Le Féminisme aux États-Unis, en France, dans la Grande-Bretagne, en Suède et en Russie/Avant-propos

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AVANT-PROPOS

Ce serait une entreprise téméraire que de vouloir donner, dans une brochure de 80 pages, une encyclopédie du féminisme. Aussi l’auteur s’est-elle bornée à étudier ce mouvement aux États-Unis de l’Amérique du Nord, en France, dans la Grande-Bretagne, en Suède et en Russie, ces cinq pays offrant cinq types différents de féminisme.

Le féminisme, en effet, selon les milieux dans lesquels il naît, présente des aspects fort divers. Il n’est pas le même dans la grande République américaine, parmi des populations essentiellement germaniques et protestantes, et dans la République française, habitée par un peuple latin et catholique. Dans le Royaume-Uni, sur les affaires duquel la reine n’exerce aucune action directe, le féminisme n’est pas ce qu’il est dans le petit royaume de Suède, dont le prince, personnellement partisan des droits des femmes, favorise le mouvement féministe. Celui-ci enfin a un caractère tout à fait spécial en Russie, pays slave et monarchie absolue.

Comme il s’agissait, dans cette étude, de plusieurs pays étrangers dont les institutions n’offrent que peu d’analogie avec les institutions françaises, l’auteur s’est parfois vue obligée d’entrer dans des explications très détaillées. Elle n’a pu empêcher que, dans le domaine de la politique et du droit civil, ces détails ne soient arides, peut-être même ennuyeux.

Elle n’a pas eu, d’ailleurs, l’ambition de faire une œuvre littéraire. Le but qu’elle a poursuivi sera atteint, si l’on juge qu’elle est arrivée à condenser dans un manuel de quelque intérêt un certain nombre de documents et de faits concluants. Elle a parfois ajouté quelques impressions personnelles recueillies pendant ses séjours en Angleterre et en Amérique, et s’est efforcée de donner des renseignements aussi exacts que possible et les statistiques les plus récentes. Mais elle serait très heureuse si ses lecteurs, se faisant ses auxiliaires, voulaient bien lui signaler les erreurs et les lacunes qui peuvent se trouver dans cet ouvrage.

Enfin, l’auteur de ce petit travail est étrangère. Elle ne doute point qu’il n’y paraisse à son style. Elle a essayé de s’exprimer en français le moins mal qu’il lui est possible et elle prie le lecteur de juger sa tentative avec indulgence.