Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Equitation/Main (équitation)

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Panckoucke (1p. 126-127).

M.

MAIN. Ce mot est de grand usage dans le manège, & signifie d’abord les pieds de devant ; mats ce terme, dans ce sens est peu usité. Main se dit aussi de la division du cheval en deux parties à regard de la main du cavalier. Les parties de la main en avant sont la tête, l’encolure, le train de devant. Ce cheval est beau de la main en avant, c’est à dire, a la tête & l’encolure belles. Il est mal fait de la main en arrière, c’est-à-dire, de la croupe, du train de derrière. Main de la bride, c’est la main gauche du cavalier ; main de la lance ou de l’épée, c’est la droite. On dit qu’un cavalier n’a point de main, quand il ne se sert de la bride que mal à-propos, ne fait pas donner les aides de la bride avec justesse. Il y a plusieurs autres expressions qui se rapportent à la main de la bride ; parce que cette main donne le mouvement à l’embouchure, & sert beaucoup plus à conduire le cheval que ne font les autres aides. Le cavalier doit tenir la main de la bride, deux ou trois doigts au-dessus du pommeau de la selle. Tenir son cheval dans la main, c’est en être toujours le maître ; c’est le sentir dans l’appui de la main, & être toujours préparé à éviter les surprises, les contretemps, les caprices du cheval. Un cheval qui est bien dans la main, est celui qui obéit à la main, qui ne refuse jamais la main, qui répond à la main du cavalier, qui la connoît & y obéit. Rendre la main, ou donner la main, ou lâcher la main, baisser la main, c’est lâcher, donner, rendre la bride. Soutenir, ou tenir la main, c’est tirer la bride. Travailler, ou conduire un cheval de la main à la main, c’est-à-dire, le changer de main. Il faut qu’un cavalier s’étudie à mettre son cheval dans la main & dans les talons. Pour mettre un cheval dans la main, & l’obliger à donner librement dans l’appui, il faut lui faire connoitre la main peu à peu & avec douceur, le tourner ou changer de main, le retenir, & ménager avec adresse l’appui de la bouche, ensorte que le cavalier remarque que le cheval souffre librement l’effet de l’embouchure sans peser à la main, & sans tirer à la main. On dit, cheval qui n’a point d’appui, qui ne veut point donner dans la main, & qui pour s’en défendre bat à la main. Le petit galop fait bien donner les chevaux dans la main. Un bon homme de cheval doit avoir la main légère, c’est-à-dire, qu’il faut seulement qu’il sente son cheval dans la main pour lui résister, quand il veut s’échapper, & qu’au lieu de s’attacher à la main, il faut qu’il la baisse dès qu’il a résisté au cheval. Si par un désir excessif d’aller en Avant, le cheval donne trop dans la main, il faut rendre la main à temps, c’est-à-dire à point nommé, & la tenir aussi à temps ; ensorte que le cheval ne trouve plus le moyen d’appuyer continuellement sur Je mors. C’est par cette facilité ou liberté du cavalier à rendre ou à tenir la main à propos & à temps, qu’on dit qu’il a la main bonne. On dit, votre cheval manie bien ; mais vous vous attachez trop à la bride. Au lieu de se tenir à la bride, il faut se servir des cuisses, & avoir la main légère, c’est ce qui fait manier un cheval avec justesse. C’est une des plus grandes marques d’un bon homme de cheval, que d’avoir la main légère, & de voir manier un cheval avec la bride balançante. On dit qu’un cheval bat à la main, quand il secoue la tête, ou quand il la branle, ou quand il lève le nez. L’appui de la main est le sentiment réciproque que le cavalier donne au cheval, ou le cheval au cavalier, provenant du maniment de la bride. Le bon & le vrai appui de la main est un soutien délicat de la bride, ensorte que le cheval retenu par la sensibilité des parties de la bouche, n’ose trop appuyer sur l’embouchure, ni battre à la main pour y résister. Pour donner à un cheval un bon appui & le mettre dans la main, il faut le galoper & le faire reculer souvent. Le galop étendu est aussi très propre à le mettre dans la main. Appui à pleine main, bouche à pleine main, se disent d’un cheval qui a l’appui ferme, sans peser, sans battre à la main. Appui au-delà de la pleine main, bouche plus qu’à pleine main, se disent d’un cheval qu’on arrête avec force, qui obéit avec peine, mais sans qu’il force la main. Peser à la main se dit d’un cheval qui s’abandonne par foiblesse de reins ou de jambes, par lassitude, ou autrement. Peser à la main n’est pas un aussi grand défaut que tirer à la main. Un cheval tire à la main, quand il résiste aux effets de la bride, aux aides de la main. On dit aussi faire couvrir les cavales en main, c’est-à-dire en les tenant par le licou ou par la bride. Faire partir un cheval de la main, ou le laisser échapper de la main, c’est le pousser de vitesse, & un beau partir de main se dit de la course qu’on lui fait faire ou qu’il fait de lui-même sur une ligne droite sans se traverser depuis son partir jusqu’à son arrêt. Pour bien faire partir un cheval de la main, il ne faut pas qu’il se mette sur l’esquisse, mais il faut qu’il baisse les hanches. On dit aussi qu’un cheval tourne à toutes mains, pour dire qu’il manie & tourne au pas, au trot, au galop. On dit qu’il est entier à une main, quand il n’a de la disposition à tourner que d’un côté, à une même main. Changer de main, c’est tourner & porter la tête d’un cheval d’une main à l’autre, de droite à gauche, ou de gauche à droite. Il ne faut jamais changer de main, qu’on ne chasse ie cheval en avant en changeant de main, & après qu’on l’a changé, on le pousse droit pour former un arrêt. Pour laisser échapper un cheval de la main, il faut tourner en bas les ongles du poing


delabrîde. Pour le changer à droite, il faut les tourner en haut portant la main à droite. Pour le changer à gauche, il faut les tourner en bas & à . eauclie ; & pour arrêter le cheval, il faut tourner — les ongles en haut & lever la main. Quand on ap* prend à un cheval à changer de main, que ce foit d’abord au pas, & enfuite au trot & au gnlop. Effets de la main fe dk po « r aides de ia main, pour les mouvements de la main qui fervent à conduire uk cheval. 11 y a quatre effets de la main, hm quatre manières de (e fervir de la bride ; fçavoir, pofUr chaffer un cheval en avant, pour le tirer en ar-* rière, & pour le changer à droite ou à gauchcu Hâter la main fe dit à un écolier qu’on veut obli* ^er à tourner la main plus vke du côté qu’il manie* Sentir un cheval dans la maia^ c’eft remarquer qu’on tient fa volonté d ; ins la main, qu’i ! go&e U bride, qu’ils unJboniî|ppui pour obéir au mors. Hors la main fe difoit autrefois d nn cheval dcfobéiffant à la main, lourd à la bride, qui n’eft pas dans la main. Forcer main » c’eft éireinfenfïble au^ aides de b bride* s’emporter malgré le cavalier. Travailler nn cheval de la main à la main, c’efti-dîre ^le travailler par le feul effet de la bride, fans que les aunes aides y contribuent, excepté le gras des jambes dans le befoin. Mener un clieval en main, c’eft le trotter en main, le promener en main, c’eft-à-dire, fans qu^il foit ntonté. Pour connoitrefi un cheval eft boiteux, il faut le faire rroiter en main fur le pavé. On appelle wn cl>eval de main, celui qu’on mèneen main, c’ed à-dire » fan » monter deffiis, &qui eft réfervé pour monter le maîire, lorfqu’il veut changer de cheval. On appelle un cheval à deux mains, un cheval commun qui peut fervir k la felle & à la charrue, ou au corrofle, aiii porte & qui traîne. On dit enfin d’un cheval de carrofle, qu’il eft fous la mpin t quand il eft du côré dont le cocher rient fa verge.