Histoires incroyables (Palephate)/17

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CHAP. XVII.

Du cheval de bois et de Troie (1).

On prétend que ce sont des Grecs, cachés dans un cheval de bois, qui détruisirent Troie : il y a beaucoup de fabuleux dans ce récit ; en voici le vrai : ils fabriquèrent un cheval de bois plus grand que les portes de la ville, afin que sa hauteur empêchât de l’y introduire. Cependant les chefs de l’armée grecque se tenaient cachés à portée de la ville dans un endroit creux qui s’est toujours appelé jusqu’aujourd’hui l’embuscade des Argiens. Sinon s’étant présenté aux Troyens comme transfuge, leur persuada de faire entrer le cheval dans leurs murs, en leur disant que (s’ils y parvenaient), les Grecs n’y entreraient jamais (2). Les Troyens se fiant à ses assurances, renversèrent leurs portes pour introduire le cheval, et pendant qu’ils se livraient à la joie d’un festin, les Grecs survinrent et emportèrent la ville qui fut détruite.

(1) Il n’y a peut-être point de fable qui avec un fond si mince et si ridicule ait été racontée en tant de manières différentes. Ceux qui seraient curieux de comparer les variantes en trouveront l’indication dans les commentaires de Servius et de Cerda sur le second chant de l’Énéide (tom. 6, p. 98 et suiv. du Virgile de Lemaire), dans Hyginus, fable 108 et les notes de Schëffer, Muncker et Van Staveren (p. 199 et 200 des mythographes latins) et dans Heyne. (Excurs. 3, ad libr. 2, Æneid. tom. 2, p. 322-324 du Virgile de Lemaire).

(2) V. dans Virgile, Énéide liv. II, v. 162-194, le discours de Sinon et l’art qu’il employe à persuader aux Troyens qu’il est de leur intérêt de faire entrer cette fatale machine dans leurs murs.