Histoires poétiques (éd. 1874)/La Chanson du Cloutier
Sans relâche, dans mon quartier,
J’entends le marteau du cloutier.
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !
Voyez ses bras noirs et luisants
Retourner le fer en tous sens.
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !
Jamais il ne voit le ciel bleu,
Mais toujours la forge et son feu.
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !
C’est pour sa femme et ses enfants
Qu’il fait tant de clous tous les ans.
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !
Grands clous à tête et petits clous.
Oh ! combien de fer pour deux sous !
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !
Rarement le cabaretier
Voit dans sa maison le cloutier.
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !
Mais, le dimanche, il chôme enfin,
Et chante à l’office divin.
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !
Que Dieu, dans son noir atelier.
Dieu bénisse cet ouvrier !
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !