Le Livre de l’Atlantide/L’histoire politique

La bibliothèque libre.
Maurice Glomeau (p. 114-119).




CHAPITRE VI
__________


L’HISTOIRE POLITIQUE
__________


L’Atlantide fut le théâtre d’évènements politiques importants. Ses luttes de parti restèrent dans la mémoire des peuples qui ont survécu à l’engloutissement fatal. On n’a pour cela qu’à consulter les mythologies. Elles retracent les combats des dieux et des héros. L’Olympe n’est autre que l’Atlantide et les merveilleuses histoires que racontaient les Grecs concernant les Dieux, ne sont que des faits de l’histoire atlante, que la magnifique imagination d’Orphée avait enjolivés et poétisés. Atlas, Jupiter, Neptune, Junon étaient en plus du symbole de forces naturelles, des noms de rois et de reines ayant réellement existé dans la terre disparue. On peut dire que les mythologies anciennes ont un triple sens. Un sens philosophique, un sens astrologique, et un sens historique. Ainsi Jupiter, symbole de la puissance et de l’autorité sur le plan philosophique, devient sur le plan astral la force bénéfique d’un astre agissant sur terre dans un sens d’élévation, tandis que, sur le plan historique, le mythe de Jupiter n’est plus que le récit des actions d’un roi puissant, ayant eu à lutter contre de nombreux ennemis et ayant aimé comme nous. La lutte entre les Dieux et les Titans n’est autre que le souvenir des batailles livrées entre les magiciens noirs et les magiciens blancs. En somme, partout où l’on voit dans une religion ancienne évoluer des dieux anthropomorphes, l’on peut dire que ces dieux ne sont autre chose que des rois Atlantes, des héros, des hommes politiques puissants, que le recul des âges a divinisés et que le respect dû à leur intelligence a fait adorer. Car ces religions, étant toutes à base astronomique, étaient essentiellement métaphysiques et abstraites. Et voilà pourquoi toutes les mythologies sont semblables et content des faits analogues. Grecs, Romains, Égyptiens, Assyriens, Indous, Chinois, Polynésiens, Incas, Aztèques ont laissé les mêmes traditions mythologiques, pour la raison bien simple que ces traditions n’étaient que l’histoire de l’Atlantide disparue. Partout où on lit les Dieux on peut lire les Atlantes ! Comme si plus tard dans nos colonies nos gloires nationales divinisées devenaient l’objet d’un culte spécial. Alors l’on raconterait les exploits du dieu Napoléon… Le culte des ancêtres a été la base de toutes les mythologies.

Donc l’Atlantide a été le théâtre d’une multitude de luttes. Il y a eu des luttes de partis et des luttes de races. D’abord peuplée essentiellement de Rmoahals, l’Atlantide eut un gouvernement militaire pillard et brutal. Le chef militaire était alors tout. Il engagea des guerres contre les Lémuriens abâtardis, puis essaya de résister contre les Toltèques envahisseurs. Mais accablés par le nombre, les Rmoahals émigrèrent, devinrent esclaves, ou bien s’en allèrent vivre parmi les Lémuriens.

Les Toltèques ont été ceux qui ont civilisé l’Atlantide et ont fondé sa puissance mondiale. Leur empire a été formidable et a résisté pendant des siècles aux emprises de la dissolution. D’abord divisés en petits royaumes, les Toltèques fondèrent bientôt une fédération ayant à sa tête un empereur. Cet empereur était recruté parmi les savants et les adeptes et était un initié transcendantal. Le principe de l’hérédité du pouvoir ne vint se poser qu’à la fin de l’âge d’or. Il y eut alors succession et le fils reçut, avec le pouvoir, l’initiation du père. Ce fut lui, son image et lui seul pouvait lui conférer le grade suprême.

L’empire toltèque connut un véritable âge d’or et jouit d’une civilisation considérable. Cet âge dura cent mille ans. Puis la décadence commença. Les intérêts personnels primèrent les intérêts généraux ; Le physique l’emporta sur le moral. Le luxe engendra la soif de l’or. La luxure amena la dégénérescence de l’esprit. Bref, le frein moral ne fonctionna plus et les appétits, n’ayant plus d’obstacles, s’aidèrent de la magie noire pour s’entre-dévorer. Alors le principe karmique se développa dans toute sa force. Ce fut l’âge de la brute. La débauche trôna en reine et la férocité s’installa au pouvoir. L’anarchie vint semer le désordre dans le gouvernement. Il y eut scission. Les Initiés voulurent lutter contre les magiciens noirs et rétablirent l’ancien régime de la morale. Il y eut deux empereurs : un blanc et un noir, qui se disputèrent Cerné, mais les magiciens noirs eurent le dessus. Ils chassèrent l’empereur blanc de Cerné et l’obligèrent à se réfugier au nord de l’île. Cet empereur blanc, assailli de nouveau, émigra dans les îles puis vint définitivement s’installer en Égypte après le déluge, où il fonda l’empire égyptien, sur les bases de l’ancienne loi.

En somme, le déséquilibre entre l’évolution matérielle et l’évolution morale fut la cause de cette décadence. L’homme, pour conserver ici-bas le bonheur, l’âge d’or en un mot, doit avoir avant tout le souci de conserver la clairvoyance de l’âme et de ne point se laisser entraîner par la poursuite d’illusoires jouissances. L’esprit doit dominer le corps en limiter les appétits, et l’évolution matérielle ne doit être que le corollaire de l’évolution morale.

L’empire toltèque, après la fuite de l’Empereur blanc, se divisa en une multitude de petits royaumes qui se firent la guerre. Les déluges, loin de les calmer, ne firent qu’aviver leurs querelles et, jusqu’aux derniers jours de Poséidonis, ils continuèrent à lutter entre eux, à s’entre-dévorer sur les débris du grand continent englouti.

Les autres races atlantes eurent des formes de gouvernement adéquates à leur nature. Elles restèrent toujours dans l’ombre de la puissance toltèque, tantôt amies, tantôt ennemies. Ces races faisaient partie de la fédération et, tout en reconnaissant l’empereur suprême, elles avaient leurs institutions politiques indépendantes et des gouvernements autonomes.

Les Touraniens avaient adopté un système féodal analogue à celui qui florissait chez nous au Moyen-âge. Ils étaient turbulents et brutaux, sans cesse en lutte avec les Toltèques et le gouvernement régulier. Ils se massacraient entre eux et avaient des régiments de femmes.

Les Sémites étaient querelleurs et maraudeurs. Ils menaient une vie nomade et erraient à travers l’Atlantide par tribus. Leur gouvernement était patriarcal. Ils ne jouèrent un rôle politique qu’à la décadence de la race Toltèque. Ils s’emparèrent de Cerné, et y installèrent un des leurs comme empereur. Mais ils en furent bientôt chassés.

Les Akkadiens avaient un gouvernement oligarchique. Ils étaient avant tout marins et commerçants. Ils parcouraient le monde et le colonisaient. Ce fut de chez eux que vinrent les grands astrologues, et toutes les grandes inventions maritimes. Quant aux Mongols, ils étaient nomades et à moitié sauvages. Confinés en Asie, ils parcouraient les steppes, ayant un idéal élevé et des aspirations supérieures. Ils ne jouèrent aucun rôle dans l’histoire politique l’Atlantide, en étant d’ailleurs trop éloignés pour agir.