Les Quatre Vents de l’esprit/Le Livre satirique/Jolies Femmes
Apparence
Les Quatre Vents de l’esprit, Texte établi par Gustave Simon, Librairie Ollendorff, , Œuvres complètes de Victor Hugo / Poésie, tome X (p. 52).
XVIII
JOLIES FEMMES.
SONNET POUR ALBUM.
On leur fait des sonnets, passables quelquefois ;
On baise cette main qu’elles daignent vous tendre ;
On les suit à l’église, on les admire au bois ;
On redevient Damis, on redevient Clitandre ;
Le bal est leur triomphe, et l’on brigue leur choix ;
On danse, on rit, on cause, et vous pouvez entendre,
Tout en valsant, parmi les luths et les hautbois,
Ces belles gazouiller de leur voix la plus tendre :
— La force est tout ; la guerre est sainte ; l’échafaud
Est bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut
Bâtir plus de prisons et bâtir moins d’écoles ;
Si Paris bouge, il faut des canons plein les forts. —
Et ces colombes-là vous disent des paroles
À faire remuer d’horreur les os des morts.
Juillet 1870.