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Le Mahâbhârata (traduction Fauche)/Tome 1/Adi-Parva

La bibliothèque libre.
Traduction par Hippolyte Fauche.
Librairie de Auguste Durand ; Librairie de Benjamin Duprat (tome 1p. 1-67).



LE MAHÂ-BHÂRATA

POÈME SANSCRIT




ADI-PARVA



Honorez d’abord Narâyana, et Nara, le plus éminent des hommes, et la Déesse Sarasvatî ; ensuite, récitez ce poème, qui donne la victoire !

Un jour, le rejeton de Soûta, Ougraçravas, fils de Lomaharshana et versé dans les Pourânas, se rendit chez les Brahmarshis aux vœux parfaits, doucement assis dans le sacrifice de douze années, que célébrait le chef de famille Çâaunaka au sein de la forêt Nêmisha. Le petit-neveu de Soûta s’inclina devant eux avec modestie ; et, pour écouter de merveilleuses histoires, les anachorètes d’environner cet hôte, arrivé dans l’hermitage des habitants du bois Nêmisha. Les mains réunies en coupe, il salua tous ces vertueux solitaires, et, traité par eux avec honneur, il s’informa des progrès de leur pénitence. Après que tous les anachorètes se furent assis, le Lomaharshanide gagna d’un air modeste le siège, qu’on lui désigna ; mais, quand ils le virent assis lui-même à son aise et délassé, un d’eux prit la parole et lui demanda quelques récits : « D’où viens-tu, rejeton de Soûta ? en quel pays as-tu passé le temps ? Réponds, brahme aux yeux de lotus, à cette question de moi ? » 1-7.

Le Lomaharshanide, ainsi interrogé, de parler avec décence et vérité. Ougraçravas, qui avait le talent de la parole, tint en cette nombreuse assemblée de saints anachorètes ce langage assorti à leur caractère :

« Dans le sacrifice des serpents, qu’offrit le magnanime Djanamédjaya, le rishi des rois, Krishna-Dwaîpâyana jadis a raconté exactement différentes histoires bien pures en la présence même de Pârîkshita, le roi des rois : ce sont elles, qui furent ensuite fidèlement répétées par Vaîçampâyana. J’ai ouï raconter moi-même ces histoires de natures diverses, réunies dans le Mahâ-Bhârata ; et, quand j’eus visité de nombreux et renommés tîrthas, je suis allé dans ce lieu saint, hanté des anachorètes, et, nommé le Champ-de-bataille-de-tous, où fut livré jadis le combat des Kouravas et des Pândouides et de tous les souverains. Le désir de visiter vos saintetés m’a conduit en cet hermitage. Tous, vous êtes vénérables à mes yeux, je vous regarde tous comme entièrement unifiés avec l’Être absolu ; vous avez tous une grande part à ce sacrifice, vous qui possédez la splendeur du soleil ou du feu. Purifiés par les ablutions, vos prières récitées, vos oblations versées dans le feu sacré, brahmes, que vous dirai-je, tandis que vous êtes là tranquillement assis sur vos sièges ? Est-ce de saints récits, qui ont pour fondement les Pourânas, qui ont pour base l’intérêt et le devoir, c’est-à-dire, l’histoire des monarques et des magnanimes rishis ? » 8-16.

« Ce que nous désirons entendre, c’est l’histoire, qui fut racontée jadis par Dwaîpâyana, le plus grand des pénitents, répondirent les anachorètes, et dont le récit, écouté par les Dieux et les Brahmarshis, en reçut les applaudissements. C’est la sainte collection de l’œuvre admirable de Vyâsa, conforme aux quatre Védas, le meilleur des récits, composé de chapitres en mètres différents, où respire la plus fine logique, et dont la parure est le sens des Védas ; collection pure, enlevant la crainte et le péché, formée des sujets entrelacés d’un itihâsa, qui est la substance du Mahâ-Bhârata, revêtue de tous les ornements, augmentée de nombreux Çâstras, elle, qu’a inspirée Brahma, et que Vaîçampâyana a fidèlement racontée au roi Djanamédjaya par l’ordre de Dwaîpâyana avec l’approbation des rishis. »

Le Soûtide répondit : « Quand j’aurai d’abord fait hommage à l’Homme primitif, Içana, très-adoré, très-loué ; à l’Être absolu, droit, éternel, révélé et irrévélé, essence de l’ineffable monosyllabe, non-existant, ou plutôt qui est et qui n’est pas, qui est tout, qui est supérieur à ce qui existe et n’existe pas ; au créateur antique, suprême, impérissable de ce qui a précédé ou qui a suivi ; à Vishnou, appelé aussi Hrishikéça et Hari, le chef des êtres, le seigneur de ce qui se meut et ne se meut pas, pur, sans péché, heureux, qui donne le bonheur ; j’exposerai ensuite l’idée sainte de l’œuvre admirable du magnanime Vyâsa, l’éminent rishi, honoré ici par tous les mondes ; cette histoire, que plus d’un poète a déjà racontée, que d’autres en ce moment racontent et que d’autres encore raconteront après eux sur la terre ; cette vaste science, renommée dans les trois mondes et bien-aimée des sages, qui vit dans les abrégés et les développements des brahmes, qui est ornée de limpides expressions, qui renferme les paroles des Dieux et des hommes, qui marche accompagnée par la variété des mètres et des vers. 17-28.

» Au temps, où ce monde était sans lumière, invisible, enveloppé de tous côtés par les ténèbres, un œuf énorme, immortelle semence des créatures, fut créé au commencement de l’youga : il est nommé le Divin-grand. En lui était, avons-nous appris, la vérité, la lumière, l’éternel Brahman, cause indistincte, subtile, merveilleuse, étendue également de toutes parts, inaccessible à l’esprit même, essence de ce qui est et n’est pas. De lui naquirent le suprême-aïeul, le seul prééminent, Pradjapati, Brahma, Souragourou, Sthânou, Manou, l’Ether et Paraméshthi. Après eux sortirent les Prâtchétasas, Daksha et les sept fils de celui-ci ; ensuite les vingt-un maîtres des créatures, l’Homme ou l’âme universelle, que tous les rishis connaissent, les Viçvadévas, les Adityas, les Vasous, et même les deux Açwins, les Yakshas, les Sâdhyas, les Piçâtchas, les Gouhyakas et les Pitris. Ensuite éclorent les sages, les plus grands des éminents Brahmarshis, les Râdjarshis nombreux et doués de toutes les vertus, l’eau, le ciel, la terre, le vent, l’atmosphère et les points cardinaux ; puis, tour à tour, les nuits, les jours, les quinzaines, les mois, les saisons et l’année ; enfin, toute autre chose, dont est composé le monde exposé aux yeux, et tout ce qu’on voit existant parmi les êtres mobiles et immobiles. Arrivé à la fin d’un youga, le monde entier se résout et rentre là, d’où il est sorti. Dans les commencements des yougas, chaque espèce d’êtres se manifeste à son tour : ainsi les caractères des saisons apparaissent dans la révolution d’une année avec leurs formes diverses. De même que tourne sans commencement ni fin dans le monde la roue de ses évolutions : ainsi roule, sans commencer ni finir, la cause de la naissance et de la destruction des êtres. 29-40.

» La création des Dieux fut de trente-trois mille trois cent trente-trois individus par une évaluation abrégée.

» Le fils du ciel fut Vrihatbhânou, le soleil, appelé encore Tchakshouratman, Vibhâvasou, Savitri, Saritchîka, Arka, Bhânou, Açâvaha et Ravi. 41-42.

» Les terres jadis sont nées de tous les soleils ; le plus éminent parmi eux, c’est Dévabhrâdj ; le fils de celui-ci porte le nom de Soubhrâdj. 43.

» Trois fils d’une vaste renommée et pères de nombreuses familles naquirent à Soubhrâdj : ce furent Daçadjyotis, Çatadjyotis et mahasradjyotis. Le magnanime Daçadjyotis eut dix mille fils ; Çatadjyotis engendra ici dix fois autant d’autres fils, et Sahasradjyotis, qui plus est, en eut lui-même dix fois autant ! C’est d’eux qu’ont pris naissance la race de Kourou, des Yadouides et de Bharata, la famille d’Yayâti et d’ikshvâkou, la lignée entière des Râdjarshis, les races nombreuses et les vastes générations des êtres ; toutes les habitations des êtres animés, ce qui regarde le mystère contenu en trois lettres, les observances du Véda, la distinction, le devoir, l’intérêt et l’amour. 44-48.

» Le rishi a passé en revue les divers Traités, qui roulent sur l’amour, l’intérêt et le devoir, ainsi que toutes les lois, qui régissent la marche du monde. Les histoires, les commentaires, les traditions, enfin tout caractère du poème fut exposé là dans son ordre. Quand il eut fini de resserrer et d’étendre : « Les sages désiraient, en vérité ! dans le monde, se dit le vénérable, cette vaste science, qui porte en elle ses abrégés et ses développements ! » Certains brahmes lisent le Bhârata en commençant par l’épisode de Manou, quelques-uns par celui d’Astika, ceux-là par celui d’Ouparitchara ; il en est qui le lisent entièrement. Les savants, habiles, les uns à raconter, les autres à retenir les vers du poème, font resplendir la science variée de ce docte recueil 49-53.

Après qu’il eut disposé, à force de pénitences et d’instruction théologique, l’éternel Véda, le petit-fils de Satyavatî, le fils de Parâçara, le savant brahmarshi, fidèle à son vœu, se mit à rédiger cette sainte histoire. Quand il eut achevé ce narré sans pareil : « Comment instruirai-je ici mes disciples ? » pensa le brillant Dwaîpâyana. À la vue de cette pensée dans l’esprit de l’anachorète, Brahma, l’instituteur fortuné des mondes, descendit ici-bas de soi-même par amitié pour le rishi et par affection pour le bien du monde. À son aspect le rejeton de Vâsavî, environné par tous les groupes des solitaires, sourit, s’inclina, ses mains réunies en coupe, et lui offrit un siège. Il décrivit un pradakshina autour d’Hiranya-garbha, assis sur le siège d’honneur, et se tint respectueusement à côté de son fauteuil ; puis, sur l’invitation de Brahma-Paraméshthi, Krishna s’assit joyeux près du siège avec un candide sourire. L’anachorète à la grande splendeur : « C’est moi, bienheureux, dit-il à Brahma-Paraméshthi, qui ai fait ce poème tenu en fort grande estime. J’ai fondé aussi, Brahma, un autre mystère, celui des Védas, avec les œuvres développées des Angas, des Oupanishads et des Védântas ; par mes soins, les histoires et les Pourânas ont ouvert les yeux, et le passé, le présent et l’avenir, cette triade fut ce qu’on appelle le temps. J’ai défini la vieillesse, la mort, la crainte, la maladie, l’être et le non-être, le caractère de la vertu en ses diverses formes et celui des ordres religieux, les règles pour les quatre classes et celles des Pourânas entièrement, celles de la pénitence, du noviciat, de la terre, du soleil, de la lune, la mesure des étoiles, des constellations, des planètes avec les quatre âges, les Rig, Yadjous, et Sâma, esprit suprême du Véda ; l’étude du Nyâya, la médecine, le don suivant la manière des sectateurs de Çiva ; la naissance appelée divine et humaine, quoique égale par la cause ; la description des tîrthas et des lieux saints, des rivières, des montagnes, des forêts et de la mer ; l’art des combats dans les antiques âges et les kalpas divins, les différences des espèces de langage, la marche des affaires mondaines, l’essence, qui est répandu partout et se communique à tout : enfin, il n’existe pas sur la terre un écrivain, qui ait traité déjà ces matières. » 54-70.

- « Je pense, dit Brahma, que la connaissance de la science des mystères t’élève au-dessus de la foule distinguée des solitaires, quelque distingués qu’ils soient par la pénitence. Je connais depuis le commencement ta véridique parole, qui a pour sujet Brahman : ce poème, comme tu l’appelles, sera donc le poème par excellence. De même que les trois autres états sont incapables de faire ce qui distingue le maître de maison ; ainsi nul poète n’est capable de produire ce qui distingue ce poème. Pense à Ganéça, anachorète, pour la tâche d’écrire cette œuvre. »

« Quand il eut parlé de cette manière, dit le rejeton de Soûta, Brahma de s’en retourner dans son palais. 71-74.

Ensuite Vyâsa, le fils de Satyavatî, pensa au souverain des Ganas. À peine eut-il formé cette pensée, aussitôt Héramba, qui aime à satisfaire la pensée de ses adorateurs, Vighnéça descendit là où se tenait Védavyâsa. Honoré par lui, il s’asseoit, et Vyâsa lui tient alors ce langage : « Maître des Ganas, Dieu pur, sois l’écrivain du Bhârata, ce poème, que j’ai composé dans mon esprit et que je vais te dicter. » À ces mots, Vighnéça répondit : « Oui ! je serai ton secrétaire, à condition que ma plume ne s’arrêtera pas un instant aussi long-temps que j’écrirai. » — « Soit ! n’écris pas, si tu es quelque part sans comprendre, » dit Vyâsa au Dieu. — « Aum ! » reprit Ganéça ; et c’est ainsi qu’il devint le secrétaire du pénitent. 75-79.

Ensuite le solitaire fit en lui-même avec ardeur l’enchaînement du poème, touchant lequel Dwaîpâyana l’anachorète, ayant réfléchi, dit cette parole : « Je sais huit milliers et huit centaines de çlokas ; Çouka les sait ; Sandjaya ou les sait ou ne les sait pas. » Il est impossible de rompre cette masse de çlokas bien fortement enchaînée par le mystère du sens, que le solitaire y tient renfermé. Dans les moments, où Ganéça, tout savant qu’il fût, s’arrêtait à réfléchir un instant, Vyâsa composait plusieurs autres çlokas. Ce poème avec les pinceaux trempés dans le collyre de la science fait ouvrir les yeux au monde, qui marche aveuglé par les épaisses ténèbres de l’ignorance. Telle que cette obscurité s’enfuit à la clarté des récits, abrégés ou développés, qui ont pour objet l’affranchissement de l’amour, des richesses et de la loi, ainsi est-elle chassée par le soleil du Bhârata. De même que les pléoménies des Pourânas enfantent les clairs-de-lune des Védas, de même il produit la lumière en dissipant les nuages, ennemis de l’intelligence humaine. Le séjour de l’embryon du monde est éclairé tout à fait, comme il sied, par la lampe de cette histoire, qui anéantit les brouillards des illusions. Le chapitre de la table des matières est la semence du poème, le Pâauloma et l’Astika en sont comme les racines, Sambhava en est le tronc sublime, Sabhâ et Aranya sont les branches, volière d’oiseaux. Le chant d’Aranî est sa forme première ; Oudyoga et Virâta sont, pour ainsi dire, sa moëlle, le chant de Bhîma est sa principale branche, la section de Drona est son feuillage ; le chant de Karna est sa parure de fleurs blanches, celui de Çalya en est le parfum, le chant des femmes et l’Aîshika est son délassant ombrage, la section de Çânti est son fruit plantureux ; l’Açwamédha en est le suc aussi doux que l’ambroisie, l’Açrama-Sthâna est la terre, où il est planté ; le Mâausala, honoré des brahmes les plus distingués, est l’abrégé des Védas. Cet arbre immortel du Bhârata deviendra une source de vie pour tous les princes des poètes et ce que le Dieu des pluies est aux plantes de la terre. 80-92.

Le rejeton de Soûta dit : « Je vais exposer la production de ses fleurs et de ses fruits, doués tous d’un suc doux, pur, que ne sauraient cueillir même les Immortels. Jadis, par les ordres de sa mère et du sage Bhîshma, l’héroïque et vertueux Krishna-Dwaîpâyana engendra au sein de la veuve de Vitchitravirya les Kâauravyas semblables aux trois feux sacrés. Quand il eut donné la vie à Dhritarâshtra, Pândou et Vidoura, le sage s’en revint à son hermitage afin d’y continuer ses pénitences. Les jeunes princes nés, grandis, entrés dans la meilleure des voies, le maharshi récita le Bhârata dans ce monde des enfants de Manou. Interrogé par Djanamédjaya et par des milliers de brahmes, il enseigna ce poème à son disciple Vaîçampâyana, assis devant lui. Il récita lui-même, pressé mainte et mainte fois, le Bhârata dans les intervalles du sacrifice, où il était assis au milieu des assistants. Dwaîpâyana dit avec convenance la grandeur de la race de Kourou, le caractère vertueux de Gândharî, la science de Kshattri, la fermeté de Kountî. Le saint anachorète exposa la magnanimité de Vâsoudéva, la véracité des Pândouides, la conduite effrénée des fils de Dhritarâshtra, et renferma en vingt-quatre mille çlokas le recueil du Bhârata, non compris les épisodes : c’est le poème, que les savants appellent aujourd’hui le Bhârata. Le saint hermite fit en outre un abrégé de cent cinquante çlokas pour table des matières avec les chapitres des histoires. Dwaîpâyana fit d’abord lire ce poème à son fils Çouka ; ensuite, il fut donné par le maître à ses autres disciples, formés sur son modèle. Il fit un second recueil de soixante centaines de mille çlokas : trente centaines de mille sont déposés dans le monde des Dieux ; quinze centaines de mille furent dits chez les Pitris ; quatorze au milieu des Gandharvas ; cent mille seulement furent chantés parmi les hommes. Nârada fit écouter ces vers aux Dieux ; Asita-Dévala aux Pitris ; Çouka les récita aux Rakshasas, aux Yakshas, aux Gandharvas. Vaîçampâyana, le vertueux disciple de Vyâsa et le plus instruit de tous les sages, qui possèdent le Véda, récita les cent mille çlokas dans ce monde des hommes ; je vais les dire moi-même ; écoutez ! L’irascible Douryodhana est un grand arbre, le sage roi Dhritarâshtra en est la racine, Karna le tronc, Çakouni les branches, Douçâsana les fleurs écloses et les fruits mûrs. Le vertueux Youdhishthira est aussi un grand arbre ; Krishna, Brahman et les brahmes en sont les racines, Arjouna le tronc, Bhîmaséna les branches, les deux fils de Mâdrî les fleurs écloses et les fruits mûrs. 93-109.

» Après que Pândou eut conquis par sa bravoure et son intelligence de nombreuses contrées, il habita, en compagnie des anachorètes, dans la forêt, où il s’adonnait à chasser. Il tomba en de pénibles infortunes, à commencer par la naissance des fils de Prithâ, parce qu’il avait tué une gazelle dans l’accouplement : on voit ici la marche de la Destinée, inséparable des actions. Leurs mères, ses épouses, conçurent d’Yama, du Vent, d’Indra et des célestes Açwins, selon ce qui est enjoint par le Traité des Devoirs. Quand ils eurent grandi avec ces magnanimes pénitents, sous l’œil vigilant de leurs mères, dans ces forêts saintes et dans ces purs hermitages, novices portant le djatâ, disciples conformes aux enseignements du maître, ils furent conduits par les anachorètes chez les princes Dhritarâshtrides. « Voici les fils de Pândou, vos amis, vos frères et vos enfants ! » Ces mots dits, les hermites s’éclipsèrent. Après qu’ils eurent vu les pénitents les annoncer comme les fils de Pândou, les Kourouïdes et les citadins, qui appartenaient aux premières classes, firent éclater les transports de leur joie : « Ils ne sont pas de lui ! » murmuraient ceux-ci. « Ils sont bien ses fils ! » s’écriaient ceux-là. « Comment peuvent-ils être de lui, disaient les autres, puisque Pândou est mort depuis long-temps ? » — « Qu’ils soient les bien-venus de toutes les manières ! oh bonheur ! nous voyons la postérité de Pândou ! Criez : « Bien-venus ! » On entendait ces paroles de tous les côtés. Quand ces voix eurent cessé, toutes les plages du ciel résonnèrent et ce fut encore un bruit confus d’êtres invisibles. Il y eut à l’entrée de ces princes une pluie suave de fleurs et de parfums ; le son des tambours se mêlait à celui des conques : c’était comme une merveille ! Le plaisir de cet événement fit naître la joie au cœur de tous les habitants : le bruit, qui s’élevait là, augmenté par celui des conversations, s’en allait frapper jusqu’à la voûte du ciel. 110-121.

Les Pândouides, qui avaient lu tous les Védas et les différents Traités, habitèrent cette ville en grand honneur à l’abri de toute crainte. Les citoyens aimaient la pureté d’Youdhishthira, la fermeté de Bhîmaséna, le courage d’Arjouna, la docilité de Kountî à l’égard de son directeur, la modestie des jumeaux fils des Açwins ; et l’héroïsme des cinq charmait toute la ville. 122-124.

Ensuite, exécutant une chose difficile à faire, Arjouna obtint la jeune Krishna dans l’assemblée des rois, où elle devait se choisir elle-même un époux. À compter de ce jour, il reçut dans le monde les hommages de tous les habiles archers, et son aspect dans les batailles ne fut pas moins impossible à soutenir que la vue même du soleil. Arjouna, après qu’il eut vaincu tous les rois et toutes leurs puissantes armées, se mit à protéger le suprême sacrifice du roi. Youdhishthira put donc mener à bonne fin le râdjasoûya, ce grand sacrifice, où abondaient et les aliments pour tous et les dons pour les brahmes, et qui fut doué de toutes les qualités. Djarâsanda et le roi de Tchédi, orgueilleux de sa force, succombent, grâce à la sagesse de Vâsoudéva, grâce à la vigueur de Bhîma et d’Arjouna. 125-129.

À la vue des précieuses richesses étalées çà et là devant ses regards, des chevaux, des éléphants, des vaches, des pierreries, de l’or, des perles, des habits variés, des manteaux, des couvertures, des joyaux, des pelleteries, des voiles, des lits tissus de laine ; à la vue de leur maison, ressemblante aux palais des Immortels et savamment bâtie par Maya avec les magnifiques restes apportés du Vârshaparva ; à la vue de cette prospérité des Pândouides enrichis, alors une bien grande colère, fille de l’envie, naquit au cœur de Souyodhana. Là, comme il se hâtait de sortir, Bhîma se rit de lui en présence de Vâsoudéva, sans plus d’égard que s’il était un homme de bas lieu. Lui, chez lequel abondaient toutes les espèces d’aliments et toutes les sortes de pierreries, il était devenu pâle, jaune, maigre, dit-on à Dhritarâshtra. Ensuite, cédant à sa tendresse pour ses fils, celui-ci permet le jeu ; Vâsoudéva, à cette nouvelle, ressent une vive colère[1]. 130-136.

Quand il eut jeté Vidoura, Drona, Çâradvata, Bhîshma, Kripa dans cette lutte aveugle, où les kshatryas se consumaient l’un l’autre, il n’en eut pas le cœur infiniment satisfait, car il avait ouvert la porte aux contestations, qui viennent à la suite du jeu, et permis l’entrée aux différentes infortunes, qui accompagnent la mauvaise chance. 137-138.

Les fils de Pândou ayant gagné, lorsqu’il vit s’exhaler de terribles ressentiments et qu’il sut les projets de Douryodhana, de Karna et de Çakouni, 139.

Dhritarâshtra, après de longues réflexions, dit ces paroles à Sandjaya : « Écoute, Sandjaya, tout ce qui est dans mon cœur et ne veuille pas me blâmer. 140.

» Tu es instruit, tu es plein de sagesse et d’intelligence, tu es estimé pour ta science ! La guerre n’est pas mon opinion et la destruction de ma famille ne m’est pas agréable. 141.

» Je ne mets aucune différence entre mes enfants et les fils de Pândou. Enivrés par la colère, mes fils injurient ma vieillesse. 142.

» Privé des yeux, je supporte ce dédain par faiblesse et par amour de mes fils ; je suis devenu comme insensé à l’exemple de Douryodhana, qui délire et a perdu l’esprit. 148.

» Depuis qu’il a vu la prospérité du splendide Pândouide dans le sacrifice du râdjasoûya et subi la moquerie en regardant les montées du palais. 144.

» Incapable de vaincre lui-même les Pândouides dans un combat, et ne pouvant, tout prince qu’il est, atteindre à leur éclatante prospérité. 145.

» Il a, en compagnie du roi de Gândhara, médité un jeu trompeur sous l’apparence de la bonne foi. Écoute donc, Sandjaya, tout ce qui est connu par moi. 146.

» Quand tu connaîtras dans la vérité que mes paroles sont accompagnées de l’intelligence, alors, fils de Soûta, tu sauras qu’aveugle j’ai du moins la vision de la science.

» Quand j’eus ouï dire qu’Arjouna, levant son arc, avait frappé, abattu sur la terre le but merveilleux, et enlevé Krishnâ à la vue de tous les rois ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 147-148.

» Quand j’eus ouï dire qu’il avait mené de force Soubhadrâ, la fille de Madhou, à Dwârakâ et que les deux vaillants Vrishnides s’en étaient allés à Indraprastha ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 149.

» Quand j’eus ouï dire qu’Arjouna, armé de flèches divines, avait arrêté le roi des Dieux versant la pluie, et que le feu s’était rassasié à dévorer la forêt Khândava ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire, 150.

» Quand j’eus ouï dire que les cinq fils de Prithâ, accompagnés de Kountî, s’étaient échappés de la maison de laque et que Vidoura s’était joint avec eux pour le bon succès de leurs affaires ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 151.

» Quand j’eus ouï dire qu’Arjouna, ayant percé le but au milieu de l’amphithéâtre, avait conquis Drâaupadî et que les héros Pântchâlas s’étaient réunis aux héros Pândouides ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 152.

» Quand j’eus ouï dire que Bhîmaséna avait étreint dans ses bras le plus vaillant des Mâghadains, Djârasanda, resplendissant au milieu des kshatryas, et l’avait étouffé ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 153.

» Quand j’eus ouï dire que, dans leur conquête du monde entier, les fils de Pândou avaient contraint à la soumission les monarques de la terre et qu’ils avaient célébré le grand sacrifice du râdjasoûya ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire.

» Quand j’eus ouï dire qu’on avait traîné dans l’assemblée Drâaupadî, couverte d’un seul vêtement, désolée, baignant de larmes son cou, souillée des impuretés de son mois et traitée comme une femme sans appui, elle, qui avait pour défenseur un tel époux ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 154-155.

» Quand j’eus ouï dire que le méchant Douçâsana, d’une intelligence étroite avait enlevé de dessus elle, par centaines, une masse de robes, sans qu’il parvînt à lui arracher la dernière ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 156.

» Quand j’eus ouï dire qu’Youdhishthira, vaincu au jeu par Sâaubala, avait perdu son royaume et que ses incomparables frères l’avaient suivi dans l’exil ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire.

» Quand j’eus ouï dire les différents exploits de ces vertueux Pândouides, partis pour les forêts et que leur amitié fraternelle avait plongés dans le malheur ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 157-158.

» Quand j’eus ouï dire que des milliers de brahmes magnanimes, initiés, vivant d’aumônes, avaient suivi Dharmarâdja dans les bois devenus sa demeure ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 159.

» Quand j’eus ouï dire qu’Arjouna avait plu dans un combat à Tryambaca, le Dieu des Dieux, sous les apparences d’un chasseur montagnard, et qu’il avait obtenu la grande arme de Çiva ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 160.

» Quand j’eus ouï dire que ce Dhanandjaya, docte, illustre, attaché à la vérité, muni d’une arme divine, habitait vraiment le ciel en présence de Çakra ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire, 161.

» Quand j’eus ouï dire ensuite qu’Arjouna avait triomphé des Kâlakéyas et des Pâaulomans, fiers d’une insigne faveur, qui les rendait invincibles aux Dieux mêmes ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 162.

» Quand j’eus ouï dire qu’Arjouna-Kirîti, qui traîne avec fureur ses ennemis était allé dans le monde de Çakra pour la mort des Asouras et s’en était revenu, son exploit accompli ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 163.

» Quand j’eus ouï dire que Bhîma et les autres jeunes princes étaient allés avec Vaîçravana dans cette région, inaccessible aux enfants de Manou ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 164.

» Quand j’eus ouï dire que mes fils, charmés des conseils de Karna, s’étaient rendus à Ghoshayâtra et que, jetés dans les chaînes par les Gandharvas, Arjouna les avait délivrés ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 165.

» Quand j’eus ouï dire, petit-fils de Soûta, qu’Yama, sous la forme d’un Yaksha, avait conversé avec Dharmarâdja et répondu convenablement à certaines demandes ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 166.

» Quand j’eus ouï dire que les miens n’avaient pas su que les fils de Pândou habitaient, avec Krishnâ, dans le royaume de Virâta sous un extérieur emprunté ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 167.

» Quand j’eus ouï dire qu’Arjouna avait brisé, avec un seul char, les plus vaillants des miens au temps, où ces magnanimes habitaient le royaume de Virâta ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire.

» Quand j’eus ouï dire que le roi de Matsya avait donné la vertueuse Outtarâ, sa fille, à Arjouna et que celui-ci l’avait acceptée pour son fils ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 168-169.

» Quand j’eus ouï dire qu’Youdhishthira banni, privé de sa famille, dépouillé de toutes ses richesses, n’en possédait pas moins sept armées complètes ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 170.

» Quand j’eus ouï dire que Mâghava-Vâsadéva était venu s’incarner de son âme universelle dans l’intérêt des Pândouides sur cette terre, dont il est, dit-on, la seule énergie ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 171.

» Quand j’eus oui dire à la bouche même de Nârada : « Arjouna et Krishna ne sont pas autres que Nara et Narâyana ; je l’ai vu, à n’en pouvoir douter, dans le monde de Brahma ; » alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire 172.

» Quand j’eus ouï dire que, désirant la paix dans l’intérêt du monde, Krishna s’en était allé chez les Kourouides porter des paroles de paix et s’en était revenu, ayant vu échouer sa mission ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 173.

» Quand j’eus ouï dire que, Douryodhana et Karna ayant conçu le dessein de prendre Kéçava, celui-ci s’était montré lui-même sous des formes nombreuses ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 174.

» Quand j’eus ouï dire que Vâsoudéva s’était avancé vers Prithâ et qu’il avait consolé, lui, Kéçava ! cette femme, qui se tenait désolée, sans cortège devant son char ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 175.

» Quand j’eus oui dire que Vâsoudéva était le conseiller des Pândouides, Bhîshma, le fils de Çântanou, celui des Kourouides, et que Bhâradwâdja même avait prononcé les bénédictions ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 176.

» Quand Karna eut dit à Bhîshma ces paroles : « Je ne joindrai plus mes efforts aux tiens dans les combats ! » et qu’abandonnant l’armée, il se fut retiré ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 177.

» Quand j’eus oui dire qu’Arjouna et Krishna s’étaient réunis à Gândiva, l’arc sans mesure, afin de former avec lui un faisceau de trois épouvantables énergies ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 178.

» Quand j’eus ouï dire qu’Arjouna, saisi d’une faiblesse, s’était affaissé sur le siège du char et que Vâsoudéva lui avait offert dans son corps la vue des mondes ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 179.

» Quand j’eus oui dire que Bhîshma, terrible aux ennemis, avait brisé dans le combat dix mille chars et qu’il n’était pas mort un seul guerrier d’un nom illustre ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 180.

» Quand j’eus ouï dire que le vertueux Apagéya avait prédit lui-même sa mort dans la bataille et que les Pândouides triomphants avaient traîné son corps ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 181.

» Quand j’eus ouï dire qu’Arjouna, ayant placé devant lui Çikhandi, avait tué Bhîshma d’un héroïsme sans borne, guerrier insoutenable dans les combats ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 182.

» Quand j’eus ouï dire que Bhîshma, immolé sous des traits aux diverses empennures, était, ce vieux héros, étendu sur un lit de flèches, après qu’il eut bien réduit le nombre des Somakas ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 183.

» Quand j’eus ouï dire que le fils de Çântanou, ainsi couché sur le champ de bataille et consumé par la soif, avait sollicité d’Arjouna un peu d’eau, que celui-ci au même instant avait fendu la terre et désaltéré Bhîshma ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire.

» Quand le vent, Indra et le soleil se furent alliés dans un même esprit, afin d’assurer la victoire aux enfants de Kountî, et que ceux-ci, pareils à des bêtes féroces, eurent semé l’épouvante sans relâche au milieu de nous ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 184-186.

» Quand Drona, qui enseignait dans les batailles différents chemins par les armes, n’eut pas réussi à tuer, malgré ses diverses manières de combattre, les plus vaillants des Pândouides ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 186.

» Quand j’eus ouï dire qu’Arjouna avait tué nos héros déterminés, qui avaient juré de lui ôter la vie ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 187.

» Quand j’eus ouï dire que le héros, fils de Soubhadrâ, avait pénétré dans notre armée impénétrable à d’autres et qu’il y était entré, toute gardée qu’elle fût par Bhâradwâdja même, revêtu de ses armes ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 188.

» Quand nos vaillants guerriers, qui avaient environné et tué le jeune Abhimanyou, firent tous éclater la joie dans leurs gestes, quoiqu’ils fussent incapables de résister à son père, le fils de Prithâ ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 189.

» Quand j’eus ouï dire et les cris, que les Dhritarâshtrides avaient poussés, ivres de joie, quand ils eurent immolé Abhimanyou, et le mot, que, dans sa colère, Arjouna avait jeté à Saîndhava ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 190.

» Quand j’eus ouï dire qu’au milieu des ennemis Arjouna avait accompli cette promesse, qu’il avait faite à Saîndhava, de lui donner la mort ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 191.

» Quand j’eus ouï dire que Vâsoudéva était venu trouver Arjouna, qui avait dételé ses chevaux fatigués, les avait menés boire, et, les ayant attelés de nouveau, avait ramené ses coursiers ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 192.

» Quand j’eus ouï dire que, ses chevaux épuisés de fatigue, le fils de Pândou, Arjouna, debout sur le siège du cocher, avait arrêté seul tous les guerriers ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire.

» Quand j’eus ouï dire qu’Youyoudhâna, le Vrishnide, ayant broyé l’armée de Drona, à laquelle des armées d’éléphants eussent bien difficilement résisté, s’était rendu là où étaient Krishna et le fils de Prithâ ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 193-194.

» Quand j’eus ouï dire qu’insulté en paroles et frappé avec un bout de l’arc, le vaillant Bhîma, ayant affronté Karna, avait échappé à la mort ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 195.

» Quand j’eus ouï dire : « Drona, Kritavarman, Kripa, Karna, le fils de Drona et l’héroïque Bhadrarâdja ont souffert que Saindhava fût tué devant eux ! » alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 196.

» Quand j’eus ouï dire que Mâghava avait habilement détourné sur Ghatotkatçha, le Rakshasa à la forme épouvantable, une lance divine en fer, présent du roi des Dieux ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 197.

» Quand j’eus oui dire : « Dans le combat, que se livraient Karna et Ghatotkatçha, le fils de Soûta lança contre le Rakshasa un javelot de fer, qui devait arracher la vie dans la bataille à Savyasâtchî ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 198.

» Quand j’eus ouï dire que Dhrishtadyoumna, foulant aux pieds le devoir, avait abandonné seul, sans armes et près de mourir sur le siège de son char Drona, un maître spirituel ! alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 199.

» Quand j’eus ouï dire que le fils de Mâdri, Nakoula, engagé dans un duel au char avec le fils de Drona, au milieu des armées, s’était montré son égal dans ce combat par les cercles, qu’il faisait décrire à son char ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 200.

» Quand, Drona tué, on ne vit pas son fils, qui maniait l’arme céleste, appelée Nârâyana, courir à l’extermination de ces Pândouides ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 201.

« Quand j’eus ouï dire que Bhîmaséna dans la bataille avait bu le sang de Douçâsana, son frère et que pas un de nos guerriers ne l’avait empêché ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 202.

» Quand j’eus ouï dire que le fils de Prithâ avait tué dans cette fratricide bataille, mystère impénétrable des Dieux, le héros Karna, dont le courage sans borne était insoutenable dans les combats ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 203.

» Quand j’eus ouï dire qu’Youdhishthira, qui est Yama sur la terre, avait triomphé du terrible Kritavarman, du héros Douçâsana et du fils de Drona ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 204.

» Quand j’eus ouï dire, petit-fils de Soûta, que Dharmarâdja avait tué dans le combat cet héroïque monarque de Hadra, toujours le rival de Krishna dans les batailles ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 205.

» Quand j’eus ouï dire que Sahadéva, un des fils de Pândou, avait immolé dans la bataille Sâaubala, puissant par la magie, ce méchant, la source des tricheries au jeu et des querelles ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 206.

» Quand j’eus ouï dire que Douryodhana harassé de fatigue, abandonné, sans char, sa lance rompue, était entré dans un lac où il s’était couché, après qu’il en eut solidifié les eaux ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 207.

» Quand j’eus ouï dire que les Pândouides venus là et se tenant près du lac, accompagnés du Vasoudévide, avaient blessé de paroles mon fils, bouillant de colère ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 208.

» Quand j’eus ouï dire : « Ce héros, qui, décrivant des cercles dans le combat à la massue, explorait des routes admirables et variées, fut tué déloyalement, Vâsoudéva en étant le témoin ; » alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 209.

» Quand j’eus ouï dire que le fils de Drona avait tué les Pântchâlains et les Drâaupadéyas endormis : exploit barbare et déshonorant ! alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 210.

» Quand j’eus ouï dire qu’Açvatthâman, poursuivi par Bhîmaséna, avait lancé dans sa colère un trait excellent, qui était allé blesser Aîshika dans le sein même de sa mère ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 211.

» Quand j’eus ouï dire qu’opposant un enchantement à un autre enchantement, Arjouna avait neutralisé l’arme Brahmaçiras avec le seul mot : swasti ! et qu’Açvatthâman avait donné les pierreries et les perles ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conservé d’espérance pour la victoire. 212.

» Quand j’eus ouï dire que le fils de Drona avait par le moyen de grandes armes fait tomber l’embryon de la Virâtide et que Dwaîpâyana et Kéçava, tour à tour, avaient chargé ce héros de leurs imprécations ; alors, Sandjaya, je n’ai plus conserve d’espérance pour la victoire. 213.

» Gândhârî est à plaindre, elle, qui a perdu ses fils, ses petit-fils, ses alliés, ses parents et ses frères ! Les fils de Pândou ont accompli une entreprise bien difficile et le royaume est revenu sans ennemis dans leurs mains. 214.

» On m’a dit, hélas ! que dix guerriers seulement ont survécu à cette bataille : trois des miens et sept des Pândouides ; dix-huit armées complètes ont péri dans cette guerre épouvantable de kshatryas ! 216.

» Une profonde obscurité s’étend sur moi ;… l’évanouissement, pour ainsi dire, m’a déjà saisi ;… je perds, petit-fils de Soûta, le discernement ;…. mon âme est dans un trouble infini. » 216.

Le rejeton de Soûta dit : « À ces mots, profondément affligé, Dhritarâshtra de gémir. Il perdit connaissance et, quand il eut recouvré les sens, il tint à Sandjaya ce langage : 217.

« Sandjaya, dit-il, puisque les choses sont devenues telles, je désire quitter bientôt la vie : en effet, je ne vois pas le moindre bien pour moi à conserver l’existence. » 218.

Le rejeton de Soûta dit : « Au monarque infortuné, qui parlait ainsi, en sanglottant, qui soufflait comme un serpent et s’évanouissait à chaque instant, 219.

» Le docte fils de Gavalgana fit écouter ces paroles d’un grand sens : « Roi, tu as ouï dire à Dwaîpâyana et au sage Nârada que dans les grandes familles royales, douées de toutes les vertus, sont nés des princes, habiles à manier les armes célestes et d’un courage égal à celui d’Indra, qui, après avoir subjugué avec justice la terre, offert des sacrifices, où abondaient les présents, et gagné de la gloire dans ce monde, ont passé sous l’empire de la mort.» Tels furent Çaîvya, le vaillant Mahâratha et Sandjaya, le meilleur des conquérants, 220-223.

» Souhotra, Rantidéva, Kâkshîvat à la grande splendeur, Vâlhîka, Damana, Çaryâti, Adjita et Nala, 224.

« Viçvamitra, le meurtrier des ennemis, Ambharîsha à la grande vigueur, Marouta, Manou, Ikshwâkou, Gaya et Bharata lui-même, 225.

» Râma le Daçarathide, Çaçavindou, Bhagîratha, Kritavîrya à la haute fortune et Djanamédjaya, 226.

» Yayâti aux œuvres saintes, qui, victorieux par son alliance avec les Dieux, 227.

» Jalonna de colonnes pour les victimes cette terre, devenue comme une mine de sacrifices. Tels sont les vingt-quatre rois, que Nârada, le rishi des Dieux, 228.

» Rappela jadis à Çaîvya, consumé de chagrins par la mort de son fils. Avant eux avaient déjà passé sur la terre d’autres monarques, pleins de force, 229.

» Magnanimes, héroïques, doués de toutes les qualités : Pourou, Kourou, Yadou, Çoûra, Viçvagaçva à la grande splendeur, 230.

» Anouha, Youvanâçva, Kakoutstha, Vikrami, Raghou, Vidjaya, Vîtihotra, Anga, Bhava, Çwéta, Vrihadgourou, 231.

» Ouçînara, Çataratha, Kanka, Doulidouha, Drouma, Dambhodbhava, Para, Véna, Sagara, Sankriti, Nimi, 232.

» Adjéya, Paraçou, Poundia, Çambhou, Dévâvridha, exempt de péché, Dévâhvaya, Soupratima, Soupratika, Vrihadratha, 233.

» Mahotsâha, Vinîtâtman, Soukratou, Nêshadha, Naîa, Satyavrata, Çântabhaya, Soumitra, l’auguste Souvala,

» Djânoudjangha, Anaranya, Arka, Priyabhritya, Çoutchivrata, Valavandhou, Nirâmarda, Kétouçringa à la grande vigueur, 234-235.

» Dhrishtakétou, Vrihatkétou, Dîptakétou, affranchi des maladies, Avikshit, Tchapala, Dhoûrtta, Kritavandhou, Drithéshoudhi, 236.

» Sambhâvya des temps les plus anciens, Pratyanga, Parahan et Çrouti. Ces rois et d’autres par centaines et par milliers 237.

» Ont laissé leurs noms avec d’autres encore, que l’on peut compter par centaines et par myriades de millions. Tout remplis qu’ils fussent d’intelligence, tout puissants qu’ils étaient par la force, abandonnant ici-bas leur éminente fortune, 238.

» Ces rois n’en sont pas moins tombés, comme tes fils, seigneur, sous la main de la mort. Les sages, qui sont les plus grands des poètes, ont raconté dans l’antique monde les célestes actions, le courage, la munificence, la magnanimité, la foi, la vérité, l’innocence, l’humanité et la droiture de ces princes. 239-240.

» Ils sont morts, ces hommes, riches de toutes les prospérités et doués de toutes les vertus ; mais tes fils ont l’âme cruelle ; ils se laissent consumer par la colère ; 241.

» Ils sont avides et noyés dans l’inconduite : ne veuille donc pas les plaindre. Tu sais, toi, qui es intelligent, sage, réputé un pandit, 242.

» Ô rejeton de Bharata, que ceux, dont l’esprit s’est modelé sur les Çâstras, ne se laissent pas abattre. Ta fermeté, roi des hommes, n’est pas moins renommée que ta bienveillance : 243.

» Il ne faut donc pas accompagner d’une plainte excessive la mort de tes fils. Ne veuille pas gémir de ce qui doit nécessairement arriver. 244.

» Qui peut arrêter le Destin par la supériorité de sa prescience ? Aucun homme ne peut sortir de la voie, que lui a fixée le Créateur. Être ou ne pas être, jouir ou souffrir : c’est le temps, qui est la racine de tout cela ! 245.

» Le temps crée les êtres, le temps détruit les créatures ; c’est le temps, qui allume le feu de la vie ; c’est le temps, qui ensuite l’éteint. 246.

» Le temps met au jour les êtres purs et Impurs dans l’univers entier ; c’est le temps, qui extermine tous les êtres ; c’est le temps, qui les fait naître de nouveau. 247.

» Le temps veille dans leur sommeil, car le temps est insurmontable ; le temps pénètre égal et sans obstacle en tous les êtres. 248.

» Puisque les êtres, qui ne sont plus, ou qui ne sont pas encore, ou qui existent à cette heure, sont tous, comme tu l’as appris, les créations du temps, ne laisse pas s’égarer ta raison. » 249.

» C’est par de telles consolations, dit le Soûtide, que l’âme du roi Dhritarâshtra, affligé du chagrin de perdre bientôt ses fils, fut remise alors dans une ferme assiette par Soûta le Gavalganide. 250.

» Krishna-Dwaîpâyana dit en cette conjoncture une sainte Oupanishad. Les sages, qui sont les plus excellents des poètes, l’ont récitée dans l’antique monde. 251.

Le croyant, s’il fait une lecture du Bhârata, en lût-il seulement un saint distique, est complètement lavé de tous ses péchés. 252.

En effet, on y parle des Immortels, des Dévarshis, des Brahmarshis à l’âme pure, aux œuvres saintes, des Yakshas et des grands Ouragas. 253.

On y parle de l’impérissable et bienheureux Vâsoudéva, qui est, assurément ! la vérité, l’immortalité, la purification et la sainteté même, 254.

L’éternel Brahman, la certitude suprême, la lumière sans fin, de qui les sages ont raconté les œuvres divines ; 255.

Lui, ce qui n’est pas, ou plutôt ce qui à la fois est et n’est pas, de qui l’univers tire son origine, qui est le commencement et le développement, qui est la naissance, la mort et la résurrection des êtres, 256.

Lui, qu’on appelle l’âme-suprême et l’essence des qualités constituantes des cinq éléments ; lui, qu’on célèbre à la ronde comme le premier et le suprême indistinct ! 257.

Ce que les plus grands des yatis, libres des passions et doués du pouvoir de s’identifier avec Dieu par la méditation, voient placé dans leur âme, comme une image réfléchie dans un miroir ! 258.

L’homme croyant, toujours l’esprit appliqué, toujours adonné à l’exercice de la vertu, s’il cultive cette lecture, est lavé de ses péchés. 259.

Le fidèle, qui écoute assidûment ce chapitre de la table des matières du Mahâ-Bhârata depuis le commencement, ne succombe jamais au milieu des infortunes. 260.

Quiconque aux deux crépuscules en récite à voix basse quelque chose est délivré à l’instant de toutes les impuretés, qu’il a contractées par la succession du jour et de la nuit. 261.

Ce corps du Bhârata est la vérité même ; il est immortel. De même que le beurre nouveau l’emporte sur le lait coagulé et le brahmane sur les autres hommes ; 262.

Comme l’Aranyaka vaut mieux que les Védas, et l’ambroisie que les plantes médicinales ; tel que la mer est plus excellente que les lacs et la vache que les quadrupèdes ; 263.

Tel il en est du Bhârata comme de ceux-ci : il excelle, dit-on, par-dessus tous les itihâsas. Quiconque, dans un çrâddha, ferait écouter aux brahmes ce chapitre jusqu’à la fin, ne pourrait manquer d’assurer à ses ancêtres une provision éternelle d’aliments et de breuvage. 264.

Qu’il ajoute à la science des itihâsas et des pourânas ! La science redoute l’homme, qui a peu d’instruction : « Il me fera la guerre ! » se dit-elle. 265.

À peine le savant a-t-il fait écouter ce Véda de Vyâsa, il en goûte aussitôt le fruit. Cette lecture peut, sans nul doute, effacer un crime plus grand même que la mort donnée à l’enfant non encore né. 266.

Le mérite de l’homme, qui lira pur ce chapitre à chacune des phases de la lune, équivaut à celui d’avoir lu, en entier, le Bhârata : c’est là mon sentiment. 267.

L’homme, qui, rempli de foi, écoutera sans relâche cette œuvre sainte, obtiendra une longue vie, la gloire et le chemin du ciel. 268.

Alors que jadis, c’est un fait certain, tous les Dieux rassemblés eurent mis dans les plateaux d’une balance les quatre Védas d’une part et le Bhârata seul de l’autre côté, ce poème l’emporta sur les quatre Védas avec leurs mystères ; et désormais il fut appelé dans ce monde le Mahâ-Bhârata. 269-270.

Sa grandeur et son poids l’ont fait nommer le Mahâ-Bhârata, parce qu’il fut trouvé supérieur, étant pesé dans sa grandeur et son poids. Quiconque sait l’explication du mot est délivré de ses péchés, 271.

L’exercice de la pénitence n’est pas une faute, la lecture n’est pas une faute, la règle naturelle des Védas n’est pas une faute, l’acquisition des richesses à force de travail n’est pas une faute ; mais ces choses elles-mêmes deviennent une faute, si l’on en confond le caractère. 272-273.

Ici, dans le saint Mahâ-Bhârata, œuvre de Vyâsa, composée de cent mille distiques, finit dans l’Adi-parva le premier chapitre ou la table des matières. 274.

« Nous désirons entendre exactement, fils de Soûta, lui dirent les rishis, tout ce qui est relatif à ce qu’on appelle le Samanta-pantchaka. » 275.

« Ô brahmes, écoutez de ma bouche, répondit le Soûtide, ces narrations saintes. Vous êtes dignes, ô vénérables, d’entendre ce qui est nommé le Samanta-pantchaka. 276.

Dans le passage du second au troisième âge, Râma, le plus grand de ceux, qui ont jamais porté les armes, frappa maintes fois, poussé de la colère, les kshatryas, ces maîtres de la terre. 277.

Après qu’il eut exterminé, grâce à sa vigueur seule, tous les hommes de la caste militaire, ce héros, qui avait la splendeur du feu, creusa cinq lacs de sang dans le Samanta-pantchaka. 278.

Insensé de colère, il abreuva de sang les mânes de ses ancêtres dans ces lacs aux ondes de sang, ainsi que nous l’avons appris de la tradition. 279.

Dans ce moment, Rishîka et ses autres aïeux, s’étant présentés devant lui : « Râma, lui dirent-ils, fortuné Râma, nous sommes contents et de cet acte de piété filiale envers nous, et de ta bravoure : que sur toi descende la félicité, auguste rejeton de Bhrigou ! Choisis une grâce, que tu sois heureux d’obtenir, homme à la grande splendeur. » 280-281.

« Si j’ai satisfait aux mânes de mes ancêtres, répondit Râma, s’ils veulent répandre une faveur sur moi, que je sois lavé par eux du péché commis, alors qu’enflammé de colère j’ai immolé tous les kshatriyas : je leur demande cette grâce, et que mes lacs, changés en tîrthas, soient fameux dans le monde. » 282-283.

« Il en sera ainsi ! » répartirent les Mânes ; puis, ils dirent : « Pardonne ! » et, l’ayant arrêté avec ce mot, le Djamadagnide cessa la guerre. 284.

La contrée adjacente à ces lacs aux ondes de sang est ce lieu saint, connu à la ronde sous le nom du Samanta-pantchaka. 285.

Quand un lieu, ont dit les sages, est distingué aux yeux par un signe, il faut lui donner un nom, qui rappelle ce caractère. 286.

Arrivé l’intervalle du troisième au quatrième âge, eut lieu cette bataille entre les armées des Pândouides et des Kouravas dans le Samanta-pantchaka. 287.

Dans ce lieu éminemment saint, exempt des fautes de la terre, la soif des combats mit aux prises dix-huit armées complètes. 288.

Les kshatryas, que la guerre avait rassemblés sur ce champ de bataille, y ont tous reçu la mort. C’est de cette catastrophe, ô deux fois nés, que la contrée a tiré son nom. 284.

On vous a décrit, ô les plus excellents des brahmes, ce lieu charmant et pur ; je vous ai raconté, fidèles anachorètes, tout ce qui a rendu ce lieu célèbre dans les trois mondes. »

« Tu viens de prononcer le mot 'akshâauhinî, répondirent les rishis : nous désirons apprendre de toi, rejeton de Soûta, quelle est sa vraie signification. 285-286.

Dis-nous complètement quelle est la force d’une akshâauhinî en hommes, chars, éléphants et chevaux ; car rien n’est ignoré de toi. » 287.

« Un char, un éléphant, cinq hommes de pied et trois chevaux, c’est là, reprit le Soûtide, ce que les savants appellent une patti. 288.

Une patti, multipliée par trois, est ce que les habiles nomment un sénamoukha, et trois sénamoukhas forment un goulma. 289[2].

Trois goulmas s’appellent un gana et trois ganas une vâhinî. Les experts disent qu’il faut trois vâhinîs pour composer une pritanâ. 291.

Trois pritanâs sont une tchamoû et trois tchamoûs une anîkinî. Les gens instruits distinguent un nombre dix fois plus grand d’anîkinîs sous le nom d’une akshâauhinî. 292.

Les hommes versés dans la justesse des nombres estiment la force en chars d’une akshâauhinî à vingt-et-un mille, plus huit cents, accrus de soixante. Il faut en conclure, ô les plus saints des brahmes, que c’est aussi le nombre de ses éléphants. 293-294.

Vous saurez, hermites sans péché, qu’elle renferme cent neuf mille trois cent cinquante hommes. 295.

On dit avec justesse que le nombre des chevaux monte en elle à soixante-cinq mille, plus six cent dix. 296.

Les gens instruits de la vérité des choses affirment que l’évaluation d’une akshâauhini est telle que je viens de l’exposer avec étendue, hommes riches de pénitences. 296.

C’est le nombre compté dans chacune de ces dix-huit akshâauhinîs, que renfermaient, ô les plus excellents des brahmes, les deux armées des Pândouides et des Kouravas.

S’étant affrontées dans cette région, elles y ont trouvé la mort par le fait admirable du temps, qui avait choisi pour ses instruments les enfants de Kourou. 297-298.

Bhîshma, qui savait manier les plus terribles armes, soutint dix jours de combat ; et Drona, cinq jours, défendit l’armée des Kourouides. 299.

Karna, le fléau des armées ennemies, combattit deux jours entiers, Çalya une demi-journée ; mais Bhîma et Douryodhana se livrèrent un combat à la massue, qui dura un jour et demi. 300.

À la fin de ce jour même, Açwatthâman, Hârdikya et le Gautamide pénètrent la nuit dans le camp d’Youddhishthira, endormi sans défiance. 301.

Cette légende supérieure du Bhârata, aux grands épisodes, consacrée à la bravoure et à la gloire des souverains, qui te fut racontée dans le sacrifice de Çâaunaka, fut aussi récitée dans le sacrifice de Djanamédjaya par un sage, le disciple de Vyâça ; ce livre, qui inscrit à sa tête le Pâaushya, le Pâauloma, l’Astîka ; 302-303.

Ce livre, soumis à plus d’une règle, orné de stances variées, enrichi de sujets divers, que les hommes doctes, aspirants à la délivrance de l’âme, recherchent à l’égal de l’affranchissement des passions ! 304.

De même que, dans les choses à apprendre, l’âme est ce qu’il y a de mieux, de même que la vie est la plus aimable entre les choses aimables ; de même cette histoire d’une utilité supérieure est ce qu’il y a de plus excellent au milieu des livres inspirés. 305.

Il n’existe pas sur la terre une seule narration, qui n’ait pris cette légende pour sa base : tel, si l’on n’a recours aux aliments, on ne peut soutenir le corps. 306.

La foule des poètes courtise, en vérité ! ce grand Bhârata, comme les pieux serviteurs, qui aspirent à ses faveurs, font la cour au vénérable Içwara. 307.

Telles que la voyelle et la consonne ouvrent seules à toute parole le trésor des sciences, qui sont dans le monde, telle cette histoire sublime procure une sublime intelligence. 308.

Écoutez maintenant que vous avez entendu la table des matières contenues dans les chants, écoutez le recueil des chapitres de cette histoire des enfants issus de Bharata. Elle possède la science, elle est ornée du sens des Védas, accompagnée d’une logique aux idées subtiles et renfermée en des chapitres de mètres variés.

SECOND RECUEIL DES CHAPITRES. 309-310.

On raconte d’abord le Pâaushya, le Pâauloma, l’Astîka et le reste ; ensuite, la descente des portions divines sur la terre ; puis, le ravissant et merveilleux chapitre des naissances ; 311.

L’incendie de la maison de laque, le chapitre de Hidimba, ensuite la mort de Vaka et le chapitre du Tchaîtraratha. 312.

Après cela, on décrit le swayamvara de la céleste Pântchâlî et le mariage de cette royale fille après qu’Arjouna l’eut conquise par sa vertu guerrière ; 313.

L’arrivée de Vidoura, l’acquisition du royaume, l’habitation d’Arjouna dans un bois et le rapt de Soubhadrâ.

Ce qui se présente à connaître subséquemment au rapt de Soubhadrâ, ce sont les présents de nôces donnés et reçus ; puis, le chapitre intitulé : Incendie du Khândava, où apparaît Maya, 314-315.

Ensuite vient le chapitre de la Sabhâ, le chapitre du Mantra, le chapitre de la mort de Djarâsandha et le chapitre de la conquête du monde. 316.

Immédiatement après lui se rangent l’arghya offert à Krishna et la mort de Çiçoupâla. 317.

À ceux-là succèdent le chapitre du jeu et le chapitre de ses conséquences ; puis, le chapitre des forêts et la mort de Kirmîra lui-même. 318.

Ce qu’il faut savoir ensuite, c’est l’arrivée d’Arjouna ; c’est le combat de ce héros avec Içwara, qu’on appelle le chapitre du chasseur montagnard. 319.

Ceux-ci lus, nous avons à lire la visite d’Arjouna au monde d’Indra, l’épisode vertueux et touchant de Nala, 320.

Le pèlerinage du sage roi des Kourouides aux tîrthas, la mort de Djatâsoura, et la bataille des Yakshas, Et le combat avec les Nivâtakavatchas, et le chapitre du boa, et le chapitre des entretiens avec Mârkandéya. 321-322.

Ensuite l’entretien mutuel de Drâaupadî et Satyabhamâ ; puis, le Ghoshayâtrâ-parva et l’apparition du songe des gazelles ; 323.

Ce que Moungala obtint pour l’aumône d’un boisseau de riz, l’épisode d’Indradyoumna, Drâaupadî enlevée et sauvée des mains de Jayatratha. 324.

Après quoi, le chapitre, qui nous reste à connaître, c’est l’épisode de Râma. Puis, la prodigieuse magnanimité de la chaste Satyavatî. 325.

Ultérieurement, on raconte le présent des boucles-d’oreille ; ensuite le chapitre nommé l’Aranéya ; aussitôt après celui-ci, le Vaîrâta, l’entrée des Pândouides dans Matsya et l’observation du pacte convenu. 326.

On expose la mort des Kîtchakas, les troupeaux enlevés, le mariage d’Abhimanyou et de la Vîrâtî. 327.

À la suite vient le chapitre bien merveilleux de l’Oudyoga ; à la suite encore vient l’épisode de Sandjaya, envoyé vers les Pândouides. 328.

Puis, l’insomnie, que les soucis causent à Dhritarâshtra ; puis, l’entrevue avec Sânatsoudjâta, et l’intuition merveilleuse de l’Âme universelle ; 329.

Les circonstances rapportées du voyage de Sandjaya vers les Pândouides ; Bhagavat, qui se rend pour eux chez les Kourouides ; l’épisode de Mâtali et l’histoire de Gâlava,

Les épisodes de Sâvitra, de Vâmadéva et de Vaînya, l’épisode de Djamadagni et celui des seize rois ; 330-331.

L’entrée de Krishna dans l’assemblée, une leçon donnée au fils de Vidoulâ, la colère, la sortie des guerriers et l’épisode de Çwéla. 332.

Maintenant, c’est la discussion avec le magnanime Karna ; puis, sortent les armées des Pândouides et des Kouravas.

Ici vient le dénombrement des chars et des guerriers, qu’ils portent ; ensuite l’arrivée du hérault Ouloûka, message, qui redouble la colère. 333-334.

Vous avez de plus à lire l’épisode d’Ambâ et le chapitre merveilleux du sacre de Bhîshma. 335.

Immédiatement après, on expose la création de cette partie du monde appelée Djambou, la description de la terre et la grandeur de l’Inde connue. 336.

On raconte d’abord la Bhagavadgîtâ, ensuite la mort de Bhîshma, puis le sacre de Drona, enfin la mort des princes liés par le serment de tuer Arjouna. 337.

La mort d’Abhimanyou amène le chapitre de la promesse menaçante. Après lui, viennent la mort de Jayatratha et celle de Ghatotkatçha. 339.

Drona meurt, chapitre plein d’intérêt ! après lequel on expose la délivrance de l’arme enchantée Nârâyanâstra.

Lisez ensuite le chapitre de Karna, celui de Çalya, l’entrée de Souyodhana dans un lac et le combat à la massue. 345-[3]-346-347.

Le chapitre du tîrtha Saptasârasvata, où l’on parle de plusieurs tîrthas ; puis le combat de nuit tout à fait sans pitié. 348.

Après lui, ou met sous les yeux le chapitre bien épouvantable, qu’on appelle Aîshîka, le don funèbre de l’eau et les doléances des femmes. 349.

Ici, vient le çraddha, les obsèques des Kourouides et la mort de Tchârvâka, le Rakshasa, qui avait pris la forme d’un brahme. 350.

Après celui du sacre donné au sage Dharmarâdja, suit le chapitre, qui a pour nom le partage des palais. 351.

Arrive ensuite le Çânti-Parva, où sont enseignés les devoirs des rois ; puis, les métiers inférieurs à la caste, mais autorisés dans le besoin : paraît enfin le chapitre de la délivrance, 352.

Les réponses aux questions de Çouka, les discours sur les questions concernant Brahma, la manifestation de Dourvâsas par la magie et l’entretien avec lui. 353.

Après cela, mérite d’être lu complètement le chapitre des préceptes ; en outre, l’ascension du sage Bhîshma au ciel d’Indra. 354.

Postérieurement à celui-ci, le chapitre de l’Açva-médha, qui lave de tous les péchés ; ensuite, l’Anougîta, c’est-à-dire, le chant subséquent, où se trouve exposé l’Adhyâtma. 355.

Ultérieurement au chapitre, qui renferme l’épisode de l’habitation dans l’hermitage et la vue de ses fils donnée après leur mort au monarque aveugle, on raconte l’arrivée de Nârada. 356.

Maintenant, c’est l’horrible et très épouvantable combat à la massue ; puis, le chapitre du grand voyage et l’ascension dans le Paradis. 357.

Après ces choses, vient le Harivança, qu’on appelle un Pourâna en abrégé ; ensuite, le chapitre de Vishnou, la conduite de Vishnou enfant et la mort de Kansa. 358.

On finit par le chapitre succinct, qui a pour titre l’Avenir. Tels sont les cent chapitres complets, qui furent dits par le magnanime Vyâsa ; après lui, dix-huit chapitres furent exactement récités par le Lomaharshanide, fils de Soûta, dans la forêt Nêmisha. 359-360.

Nous venons d’exposer ici le recueil entier des chapitres du Bhârata : le Pâaushya, le Pâauloma, l’Astîka et les autres, la descente des portions divines sur la terre ; 361.

Les naissances, ce qui a pour titre la maison de laque, la mort de Hidimba et de Kava, le Tchaitraratha et le swayamvara de la céleste Pântchâli. 362.

Ensuite, conquise par la vigueur du kshatrya, on décrit ses nôces, l’arrivée de Vidoura et l’acquisition du royaume ;

L’habitation d’Arjouna dans les bois, le rapt de Soubhadrâ, les présents de nôces donnés et reçus, et l’incendie du Khândava. 363-364.

On raconte dans l’Adi-Parva la vue de Maya ; on décrit dans le Pâaushya la magnanimité d’Outanka.

On célèbre dans le Pâauloma l’étendue de la race de Bhrigou. On narre dans l’Astîka la naissance de Garouda et de tous les serpents, 365-366.

Le barattement de la mer-de-lait et la génération d’Outchtchaîççravas. Le sacrifice des serpents, offert par le roi fils de Parikshit 367.

Clôt cette narration des magnanimes Bharatides. Dans le chapitre du Sambhava, on dit les différentes naissances des rois, 368.

Du rishi Dwaîpâyana et des autres héros, les incarnations des portions divines ; 369.

La naissance des Daîtyas, des Dânavas, des Yakshas à la grande vigueur, des Nâgas, des Serpents, des Gandharvas, des oiseaux et des autres différents êtres. Dans l’hermitage de l’ascète Kanva, le maharshi, 370-371.

Doushmanta engendre au sein de Çakountalâ ce Bharata, de qui le nom a rendu célèbre dans les mondes cette race des Bharatides. 372.

Après cela, vient la naissance des magnanimes Vasous au sein de la Gangà dans l’habitation de Çântanou, et leur réintégration dans le ciel. 373.

On dit la naissance de Bhîshma là, où se trouve l’avatar de ces portions de la splendeur ; et, quand il eut renoncé au royaume, sa fermeté dans le vœu de continence, 374.

L’observation de sa promesse, la protection, dont Bhîshma entoure Tchitrângada ; ensuite, après que celui-ci fut tué, la même protection, dont il environne son frère puiné ; 375.

Et le trône vacant, qu’il donne à Vitchitravîrya ; et la naissance d’Yama dans la condition humaine, suite de la malédiction jetée sur lui par Animândavya ; 376.

Les enfants nés de Krishna-Dwaîpâyana, grâce à une faveur obtenue ; la naissance de Dhritarâshtra, de Pândou et des Pândouides ; 377.

La délibération secrète de Douryodhana pendant le voyage à Vâranâvata, et l’envoi d’un traître devant les Pândouides par ce fils de Dhritarâshtra ; 378.

Le bon avis, que Vidoura, chemin faisant, donne en langue barbare au sage Dharmarâdja pour son bien ; 379.

Et la construction d’une voie souterraine, ménagée pour la fuite, suivant les paroles de Vidoura. On raconte à Dhritarâshtra que Pourotchana fut brûlé dans la maison de laque avec la femme Nishadî endormie et ses fils. Hidimbâ se présente dans le bois épouvantable aux yeux des Pândouides. 380-381.

Ici, vient la mort de son frère Hidimba sous la force invincible de Bhîma : puis, on dit la naissance de Ghatotkatçha.

Maintenant, il vous faut apprendre l’apparition de Vyâsa, le maharshi à la splendeur infinie, dans Ékatchakrâ et dans l’habitation du brahmane. 382-383.

Là, on raconte le séjour des frères sous des professions, qui les déguisent, l’étonnement des citadins sur la mort de Vaka, 384.

La naissance de Krishnâ et de Drishtadyoumna. Excités par les discours de Vyâsa, qui tient ces nouvelles du brahme, les Pândouides alors, pleins de curiosité, brûlants de voir le swayamvara et stimulés par l’envie d’obtenir la jeune princesse, vont chez les Pântchâlains. 385.

Victorieux d’Angârapama sur les bords du Gange, Arjouna se lie d’amitié avec lui et l’écoute raconter le superbe épisode de Tapatî et celui d’Aaûrwa, où parle Vaçishtha. Il se rend, accompagné de tous ses frères, chez les Pântchâlains. 386-387.

Dhanandjaya perce le but d’une flèche dans la ville de ces Pântchâlains et obtient là au milieu de tous les rois du monde la belle Drâaupadî. 388.

Là, Arjouna et Bhîma triomphent des monarques en courroux ; là, Karna et Çalya sont vaincus dans un grand combat sous la force de ces deux frères. 389.

Balarâma et Krishna à la haute sagesse, témoins de leur vigueur incomparable et plus qu’humaine, soupçonnent qu’ils sont des Pândouides 390.

Et se rendent à leur maison chez le rejeton de Bhrigou. Indignation de Droupada en voyant que sa fille est l’épouse de cinq maris. 391.

Ici, l’on raconte l’épisode merveilleux des cinq Indras, d’où il suit que le mariage extra-humain de Drâaupadî est l’œuvre des Immortels. 392.

Le fils de Dhritarâshtra envoie Kshattri aux fils de Pândou. Arrivée de Vidoura chez eux : Kéçava se montre à leurs yeux. 393.

Habitation sous les ombrages du Khândava ; empire donné sur la moitié du royaume ; obéissance aux paroles mêmes de Drâaupadî suivant le conseil de Nârada. 394.

On dit également l’épisode de Sanda et d’Oupasanda. Immédiatement après, on voit Youddhishthira assis avec Drâaupadî. 395.

Entré derrière lui pour le service du brahmane, Phâlgouna, ayant saisi son arme et repris les vaches aux voleurs, retourne au logis, sa résolution bien arrêtée. 396.

C’est là qu’on voit le héros, observant le pacte fait avec soi-même, s’exiler dans les bois. Tandis qu’il habite les forêts, le fils de Prithâ fait la rencontre d’Ouloûpî dans sa route. 397.

Puis, vient son pèlerinage aux saints tîrthas, et la naissance de Babhrouvâhana. Il délivre cinq belles Apsaras, précipitées dans la condition de crocodiles par la malédiction d’un brahme pénitent. Entrevue de Krishna avec ce fils de Prithâ au Tîrtha-Prabhâsa. 398-399.

Kirîti obtient, par la faveur de l’amour, Soubhadrâ pour son épouse à Dwârakâ, avec l’approbation de Vâsoudéva.

Krishna, fils de Dévaki, arrivé, Soubhadrâ, dont Arjouna a fécondé le sein, met au monde Abhimanyou à la splendeur sans pareille. 400-401.

On raconte ensuite la naissance des fils de Drâaupadî. Les deux Krishnas, suivant les rives de l’Yamounâ pour se promener, reçoivent un arc et un disque de guerre. Maya est sauvé du feu ; le serpent Takshaka échappe à l’incendie. 402-403.

Le maharshi Mandapâla engendre quatre fils au sein de Çârngî. 404.

Ici finit l’Adi-Parva, chant premier à la vaste étendue, où le grand anachorète à la très-haute splendeur, Vyâsa, a récité deux cent vingt-sept chapitres. 405.

Le magnanime solitaire a chanté là huit milliers et huit centaines de çlokas, joints à quatre-vingt-quatre distiques.

On dit maintenant le Sabhâ-Parva, ou le deuxième chant aux nombreuses histoires. Construction d’un palais merveilleux pour les Pândouides, et vue de leurs officiers ou serviteurs ; palais des gardiens du monde, décrits par le messager des Dieux, Nârada ; commencement du râdjasoûya et mort de Djarâsandha. 406-407-408.

Le Prithide Krishna délivre les rois prisonniers dans le Parc-aux-vaches de la montagne. On raconte ensuite la conquête du monde par les Pândouides, 409-410.

L’arrivée des rois augustes dans le grand sacrifice, la querelle au sujet de l’arghya et la mort de Çiçoupâla. 411.

L’envie, que la vue des richesses inspire dans le sacrifice à l’irascible Douryodhana, et le rire, que Bhîma lui jette pour ses erreurs sur les différents sols du palais. 412.

Sa colère s’allume, elle est cause du jeu. Ici, le trompeur Çakouni gagne aux dés le fils d’Yama. 413.

Tel qu’un navire fait traverser la mer, tel Dhritarâshtra à la grande science arrache au naufrage, où le jeu de son époux l’avait plongée, Drâaupadî, noyée dans la douleur. Le roi Douryodhana, ayant vu sa cousine affranchie, provoque une seconde fois les Pândouides au jeu.

Ensuite, quand il eut triomphé d’eux aux dés, il envoya les cinq frères habiter la forêt. C’est là tout le Sabhâ-Parva, qui fut dit parle magnanime. 414-415-416.

Il est à savoir que ce brahme éminent raconta dans ce chant soixante-dix-huit chapitres et deux mille cinq cent onze çlokas. Après cela vient le troisième chant, c’est-à-dire, le grand Aranyaka-Parva. 417-418.

Les magnanimes Pândouides s’en étant allés habiter les bois, le sage fils d’Yama y fut suivi par tous les citadins. 419.

Là, afin d’en obtenir des plantes annuelles pour la nourriture des brahmes, le Pândouide à la grande âme se rend agréable au soleil. 420.

Par les conseils de Dhâaumya, naissance des fruits grâce à la faveur de l’astre aux rayons chauds. Rétif aux bons avis de Kshattri, le fils d’Ambikâ s’éloigne de sa présence. 421.

Le délaissé vient trouver les fils de Pândou. Il retourne à l’invitation de Dhritarâshtra. 422.

Karna excite Douryodhana à l’esprit aveugle : celui-ci tient conseil pour tuer les Pândouides, hermites des bois. 423.

Aussitôt connu ce dessein criminel, Vyâsa d’accourir ; il s’oppose à la sortie des traîtres. Épisode de Sourabhî.

Puis, viennent ici l’arrivée de Maîtréya, et les conseils, qu’il donne au roi, et la malédiction, que l’anachorète fulmine sur le prince Douryodhana, 424-426.

Et la mort de Kirmîra dans un combat avec Bhîmaséna, et l’arrivée des Vrishnides et des Pântchâlains complètement. 426.

Hari apprend que les tricheries de Çakouni ont vaincu au jeu les Pândouides : — sa colère ; — Kirîti l’apaise.

On raconte les plaintes de Pântchâli en présence de Krishna et les consolations, que Vâsoudéva lui donne dans sa vive douleur. 427-428.

Ensuite, le maharshi raconte l’épisode de la mort de Sâaubha, le voyage de Soubadhrâ et de son fils avec Krishna à la ville de Dwârakâ, et celui des enfants de Drâaupadî avec Dhritadyoumna ; puis, l’entrée des Pândouides dans la forêt charmante de Dwaîta. 429-430.

Après, on dit le colloque d’Youddhishthira avec Krishna, l’entretien de Bhîma avec le roi, son frère ; 431.

L’arrivée de Vyâsa chez les fils de Pândou, et le présent de la science, nommée la réminiscence, dont le grand anachorète gratifie le roi ; 432.

Le voyage au Kâmyaka, lorsque Vyâsa s’en fut retourné, et le départ du fils de Prithâ à la splendeur infinie pour obtenir des armes ; 433.

Le duel avec Mahâdéva sous les apparences d’un chasseur montagnard, la vue des gardiens du monde, l’acquisition du trait nommé Pàçoupata, 434.

Et le voyage de Kirîti au monde de Mahéndra pour avoir des armes, et Dhritarâshtra concevant de plus hautes pensées ; 435.

La vue de Vrihadaçwa, le maharshi contemplatif, le malheur et la plainte d’Youddhishthira désolé par l’absence d’Arjouna. 436.

Le vertueux et touchant épisode de Nala, la constance de Damayanti et la conduite de Nala. 437.

Ensuite Lomaça vient du ciel vers les Pândouides ; ils reçoivent de ce grand rishi la joie, que donne la possession de la science sacrée. 438.

Lomaça raconte à ces magnanimes héros, établis dans les bois, la vie, qu’Arjourna coule dans le Swarga. 439.

Alors, suivant les avis d’Arjouna, ils font un pèlerinage aux tîrthas : on en dit la pureté et les mérites acquis dans ces pieuses excursions. 440.

Le maharshi Nârada visite le tîrtha de Poulastya, et les magnanimes Pândouides viennent eux-mêmes à ce lieu saint. 441.

Karna se débarrasse de Pourandara en lui donnant ses boucles-d’oreille. L’excellence du sacrifice offert par Gaya est racontée là, 442.

Où se trouve l’épisode d’Agastya, qui mange Vâtâpi, et la venue de Lopamoudrâ, pour obtenir un enfant du rishi. 443.

Histoire de Rishyaçringa, le jeune brahmatchâri ; histoire de Râma le Djamadagnide à la vaste splendeur.

C’est là qu’est narrée la mort de Karttavîrya et des Haîhayains, ainsi que la rencontre des Pândouides et des Vrishnides au bain sacré de Prabhâsa. 444-445.

On raconte ici l’épisode de Soukanyâ, et Tchyavana, fils de Bhrigou, et le bien grand sacrifice de nuit, où l’anachorète fait boire le soma aux deux Açwins, qui l’en récompensent avec le don de la jeunesse. On y trouve même l’épisode du roi Mândhâtri. 446-447.

C’est là qu’est la narration de Djantou, faite par son fils. Le roi Somaka, pour avoir des fils, sacrifia son fils unique : il en obtint cent ! 448.

Là est encore la remarquable légende du milan et du pigeon, dans laquelle Indra, Agni et le monarque infernal Yama se liguent afin d’éprouver Çivi. 449.

Voici maintenant l’épisode d’Ashtâvakra et le combat poétique de ce bramarshi avec un barde dans le sacrifice de Djanaka. 450.

C’est là que le poète, fils de Varouna, le plus subtil des logiciens, fut vaincu dans une lutte magnanime par le brahme enfant, qui obtint pour sa victoire le retour de son père, noyé dans l’Océan. Ici viennent à leur tour l’épisode d’Yavakrîta et du noble Raîbhya ; le voyage au Gandhamâdana, et l’habitation dans l’hermitage de Nârâyana. 451-452.

Tandis que Bhîmaséna chemine dans le Gandhamâdana pour accomplir un ordre de Drâaupadî, ce héros aux longs bras voit dans sa route le fils du Vent, Hanoumanâ la grande vigueur, debout au milieu d’un massif de bananiers.

C’est là que, pour avoir un lotus blanc, qu’elle désirait, il conquit le lac de Kouvéra. 453-454.

Alors il engage des combats avec les plus grands des Rakshasas, avec les Yakshas à l’éminente vigueur, avec les chefs des préposés à la garde des joyaux de Kouvéra. 451.

Le démon Djatâsoura succombe sous les coups du guerrier-au-ventre-de-loup. Ensuite, on raconte l’arrivée du râdjarshi Vrishaparvan. 452.

Puis, c’est là venue et le séjour des Pândouides en l’hermitage du fils de Rishtishéna ; après, sont les paroles de Pântchâlî pour exciter le magnanime Bhîmaséna. 453.

Ici, on parle de leur ascension sur le mont Kaîlâsa, où fut livré un combat d’une profonde épouvante avec les Yakshas aux vastes forces et les chefs des préposés à la garde des joyaux de Kouvéra. 454.

Après, vient l’entrevue des Pândouides avec le fils de Viçravana, la rencontre en ce lieu d’Arjouna avec ses frères ; 455.

Et la bataille avec les habitants de la ville-d’or, aux solides cuirasses, quand Savyasâtchi eut obtenu des armes célestes, grâce à son gourou. 456.

Là, se déroule une grande lutte de ce Kirîti avec les terribles Dânavas aux fortes cuirasses, avec les Kâlakéyains et les Pâaulomas, ennemis des Dieux. 457.

On dit leur mort. Ensuite le sage héros affronte de voir les armes, qui se tiennent en personne devant le monarque Youddhishthira. 458.

Le rishi des Dieux, Nârada, arrête le fils de Prithâ. Ensuite les Pândouides magnanimes descendent du Gandhamâdana. 459.

Prise de Bhîma dans un bois inextricable entre les replis du vigoureux Parvatâbhojavarçman, le roi des serpents. 460.

Youddhishthira le sauve par ses réponses à des énigmes, et les nobles frères de s’en revenir au Kâmyaka. 461.

Tandis que les Pândouides se tenaient en ce lieu, on raconte ensuite que Vâsoudéva s’y rendit pour voir ces hommes éminents. 465.

Puis, se déroulent entièrement les récits, qui naissent dans la conversation de Mârkandéya, ainsi que l’épisode du riche Vaînya, dit par le paramarshi ; 466.

L’entretien de Sarasvatî avec le très-magnanime rishi Târkshya, immédiatement après lequel vient la légende du poisson. 467.

La conversation de Mârkandéya remémore son Pourâna, l’histoire d’Indradyoumna et l’épisode de Dhoundhoumara ; 468.

Celui de Pativratâ, l’histoire d’Angiras, et l’entretien de Drâaupadî avec Satyabhamâ. 469.

Ensuite les Pândouides vont de compagnie au Dwétavana ; Souyodhana fait une excursion à Ghoshayâtrâ, où il est enchaîné par les Gandharvas. 470.

Prisonnier, l’esprit abattu, il est sauvé par Kirîti. Le songe des gazelles apparaît maintenant à Dharmarâdja.

On dit le retour au Kâmyaka, le plus charmant des bois ; puis, avec un grand développement, quelle récompense Moungala obtint pour une aumône faite avec un boisseau de riz. 471-472.

On raconte aussi la légende de Dounâsas et le rapt de Drâaupadî, que Djayatratha enlève du milieu de l’hermitage. 473.

Ici, égal en vitesse à la rapidité du vent, Bhîma le poursuit ; ici, Bhîma à la grande vigueur lui imprime le sceau de l’esclavage. 474.

C’est là que se présente avec une riche étendue le récit du Râmâyana, où Râma victorieux immole Râvana dans un combat. 475.

Voici maintenant l’épisode de Savitrî, celui des boucles-d’oreille naturelles, que Karna se coupe afin d’en gratifier Indra. Le Dieu satisfait lui accorde une lance de fer, qui ne peut faillir à tuer un seul être. Ici, vient la narration appelée Aranéya, où le Dieu des morts instruit son fils. 476-477.

C’est là qu’après avoir obtenu des grâces, les Pândouides se dirigent vers la contrée occidentale. Ici finit l’Aranyaka ou le troisième chant. 478.

Le nombre des chapitres, que l’on a racontés jusqu’ici s’élève à deux cent soixante-dix, moins un. 479.

Onze mille, plus six cent, auxquels sont ajoutés soixante-quatre çlokas, ont roulé dans ce chant. 480.

Après cela, écoutez ce large chant, qui a pour titre le Vatrâta. Les Pândouides, arrivés sous la ville de Virâta, voient dans le cimetière un grand acacia ; ils y déposent leurs armes, et, entrés dans la cité, y demeurent sous un déguisement. 481-482.

Là, brûlant pour Drâaupaudî et l’âme toute en proie à l’amour, le vicieux Kitchaka tombe sous les coups du guerrier au ventre de loup. 483.

Le roi Douryodhana envoie de tous les côtés dans le monde des émissaires habiles à la recherche des Pândouides. 484.

Mais ils ne recueillent aucune nouvelle des magnanimes fils de Pândou. La première action est celle des Trigartains, qui ravissent les bestiaux de Virâta. 485.

Celui-ci engage contre ces hommes un horrible et bien grand combat : il est fait prisonnier et Bhîmaséna le délivre. 486.

Les Pândouides reprennent les troupeaux de Virâta. Immédiatement après, ce sont les Kourouides à leur tour, qui enlèvent des bestiaux. 487.

Le fils de Prithâ est vainqueur de tous les Kouravas dans un combat, et Kirîti par sa vaillance reprend le bétail aux ravisseurs. 488.

Alors Virâta donne Outtarâ, sa bru, à Kirîti pour qu’elle soit l’épouse d’Abhimanyou, le meurtrier des ennemis et le fils de Soubhadrâ. 489.

Ceci termine le grand quatrième chant, que le sublime anachorète évalue ici, croyez-moi ! à soixante-sept chapitres bien comptés et deux mille cinquante-sept çlokas. 490-491.

C’est en tel nombre que le Maharshi les a récités dans ce chant. Après lui, écoutez le cinquième, nommé l’Oudyoga-parva et qui mérite bien d’être connu. 492.

Tandis que les Pândouides habitaient Oupaplavya, le désir de la victoire conduisit Arjouna et Douryodhana auprès de Vâsoudéva. 493.

« Que ta majesté daigne, lui dirent-ils, faire alliance avec nous dans cette guerre ! » À ce langage, Krishna à la haute sagesse répondit : 494.

« Taureaux du troupeau des hommes, à quel guerrier donnerai-je ici, ou moi seul pour conseiller sans que je prenne aucune part au combat, ou une armée au grand complet ? » 495.

Le pauvre Douryodhana à l’intelligence étroite préféra une armée ; Dhanandjaya choisit d’avoir pour conseiller Krishna, quoiqu’il ne dût pas combattre. 406.

Tandis que le roi Madrarâdja se rend vers les Pândouides, Souyodhana le gagne dans sa route avec des présents. 497.

« Arjouna, lui dit-il, a choisi pour sa grâce les conseils de Krishna ; fais alliance avec moi ! » Çalya promit et marcha contre les Pândouides. 498.

Puis, viennent le chapitre nommé Çanti, où le monarque raconte la victoire d’Indra ; et la mission du pourohita, que les Pândouides envoient chez les Kouravas. 499.

C’est alors que Dhritarâshtra, l’auguste et puissant monarque, le fils putatif de Vitchitravirya, ayant ouï et les paroles du pourohita, et la victoire d’Indra, et le retour de l’archi-brahme, envoie, poussé par le désir de la paix, Sandjaya en ambassade chez les Pândouides. 500-501.

Ici, diverses paroles utiles sont adressées par Vidoura au sage roi Dhritarâshtra. 502.

Ici encore Sanatsoudjâta parle de l’adhyâtma suprême au monarque accablé de chagrin et ne trouvant de plaisir que dans la douleur. 503.

Sandjaya, au point du jour, dans une conférence avec le roi, expose de quelle étroite amitié sont unis Arjouna et l’auguste Vâsoudéva. 504.

Ici, désirant la paix et touché de compassion, Krishna va de lui-même essayer de rétablir la concorde dans la ville appelée Nâgasa. 505.

Le prince Douryodhana repousse les paroles de Krishna, qui demande pour la paix ce qui est à l’avantage de l’un et de l’autre parti. 506.

On raconte ici l’épisode de Dambhodbhava, et celui du magnanime Mâtali, cherchant un fiancé pour sa fille.

Ensuite vient l’histoire du maharshi Gâlava ; puis, on dit l’enseignement donné au fils de Vidoulâ ; 507-508.

La délibération de Karna, de Douryodhana et des autres, qui ont la science du mal ; la puissance de s’identifier à Dieu par la méditation, que Krishna enseigne aux monarques. 509.

Ici, monté dans le char de Krishna, qui, mettant un des oupâyas en avant, cherche à le détourner de la guerre, Karna l’embrasse et lui dit adieu. 510.

Étant allé d’Hastinapoura à Oupaplavya, l’invincible Hari dévoile tout exactement aux Pândouides. 511.

Aussitôt ses paroles entendues, les cinq héros, ayant délibéré sur ce qu’il était opportun de faire, se mettent à préparer tout pour la guerre. 512.

Puis, sortis d’Hastinapoura, s’avancent pour les combats hommes, chevaux, chars, éléphants : ici vient le dénombrement des armées. 513.

C’est là que le roi Souyodhana envoie aux Pândouides Ouloûka, chargé de leur dire : « Mon auguste maître a fait le dénombrement de ses armées pour une grande bataille, qui aura lieu demain. » Après l’ambassade, vient l’épisode d’Ambâ. Ici, dans le Bâratha, finit le cinquième chant à la riche matière, 514-515.

Oû la guerre se mêle avec la paix, qui a pour titre Oudyoga-parva et dans lequel le maharshi récita cent quatre-vingt-six chapitres ou lectures. 516.

Le magnanime Vyâsa à l’opulente sagesse fit écouter dans ce chant, ô vous, qui avez thésaurisé la pénitence, six milliers de çlokas, plus six centaines, augmentés de quatre-vingt-dix-huit distiques. Après cela, on dit le Bhîshma-parva aux sujets divers. 517-518.

C’est là que Sandjaya fait la description du Djamboudwîpa, que l’armée d’Youdhishthira tombe dans un profond accablement, que fut livrée une épouvantable et très-horrible bataille, durant dix jours entiers. C’est là que Vâsoudéva à la grande sagesse, cet Adokshadja, qui trouve son plaisir à faire le bien d’Youddhishthira, ayant vu Arjouna tombé dans un désespoir, qui lui avait comme ravi le sens, dissipe aussitôt ces nuages par des raisons, qui mettent devant ses yeux l’affranchissement de l’âme.

C’est là qu’Arjouna à la haute intelligence, ayant sauté rapidement de son char, courut, sans peur, l’aiguillon à la main, pour tuer Bhîshma. 519-520-521-522.

C’est là que, blessé par l’aiguillon des paroles de Krishna, le Pândouide à l’arc Gândiva, le plus vaillant de tous les hommes, qui portent les armes dans la guerre, 523.

Ce fils de Prithâ au grand arc plaça devant lui Çikhandhi et, frappant Bhîsma, le renversa de son char avec des flèches acérées. 524.

C’est là enfin qu’on voit Bhîshma couché sur un lit de flèches. Ici est raconté dans son étendue le sixième chant. 525.

On a dit là cent chapitres et dix-sept autres comprenant cinq milliers et huit centaines de çlokas, plus quatre-vingt sept. Vyâsa, savant dans les Védas, les a comptés lui-même dans ce chant nommé le Bhîshma-parva. 526-527.

On raconte ensuite le Drona-parva aux histoires nombreuses et variées, où d’abord l’auguste Atchârya est sacré dans le commandement des armées. 528.

Habile à manier les grandes armes, il promet par amitié pour Douryodhana qu’il fera prisonnier Dharmarâdja, le sage fils de Pândou ; et les héros, liés par le serment, s’efforcent d’écarter du champ de bataille le fils de Prithâ.

On peint la mort de Bhagadatta, le grand roi, égal à Çakra dans les combats, sous les coups d’Arjouna, tel qu’un furieux éléphant. 529-630.

Ensuite de nombreux guerriers, Djayatratha à leur tête, immolent Abhimanyou, cet héroïque enfant, qui n’avait pas encore atteint l’adolescence. 531.

Pour venger la mort d’Abhimanyou, Arjouna en courroux détruit sept armées complètes et tue Djayatratha même. 532.

Ici, Bhîma aux longs bras et le héros Sâtyaki, envoyés par les ordres d’Youddhishthira à la recherche du fils de Prithâ, s’enfoncent dans l’armée des Kourouides invincibles aux Dieux mêmes. 533.

Ce qui reste des héros, ligués par le serment, est tué jusqu’au dernier dans le combat. Alambousha, Çroutâyous, le vaillant Djalasandha, Somadatti, Virâta, le héros Droupada, Ghatotkatçha et les autres succombent dans le Drona-parva. 534-535.

Atchârya tombé dans la bataille, Açvatthâman déchaîne l’arme épouvantable de feu appelée Nârâyana. Ici, on raconte la magnanimité sublime de Çiva, l’arrivée de Vyâsa, la magnanimité de Krishna et d’Arjouna. 536-537.

C’est là que finit le grand septième chant, où ces taureaux du troupeau des hommes, héros ou rois, signalés dans le Drona-parva, tombent, pour la plupart, sous les coups de la mort. On a exposé là cent soixante-dix chapitres ou lectures. 538-539.

Huit mille neuf cent neuf çlokas ont été recueillis dans le Drona-parva et comptés par l’anachorète fils de Paraçara, qui voyait des yeux de son âme l’essence universelle.

Immédiatement après, on dit le Karna-parva, merveilleux au plus haut point, et l’abandon du sage roi de Madra dans son char. 540-541.

On y raconte la chute de Tripoura, narration digne des Pourânas, la querelle amère de Karna et de Çalya en marchant aux combats, l’épisode du corbeau et du cygne dans toute son étendue, 542.

La mort de Pândya sous les coups du magnanime Açvatthâman, la mort de Dandaséna et celle de Danda. 643.

Ici, dans un duel aux chars, Karna met en péril, malgré tous les archers, le fils d’Yama, Youddhishthira. 544.

Colère mutuelle d’Youddhishthira et d’Arjouna. Puis, on dit les déférences de ces deux héros l’un pour l’autre.

Après qu’il a percé la poitrine de Douçasâna, le guerrier au ventre de loup en boit le sang, suivant la promesse, qu’il en avait faite avant. 545-540.

Le héros Karna est tué, dans un combat aux chars, par le fils de Prithâ ; et c’est ici que finit le huitième chant pour ceux, qui savent le Bhârata. 547.

On a dit soixante-dix chapitres moins un dans le Karna-parva, et l’on a récité dans ce chant quatre milliers et neuf centaines de çlokas, auxquels encore il faut ajouter soixante-quatre. Aussitôt après commence le Çalya-parva aux sujets variés. 548-549.

Karna, cet héroïque guerrier, n’étant plus, on choisit Madrarâdja pour le généralissime des armées. On décrit maintenant les combats aux chars, qui s’engagèrent tour à tour. 550.

On raconte dans le Çalya-parva la mort des principaux Kourouides, et celle du magnanime Çalya tué par Dharmarâdja ; 551.

Et la mort de Çakouni dans sa lutte contre Sahadéva. Quand il a perdu une immense armée, les yeux de Souyodhana commencent à s’ouvrir. 552.

Il entre dans un lac, et s’y tient sous les ondes, qu’il a solidifiées en voûte. Des chasseurs apportent de ses nouvelles à Bhîmaséna. 553.

Le fils du roi Dhritarâshtra, bouillant de colère, se lève du lac aux paroles moqueuses d’Youddhishthira. 554.

Il soutient un combat à la massue contre Bhîma, et l’on raconte l’arrivée de Balarâma au milieu de cette lutte engagée. 555.

Ici, l’on expose la pureté des tîrthas de Sarasvatî et l’on décrit ce bruyant combat à la massue. 556.

Ici, dans ce duel avec Bhîma, la massue du héros, s’abattant d’une vitesse épouvantable, rompt violemment les deux cuisses du roi Douryodhana. 557.

C’est là que finit le neuvième chant, riche, admirable, où se développent soixante-dix chapitres, moins un. 558.

On y raconte plusieurs histoires, chacune dans un certain nombre de çlokas : le glorieux anachorète des Kourouides en a compté dans ce chant trois milliers et deux cent vingt. Immédiatement après lui, je vais dire l’épouvantable Sâauptika-parva. 559-560.

Le soir venu et les fils de Prithâ s’étant retirés, trois chars, dans lesquels étaient montés Kritavarman, Kripa et le fils de Drona, arrivent près du roi Douryodhana, les cuisses brisées, baigné dans le sang et plein de colère.

Parvenus là, ils le voient tombé sur la terre, au front de la bataille, et le vaillant Dronide fait entendre cette promesse : 561-562.

« Je ne délierai pas ma cuirasse que je n’aie tué tous les Pântchâlains, Dhrishtadyoumna à leur tête, et les Pândouides avec leurs conseillers ! » 563.

Les trois chars quittent le roi expirant et s’en vont. Ils atteignent à l’heure, où le soleil se couche, une vaste forêt, où ils campent au pied d’un grand nyagrodha. Ici, à la vue d’une foule de corbeaux, surpris dans le sommeil, qu’un hibou tuait au milieu de la nuit, 564-565.

Le fils de Drona, saisi de colère au souvenir de la mort de son père, forme la résolution de massacrer les Pântchâlains endormis. 566.

Il arrive, et voit là debout à la porte du camp un épouvantable Rakshasa aux formes effroyables et d’une taille, qui dérobait le ciel à la vue. 567.

Le Dronide sent que c’est un obstacle apporté à ses armes et il se hâte de gagner la faveur de Çiva, le Dieu aux trois yeux. 568.

Secondé par Kritavarman et Kripa, il immole tous les Pântchâlains, Dhrishtadyoumna à leur tête, et les Drâaupadéyains entièrement, leur suite avec eux. 569.

Les cinq fils de Prithâ furent sauvés, grâce à la puissance de Krishna ; mais le héros Sâtyaki et les autres furent plongés dans la mort. 570.

Ici, le fils de Dhrishtadyoumna annonce aux Pândouides la mort des Pântchâlains dans le sommeil par le fils de Drona. 571.

Maintenant, affligée par la mort de ses fils, peinée de la mort de ses frères consanguins, Drâaupadî fait vœu de jeûner et subjugue l’esprit de ses époux. 572.

Stimulé par ses discours et voulant faire une chose, qui lui soit agréable, le vaillant Bhîma d’une épouvantable audace prend sa massue et, bouillant de colère, s’élance contre le fils du guerrier, de qui Bharadwâdja fut le père. 573.

Alors, poussé par son destin et la peur de Bhîmaséna, le Dronide lance une flèche : « À l’extermination des Pândouides ! » s’écrie-t-il avec colère. 574.

Et, neutralisant cette parole de lui : « Qu’il n’en soit pas ainsi ! » dit Krishna. Ici, voyant le cruel dessein du Dronide à l’âme méchante, Phâlgouna d’éteindre la vertu de cette arme par le moyen d’une autre arme. Alors ce fils de Drona, Dwaîpâyana et les autres d’échanger leurs mutuelles imprécations les uns contre les autres. 575-576.

Les Pândouides victorieux reçoivent donc l’aigrette de pierreries du héros, fils de Drona, et, joyeux, ils la donnent à Drâaupadî. 577.

Voilà ce qui est contenu dans le dixième chant, nommé le Sâauptika-parva. Le magnanime anachorète de la plus haute splendeur, le brahme, qui voit Brahman des yeux de l’âme, a récité dix-huit chapitres et mille huit cent soixante-dix çlokas dans ce chant, qui est lié à l’épisode d’Aîshîka. Immédiatement après lui, vient le touchant Stri-parva. 578-579.

Ici, l’aveugle éclairé avec les yeux de la science, Dhritarâshtra, que la mort de son fils consume de chagrins, voulant étouffer Bhîmaséna, rompt dans ses bras une massive statue de fer, que lui présente Krishna à la place du Pândouide. 580.

Ici, l’intelligence adoucit au cœur du sage Dhritarâshtra, consumé de tristesse, la douleur des affections mondaines par des raisons, qui touchent à la délivrance finale. 581.

Ici, on remémore les plaintes bien touchantes des épouses du héros, la colère, qui saisit, et l’évanouissement, où tombent Gândhârî et Dhritarâshtra. 582.

Ils voient gisants là sur le champ de bataille ces héros kshatryas, qui n’avaient tourné jamais la face dans les combats, leurs frères, leurs époux et leurs pères. 583.

Ici, on raconte les efforts de Krishna pour apaiser la colère de Gândhârî, consternée de la mort de ses fils et petit-fils. 584.

Le monarque à la grande science, le plus excellent de tous ceux, qui possèdent la vertu, fait brûler d’une manière conforme aux Çâstras les corps des rois expirés. 585.

Le paramarshi Vyâsa raconte ici, dans la cérémonie de l’eau, dans le commencement des libations offertes aux mânes des rois, l’épisode de Karna, enfant de Prithâ même, dont la mère avait caché la naissance. Tel est ce onzième chant, qui fait naître l’émotion du chagrin, qui donne une âme généreuse, qui fait couler des larmes de pitié. On y a raconté vingt-sept chapitres. 586-587-588.

Un nombre de sept cents joints à soixante-quinze çlokas fut dit par Vyâsa dans cette portion du Bhârata. 589.

Aussitôt après, vient le Çanti-parva, douzième chapitre, qui augmente l’intelligence. C’est là qu’Youddhishthira, le roi de la justice, tombe dans l’abattement parce qu’il a causé la mort de ses oncles paternels, de ses frères ou cousins, de ses fils, de ses alliés, de ses oncles maternels. 590.

Dans le Çanti-parva, on expose les devoirs à propos du lit de flèches, où Bhîshma reste couché. Les rois, qui veulent acquérir de la science, doivent les étudier complètement. 591.

Ensuite viennent les métiers inférieurs aux professions de la caste, mais dont l’exercice est licite en prévision de la nécessité des temps. L’homme, qui les connaîtra bien, possédera en eux la science de tout. 592.

Après quoi, on raconte avec un grand développement les règles variées de la délivrance. Ceci termine le douzième chant, aimé des hommes savants. 593.

Sachez, ô vous, qui thésaurisez la pénitence, que ce parva renferme ici trois centaines de chapitres, plus trente-neuf autres lectures. 594.

Il contient quatorze mille sept cents çlokas, et neuf en sus de vingt-cinq. 595.

À la suite de ces choses, vous aurez à connaître le sublime Anouçâsana-parva, où le roi de Kourou, Bhîshma, fils du Gange, rappelle la vérité du devoir à Youddhishthira, qui rentre dans son assiette naturelle. 596.

Ici, sont exposées entièrement les occupations, qui ont pour objet l’intérêt ou le devoir, l’acquisition de la récompense attribuée aux divers genres de dons, 597.

Les différentes capacités des personnes, la plus haute règle touchant les dons, l’acquisition des règles de la bonne conduite, et la voie suprême de la vérité, 598.

Et l’excellence des paroles, et les discours des brahmes, et ce qui touche aux mystères, et le recueil abrégé des temps et des lieux pour les devoirs. 599.

Tel est ce magnifique Anouçâsana-parva aux récits nombreux, où est racontée l’apothéose de Bhîshma dans le ciel. 600.

Ce treizième chant, qui donne un appui sûr à la vertu, contient cent quarante-six chapitres ou lectures. 601.

Il renferme un nombre de huit mille çlokas. Ensuite de quoi, vient le chant quatorzième, nommé l’Açva-médhika.

On y raconte l’épisode supérieur de Sambartta et de Marout, l’acquisition de trésors comblés d’or, la naissance de Pârîkshit et sa résurrection par Krishna, après qu’il eut péri, consumé par le feu du trait ; 602-603.

La marche du Pândouide Arjouna à la suite du cheval, mis en pleine liberté dans l’observance des rites ; les combats, qu’il soutient çà et là contre les fils irrités des rois ; 604.

La rencontre d’Arjouna avec le fils de Tchitrângadâ la poutrikâ et son fils à lui-même ; le danger, au milieu du quel Vabhrouvâhana le jette dans un combat ; 605.

Et l’épisode de Nakoula dans le grand sacrifice de l’Açvamédha. C’est ici que finit cet Açwa-médhika aux grandes merveilles. 606.

L’ascète, contemplateur de la vérité absolue, a récité là cent trois chapitres, contenant un nombre de trois mille trois cent vingt çlokas. 607.

Ensuite vient le quinzième chant, nommé l’Açramavâsa-parva, c’est-à-dire, le chapitre de l’habitation dans un hermitage, où le roi Dhritarâshtra quitte son royaume et se retire, accompagné de Gândhârî et de Vidoura, dans un lieu d’hermitage. 608.

L’ayant vu partir, la vertueuse Prithâ le suivit alors, abandonnant le royaume de son fils, elle, qui mettait son plaisir dans l’obéissance à son guide spirituel. 609.

Là, ce roi vit les héros, ses fils et petit-fils, et les autres princes, qui avaient succombé sur les champs de bataille, revenus dans ce monde, d’où ils avaient disparu. 610.

Quand il eut vu, grâce à Krishna-Vyâsa, le rishi, cette merveille sublime, il déposa le chagrin et parvint avec son épouse à la plus haute perfection. 611.

Là, Vidoura, appuyé sur le devoir, et le savant Gavalganide, Sandjaya, affranchi de ses passions, suivent avec les ministres une excellente voie. 612.

Là, Youddhishthira, Yama sur la terre, voit Nârada et apprend de sa bouche le grand carnage des Vrishnides.

Cela termine le chant merveilleux et sublime, qui a pour titre l’habitation dans un hermitage, et qui renferme un nombre de quarante-deux chapitres. 618-614.

Un millier et cinq centaines de çlokas, auxquels s’adjoignent sept autres, furent ici récités par l’ascète, contemplateur de la vérité absolue. 616.

Maintenant écoutez cet épouvantable Mâausala-parva, où ces héros des hommes, capables de supporter les atteintes des armes dans la guerre, sont écrasés près des ondes salées par la massue de l’anathème. 616.

Invités à boire dans une taverne et poussés par le Destin, ils se tuent l’un l’autre avec des foudres sous la forme d’érakâs. 617.

Là, quand ils eurent vu se consommer l’extermination de tous, ces deux héros, Balarâma et Kéçava, ne purent échapper eux-mêmes à l’arrivée du temps, ce grand destructeur de tout. 618.

Là, étant venu à Dwâravatî, qu’il voit privée de ses Vrishnides, l’héroïque Arjouna tombe dans la consternation et dans une affliction profonde. 619.

Là, après qu’il a rendu les derniers honneurs au héros, son oncle maternel, le plus vertueux des hommes, il voit dans la taverne ce grand carnage des braves enfants d’Yadou. 620.

Il acquitte les funèbres devoirs, dûs aux restes de Vâsoudeva, du magnanime Balarâma et des Vrishnides, suivant leurs dignités. 621.

Il mène à Indraprastha depuis les enfants jusqu’aux vieillards le peuple entier de Dwâravatî, et voit le triste changement de Gândîva, tombé dans une pitoyable infortune.

Il voit qu’il n’y a point d’armes célestes, qui ne fassent défaut, que les épouses des Vrishnides ont subi la mort et que les familles sont elles-mêmes passagères ; il tombe alors dans un découragement, d’où les paroles de Vyâsa le retirent ; il va trouver Youddhishthira et lui annonce la mort des Vrishnyandhakas. 622-623-624.

Là, finit ce Mâausala-parva, seizième chant, dans lequel huit chapitres, contenant trois cent vingt çlokas furent dits par l’ascète, contemplateur de la vérité absolue.

Aussitôt ce chant terminé, le dix-septième, qui a pour titre le Mahâprâsthanika-parva, est confié à la mémoire. C’est ici que les héroïques Pândouides, abandonnant le royaume, commencent leur grand voyage, accompagnés de la céleste Drâaupadî. Arrivés sur les bords de la mer rouge, ils y voient le Feu sous une forme humaine. 625-626-627.

Ici, aux instances du Feu, Arjouna, le fils de Prithâ, donne à ce magnanime avec de grands hommages l’arc Gândiva, arme céleste et le plus excellent des arcs. 628.

Ici, Youddhishthira voit succomber à la fatigue Drâaupadî et tous ses frères, les abandonne et continue sa marche, sans tourner les yeux derrière soi. 629.

Ceci clôt le Mahâprâsthanika-parva, dix-septième chant, où l’ascète contemplateur de la vérité absolue a récité trois chapitres, contenant un nombre de trois cent vingt çlokas. 630.

Maintenant, il vous reste à connaître le Swarga-parva, chant céleste et plus qu’humain : c’est là qu’Youdhishthira à la grande science refusa par bonté de monter, sans son chien, dans le char des Dieux, envoyé du ciel.

Ayant donc éprouvé que la constance du magnanime est inébranlable dans le devoir, Yama quitte ces formes de chien, dont il s’était revêtu. 631-632.

Youdhishthira arrive au ciel et tombe profondément au milieu d’une immense douleur. Le messager des Dieux lui montre le Naraka, en dissimulant son dessein de l’éprouver.

Ici, le prince à l’âme juste entend les voix lamentables de ses frères, qui habitaient dans cet endroit là des limbes réservés aux morts. 633-634.

Yama et le roi des Dieux exaucent la prière du Pândouide, il se plonge dans le Gange céleste, où il perd son corps humain, et, possesseur dans le ciel de la place conquise par sa vertu, Dharmarâdja, comblé d’honneurs, y savoure la félicité avec Indra et tous les chœurs des Immortels. 635-636.

C’est ainsi que finit le dix-huitième chant, tel qu’il fut dit par le magnanime et sage Vyâsa, qui récita dans ce chant cinq chapitres. 637.

L’éminent saint y fit couler, pieux anachorètes, deux cents çlokas, auxquels se rattachent neuf autres distiques. 638.

Ainsi, nous avons complètement analysé les dix-huit chants. Le Hari-vança et les événements postérieurs sont racontés dans les appendices. 639.

Le Maharshi a fait écouter dix milliers et vingt centaines de çlokas dans les appendices et le Hari-vança. 640.

Nous venons d’achever tout le recueil abrégé des chapitres contenus dans le Bhârata, où la soif des combats mit aux prises dix-huit armées complètes, qui se livrèrent une bien affreuse bataille durant dix jours entiers. 641.

Un brahmane a beau savoir les quatre Védas, accompagnés des Védântas ou des Oupanishads, il n’est pas encore un savant, s’il ne connaît pas cette épopée, 642.

l’anachorète au génie sans mesure, Vyâsa expose à la fois et le Traité des richesses, et le haut Traité du devoir, et le Traité même de l’amour. 643.

De même que le cri de la corneille déchire l’oreille après le chant du kokila : ainsi, quiconque a entendu ce récit, ne trouve plus de charme dans aucun autre. 644.

Les pensées des poètes sont nées de cette histoire sublime, comme les corps de la triade des mondes sont formés des cinq éléments. 645.

Brahmes, tels que les créatures des quatre espèces vivent dans le corps de l’atmosphère, tels les Pourânas existent dans le corps de cette épopée. 646.

De même que l’action variée de tous les sens dérive de l’âme, ainsi toutes les qualités du sacrifice remontent elles-mêmes à cette vaste narration. 647.

Il n’existe pas une légende sur la terre, qui n’ait point sa base dans ce récit, comme on ne trouve pas de soutien, pour le corps, si on ne le cherche dans la nourriture. 648.

Tels que les serviteurs, qui aspirent à ses grâces, font assidûment la cour au vénérable Çiva, ainsi les plus distingués entre les poètes suivent fidèlement cette épopée.

Tous les poètes sont incapables d’égaler ce qui distingue ce poème, comme les trois autres ordres ne sont pas capables de faire ce qui distingue celui du vertueux maître de maison. 649-650.

Que votre âme soit, dès le moment du réveil, toujours fixée dans le devoir ; car c’est le bon parent des hommes passés dans l’autre monde. Quelque habiles soient-ils, ceux qui poursuivent les richesses et les femmes, n’obtiennent jamais la vertu, n’obtiennent jamais la constance. 651.

Quel besoin a-t-il de se laver dans les eaux d’un lac celui, qui a pu mener jusqu’à sa fin cette lecture du poème, versé par la coupe des lèvres du pieux Dwaîpâyana ; ce Bhârata, incomparable, saint, fortuné, purificateur, et qui efface tous les péchés ? 652.

La faute, que le brahmane a commise le jour en suivant l’impulsion des sens, est purgée au crépuscule du soir, en récitant le Mahâ-Bhârata. 653.

La faute, dont le brahmane s’est souillé pendant la nuit par action, parole ou pensée, est effacée au crépuscule du matin, s’il récite le Mâha-Bhârata. 654.

Donner à un brahme, versé dans les Védas et d’une vaste renommée, cent vaches aux cornes dorées, ou prêter l’oreille à une lecture du grand Bhârata, le mérite en est toujours égal de l’un ou de l’autre côté. 655.

Cette grande épopée aux grandes choses et digne qu’on l’étudie, lue ici dans l’Adi-parva, grâce à la table des matières, fait naviguer les hommes sur le bonheur comme une nacelle sur la vaste étendue des ondes salées. 656.



FIN DE LA TABLE DES CHAPITRES.
  1. Nous en étions ici de cette traduction, quand nous avons eu l’honneur de recevoir une lettre de M. Foucaux. Le digne successeur de notre docte maître, Eugène Burnouf, nous engage à séparer les çlokas et à les chiffrer dans l’intérêt des travailleurs. Nous le remercions de ce bon avis, que nous allons suivre, malgré qu’il nous faille ménager l’espace avec le plus grand soin pour une matière si vaste à renfermer en douze volumes.
  2. L’édition de Calcutta saute ici un chiffre ; nous allons faire de même.
  3. L’édition de Calcutta compte ici 345 la stance 340. Nous faisons de même pour nous retrouver avec elle.