La carte postale (Dandurand)/Scène VI

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C. O. Beauchemin & Fils (p. 17).

SCÈNE VI.

Tante Ernestine seule, enlevant son chapeau.

Qu’est-ce qu’ils ont ces espiègles ! Je leur trouve un air mystérieux. (Elle va prendre un ouvrage dans la corbeille. La carte froissée roule sur la table.) Encore quelque tour qu’ils me préparent, les petits coquins !… Qu’est-ce que c’est que ça ?… Une carte postale, toute mouillée ! (Elle la déploie et l’examine.) Voilà, je pense, la signature de Rodolphe… Comment se fait-il ?… (S’approchant de la fenêtre.) Voyons si je peux débrouiller ces quelques mots. « Quinze »… c’est daté du quinze. Cette carte est donc arrivée ce matin… Pourtant, Victoire… (Examinant la carte.) « Lun — di, lundi, s — — soir. » Voilà tout ce qu’on comprend… (Réfléchissant.) Je vois ce que c’est ! Les enfants l’ont reçue ; en voulant se la disputer, pour la lire peut-être (elle indique la place où était la cuvette), ils l’auront laissée tomber dans l’eau. Et au lieu d’avouer, ils ont voulu faire disparaître le corps du délit… les petits fourbes !… Leur manque de franchise mérite une leçon et je vais la leur donner. (Elle remet la carte dans la corbeille et commence à broder.)