Les Amours de Tristan/La négligence avantageuse

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LA NEGLIGENCE auantageuſe.

SONNET.


IE ſurpris l’autre iour la Nymphe que i’adore,
Ayant ſur vne iupe vn peignoir ſeulement ;
Et la voyant ainſi l’on eust dit proprement
Qu’il ſortoit de ſon lict vne nouuelle Aurore.

Ses yeux que le ſommeil abandonnoit encore,
Ses cheueux autour d’elle errans confusément
Ne lierent mon cœur que plus estroictement,
Ne firent qu’augmenter le feu qui me deuore.

Amour, ſi mon Soleil bruſle dés le matin,
Ie ne puis eſperer en mon cruel deſtin
De voir diminuer l’ardeur qui me tourmente.

Dieux ! quelle eſt la Beauté qui cauſe ma langueur ?
Plus elle eſt negligee, & plus elle eſt charmante,
Plus ſon poil eſt eſpars, plus il preſſe mon cœur.