Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/kanguroo ou kangurou

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KANGUROO ou KANGUROU s. m. (kan-gu-rou). Mamm. Quadrupède de la Nouvelle-Hollande, de l’ordre des marsupiaux : En Australie, les kanguroos sont les plus grands quadrupèdes que l’on rencontre. (Ph. Chasles.) Plusieurs fois on a vu les kanguroos se reproduire dans nos ménageries. (E.Desmarest.) || On dit aussi kangourou et kangouro. || Kanguroos rats, Nom donné aux potoroos.

Encycl. Ce genre de marsupiaux didelphes est extrêmement remarquable par la singularité de sa conformation extérieure. Son corps, de forme presque conique, est extrêmement gros vers la queue, très-grêle dans la partie antérieure. Ses membres supérieurs sont très-courts ; les postérieurs sont, au contraire, très-développés. Ces caractères généraux suffisent pour distinguer immédiatement ce genre de tout autre. Ajoutons que le doigt annulaire du pied de derrière est armé d’un ongle très-long, qui devient parfois une arme redoutable ; que la mâchoire supérieure est armée de six canines, et l’inférieure de deux seulement, mais très-longues et très-fortes ; que la queue, véritable membre locomoteur, est excessivement puissante. L’animal s’en sert dans la station comme point d’appui pour se tenir debout, et comme d’un ressort pour se lancer, lorsqu’il est poursuivi, à travers les précipices, à des distances de 7 à 10 mètres.

Pour manger, il se sert de ses pattes antérieures comme les singes. Il se dresse alors, en s’asseyant sur le trépied formé par les pattes postérieures et la queue, fait passer, en manière de jeu, son herbe de prédilection d’une patte à l’autre, mord une bouchée et mâche lentement.

Timide, inoffensif et vigilant comme le lièvre, le kanguroo se sauve précipitamment devant le chien ; serré de près, il se retourne, résiste vigoureusement aux attaques de ses ennemis et réussit quelquefois à les blesser et même à les éventrer avec ses ongles.

La femelle ne porte généralement qu’un ou deux petits, rarement trois ou quatre. Son mode de gestation est celui de tous les marsupiaux. Avant que le fœtus soit complètement développé, il passe dans une poche abdominale qui est comme une seconde matrice. « Il est amusant, dit un voyageur, de voir le petit kanguroo sortir sa tête quand sa mère est à paître et brouter aussi l’herbe tendre au-dessus de laquelle il passe. »

Lorsqu’il est arrivé à son entier développement, le petit se glisse dehors, va manger à droite et à gauche et rentre de nouveau dans la poche pour se réchauffer ou pour échapper à quelque danger.

Lu chair du kanguroo est excellente à manger. La queue donne un bouillon exquis et très-nourrissant. La chair de cet animal est la nourriture ordinaire des sauvages australiens, sa peau leur meilleur vêtement. Aussi attachent-ils à la possession de ce mammifère le plus grand prix. Ils racontent que l’Auteur du bien, appelé Motogon, et représenté dans leurs légendes comme un homme de haute taille et très-fort, au commencement des choses, créa d’abord le kanguroo, ensuite le soleil, la lune, les étoiles, les arbres.

Dans le golfe de Saint-Vincent, sur les bords duquel s’élève la ville d’Adéiaïde, se trouve une île de 70 lieues de circonférence, découverte en 1802 par Flinders, et par lui nommée île des Kanguroos, à cause du grand nombre de ces animaux qu’il vit paître par bandes le long de la pelouse bordant la lisière d’un bois.

Il vit, en même temps, des phoques énormes sortir de la mer, se traîner sur la plage jusqu’auprès des kanguroos, et les uns et les autres frayer ensemble en bonne intelligence.

Flinders raconte que les kanguroos étaient si nombreux et si confiants, que les matelots en tuèrent, dans la soirée, trente et un ; les phoques, au contraire, à l’approche des hommes, se sauvèrent promptement.

Le kanguroo a trouvé dans l’homme son ennemi le plus redoutable. Quelques années de chasse ont suffi pour changer le caractère confiant de cet animal. Un voyageur rapporte qu’étant arrivé dans l’île des Kanguroos, il vit une dizaine de ces animaux paître sur l’herbe, et, aussitôt qu’ils aperçurent un homme, neuf sur dix prirent la fuite. De là on a conclu, non sans raison, que le caractère et les mœurs des animaux changent et se modifient, comme ceux des hommes, selon les circonstances où ils se trouvent.

Les espèces aujourd’hui connues du genre kanguroo sont nombreuses. Nous citerons les principales. Le kanguroo géant, le plus anciennement connu, atteint la taille d’un mouton et pèse jusqu’à 125 livres. Son pelage est d’un brun roux-cannelle. Il habite la Nouvelle-Galles du Sud. Le kanguroo laineux, qu’on trouve dans la Nouvelle-Hollande, ne diffère guère du précèdent. Sa couleur est un roux ferrugineux. Le kanguroo d’Aroe (Moluques et Nouvelle-Guinée) est d’une taille un peu plus petite. Son pelage est blanc roussâtre. Le kanguroo à bandes ne dépasse guère la taille d’un gros lapin. Il est gris roussâtre, l’arrière-train rayé en dessus de brun et de noir. Il habite l’île Bernier et quelques îles voisines.


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