faite en ires-belle compagnie, le ministre d'un prince d'Alle- magne~ gros et grand homme, jaloux de témoigner son zèle en faveur de l'héroïne du roman, donna un grand coup de poing dans la poitrine de la victime, qui lui cria de quel ~ro~me/r~p~e~oM~ ? Lorsque Fré- déric apprit ce trait, un sentiment d'horreur et d'Indignation lui fit dire « Et à quel titre M ce Jacques Rosbifi' ose-t-il frapper mes su- B jets ? Qu'on lui dise de ne jamais se pré- x senter devant moi Qu'on écrive à son prince de le rappeler Au reste, je n'aipa~ »besoin de ministres de ce pays-là. M La seconde occasion où j'ai couru le risque de voir l'amitié du prince se refroidir envers moi, est relative à la politique. Dans letempa que se préparoit lafameuse campagne du iëld- maréchal Romanzow contre les Turcs j le prince nous dit à table, et en me regardant, « que cinq cents officiers françois s'étoient em- barques à Toulon pour aller servir chez les s inhdèles, ce qui n'étoit pas plus loyal que chrétien puisque les Russes et les François .)) étoient en paix, et liés d'amitié par divers

a traités. Je fus piqué de ce qu'il disoit cela

devant moi, et de ce qu'il ayoit aSecté de ma downloadModeText.vue.download 334 sur 380


(-3~)

ï~ga~da~ PB 1~ lisant; etj~résôlusde~n~a' vengea lorsque l'occasion s'en présenterez. Cette occasion 6it près dehuit mois avenir; jnaïsenSneHe arriva, etj'enproRtai. Lorsque B-omangow sut remporté ses deux grandes' victoires, j'allai dîner che.z !e prince ponrTen ~Hotter. Quand au y~ë., on bnt à la santé des~ v~înc~t.eurs~ )e:di&&'U.B.~y ayoii: dans ce& %Q~YQBe9 <pt~ne e~eQnstasce que je nëjsom- prenoi~ pas qn'îî iaHœt que mes eompainotes eussent M.en change depuis que ~e Ïes avois qu~es t o~ qu'ils eussent été bien heureux Bit ~ette rencontre qu'en un mot on. ne <;oHi- prendroit ]amats quj& de dsq eenta oSîcMrs ~'ane&is eîsbarqttésa.TaRLQB ) et servastdans ~r~ée torque, en n'en eûttronveâncmr, n~. parnu les morts ni parmi. Ips pneonBi'ers e~ qu'it ~jHoit convenir que.t&us~avojent eu un ~ônbe~F nierveNIeux erd'exceSentes jamcbës. ~ep~neelnt embarrassé, car il se sou vint du propo§ auquel je répondois~ mais it ne danna ~apane~ite cette discussion; etj'ai eu liett ~e eroire qu'il m'en axoit estimé davantage au ~i8S est-irvrai que, depuis cette époquR;îï ~ë m'a jamais parM qu'avec les. plus grands ménagemens de la nation. R'an~oisë~ qu'aa Bs~te i!. almoit beaucoHp. downloadModeText.vue.download 335 sur 380


(33ï)

pe prince étoit essentiellement bon, mais par parac~ère et sans ibiblesse; juste parprin- cipes et sans versatilité comme tous les hommes publics devroient l'être; simple j de la simplicité propre aux hommes de mérite modère comme le sont tes hommes réfléchis qui se pp$sèdent philosophe en un mot, çomme on l'est quand on pratique la philoso- phie, sans en aBecter le ton. Il n'étoitëer que quand on paroissoit lui manquer réellement. M. de Pons-Saint-Maurice, qui avoit vécu. pnze ans avec lui, me disoit à Paris en iy~o « M. Dpigoro.uki est entre tous les Russes que j'ai bien connus, le plus estimable et le plus »- honnête homme. »

M. Bernardin-de-SaInt-Pierre, membre de Ï'institut national, qui, étant oSicier de génie, a. iait campagne ayeclui en Finlande, lorsque tous deux étoient encore jeunes a si bien ~enti le prix de ses vertus, qu'il lui a toujours conservé le plus sincère attachement comme lui-même en a toujours été aussi estimé qu'aimé.

Le prince DoIgorouM avoit fait, comme 'volontaire, trois campagnes à l'armée iran- ~oise, durant la guerre de sept ans, et y avait particulièrement: connu et estimé M. de downloadModeText.vue.download 336 sur 380


(332:

Guines, qui alors senommoit M. de Souastre~ Lorsque ce dernier fut envoyé à Berlin comme ministre-plénipotentiaire le prince me di~ qu'il reverroit avec bien du plaisir cet ancien compagnon d'armes quoiqu'il dût naturpUè- menty avoir entr'eux un sujet de querelle, par rapport au droit de préséance. K Mais M ajouta-t-il ~espère que notre amitié n'en » souSrira pas et que cet article délicat s'ar- rangera sans que nous nous en mêlions dl- x rectement. D'après des traités déj~ anciens N ]e dois céder le pas au ministre de France; mais si des instructions secrètes m'enjoi- ? gnoiënt de le disputer quel parti pensez- vous que je pourrois prendre? Pour moi~ M je n'en vois qu'un, celui d'atandonnercette M anaire à nos cochers.

Un jour., durant le dtner il nie demanda si je pensois qu'il fût juste de pendre tous les espions. Comme cette question m'étonna, et que je le regardai pour voir âsa physionomie dans quelle intention il mêla iaisoit, il ajouta. en souriant w Je ne parle pas des espions avoués ëtprivilégiés; onestconvenud'avoir pour eux beaucoup de considération et sur- ` ? tout de ne pas les pendre. Je parle des ? espions secrets et cachés j et je demande downloadModeText.vue.download 337 sur 380


C 333 )

» vous feriez pendre l'homme vertueux, qui, » sans aucun intérêt personnel, et par dé- vouement pour sa patrie, chercheroit à dé- » couvrir les desseins et les ressources des M ennemis de son souverain. » II est aisé de comprendre combien l'on eut à disserter sur ce point de morale et d'ordre public. Le trait qui suit fera voir combien étoit calme et philosophique la sorte de résignation avec laquelle il attendoit les divers événemens de la vie. Pendant la guerre de sept ans, il s'embarqua comme officier Ingénieur sur la flotte destinée à faire le siège de Colberg. Un peu fatigué de la mer, il s'endormit profon- dément, lorsqu'une anreuse tempête survint, et fit croire aux plus braves que l'on alloit périr. Un autre officier vint en ce moment de crise l'éveiller, en lui criant «: Comment » pouvez-vous dormir? Nous périssons – M Si cela est, répliqua-t-il, qu'ai- je besoin M que l'on vienne m'éveiller? Faites comme moi. Etilserendormit.

Ce prince m'a conté une anecdote assez sin- gulière pour mériter d'être recueillie. cc Un » père de famille que je connois très-bien, me dit-il, ayoit eu six. fils il s'agissoit de com- J' mencer l'éducation du plus jeune, lorsque downloadModeText.vue.download 338 sur 380


(334

para~ r~M~ de J.-J. RottSs'e~tt.~e p&rS crut né pouvotf iaire miettxqaë dë'sfïivre K te~ levons dtïphïîcfsophe genevois. Lorsque c aet{e ~duca.tîc~ Sit termtRée, ce père, au M 'désespoir, écrivit à cet auteur cël&re, qii-'ea & adaptant sa itîétbode~ it n'âvoît ~t qn'~n ? monstrëdesoiïdêrmer6ts;etM.Roiû:~eau a ItiidîtenrëpOBfS~e&pubHaatsonlïVTe, H- a~ûitM~np!! espérer q&'o'o: le lu'ott.rDt~fs A qu'il nesêtoït poi&t nnagiBé qa'il'd&tyav~ ~tipë'rëas'gezp'&ttré&échipo'QrlegU~re. a M. Wéguelia, tuoTï c&Iiègtfe, à; qui je rap- portai ce Mt, nïe ~tt que ]?. RotïssptUi ~vo~ eu'raisôn: qtï'èD'voufantécriresàT~educafIôË de lajenne~e, é~pM~ophëâtûitétê oMi~s d'écarterun-gra&di~ïitB~ré d'artiël'ès ôù~e~ d'ë discus~n yp'arce q'N'~ K'~vé~dêeoB~&ïe- Ter q~eThôiôiae'<'B.g~Héral, et!ïô-aîë8~ye& de têt paya où.' ? suj'et de' tel- s~o~veràmj o~ rhoînm~ a~ta!ehe à'un GtïHë o-ù. à uw ai&tre~ qu& dè~-lors-~ ~otï liVr& ~ë poûvoit ptùs oSriT qu-§ des vues générales! qui ont bés~oiïrde b~at~ u eoupde&~dI'Ë'GaitOttS'oud'ésuppléiïtë&~pôuF être appitca~e~ & cpieIqû'é'part?eMlpr qaSce soit ~d'ouilâTNt~~Phbmm6réËecM~epB~ -~oir daïïS l'J' dê~. RûMss'éani~ ~é~e& i&rmules géRera~~ q~oiri~BipIoie '~6HpIë& downloadModeText.vue.download 339 sur 380


(~5)

cas determmeg qu'à l'aide de pîustëûrs addi- tions nécessaires et iran's&rmatioNs sueûes- sives; ce sont en un mot, ajotttôit-H, des directions fondamentales qu'Hiâutsàtôif va- rier on diversifier ptus ou moins., seloît les temps, les lieux et les personaes. Celui qd! Tondra y voir Une méthode eompÏêtë'eî'I&n~e à suivre telle qu'elle; est, ne sera qctun hoïnBte dénaé de sens, qa! ne devra jam~s lire J.-J. Rousseau, parce que jamais il ne sera ca- pabtë~ de l'&H.ieBdre. `

Je ne me rappeUe pas en qtieite antt~e îe prince Dolgorouk~ eut à; me charger d'an~ eonmussKm conndentieHe, à laqseNe il mit &ea<Monpde zè!&par principe de Msn&isahee etd&pFobt~. n me prit à paTt' pou~ me dire qa~venoi$d!e tui arriver trois d6 mes com- patP~otes ~n ypune homme &rt <}oQX de cM'actère use soeay aimaMe et trës-joHe~ -e~un'e cousine qui éfoit Me~s'Ëns-être 6eÏte, tons t~oia gens'Men nés~ et d'âne'faimHeR~t .boiMMéte; q<i'an de s'espaTens, voyag~aNt '~m Prahee a'voi't e'm oec~sion de &ire & .CiOBmoissoMce d<& ces j<8un'es' géas, et Jps avoit ~a~g~s. le sui~e, oarant de fb~mr an~ &ais du voya~ e~ de Ï-ë!~ proe<H!pr d~s '~s~UaSMMa~ c~ve~~ë?- ëa' Ru~e qù'5 downloadModeText.vue.download 340 sur 380


(33~)

Ïsur arrivée en la ville de Leipsick, 1 argent avoit manqué au conducteur, qui les avoït abandonnés et étoit subitement parti seul que ces pauvres délaissés avoient vendu quelques effets pour venir jusqu'à Berlin, et se jeter dans ses bras que, comme Russe et parent il pensoit devoir venir -à leur secours qu'il en conteroit autant pour les renvoyer chez eux, que pour les défrayer jusqu'à Pétersbourg; que le premler.de ces deux partis auroit des inconvéniens graves et très-mortiSans pour eux tandis que le second ne présentoit que des espérances consolantes,son parent n'étant pas homme à leur refuser son appui, et leurs quatités personnelles ne pouvant que leur procurer .des places sortables ~sur-tout à Faide."des lettres qu'illeur donneroit mais que diverses considérations relatives à ce même .parent et à quelques intérêts deiamiUe, ne-lurper'- mettoient de se montrer directement dans cette anaire que comme ministre public;; qu'il étoit obligé de cacher en quelque sorte- le zèle'qui le portoit à les' servir queo. conséquence il me prioit de me .constitu.er publiquement leur patron ,.e~ que je pourrois concerter avec madame de Kameke, qtut avoit downloadModeText.vue.download 341 sur 380


(337)

~–––* ~T~~v~t. ACt~l m. y

a volt déjà prévenue à ce sujet, les mesurer nécessaires pour leur faire contiuuer leur route..

J'acceptai la commission madame de Kameke forma chez elle un conseil composa de madamq.de Btumentb.al et demtelques autres dames et où je'fus adtnis et entendu~ Ï.e pFPouer avis qui Fut ouvert dans cette conférence d& bonne œuvre fut de ren~ toyer ces jeunes gens chez eux, de mains de Russes en malus de Russes avis que je Es rejeter en représentant que ce renvoi seroit- frès-mortiËant pour les uns et fort peu. hônorabte pour les autres. On en ~int donc au point essentiel et d. près les coti- sations particuneres où l'on n'oublia pas de taxer le prince Dolgorouki pour une bonne partie me trouvai en état de mettre nos jeunes gens en route. Je leur procurai une voiture de louage jusqu'à Dantz~k. et leur donnai par écrit les instructions nécessaires pour se rendre de là à Pétersbour~. Au moment de partir ils se ressouvinrent que par malheur ce jour-là étoit le premier ven- dredi du mois. Or se mettre en route ce même jour parut aux deux demoiselles, un &Ignë évident qu'il leur arriveroit de fâcheux downloadModeText.vue.download 342 sur 380


(338:

accidens. J'eus'beau les plaisanter sur cette irayeur, je ne pus les rassurer, et ~euspeine à les vaincre. Cette misérable superstition n'eut pas l'influence que les âmes foibles imaginent; car leur voyage fut très-heureux; et j'ai appris depuis qu'ils avoiënt été placés tous les trois', et que la belle demoiselle avoit épousé un nego~a&t suisse assez riche pour lui procurer une agréable aisance. En me proposant de parler de ceux qui entouroient le prince je ne dirai qu'un mot de ses. secrétaires l'un d'eux, nommé.Bé- rézin, étoit cousin germain de Potemkm dont il m'a. conté toute l'histoire, Oïr me saura gré, )e pense-, d'en rapporter ici quel- ques traits des plus édiHans.

Potemkih n'étoit pas un bel hommes non-. seulement il n'étoit pas beau 'de visage il étoltmsme rebutant ou enrayant il louchoit de plus, et étoit cagneux mais sa taille, sa carrure et sa Ibrce étdient extraordinaires. A ce~nérite foncier se joignoit l'avantage d'avoir la plus belle chevelure de toutes les Russies aussi le temps de ses audiences étoit-il employé à se iaire peigner c'est alors que placé derrière une sorte de balustrade à. fauteur d'appui, il voyoit devant-lui tous downloadModeText.vue.download 343 sur 380


~339

Y 3

~s grands de l'empire décorés de leurs or" dres attendre avec respect un coup-d'ceil, t ou un ~pM/<?~ Quand il vouloit parler à l'un d'eux II l'apostrophoit par son nom; et Ie~ mots ~~Ï-pT'pC~~ ~d~OHjc, ( viens ÎCZ~ yc~-en, Jt formaient toute sa galanterie, et amenoient prompte obéissance avec un ploiement de tout le corps où les deux mains alloient toucher la terre.. Cet homme qui ne payoit aucune de ses dettes ordon- noit de tout en despote: rien ne pouvoit faire regretter plus vivement le prince Orlow~ qui n'avoit rien négligé pour se faire par- donner sa ha~efaveur et qui se bornant à son rôle, avoit toujours renvoyé les aNaires a. cpu~: qujL en étqient chargés déclarant qu'il n'avoit pas le droit de s'en mêler et promeftant.~eu., mais ne trompant pas, et adoucissant par sa politesse ses relus de services.

po.temkin, orphelin dès sa première jeu-' messe avoit été si pauvre qu'il n'avoit eu. pour ressource que les bontés de son oncle, le colonel Bëyé~in~ qui alors le recueillit, et pourvut à tous, ses besoins ce colonel, que quelques blessures avoient forcé de quitter le service,n'étoit pas. richeje gouvernement lui downloadModeText.vue.download 344 sur 380


~4o~) ierre-te-G

ayant pris sous FIerre-te-Grand~ une Im- mense étendue de terrain, qu'il a toujours et vainement promis de remplacer. Quan(t ce vieil onde sut la haute fortune de son neveu, il vint du R)nd de la Moscovie à P~- iersbourg, dans 3'espoir d'obtenir enËnquel~ que justice: maM son pilptHe le reçut très-' mat, lui demam~BF'~ qQ.'iLvenqit chercher, et Ini~écïara'quë~ce n'étoit pas le temps de Ë)rmer des demandes semblablES à ~a sienne ensuite, «donna des ordres pourquU ne iut plus admis dans son cabinet. Bérëzin,; indigne et honteux voutoit repartir à rins-~ tant le prince NarisKin, grand éouyër et soif ancien aini, le retînt prétendant qu'on-pour- roit vaincre Potemkin par ïa pèrsë~rance et rimprrtunitè. Ainsi, durant plusieurs mois on ~t'tous'îes jours un respectable viëiUard ïanettircomme~ un objet ~de rebuta dans les premiers salons de son pupille ingrat et ~nà-' iuré. A laËnJé prince Nariskin,vieuxservi- feur~qùi à cette cour avoit le droiidë tout ha- sarder,prit sur lui de dire à Potëmkin et Sa- &'vez-vbus que 'votre onde, mon'ancien: M ami est dans vos antichambres ây môurùr d~ennui, et qu'il y passe amsï toutes s~à ~matinées PTEst'ce que vous ne Jerez:-rien downloadModeText.vue.download 345 sur 380


(34.i'

? pour lui ? n convient que. cela finisse. –* Qu'il s'en aille il y a assez long-temps qu'il ? m'ennuie Peu s'en est déjà fallu que je » ne le misse hors d'état de venir faire ici le rôle très~déplacé qu'il y fait. Qu'il s'en » aille Dites~Ie-lui bien, sans quoi je saurai ? le faire repentir de ses importunîtés, -– M Mais c'est votre oncle. Qu'il en remercie N le Ciel, et qu'il prenne garde à lui )j Le vieux colonel alla donc cacher sa honte j et nourrir sa colère au fond de sa province. Pierre Lafosse célèbre et savant écuyer très-connu par ses précieux ouvrages sur l'art hippiatrique, avoit reçu, étant à. Vienne en Autriche, et de la part du ministre de Russie près de cette cour, de si pressantes sollicitations et des promesses si positives, qu'il s'étoit rendu àSaint-Péiersbourg,chargé de lettres pour les ministres et d'une belle dépêche pour le prince Potemkin. Laibss& ne pouvoit pas arriver plus à propos pour le successeur du prince Orlow. Cet heureux successeur avoit un cheval malade, qu'aucun Russe ne pouvoit guérir cheval superbe le plus beau peut-être de tout l'empire, et dont Joseph second avoit fait présent au grand y gros et robuste favori. On devine sans douts downloadModeText.vue.download 346 sur 380


(S4~)

que Pierre La&sse mt'très-bien reçu qnH eut les entrées libres, suc d'être toujours courtoisement accueiMI que te cheval lui fut inbntré et remis (pie Pierre Laibsse St cons- iruire un hangar pour'traiter ce cheval si rare avec tons les soins dont il fut capable qu'il parvint au"IX)ut de quelques mois a le ` guérir, quon~M'emercia avec toute Texa- géraiion d'une lausse reconnoissance?. mais qu'on ne lui' remboursa point~ses débours qu'on ne lui paya point ses~ soins que les. entrées lui furent ensuite interdites comme a. un vieil oncle, qu'on ne iit en un mot rien pour lui et qu'il partit: deT~ussie comme on se sauve de l'antre d'un lion ou d'un'Iéopard. 'Voila donG comment la civilisation pénètre quelque&isdans les cours et gagne jusqu'au~ favoris. ? 7: Pierre Lafbsse arriva- à Berlin ayant .quelques lettres pour moi. Il s'y reposa quelque temps, et j&Ie vis autant que je le

pus. Je jurai de n'avoir toute ma vie que le

.plus profond mépris pour tous ceux qm: -vivant dans les cours, aurolent trop peu de ~moralité pour n'en pas craindre rair conta- gieux etn'aspireroient au contraire qu'âge nourrir de ce poisoji&.neste. downloadModeText.vue.download 347 sur 380


La Russie est, je crois, le seul pays o~ l'état des secrétaires de légatidn soit un état iixe et stable. JLe jeune homme qui entre dans. cette carrière est d'abord employé comms apprenti diplomate dans les bureaux du dé< pàrtement des aSaires étrangères; après quoi on le place dans quelque légation comme ce- %Ma~ej ou: chargé de la tenue des registres~ x -ensuite comme expéditionnaire ou copiste, d& là comme secrétaire-rédacteur j comme con- seiller de légation etc. Il est- toujours le maître de se retirer et à. quelqu'époque qu'il en prenne le parti il conserve se& appointemens en entier s'il veut rentrer dans les bureaux de Fétersbourg: s'il préfère rester libre il a la moitié de ces mêmes appointemens, sous le titre de pension. Je n'ai pas besoin d'ajouter que les appointe- msns~Ies titres et les privilèges s'accroissent à mesure que l'on monte d'un grade à l'autre. On sait quel est à cet égard l'ordre établi en Russie, où l'on n'a pour tous les emplois qui tiennent au service public, qu'une seule échelle savoir l'échelle militaire. Il suit de ià que si l'on veut récompenser un savant pu tout autre homme de l'ordre civil, on lui donnera le grade, par exemple, de lieute-~

t ~3 ) uro~ downloadModeText.vue.download 348 sur 380


'3-~ ) aec<

nant généra!, qui. lui assurera'le titre d'c~e- cellence c'est ce qui étoit arrivé au docteur ScheN'er dans le temps eu il avoit été à Pé– tersbourg médecin du prince de Saxe, due de Courlande, et de Paul premier, grand-due de Russie. M. de la Harpe qui ignoroit toutes ces circonsta-ncés, fit une bévue assez malheureuse chères-dernier prince qui vo~ageoit sous le nom de comté ~M ~Vo~ Dans un dîner ou M. le comte du Nord avoit fait inviter M. de la Harpe qui étoit son correspondant littéraire, M. d'Alembert qui avoit refusé d'être son gouverneur j et M. SeheSer qui alors même avoit à le guérir d'une légère incommodité le prince n'a- dressoit point la parole à ce dernier, qu'il ne lui donnât le titre de ~o~rc excellence; et M. de la Harpe se persuadant que ce qui n'étoit .qu'une étiquette éioit un persiP- Ëage, communiqua sa pensée à un cavalier de la suite, son voisin, qui lui déclara Men sérieusement que ce titre étoif dû à ce laédecin. Cette déclaration ne put convertir' l'auteur du comte de Warvik, qui s'adressant au comte du Nord lui-même lui dit: cc Mais B monseigneur si un médecin a le titre d'excellence en Russie, quel sera donc lo downloadModeText.vue.download 349 sur 380


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titre que l'on donnera à un homme de < lettres ? Monsieur, répondit Paul pre- mier je vous avoue, non sans rougir que Fou n'a point encore réglé chez nous le c rang des gens de lettres mais je-suis per- suadé que si ma mère étoit ici. elle vous d&nneroit dei'~&M~. M. de ta Harpe, qui ne vit pas que tout le monde sourioit malignement, prit, dit-on, cette réponse au sérieux, et en fut très-content.

IIn'a presque passé aucun russe par BerHn~ aucun étranger n'y est allé ou n'en est re- venu par cette route durant les vingt ans que j'ai demeure en cette vi~, que je ne l'aie Tu, et même interrogé, autant q'je les con- venances me le permettoient aussi a t on souvent cru que j'avois voyagé en Russie. J'ai vu Fatconnet lorsqn'i! y aita je J'ai vu à son retour je fus du nombre de ceux à~ut il donna des morceaux du granit qui forme !e piédestal d'? Pierre-îe-Grand, granit dont la modealorsétoltdesefairedesboutonsdeman' ches. Le prince Baratinsky, allant oceapera: Paris, le poste deministre-piénipotentiaire~ me pressa si vivement de lui donner. mes com- missions, et me promit si galamment d'avoir soin queUes fussent bien faites, que-je lui downloadModeText.vue.download 350 sur 380


(34~

yeïms quelques exemplaires de mon 'Z*?'s:~ du Style, que l'on venoit d'imprimer. Chaque exemplaire avoit son enveloppe bièn cache- ` tée, et son adresse. Cependant, il n'y eut guères que M. d'A- lembert qui reçut le sien. Quand je fus. bien assuré-de cette négligence, j'en écrivis à son exceMence.~ ayant graïtd soin de ne diriger mes plaintes que contre les personnes de sa suite auxquelles elle auroitdonnéses ordres à cet égard son excellence me répondit que pavois été mal mibrmé, et qu'elle étoit cer- taine que le tout avoit été fidèlement remis. con&rmément aux adresses. Ce trait est le seul qui, de la part des russes voyageurs, ait pu me fournir quelque sujet de plainte. M. le comtedeSchuwaloa, auteur de: l'Épître à Ninon de rEnclos~ s'arrêtant quel- qo~temps à Berlin, en revenant d'un voyage qu'il avoitfait en France, me parla un jour de rode- sur la navigation, pièce qui, quel- que temps au.paravant avoit valu un prix académique à M. de la Harpe. Je ne sais quelle distraction me fit oublier dansce mo- ment~ que M. le comte russe avoit bEaueoup~ d'obligation àlauteur de cette ode, les vers de T.Épître a. Ninon ayant été tous limés et downloadModeText.vue.download 351 sur 380


(347;

retouchas par lui. Je parlai de Pode avec peu de ménagement ~e parus surpris que M. de la Harpe n'èût pas fait mieux. Je trou- vai qu'il y avoit des strophes bien au-dessous du médiocre que même il y en avoit peu de bonnes que le tout étoit froid et sans verve: et que cet ouvrage, l'un des plus mauvais qui soient sortis de la plume de cet auteur prouvoit que le talent de l'ode lui avoit été refusé. Le lendemain de cette discussion, le prince Dolgorould me dit en riant cVous 3) vous êtes perdu hier M. le comte s'étoit M pris pour vous de la plus belle passion du » monde il vous estimait et vous aimoitsin- ? gulièrement; personne peut-être n'avoit » fait sa conquête comme v ous mais votre x sévérité contre M. de la Harpe a tout dé- s fruit: vous êtes un homme ~noyé.–Mon x prince, lui répondisse, je m'en consolerai, » si vous ne partagez pas son indignation n. C'est ce même comte qui, dit-on a procuré à M. de la Harpe, la correspondance litté- raire de Paul premier.

1/anecdote la plus curieuse et la plus sin- gulière que j'aie à citer concernant la Russie, tient à un ouvrage historique d'une espèce unique. Un seigneur russe en partant de son downloadModeText.vue.download 352 sur 380


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pays, avait reçu le manuscrit de cet ouvrage sous la. double promesse de ne le montrer qu'avec la.plus grande discrétion, et de le faire imprimer en breloque, au nombre de cinquante exemplaires seulement, qu'ilialloit soigneusement se faire remettre/sans que personne pût en voir~ &voïr, on garder un seul. Gë seigneur, trës-empressé de bienrem~ plir cette commission~ eh étoitrd'autànt'plus `, embarrassé.. qu'il n'avoit aucune connois? sance de font ce qui est relatif à rarttypo- grapniqne. îl sepersnada quejecoQsentirois -volontiers a le remplacer, et que je lui gar-~ derois le secret, et en conséquence il me conna le manuscrit précieux dont il s'étoit chargé. Je ns faire cette rare édition avec toutes les précantions qu& ce mystère pouvoit exiger; et je lui remis peu de )ours après, les cin- quante exemplaires, bien assuré que per- sonne n'avoit connoissance de ce qu'ils con- -tenoient, et qu'on n'en avoit tiré qu'un seul exemp]airede_plus;, que regardai pourmol, ainsi que je le déclarai, à l'illustre commission- Tiaire. ]Par maineur~ je conSai cet exemplaire à ma femme j qui, rayant mis sa montre, le perdit, parce que l'anneau qui le portoit, ~asa et se coupa sans qu'on s'en aperçue Ce~ downloadModeText.vue.download 353 sur 380


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accident irréparable m'a toujours causé un véritable regret, tant à cause de 1 auteur~ qu~à cause du contenu de ce petit ouvrage. En eSet, l'auteur étoit une personne du plus haut rang; et ce que l'ouvrage contehoit, se réduisoit à nous dire, sous~e titre d'.SM~M7-<? &~ Empereurs T~OTKtZM~, etprësque enune seule phrase <c qu'ua.~lui assassiné par un » tel, que tel autre assassina à son tour ». Cette liste d'assassinats, commis pour occu- per le trône impérial, et qui présentenfune chaîne non interrompue et monotone d'un même crime, -devient par toutes ëes circons- tances rouvrage le plus étonnant, --le plus original, et le plus hardi, aussi bien que le plus court que l'on puisse Imaginer. On' me saura gré de consigner dans ces Sou- venirs ce qui est venu à ma côBBoissance an sujet des Orrèw.~ Ce que j'ai-à en dire., se ré- duit à trois points i °: leur Ëmmie 2°. la part qu'ils ont eue à la mort de Pierre III; et go. le caractère particulier de celui qu'on nommoit I'e'~sZx/9-c.Màis je crois devoir auparavant rapporter deux anecdotes as§~z curieuses sur Catherine Il'erquimesemble&t peu connues. 'On sait que~cette princesse est née et a été! ~îeyëe à Cu~trin, Mt son .père générât au downloadModeText.vue.download 354 sur 380


(3~)

service de Prusse étoit gouverneur. Ma- dame la~aronne de Pfintzen, qui. étant de< -moiselle, avoit été dame d'honneur à cette petite cour~m'a parlé plusieurs Ibis et des pa- rens, et de la Site, qui, certes ne songeoit guëres qu'eUe dut être un jour la souveraine d'un grand empire. « Je l'ai vuenattre, me » disoit-eUe v~ comment on l'élevoit j'at été témoin de ses études et de ses progrès j'ai aidé moi-même à emballer son trousseau. ylorsqnclleestpartiepourlaR-ussIe.Elleavpit » assez de confiance en moi, pour que jepuss~ ~me Satter de la connoitremieux~quepcr-

9 ne :_ehMen, ~en'aûrùis)amais,dëviQë

qu'eUedutmériter la réputation ~uelles'est 3t faite. Je n'ai remarqû-é en elle et dans4oute B sa jeunesse, qu'un esprit sérieux, ~éneeM et -froid mais aussi éloigné de tout ee-qm ?_ e&taatUant, que de tout:'ce qui est erreuT.~ 3? capripe;ou étou.rderie:Je.in'ét~peMuadée em un-mot qu'elle seroit une femm~,ordi-~ ~aiEe. ~ssi, vous~ouvëz tûger de la.stir-. 9 prise~um'ontjetéeSesgï-ande&aventures.~ duchesse, eut: uiïe.maladie très-.gravSj dont eHe~theureHsement.sauyee;parun~ehirNr- ~à~a~pis~~i.~ëtqse~~ downloadModeText.vue.download 355 sur 380


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retira dans sa patrie. Lorsqu'elle mt vérita- blement souveraine, elle se rappela le service que cet homme lui a voit rendu, et lui envoya le brevet d'une pension de dix mille francs. «: Puisque j'ai le malheur, dit-elle, de ne pou- voir être utile aux auteurs de ma vie. il faut » au moins que je le sois à celui qui me l'a » conservée. » Ce qui donna lieu àce mot, c'est que la princesse sa mère, qui étolt morte peu avant son avènement au trône, avoit vécu dans une très-grande médiocrité de fortune à Paris où elle s'étolt retirée, et ou elle avoit occupé un petithôtelderrière le Luxembourg. Je ne parle pas du frère de Catherine il a vécu et est mort inconnu.

Ce que les amateurs envieront le plus à cette princesse, c'est la construction de sa biblio- thèque pour avoir un livre placé sur telle tablette, il ne ïallolt que presser sur un bou- ton portant le même numéro; àPInstant, la tablette venoit en avant et descëndoit à hau- teur d'appui on la renvoyoit ensuite à sa place, en recourant an bouton. Je n'ai pas be- soin d'ajouter que tout le mécanisme néces- saire à ce service, étolt ca~hé dans les bois. Les Orlow étoient cinq frères ramé, qui n'a jamais voulu aucune place~ qui n'a lien downloadModeText.vue.download 356 sur 380


~-s.~)

été, et qu'on nommoit. le philosophe, le -se'. coud, qui a été ia:t prmQe le. troisième qui est .celui qui avait Ia.ba}a6-e; et;les deux entres, quittant beaucoup plus jëun.es, ont fait peu de scDsatIoa. Tous les'cmqétoient d'une taille et ~tmoncoiput une force bien su- périeure à ce que Eôn a coutume de voir dn moins en ~urop~ë second étoit néanmoins pht~ .b<-l hpmme'de tons~ et' le troisiemeT, celui qui étoit le p!ns fbr~ la balàire quU avoit au visage provenoit d'un pariquiî ayoli -&it et gagaédansas jeunesse. deseba,ttre,con- ire~s nesais eombMK degrpnadiersàta-iois, et .dans lequetiliesta vainqueur~ quoiqu'il y eût reçu au visage une blessure' dont il a porté ià marque toute &a'vie. Jpo'aià citèrsNrÏeur -origine qu'un fait, au su~et duquel je ne ga- a-antis qiie de l'avoir In,:ainsi que~e vais le ~raBenter. ? J'aBâiu~ jour à une vente de livres à Ber- ~in; c'étoit dans l'après-midi. En entrant dans salle; de vente, je vis M. de- la Gr~* déjà plàcéettoutpre& delà table je parvins&me procurer. Tin siège à côté de lui; et nous nous mîmes à examiner les'livres posés sur la table devant nous, M. de la Gr*~ prit unebroc-hnre couverte en papier bien, et d'environ cin- quante downloadModeText.vue.download 357 sur 380


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m

puante pages c'ëtoitunerélation~ifeparu~ officier, des événemens qui eurent lieu M Russie lors de la mort. de Pierre III. Moa voism, en le iëuiUetant~ tomba sur unpasaaga qu'il me montra, et que nous lûmes ensemble à voix basse on y racontoit que Pierre-Ie-" Grand, disant décap%te~ StrélitzrebeHes~ et ayant pour abréger la besogne, un bloe de- vant Jut, sur lequel exploit à grands coups de hache, sa bonne part des QoupaMes il arriva mi'ii y eut bientôt parmi ces soldats, Nne vtve émulation pour parvenir à ~honneur 'd'être décapités parHmsgedeJesus-Chnst~ et que cette émulation fut poussée si loin; qu'un très-grand et très-bel homme y arrivant ïorsqn'un autre prenoit déjà la place sur I& bloc mipértaï se mit la tête contre le même Nqc~ a6nd~ pouvoir être &appé d'un coup de revers que Pierre I.r. frâppé de cet excès de servi!itâ~ fit grâce de !a<ïie à Cethomm~ qui a été le grand-père des Orlow ) par qu! lierre III, descendant et héritier de Pierre 1~ .a péri. Qn'auj~t dit Pierre le~Grand, ajoute l'auteur, si on;Iui eût prédit que cei acte d'iï~ dulgeace, envers tfn simple..s~Mat, devenoit un arrêf de mort contre sa postérité? î~oaa~ repûmes contisuer notre tec~ure, caroa- downloadModeText.vue.download 358 sur 380


.jmitsn ventecettebroclïurë dedouxsous/qui ~&.t poussée jusqu'à-Tin ~ucat, et quiséroit àUéë~bien au-dessus, si on avoit'étéinstrutt qoecétoit renvoyé de Russie qaii~fâïsoli acheter~ et qu'il avoit ordre d'en rë~rër ~es exeniplaires à qâelque prix que ce fut. i. Oh nous ~donn~ bien des versions sur Ie~ détails de la BMi~~Kërr&.III. Je Vais rap- porter ceH~ qui~a'été eommuniquée par un }euneRussë~u~particuHërementprotégépar le ministre de~aSaires ~étrangères en Russie, t ayoït été autorîséa. Ëretous les,pàpiers réunis dans les cartons~ et ïn~assuroitavôîrre~~ despiecesjoriginalès _çe qui suit d, KerrelHaVoitrésolu~deiaireenIerniërsà ~emnie dans un.cquvent au Ibnd delà Mps-

  • cov;e. On en jEut instruit par-la: princesse

'd~Achtiow~ quï avôit arracTiKce secret à sa .sœur, mademoiselle de VoronsoË, maîtresse .de Pierre Hî. On ïint un conseil pu~iEurënt ~admis la ~rincèsse'd'Achkow~ Grégoire Or- ,-tôw, qui depuis Ëitiait prince, jet'quelques vautres personnes' bien 'ajEndées en cite en- -tr~a.utres~Alë&isÔrIoyy le balatr&jT~ comte ~'Panin et îe prince jR epnin. Ce iatiâ'que. ron ? décida qu'il -talloit gagner ïes'regimen~des ~gardes; tandis quëHerre IHétoita une càm- downloadModeText.vue.download 359 sur 380


(3~3 J

Z 2

pagne-peu de distante de Péferâbourg. On gagna les gardes tant on fut bien servi par les émissaires auxquels on eut recours iln~en coûta qu'un rouble donné à chaque soldatpour boire de l'eau-de-vie. Pierre III averti de cet événement, consulta le vieux maréchal de Munich, militaire célèbre, âgé alôrs de plus de quatre-vingts ans, et, qui étoit auprès de cet empereur. Le maréchal lui dit qu'il n'y avoit qu'un parti à prendre, celui de serendre sur-le-champ à Pétersbourg, a la tête de sa garde deHolstein, et d'aller se présenter aux gardes avant que l'on eût consolidé les me- sures prises contre lui. Pierre n'eut pas ce courage de sorte que Munich le quitta en lui disant: « Vous vous per.dez sans ressource N et dès lors, je vous deviens absolumentinu- file je vais m'enfoncer dans la retraite adieu. Pierre, ainsi réduit à lui-même et aux lamentations de sa maîtresse se mit à 'négocier. Les -messages se succédèrent; et après quelques autres propositions j Tempe"* reur voulut s'eniuir en Allemagne. Il vint~à Cronstadt mais il y arriva trop tard. Le gou. "verneur lui ferma les portes, et menaça de faire feu sur lui et sur son monde s'il ne se retiroit. Il revint donc forcément dans -sa re- downloadModeText.vue.download 360 sur 380


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traite', et oBrit de se démettre solemneuement ~.e l'empire en laveur de son fils, dont Cathe* ~Ine seroit tutrice et régente, et en même* temps de se retirer dans te Holstein, et se contenter de ce duché. Cette proposition plut d'abord beaucoup à Catherine, qui voûloit ~'accepter; mais tes Orlow et autres s'y pppo' sèrent, et ïtu dH-ent « H est naturel qu'en ce B moment vous n'aperceviez pour vous, que des avantages réels dans le projet dont il ? s'agit. En effet-, vous serez souveraine sans N opposition;, sans combat et dés l'instant; M mais examinons l'avenir Pierre va partir e et se rendre dans le Holstein~ S'il regrette ? l'empire qu'il aura perdu, il n'aura pas par ? lui-même les moyens d'y rentrera aussi, ? n'est-ce pas lui qu~liaut envisager ici. C'est "w sur tous les cabinets de l'Europe qu~iliaut porter les yeux. Quel est ceim de tous ces ? tiabinets ou l'on ne se dira pas que si l'on H peut vous -réconcilier. avec votre époux, M oï!: sera assuré de jouir chez nous d'un » crédit illimité ? Le souverain qui auroit ? opéré cette réconciliation ne seroH-il pas ? notre premier aHié, à titre de reconnois- sancede la part de l'empereury et à titre ds jcQnvenMiçe de Yptce part? Cette réconci-F downloadModeText.vue.download 361 sur 380


C 357 ) D1*< d~

f hation sera donc l'objet, le but de tous ïëaE ? eSbrts des puissances de l'Europe. Toutes x y travailleront de concert, et avec une sorte 3) de rivalité soutenue. En ce cas madame, s vous -y refuserez-vous ? Pourrez-vous ré" ? sister à cette sorte de concert, sur-tout s~H N survient des circonstances qui vous oNi- ? gent à de grands ménagemens envers les solliciteurs ? Résister aux sollicitations de M toute l'Europe, e'est une R)!ie que de penser » qu'on le puisse.Vons Ënirez donc, mt peu ) plutôt ou plus tard, par vous raccommo- x der et alors, un peu plutôt ott un peu plus » tard, nous en serons d'une manière ou d'une x autre les victimes, nous tous qui vous ser- N vons. C'est de notre sang que la réconcilia-~ B tion sera: scellée nous paierons de notre tête le retour de l'empereur. Les humiliations la disgrace, la proscription ".la réprobatioa générale, l'écha&ud ou le poison, telle sera M la récompense de notre zèle. Madame, en M ces sortes de matières, on nepeut'pas faire » les choses à demi'quieonque faitlepremier- a pas, ne-doit plus s'arrêter qu'il Hait atteint K le dernier~terme. » Catherine n'eut rien ï?épondre à ces puissantes raisons~ Elle SiË: tnit à. pleurera et les autres aUèjEsn~e~ a=~ae~ downloadModeText.vue.download 362 sur 380


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sans mêmelui'dëmander son aveu. EUé~'eut* d'autre part à la m~rt de Pierre 111~ que de garder le silence auquel on la réduisit. Trois hommes, les plus robustes que l'on connût a Saint-Pétersbourg, Orlo~ le balafré, uninajor, que quelques personnes ont dit avoir jêtële prince Barastinskyou son'&ere~ et un grenadier, partirênfpourserëndre auprès de ç Pierre~ Yls s'annoncèrent' cbmme porteurs de la réponse de Catherine/Les deux premiers s'avancèrent avecf lui jusques près de la &- Dêtre, sous prétexte de n'être entendus ds personne; tanois que le grenadier, placé sur !a porte comnie pour éloigner les curieux in- discrets s'approcha ensuite et sans bruit der- ,ri~ë eux.' Lbrjsqu'il &Lt assez près Orlow et ~e major saisirent'subitement Pierre chacun par Un bras le grenadier lui passa~oji ceintu- yoh au cou et lui donna la colique hémor- Toîdaté dont iF mourut~ A la vérité, il se dé- Eattitplusviblemment qu'onnel'avoit.Nnaginé. Maisil étoit loin de pouvoir se dégager de trois hommes tels que ceux qui' le tenôient. Telles sont les principales! circonstances que l'on m'a ~racontées. Il y en a quelques autres auxquelles ~e ne m'arrête pas, parce qu'elles sont peuim< 'portantes. 0' downloadModeText.vue.download 363 sur 380


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Q uoque le prince Orlow fût moins fort que son Ë3rë, il falloit néanmoins qu'il le ïut beau- coup si un autre fait que l'on m'a raconté es~ vrai. On m'a assuré que, lorsqu'il fallut faire prêter aux soldats des gardes le serment de fidélité à l'impératrice, le prince Orlow, capitaine d'une compagnie habillée à. la ro- maine, en ayant donné l'ordre à cette coîn- pagnie, un officier, fort replet, s'écria qu'H avoit prêté ce serment à l'empereur,' et qu'H ne pouvoit par conséquent le prêter à d'au- tres sur quoi Orlow, le saisissant sur la poitrine, le lança hors des rangs avec tant de force, que cet homme alla tomber assez loin et que le premier se~ retournant à demi vers la troupe,ditimpérieusementle mot: ?K~7'c~~y auquel tout le monde obéit, sans oser répli- quer, tant il en avoit imposé par cette action vigoureuse. downloadModeText.vue.download 364 sur 380


f~o)

S UPPL~ M UN T.

Un accident particulier mais ôu.ï~uteup ~a en aucune part~aît écarter durantTIm- pression de ce Volume, deux morceaux égà- lement importans l'un et l'autre, et qui pac <}Qnsequent vont être replacé& Ka, am mom& par extraits.

Le premier de Ces deux articles indique eomnient et pourquoi l'auteur se BrouiÏIa avec madame duTroussel, et ensuite avec le prince Henri cet article se rapporte à ï& page lia.

Le second renferme ta réponse que fau- 'teur fit au roi, lorsque celui-ci parla si ntaï de la noblesse Irançoîse et qu'il parut douter $i nous avions encore no& anciennes écoles., Cette réponse devoit être placée à ta paa% !~26, après le premier alinéa. L'a.uteuFpeut ~'autant moins se dispenser de les mettre $ous les yeux des teçteurs que jt°. il a ptu< ~oura fois annoncé qu'il donneroitles causes la ru~tnre qu'il y a. eu entre Inia madame downloadModeText.vue.download 365 sur 380


3~) rtnnp'*

t!u Trousse! et le prince que cette rupture s~st faite avec une sorte d'éclat; si bien que l'auteur ne pourroit que paroître avoir e~ tort en cette occasion, s'il gardoit le silence; S", que s'il paroissoit n'avoir rien répondu à Frédéric, concernant les écoles et les nobles de la France, il sembleroit avouer qu'à a en ce moment abandonné la cause de sa pa- trie et de la vérité or c'est là un sujet de blâme très-grave et auquel il doit d'autant moins s'exposer qu'il ne l'a jamais mérite, -P?'emMr~r~c2e,pageiï~.

On a vu quelle êtoit ma manière d'exis- ter dans la maison de M. et madame da Troussel. Depuis bien des années ïe public étoit témoin de cette liaison d'amitié franche, pure et honnête; il n'en résultoit dans l'esprit de personne, ni doute, ni soupçon, ni blâme. A la fin nous ne pouvions plus nous désu- nir sans scandale cependant cette rupture que j'étois loin de prévoir devint indispen- sable, et se fit avec éclat. Je m'aperçus, ou crus m'apercevoir qu'un jeune étranger, qui avoit besoin d'appui, avoit inspiré à madame du Troussel des s~ntimens plus tendres que ceuxd~ la bienveiHanee. Bientôt downloadModeText.vue.download 366 sur 380


C3~ j'

)e fus assuré que beaucoup ..d'autresJper- < sonnës.àvoiënt là même opinion on'le même soupçon que moi et dès-lors j'examinai, .at- tentivement la conduite que j~aurois a tenir dans le cas -où mes conjectures se_véri6e- roient. Peu m'importoit en général que cette dame. eût une inclination~onnbn ;mais je ne ppu- vois qu'être très-aSIIgé des suites qui dévoient ïiaturellement en résulter pour elle, et pour son mari qui Tl'avoit rien perdu de l'atta- chement qu'il lui ayoit voué et dont le ca- ractère loyal ne pouvoit faire présager, en cas de trahison que des catastrophes fu- nestes. En revenant ensuite à moi-même~ je sentois qu'il ne me convenoit en aucune sorte d~être mêlé dans les aventures de cette es- pèce. Ce dernier point me donnoit d'autant plus de souci que cette dame, pour cacher une pareille intrigue à, son mari et au pu- Mic, n'avoit personne qui pût plus conve- nablement luiservir de manteau' que mpi. Tout seroit alte & merveille si j'avois con- senti à être conndent discret et exact a fout légitimer par mon honnêteté bien reconnue. Fent-être se Natta-t-on de m'amener, à, jouée ce rôle ignominieux, d'autant plus. qu'on downloadModeText.vue.download 367 sur 380


(3~3) f, -t

B'avoit guère d'autre parti à. prendre. Voilà ce que je prévis~ et ce que je voulus prévenir. Aussi, dès que mes premiers soupçons se furent assez ibrtinés pour établir chez moi une sorte de persuasion ne songeai-je plus qu'à me retirer sans brouillerie et sans dis- pute si cela m'ëtoit possible.

J'eus recours pour remplir mon pro.- jet, à divers moyens que je méditai, et préparai de mon mieux, mais qui ne me réussirent pas. Madame du'.Troussel parut m'avoir deviné et avoir bien calculé le mal que ma retraite de chez elle pourroit faire contre elle-même dans tout le public. L'inu~ tilité de mes premières tentatives me força de cette sorte à prendre un parti décisif, même au risque de voir ce petit événement devenir pour quelque temps la nouvelle de tous les oisifs. Cependant je cessai peu-à-peu d'être dans cette maison comme j'y avois été si long-temps. M. du Troussel fut à la fin le seul qui parût avoir toujours les mêmes senti- mens pour moi quant aux autres person"- nes, je n'en éprouvois plus que de très"- foibles égards. C'est ainsi que je vis arriver le moment ou ce que je me devois à moi- ~nême~ suffisoit pour m'autoriser à M&tef downloadModeText.vue.download 368 sur 380


(3~J J

éhez moi. Ce n'en étoit néanmoins pas eïr" Core assez, à mon gré je ne voulois pas que le public pat m'accuser (~ingratitude ou de légèreté je sentois qu'il ialloît en consé- quence attendre que le public me crut obligé de me retirer. ? Il faut me- disois-je, que l'on soit prêt à. me blâmer si je reste plus ? long-temps i~Su? attendre que la mesure » soit comble, et que tout le monde le sente. » et soit prêt à le dire. M Je ne parle pas de tout ce qdune sembIaMe attente eut de pénible pour moi mon courage m éleva au-~ dessus de toutes ces peines que j'avois l'ais de ne pas apercevoir.

Enfin il me parut que j'étois arrivé a~ terme désiré lorsqu'un billet de son altesse royale monseigneur le prince Ferdinand, en m'invitant à aller dîner chez lui à Frédérics- Feldt, m'annonça que M. du-Troussel m'y conduiroit, et m'en rameneroit le soir. A peine avois-je reçu ce billet, que le colonel d'artillerie passa chez moi pour convenir da ( l'heure de notre départ~et engager ma lemme à aller souper et m'attendre chez lui. Tout fut arrêté comme il le voulut.

En revenant de Frédérics-FeldtlesoIr~& dis.àM.duTrousseLque j'avois à.rinstruîre~ downloadModeText.vue.download 369 sur 380


~s:

Mhsi que madame son épouse, dune chose qui me coûtoit infiniment et devant laquelle je reculois en vain depuis long-temps que personne ne pouvoit leur être plus attaché <[ue moi mais que j'avois à remplir des de- voirs sacrés qu'il ne m'étoit ni permis M possible de négliger que mes enfans appro- choient d'un âge où je ne devois plus les abandonner à des domestiques et qu'en ~Kmséquence j'avois à le prier de trouver bon que je ne profitasse plus de leur société qu'une ou deux fois par mois tout au plus. J'étois vivement affecté: il en fut assuré au son de ma voix. Aussi me répondit-il par ces tnots remarquables cc Nous sommes trop

? amis pour avoir rien à dissimuler l'un ? envers l'antre je vous avouerai donc que, !} loin de blâmer le parti auquel vous vous M décidez il y a près d'un an que je pense » que vous devez le prendre~ Cette réponse nous mit parfaitement d'accord nous n'eû- mes à y ajouter que des protestations, qpi furent certainement loyales de sa part et de Jamienne.

En rentrant chez lui, au moment que l'on venoit de souper,il dit à madame son épouse ,K Ma chère amie, }'ai à vous annoncer une downloadModeText.vue.download 370 sur 380


t~5:J

ï) nouvelle qui"vous iëra de la peine comme & elle m en aiait à moi-même, mais que méan. a .môinspnepuisqu'approuyer.M. Thiébàult, déterminé, ainsi qu'il le doit~ à soigner H l'éducation de ses enians~ ne viendra plus 9)-nous voir qu'une ibis.ou deux par mois Ge mot déconcerta cette dame, eUe ne,ravo:t pas prévu elte-devinf rouge d'embarras et de dépit, et. eut peine à répliquer que j'étois mon maître, et que je lui ferois toujours ptai- sir quand je viendrois la voir. Là-dessus,, après les commentaires que rhonnéteté.exi- eeoit de ma part~ hous paptîme& ma jEemme etmoi, tres-sâtis-laits de se dénotiement. Pendant les trois jours suiVans~oK Y~ntl& Tnatinetàrordinairë, nous prier pou~lesoir, et nons demander à quelle heure nous voulions la voilure ma réponse fut à chaque message que nous ne ponvions pas~avoir'rhônneur de prdjH.t.er 'de ceûe~ invit~fiom ~près ces trois tours, 'on nous laissa trànquIHes. Je. laissai ` encore écouler T-mesemame, à la suite-de la- quelle')e reparus ,-etfus assez bien recu~~ttë dernière démarche m'attira de nouveau les trois )0urs d'invitations, qui furent ~inutiles r -comme les premières. Emin après une autcS 'entrevue dans Tine -maison tierce madame downloadModeText.vue.download 371 sur 380


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du Trousse! m'envoya un billet conçu en ces termes « Si vous ne revenez pas chez moi, f “ monsieur, comme vous y êtes venu depuis N tant d'années, je vous préviens que je serai votre ennemie à la vie et à la mort ». Ma réponse fut aussi laconique que cette décla- ration de guerre; elle ne contint que ces mots « Madame on n'oSense personne à rester x chez soi pour y remplir ses devoirs. Je suis ?) avec respect, etc. Depuis ce momentnous ne nous sommes jamais revus rien ne nous a jamais rapprochés et, si elle m'a vu dans les promenades, elle a détourné là tête. Mais comment cette brouillerie en a-t-eUe amené âne autre avec le prince Henn? Le voici: Un françois, nommé M. Dubignon, étabijt & Magdebourg m'adressa quelques mois sprés: un inconnu qui se npmmoitM. de Bellevilïe, etquisedisoit capitaine de vais- seau, persécuté par. M. de Sartine. M. Dubi- gnon me le recommandoit avec beaucoup de chaleur, et me l'annonçoit comme aussi digne nomme que malheureux. Ce que l'on me de- ~nandolt pour ce M. de Belleville étoit bien 'au-dessus de mes moyens; il s'agissoit de le &ire employer dans-la .compagnie maritime, ~qm faisoit partie du ministère deM.de Gorne downloadModeText.vue.download 372 sur 380


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tnaïs ce queje ne pouvois pas, ne paroMso~ point impossible à M. et madame duTroussel, à qui M. de Gorne devoit beaucoup, et qui pouvoientde plus employer le nom du prince Henri. Cette rénexion me détermina à. exa~ miner si ce nouveau -venu n& pourroit pas être utile à M. du Truussel/ qu~ avoit une belle plantationà réclamer à~ûuadeîoùpe, contre un nomme Leblanc, qui, d'administrateur s'en étoit iâit le propriétaire. Or, il se trouva que mon capitaine connoissoit particulière-' ment ce M. Leblanc et avoit été le parrain d'un de ses encans. Ici un noble sentiment s'empara de mon âme, et je conçus le dessein d'obliger essentiellement sans me montrer des personnes qui n/avoient aussi obligé il y avoit long-temps, mais de quijen'avo!s plus qu'à me plaindre, le chef de la maison seul excepté. Cette idée fut d'autant plus délicieuse pour moi, que j'y trouvois de plus le moyen. de servir M. de Ëelleville. Je me hâtai d& communiquer tout ce plan à M. Borrelly~ qut se chargea volontiers de me remplacer, et promit de me.garder le secret II parîadona de M. de Belteville et de la (Guadeloupe; ijL Eltprié d'amener cet étranger, et le présenta commelui ayant été recommandé par un ami. D~s-lore downloadModeText.vue.download 373 sur 380


3~3 1

Aa

1 V311,1,

B~loM:on ne songea plus qu'à écrire~ Guadeloupe, et qu'à &ire rendre justice~ brave capitaine de vaisseau. Pour ce dernief article, on sollicita vivement le ministre de Crorne onIentmêmesoUiciterpar M.Louis de Vréech, au nom et de la part da prince ilenrït Nous en étions ta, lorsqu'un jour M-. -de BeIIeviHe, enmeparlaht~e ses voyages,-me soutint trës.fermement que le fteuve dé Sain{. Laurent se ptoit daMie Ëeuve de rinde- Ah, dis-je, le soir à BorreHy, cetho~é est ~aventurier, je le parier; et je-M contai mes deux ft~uvës.'K Je le.crois; me répondit BorreIIy en riant car derniere- ment il a voutu'iRe laire une omelette, et. jai observé qu'il la retonrn-ée' 'en maître tre~-expërf j~toia qa'it a été eaisiniër~ » bord de qû~qu~v~sèau: Dans la per- plexité ou cette demi-découverte me jetoi~ je me hâtai d'écrire à Dubignon, et de te sommer de me dire d'où il connoissoit~f homme, et quelles preuves il avoifde.tout le bien qu'il m'en avoit marqué. Par malheur Dubignon ne da~na pas me'répondre.'dé sorte que nous ne pûmes~ Borrdiy et moi. que nëus résoudre <à attendre de I~venir les TTf. downloadModeText.vue.download 374 sur 380


(37~ D

~claircissemens qu'on nous relusoit ne voit. lantpas perdre un homme mameureuxsnr d~ simples probabilités.:

= ~lors se décida la guerre pour. la succès~ sïon de la Bavière. M. du Trousse!, nommé eheMuparc dartineriederârméedu~ncs Henri, partît pour Magdebourg ou itmou- ~t de ta ma~M~lel'ai contée.. Madame sa veuve, mettantun mtérêt très-vif à s'm- iormer de tout ce qu'H avoit pu faire et dire dans ces derniers temps., et sachant que Du- ~non ravoit vu presque tpu~~Ie:s I.ours pria m. BorreUy d'engager Ge dermer à se xendre auprès d~e pour un jour o~ deux. ym~ant ou je fus instruit de; cette cir- constance écrivis aussi a ce ~B~gnon ponr lui dire qu'il etoit essentiel que je le visse avant tout autre, son arrivée Bpr- lin A troisiours-dela., ma iëmme étoit che% ~dame Borrelly Ïorsqu.'it arriva, et sy ayrêta plus d'une demi-heure.àMre le beatt liseur et rimportant. Ma femme voyant en- suite qu'il alloit se rendre aveG.~Borrelly che~ madame du Troussel, sans demander ~e voir, lui. observa que t'avois à lui par- ley sur quoi il répondit jMdement sans ~~ter': Ob~ jesais madame~b saM: downloadModeText.vue.download 375 sur 380


37i)

A a &

N dites à M. Thiébault d'être tranquille j'ar~ » rangerai tout cela N.

Arrivé chez la dame veuve, il mit à peine un quart-d'heure à parler du défunt, qu'i~ s'interrompit pour lui dire « Madame i! » est urgent que je vous apprenne que vous recevez chez vous un homme qui n'est M qu'un Ëlou et un aventurier un homme » que vous ne.connoïssez pas, et à qui'S x faut dès l'instant fermer votre porte,, Et ? qui donc., monsieur? –Un nommé Bel< a leville, véritable escroc qui a volé des 3) couverts d'argent en Saxe, et qui n'a )a-~ M mais été qu'un très mauvais laquais M~ Borrelly fut comme attéré non de la nou- velle, mais de la manière dont on L'annon< ~oit. Ce fut à lui que madame du Trousse! s'adressa. Vous me l'avez présenté, lui dit- N elle en m'assurant qu'il vous étoit re<. commandé par un ami et quel est donc N cet ami? Cest M. ThiébauH. – Ah M l'horreur C'est une perSdie infâme II & voul a me compromettre, et compromettre N le prince Henri II a voulu me perdre j< –Mais, madame, M. Thiébault a été' & de bonne foi ce n'est que sur une lettre N de M. Babignoa qu'il a voulu obliger cc~ downloadModeText.vue.download 376 sur 380


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& Ji'ômmp. –Moi? reprît DuHgnon. Je n~ vois donné qu'une de ces lettres de recom- M mandation qu'on ne refuse à personne, et ~qui.ne signifient rien. – 'Vous vous trom- ? pez, monsieur }'ai lu votre lettre elle est très pressante, et vous y peignez ce ~Belleville comme capitaine., d&-vaisseau ? aussi galanHïomme que maHieureux.- H y B à plus nous avons eu.j M. Thiébaùlt et ? m&i~ quelques soupçons sur cet homme; et mon collègue vons a écrit la-lettre la plus instante., pour vous demander quelles B preuves vous aviez de tout le bien que vous en aviez dit et vous ne lui avez pas N répondu de sorte que n'ayant que des M soupçons, nous n'avons pu rien dire. – Et puisque je ne répondois pas à M. Thié- Nantit, pourquoi alioit-il en avant?'–Vous coniondez les époques nous étions allés ? en avant sur votre lettre j et ayant nos soupçons~: nous n'ayons rien eu a. faire N depuis votre silence et vous êtes cause que le mal aduré si long-temps, et s~est accru malgré nous N~ M. Dubignoujutem-- Tjarrassé; mais la dame qui avoitsoifdë vengeance persista dans sa première idée je lus an monstre et c'est comme /tel qu'elle downloadModeText.vue.download 377 sur 380


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me peignif au prince Henri qui eut le fort de l'en croire sans examen, tandis qu'il lui étoit si facile de m'entendre, ou de me faire entendre par quelqu'un de sa suite, avant de condamner ainsi un homme qu'il avoit tant honoré de ses bontés.

Un des points les plus urgens fut-de faire disparoître Belleville: M. le comte Lendorff en trouva le moyen il le fit passer en Po- logne, avec de belles lettres de recomman- dation tout aussi valables que celles de Du-' bignon on boursilla pour les frais de eette route et enfin sous très-peu de jours, il y eut un escroc de moins à Berlin, et peu après un de plus à Varsovie.

Dubiguon à qui j'avois rendu plus d'un service, se conduisit ainsi envers moi parce qu'il s'étoit imaginé que brouillé avec ma- dame du Troussel, j'allois crouler de toutes parts et qu'il alloit disposer de toute la fa- veur d'un grand prince. Je le connoissois assez bien pour le deviner, et je résolus de n'avoir plus aucune relation avec lui. Il lui fa!!ut près de deux ans pour dissiper toutes les fumées de ses folles prétentions. Madame du Troussel mourut sans avoir rien fait et rien voulu faire pour lui le prince Henri ne downloadModeText.vue.download 378 sur 380


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sut même jamais son nom et moi ~e res- tai tout ce quej'a.vois été alors il eut re- gret à ce ~u'il avoit Mt. Un ami commun m'écrivit ennn: « Duhigcon me presse de- N puis long-temps de vous parler de lui que voulez-vous que je lui dise ? M Je mis dans ma réponse un post-scripttun~contenant ces- mots (c (~ant'a'Oia~gnon ) remettez-luH~ » feuille ci-}omte ?. 'pette feuille avait en titre K Consultation adressée; non à de§ ? avocats, mais à tous les gens d'honneur N. Le texte consistôit à demander, si en honnête et galant homme., je pouvois, comme autre- fbis; dire et écrire mon ~~r ami à celut qui ayant reçu de moi tous les bons omces de la plus T'ranche amitié, s'étoit cond.uit de telle et telle matiiëre envers moi dans une~ des circonstances les plus'impartantes. Ja- mais, depuis cette consultation, il n~ été question de lui chez moi l'ouMi est la seule vengeance que j'ai voulu, en tirer. JOeM~eMe ~r~e~ ia5..

Lorsque ce Bit à mon tour ~:parlër, je dMp au roi que j'étoi~~persuade que ~e syteme de Lav~avoitpMduitdetrës.iunestesenetsdan~ ies mœurs sur-toutà IsL cour et parmi tou~ downloadModeText.vue.download 379 sur 380


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feux qui en approchent que je pensoîs néanmoins que &a majesté ne regardoit pas die-même ses propositions comme absolu- tnent générâtes et sans exceptons, qu'il y avoit dans les provinces et principalement dans les provinces éloignées de la capitale beaucoup de famines qui, Sdèîes aux prin- cipes plus anciens ,~gnorôient encore la cor- Tuptionqui règne au centre, ou du moins y étoient entièrement étrangères que je n'a- vois eu de relations bien étroites qu'avec un assez petit nombre de nobles et que cepen- dant j'en avois connu pîusieurs qu~ m'a voient paru très-estimables par les connoissances qu'ils avoient acquises par les talens qu'ils cultivoient, et plus eMore par leur aménité~ leur bienfaisance, leurs sentimens d'honneur, J et leurs vertus sociales que je ne doutois pas que ceux qt~ en avoient plus connu que moi n'eussent de'bien plus amples listes à sauver de la proscription que l'on citoit même à la cour des personnes et des familles qui jouissoient d'une réputation très-hono- rable que les deux jeunes gens que sa ma. jesté avoit vus dans la matinée, étoient d'une province où l'on vivoit beaucoup à la cam- pagne, et où par conséquent les familles peu downloadModeText.vue.download 380 sur 380


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JF~ ~M TroM~~e ~b~Mc.

fortunées avoient-moins de ressources qu'ail- leurs pour l'éducation'de la jeunesse; mais que quelques exemples Isolés ne prouvoient rien contre la masse générale; que certaine- ment les écoles publiques en France existoient toujours, que les pro&sseurs en étoientpour ~plupart des hommes de mérite; et que que leurs,cour~etc~nt-tou]our~aussi suivît qu'aux époques plus anciennes.