Le Livre des merveilles (Hawthorne), première partie/Introduction

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Traduction par Léonce Rabillon.
L. Hachette (Première partiep. i-ii).


PRÉFACE DU TRADUCTEUR.


Le titre l’indique, ce petit volume n’est qu’une traduction : il forme la première partie d’un ouvrage publié, il y a quelques années, par M. Nathaniel Hawthorne, l’un des écrivains les plus distingués des États-Unis.

Nous n’entreprendrons point d’esquisser ici le portrait littéraire de l’auteur américain. Les revues les plus accréditées de l’Europe l’ont fait depuis longtemps, et toutes ont placé Hawthorne au premier rang des romanciers et des penseurs de notre époque. Quelques-unes de ses productions, aussi populaires en Angleterre qu’en Amérique, ont passé dans notre langue. Le succès obtenu chez les lecteurs français par la Lettre rouge et plusieurs autres compositions nous donne l’espoir que le Livre des Merveilles pourra intéresser le jeune public auquel il est trop modestement dédié.

Les sujets sont tous tirés de la Mythologie ; mais le conteur a su rajeunir avec un bonheur singulier ces légendes qui, répétées à tant de générations dans une forme invariable, finissaient par ne plus offrir qu’un attrait bien affaibli. Les types consacrés de la Fable ont été respectés ; seulement l’interprétation d’un esprit ingénieux les a doués vraiment d’une vie nouvelle. Sur le fond primitif et simple de la tradition classique, une imagination facile a semé, dans un style plein d’élégance, mille détails poétiques et charmants. À travers le prisme de cette verve, de cet humour, d’antiques sujets semblent comme trouvés d’hier ; et, ce qui n’est pas d’un moindre prix, sans doute, dans ces histoires, le moraliste ne reste pas inférieur à l’artiste.

C’est avec défiance que nous nous sommes hasardé à traduire ces récits dont la forme donne tant de grâce à l’œuvre originale. Nous ne nous sommes pas dissimulé le mérite supérieur de nos devanciers ; cependant, hôte aujourd’hui de la grande République, nous n’avons pas résisté au désir de faire connaître un des plus jolis livres qui aient jamais été écrits pour l’enfance ; et, si un jour notre travail tombe sous les yeux de M. Hawthorne, nous le prions de considérer cet essai simplement comme un hommage rendu à son talent.

Léonce Rabillon.
Baltimore, 20 septembre 1856.


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