L’Aurore (André Fontainas)
L’Aurore
Jardin rare et délicieux
Dont les fleurs embaument les cieux,
Splendide Aurore,
Que le réveil chaque matin
De son rire chaud et mutin
Câline et dore,
Bouquet des riches floraisons,
Que ne fanent pas les saisons
Endolories,
Les Automnes ni les Hivers,
Gloire des Printemps toujours verts
Et des féeries,
Âme du soleil caressant
Qui de la pourpre de son sang
Es parfumée,
D’où la céleste éclosion
Des fleurs sans cesse en fusion
Sort transformée,
Aurore, est-ce toi qui pétris
La finesse des tons fleuris
Pâles et roses
De la Madone de Beauté,
Dont la chair surpasse en clarté
La chair des roses ?
Sur ses lèvres, où les chansons
S’épandent comme des frissons,
Où semblent vivre
Les mots tendrement étourdis,
N’est-ce pas toi qui répandis
La lumière ivre ?
Et son œil doux d’un bleu si clair
Est frais comme un souffle de l’air ;
Sa chevelure
Qui s’éparpille, et jase, et rit.
Est faite, comme son esprit,
De clarté pure !