Le Parnasse contemporain/1876/Le Génie funèbre

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Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]III. 1876 (p. 335-336).


LE GÉNIE FUNÈBRE


De ses flancs ondulés quand j’ai vu la blancheur,
Quand j’ai vu ses deux bras relevés sur sa tête,
Comme au sommet vermeil d’une amphore de Crète
Les deux anses du bord qui s’élèvent en chœur,

O mort des anciens jours, j’ai compris ta douceur,
Le charme évanoui de ton œuvre muette,
Lorsqu’insensiblement tu couvrais de pâleur
Un profil corinthien de vierge ou de poëte.

Le calme transpirait sur le front déserté,
Du sourire perdu la grâce était plus molle,
Tout le corps endormi flottait en liberté :


On eût dit une fleur qui distend sa corolle,
Tandis que de sa bouche une abeille s’envole,
Emportant ses parfums et non pas sa beauté.