Discussion Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/106

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IOO ····

T ; 283. ·— DE DIADADIE DE SÉVIGNÉ

A MADADIE DE GRIGNANZ

A Paris, lundi 6* juin.

MA bonne, je ne reçus point l1ier de vos lettres : ciest
un grand chagrin pour moi. Je me suis imaginé que vous
aviez été occupée à recevoir Mme de Monaco. Ce qui me
console, c’est que vous êtes en lieu de planter choux ’, et
que vos Alpes, ni votre mer lVlédite1·ranée ne sau roient
plus vous faire périr. J’ai bien sué en pensant aux périls
de votre voyage.

Ma tante a recu encore aujourd’hui le viatique dans la
pensée de faire le sien 2, où elle est appliquée avec une
dévotion angélique. Sa préparation, sa patience, sa résignation,
sont des choses si peu natu1·elles, qu’il faut les
considérer comme autant de miracles qui persuadent la
religion. Elle est entièrement détachée de la terre ; son
état, quoique infiniment douloureux, est la ehose du
monde la plus souhaitable à ceux qui sont véritablement
chrétiens. Elle nous chasse tous, comme je vous ai déjà
dit ; et quoique nous ayons dessein de lui obéir, nous
croyons quelquefois qu’elle s’en ira plus tôt encore que
nous. Enfin nous voyons un jour ; et si je niétois accoutumée
depuis quelque temps à ne point Ifaire ce que je
des1re, je vous mande rois dès aujou1·d’hu1 de ne me plus
guières, seconde fille du maréchal Charles de Créquy et tante du
comte de Sault (voyez les notes 12’ ; d€ la lettre 269, et 2 de la
lettre 271). Elle avait épousé en 1617 Nicolas de Neuville, plus
tard (1646) maréchal de Villeroi. Elle ne mourut qu’en janvier 1675.
IJETTRE 283. — 1. C’est le texte de toutes les anciennes éditions,
si l’on en excepte celle de la Haye, qui donne cx planter des choux. n
Voyez la note 8 de la lettre 217. — La [in de la phrase : « et que
vos Alpes, etc., xv manque dans les éditions de 1726.
2. on Dans la vue de faire le sien. » (Édition de 1754.)

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-1oo-
283. - ma MADAME DE súviaim
- A MADADIE ne Gmeiwliv.
A Paris, lundi 6’ juin.
MA bonne, je ne reçus point liier de vos lettres : c’est
un grand chagrin pour moi. Je me suis imaginé que vous
aviez été occupée à recevoir Mme de Monaco. Ce qui me
console, elest que vous êtes en lieu lle planter clioux ’, et
que vos Alpes, ni votre mer Méditerranée ne sauroient
plus vous faire périr. Tai bien sué en pensant aux périls
de votre voyage.
Ma tante a reçu encore aujour<l’l1ui le viatique dans la
pensée de faire le sien “, où elle est appliquée avec une
dévotion angélique. Sa préparation, sa patience, sa rési-
gnation, sont des clioses si peu naturelles, qu’il faut les
consillórer comme autant de miracles qui persuatlent la
religion. Elle est entièrement détachée de la tune; son
état, quoique infiniment douloureux, est la chose du
monde la plus souhaitable ii ceux qui sont véritablement
chrétiens. Elle nous cliasse tous, comme je vous ai déjà
dit; et quoique nous ayons dessein (le lui obéir, nous
croyons quelquefois qu`elle s`e’n ira plus tôt encore que
nous. Enfin nous voyons un jour; et si je rfétois accou-
tumèe depuis quelque temps à ne point faire ce que je
desire , je vous mamlerois dès aujourd’hui de ne me plus
guières, seconde fille du maréchal Chai-les de Créquy et tante du
comte de Sault (voyez les notes nfde la lettre 269, et 2 de la
lettre n7x). Elle avait épousé en 1617 Nicolas de Neuville, plus
tard (1646) maréchal de Villeroi. Elle ne mourut qu’en janvier 1675.
Le-:nm 283. -- 1. C’ee.t le texte de toutes les anciennes éditions,
si l’on en excepte celle de la Haye, qui donne tx planter des choux. xv
Voyez la note 8 de la lettre 217. ›- La fiu de la phrase : c< et que
vos Alpes, etc., n manque dans les éditions de x7a6.
2. ¢ Dans la vue de faire le sien. » (Éalifion de x75ii.)