Histoires poétiques (éd. 1874)/La Harpe
Apparence
La Harpe
Sur les rochers noirs de l’Arvor
La harpe se taisait, la belle harpe d’or.
Elle gisait là sous les nues,
Tout son corps entr’ouvert et ses cordes rompues.
Hélas : à voir tant de malheur,
J’ai senti de pitié se fendre aussi mon cœur,
En pleurant j’arrachai la fibre,
Cette fibre d’amour qui dans moi toujours vibre ;
Puis, sur la harpe j’attachai
Le nerf mélodieux de mon cœur arraché.
Tour à tour plaintive et joyeuse,
Elle sonne à présent, cette bonne chanteuse.
Ça donc ! ma harpe, à vos chansons,
Et qu’un peu de bonheur entre dans nos maisons !