Guide aux sépultures des personnages célèbres inhumés dans les trois grands cimetières de Paris/Cimetière de l’Est

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CIMETIÈRE DE L’EST
LE PÈRE-LACHAISE


L’entrée principale est située sur le boulevard de Ménilmontant, à l’extrémité de la rue de la Roquette.

Omnibus qui passent devant la porte du cimetière ou à peu de distance.

Ligne de la Madeleine à la Bastille avec correspondance pour Charonne. Tramway de l’Étoile à la barrière du Trône. Omnibus du Louvre à Belleville, de Ménilmontant à la Chaussée du Maine.


Le terrain sur lequel s’étend aujourd’hui le cimetière de l’Est, plus connu sous le nom de Père-Lachaise, a fait partie jadis des propriétés de Jean d’Avignon, ménestrel du roi. Il était compris, au xive siècle dans la circonscription de la paroisse de Charonne ; l’évêque de Paris y possédait un pressoir. On le nommait à cette époque Champ-l’Evêque.

Vers le milieu du xve siècle, cette propriété appartenait à l’épicier Regnault. L’honorable négociant, enrichi par d’habiles opérations commerciales, y avait fait élever une maison de plaisance dans laquelle il donnait des fêtes splendides pour lesquelles il dépensait des sommes considérables. De là l’origine du nom de Folie-Regnault donné par le peuple à la villa de l’épicier.

La maison et ses dépendances passèrent en 1615 entre les mains des RR. PP. Jésuites par suite d’une donation que leur en fit une de leurs pénitentes. Les Révérends Pères firent de la Folie-Regnault leur maison de retraite.

Le 2 janvier 1682, Louis XIV vint visiter le nouvel établissement des Jésuites et assista de là à la lutte engagée dans le faubourg Saint-Antoine entre le maréchal de Turenne et le prince de Condé. Les RR. PP., en commémoration de la royale visite, donnèrent à partir de ce moment, le nom de Mont-Louis à cette succursale de leur maison de la rue Saint-Antoine.

Le Révérend père Lachaise, membre de la Compagnie de Jésus, était le confesseur du roi ; il résidait à Mont-Louis ; une des règles de l’ordre auquel il appartenait interdisait rigoureusement l’ouverture des portes de la maison après l’heure de minuit. Un jour, ou plutôt une nuit, après cette heure, un courrier de la cour vint chercher, de la part de Sa Majesté, le père Lachaise pour un cas de conscience pressé. Ce fut en vain que le messager royal frappa au guichet de Mont-Louis, le pouvoir du souverain dut fléchir devant la règle sévère de la Compagnie de Jésus.

Louis XIV, pour empêcher le retour d’un pareil incident, installa son confesseur dans une partie séparée des autres locaux ; il lui donna un magnifique jardin et lui fit élever une habitation très-confortable.

Bientôt, des arbustes rares, des plantes exotiques et des fleurs à profusion dessinèrent les allées d’un splendide jardin anglais, orné de pièces d’eau et d’accidents de perspective savamment combinés ; une orangerie magnifique fut établie à l’entrée de la maison de plaisance, et bientôt aussi la résidence du confesseur du roi devint le rendez-vous des courtisans. C’est là que se tramaient et que se dénouaient les intrigues de Cour : plus d’une lettre de cachet eût pour point de départ le Père-Lachaise, c’est le nom que porta l’habitation du Révérend Père depuis ce moment.

Après l’expulsion des Jésuites, le Parlement ordonna la mise en vente de leurs propriétés pour payer certaines dettes que les RR. PP. n’avaient pas eu le temps de solder avant leur départ. La maison du père Lachaise fut comprise dans la vente, elle passa successivement entre les mains de plusieurs propriétaires jusqu’au moment où, en 1765, elle fut achetée par M. Baron-Desfontaines. Ce dernier la céda en 1804 à M. Frochot, préfet de Paris, qui l’acquit pour le compte de la ville et pour le prix de 160 000 francs. Le cimetière de l’Est y fut installé à cette époque par M. Brongniard, architecte chargé par la ville d’approprier les terrains à leur nouvelle destination.

Le cimetière a été agrandi à diverses reprises.

Le 27 mai 1871, une partie des fédérés, derniers défenseurs de la Commune, traqués par les troupes entrées depuis cinq jours dans Paris et poursuivis par les fusilliers marins, se replièrent sur le Père-Lachaise. « Il y eut là, dit M. Claretie[1], une lutte héroïquement affreuse… On voyait, deux jours après encore, sur les caveaux de pierre, les traces de mains noires de poudre essuyées là et parmi les fosses mortuaires, des tas d’armes brisées et de bouteilles vides. »

En 1804, 115 pierres funéraires seulement s’élevaient dans le Père-Lachaise ; en 1815, il y en avait déjà 1877 ; on 1830, on y comptait 31,000 monuments funèbres ou pierres tumulaires. Aujourd’hui les compter serait une œuvre difficile sinon impossible à accomplir.

On entre au cimetière du Père-Lachaise par la porte principale sur laquelle on lit les inscriptions suivantes, à droite :

Qui crédit in me, etiam si mortuus fuerit vivet (Jean XI).

« Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort. »

A gauche :

Spes illorum immortalitate plena est (Sapient, III, V).

« Leur espérance est pleine d’immortalité. »

Sur les vantaux de la porte :

Scio quod Redemptor meus vivit et in novissimo die de terra surrecturus sum (Job, XIX).

« Je sais que mon rédempteur est vivant et que je ressusciterai au dernier jour. »


La chapelle du père Lachaise a été construite sur l’emplacement où s’élevait la demeure du confesseur de Louis XIV. Elle mesure 22 mètres de long sur 11 mètres de large. Godde, l’éminent architecte, est l’auteur des dessins du funèbre édifice, pour lequel la veuve du docteur Bosquillon fit un legs considérable.

Les divisions du Père-Lachaise, circonscrites par les avenues et les chemins étaient désignées autrefois par les noms des principaux monuments élevés dans ces parties du cimetière, Aujourd’hui, ces noms ont été remplacés par des numéros d’ordre. Le tableau suivant indique le rapport qui existe entre les numéros d’ordre et les anciennes désignations :


1. Du Garde-Portier.

2. Pavillon des Conducteurs.

3. Du Rureau.

4. Lenoir-Dufresne.

5. Lebrun, duc de Plaisance (des quatre arpents).

6. Les Victimes.

7. Abélard et Héloïse.

8. Comte d’Arberg.

9. Cremayel, ou Orangerie.

10. Du Père-Éternel, ou Orangerie.

11. Delille, ou Orangerie.

12. Talma.

13. Bosquillon, ou Orangerie.

14. Serré.

15. Bernard.

16. Labedoyère (des quatre arpents).

17. Duc de Bellune.

18. Grand-Rond.

19. Grand-Rond.

20. Raucourt.

21. Chapelle Bertholle.

22. Saint-Morys (ou du bassin)

23. Général Gourgaud.

24. Clary.

25. Guyot.

26. Montvoisin.

27. Bourdillat, ou Comtesse d’Otrande.

28. Masséna.

29. Le Dragon.

30. Grand-Rond.

31. Duc du Bassano.

32. Boulart.

33. Boulart.

34. Marquis de la Mazelière.

35. Lunette Saint-Laurent.

36. La Guérite.

37. Gobert.

38. Comte Viguier.

39. Les Protestants.

40. Greffulhe.

41. Petit-Cimetière.

42. Petit-Cimetière.

43. Tonniges.

44. Quinconce.

45. Derrière Aguado.

46. Amiral Lalande.

47.

48. Beaujour.

49. Feuillant.

50. Marquis d’Argenteuil.

51. Derrière la Chapelle.

52.

53. Le Bastion.

54.

55. Cour de la Chapelle.

56. Neigre.

57. Grouchy.

58. Bruix.

69. Thirion.

60. Les Auziots.

61. 100 Sur le boulevard.
62.
63.
64.

73. Léger.

74. Léger.

75. Léger.


  1. Histoire de 1870-1871, par Jules Claretie.