Le Chant des Blancs

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Le Chant des Blancs
Académie des Bibliophiles (p. 25-27).

Lorsque des masses adoptent ainsi un chant de guerre, il est évident qu’il répond à l’un des motifs des colères qui les animent. C’est pourquoi nous donnons le texte de cette Marseillaise vendéenne dont une copie fut trouvée sur le cadavre d’un homme tué le 16 mai aux environs de Chantonnay. Nous pensons qu’il y a lieu d’en attribuer la composition à l’abbé Lusson, ancien vicaire de Saint-Georges, frère de l’aubergiste de Saint-Fulgent dont il est question ci-dessus et que les notes d’un représentant appellent « l’aumônier de l’infernale armée de Royrand. Nous n’avons pas cru nécessaire de respecter le patois dans lequel elle se chantait.

I.

Allons, armées catholiques,
Le jour de gloire est arrivé :
Contre nous de la République
L’étendard sanglant est levé.
Entendez-vous dans ces campagnes
Les cris impurs des scélérats !
Ils viennent jusque dans vos bras,
Prendre vos filles et vos femmes.
Aux armes, Poitevins ! formez vos bataillons,
Marchez, marchez, le sang des bleus
Rougira vos sillons !

II.

Quoi des gueux infâmes d’hérétiques
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! des muscadins de boutique
Nous écraseraient sous leurs pieds !
Et leur Rodrigue[1] abominable,
Infâme suppôt du démon,
S’installerait en la maison
De notre Jésus adorable !
Aux armes ! etc.

III.

Tremblez pervers et vous timides,
La bourrée des deux partis !
Tremblez vos intrigues perfides
Allant enfin se mettre à prix !
Tout est levé pour vous combattre
De Saint-Jean-de-Mont à Beaupreau,
D’Angers à la ville d’Airvault
Nos gas ne veulent que se battre.
Aux armes ! etc.

IV.

Chrétiens ! vrais fils de l’Eglise,
Séparez de vos ennemis
La faiblesse à la peur soumise
Que verrez en pays conquis ;
Mais ces citoyens sanguinaires,
Mais les adhérants de Camus,
Ces prêtres jureurs et intrus
Causes de toutes nos misères….
Aux armes ! etc.

V.

O sainte vierge Marie !
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Contre une séquelle ennemie
Combats avec tes zélateurs !
A nos étendards la victoire
Est promise dès ce moment,
Et le régicide expirant
Verra ton triomphe et notre gloire.
Aux armes ! etc.

  1. L’évêque constitutionnel de la Vendée.