Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Abgar

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Sommaire

ABGAR ou ACBARE, AGBARE, ABGARE, ABAGARE ou AVGARE, nom, ou plutôt titre commun à plusieurs rois d’Edesse, Arabes d’origine. Quoiqu’on lise Abgare dans quelques médailles, on devroit néanmoins préférer la prononciation du terme Agbur, parceque c’est le son du mot arabe, qui signifie très-puissant ; aussi lit-on dans les manuscrits les plus corrects Agbar. Il y a plusieurs princes de ce nom qui ont régné, non-seulement à Edesse, ville de l’Osroëne, dans la Mésopotamie, mais encore sur quelques tribus ou nations des Arabes.

ABGAR, roi des Arabes, fut cause par sa perfidie, de la défaite du célébre Crassus, dans la bataille qu’il livra aux Parthes, l’an avant J.C. 52. Il avoit été allié des Romains sous Pompée ; & dans la suite il eut l’habileté de se mettre parfaitement bien dans l’esprit de Crassus, tant par les empressemens d’un zèle affecté, que par sa facilité à lui fournir des secours d’argent, mais il n’entra dans la confidence de ce général que pour révéler aux Parthes ses desseins les plus secrets. Il eut encore l’adresse de faire improuver à Crassus les conseils salutaires que lui donnoient d’un côté le questeur Cassius, & de l’autre Artabaze roi d’Arménie. Enfin, lorsqu’il eut engagé l’armée romaine dans des lieux désavantageux, craignant de voir sa trahison découverte, il prit les devants, & se retira parmi les Parthes, sous prétexte de vouloir reconnoître & insulter leur armée. Ce prince est nommé par Plutarque Achare, dans quelques manuscrits, quoique dans la plupart on lise Ariamnes. Les manuscrits de Sextus Rufus net varient pas moins au sujet du nom de ce prince ; mais dans quelques-uns, aussi bien que dans Appien & Dion, il est appellé Abgare ou Achare. * Plutarch. in Crasso. Sextus Rufus, in breviar. Dio, lib. 40. Appian. in parthic. Procop. bell. persic. lib. 2. Cherchez CRASSUS.

ABGAR, roi des Arabes, & souverain d’Edesse, fils d’Ucanie ou d’Ucame. C’est peut-être le même que Joséphe nomme Abia, & il n’y a pas de doute que ce ne soit celui que Procope dit avoir été chéri de l’empereur Auguste, qui le retint à sa cour à force de caresses. Eusebe rapporte que ce prince instruit des prodiges que Jésus-Christ opéroit dans la Judée, eut recours à lui pour être guéri d’une maladie fâcheuse, dont il étoit tourmenté : c’étoit de la goûte selon Procope, & de la lépre selon les nouveux Grecs. Il lui écrivit en ces termes :

Abgar roi d’ Edesse,
A Jesus, Sauveur plein de bonté, qui paroît à Jerusalem,
salut.

On m’a raconté les merveilles & les cures admirables que vous faites, guérissant les malades sans herbes ni médecines. Le bruit est que vous rendez la vue aux aveugles, que vous faites marcher droit les boiteux & les estropiés, que vous nettoyez les lépreux, que vous chassez les démons & les esprits malins, que vous remettez en santé ceux qui ont de longues & incurables maladies, & que vous redonnez la vie aux morts. Entendant cela de vous, je crois que vous êtes Dieu, qui avez voulu descendre du ciel, ou que vous êtes le fils de Dieu, qui opérez ces choses si miraculeuses. C’est pourquoi j’ai osé vous écrire cette lettre, & vous supplier affectueusement de prendre la peine de me venir voir, & de me guérir d’une douleur qui me tourmente cruellement. J’ai su que les Juifs vous persécutent, qu’ils murmurent de vos prodiges, & tâchent de vous faire périr. J’ai ici une ville qui est belle & commode ; encore qu’elle soit petite, elle suffira pour tout ce qui vous sera nécessaire.

Jesus-Christ retenu dans la Judée par la nécessité d’y accomplir les mysteres pour lesquels il avoit été envoyé, fit cette réponse par écrit au roi Abgar :

Vous êtes heureux, Abgar, de croire en moi sans m’avoir vu ; car c’est de moi qu’il est écrit, que ceux qui m’auront vu, ne croiront point en moi, afin que ceux qui ne m’auront point vu croient & reçoivent la vie. Quant à ce que vous me priez de vous aller trouver, il faut que j’accomplisse ici toutes les choses pour lesquelles je suis envoyé, & qu’ensuite je retourne à celui qui m’a envoyé. Quand j’y serai retourné, je vous enverrai un de mes disciples, afin qu’il vous guérisse de votre incommodité, & qu’il vous donne la vie, à vous, & à ceux qui sont avec vous.

Abgar ne fut pas long-temps sans voir l’accomplissement de la promesse que Jesus-Christ lui avoit faite. S. Thomas lui enyoya S. Thadée, non celui des douze apôtres qui est aussi appellé Jude, mais l’un des septante disciples. Dès qu’il fut arrivé à Edesse, il se logea chez un particulier nommé Tobie, où sa réputation éclata bientôt, par un si grand nombre de miracles, qu’elle parvint jusqu’aux oreilles du roi, qui lui demanda s’il étoit le disciple promis. Thadée lui répondit que oui, & lui dit qu’il venoit pour récompenser la foi que ce prince avoit eue en Jesus-Christ ; à quoi le roi répliqua dans les premiers mouvemens de son zèle, qu’il croyoit tellement au Sauveur, que sans les Romains il eût voulu tailler en piéces les Juifs qui l’avoient crucifié. Après cette profession de foi S. Thadée guérit le prince, en lui imposant les mains, & ce miracle, aussi-bien que les autres qu’il opéra, disposa tellement les habitans d’Edesse à recevoir la doctrine de Jesus-Christ, qu’ils embrasserent dès qu’elle leur eut été annoncée par S. Thadée, & qu’ils la retinrent depuis très-constamment.

Voilà les principales circonstances de la conversion d’Abgar, qu’Eusebe de Césarée dit être tirées des archives de l’église d’Edeste, & dont il a cru devoir enrichir son histoire ecclésiastique. Quant au temps auquel Thadée fut envoyé à Edesse, il est assez difficile de le déterminer. L’édition d’Eusebe faite à Genève, pag. 25, & la traduction de Musculus, pag. 15, aussi-bien que la traduction de Rufin, pag. 17, placent cette mission sous l’an 43, date qui devoit marquer les années du regne d’Abgar, puisqu’il paroît que c’étoit celle des registres d’Eusebe ; mais M. de Valois dit que les manuscrits portent l’an 340 & non 43, calcul qui forme une difficulté que nous déveloperons plus bas.

Quoique l’autorité d’Eusebe soit d’un grand poids, & que S. Ephrem ait reçu cette histoire après lui, en quoi ils ont été suivis par le comte Darius dans une épître à S. Augustin, par Théodore Studite dans une autre au pape Pascal, par Cedrene, Procope, S. Jean de Damas, Evagre, & par le pape Adrien dans une épître à Charlemagne ; quelques modernes n’ont pas laissé d’attaquer la réponse de Jesus-Christ à Abgar, & l’histoire de sa conversion. Tels sont Casaubon, auquel Gretser a répondu ; & après lui le pere Alexandre & M. Du-Pin, que M. de Tillemont a réfutés. Les objections du pere Alexandre sur la lettre de Jesus-Christ sont, 1. Que si cette lettre étoit véritable, elle eût été reçue dans l’Eglise comme canonique ; au lieu que dans le concile de Rome sous le pape Gelase, elle a été mise entre les écrits apocryphes. M. de Tillemont, qui avoue que cette difficulté est très-considérable, y répond néanmoins, en disant que l’Eglise, qui n’a reçu cette lettre que par une voie purement humaine, comme tirée des archives d’Edeste, n’a pas cru devoir la ranger au nombre des écritures sacrées & canoniques, & que par cette raison elle l’a déclarée apocryphe, mais non fausse. La seconde difficulté du P. Alexandre roule sur ce que ces paroles de la réponse où il est dit, c’est de moi qu’il est écrit, que ceux qui m’auront vu, ne croiront pas en moi, afin que ceux qui ne m’auront point vu, croient & reçoivent la vie, ne se trouvent nulle part dans l’écriture, & ne peuvent regarder que les paroles de Jesus-Christ à S. Thomas, prononcées depuis sa résurrection : Heureux ceux qui n’ont point vu, & qui ont cru : citation d’où l’on pouroit conclure que cette lettre est supposée. M. de Tillemont fait remarquer au P. Alexandre, & à M. Du-Pin, après lui, que les paroles contestées dans la réponse de Jesus-Christ contiennent manifestement le sens de plusieurs prophéties, telles que sont celles d’Isaïe, chap. 51, v. 15, & chap. 65, v. 1 & 2. Les autres difficultés formées par le P. Alexandre sont moins considérables. On n’a pas objecté, dit-il, cette épître aux ariens ; est-ce qu’on la croyoit fausse ? Non, puisqu’Eusebe lui-même l’a autorisée ; mais outre qu’elle n’a rien qui prouve la nature divine de Jesus-Christ, où s’engageroit-on, si l’on vouloit rendre compte de cette omission & de mille autres de cette nature ? Enfin le P. Alexandre remarque que S. Augustin & S. Thomas après lui, ont soutenu que Jesus-Christ n’avoit rien écrit, & que S. Jérôme n’a point parlé d’Abgar dans son tráité des écrivains illustres. Mais, pour ce qui regarde les écrits de Jesus-Christ, qui peut assurer que S.Augustin & S.Thomas eussent pour alors en vûe la réponse du Sauveur ? & quand même ils l’auroient eue, auroient-ils dû changer de sentiment, puisque cette lettre n’a point de rang entre les écritures sacrées, & que d’ailleurs elle ne contient ni dogmes ni témoignages de la divinité de Jesus-Christ ? Quant à l’objection tirée de S. Jérôme, on ne doit pas être surpris que ce pere n’aît pas compté le roi Abgar entre les écrivains ecclésiastiques pour une lettre de quelques lignes seulement : au contraire il y auroit lieu d’être surpris qu’il en eût fait mention ;

Venons à M. Du-Pin. Il abandonne tous les argumens du P. Alexandre, hors le second, auquel on a répondu. Le dernier de ceux qu’il forme sur la mission de S. Thadée, est celui qui mérite le plus d’attention. Il est marqué, dit-il, à la fin des actes de la ville d’Edeste, que cette histoire étoit arrivée l’an 430 des Edesseniens; or cette année 430 est la XV de Tibere, en laquelle les anciens ont cru que Jesus-Christ étoit mort & ressuscité, & il faudroit dire, suivant cette époque, que cela arriva aussitôt après la résurrection de Jesus-Christ, & qu’ainsi Abgar & plusteurs autres gentils d’Edeste ont reçu l’évangile avant Corneille ; ce qui est manifestement contraire aux actes des apôtres, & par conséquent il est comme assuré que cette histoire est fausse, & que ces lettres sont supposées. Cette date de 430 s’est glissée sans doute par une faute d’impression dans l’objection de M. Du-Pin, au lieu de 340, qui est la véritable. M. de Tillemont convient avec lui qu’il est hors d’apparence que cette histoire soit arrivée l’an 340 des Edesseniens, ce qui supposeroit que Jesus-Christ est mort la vingt-neuviéme année de l’ére chrétienne, contre l’opinion généralement reçue. Aussi, sans s’attacher à soutenir ce calcul, il conjecture qu’il faut lire la 43 année, comme nous l’avons remarqué ci-dessus, ou bien qu’il s’est glissé quelque erreur de chifre dans le nombre 340, au lieu duquel il faut lire 346 ou 347 : conjecture d’autant plus vaisemblable, qu’Eusebe, qui étoit habile chronologiste, n’a pas laissé d’autoriser cette histoire, malgré la difficulté de cette date qu’il ne pouvoit ignorer, puisqu’il a connu l’ére d’Edesse, & qu’il l’a même citée au sujet de l’hérésie des manichéens. Les autres objections de M. Du-Pin paroissent bien moins difficiles à résoudre. Qui peut s’imaginer, dit-il, que le roi d’Edesse, sur le simple récit qu’on lui avoit fait des miracles de Jesus-Christ, soit d’abord persuadé de sa divinité ? Mais en vérité est-ce une chose impossible qu’Abgar, instruit par la renommée des merveilles éclatantes de la vie de Jesus-Christ, ait cru en lui, lorsque les démons même publioient qu’il étoit le fils de Dieu ? Prétend-on ainsi borner le pouvoir de la grâce sur les cœurs, & l’effet de ces paroles prononcées par J.C. lui-même : Heureux ceux qui n’ont point vu, & qui ont cru ? Enfin quelle extravagance, poursuit M. Du-Pin, de faire dire à ce petit roi, qu’il eût fait la guerre aux Juifs sans la crainte des Romains ? Mais il n’y a rien de cela dans la lettre d’Abgar.

Ce sont-là les réponses de M. de Tillemont aux conjectures alléguées par M. Du-Pin. On laisse à juger si elles levent entierement les difficultés proposées par le dernier. L’autorité d’Eusebe n’est pas à considérer sur cette histoire, car il est visible qu’il ne rapporte ce fait que sur la foi de quelques archives prétendues de l’église d’Edesse : on sait combien ces sortes de monumens sont sujets à caution dans des histoires de cette nature. Il est visible que ce qui est dit dans la lettre attribuée à Jesus-Christ, est une allusion aux paroles de Jesus-Christ à S. Thomas : Heureux ceux qui n’ont point ru & qui ont cru : & il n’y a rien de semblable dans les deux passages d’Isaïe cités par M. de Tillemont ; au contraire, il y est marqué que ceux qui ne connoissoient pas le Seigneur, & qui ne le cherchoient pas, l’ont vu, & l’ont trouvé. La réforme de M. de Tillemont de la date de l’an 340 n’est fondée sur aucune autorité, & le texte d’Eusebe porte expressément 340. Ce ne peut être que pour accorder cette histoire avec l’evangile, que les traducteurs ont changé 340 en 43. Quelque bon chronologiste qu’ait été Eusébe, il se peut faire qu’il n’ait pas fait d’attention à l’anachronisme du mémoire qui lui avoit été fourni. Ce que l’on fait écrire par Abgar à Jesus-Christ sur le simple récit qu’on lui avoit fait des miracles de Jesus-Christ : Je suis persuadé que vous êtes Dieu, ou Fils de Dieu, marque visiblement que c’est un chrétien qui fait parler Abgar à peu près comme il parleroit lui-même ; & il n’y a point d’apparence qu’un prince qui n’avoit point la connoissance du vrai Dieu, ait eu ces sentimens, & se soit servi de ces expressions. Quelque zèle que pût avoir Abgar, quand Thadée le vint trouver, on ne peut nier qu’il n’y ait beaucoup d’affectation dans les paroles qu’on lui met à la bouche, & qu’elles ne soient plutôt de l’invention d’un conteur de fables, que l’expression naturelle des sentimens d’un prince.

Reste à parler d’une image que l’on prétend avcur été faite de la main de Dieu, & avoir été envoyée par Jesus-Christ au roi Abgar. Eusebe n’avoit rien trouvé sur cette image dans les actes de la ville d’Edesse, & il n’en fait aucune mention dans son histoire. Evagre est le premier qui en ait parlé, liv. 4 de son histoire, c. 27, où il rapporte qu’Edesse étant assiégée par Cosrhoès, les assiégés porterent cette image sur les murs de leur ville, d’où elle opéra un miracle, en mettant le feu au bois qui soutenoit le rempart que les ennemis avoient élevé pour entrer dans la ville. Le P. Combefis nous a donné en grec un traité attribué à Constantin Porphyrogenete, dont l’auteur rapporte la translation de cette image à Constantinople sous l’empereur Romain Lécapene ; mais c’est une piéce pleine de fables, & qui n’est d’aucune autorité. Cependant les Grecs ont institué une fête en l’honneur de cette image. Le comte Darius dans sa lettre à S. Augustin, parlant de la lettre de Jesus-Christ à Abgar, dit que Notre-Seigneur lui avoit déclaré que sa ville ne seroit jamais prise par ses ennemis, oracle que Procope prétendoit convaincre de faux dans son histoire. Evagre remarque qu’on ne lit point cela dans la lettre de Jesus-Christ à Abgar, quoique les chrétiens le croient communément, & que l’événement ait fait voir la vérité de cette prédiction : en quoi Evagre s’est trop avancé ; car outre que cette ville est tombée sous la puissance des Sarasins, & sous celle des Turcs, elle avoit été prise & brûlée par les Romains dès l’an de J.C. 116 ou 117 sous l’empire de Trajan. * Joséphe, antiq. l. 20. Eusebe, hist. eccles. l. 1, c. 13, & l. 2, c. 1. Le comte Darius, dans une épître à S. Augustin, p. 230, edit. Bened. Procop. de belle persic. l. 2, c. 12.Dio, l. 68. N. Alexandr. hist. eccles.t. 1. M. Du-Pin, biblioth. des aut. eccles. des trois premiers siécles. Tillemont, mémoires pour servir à l’hist. eccles tom. 1.

ABGAR, roi des Arabes, & souverain d’Edesse, se joignit sous l’empire de Claude aux seigneurs Parthes qui refusoient de reconnoître Gotarze, & avoient député secrétement à Rome pour avoir un autre roi. C. Cassius gouverneur de Syrie, conduisit par ordre du sénat, & mit entre leurs mains, Meherdate fils de Vonone, & petit-fils de Phraate. Abgar qui favorisoit secretement le parti de Gotarze, amusa quelque-temps Meherdate à Edesse, ensuite de quoi ils se joignirent avec Jazate roi de l’Adiabene. Mais lorsque Meherdate, après avoir pris Ninos ou Ninive, fut près de livrer bataille à Gotarze, ces deux traîtres l’abandonnerent & passerent du côté de l’ennemi : perfidie qui causa la ruine & la défaite de ce malheureux prince. * Tacit. annal. l. 12, c. 12, 13, & 14.

ABGAR, roi des Arabes & souverain d’Edesse, qui vivoit sous l’empire de Trajan, tâcha long-temps de se ménager entre les Romains & les Parthes ; & lorsque Trajan soumit l’Arménie l’an 107 de J.C. Abgar différa long-temps de l’aller trouver en personne, se contentant de lui envoyer des députés, & de lui faire des présens. Peut-être en eut-il été puni, si le prince Arbande son fils, qui avoit été trouver l’empereur, & qui s’étoit parfaitement bien mis dans son esprit, n’eût pris soin de l’appaiser. En effet, lorsque cet empereur vint à Edesse après sa victoire, il reçut les excuses d’Abgar, & le traita comme ami. * Dio, l. 68 & 69.

ABGAR, roi d’Edesse, qui vivoit sous l’empire d’Antonin le Pieux, vers l’an de Jesus-Christ 138, est peut-être fils du précédent, & le même que le prince Arbande dont nous venons de parler. Les auteurs nous le dépeignent comme un prince très-religieux, & l’on dit qu’il défendit aux Syriens de se faire eunuques pour servir leur déesse Ops, ou Rhea. * Epiphan. hœred. 56, c. 1. Euseb. prœparat. evang. l. 6.

ABGAR, roi d’Edesse, qui est apparemment successeur du précédent, mena du secours à l’empereur Severe dans son expédition contre les Parthes, & lui donna même ses enfans pour otage de sa fidélité, l’an de J.C. 197. Six ans après ce prince fit un voyage à Rome avec une suite si magnifique, qu’on ne feignit point de la comparer à celle de Tyridate sous Néron. Spartien s’est trompé, lorsqu’il a dit que ce prince avoit été vaincu & soumis par Severe. * Herodian. l. 3. Spartian, in vita Sever. Dio, l. 79.

ABGAR, roi d’Edesse & successeur du précédent, allié des Romains, fut arrêté en trahison par l’empereur Caracalla, qui l’avoit invité de le venir trouver comme ami. On le dépouilla de ses états, & il fut mené à Rome avec ses deux fils Abgar & Antonin. L’aîné y mourut à vingt-six ans, & son épitaphe, qui a été faite par son frere, est venue jusqu’à nous. Caracalla mit une colonie à Edesse ; ainsi l’on pouroit croire que ce royaume fut éteint dans ce temps-là, c’est-à-dire, l’an 216 de J.C

On trouve encore un portrait d’un Abgar avec une couronne ou thiare en tête sur le revers d’une médaille de l’empereur Gordien, qui regnoit vers l’an 240. D’ailleurs, George le Syncelle, après Jules Africain, parle d’un Abgar, qui regnoit encore à Edesse du temps d’Héliogabale. Cela pouroit faire conjecturer que le fils du dernier Abgar avoir été rétabli par l’empereur Macrin. Quoi qu’il en soit, dans le IV siécle, Edelse & roure l’Osrhoëne étoit absolument soumise aux Romains, & n’avoit plus de princes particuliers, * Dio, l. 77. Sidon. Apollin, l. 2, epist. 8. Occo, in numisnat. Syncell. in chronograph. Ezech. Spanheim, dissert. de usu & præstantia numisinatum.


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