Le Mahâbhârata (traduction Fauche)/Tome 8/Simple avis

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Traduction par Hippolyte Fauche.
(tome 8p. i-iii).
SIMPLE AVIS.

Voici mon huitième volume, que j’eusse désiré voir se lever sur l’horizon avec les premiers jours du nouvel an. Mais une manie du changement sans raison, qui s’est glissée parmi nos ouvriers, a retardé le dernier tiers de l’ouvrage commencé.

C’est pour qu’il y soit obvié à l’avenir, que j’imprime au verso de mes couvertures ce rappel au souvenir : « Le neuvième tome doit paraître du 1er au 15 août ; » et je remets à l’imprimeur la première partie du manuscrit, ce dimanche, 23 Février 1868.

La promptitude nous a forcés d’imprimer ce huitième volume comme une simple affiche, c’est-à-dire que la seconde d’auteur rapportait ordinairement avec elle le bon à tirer. Si l’on y trouve quelques légères fautes d’impression, veuillez donc bien les rejeter sur la négligence de mon typographe, qui n’a pas toujours corrigé mon épreuve avec assez d’attention.

Dans ce poème, où sont prodigués les combats, nous avons dû nous demander comment le corps humain, dont la fragilité n’a d’égal que la démence, avec laquelle nos semblables osent jouer sa durée, pouvait subir les atteintes de vingt, cinquante, cent, deux cents même ou trois cents flèches mordantes, acérées ; et, rouge comme un açoka en fleurs, ruisselant de sang par tous les côtés, conserver la même force physique, le courage intact, le cœur au combat, la vigueur et la bravoure aussi fraîches pour les batailles du lendemain, qu’elles avaient brillé dans les combats de la veille.

Mais tout est prodigieux dans ce poème ; tout ne doit par conséquent s’y mesurer que sur la perspective idéale d’un merveilleux plus qu’humain, surnaturel, au-dessus du possible même et par-delà toute vraisemblance.

Qu’il me soit permis en finissant d’offrir ici mes respectueux remerciements à Strasbourg, la seule ville, qui ait répondu efficacement à mon appel en détresse.

Il me reste encore dans les magasins de mon imprimeur quatre-vingts exemplaires en ballots.

Si je les avais placés, en résulterait-il quelques minces bénéfices ? Pas le moins du monde ! À cinq francs l’exemplaire, c’est le prix de revient. À six, il y aurait un franc d’excédant, qui ne tomberait pas encore dans ma bourse. En effet, outre mes frais d’impression et de brochure, qui montent à quinze cents francs, j’ai mon secrétaire à payer, qui émarge naturellement plus de quatre-vingts francs par six mois.

Cependant n’ayez aucune inquiétude, vous, qui me croyez capable de vous tirer du texte sanscrit cette imparfaite et rapide traduction ; car ce tranquille regard en arrière ne peut me faire déserter un seul instant mon labeur infructueux, mais volontaire.

Hippolyte FAUCHE.

Parc du Collège de Juilly, 23 février 1868.