La Flûte à Siebel (Waller)/La flûte est triste
LA FLÛTE EST TRISTE
Nous n’irons plus au bois, je reste dans ma chambre
En me parlant tout bas ;
Nous n’irons plus au bois, au doux bois de la Cambre.
C’est fini, n’est-ce pas ?
Les lauriers sont coupés et mis dans le potage,
Il n’y faut plus songer !
Nous en ferons, si tu veux, un juste partage
Avant de les manger.
Nous n’irons plus au bois, puisque c’est impossible,
Même en tram découvert.
Tu m’as quitté, lorsque le bois cher et paisible
Était encor tout vert.
Les lauriers sont coupés à présent et les branches
Ont l’air de grelotter,
Et je grelotte aussi, mais des visions blanches
Me viennent visiter.
La belle que voilà n’est plus là ; la chère ombre,
C’est ton frais souvenir,
Le souvenir exquis des longues nuits sans nombre
Qui viennent de finir.
Ira les ramasser ? Personne, hélas ! la belle
A pris un wagon-lit.
Et sa douleur de me délaisser était telle
Qu’elle s’y endormit !