Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Berlin (Berolinum)

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 2p. 589-592).

BERLIN (Berolinum) cap. du roy. de Prusse, dans la prov. de Brandebourg et le gouvernement de Potsdam, sur la Sprée, par 52° 31' de lat. N. et 11° 3'. long. E., à 890 kil. N.-E. de Paris, au milieu d'une plaine sablonneuse, aride, triste, et si parfaitement plate que ses eaux n'ont presque pas d'écoulement. Elle a environ 2,400 mètres de long et 1,600 mètres de large. La population a suivi depuis le XVIIe siècle une rapide progression croissante : en 1688, Berlin comptait 18,000 hab. ; en 1770, 106,606 h. ; en 1817, 188,485 ; en 1855, 426,600 h.  ; en 1858, 455,000 hab. et enfin, aujourd'hui, la pop. berlinoise s'élève à 500,000 hab., dont environ 19,000 catholiques, 16,000 Israélites ; le reste appartient au culte réformé.

Résidence ordinaire du roi ; siège du gouvernement et des administrations centrales ; des états provinciaux de la prov. de Brandebourg ; d'un surintendant évangélique portant le titre d’évêque ; des cours suprêmes de justice du royaume ; d'une banque centrale et d'un grand nombre d'établissements d'instruction publique très-renommés : université comptant parmi ses professeurs anciens ou actuels plusieurs noms illustres dans les lettres et les sciences, tels que Fichte, Hegel, Schelling, Ranke, Ritter, Sthal, les deux Grimm, Al. de Humboldt, Müller, Dove, Link, etc. ; Académie des sciences et des beaux-arts fondée en 1700 par Leibnitz ; Académie des sciences mécaniques et d'architecture ; deux séminaires théologiques protestants ; haute école militaire ; école d'artillerie et du génie ; école des Cadets ; six gymnases ou lycées ; écoles élémentaires, nombreuses écoles primaires ; écoles industrielles, etc., 27 bibliothèques publiques (la bibliothèque royale compte 600,000 vol.), 90 sociétés savantes, artistiques, littéraires.

La prospérité industrielle et commerciale de Berlin est due aux sages mesures administratives de son gouvernement, au goût et à l’intelligence de ses habitants et surtout au vaste réseau de chemins de fer dont cette ville est le centre. Les principaux articles de l’industrie berlinoise sont:les draps, lainages, bonneterie, tapis, soieries, rubans, toiles imprimées et cotons ; les articles en fer, surtout les ustensiles en fer-blanc vernissé, l’un des articles de commerce les plus importants de Berlin ; bijouterie en.acier et en fer fondu ; machines à vapeur et autres ; passementerie d’or et d’argent ; bronzes, articles en laque, papiers, tabac, sucre raffiné, cuirs, maroquin, porcelaine, faïence, chapeaux, produits chimiques et couleurs renommées (bleu de Prusse, rouge de Berlin); voitures (les premières berlines y ont été construites en 1670). Parmi les grands établissements industriels, nous citerons : la fonderie royale de fer, l’un des établissements de ce genre les plus considérables de l’Europe et produisant depuis les pièces colossales de fonte jusqu’à la bijouterie fine ; la fonderie royale de canons ; la célèbre manufacture royale de porcelaine, établie en 1761, et la poudrerie royale.

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Les nombreux produits de ces diverses branches de l’industrie sont l’objet d’importantes transactions commerciales avec les autres cités du royaume et avec l’étranger ; mais, au premier rang des articles du commerce de Berlin, se placent les productions du sol, les céréales, les huiles et les alcools ; les importations de bestiaux, les bois de construction, d’ébénisterie et à brûler ; les houilles donnent lieu aussi à un grand mouvement commercial. ’.

Malgré les désavantages de sa position, Berlin est une des plus belles villes de l’Europe • on y compte 40 places, 27 ponts, 500 rues, dont la plupart sont larges, tirées au cordeau et se coupent à angle droit. Malheureusement, ces" belles rues sont mal pavées, bordées de trottoirs trop étroits, le long desquels, faute d’écoulement, croupit une eau nauséabonde et insalubre. En outre, la plupart des maisons sont bâties en briques et en plâtre. Ce labyrinthe de rues est traversé par quelques voies d’une remarquable longueur, la Friedrichstrasse par "exemple, qui a 1 kil. de long, ou égayé par quelques belles promenades, comme celle qu on nomme Sous les Tilleuls, qui est ornée sur une longueur— de 1, 600 mètres de quatre rangs de tilleuls et forme cinq voies différentes, deux pour les —voitures, deux pour les cavaliers et au milieu une allée fort large pour les piétons. Du reste, la majeure partie des plus beaux édifices et des principales curiosités se trouve groupée dans un petit espace, entre le palais Royal et la porte de Brandebourg ; on embrasse, pour ainsi dire, d’un seul coup d’œil les différents monuments que nous décrivons plus loin.

On assigne généralement au nom de la capitale de la Prusse une origine slave ; ce fait s’explique par le rôle important que la race slave a joué, en effet, dans l’histoire primitive de la Prusse ou Bor’ussie. On a rapproché ingénieusement le mot Berlin du slave ber-llo, (sceptre) littéralement ce qu’on porte à la main. Le mot ber-llo nous oftre, en effet, sous une forme très-bien conservée, la racine indœuropéenne bhar, fer, bar, ber, qui a le sens de porter. Dans cette hypothèse, on aurait donné ce nom à la ville de Berlin pour la désigner comme le siège central du gouvernement. A-Berlin, M. Delâtre rattache le mot berline, sorte de voiture suspendue, inventée à Berlin ; berlingot, berline coupée.

L’histoire de Berlin se confond avec celle de la Prusse. Ce fut sous le margrave de Brandebourg Albert II, vers 1220, que s’éleva, dans une île formée par les deux bras de la Sprée, le (premier groupe de maisons qui reçut le nom de Berlin. Grossi peu à peu par le commerce et la navigation, devenu bourgade, puis petite ville, il ne comptait que 6, 000 hab. lorsqu’en 1651, Frédéric-Guillaume, appelé le Grand Electeur, y fixa sa résidence et jeta les fondements du Palais "Vieux. Frédéric-Guillaume 1er érigea ses États en royaume, en 1701 ; si son avarice ne fit rien pour l’embellissement de Berlin, elle entassa les trésors dont se servit Frédéric le Grand pour consolider et agrandir ses États, et pour se bâtir une capitale digne du puissant royaume qu’il avait fait sortir de l’obscurité. Malgré les désastres partiels que lesguerres ont attirés sur la Prusse, quoique pris et incendié en 1757 par les Croates, en 1760 par les Russes, et en 1806 par les Français qui l’occupèrent trois ans de suite, Berlin n’a pas cessé de se développer et de s’embellir dans des proportions gigantesques, comme le prouve l’accroissement de sa population. L’administration de la Ville est gérée par un bourgmestre, un adjoint et vingt-deux échevins, conjointement avec le conseil municipal composé de cent un membres élus pour six ans par tous les habitants ayant un domicile fixe. Le conseil municipal nomme le bourgmestre pour douze ans, l’adjoint et les échevins pour six ans.-Le budget de Berlin s’élève à 7, 500, 000 fr. Cette ville est la patrie de plusieurs hommes illustres : Frédéric le Grand, Baumgarten, Ancillon, Tieck, Alex, de Humboldt, Meyerbeer, etc.

— Aspect général. — Portes, rues, places, ponts, promenades publiques, etc. Un écrivain —allemand, J.-C. Weber a dit dédaigneusement en parlant de Berlin : • La capitale de la Prusse est, comme Palmyre, comme les Pyramides d’Égypte, située au milieu d’un désert de sable. Ce désert s’étend jusqu’à Mémel. La Sprée, qui traverse la ville, n’est qu’une petite rivière trouble et boueuse, souvent à demi desséchée. » Malgré les désavantages de sa position, Berlin est sans contredit une des plus belles cités de l’Europe.

Cette capitale d’un peuple essentiellement guerrier n’a ni remparts, ni forteresses ; elle est entourée d’un simple mur d’octroi. On y entre par dix-neuf portes, dont la plupart ne sont que de simples barrières. La plus remarquable est J— Porte de Brandebourg, qui a été construite, de 1789 à 1793, sur le modèle des Propylées d’Athènes et qui a coûté 50, 000 thalers. Elle a cinq ouvertures, dont deux sont destinées aux piétons, deux aux voitures des particuliers, et celle du milieu aux voitures royales. Sa largeur est de 65 m. et sa hauteur de 26 m. 66 cent, y compris le couronnement, qui se compose d’une Victoire debout sur un char à quatre chevaux. Ce groupe colossal, en cuivre laminé, a été exécuté par un chaudronnier de Berlin, nommé Jurg, d’après un modèle de Schadow. Emporté comme trophée par les Français, en

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1806, il a été repris à Paris par les Prussiens, en 1814, et replacé sur la porte de Brandebourg à la grande satisfaction des patriotes de Berlin. Si l’on en croit M. X. Marmier, il y avait dans cette ville, en 1810, un professeur de gymnastique, nommé.Jahn, qui ne manquait jamais, lorsqu’il passait avec ses élèves près de la porte découronnée, de demander brusquement à ceux qu’il emmenait pour la première fois : a À quoi songez-vous ? » Ordinairement, les innocents élèves répondaient : « Nous ne songeons à rien. — Eh bien ! répliquait le fougueux. Teuton, en leur donnant un soufflet, pensez désormais que, lorsque vous serez hommes, vous devrez employer tous vos efforts à faire replacer au haut de cette porte le char de la Victoire que l’odieux Napoléon nous a enlevé. » Ajoutons que ce quadrige n’a aucune valeur artistique.

La ville de Berlin occupe une superficie d’environ 7, 000 hect. carrés, que partagent à peu près par moitié les méandres de la Sprée, qui coule de l’E. À l’O. Elle se compose de plusieurs quartiers divisés en trente-cinq arrondissements, et de quatre faubourgs. Les quartiers situés sur la rive gauche de la Sprée sont les mieux bâtis ; la plupart des rues sont droites et larges. Quelques-unes ont une grande longueur, comme la rue Frédéric (Friedrichstrasse), qui a près d’un demi-mille et qui va en droite ligne de la porte de Halle jusqu’à celle d’Oranienburg. Nous citerons encore la rue Guillaume (Wit/telmstrasse), dont la rue Louise (Luisenstrasse) est une continuation, la rue de Leipzig (Leipzigerstrasse), la rue Charlotte (Charlottenstrasse), etc. La belle promenade appelée Sous les Tilleuls (Unter den Linden) est la plus agréable et la plus fréquentée de Berlin. C’est un large boulevard de 1, 600 pas de long, qui commence à la place de l’Opéra et finit à celle de Paris, devant la porte de Brandebourg. Il est planté de quatre rangées d’arbres.vigoureux, dont la plupart sont des tilleuls, et il offre cinq voies différentes, deux pour les voitures, deux pour les cavaliers et une large allée au milieu pour les piétons. Cette magnifique voie est bordée de maisons aristocratiques, de riches magasins, d’hôtels et de restaurants de premier ordre, de cafés et de confiseries (conditoreien), établissements luxueux où les consommateurs trouvent des journaux de tous

les pays, mais où il n’est pas permis de fumer.

À l’extrémité orientale de la promenade des Tilleuls, entre l’Académie des beaux-arts et le palais du prince de Prusse, s’élève Je monument colossal exécuté par —Rauch, de ]84tf k 1851, en l’honneur de Frédéric le Grand. Ce monument se compose d’un piédestal de granit de 8 m. 33 de haut, et d’une statue équestre en bronze de 5 m. 70. Frédéric est représenté avec le costume militaire qu’il portait habituellement ; un manteau d’hermine est jeté sur ses épaules. Le piédestal se divise en trois parties distinctes : la partie inférieure est occupée par des inscriptions commémoratives ; la partie du milieu est ornée de reliefs en bronze représentant, de grandeur naturelle, les principales illustrations militaires, politiques et scientifiques du règne de Frédéric ; aux quatre angles de la partie supérieure sont placées les statues de la Tempérance, de la Justice, de la Force et de la Prudence, entre lesquelles sont huit basreliefs allégoriques, rappelant divers épisodes de l’histoire de Frédéric le Grand, depuis sa naissance jusqu’à son apothéose.

Après avoir passé devant ce monument, en tournant le dos aux Tilleuls, on arrive à la place de l’Opéra, que bordent les bâtiments de l’Université, la Bibliothèque royale et l’Opéra, derrière lequel se dresse l’église de Saulte-Hedwige, À la suite de cette place vient celle de l’Arsenal, au bord de laquelle s’élèvent l’édifice de ce nom, l’ancien Palais du roi et le Corps de garde du roi. En face de l’arsenal sont les statues de Bliïcher, du général York et’de Gneisenau, fondues toutes trois en bronze d’après les modèles de Rauch. D’autres places méritent encore l’attention : celle de la Belle-Alliance, à laquelle vient aboutir la grande rue de Frédéric, près de la porte de Halle, est ornée d’une colonne de 20 m. de haut surmontée d’une statue de la Victoire. Le sculpteur Fischer a exécuté quatre groupes allégoriques en marbre, destinés à compléter ce monument, auquel on donne le nom de Colonne de la Paix. La place Guillaume {Wilhelmplatz) est ornée des statues du prince Léopold de Dessau, général en chef de l’armée prussienne, et des principaux généraux de la guerre de Sept ans. La place des Gendarmes (Gens d’armenmarkt), sur laquelle s’élève le théâtre Royal, entre l’église Neuve et l’église des Français, a été décorée récemment des statues dé Schiller et de Gœthe. Sur la place triangulaire située derrière l’Académie d’architecture, on a érigé, en 1850, la statue de l’agronome Albert Tnaer, dernière production du ciseau de Rauch, et, en 1861, la statue du conseiller Beuth, modelée par Kiss. La statue de Schinkel doit compléter la décoration de cette place.

’Le Lustgarden (jardin de plaisance) est un vaste square, situé au centre de la ville, dans une île formée par la Sprée ; il est entouré de la cathédrale, du Château royal, de la Bourse et du Musée. Le Pont du Château (Schtossbrùcke), bâti de 1822 à 1824, relie ce jardin à la place de l’Arsenal ; il a 35 mètres de large et 52 mètres de long ; on l’a décoré, en 1853, de huit groupes allégoriques, en marbre, de Mi590

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nerve et de la Victoire. Un autre pont, appelé le Pont-Long (Langebrùcke) ou le Pont de l’Electeur, met l’île de la Sprée en communication avec, la rue Royale (Kamigestrasse), la plus animée des rues de la rive gauche ; il est orné d’une statue équestre de l’électeur Frédéric-Guillaume, œuvre remarquable de

Schliiter, fondue par JacoVi en 1700, et inaugurée en 1703. Les autres ponts de Berlin, au nombre de plus de vingt, n offrent rien d’intéressant ; le plus long est le Pont de Frédéric, qui a 80 mètres de longueur.

Les Tilleuls, le Lustgarden et le jardin de Monbijou, dont nous reparlerons plus loin, sont à peu près les seules promenades publiques que renferme Berlin ; quoique fort agréables, elles sont loin de pouvoir soutenir la comparaison avec les grands pares ou jardins de Paris et de Londres. Mais aux portes même de la ville se trouve un vaste parc, sans cesse agrandi et embelli, qui a reçu le nom de Thiergartën ou Jardin des animaux, parce que, au xvie siècle, époque où il venait jusqu’à l’arsenài, il contenait des cerfs et d’autres animaux. Le Thiergartën, borné d’un côté par la Sprée et de l’autre par la route de Potsdam, s’étend des portes de Brandebourg et de Potsdam jusqu’à la jolie petite ville de Charlottenbourg. Il est coupé par de nombreuses allées et égayé par une foule de restaurants et de cafés-concerts, dont le plus remarquable est le Théâtre de Kroll, qui peut contenir 5,000 personnes dans ses diverses salles, et où deux mille convives peuvent dîner a l’aise sans gêner la circulation. Les autres endroits du Thiergartën qui méritent d’être cités sont les places d’Apollon et de Flora, le pont des Lions, le bassin des Poissons d or, les îles Louise et Rousseau. L’île Louise renferme un petit monument érigé en l’honneur de la reine de ce nom, en 1809 ; il est dû à Schadow. Près de cette île, les Berlinois « reconnaissants » ont élevé, en 1849, une statue

de marbre à Frédéric-Guillaume III. Cette statue, plus grande que nature, fait honneur au sculpteur Drake ; les bas-reliefs du piédestal, qui représentent des jeunes filles et des enfants qui tiennent des guirlandes, cueillent des fruits et gambadent sous des arbres, sont d’une grande beauté. Le Jardin zoologiqvje, situé a l’extrémité, du Thiergartën, ne date que de 1844 ; il a été fondé par le naturaliste Lichtenstein, mort en 1858, et dont le buste décore l’entrée de l’établissement. Berlin a aussi un Jardin botanique, qui ne contient pas moins de trente et une serres, où l’on compte plus de vingt mille espèces de plantes ; ce jardin est situé sur la rue de Potsdam, près de Scheeneberg, a trente minutes de la ville.

La seule éminence des environs de Berlin est une colline de sable qu’on appelle le Kreuzberg, à quinze minutes de la porte de Halle. Cette colline, d’où l’on découvre toute la ville, est couronnée par le Monument national (National Denkmal) que Frédéric-Guillaume III a fait ériger, en 1818, en souvenir des guerres de 1813 à 1815. C’est un obélisque gothique, en fonte, de 23 mètres de haut, dont Schinkel a donné le plan, et dont les statues et les ornements ont été modelés par Rauch, Tieck et Wichroann. Les douze statues qui entourent l’obélisque personnifient chacune le génie d’une bataille : Gross-Goerchen et Leipzig ; Paris et la Belle-Alliance (Waterloo) ; Culm et Dennewitz ; Wartenburg et la Rothière ; Bar-sur-Aube et Laon ; Gross-Beeren etKatzbach.

— Edifices religieux. Berlin n’est pas riche en monuments religieux. La Cathédrale (Domkirche ou Hofkirché), située près du Lustgarten, a été bâtie par Frédéric III, en 1748. On y remarque : le tableau du maître-autel, représentant la Descente du Saint-Esprit, par Bégas ; les fonts baptismaux en marbre blanc, par Rauch ; le sarcophage en bronze de l’électeur Jean Cicéron, par J.Adam Vischer, de Nuremberg ; les tombeaux du grand électeur et de Frédéric Ier, et ceux de leurs épouses, Charlotte et Dorothée. On a construit récemment, à côté de la cathédrale, un campo-santo destiné aux sépultures royales : les portiques de cet édifice ont été décorés par Pierre de Cornélius de fresques célèbres, représentant des scènes apocalyptiques. V. Apocalypse (scènes de 1’) et Cornélius.

L’église de Sainte-Marie date du xme siècle : 1 intérieur en a été restauré dans le goût moderne, en 1818 ; le clocher, reconstruit en 1700, a 95 mètres de haut. L’église Saint-Nicolas a été construite au xn° siècle, mais l’intérieur a été aussi restauré dans le style moderne ; on y voit le tombeau du célèbre Puffendorf, mort à Berlin en 1690. La Nouvelle église et l’église des Français sont toutes deux de la même forme et sont ornées chacune d’une belle tour. L’église de la Garnison, bâtie en 1722, renferme des peintures de Rode représentant la mort de quelques généraux de la guerre de Trente ans ; le tableau du maître-autel est de Bégas. L’église catholique de Sainte-Hedwige a été construite sur le modèle de la rotonde de Sainte-Marie, à Rome ; la coupole est décorée des statues en pierre des douze apôtres, par Ebenheeht. L’église du Werder, ainsi nommée parce qu’elle s’élève sur le marché Werder, a été bâtie de 1824 à 1830, d’après les plans de Schinkel. Elle a deux tours de 48 mètres de haut. On remarque à l’intérieur les fonts baptismaux sculptés par Rauch, le tableau du maitre-autel par Bégas, les Quatre évangélistes par Sha BÈRL

dow. Los églises de Saint-Jacques et de Saint-Matthieu ont été achevées en 1846 -, la première est dans le style de la basilique ; la seconde, construite avec beaucoup de coquetterie dans le Thiergartën, a été surnommée par les Berlinois la Petite maison d’été du bon Dieu. L’église de Saint-Pierre, construite sous la direction de Strack et terminée en 1856, a cinq tours, une grande et quatre petites. L’église catholique de Saint-Michel, commencée il y a quelques années, est construite en briques dans le style byzantin ; au-dessus du transsept s’élève «n dôme élégant, à nervures dorées ; le chœur, les chapelles, les bras de la croix sont éclairés par des fenêtres et des rosaces du meilleur style.

— Palais. Le Château royal (Kœnigliches Schloss) est un vaste bâtiment rectangulaire, de 153 mètres de long sur 92 mètres de large. Il 0 34 mètres de hauteur, y compris la balustrade en pierre qui le couronne. Il a quatre étages, quatre cent vingt fenêtres, six cents pièces, dix-huit entrées, quatre cours intérieures, dont deux, situées du côté de la rivière, ne sont jamais Ouvertes au public. Commencé par l’électeur Frédéric II, cet édifice fut achevé une première fois en 1716. Depuis, il a été agrandi et modifié à diverses reprises. La façade qui regarde le Lustgarten a deux portails ouvrant sur des terrasses-jardins, qui ont été construites il y a

une quinzaine d’années. À droite et à gauche du portail oriental, sont deux sculptures de Schliiter : la Justice et Vénus et l’Amour. Les terrasses sont décorées d’une colonne de marbre surmontée d’un aigle doré et de deux groupes en bronze, de Clôt, fondus à Saint-Pétersbourg et donnés, en 1841, par l’empereur Nicolas au roi Frédéric-Guillaume [V. Ces groupes, qui représentent des hommes domptant des chevaux, ont été désignés ironiquement par les libéraux de Berlin sous les titres de : Gehemmter Fortschritt (le Progrès arrêté) et Befœrderter Rùckschritt (la Reculade encouragée). Le grand portail de la façade occidentale, qui est l’entrée principale du château, est un véritable arc de triomphe, bâti en 1712 par l’architectéEosander, à l’imitation de l’arc de Septime-Sévère. Au-dessus de ce portail s’élève, jusqu’à une hauteur de 75 mètres, la belle coupole de la chapelle du château, terminée en 1856 par Schlùter et Schadow. Cette coupole est ornée de marbres précieux et de fresques où sont représentés, à côté de scènes bibliques, des personnages éminents de tous les pays et de toutes les époques, entre autres Jean Huss et Luther. D’après une vieille tradition, le château est hanté par un fantôme appelé la Dame blanche, qui ne fait son.apparition que pour annoncer la mort d’un membre de la famille royale. La présence de cette fée de mauvais augure n’empêche pas le roi de résider dans ce palais, qui renferme, en outre, au rez-de-chaussée, les chambres de la trésorerie, de l’argenterie, du maréchalat de la cour, du Conseil d’État, du ministère d’État et des archives. Les seules pièces qui soient dignes d’intérêt sont la Salle du Trône ou des Chevaliers (Rittersaal), la Salle Blanche (Weisser saal) et ta Galerie des tableaux. Dans la salle du Trône, qui a vue sur le Lustgarten, on remarque : le plafond, où sont représentés allégoriquement les exploits de Frédéric Ier ; le trône, dont le siège est en argent et dont le dais est orné d’aigles et de couronnes ; un buffet, chargé de vaisselle du. moyen âge en or et en argent ; un beau lustre en cristal de roche, présent de Georges IV, roi d’Angleterre, à Frédéric-Guillaume III. La Salle Blanche, qui a été restaurée à grands frais, il y a une dizaine d’années et qui doit son nom à la couleur dominant dans sa décoration, a 35 mètres de long, 27 mètres de large et 13 mètres 6G de haut. Elle est coupée, vers chacune de ses extrémités, par une rangée d’arcades superposées. Les chapiteaux des colonnes sont argentés. Le plafond est ^soutenu, aux quatre angles, par les figures allégoriques de 1 Amour, de la Gloire, de la Paix et de la Foi, sculptées en relief. D’autres bas-reliefs décorent les archivoltes des arcades inférieures ; ce sont, d’un côté, la Philosophie, l’Astronomie, les Mathématiques, la Jurisprudence, la Stratégie, .la Poésie, la Peinture, la Sculpture et 1 Architecture ; de l’autre, la Mécanique, la Navigation, le Commerce, la Culture des jardins et de la vigne, l’Élève du bétail, les Arts du tisserand, du fondeur et du mineur. Enfin, dans les frises de la corniche sont sculptés en relief les portraits des principaux personnages du temps des derniers électeurs. Une belle Victoire assise, en marbre de Carrare, sculptée par Rauch, et les statues, également en marbre, des douze électeurs de Brandebourg et des huit provinces de la Prusse, complètent la décoration de cette salle, où le parlement prussien

— a tenu ses séances du 11 avril au 26 juin 1847. La galerie des tableaux, beaucoup plus riche autrefois, avant que le roi en fît transporter les meilleures toiles au musée, offre encore : les portraits de Charles Ier, d’Henriette d’Angleterre et de Pierre le Grand, par Van-Dyck ; le portrait de Soliman III par Liévens ; Mars et Vénus, la Verlu quittant la terre, par Rubens ; le Mariage de sainte Catherine, par Jules Romain ; Bonaparte passant le SaintBernard, par David ; le Grand électeur à la bataille de Fehzbellin, par Eybel ; l’Electeur Joachim défendant le landgrave de Hesse contre le duc (l’À Ibe, par Rosenfelder ; la Près-

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tation du serment au roi, en 1840, par Kriiger ; les Anabaptistes prisonniers devant iévêque de Munster, par Schorn ; diverses scènes militaires et historiques, par Kretzschmar, Kayser, Stilke, Menzel, Bûrde ; des portraits par Gérard, Dawe, Ternite, etc.

Les autres résidences royales de Berlin sont : l’ancien Palais du roi (Kœnigliche Palais), bâti au xvn<s siècle sous le grand électeur ; Frédéric-Guillaume III l’a habité pendant près d’un demi-siècle et y est mort en 1840 ; le palais du prince Charles (ancien palais de l’Ordre de Saint-Jean), ~qui renferme une belle collection d’armes ; le palais du prince de Prusse, construit de 1835 à 1836, par Langhaus, et embelli récemment du côté des jardins par une élégante colonnade ; le palais du prince Albert, bâti en 1735 et restauré par Schinkel en 1832 ; le palais de Monbijou, édifice mesquin, situé sur la rive droite de la Sprée, au milieu d’un beau jardin ; le château de Bellevue, situé à une petite distance de la ville, dans le Thiergartën, sur la rive gauche de la Sprée ; il contient une collection de tableaux modernes, dont les plus remarquables sont : Jérémie pleurant sur les ruines de Jérusalem, de Bendemann ; Samson faisant écrouler les colonnes du temple, de Hubner ; l’Enlèvement d’Hylas, de C. Sonn ; le Christ et la Samaritaine, de W. Hensel ; la Prédication des Hussites, de Lessing ; le Pêcheur et l’ondine, de J. I-Iùbner ; l’Amour, Adam et Eve en présence du cadavre d’Abel, de C. Bégas ; des Pifferari, de Catel ; une Jeune Mauresque, de Klaine ; des marines, des paysages, des vues de villes, des vues architecturales, de W. Schirmer, Beckmann~ C.

Rundt, Schèuren, Schmidt, Eichhorn, Hasenpflug, Z. Kessler, Brizzi, Fiedler, Ph. Hackert, Friedrich, etc.

—Etablissements militaire*. Berlin, avODSnous dit, n’a ni remparts, ni forteresses ; mats tout y parle de guerre. » À voir cet arsenal qui s élève en face de ce musée, dit M. Marinier, ces canons alignés près de l’Académie, ces officiers, qu’on rencontre à chaque pas en grand uniforme, ces parades perpétuelles et ces troupes à pied et à cheval qui, pour faire leurs exercices, envahissent jusqu’aux allées du parc, on sent qu’il y a là un esprit martial, plus puissant encore que l’esprit scientifique. Le plan même de la ville et les principales œuvres d’art qui la décorent portent comme une empreinte de rêves belliqueux. Quand on regarde ces longues rues rangées symétriquement en droite ligne, on dirait des régiments de maisons prêtes à s’ébranler au premier roulement de tambour, à se mettre en marche avec ces compagnons de Frédéric le Grand et avec ces guerriers de 1813 qui, du haut de leur piédestal de marbre, semblent encore lancer dans les airs leur cri de guerre. Oui, il y a là une sorte de rêve instinctif d’un plus large pouvoir, une préparation à un plus glorieux avenir...»

L’Arsenal, situé sur la place à laquelle il a donné son nom, en face de l’ancien palais du roi, est regardé généralement comme le plus bel édifice de Berlin. Nous en avons donné la description au mot Arsenal.

Le Corps de garde du roi (Kœnigswache ou Neue Waché), situé à côté de l’Arsenal, a été bâti, en 1818, sur le modèle d’un castrum romain, d’après un dessin de Schinkel. Il est orné, de chaque côté, des statues en marbre des généraux Scharnhorst et Bulow de Dennewitz, hautes de 2 m. 66, par Rauch.

L’Hôtel des Invalides (Invalidenhaus), construit par Frédéric II, en 1748, peut loger 1 commandant, 24 officiers et 600 soldats. Le bâtiment principal renferme une chapelle catholique et une chapelle évangélique. Dans le jardin, on a terminé, en 1852, un monument (National Krieger Denkmal) érigé en mémoire des militaires tués dans les journées de mars 1S48 ; c’est une colonne de 39 in. 33 de haut, couronnée par un aigle dont les ailes déployées ont une envergure de 8 m. 50. On arrive au sommet par un escalier de 199 marches. La partie inférieure de cette colonne est décorée de hauts-reliefs, d’Albert Wolff, représentant : « la Prusse consolant les familles des héros défunts et recevant la soumission de ses ennemis vaincus », et « Minerve couronnant le guerrier de retour dans sa patrie. «

Parmi les autres établissements et instituts militaires de Berlin ; nous citerons : l’École d’artillerie et du génie, située sous les Tilleuls ; l’école des Cadets (Cadettenhaus), fondée en 1716 pour les fils d’officiers, et oùl’on conserve l’épée de Napoléon ; conquise près de Jemmapes, par Bliicher ; l’Institut de Frédéric-Guillaume, appelé autrefois la Pc’ptritère et destiné à former des médecins et des chirurgiens militaires, etc. ; laFonderie royale de canons, derrière l’Arsenal, un des plus anciens bâtiments de Berlin.

— HAtei* des services publics. — Etablissements d’industrie et de commerce. — L’ancien Hôtel de ville, situé dans la rue Royale, n’a rien de remarquable. On construit, pour le remplacer, un bel édifice en style roman, d’après les dessins de M. Wasemann. La première pierre a été posée en 1861.

Les bâtiments dans lesquels siègent les divers tribunaux de Berlin sont insignifiants. Les plus importants de ces tribunaux sont : le Geheime Obertribunal, la plus haute cour de justice de la monarchie prussienne -, le Kammergericht ou Tribunal d’appel, haute cour

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de justice fondée en 1516 par l’électeur Joachim ; la Cour criminelle (Criminalgeriohi) ;• la Cour de cassation et de révision des provinces rhénanes, etc.

Les prisons sont au nombre de six. La seule qui soit digne d’intérêt, au point de vue architectural, est la Prison d’État (Staatsge faengniss), construite par M. Busse, près de Ta porte Neuve. De la salle centrale, surmontée d’une coupole, partent quatre ailes à trois étages, qui renferment 503 cellules.

L’Hôtel des monnaies (Munzegeboende) a été bâti sur le marché Werder par Gentz. Lo bas-relief deyla façade est l’ouvrage des élèves de Schadow.

La Manufacture royale de porcelaines (Kœnigliche Porzellan Manufakture), fondée en 1743 par W.-G. Wégélé, agrandie en nei par le banquier Gutzkowski, achetée en 1703 par Frédéric II, a reçu depuis des accroissements et des embellissements notables. Elle occupe • actuellement envjron 500 ouvriers et fabrique par an de 700,000 h 800,000’piqces. Celte, manufacture, une des plus célèbres de l’Europe, n’a point de subvention ; elle doit, au contraire, fournir un minimum de 20,000 thalers par an de bénéfices à l’État. C’est une véritable académie de céramistes et de peintres sur porcelaine. Ses produits jouissent d’une réputation méritée pour la finesse et l’élégance de leurs décors. C’est dans cet établissement qu’ont été inventées la fabrication du tulle et de la dentelle de porcelaine ; la lithophanie, qui consiste à produire toutes sortes de dessins ombrants sur plaques de porcelaine-biscuit non émaillées, par les épaisseurs graduées ; la lithogéognosie ou art d’imprimer des gravures sur cuivre et coloriées sur lapoterie. Cette dernière invention est due, suivant M. Demmin, au célèbre docteur Pott (1692-1777), qui trouva, aux environs de Berlin, le kaolin, qui permit l’établissement de la Manufacture royale de porcelaine. Une des. plus belles œuvres connues de cette fabrique est le magnifique service dont le roi de Prusso fît présent au duc de Wellington, en 1818.

La Bourse, située sur le Lustgarten, est en voie de reconstruction. Le sculpteur Bégas a fait le modèle du fronton représentant la Prusse accueillant l’industrie, le commerce, la navigation et l’exploitation des mines.

La Banque, fondée en 17G5 par Frédéric II, est une banque de dépôt, de prêt et d’escompte. L’édifice affecté à cette institution est insignifiant.

— Établissements utiles et de bienfaisance.

Les principaux hôpitaux de Berlin sont : la Maison des diaconesses (Diakonissenhaus’ou Bethanien), construite dans le style byzantin, par Stein, de 1845 à 1847, établissement modèle desservi par 60 diaconesses et pouvant contenir 350 malades ; la Charité, hôpital général pouvant recevoir environ 1,000 malades et dans lequel est établi un service spécial pour les aliénés ; l’Hôpital de Frédéric-Guillaume, près de la porte de Landsbeig, pouvant contenir environ 600 malades ; l’Hôpital catholique de Saint-Hedmigs, desservi par des sœurs de charité et renfermant environ 250 lits. Il est construit en style gothique et a été terminé en 1854. Nous mentionnerons encore parmi les établissements utiles et de bienfaisance : l’Institut des aveugles ; l’institut royal des sourds et muets ; l’Institut destiné à venir en aide aux bourgeois de Berlin tombés dans la misère, etc.

— établissements littéraires, artistiques

et aciemlflques. h’Université de Berlin, à laquelle on donne généralement le nom d’Université de Frédéric-Guillaume, a été fondée en 1809 et inaugurée en 1810 ; elle compte environ 100 professeurs titulaires et plus de 50 professeurs agrégés ou particuliers (privât docenten) et près de 2,000 étudiants. Elle occupe, sur la place de l’Opéra, l’ancien palais du prince Henri, frère de Frédéric II, bâti de 1754 à 1766 par Boumann et complètement restauré en 1844. C’est un bel édifice à trois étages avec deux ailes latérales formant ’ avant-corps. Dans la grande salle ou aula, on voit les bustes de Fichte, de Schleiermacher, de Hufeland, de Hegel, de Frédéric II et de Frédéric-Guillaume III. Les collections que renferme l’Université de Berlin sont très-riches. Le Musée anatomique, formé en 1803 par le roi Frédéric-Guillaume III, qui acheta 100,000 thalers la collection du docteur Walter, a été considérablement accru depuis par le docteur Rudolphi ; lo Musée soologique, situé dans l’aile gauche du palais do l’Université, se compose de l’ancien cabinet d’histoire naturelle qui se trouvait au Château royal et des collections de MM. Herbst, Gerresneim, de Hoffmansegg et Wildenowj’le Cabinet de minéralogie, formé d’abord par la direction des mines, puis enrichi par les collections de Eerber et de Klaproth et par les dons de nombreux savants, offre, entre autres curiosités : un morceau d’ambre, le plus gros que l’on connaisse, pesant près de 7 kil. et valant 10,000 thalers ; un morceau de platine pesant 1,088 grains ; des topazes de deux couleurs et une magnifique opale, rapportée d’Amérique par Al. de Humboldt.

Le même bâtiment, sous les Tilleuls, renferme l’Académie des sciences et l’Académie des beaux-arts, fondées, la première en 1700, d’après le plan de Leibnitz, par Frédéric Ier, la seconde en 1701. Cet édifice n’a rien de bien remarquable. Dans la fenêtre qui se troiwp au milieu de la façade se trouve une hurBERL

loge appelée Normaluhr (régulateur), parce qu’elle règle toutes les horloges officielles du royaume.

"L’Académie d’architecture, appelée encore l’École de génie, occupe un bâtiment en briques rouges bâti par Schinkel, en L835. Elle possède une précieuse collection de tableaux, dessins, esquisses et projets de ce célèbre architecte.

C’est par Schinkel qu’a été construit, en 1835, à la demande de A. de Humboldt.l’Oêservatoire de Berlin. La construction de la coupole tournante est remarquable.

h’Académie de musique occupe un bâtiment construit, de 1825 a 1826, aux. frais de ses membres, par l’architecte Ottmer. Cet édifice forme un carré de 47 mètres de long et de 20 mètres de large. La salle de concert a 28 mètres de long, 14 mètres de large et 10 m. 50 de haut. La société qui compose l’Académie se compose de 500 membres.

Le théâtre de l’Opéra (Opernhaus) a été fondé par Frédéric II en 1740. L’édifice, terminé en 1743, a été détruit, cent ans plus tard, par un incendie. La nouvelle salle, reconstruite d’après les plans de Langhaus.par ordre de Frédéric-Guillaume IV, a été inaugurée, en 1844, par la première représentation du Camp de Silésie de Meyerbeer. Le théâtre, dans son ensemble, a la forme d’un temple grec. Il mesure 88 mètres de long, 35 mètres de large et 24 mètres de haut, y compris la toiture. La.- façade principale est décorée de six colonnes d ordre corinthien qui supportent un fronton surmonté des statues d’Apollon, d’Euterpe et de Terpsichore et dans lequel Rictschel, de Dresde, a sculpté en relief la Poésie, la Peinture et la Sculpture. Au-dessous sont quatre autres bas-reliefs mythologiques et, dans des niches, les statues de Sophocle, d’Euripide, d’Aristophane et de llénandre. La façade postérieure a son frontqn couronné par les statues des trois Grâces et orné d’un basrelief représentant Orphée attirant les animaux par le son de sa lyre. Quatre autres bas-reliefs mythologiques et les statues de Haute, de Térence, de Varus et de Sénèque complètent la décoration de cette façade. Les lianes de l’édifice, auxquels sont adossés des pilastres corinthiens, présentent diverses sculptures en relief dont les sujets sont empruntés à la fable, les statues de six Muses et celles des six grands poëtes de l’antiquité : Homère, Anacréon, Pindare, Virgile, Horace et Ovide. La salle de spectacle a quatre rangs de loges et peut contenir deux mille personnes. Le plafond, peint par Schoppe, représente l’entrée d’Apollon dans l’Olympe. La loge royale, dont le plafond a été peint par Klœher, est située en face de la scène. Huit statues allégoriques, par Wichmann, décorent les loges d’avant-scène. L’Opéra de Berlin est relié à une salle de concert, de 33 mètres de long sur i~ mètres environ de large et 10 mètres de haut.

Le Théâtre royal (Kcenigliclms Sehans•pielhaus), où l’on joue alternativement des

pièces allemandes et françaises, a été bâti par Schinkel, de 1S10 à 1820. Il a 83 mètres de long et 43 mètres de haut, y compris le groupe de l’Apollon qui le couronne. La façade, ornée de sculptures par. Tieck, a un péristyle formé de 6 colonnes ioniques cannelées. On y arrive par un escalier de pierre, de 28 marches. Dans la salle, 2,500 personnes peuvent trouver place. Les peintures du plafond, représentant les Muses et le Triomphe de Bacchus, sont de Wach et de Schadow.

Les autres théâtres principaux de Berlin sont : le Théâtre de Frédéric-Guillaume, construit par MM. Titz et Shulz, de 1849 à 1850, et pouvant Contenir 1,600 personnes ; le Théâtre Victoria, bâti en 1858 ; le Théâtre municipal du roi (Kœnigstœdtiscnes Theater), construit de 1823 a 1824, par Ottmer ; le Cirque, vaste édifice élevé en 1855 et pouvant contenir plus de 3,000spectateurs ; le Théâtre de Kroll, dans le Thiergarten, dont il a été parlé plus haut, etc.

La Bibliothèque royale a été bâtie en 1780, sous Frédéric H, qui prescrivit, dit-on, à l’architecte de prendre une commode pour modèle. C’est une construction fort peu remarquable. En revanche, les collections qu’elle renferme sont très-riches ; elles se composent de plus de 650,000 volumes imprimés et de 11,000 manuscrits. Parmi les curiosités, de cette bibliothèque, on cite : un manuscrit des quatre évangélistes, du rxe siècle, appelé Codex Witlekindi, parce qu’il fut, dit-on, donné k Wittekind par Charlemagne ; de nombreux manuscrits arabes du xne au xixe siècle ; la Bible de Gutenberg, le premier livre qui ait été imprimé avec des caractères mobiles ; des manuscrits de Luther, de Mélanchthon. du grand Frédéric, de Schiller, de

Gœttie, etc. ; des miniatures de L. Cranach ; trente-six volumes de portraits gravés de personnages célèbres, avec des autographes, etc.

Le Musée royal, construit de 1824 à 1830, d’après les dessins de Schinkel, a 92 mètres de long, 59 mètres de large et 20 m. 50 de haut. Il porte cette inscription : Frid. Guil. III. studio antiquitatis omnigence et artium liberalium Muséum constitua 1828. Devant l’entrée se trouve un bassin de granit, de 7 m. 33 de diamètre, qui a été creusé et poli, à l’aide d’une machine à vapeur, dans un bloc énorme provenant de Furstenwalde, à dis heures environ de Berlin. Un escalier de 21 marches,

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large de 30 m. 33, conduit au vestibule du musée ; il est décoré de deux beaux groupes en bronze représentant, l’un une Amazone à cheval combattant contre un tigre, chef-d’œuvre de Kiss, l’autre un Homme à cheval luttant contre un lion, par Albert Wolf. Le vestibule, dont la voûte est soutenue par dix-huit colonnes, est orné de fresques peintes sous la direction de Cornélius, d’après les dessins de Schinkel. « Les Allemands, dit M. A. Joanne, admirent un peu trop ces peintures sur la parole de certains critiques qui poussent jusqu’aux dernières limites la haine de la couleur et la passion du fantasque. La question d’art mise de côté, elles ont l’impardonnable défaut de ne pouvoir se comprendre sans de longues explications, presque toujours insuffisantes. Leur but général, philosophique, est d’illustrer l’histoire de la formation de l’univers et du développement intellectuel de l’humanité. > Le Musée renferme trois grandes

collections : la Galerie des antiquités ou Antiquarium ; la Galerie de sculpture ; la Galerie de tableaux.

La Galerie des antiquités ou Antiquarium renferme : plus de 2,000 vases antiques provenant pour la plupart de l’Italie centrale et méridionale, de la Grèce et des îles Ioniennes ; plus de 5,000 camées ou pierres gravées, au nombre desquelles figurent celles de la célèbre collection Stosch, décrites par Winckelmann ; un vaste médaillier, comprenant environ 90,000 pièces, de toutes les époques et de toutes les contrées ; des terres cuites, des verreries, des armes, de petits bronzes et quelques mosaïques, etc.

La Galerie de sculpture comprend plusieurs salles dont la principale est une vaste rotonde éclairée par le haut et qui domine tout le bâtiment. Au centre de cette rotonde s’élève

une statue en bronze de Frédéric-Guillaume III en empereur romain, par Kiss. La coupole est décorée par les signes du zodiaque. Neuf tapisseries, fabriquées à Arras au commencement du xvie siècle, d’après les fameux

cartons de Raphaël, ornent les parois de l’étage supérieur (V. AraZZi). Les sujets qu’elles représentent sont : la Mort d’Ananios, Faites paitre mes brebis, Saint Paul et saint Barnabe à Lystre, Elymas privé de la vue par saint Paul, la Conversion de saint Paul, la Prédication de saint Paul à Athènes, la Lapidation de saint Étienne, la Pèche miraculeuse, la Guérison des paralytiques. Les plus belles antiques de la galerie de Berlin sont : dans la rotonde, un beau vase de malachite, deux Victoires, deux Faunes, les statues de Minerve, de Junon, de Polymnie, de Mercure ; dans la Salle des Dieux et des Héros, un basrelief représentant Ariane et Bacchus, Bacchus enfant, deux Bacchantes, une Niobide, Pan, Ganymède, Antinous, Héro, Vénus, Méléagre, un groupe composé d’une Nymphe et d’un Satyre, Apollon Musagète, trois autres Apollon et u*n Enfant priant, bronze exquis, trouvé dans le Tibre et acheté 12,000 thaleia par Frédéric II ; dans la Salle Impériale, une Victoire en bronze, César, Vitelhus, Antonin le Pieux, -Julia Pia, Trajan, Marc-Àurèle, une Femme faisant une offrande, un Trâne en marbre blanc ; dans la Salle des sarcophages, dos tombeaux étrusques, des urnes romaines et divers fragments antiques. Une salle de la galerie renferme des sculptures du moyen âge et des temps modernes ; dans le nombre, on remarque : une Madone, par Donatello ; Saint Jérôme ; Dieu le Père ; Saint Jean-Baptiste ; Ottavio Grimanni, procurateur de Saint-Marc, en terre cuite ; Corne de Mëdicis, relief en marbre blanc, par Andréa Verrocchio ; un autel, de Luca délia Robbia ; une Vénus endormie ; une statue à’Hébé, de Canova ; Mercure, de Pigalle, etc.

La Galerie de tableaux, placée sous la direction du savant professeur Waagen, occupe 37 salles au premier étage du muséum. Elle comprend environ 1,300 tableaux provenant des collections formées par Frédéric II dans ’ les palais royaux de Berlm, de Sans-Souci et de Charlottenbourg ; de la collection Giusti■niani, de Venise, achetée en 18151 ; de la galerie d’un marchand anglais nommé Édouard Solly, achetée en 1821, et de diverses acquisitions faites principalement en Italie sous Guillaume III. Les écoles italiennes sont représentées par un très-grand nombre d’ouvrages, parmi.lesquels nous citerons : une Madone, la Descente du Saint-Esprit et un Miracle de saint François, de Giotto ; une Vierge glorieuse, de Taddeo Gaddi ; Saint Laurent et sainte Catherine, et une Madone entourée de. saints, d’Agnolo Gaddi ; l'Annonciation, de Ta(’deo di Bartola ; le même sujet et un triptyque dont le sujet central est la Madeleine entre saint Laurent et saint Jérôme, par Lorenzo Camaldolense ; une Pieta et un Saint Jérôme, d’Andréa del Castagno ; une Madoneentourée de saints, de Gentile da Fabriano ; une Vierge glorieuse entre saint Dominique et saint Pierre martyr, saint François, saint Dominique, de Fra Angelico de Fiesole ; un Jugement dernier, que l’on attribue à la collaboration de Fra Angelico et de Cosimo Roselli ; la Vierge, l’Enfant Jésus et saint Jean et une Madone entourée de saints, de Cosimo Roselli ; la Vierge adorant l’Enfant Jésus couché sur des fleurs, Dieu le Père couronnant la Vierge, de Fra Filippo Lippi ; le portrait de Lucrezia Tornabuoni, une Madone entourée d’anges, une autre Madone entre saint Jean-Baptiste et saint Jean l’évangéliste, de Sandro Botticelli ; le portait d’une jeune femme, Saint

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Vincent Ferrier, saint Antoine, deux Vierges glorieuses, de Domenico Ghirlandajo ; le Jugement dernier, de Domenico et de Davide Ghirlandajo ; une Madone entourée d’anges et de saints, de Domenico Ghirlandajo et de Francesco Granacci ; l’Adoration des mages,

Vierge à genoux dorant l’Enfant Jésus, une Madeleine pénitente, de Lorenzo di Credi ; deux volets de triptyque sur lesquels sont figurés divers saints, par Luca Signorelli ; une Sainte Famille, d’Andréa Verrocchio ; une

Vierge glorieuse entourée de saints et un Calvaire, de Raffaellino del Garbo ; le portrait d’un jeune homme et une Madone, de Bastiano Mainardi ; la Présentation au. temple et le Christ au tombeau, de Lorenzo Costa ; une Pieta, et deux Vierges glorieuses, dont une est regardée comme un chef-d’œuvre, de Francia ; un Christ en croix, de Pietro-Francesco Saechi ; une Vierge entourée de saints, de Giovanni Santi, père de Raphaël ; deux Madones, d’une authenticité douteuse, du Pérugin ; neuf peintures attribuées à Raphaël, dont les plus remarquables sont une Adoration des bergers, peinte à. la détrempe sur soie et entourée de grisailles, une Madone appelée rfj casa Colonna, parce qu’elle aurait appartenu à cette famille de patriciens romains, la Vierge lisant et l’Enfant Jésus tenant un chardonneret ; deux Adorations des mages et le Christ au tombeau, de Garofalo. h’Assomption, œuvre capitale de Fra Bartolommeoj-le portrait de Pietro Aretino ; le Christ mort, le Christ en croix, d’après Michel-Ange, par Sêb. del Piombo ; la Vierge sur un trône environnée d’anges et de saints, chef-d’œuvre d’Andréa del Sarto ; le portrait de ce dernier, par Pontormo ; lu Découverte de la grossesse de Calislo, et des Amants surpris par une vieille femme, de Jules Romain ; une Assomption, de Ridolfo Ghirlandajo ; le Triomphe de Judith, le Christ mort soutenu par deux anges, le portrait d’un cardinal, d’Andréa Mantegna ;

Saint Sébastien, une Madone et un portrait d’homme, d’Antonello de Messine ; Saint Pierre bénissant saint Etiemme et plusieurs autres diacres, grande et belle composition de Carpaccio ; deux Pieta, le Christ bénissant, une Madone, de Giovanni Bellini ; une Madone, de Gentile Bellini, et la répétition des portraits de cet artiste et dé son frère Giovanni, qui sont au Louvre ; divers portraits, du Titien, du Giorgione, du Tintoret, de Gio-Battista Morone, de Gio-Girolamo Salvado ;

de Jacques et de Léandre Bassan ; le Christ devant’les Pharisiens, de Bonifazio ; une belle Madone entourée de saints, une Vénus, de Paris Bordone ; la Femme adultère, du Pordenone ; le Christ mort, de Paul Véronèse ; le Mariage de sainte Catherine, la Sainte Famille et plusieurs portraits de Palma le Vieux ; les Adieux du Christ à sa mère, saint Sébastien et saint Christophe, et un portrait (celui de l’artiste), de Lorenzo Lotto ; la Sainte Face, Lëda, Jupiter et lo, magnifiques ouvrages du Corrége ; une Madone et une Tète de Vierge, de Bernardino Luini ; la Vierge et l’Enfant Jésus, œuvre importante de Léonard de Vinci, achetée récemment en Angleterre ; Sainte Barbe, de Beltraffio ; une Madone entourée de saints, de Mazzolino ; le Bon Samaritain, de François Bassan ; Saint Pierre et saint Jean et le portrait de Corne de Médicis, par Vasari ; une Vierge glorieuse, de Sabbattini ; le même sujet, de Giulio Bugiardini ; le Baptême du Christ, du Bachiacca ; la Multiplication des pains et une Vénus, de Louis Carrache ; un beau paysage, un Calvaire et quatre figures d’apôtres, d Annibal Carrache ; Saint Jérôme, le portrait de Scamozzi, le Déluge et trois figures d’apôtres, du Dominiquin ; cinq figures dépêtres, de l’Albane ; la Fortune, l’Entrevue de saint Antoine et de saint Paul, du Guide ; l’Enfant Jésus endormi dans les bras de la

Vierge, du Guerchin ; la Mise au tombeau, Saint Matthieu, l’Amour triomphant des sciences et Hes arts, le Génie de la guerre triomphant de l’Amour, du Caravage ; le Songe de Joseph, de Giuliô-Césare Proeaccini ; Galatée, de Mola ; un Orage, une Cascade et un portrait par Salvator Rosa ; l’Assomption, de Carie Maratte ; l’Entrée d’un pape à Home, de Michel-Ange Cerquozzi ; Archimède et le Jugement de Paris, de Luca Giordano ; Saint Jean à Pathmos, de Carlo Dolci ; Saint Joseph et une Pieta, du Sassoferrato. Le contingent fourni par les écoles d’Italie comprend des peintures de plus de cent trente autres maîtres, dont beaucoup ne sont connus en France que de nom.

L’école espagnole n’a guère plus d’une quinzaine de tableaux dans la galerie de Berlin. Les plus remarquables sont l’Assomption, de Borruguete ; une Madone, de Morales ; un beau Saint Antoine de Padoue, provenant de la collection du général Fabvièr, et un Saint Dominique, de Murillo, auquel ou attribue encore une Madeleine, et un portrait d’une authenticité fort contestable ; deux portraits de Velasquez’ ; Saint Jérôme et le Martyre de saint Barthélémy, de Ribera ; un Moine franciscain et saint Pierre de Nolasque, provenant de la collection du maréchal Soult, et un Christ au prétoire, peinture énergique, de Zurbaran ; Charles II, à douze ans, de Juan Carreno ; l’Ane de Balaam, provenant de la collection de Louis-Philippe, une Sainte Agnès, admirablement conservée, et un portrait, d’Alonzo Cano, etc.

Parmi les tableaux de l’école française, nous citerons : les portraits d’Henri II et de Henri III, par Clouet ; l’Éducation de Jupiter,

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Junon confiant lo à la garde d’Argus, Artnide et Renaud, l’Histoire de Phaéion, de Nicolas Poussin : trois paysages du Guaspre ; le Triomphe de Silène, Hippolyte et Aride, du Lorrain ; un beau portrait du banquier Jabach, par Lebrun ; Saint Bruno, de Le Sueur ; le

fiortrait de Marie Mancini, par Mignard ; ceui du sculpteur Bogaert, par Rigaud ; un Combat de cavalerie, du Bourguignon ; une Jeune fille prenant une tasse de chocolat, de Jean-François de Troy ; les Plaisirs de la comédie française et les Plaisirs de la comédie italienne, deux délicieux pendants de Watteau ; une Jeune fille, de Greuze, et une figure du même genre, de sa fille Anna ; un Paysage, de Joseph Vernet ; divers ouvrages de Louis de Boulongne, Subleyras, Vouet, Valentin, Pesne, Vanloo, Lancret.

Les peintures de l’école allemande devaient tenir naturellement une place importante dans la galerie de Berlin. On attribue à maître Wilhelm de Cologne, qui florissait au xiv« siècle, un triptyque dont le panneau central est occupé par là Vierge et quatre saintes, et une vaste composition qui offre, en trente-quatre compartiments les principaux épisodes de l’histoire du Christ, depuis 1 Annonciation jusqu’au Jugement dernier ; un trente-cinquième compartiment contient les portraits du donateur du tableau, de sa femme et de ses deux filles. Les autres tableaux qui méritent plus particulièrement l’attention sont : un tableau à deux volets dont l’un représente l’Histoire d’Adam et d’Eve, l’autre, le Jugement dernier, par Jérôme Bosch ; un Crucifiement et une Madone, de Wohlgemuth ; un Ecce Homo et une Sainte Anne, de Zeitblom ; un portrait d’Albert Durer ; un Jugement dernier, d’Aldgrever ; le portrait du géographe Seb. Munster, par Amberger ; une

Lapidation de saint Étienne, de Hans Baldung Grien ; plusieurs Saints, de B. Beham ; d’excellents portraits, par G. Penez, Holbein, Barthélémy de Bruyn, Hans von Calear, Hans von Culmbach ; Diane et Apollon, Vénus et Cupidon, Hercule et Omphale, la Fontaine de Jouvence, divers portraits, entre autres ceux de Luther et de Mélanchthon, par. Lucas Cranach ; la Mort de Sénèque, de Sandrait ; un grand paysage avec bestiaux, d’Henri Roos ; une Tête de vieillard, d’un fini prodigieux, par Donner ; diverses peintures de Rugendan, Mengs, Angelica Kauffmann, Lingelbach, Kupetzky, Chodowiecky, Ruthart, Dietrich.

Les ouvrages de l’école flamande et de l’école hollandaise sont presque aussi nombreux que ceux de l’école italienne. Il faut citer, en premièréligne, les précieux volets qui accompagnaient autrefois le fameux tableau de l’Agneau mystique peint par les frères van Eyck (v. Agneau). Les autres peintures les plus intéressantes sont : une Tète de Christ, de Jean van Eyck ; le portrait de la nièce de. Talbut et trois volets datés de 1452, de Pieter Chris—tophsen ; Élie dans le désert, et la Pûqite des juifs, de Dierick Stuerbout ; un Crucifiement, d’Horebout ; une Annonciation, de van der Goes ; deux triptyques très-importants, dont les compositions centrales représentent la Nativité, de Rogicr van der Weyden ; une charmante figure de Jeune fille pesant des pièces d’or, Adam et Eve, Neptune ’et Amphitrite, l’Ivresse de Noé, de Jean Mabuse ; Vénus et Mars emprisonnés par Vulcain, de Frans Floris ; une jolie Madone, de Lambert Lombard ; un triptyque représentant le Jugement dernier, la Paradis et l’Enfer, de Lancelot Blondeel ;

Venus endormie, de van Orley ; Momus critiquant les ouvrages des dieux, de Hcmskerk ; le Christ apparaissant aux disciples sur le lac de Tibériade et Jonas précipité dans la mer, de Martin de Vos ; une Rixe, de Breughel le Vieux ; le même sujet et le Christ portant sa croix, de Pierre Bieughel le Jeune ; les Forges de

Vulcain et un Canal hollandais, de Breugliel de Velours ; le portrait d’Henri IV, par Pourbus le Jeune ; la Construction de la tour de Babel et un Effet du matin, de Paul Bril- la Tentation de saint Antoine, de Frans Francken le Jeune ; le Portement de croix, de Pierre Aertzen ; le Paradis terrestre, de Roland Savery ; la Résurrection de Lazare, œuvre importante, des Enfants nus et une Chasse aux cerfs, de Rubens ; le Christ raillé par des soldats, l’Enfant prodigue, la Madeleine, une Pieta avec un beau fond de paysage ; le portrait de Thomas de Carignan, daté de 1634, par van Dyck ; une Réunion joyeuse et Silène ivre, de Jordaens ; le Triompha de Galatée, de van Tulden ; Clélie fuyant devant Porsenna, de Diepenbeek ; un Combat d’ours et de chiens, de Snyders ; des intérieurs d’église de van Bassenet, d’Emmanuel de Witte ; la Mort de Socrate et le Christ au tombeau, do Juste Sustermans ; la Tentation de saint Antoine et un Alchimiste, de Téniers ; un beau paysage de Corneille Dubois ; Tobie aveugle, le Prince Adolphe de Gueldre menaçant son père qu’il retient prisonnier, et un portrait (celui de l’artiste), par Rembrandt ; un Evèque lisant, de Nie. Maas ; la Vocation de saint Matthieu, et un superbe portrait de rabbin, de Sal. Koning ; l’Expulsion d’Agar, de Govaert Flinck ; une J3o/témfemie et quelques beaux portraits, de F. Bol ; Mercure tuant Argus, et Fa Résurrection de la fille de Zaïre, de van Eeckhout ; Isaac bénissant Jacob, toile capitale de Jean Livensz ; la Délivrance de saint Pierre, de Honthorst ; d’excellents portraits, par Gerrits Cuyp, Frans Hais, Moreelse, Antonis-Moor ; van der Helst, van Tempel ;

Bethsabée au bain, de Cornelis de Harlem : 592

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une Forêt de chênes, chef-d’œuvre, d’Hobbema ; deux bons paysages de Salomon Ruysdaël ; une superbe Marine et un paysage de Ruysdael ; une Cascade, d’Everdingen ; une Hiver, de Berkheyden ; Adam nommant les animaux, de Saftleven ; un Clair de lune et un Incendie, de van der Neer ; des paysages de Jean Bolh, Hackaert, Rontbouts, P. Molyn, Swanewelt, Pol. Glauber ; des marines de Backhuysen, Stork ; des fleurs, du gibier et autres sujets de nature morte, de Weenix, David de Heem, van Huysum, van Aelst, Rachel Ruysch ; des paysages avec animaux de Berghem, Karel Dujardin, Ph. Wouvermans, van de Velde, " G. Romeyn ; une Halte de cavaliers, de van Blœmen ; une Femme (Isa toilette, et un p’ortrait (celui de l’artiste), par P. Miéris ; une Madeleine repentante, une Cuisinière et un portrait de vieille femme, par G. Dow ; une réunion de portraits de famille, œuvre d’une exquise finesse, par Metsu ; le Joueur d’orgue, à'Ad. van Ostadej un Jeune pécheur, de Schalcken ; une Cuisinière, de Netscher ; le Conseil paternel, répétition du célèbre tableau d’Amsterdam, de Terburg ; une Cour d’auberge, de Steen ; le Chanteur ambulant, de Brakenburg, etc.

Le Nouveau Musée est derrière le musée proprement dit, auquel il se relie par une galerie sous laquelle sont pratiqués des passages pour les piétons et les voitures. Il a été commencé sous le règne de Frédéric-Guillaume IV par l’architecte Stiiler. Sa façade principale est tournée du côté du pont de Frédéric ; elle a 113 mètres de long. Une immense cage d’escalier (Treppenhaus) divise le bâtiment en deux parties égales. Elle est décorée de peintures murales exécutées à l’aide du procédé connu sous le nom de stéréochromie, d’après les dessins et sous la direction de Kaubbach. Ces peintures, que les Allemands regardent comme les chefs-d’œuvre de l’art moderne, représentent : la Destruction de la tour de Babel, la Jeunesse de la Grèce, la Destruction de Jérusalem par Titus, la Bataille des Huns, la Conversion de Wittekind au christianisme, les Croisés sous les murs de Jérusalem. De nombreuses reproductions de frises, de métopes et d’autres fragments d’édifices de l’ancienne Grèce, ornent encore le Treppenhaus. Les collections suivantes sont distribuées dans les diverses salles du Nouveau Musée : 1» Le Musée Égyptien, une des plus riches collections de ce genre qu’il y ait en Europe, occupe cinq salles ; la première est une espèce d’atrium couvert en style égyptien, décoré de dix-sept peintures murales représentant des vues d’Égypte et exécutées par MM. Grœb, Pape, Shinner, Biermann et Max Schmidt ; cette salle renferme des inscriptions hiéroglyphiques, des pierres tumulaires et deux statues colossales en porphyre des rois Sesurtesen Ier et Ramsès II ; les autres salles contiennent des statues de dieux, de rois, de prêtres, des autels, des pierres de sacrifices, des inscriptions, des tombeaux, des chambres sépulcrales, des momies, des vases et un grand nombre d’objets divers trouvés en Égypte. 20 Le Musée des antiquités du Nord, orné de

Îieintures à la stéréochromie par MM. Miller, Heinderçich et Richter, renferme des vases, des bijoux, des ustensiles, des outils, des armes, etc., datant des âges de pierre, de bronze et de fer, et provenant, en grande partie, de Vile de Rugen. 3° Le Musée ethnographique se compose de curiosités chinoises, japonaises, indiennes, mexicaines, péruviennes, américaines, ’des lies de l’Océanie, etc., ayant appartenu pour la plupart au comte Ross. 4° La Collection des plâtres (Gypsafûsse) comprend les principaux chefs-d’œuvre e la sculpture, soit de l’antiquité, soit du moyen âge, soit des temps modernes ; les huit salles dans lesquelles sont placées ces reproductions sont ornées de peintures murales

exécutées par MM. Schirmer, Biermann, Schmidt, Graeb, Pape, Kaselowski, Becker, Henning, Peters, Seiffer, Schrader, Stilke, Dœg : e, etc. 5° La Chambre d’art (Kunstkammer) contient des meubles artistiques, des peintures sur verre, des majoliques, des émaux, des poteries, des bronzes d’ameublement, des horloges, des ouvrages ciselés en bois, en nacre, en ivoire, des médailles, des curiosités historiques, telles que vêtements, armes, ayant appartenu à des souverains de la Prusse ou à d autres personnages plus ou moins célèbres. 6° le Cabinet des estampes (Kupferstieh Kabinet) renferme une riche collection de dessins originaux des maîtres des diverses écoles, et des gravures de tous les temps et de tous les pays.

Berlin possède de nombreuses galeries particulières, dont les plus importantes sont celles de MM. Wagner, Ravené et Raczynski.