La Trinité humaine : Liberté, Égalité, Fraternité.
LA TRINITE HUMAINE
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.
Fraternité ! cette sainte devise,
Qui vient du Christ, mort pour le genre humain,
Sur le fronton du palais, de l’église,
En Février s’illumina soudain.
Dérision ! la balle meurtrière
Vient de cribler ce verset rédempteur ;
Rayons ces mots ciselés dans la pierre
Et gravons-les au fond de notre cœur.
Pourquoi ces mots qui ne sont qu’une enseigne
Pour éblouir le peuple malheureux ?…
En les voyant, de chagrin son cœur saigne,
Ses pleurs, son sang, ont rejailli sur eux !…
Quand dans la rue, où la faim nous talonne,
L’homme ramasse encore la croix d’honneur,
Rayons ces mots du pied de la colonne
Et gravons-les au fond de notre cœur.
Cette devise orne la Madeleine,
Chef-d’œuvre d’art au fronton corinthien,
Boudoir superbe, où la femme mondaine
Donne aux amours un rendez-vous chrétien.
Lorsqu’en ce lieu, qu’on dit évangélique,
Le prêtre vend la prière au pêcheur,
Rayons ces mots du temple catholique
Et gravons-les au fond de notre cœur.
Ces mots partout sont en gros caractères,
Même à la Bourse, où la probité dort,
Où la sueur des pauvres prolétaires
Se métallise et nourrit le veau d’or.
Quand dans ce lieu, repaire de l’usure,
L’homme agiote avec tant d’impudeur,
Rayons ces mots du temple de Mercure
Et gravons-les au fond de notre cœur.
Ils sont partout, excepté dans notre âme,
Pauvres humains ! le cœur gros de sanglots,
Quand verrons-nous s’achever le long drame
Où notre sang tombe et coule à longs flots ?…
Quand de ce drame on voit plus d’un complice
Livrer son frère au sabre du vainqueur !
Rayons ces mots du Palais de Justice
Et gravons-les au fond de notre cœur.
Quand finira l’horrible antagonisme
Des possesseurs et de ceux qui n’ont rien ?…
Jamais, dit-on. Si ! ! ! le Socialisme
Nous donnera la part de notre bien ;
Nous l’obtiendrons sans gagner des batailles
Au prix du sang du peuple producteur,
Quand ces trois mots peints sur tant de murailles
Seront gravés au fond de notre cœur.