Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/atlantide (l’), poème épique (supplément 2)

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Administration du grand dictionnaire universel (17, part. 1p. 390).

Atlantide (l’), poème épique, par don lacinto Verdaguer ; une des productions les

filus remarquables de la jeune école cataftne. M. Verdaguer s’est inspiré de la poétique légende de Platon. En avant des colonnes d’Hercule s’étendait une lie plus grande que la Libye et l’Asie, l’Atlantide ; tant que ses habitants obéirent aux lois divines, ils furent heureux et puissants ; mais quand leurs mœurs dépravées eurent excité le courroux de Jupiter, l’Ile, une nuit, disparut sous les flots. Le poète fait d’Hercule l’instrument de la vengeance céleste : il traverse les Pyrénées embrasées par un colossal incendie, détruit les Atlantes, enlève leur reine Hespèris, et d’un coup de sa massue ouvre le détroit de Gibraltar. Du reste, la fable du poème n’a qu’une importance secondaire. M. Verdaguer s’est abandonné surtout à son goût dominant pour la description, que favorise d’ailleurs 1 idiome catalan, moins solennel que le castillan, plus riche en désinences que 1 italien, et se prêtant avec une rare souplesse à la succession des tableaux terribles et des scènes gracieuses. L’incendie des Pyrénées, Gibraltar ouvert, l’engloutissement de l’Atlantide, le chœur des Iles grecques, etc., sont autant de morceaux capables de soutenir la comparaison avec les passages fameux des épopées anciennes.

L’Atlantide a été traduite dans presque toutes les langues de l’Europe : castillan, portugais, italien, provençal, allemand, russe, etc. Quant à nous, nous avons eu deux traductions françaises, parues la même année : l’une en prose, l’Atlantide, poème traduit du catalan de Jacinto Verdaguer, maître en gai savoir, un des Quarante de l’Académie catalane, augmentée d’une Introduction et Appendice, par Albert Savine (1881, in-12) ; l’autre en vers, de Julien Pépratx(188-*, in-18). L’Introduction de M. Savine surtout est une étude pleine d’intérêt. M. Pépratx s’est tiré avec succès de la tâche difficile qu’il s’était imposée : son vers, en général plein et précis, suit de très près le texte catalan. En voici un court échantillon : Lorsque le grand Alcide allait purgeant la terre, Que sa lourde massue en tout lieux abattait Les monstres, les géants faisant h Dieu la guerre, Aux monts pyrénéens une flamme éclatait.

Du point où le soleil dore en naissant leurs cimes, Emporté par le vent, rapide, aérien. L’incendie en grondant franchit rochers, abîmes, Et fait couler sa lave au sol asturien.

On croirait voir passer un serpent formidable Qui, vomissant la Baume, enfumant le ciel bleu, De Tune a l’autre mer irait, monstre effroyable, Tremper, étincelant, sa chevelure en feu.